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élections - Page 282

  • Macron, le président des nomades

    Le discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne

    2614059888.jpgPar François Marcilhac

    La vie politique de chaque pays est naturellement rythmée par la discussion et l’adoption par le Parlement du budget de la nation puisque c’est lui qui décide des grands engagements annuels et pluriannuels de l’État. Ou, devrions-nous dire plutôt, «  était naturellement rythmée  », puisque, depuis l’adoption sous Sarkozy, en 2011, du traité budgétaire européen, ce n’est plus ni le Gouvernement français qui présente, ni le Parlement français qui discute librement, avant de l’adopter, le budget de la France, mais Bruxelles (et donc Berlin) qui l’avalise avant même sa présentation devant le Parlement français, Bercy l’ayant concocté sous le regard inquisiteur de la Commission européenne. Aussi Jean-Claude Juncker, son président, peut-il donner un satisfecit enthousiaste au projet présenté cette semaine à l’Assemblée par le Gouvernement comme un maître d’école donne un bon point à un bon élève. Le plus grave est que nos gouvernants, Macron en tête, loin de ressentir une telle approbation comme une humiliation pour notre pays, l’ont servilement recherchée. Avec Macron, cette servilité est même frénétique : son aliénation mentale européiste, qui le fait militer – seul en Europe  ! – pour le remplacement de la souveraineté nationale par une hypothétique souveraineté européenne, lui fait voir en effet «  dans le dépassement de la nation un devoir d’époque et une mission presque sacrée  » (Mathieu Bock-Côté, Figaro Vox, 12 octobre). Telle est bien la vérité de son progressisme qu’il assimile à un sens de l’histoire.

    L’Europe comme terre promise

    L’opinion publique n’en avait pas moins besoin d’être rassurée. Car on a beau se proclamer le prophète, ou plutôt, le «  pionnier  » – l’imaginaire de Macron est américain – de l’Europe comme nouvelle terre promise, ces grands enfants que sont les peuples ont besoin de «  pédagogie  », laquelle ajoute, au mensonge de la démagogie, l’infantilisation des citoyens. C’est pourquoi celui qui refuse une «  présidence bavarde  » et veut préserver une «  parole présidentielle [qui] garde de la solennité  », s’étant aperçu qu’il perdait en popularité, a pensé qu’il était temps de descendre de son Olympe et de passer, comme un vulgaire président normal, au JT de 20 heures sur TF1, le dimanche 15 octobre, pour expliquer, dans la mesure du possible, tant aux «  illettrés  » qu’à «  ceux qui ne sont rien  » et qui, de ce fait, «  foutent le bordel  », le sens de la solennité de sa parole comme celui de sa politique.

    Les Français n’auront toutefois rien appris, sinon qu’il est «  un enfant de la province  », qu’il fait ce qu’il dit, qu’il pense à «  la France qui souffre  », qu’il veut «  en même temps qu’on libère et qu’on protège  » – mais pas qu’on insère  ? – et, qu’enfin, il «  ne croi[t] pas au ruissellement mais à la cordée  » (sic), ce qui est peut-être préférable, en effet, au moment où l’on dévisse (dans les sondages). N’avait-il pas déclaré dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, publié deux jours auparavant, qu’ «  en forçant le trait, on pourrait dire que la France est un pays de monarchistes régicides, ou encore que les Français élisent un roi mais qu’ils veulent à tout moment pouvoir le renverser  »  ? L’arrogance macronienne dissimule une fêlure intime, comme une sourde angoisse, car ce n’est pas la première fois qu’il aborde le sujet. Serait-ce celle de voir sa tête finir au bout d’une pique  ?

    La patrie du portefeuille

    On aurait tort en tout cas de voir en Macron le «  président des riches  ». Laissons cela à une gauche sans imagination ou qui, plutôt, ne sait comment critiquer autrement une politique (impopulaire) qu’elle est heureuse de le voir pratiquer à sa place, puisqu’elle repose sur la même conception d’une société liquide, ennemie de la notion d’enracinement, diabolisé comme identitaire, raciste, nationaliste, etc. Le mensonge présidentiel sur la réforme de l’ISF en est un signe patent. Désormais, seule la propriété immobilière, en sus de quelques gadgets, entrera dans son calcul. Nous ne nous prononcerons pas ici sur l’efficacité, controversée, de cet impôt. Ce qui est significatif, c’est le choix effectué par Macron  : exonérer le capital financier, c’est-à-dire le liquide, aux dépens de l’immobilier, réputé improductif, car enraciné. Et comme s’il s’était aperçu du caractère scandaleux d’un tel choix, il a assorti la mesure d’un mensonge effronté  : «  si les gens ne réinvestissent pas, ils seront taxés  », ce qui est faux. À l’heure où nous écrivons, aucune mesure allant dans le sens d’un quelconque patriotisme économique n’est prévue dans le projet de budget. De plus, le serait-elle, que l’Europe nous interdirait de la destiner aux seuls investissements français. Macron n’est pas le président des riches, il est le président des nomades. Ce qui n’est pas la même chose. Il est le président de ceux pour qui le portefeuille tient lieu de patrie et qui habitent non pas une province, une nation – on peut être «  riche  » et patriote –, mais les résidences standardisées du village mondial – ou des paradis fiscaux. Mais comment la gauche, même insoumise, pourrait-elle le tacler sur ce point, alors que, tout aussi mondialiste, elle partage les présupposés, notamment immigrationnistes ou sociétaux, de son progressisme déraciné  ? Car la volonté de Macron, réaffirmée sur TF1, de légaliser la PMA «  pour toutes  » va dans le même sens d’une société ennemie de tous les enracinements et donc de toutes les identités. Aussi ne doit-on pas s’étonner de cet autre mensonge présidentiel  : «  Toutes celles et ceux qui, étrangers et en situation irrégulière, commettent des actes délictueux quels qu’ils soient, seront expulsés.  » Là encore, l’Europe, cette fois la Cour européenne des droits de l’homme, interdirait une telle systématicité, qui suppose, de plus, l’accord des pays d’origine. Or Macron n’a pas non plus évoqué un durcissement de notre politique étrangère en ce sens, lequel supposerait que nous nous réaffirmions sur le plan international autrement qu’en faisant élire une Française à la tête de l’Unesco au moment où les États-Unis quittent l’organisation, ou, surtout, qu’en recevant à Paris les JO de 2024… après le désistement de toutes les autres villes candidates.

    L’exemple de l’Autriche

    Ce même dimanche où Jupiter s’exprimait sur TF1, la victoire du Parti populaire autrichien (ÖVP) aux législatives, mené par Sebastian Kurz, lui a donné un sacré coup de vieux  ! Voilà que la jeunesse est du côté des conservateurs – à trente et un ans, Kurz sera le plus jeune dirigeant européen – et non du côté des nomades, dont le président se trouve quelque peu ringardisé. Car Kurz a gagné grâce à une campagne menée très à droite, anti-migrants, sans toutefois laminer les populistes du FPÖ, qui ont obtenu plus de 26  %, et avec lesquels il pourrait gouverner, sans que, cette fois, le Big Brother bruxellois s’en mêle comme en 2000. Comme quoi, les conservateurs autrichiens n’ont pas les pudeurs de jeune fille des Républicains français. De plus, le projet de Macron visant à refonder l’Europe a été totalement ignoré de la campagne électorale autrichienne  : il est en effet «  assez logique qu’au cours d’une campagne électorale nationale, aucun parti ne [veuille] discuter de la réduction des compétences nationales pour les passer à l’Union européenne  » (Peter Filzmaier, politologue, Le Monde, 15 octobre). Non que les conservateurs autrichiens soient eurosceptiques ou s’apprêtent sous peu à rejoindre le groupe de Visegrad. Mais, forts d’une vraie identité, ils placent l’Europe à sa juste place. Qui n’est pas la première. Les Autrichiens n’auront pas la chance, c’est vrai, d’avoir un «  pionnier  » à la «  pensée complexe  » pour chancelier. Ils auront juste un patriote.  

  • Sondage choc : 38 % des Français se disent en faveur d’un régime autoritaire pour réformer la France et éviter le déclin

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    FRANCE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) : 
    La tentation d’un régime technocratique a nettement reculé chez les Français par rapport à il y a deux ans alors que la tentation pour un régime autoritaire, elle, reste presque la même selon un sondage exclusif Ifop.
    Notons tout d’abord que l’attirance pour un régime de nature technocratique en France demeure importante, même majoritaire avec 55 % d’avis favorables

    En effet un régime où des experts non élus qui feraient des réformes impopulaires mais nécessaires semblent malgré tout avoir le vent en poupe. Cela traduit le fait qu’il y a toujours ce sentiment chez les Français que la société est bloquée et que, pour la débloquer, il faudrait passer outre le processus démocratique. Cette mesure a toutefois fortement diminué par rapport à celle estimée il y a 10 ans par le même institut de sondage. A l’époque, 67 % des Français se déclaraient tentés par l’idée.

    Le nombre de partisans d’un régime autoritaire n’a quant à lui que très peu augmenté, mais il reste non négligeable

    Sur ce point, Jérôme Fouquet explique : « un sympathisant LR sur deux se déclare favorable à l’idée et 55 % du côté des sympathisants du Front National. On voit bien que le rapport à l’élection, l’autorité et l’exercice du pouvoir, constitue toujours un élément de démarcation sur l’échelle gauche droite. Quand on explique que le clivage gauche droite a disparu, on voit bien que ce n’est pas le cas sur ce type de questions. On voit des différences importantes ».
    Sur cette question on constate une différence de taille entre électeurs FN et électeurs de la France insoumise

    On voit très clairement en effet que là dessus il y a des écarts majeurs entre les aspirations de l’électorat FN et Insoumis. Les commentateurs parlent de tentation tribunitienne, d’un césarisme de gauche pour Mélenchon mais on voit que son électorat est très majoritairement attaché à l’importance du scrutin. La stratégie qui consistait à confondre les deux électorats, stratégie qui était notamment celle de Philippot, n’est pas opérante sur ce point.

    https://fr.novopress.info/

  • POUR VAINCRE, LR ET LE FN DEVRAIENT REGARDER DU CÔTÉ DE L’AUTRICHE

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    Marc Rousset

    Le jeune leader conservateur Sebastian Kurz, 31 ans, a remporté les élections législatives autrichiennes avec 31,7 % des voix, le dimanche 15 octobre. Une coalition droite-extrême droite pourrait accéder au pouvoir.

    En Autriche, pays de 8,7 millions d’habitants, l’extrême droite eurosceptique (FPÖ) est ancrée sur la scène politique depuis plusieurs décennies. Mais la donne a changé lorsque Sebastian Kurz, actuel ministre des Affaires étrangères depuis 2013, a pris le contrôle, en mai 2017, d’un parti chrétien-démocrate (ÖVP) à bout de souffle et a mis fin à dix années de grande coalition avec les sociaux-démocrates, provoquant des élections anticipées.

    Avec une image de modernité, un discours très ferme sur l’immigration, des promesses d’allègements fiscaux, le « Wunderwuzzi » (enfant prodige) de la politique autrichienne a su ranimer la flamme de l’électorat conservateur et en rajeunir la base. IL avait été, à l’automne 2015, un des premiers ténors européens à critiquer la politique d’accueil de la chancelière allemande Angela Merkel et se targue même d’avoir obtenu la fermeture de la route des Balkans, soutenant la clôture frontalière construite par la Hongrie.

    Sebastian Kurz a régulièrement durci sa ligne, réclamant une réduction des aides sociales pour les étrangers, au point que le FPÖ l’accuse d’avoir plagié son programme. « 60 % des Autrichiens ont voté pour le programme du FPÖ », a martelé M. Strache. Sebastian Kurz s’est prononcé contre l’immigration, dont les deux tiers de la population autrichienne ne veulent plus, pour un renforcement de la sécurité face au terrorisme et à la petite délinquance et contre l’islam en tant que religion politique.

    La formation d’extrême droite FPÖ est troisième du scrutin, avec 25,9 % des suffrages, derrière le parti social-démocrate SPÖ de M. Kern (27 % des voix), mais apparaît en faiseur de roi. Le FPÖ de M. Strache renoue avec le score historique de son ex-mentor Jörg Haider en 1999. Il revendique des ministères régaliens en cas d’entrée au gouvernement, dont l’Intérieur et les Affaires étrangères. En 1999, le parti était entré au gouvernement aux côtés des conservateurs, entraînant de honteuses sanctions européennes ; scénario qui ferait aujourd’hui hurler de rire, tant le populisme et la colère des peuples prennent de plus en plus d’ampleur.
     
    L’Autriche est un des pays d’Europe à avoir accueilli, en deux ans, le plus de migrants au regard de sa population (1,5 %), alimentant les débats sur le coût des prestations et sur la capacité d’intégration des nouveaux venus.

    Lors de la présidentielle l’an passé, les sociaux-démocrates et l’ÖVP chrétien-démocrate avaient été éliminés dès le premier tour. Le candidat d’extrême droite Norbert Hofer s’était incliné de peu au second tour face à l’écologiste-libéral Alexander Van der Bellen.

    Une alliance entre M. Kurz et M. Strache pourrait infléchir la ligne jusqu’à présent très europhile du pays, le FPÖ prônant notamment un rapprochement avec le groupe de Visegrád, comprenant des pays comme la Pologne et la Hongrie qui multiplient les bras de fer avec Bruxelles. M. Strache a, en outre, répété que l’organisation de référendums « sur le modèle suisse », notamment au sujet des accords commerciaux TTIP (négocié par l’Union européenne avec les États-Unis) et CETA (Union européenne-Canada), faisait aussi partie des exigences de son parti.

    En France, le FN, en élisant un nouveau chef charismatique et compétent, et les LR, portant à leur tête Wauquiez, devront suivre l’exemple autrichien et nouer une alliance afin de gagner les élections et prendre, enfin, le pouvoir. Sinon, il faudra euthanasier ces deux partis et trouver un chef charismatique compétent de droite avec un nouveau parti. L’objectif serait de faire le même coup que Macron avec son OPA sur le centre droit et le centre gauche, afin de faire la jonction, l’alliance et l’union de la vraie droite par la base en attirant la majorité des électeurs en provenance du Front national et des Républicains.

    Source cliquez ici

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • RÉFLEXION SUR LA DISPARITION DE LA DROITE

    L’élection présidentielle française de 2017 n’aura pas connu de candidats de droite. Aucun. Entre les petits candidats et les deux gros représentants de l’aile droite de l’électorat – respectivement Les Républicains et Front National – il n’y eut personne pour incarner et revendiquer une filiation intellectuelle à proprement parler de droite. Dans les élections précédentes, Nicolas Sarkozy, bien aidé par des stratèges cultivés comme Patrick Buisson, parvint à faire illusion. Il fit campagne à droite et gouverna ensuite comme les autres. Mais dans celle de 2017, nous eûmes un représentant classique de l’orléanisme qui n’hésita pas à se revendiquer régulièrement, lui aussi, du progressisme, et une candidate populiste qui passa le plus clair de son temps à chasser sur les terres de gauche par le biais d’un souverainisme intégral qui, lui aussi, osa se revendiquer du progressisme. Ces deux représentants abâtardis de la droite perdirent lamentablement cette élection, laissant les clefs du vieux pays de France au successeur de François Hollande le socialiste, parfait représentant assumé du progressisme libéral de gauche. Aujourd’hui, la droite est en morceaux. Elle le serait à moins. Dès lors, tous les refrains scandés sont des variations d’un même thème : celui de la refondation. Comment refonder la droite ? Sur quelles idées ? Sous quelle forme ?

    Déjà s’opposent les tendances. Dans la droite républicaine d’abord, beaucoup, subjugués par Emmanuel Macron, souhaiteraient entrer encore plus avant dans la « modernité », entendu au sens que lui donnent les représentants du camp d’en face. Dans la droite populiste, ou « extrême-droite », comme on l’appelle toujours, beaucoup aimeraient se muer encore plus davantage en un grand mouvement « ni droite-ni gauche », exclusivement représentant des classes populaire contre un « bloc bourgeois » composé « d’élites mondialisés » ou « égoïstes». En somme, la tendance des deux grands partis en exercice n’est en aucun cas un retour aux fondamentaux de droite, tant dans le fond que dans le style.

    Pourquoi cette défiance des représentants politiques pour la droite ? Pourquoi celle-ci, dont la chance est de reposer pourtant sur un corpus doctrinal solide, des centaines d’auteurs prestigieux et une philosophie pertinente pour l’époque, ne parvient t’elle pas à s’incarner, à se représenter dans un mouvement politique ? Pour comprendre ce curieux phénomène, il est de surcroit impossible d’invoquer « l’esprit du temps », car celui-ci prête partout son flanc à la droite, ou du moins à ce qu’elle représente. Insécurité, terrorisme, crise identitaire, perte du sens, déchirement du lien social, désastre scolaire, enlaidissement du monde, recul de l’autorité, économies en berne, retour de la realpolitik à l’international : autant de gros titres quotidiens dans nos journaux qui appelleraient naturellement la réponse d’une droite solide et assumée. N’ayant plus gouverné depuis, au moins, le Général De Gaulle, elle n’est pour rien dans les désordres du monde actuel : dès lors, ses messages, sa praxis et ses idées seraient considérablement légitimes. Or, il n’en est rien.

    La faute à quoi, alors ? Plusieurs explications s’offrent à nous.

    D’abord, l’inculture de nos hommes politiques. Ceux-ci n’ont plus l’épaisseur intellectuelle d’autrefois. A cause du système scolaire, de l’air du temps et d’une certaine paresse, la maîtrise des humanités n’est plus la condition préalable à tout engagement politique. La communication seule sélectionne le bon grain de l’Ivraie électorale. Quant au pouvoir, le vrai pouvoir, il a quitté peu à peu les assemblées et les palais élyséens pour se nicher plutôt dans les sphères de la haute finance. Dès lors, les hommes de qualité prirent souvent, hélas, le même chemin que le pouvoir fuyant. Sortis des grandes écoles, ils privilégièrent plus tendanciellement les carrières dans le privé pour ne laisser la toge qu’aux seconds couteaux.

    Cette médiocrité intellectuelle et culturelle est flagrante pour qui a déambulé dans les arcanes politiques. Les hommes de droite qui se proclament et se revendiquent « de droite » sur les plateaux télé seraient bien embêtés s’ils devaient justifier, philosophiquement, leur étiquette. A leur décharge, si le déficit culturel frappe l’ensemble de la classe politique, voire l’ensemble de « la nouvelle élite » parisienne et mondiale, il frappa préalablement tout ce qui tenait lieu de « culture de droite ». Cette dernière, dans la grande liquidation culturelle française, fut sacrifiée en premier. Sacrifiée, car inutilisable.

    Par ce qualificatif : « inutilisable », nous en venons à la deuxième raison de l’incroyable fébrilité des hommes politiques Français voulant rester fidèles au corpus idéologique de droite : c’est que celui-ci a été marqué du sceau du péché. On prête à Staline ce conseil à la gauche : « Accusez toujours vos adversaires de fascistes. Le temps qu’ils se justifient, vous pourrez porter de nouvelles attaques. ». Il fut mille fois suivi, et Léo Strauss, dès 1951, théorisa cette tactique malveillante avec l’invention du « Reductio Ad Hitlerum », manière de stériliser tout débat par la diabolisation de l’adversaire de droite. Par cette manière de faire et d’échanger, la gauche triompha complétement, imposant ses valeurs, ses codes, ses symboles, sa rhétorique, ses idéaux et ses chimères au débat public. La droite, elle, fut (et reste) terrorisée. Jean-Philippe Vincent, dans son livre « Qu’est ce que le conservatisme ? », ironise à ce propos : « Un homme public français qui, interrogé sur ses goûts littéraires, avouerait, par exemple, qu’il trouve le style de Sartre aussi bon que celui de Paul Bourget, que Simone de Beauvoir écrit comme le Guide Michelin et que Camus n’a pas tout à fait l’aisance de son maître Barrès commettrait un suicide médiatique. ». Multipliant les amalgames, les injonctions et les oukases, accusant toujours la droite, dès qu’elle s’essayait à quelques fidélités ou à quelques idées, d’être raciste, nationaliste, pourquoi pas antisémite, et de « faire le jeu du Front National » – donc de l’extrême-droite, donc d’Hitler – elle parvient à imposer l’idée médiatique selon laquelle « tout ce qui n’est pas de gauche est d’extrême-droite », mettant ainsi fin à tout débat politique sérieux en France. En guise de droite, seule la version orléaniste de celle-ci fut tolérée par la gauche, c’est à dire une version droitière appauvrie qui n’est, historiquement, qu’une ancienne gauche. En résumé, tant que la droite parlait d’argent et exclusivement d’argent, celle-ci pouvait être acceptée dans le débat public. Mais si celle-ci devait parler de ses valeurs, user de ses références intellectuelles, être en accord avec son style – alors, gare à elle. La voilà qui tombait immanquablement dans le camp des maudits et des pestiférés. Ce stratagème de gauche fonctionne toujours aujourd’hui, et il n’a que faire de son incohérence, de son manque de rigueur et de son absence de probité. Qu’importe pour lui de défigurer l’Histoire, oubliant volontiers que la droite qui lu Barrès et Maurras résista autant à l’envahisseur nazi (ils étaient nombreux à Londres avec le Général) que les radicaux-socialistes qui eux, en revanche, votèrent pour beaucoup les plein pouvoir au maréchal Pétain. Quel homme de droite oserait avouer avoir lu Barrès et Maurras hormis un fou suicidaire ? Moi-même, je ne m’y risquerai pas. En revanche, il est toujours de bon ton de parler de Sartre, lequel défendit toute sa vie l’URSS stalinienne, ou de lire Libération, lequel chanta les louanges des khmers rouges. Il y a des millions de victimes moins graves qu’une page acrimonieuse d’un écrivain de droite. Cela n’a aucun sens, mais c’est ainsi. Quoiqu’il en soit, il est désormais inutile de multiplier les exemples démontrant l’inanité de la reductio Ad Hitlerum de la droite dans son ensemble, car quelques signes d’espoirs – notamment dans la jeunesse – tendent à montrer que ce procédé vicieux a perdu de sa puissance. Peut-être est-il enfin le moment pour la droite de pouvoir s’assumer sans risquer d’être directement marquée du sceau du diable. Gageons que le débat intellectuel français n’en sera que vivifié.

    Troisième et dernière raison de la peur de la droite d’être elle-même : sa mauvaise image dans l’opinion. Reconnaissons que celle-ci ne date pas d’hier : sous la IIIe République, un groupe de droite siégeait au Sénat sous l’appellation « gauche républicaine » par peur d’être assimilé à une dénomination problématique. La tradition bonapartiste elle-même, pourtant classée à droite par René Rémond dans son célèbre essai sur les droites françaises, a toujours répugné à se qualifier de la sorte. De Louis Napoléon Bonaparte jusqu’aux mouvement populistes actuels, en passant par le Général De Gaulle, ceux-ci préférèrent toujours se caractériser comme « patriotes », au dessus des clivages, ou « souverainistes », comme nous l’entendons aujourd’hui. Deux causes se dégagent de cette étrange pudeur. L’une appartient à la philosophie de la droite elle-même : celle-ci se conçoit comme « naturelle » quand la gauche est constructiviste. Elle doit incarner ce qui est, dans l’ensemble, et non un camp particulier. En conséquence, elle serait « la France », en l’état, prise au moment présent, avec son héritage et son essence propre, sans velléités particulières d’évolution ou de changements. La gauche seule avancerait et voudrait changerles choses. A défaut de vouloir incarner ce qui est, la gauche voulu toujours incarner ce qui sera. Ce point de vue eut des conséquences néfastes sur la vie politique de la droite, et ce depuis l’origine, car, dès lors, de l’incarnation fière et assumée de ce qui était, à l’accusation d’immobilisme permanent, il n’y eut qu’un pas. En refusant d’être un camp, une idéologie particulière, une « force qui va », pour n’être qu’une force qui conserve en embrassant la totalité présente à un moment T, la droite s’est elle-même coupée de la possibilité de se nommer elle-même. En restant fidèle à ses principes premiers, ceux, hélas, du refus de toutes marches en avant, elle a du même coup répugné à l’idée même d’un nominatif. Nous reviendrons sur ce sujet quand nous discuterons à la fois de la nature profonde et de la possibilité de la droite, mais nous serions injustes si nous n’évoquions pas aussi les résultats de la puissance idéologique de la gauche sur l’incapacité de la droite à se poser comme telle. Un élément apparait clairement dans l’inconscient régulièrement honteux de la droite : elle a longtemps incarné l’égoïsme des possédants, la défense des intérêts particuliers et l’injustice intrinsèque des puissants, tandis que la gauche, reprenant à son compte tout le vieux fond de la morale chrétienne, était, elle, du côté des exclus, des faibles, de la justice et du bien commun. La droite, face à ces accusations, qui ont profondément pénétrées les consciences, n’a jamais su réellement se défendre. Qu’importe qu’elle fût peut-être la première à penser la condition sociale à travers les légitimistes qui, de Villeneuve-Bargemont dès 1834 à Le Play avec le catholicisme social, s’en prirent avec véhémence au capitalisme qui s’installait peu à peu. Qu’importe aussi les liens historiques que la droite entretint toujours avec « le petit peuple », notamment celui des campagnes ; qu’importe aussi les différentes avancées sociales que l’on doit au Général De Gaulle par exemple : la gauche a longtemps réussi à imposer la caricature d’une droite qui serait le minable et cynique parti des héritiers et des égoïstes. Actuellement, elle parle moins à son endroit d’égoïsme que de fermeture, au monde, au progrès, à l’avenir. Et là encore, la droite ne sait pas se défendre, coupée qu’elle est de ses références intellectuelles et manquant cruellement d’imagination. Et, disons-le clairement : de compétences.

    Dans ce bourbier intellectuel et politique, au milieu d’échecs électoraux, de reniements, d’injustices, de lâchetés et d’incompétences, la droite cherche désormais à se reconstruire. La « refondation » de la droite française sera le thème majeur de la vie politique des prochaines années. Les plus optimistes d’entre nous espèrent que l’état déplorable dans laquelle elle se trouve est peut-être bien la promesse d’un renouveau important. Mais, pour ce faire, il est indispensable qu’elle retrouve non pas seulement un chef, des élus ou une quelconque combinazione politique qui lui permettrait de fanfaronner dans les assemblées, mais une véritable âme, un esprit – son esprit – pour ne pas dire une philosophie inspirée par ses plus grands penseurs, ses plus belles et ses plus profondes références. Sans cela, la « recomposition », la « refondation » dont on parle, ne restera que pure forme et ne s’exprimera qu’au travers de bisbilles politicardes inutiles.

    Qu’un homme de gauche n’ait ni de mémoire ni de culture : cela peut aller à son teint. Mais qu’un homme de droite soit ainsi : voilà une aporie.

    http://rochedy.com/2017/10/disparition-de-la-droite/

  • Pour survivre, la droite doit abandonner les élites mondialisées...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de , cueilli sur Figaro Vox et consacré à la survie idéologique de la droite.  est auditeur au Conseil d'Etat et maître de conférence à Sciences-Po.

    Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

    La gauche a assumé l'abandon du peuple, la droite doit assumer celui des élites

    «Car il m'est apparu que l'homme était tout semblable à la citadelle. Il renverse les murs pour s'assurer la liberté, mais il n'est plus que forteresse démantelée et ouverte aux étoiles. Alors commence son angoisse qui est de n'être point» (Saint-Exupéry, Citadelle)

    Ainsi en est-il de la scène politique française, structurée autour d'une seule et même idéologie, celle de la déconstruction permanente.

    Cette idéologie promeut le progrès conçu non comme surgissement d'une volonté dans l'histoire, mais, s'appuyant sur le confort matériel, comme un projet d'émancipation de l'homme contre toutes les formes de limites, quels que soient le sens de ces limites et la finalité poursuivie par celui qui vise à s'en débarrasser.

    Elle emprunte la méthode spécifique de la table rase, où l'histoire n'est plus faite de tâtonnements mais de certitudes aveugles en vue de soumettre la réalité réticente de la matière, tant dans le domaine scientifique (transhumanisme) que politique («arracher l'enfant des déterminismes de sa famille» de V. Peillon).

    Après son stade moderne, qui fut celui des mouvements collectifs (nationalismes, communismes), cette idéologie sera, au XXIe siècle, celle de l'agitation individuelle.

    L'individu devient unique source et finalité de la société ; la conscience même d'un bien commun disparaît derrière le relativisme de groupes multiples organisés par leurs intérêts particuliers, réduisant la communauté de destin en un vaste marché mondial visant à l'épanouissement narcissique (Christopher Lasch) dont le politique ne serait qu'un secteur d'industrie.

    La scène politique française, entre consensus idéologique et fractures sociologiques, menace de dislocation la droite dite «de gouvernement».

    Dans la plupart des pays occidentaux, l'hégémonie culturelle de cette idéologie a creusé un fossé aujourd'hui presque sociologiquement figé, entre ceux qui en bénéficient et ceux qui en sont frustrés.

    Si le cœur de l'élite «de masse» (20-30% de la population selon C. Guilluy) a retiré les fruits de la mondialisation et de sa vision individualiste et libertaire (pour faire court, le droit de jouir sans entrave), la généralisation de la «société de marché» a percé les frontières des États et celles de tous les corps sociaux protecteurs - familles, écoles, entreprises - pour les atomiser en gagnants et en perdants.

    Ces derniers, ceux qui ne «sont rien» (la France périphérique, soit les 2/3 de la population, toujours selon C. Guilluy), cherchent aujourd'hui à prendre leur revanche en se tournant, soit vers Marine Le Pen pour se décharger sur d'opportuns boucs émissaires (la finance, l'Europe, l'immigration), soit vers Jean-Luc Mélenchon promettant davantage d'utopies libératrices en surfant sur la colère du peuple (revenu universel, etc.).

    Cette déconstruction des nations entre centres et périphéries se retrouve partout ailleurs: en Angleterre avec la cartographie du «Brexit» opposant la Greater London aux autres régions du pays, ou aux États-Unis, entre les central states et les coastal states.

    Chez nous, la carte des électeurs du premier tour des présidentielles est éloquente (métropoles vs. France des villes moyennes).

    La droite s'est historiquement contentée d'être le bon gestionnaire de cette idéologie depuis 1968, soit par

    désintérêt (elle s'est jetée à corps perdu dans le mondialisme et l'économie), soit par dégoût (c'est la bourgeoisie plus conservatrice qui se tourne vers la politique de proximité et se replie sur son entourage proche).

    Elle s'est contentée de se fondre dans le paysage dessiné par l'idéologie de la déconstruction en tentant d'y apporter un semblant d'ordre et de bonne gestion financière: le débat politique de la droite lors des législatives s'est ainsi résumé, après la grande désillusion des présidentielles, à une querelle comptable de chiffres et de mesures paramétriques (baisse de l'IR, etc.) sans vision aucune.

    Le consensus idéologique ambiant n'a donc jamais été remis en question ; bien au contraire, le libéralisme traditionnel de la droite s'est laissé glisser vers la quête de la jouissance servile aux mains d'un État devenu simple gestionnaire.

    Or, les laissés-pour-compte de la mondialisation montrent qu'ils ne se satisferont plus des promesses de la gauche et du vide intellectuel laissé à droite.

    À l'heure du Brexit, de Trump, de Podemos, du mouvement des 5 étoiles et du FPÖ, la ligne de partage politique n'est plus entre une pensée de droite et une pensée de gauche, indépendantes l'une de l'autre.

    Le clivage n'est plus idéologique: il menace de ne devenir que sociologique, entre les gagnants et les frustrés du libéralisme libertaire. Le risque est de voir une telle opposition, qui ne se situe plus sur le plan des idées, se traduire par la violence la plus brutale - déchaînement des frustrations et de l'accumulation des rancœurs, entretenues par le système médiatique.

    Entre En Marche, qui rassemble, dans un discours de gestionnaire rassurant, jeunes diplômés, immigrés et cadres des métropoles mondialisées, et Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, qui rivalisent d'irresponsabilités pour incarner la revanche des antisystèmes et des classes populaires, le «marché» électoral de la droite dite de gouvernement s'est, faute de discours cohérent, réduit comme peau de chagrin.

    Pour survivre, la droite devra bâtir un discours autonome qui réinvestisse le champ du politique plutôt que celui du gestionnaire.

    La recomposition actuelle du paysage politique français autour des deux extrêmes et l'apparition d'En Marche signeraient à terme l'avènement d'un grand parti centriste, majoritaire, mais traversé de courants profondément divergents et incohérents, constitué d'alliances de circonstances instables et ponctuelles rappelant les gouvernements de la IVe République.

    Ce schéma risque de «satelliser» la droite en caution économique d'un programme qu'elle ne maîtriserait plus. Cependant, la faiblesse du score de MLP au premier tour des présidentielles, et les divisions internes du FN auquel les départs de Marion Maréchal-Le Pen et de Florian Philippot portent un coup, constituent une opportunité immense pour que la droite de gouvernement effectue, à l'occasion de ces prochaines années, le travail sur elle-même analogue à celui des conservateurs britanniques au milieu des années 2000 devant une gauche économiquement et sociétalement libérale, et des extrêmes qui prêchaient la révolution.

    La gauche avait, en son temps, assumé l'abandon du peuple qui a tout perdu: la droite pourrait assumer celui des élites postmodernes qui ont tout gagné. L'urgence de la droite, face à son risque de dissolution, est de récupérer trois pôles: l'électorat populaire (attaché à des valeurs de responsabilité, d'autorité et percevant les ravages du libéralisme libertaire), l'électorat bourgeois des provinces et assimilé, souvent de culture catholique et sociale, et celui de la gauche dite «réac», chevènementiste.

    Comme l'avait fait le think-tank Terra Nova dès 2011 en orientant cyniquement le PS vers l'électorat de la coalition des bobos et des minorités, il s'agirait ici pour la droite d'abandonner l'élite déracinée et déterritorialisée, qui aurait tout à perdre d'un changement de son discours, pour rassembler la bourgeoisie de province et les classes populaires dans une sorte de «Terra Nova inversé».

    Ce Terra Nova inversé n'aurait pas pour objet de promettre une quelconque revanche, mais de proposer aux «perdants» économiques et culturels de porter un changement de paradigme.

    Face à l'idéologie de la déconstruction qui rassemble pour mieux les déchirer les deux «camps» des gagnants et des perdants de la mondialisation libérale-libertaire, la droite doit bâtir un discours autonome et crédible.

    Pour ce faire, elle refuserait de ne concevoir la nation que comme un agglomérat d'individus dont le politique n'aurait qu'à organiser l'interaction pour en maximiser l'épanouissement matériel ; et elle refuserait dans le même temps de promettre la «revanche» des classes populaires par des promesses intenables ou de verser dans le décroissantisme, marqueurs des deux extrêmes.

    Refuser l'idéologie de la déconstruction, c'est à la fois refuser son matérialisme individualiste post-politique qui continue à atomiser la société en produisant des «gagnants» et des «perdants», et refuser sa méthode de la table rase surfant sur les fausses promesses et les colères stériles ; c'est assumer la nécessité pour toute société qui souhaite perdurer et vivre librement de protéger les trésors chèrement accumulés au fil des siècles.

    C'est donc affirmer le besoin de transmission de notre culture, qui suppose un espace clos, un territoire, afin de générer la confiance et la fraternité nécessaires à l'existence d'une vie démocratique enracinée - d'une vraie démocratie, tout simplement.

    Ce projet aurait à son cœur le rejet de l'émerveillement béat et des frustrations violentes, lui préférant l'enracinement dans le passé pour une projection vers l'avenir. Son maître-mot ne serait pas «construire», mais «grandir», y compris à partir du local, plus propice à l'élaboration apaisée de solutions concrètes aux véritables problèmes de fond.

    La protection qu'il offrirait n'est pas refus du changement, d'où le rejet du mot-caricature de «conservatisme»: elle réhabiliterait l'idée que l'innovation n'est ni bonne, ni mauvaise, mais qu'il revient à notre volonté politique de la saisir comme une opportunité et de la maîtriser comme un danger.

    C'est ainsi réhabiliter la place du politique, sa vocation à orienter plutôt qu'à accompagner les changements qui sont loin d'être inéluctables.

    Ce serait donner envie aux Français de redécouvrir qu'ils peuvent encore, en tant que peuple, maîtriser les décisions qui ont trait à des sujets structurants pour notre avenir (écologie, transmission des savoirs et des valeurs, rapports à la mondialisation et au libre-échange, rapports à la technologie notamment quant à ses impacts éthiques et sociaux, etc.).

    Ce serait donc leur permettre de reprendre goût à leur propre liberté politique.

    «Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivant certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir», disait Simone Weil.

    Cette refondation idéologique est à même de séduire l'électorat cible, mais aussi d'aller au-delà.

    Pour les classes populaires ou moyennes, et la bourgeoisie dite de province, il s'agit de reconnaître la valeur d'une patrie en partage, ainsi que le capital immatériel que représente la «décence commune» dont parle George Orwell sans laquelle «l'unité politique n'est qu'une coquille vide» (M. De Jaeghere).

    Mais c'est aussi un discours capable de rassembler d'abord les libéraux, au sens premier du terme - ceux qui aspirent à la protection des personnes contre l'arbitraire du pouvoir, ceux qui estiment qu'il appartient à chaque institution, Etat compris, de se cantonner à son rôle pertinent (notamment en matière économique),.

    Mais aussi ceux qui reconnaissent que l'économie de marché ne fonctionne durablement - et n'est même historiquement apparue - que dans le cadre de communautés culturelles enracinées, assumant une certaine éthique, et structurées par des Etats-nations démocratiques.

    Enfin, c'est un discours susceptible de séduire une partie de l'électorat préoccupé par la question sociale, en développant des politiques fondées sur la notion de responsabilité plutôt que sur l'humiliation d'un assistanat organisé: les Français veulent travailler et non vivre d'allocations ; ils veulent se sentir intégrés dans la société et pas sans cesse renvoyés à leurs origines par un discours victimaire et moralisateur.

    Cette velléité de bâtir un nouveau parti de masse à droite, ni gestionnaire, ni démago, trouve de nombreux échos intellectuels et médiatiques, des anciennes gauche et droite: Finkielkraut, Brague, Debray, Gauchet, Onfray, Delsol, Polony.

    A l'heure où ce combat culturel est mené avec brio, la droite, si elle ne veut pas disparaître, devra prendre le chemin de crête périlleux qui consiste à rejeter en bloc le confort d'une politique gestionnaire en s'affranchissant d'une idéologie qui lui aliène le nouveau cœur de son électorat putatif: les classes moyennes et populaires, et la bourgeoisie dite de province.

     (Figaro Vox, 6 octobre 2017)

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2017/10/13/pour-survivre-la-droite-doit-abandonner-les-elites-mondialisees.html

  • Élections en Autriche : les conservateurs arrivent en tête et pourraient gouverner avec les populistes

    16/10/2017 – AUTRICHE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) : 
    Les Autrichiens votaient hier pour élire leurs représentants au Conseil national. Les résultats de ces élections législatives sont moins bouleversants que ceux de la récente élection présidentielle, qui avaient vu la débâcle des deux grands partis.

    Ce sont les conservateurs qui l’emportent assez largement, avec plus de 31 % des voix

    C’est donc l’actuel vice-chancelier, Sebastian Kurz, 31 ans, qui devrait être amené à composer une coalition. Cette mission incombe en effet au parti arrivé en tête. Deux solutions s’offrent à lui. Soit reconduire la grande coalition actuelle avec les sociaux-démocrates, mais le chancelier actuel, le social démocrate Christian Kern, a exclu cette hypothèse, soit se tourner vers le parti des « libéraux », c’est à dire les populistes conduits par Heinz Christian Strache.

    Ces deux partis sont en effet dans un mouchoir de poche !

    Les résultats officiels donnent le FPÖ légèrement devant le SPÖ, les deux autour de 27 %. Mais c’est sans compter les votes par correspondance qui seront dépouillés jusqu’à jeudi ! Au total, les instituts de sondage placent les sociaux démocrates devant les populistes. Un beau succès quand même pour le parti de Strache, qui gagne 6 points par rapport aux précédentes élections. A noter par ailleurs que les Verts s’effondrent, victimes notamment d’une candidature dissidente.

    Le FPÖ est-il en passe de revenir au pouvoir ?

    C’est très probable : les populistes sont en position de faiseurs de roi, puisqu’ils pourraient former une majorité tant avec les conservateurs qu’avec les sociaux-démocrates. Mais l’hypothèse la plus crédible est une alliance « noire bleue », entre conservateurs et populistes. Kurz a fait de la maîtrise de l’immigration un important thème de campagne. C’est ce qui lui a permis de remobiliser l’électorat conservateur et de faire retomber le FPÖ. La priorité donnée par les électeurs à la lutte contre l’immigration semble mettre la gauche hors du jeu.

    https://fr.novopress.info/

  • PLUS INTELLIGENT ET PLUS CIVIQUE QU’EN FRANCE, LE SOUVERAINISME AUTRICHIEN A SU SE RÉUNIR

    L’Autriche est un pays intelligent. Et surtout – mais ces mots ont perdu leur signification en France – plein de bon sens lorsqu’il s’agit de la défense de son intérêt national. Et cela d’autant plus que l’économie autrichienne se porte bien mieux que la nôtre. Mais le peuple autrichien a compris que son bonheur alpin n’était pas immortel, qu’il fallait faire foin des faux procès en sorcellerie et qu’il était vital d’unir la population pour se prémunir par avance contre les dangers rampants de la politique européenne, notamment en matière d’immigration forcée.

    En effet, en ce dimanche historique d’octobre 2017, et selon des projections de la télévision publique (source RFI), le conservateur Sebastian Kurz a remporté les élections législatives autrichiennes et sera ainsi appelé à devenir chancelier ; le plus jeune dirigeant européen. Les conservateurs de l’ÖVP obtiendraient 30,2 % des suffrages, devant la droite sociale et nationale FPÖ à 26,8 % et les sociaux-démocrates du SPÖ (grands perdants), crédités de 26,3 % des voix. Quelle que soit l’alliance qui se dessinera, le thème du refus d’une immigration de masse, incontrôlée par Bruxelles, aura fédéré 57 % des Autrichiens. Les Autrichiens ne sont pas contre l’aide aux populations menacées par la guerre : ils refusent simplement que leur culture disparaisse et que leurs équilibres sociologiques soient fragilisés par une immigration de masse imposée d’ailleurs.

    Le cerveau du peuple autrichien n’est ni encombré du smog gauchisant franchouillard (la « basse intelligentsia »), ni « plein du vide » des castes politiciennes parisiennes fascinées, comme dans un des mondes visités par Gulliver, par la dispute entre « Gros-boutiens » et « Petits-boutiens ». Ou, pour rester français, par nos picrocholines querelles sur de minimes questions techniques quand le navire sombre. 

    Merci aux Autrichiens d’avoir montré aux Français que le chemin de l’union nationale pour préserver l’intérêt et l’équilibre sociologique national est si logique et si facile d’accès quand il est souhaité par la majorité démocratique de la population. Les politiciens français (notamment prétendument de droite) sont-ils capables de l’entendre ? On en désespère. Sinon, ils connaîtront rapidement le sort du SPÖ.

    http://www.bvoltaire.fr/plus-intelligent-plus-civique-quen-france-souverainisme-autrichien-a-su-se-reunir/

  • Autriche: la mitteleuropa montre la voie

    Secrétaire d’Etat à 24 ans, ministre des Affaires étrangères à 27, c’est aujourd’hui âgé de 31 ans que l’Autrichien Sebastian Kurz le candidat du parti conservateur l’ÖVP (parti chrétien-démocrate ) s’apprête à devenir le plus jeune chef de gouvernement d’Europe. Au terme des législatives qui se sont déroulées hier, épisode électoral au cours duquel M. Kurz a multiplié les prises de position très fermes contre l’immigration, son parti a recueilli 31,7% des suffrages. Il devance la principale formation de gauche, les sociaux-démocrates du SPÖ (26,9%), eux-même talonnés par les nationaux du FPÖ (26%, en progression de 5,5 points par rapport aux précédentes législatives de 2013) emmenés par le sympathique Heinz-Christian Strache, ami de longue date du Front National. La logique voudrait et c’est le scénario privilégié par tous les observateurs, que conservateurs et nationaux fassent alliance au sein d’une coalition pour diriger le pays, le FPÖ se voyant bien obtenir plusieurs ministères régaliens (Intérieur, Affaires étrangères…).

    Le FPÖ dont le candidat Norbert Hoffer, rappelons-le, a manqué de  peu son élection à la présidence de l’Autriche en décembre dernier,  a renoué hier avec son meilleur score historique à des législatives, celui  obtenu en 1999 (près de 27%). Sous l’impulsion de feu Jörg Haider et fort de cette dynamique, les patriotes autrichiens étaient alors entrés en 2000 dans un gouvernement de coalition avec les conservateurs. Une participation au pouvoir alors inédite qui avait provoqué  une campagne de diabolisation délirante à l’échelle mondiale. Ce sursaut national dans les urnes avait entraîné des sanctions et des mesures de rétorsion de la part des instances bruxelloises contre Vienne, coupable de faire entrer le prédateur patriote dans la bergerie euromondialiste. Certes, dans la situation  actuelle de montée des populismes identitaires,  de refus de plusieurs  gouvernements de l’UE  de courber l’échine devant les commissaires politiques, parions que les Torquemada  seront contraints de faire profil bas…

    Nos camarades du FPÖ ont noté que Sébastien Kurz n’a pas hésité à « plagier»  leur programme,  ce qui s’est révélé à l’évidence très payant auprès des électeurs Autrichiens, pour virer en tête hier. Un durcissement il est vrai opéré antérieurement par M. Kurz. En octobre 2015, alors ministre des Affaires étrangères, il avait emboîté le pas au FPÖ pour dénoncer avec force la folle politique d’ouverture des vannes au torrent  migratoire d’Angela Merkel. Ces derniers mois, il avait réclamé comme les nationaux l’arrêt des pompes aspirantes de immigration que sont notamment les aides matérielles que reçoivent les clandestins. Ce qui a fait dire à Heinz-Christian Strache, additionnant hier soir le score de son mouvement et  celui du parti conservateur que « 60% des Autrichiens ont voté pour le programme du FPÖ ! ».

    Avec un grégarisme qui ne surprend plus depuis longtemps, la caste journalistique, milieu  progressiste autoréférencé s’il en est,  dont le niveau intellectuel et culturel est en chute libre (à de notables et heureuses exceptions près), relaye peu ou prou  les mêmes commentaires sur le retour et les mutations de la bête immonde . Tel le loup du petit chaperon rouge, elle tenterait de de se dissimuler sous un costume rassurant… pour mieux te manger mon enfant! 

    Ces dernières heures, l’ex président de l’Observatoire de l’extrémisme, le journaliste et militant antifrontiste Jean-Philippe Moinet, s’est  livré à  une analyse de très faible niveau des élections autrichiennes,  qui recycle  tous les poncifs du genre,  mais emblématique de la (non) pensée dominante.

    Sur le site Atlantico notre expert nous explique que si  «comparaison n’est pas raison »,  la réaction identitaire qui se manifeste a « pris forme, de manière particulièrement extrême et dangereuse, dans cette partie de l’Europe, qui a porté le nazisme  au pouvoir (…).  On en est bien sûr pas là avec la montée des nationaux-populismes de droite extrême, actuellement dans certains pays d’Europe centrale » mais « l’Autriche, contrairement à l’Allemagne démocratique de l’après-guerre, n’a pas bénéficié du même effort, en milieux scolaires notamment, de promotion constante des vertus de la démocratie et de l’ouverture au reste du monde. Ce pays a même été le lieu du recyclage de l’idéologie néo-nazie, un carrefour de réflexions et de relations plus que douteuses, qui ont d’ailleurs concerné le FN et Marine Le Pen elle-même qui, avant de prétendre dédiaboliser son parti avec la caution de Florian Philippot, ne rechignait pas festoyer à Vienne avec ce que l’Europe a de plus détestable en matière d’extrême droite » (sic).

    « L’Autriche poursuit-il,  n’a aucun problème grave du point de vue de l’économie et pourtant connaît des pulsions, des secousses et des mouvements d’extrême droite qui inquiètent les démocraties européennes. Les leviers nationaux-populistes sont souvent les mêmes, les fantasmes d’une identité nationale soit disant (sic) dissoute dans la mondialisation des échanges(économiques, sociaux, culturels) et des migrations permettent aux populistes d’extrêmes droites de prospérer.»

    Et M. Moinet, soucieux de maintenir la position  hégémonique du cercle de la raison  cosmopolite, des tenants de la société liquide,  hors-sol, insiste comme de juste sur le maintien du cordon sanitaire, la vigilance devant le risque de contamination.  «  Les observateurs et démocrates de tous les autres pays, insiste-t-il,  doivent prendre le phénomène FPÖ très au sérieux et donc y prêter une attention, elle aussi, particulière. Des porosités sont à l’œuvre, dans ce pays particulièrement, entre l’extrême droite, plus ou moins policée, et d’autres familles politiques, de droite classique notamment. Mais pas seulement : la gauche a aussi, il faut le rappeler, été actrice de coalitions dans le passé qui comprenaient entre autres des dirigeants et élus de ce mouvement d’extrême droite. »

    Jean-Pierre Moinet, à l’instar de ses compagnons d’agapes,  regarde avec terreur, sidération,  les coups portés par une nouvelle  génération d’Européens à un Système décati,  incapable de répondre aux légitimes aspirations protectionnistes (au sens large)  des peuples  de notre continent.  Cette résistance nationale là ne cesse de se renforcer, on la voit à l’oeuvre  dans la  Pologne de Beata Szydlo, dans les pays du groupe de Visegrad, sur une autre terre d’empire comme  la Hongrie qui se cabre  elle aussi devant les diktats immigrationnistes des Bruxellois.  Le Premier ministre  Viktor Orban a pris ces dernières semaines l’initiative d’une nouvelle consultation populaire avec un  questionnaire envoyé dans les foyers hongrois sur le plan  de George Soros, avec lequel il est en conflit ouvert prévoyant  une nouvelle  accélération de l’installation  de l’immigration non européenne au sein de l’UE.

    Bref, aujourd’hui et quelques semaines après la percée historique de l’AfD en Allemagne Bruno Gollnisch peut de nouveau  affirmer que « les   européens sont de plus en plus nombreux  à montrer la voie du réveil des nations, de la défense des identités, contre les forces mondialistes attachées à leur destruction. Il n’y a pas de fatalité du nivellement, du déclin et de la submersion dès lors que le courage se manifeste ! ».

    https://gollnisch.com/2017/10/16/autriche-mitteleuropa-montre-voie/

  • Philippot ou Narcisse, star de l’oligarchie, par Ivan Blot

    Philippot

    Lorsqu’il a quitté le Front national, Florian Philippot a été très peu suivi par les élus, les cadres, les militants. Mais l’oligarchie lui a donné acte de sa soumission croissante au politiquement correct sur les questions identitaires et sociétales. Il a donc été placé sous respiration médiatique artificielle. Pour Polémia, Ivan Blot analyse ce départ en termes de lutte de classes entre la nouvelle bourgeoisie oligarchique et le peuple.

    Le départ de Florian Philippot du Front national ne doit pas être vu comme un fait divers journalistique ou une querelle romantique de personnes. En fait, il est révélateur de la nouvelle lutte de classes qui se développe en France aujourd’hui entre la nouvelle bourgeoisie oligarchique et le peuple qui souffre.

    De quoi souffre le peuple ? De l’immigration massive, de l’insécurité croissante et de la relégation sociale dans la France périphérique. De quoi souffrait Philippot lorsqu’il était au Front national ? De l’insuffisante attention portée aux méfaits de l’Union européenne, d’être coupé de la base qu’il appelait « ringarde », de supporter une étiquette infamante pour les bourgeois lorsqu’il allait sur les plateaux de télévision.

    Le départ de Narcisse

    L’Union européenne a bien des défauts mais elle n’est pas perçue par le peuple de base comme une calamité quotidienne. On ne fréquente pas tous les jours un eurocrate arrogant qui prend d’office votre place de parking ! L’immigration, par contre, peut rendre votre vie invivable si vous habitez dans des quartiers envahis, surtout si vous êtes un jeune ouvrier ou un petit retraité, ce qui n’est pas le cas de Philippot. Bien sûr, on peut compatir sur la situation d’autrui mais ce ne peut être le cas de Philippot.

    L’analyse détaillée de ses récentes interviews montre un personnage totalement amoureux de lui-même, une personne narcissique. Dans l’Opinion du 9 octobre 2017, il cite 37 fois les mots « moi » ou « je », ce qui est énorme sur deux colonnes du journal. A cet égard, il est proche de Macron qui dans son livre Révolution cite ces mots de façon compulsive et systématique. Donc l’immigration n’intéresse pas Philippot, pour des raisons de mode de vie personnel d’énarque et de député nanti. De plus, l’immigration est un sujet qui diabolise. C’est le critère principal de la rupture entre le peuple et la bourgeoisie oligarchique.

    Cela nous amène au deuxième sujet. Philippot souffrait beaucoup de côtoyer une base « ringarde » et non « moderne », pour reprendre ses propres mots.Outre le sujet de l’immigration, il ne partageait pas les sentiments conservateurs propres au peuple et notamment aux catholiques. Dans le « petit peuple » détesté par Philippot, l’homosexualité ne vous valorise pas, alors que c’est l’inverse dans les médias. La famille et la natalité ne sont pas des thèmes majeurs pour ceux qui n’en ont pas lorsqu’ils n’en perçoivent pas l’importance au regard de l’intérêt général. La répression du crime allant jusqu’à la peine de mort pour les terroristes peut donner une mauvaise image dans les médias bourgeois, relativement peu sensibles à l’insécurité mais sensibles aux modes laxistes de Mai-1968.

    Quant à la relégation sociale dont le peuple est victime et encore plus les militants du FN, Philippot veut y échapper afin de bénéficier d’une célébrité médiatique qui demande peu de sacrifices.

    Le faible goût pour les réunions militantes sur le terrain et l’appétence pour les plateaux de télévision montre la soif de reconnaissance sociale de Philippot qui est tout sauf un révolutionnaire authentique façon Lénine ou Blanqui ! De plus, l’immigration est un thème qui risque de vous reléguer à l’égard des médias.

    Pour toutes ces raisons qui tiennent à son essence sociale et personnelle, Philippot n’a pas du tout les mêmes intérêts que le peuple. Je ne parle pas que des intérêts matériels mais aussi des intérêts culturels que Philippot diffame en les appelant « les mauvaises racines » ou « les vieux démons ». Ce qu’il appelle « mauvais », c’est ce qui est populaire ! Fi de cette vulgarité !

    Tout cela devait le conduire un jour à quitter le Front national. Il ne l’a pas fait plus tôt parce que le FN lui offrait une belle carrière politique auprès de la présidente qui lui fit confiance au début. De plus, il a découvert, chemin faisant, que son poste lui offrait une ouverture médiatique inégalée. Il ne cachait pas son mépris pour ceux qui ne sont guère invités par les médias. Il a estimé que le moment était venu de faire carrière par lui-même et d’abandonner le premier étage de sa fusée carriériste.

    « Star » de l’oligarchie ou représentant authentique du peuple ? Incompatible !

    Certains trouveront cette aventure bien triste. En fait, elle reflète l’incompatibilité entre la volonté d’être une star admise au sein de l’oligarchie et la volonté de représenter de façon authentique les classes populaires, ce qui importe plus pour Marine Le Pen. On ne peut pas être des deux côtés lorsqu’une lutte des classes se dessine. Il faut choisir.

    Philippot a choisi le camp de l’oligarchie, tendance nationale. Il est prêt à discuter avec l’oligarchie cosmopolite : deux variantes de l’oligarchie.

    Je préfère l’oligarchie restée patriote à l’oligarchie purement cosmopolite. Mais elle ne pourra pas prendre le pouvoir à cause de son éloignement du peuple.

    Défendre la cause du peuple, c’est autre chose. C’est parfois vulgaire (lutte contre l’immigration) et ringard (la Manif pour tous) et ego en prend un coup. Philippot n’a pas voulu faire souffrir son ego !

    Ivan Blot,
    ancien député, haut fonctionnaire

    Texte repris de Polémia

    https://fr.novopress.info/207961/philippot-ou-narcisse-star-de-loligarchie-par-ivan-blot/

  • ROBERT MÉNARD : « ENCORE UN EFFORT, MARINE LE PEN ! »

    « La présidente du Front national fait maintenant l’impasse sur la sortie de l’euro. Et je m’en félicite. »

    Lors de chacune de ses interventions, Marine Le Pen semble prendre ses distances avec ce qu’était la ligne officielle de son parti ces dernières années. Vous devez applaudir…

    Bien entendu. Comme vous, je constate que la présidente du Front national fait maintenant l’impasse sur la sortie de l’euro. Et je m’en félicite. J’entends même une petite musique sur le thème : voilà tout ce que nous pouvons faire sans sortir de l’euro. Une véritable révolution copernicienne pour un parti que nous expliquait jusqu’ici que rien ou presque n’était possible tant que nous n’aurions pas rompu avec la monnaie européenne… Tout cela va dans le bon sens. Puis-je vous rappeler, sans jouer au fanfaron, que, dès le lendemain de la défaite des régionales, lors du séminaire d’Étiolles, j’avais expliqué qu’il était impossible de gagner en s’obstinant à vouloir sortir de l’euro alors même que l’immense majorité des Français ne veut pas en entendre parler ! Je constate qu’aujourd’hui, Marine Le Pen reprend, jusque dans mes mots, ce que je ne cesse de dire depuis des mois. Tant mieux !

    Mais ce n’est pas parce qu’une majorité des Français est opposée à la sortie de l’euro qu’ils ont raison…

    Bien sûr. Mais, en l’occurrence ils sont dans le vrai. La sortie de l’euro n’est pas seulement anxiogène, elle est une erreur. Souvenez-vous avec quelle facilité George Soros avait déstabilisé la livre sterling dans les années 80. Nous prendrions le même risque en revenant au franc. L’euro nous protège de spéculateurs mal intentionnés !

    Vous êtes très pro-européen !

    Absolument. N’oublions pas que l’Europe s’est déchirée pendant des décennies. Et que la construction européenne – malgré ses ratés, ses échecs, ses insuffisances, sa bureaucratie, son caractère tatillon, son arrogance technocratique… – nous a apporté la paix. Ce n’est pas rien ! C’est bien pourquoi je trouve tout à fait stupide la position de ceux – de chaque côté de l’échiquier politique – qui voudraient qu’on enlève le drapeau européen des édifices publics. Il est sur la façade de l’hôtel de ville de Béziers comme dans mon bureau de maire et il y restera. Et puis, je ne peux m’empêcher de vous rappeler qu’Arsène Heitz, à qui nous devons ce drapeau, affirma des années plus tard qu’il s’était inspiré de la « médaille miraculeuse » de la Vierge Marie… On ne va pas le bouder !

    Exit la sortie de l’euro, le FN est donc sur la bonne voie…

    À condition de ne pas s’arrêter en chemin. Il faut arrêter la surenchère et faire preuve de responsabilité. Il n’est pas possible de toujours promettre plus à tout le monde. En gros, de raser gratis dès la victoire acquise. Ce n’est pas sérieux. Pour être crédible, travaillons sur un programme à la fois de rupture, de bon sens et de réalisme. Et cessons de croire que l’on va reconquérir ceux qui se sont éloignés en hurlant plus fort que les amis de Mélenchon. C’est particulièrement vrai dans le domaine social. Etre arc-bouté sur la retraite à 60 ans ou les 35 heures n’a pas de sens quand nous savons pertinemment qu’arrivés au pouvoir, nous ferons le contraire. Rompre avec les pratiques politiciennes, c’est aussi tenir un langage de vérité !

    Mais vous allez décourager ceux qui votent pour vous !

     

    Vous les traitez avec bien du mépris ! Vous croyez, comme nos adversaires, que nos électeurs ne sont guidés que par la peur et le ressentiment. Pour les rencontrer tous les jours, je les sais surtout attachés à notre pays. Et prêts, pour peu qu’on le leur explique, à entendre un autre discours, loin de toute cette démagogie qui nourrit le rejet de la politique et fait le lit de l’abstention.

     

    Vous parlez de construire un grand mouvement de droite. Contre Les Républicains et le Front national ?

    Je ne crois pas les uns et les autres capables de faire abstraction de leurs intérêts propres pour ne se soucier que de notre pays. Vous avez, d’un côté, Laurent Wauquiez qui ne cesse de dire et de redire que jamais, au grand jamais, il ne s’associera avec « l’extrême droite ». Et, de l’autre, des responsables frontistes qui ne veulent pas entendre parler d’alliance avec ces « traîtres » de droite. Comment voulez-vous qu’on avance et qu’on se donne les moyens de battre cette nouvelle social-démocratie qu’incarne Emmanuel Macron ? S’il est impossible de leur faire entendre raison, construisons autre chose, en partant des citoyens, des simples citoyens. Une fois de plus, sur la plupart des sujets qui mobilisent les Français, nos électorats pensent à peu près les mêmes choses. Expliquez-moi ce qui les sépare quand on sait que ce que dit le FN aujourd’hui ressemble comme deux gouttes d’eau au programme du RPR du début des années 80 !

    Alors, pourquoi Laurent Wauquiez, le plus à droite des candidats à la présidence des Républicains, rejette-t-il toute alliance avec le FN ?

    En l’écoutant, j’ai le sentiment qu’il passe son temps à montrer patte blanche. Il a tellement peur d’être pointé du doigt par les médias, par le petit monde des politiciens professionnels, par les boutiquiers de l’antiracisme et l’intelligentsia germanopratine… Ça finit par faire un peu de peine. Vouloir changer la politique et trembler devant ceux-là mêmes qui tambouillent dans les mêmes marmites depuis tant de temps… Dommage, on aurait pu espérer autre chose du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

    Vous ne vous sentez pas un peu seul ?

    Pas du tout. Loin de la classe politique actuelle ? C’est sûr. Regardez les nouveaux députés En Marche !, ils sont d’une arrogance, d’une suffisance, d’une prétention qui finiront par nous faire regretter le bon vieux notable radical-socialiste… Face à cette majorité qui incarne si peu, si mal cette France hors métropole, hors mondialisation, hors tout, il nous faut d’urgence bâtir une offre politique qui sache se faire l’écho de ce peuple dont les saillies désormais récurrentes d’Emmanuel Macron disent assez le mépris qu’il lui voue. C’est avec ce peuple que, chaque jour, je croise, je défends, dont, chaque jour, je plaide la cause, c’est avec lui que nous construirons non pas une nouvelle alternance mais une alternative. À chacun de prendre ses responsabilités.

    Vous pensez à qui ?

    À ces militants du quotidien qui pansent les plaies d’un petit peuple qui souffre d’être moqué, marginalisé, ringardisé. Je pense à ces jeunes femmes et jeunes hommes qui découvrent dans la foulée des manifs pour la famille qu’il n’y a pas de salut sans un engagement ici bas. Je pense à ces travailleurs – quel beau mot ! – qui aiment leur métier, à ces paysans – un autre beau mot ! – qui aiment leur terre. Je pense à ces commerçants broyés par les grandes surfaces, à ces chefs d’entreprise noyés sous la paperasse et les impôts. Je pense à cette jeunesse qui quitte la France un regret au cœur. Je pense à ces immigrés qui aiment notre pays au point qu’il devient le leur. Je pense… arrêtons là. Cela fait du monde, beaucoup de monde. Suffisamment pour croire notre victoire possible.

    http://www.bvoltaire.fr/effort-marine-pen/