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POURQUOI L' "EXTRÊME DROITE" LEUR FAIT-ELLE SI PEUR ?
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ZOOM - Valérie Bugault / Jean Rémy : La démocratie à l'épreuve des faits
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Budget de la défense : qui croyait qu'Emmanuel Macron respecterait sa promesse ?
Tentative de synthèse d'un spécialiste des questions de défense :
- tel que voté à l’automne 2016, [le budget de défense] était en hausse de 600 millions par rapport à celui de l’année précédente.
- en début d’année, 2,7 milliards ont été « gelés » et non annulés.
- aujourd’hui on annonce 850 millions en moins. Ces 850 millions ne font pas partie du budget initial de 2017, mais ils devaient venir financer les opérations extérieures et intérieures de l’année en cours, pour lesquels seuls 450 millions étaient inscrits au budget initial - sachant que les opex et opint devraient s’élever à 1,3 milliards cette année. Traditionnellement, cette complément provenait d’un financement interministériel (dont la défense prenait une part d’environ 18%) - cette année, il devrait donc être entièrement supporté par la Défense.
- le ministère des Armées compte toujours sur les dégels des 2,7 milliards, desquels il faudra donc retirer ces 850 millions.
- Résultat, en l’était actuel des choses : le budget 2017 ne devrait pas augmenter par rapport à celui 2016 et pourrait même légèrement baisser.
Cela change de la campagne :
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L’hypothèse Wauquiez, mais en même temps…
Sonné par la l’élimination de François Fillon dès le premier tour de la présidentielle, par un fort recul du nombre de ses députés aux législatives, miné par la scission entre les constructifs clairement macronistes et les partisans d’une opposition plus clairement affichée, divisé par de profondes (irrémédiables?) divergences de ligne, de stratégie, d’idées, voire de valeurs, le parti Les Républicains entend lui aussi se rénover. En attendant, le bureau politique de LR délibérait aujourd’hui sur le sort de six de ses membres qui ont rallié Emmanuel Macron que ce soit en participant au gouvernement ( Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu , Bruno Le Maire, Edouard Philippe ) où en le soutenant à l’assemblée ( Thierry Solère, Franck Riester…). Pour la petite histoire, sur les neuf membres de la commission de recours de LR que M. Solère menaçait de saisir en cas d’exclusion, trois sont des LR macronistes: Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu et le juppéiste Gilles Boyer, aujourd’hui conseiller politique du Premier ministre… Courage fuyons, les coucous macronistes n’ont finalement pas été exclus… voilà qui a le mérite de la clarté (?). Des « ateliers de la refondation » ont été lancés le 5 juillet par l’actuel président de LR, Bernard Accoyer, poste provisoire qu’il entend abandonner au plus vite. Un congrès prochain (dont la date reste à fixer) devrait désigner le futur patron de LR, et le moins que l’on puisse dire c’est que si le nom de Laurent Wauquiez, actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, est souvent évoqué, il ne fait pas l’unanimité au sein des instances de ce parti. Les progressistes Xavier Bertrand (président des Hauts-de-France) et Valérie Pécresse (présidente de la région Ile-de-France) ayant renoncé à concourir par crainte d’une sévère déculottée, M. Wauquiez, qui vient de rencontrer successivement Nicolas Sarkozy et François Fillon, espère l’emporter fort du soutien d’un courant droitier (Eric Ciotti, Brice Hortefeux, Thierry Mariani…) plutôt en phase avec les aspirations de la base…
Le site du magazine Marianne fait état des manœuvres en cours d’un ex patron de l‘UMP qui n’a pas laissé de bons souvenirs, Jean-François Copé, pour bloquer l’ascension annoncée de Laurent Wauquiez qui, horresco referens, prendrait ses conseils depuis quelques années auprès du sulfureux Patrick Buisson. « J’ai en tête un mode d’organisation qui nous permettrait d’éviter l’éclatement. Nous pourrions avoir un directoire, avec un secrétaire général chargé de gérer le parti, expliquait (M. Copé, NDLR) pendant la campagne des législatives. Sinon, Wauquiez fera son machin tout seul. Il montera un Tea Party avec Marion Maréchal-Le Pen, Sens commun et tous ces gens sympathiques » persiflait-il.
M. Copé fait ici allusion bien sûr à l’entretien accordé en mai dernier par Marion à Valeurs actuelles: « Un profil comme Laurent Wauquiez change la donne. Mais il faut voir ce qu’il fera de ce pouvoir ! Si c’est pour avoir un nouveau Sarkozy, ce n’est pas utile. (…) Ce qui est sûr, c’est que, dans le paysage politique actuel à droite, il fait partie de ceux dont les déclarations laissent penser qu’on aurait des choses à se dire et à faire ensemble ».
Partisan autoproclamé d’une droite décomplexée lors des primaires de la droite, Jean-François Copé était en concurrence avec Laurent Wauquiez pour en être le héraut quand ce dernier a à son tour opéré un virage droitier, le nez sur les enquêtes d’opinion. Quelques années auparavant, en avril 2014, le maire de Meaux avait notamment éreinté le livre de M. Wauquiez « Europe : il faut tout changer » dans lequel ce dernier se prononçait contre une construction bruxelloise qui « ne marche plus », plaidait pour un «protectionnisme» européen, un retour à une Europe des six, la sortie de l’espace Schengen…
« Laurent Wauquiez a des positionnements individuels parce que populistes », «il n’y aura pas de proposition démagogique à l’UMP » (sic) affirmait alors M. Copé, expliquant que les eurosceptiques de l’UMP, dont Henri Guaino et Laurent Wauquiez, étaient «très minoritaires»….
Minoritaires, ils le sont nettement moins au sein de l’électorat traditionnel de la droite ce que refusent de voir avec une obstination assez confondante beaucoup de pontes de LR. Le site d‘ Europe 1 relayait hier les propos de Arnaud Robinet, le maire de Reims, qui criait au loup: « On est en train de laisser la voie royale à la ligne dure Wauquiez-Ciotti. Ils vont faire mourir le parti si Wauquiez devient président. Soit on a un candidat qui défend les valeurs libérales et humanistes et on combat face à Wauquiez, soit, il faudra avoir le courage de créer une nouvelle force politique de droite, libérale et humaniste ».
Le site de l’Obs s’est d’ailleurs amusé à compiler tous les propos récents des grandes consciences républicaines pointant le danger Wauquiez: « un retour à la ligne Buisson, celle qui nous a fait perdre en 2012. Celle qui résume la question sociale à l’unique question identitaire (…) la tentation d’un rapprochement avec l’extrême droite. (Un départ de LR est possible) si on ne s’y sent pas chez nous» (V. Pécresse); « Il court après l’extrême droite. Il le dit lui-même et même Marion Maréchal Le Pen se dit prête à travailler avec lui ! Je rappelle que l’UMP a été fondée en 2002, au lendemain de l’élection de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen. C’est dans notre pacte fondateur, dans notre ADN, l’opposition au FN » (X. Bertrand); « Sur un sujet aussi stratégique que cette élection présidentielle, (…) quelqu’un qui a proposé, alors qu’il pourrait être candidat à un avenir politique, le vote blanc, pour moi, il ne peut pas être notre leader. De deux choses l’une : ou on trouvera une autre solution, ou on ne sera pas dans le même parti » (J-P. Raffarin); « Une tentation de se rapprocher de l’extrême droite » (Frank Riester); « La ligne identitaire de Laurent Wauquiez est mortifère. S’il faut que quelqu’un le dise, je serai celui-là » (G. Darmanin)…
Comme souvent, le maire de Nice Christian Estrosi a apporté sa précieuse et intelligente contribution au débat: «Je ne veux pas que l’on soit flou. Sans ça, ça veut dire que le pacte fondateur voulu par Jacques Chirac de l’UMP en 2002 pour pouvoir faire barrage en toutes circonstances au Front National et qu’il n’y ait pas la moindre porosité avec le Front National, va exploser purement et simplement et je ne veux pas que ce pacte explose.» C’est ce même Estrosi opposé aujourd’hui à l’exclusion des membres de LR qui soutiennent le nouveau gouvernement, qui en mars 1998, plaidait pour une alliance entre le RPR et le FN en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le même qui en juillet 2013 était attaqué par le député et porte-parole du PS, Eduardo Rihan Cypel qui l’accusait «(d’appeler) carrément à des pogroms» pour avoir déclaré son intention de « mater les Roms »… sacré Christian!
Qu’est-il en fait reproché au Young Leader et membre de la French American Foundation Laurent Wauquiez lui qui, conscient de la séduction croissante exercée par l’opposition nationale sur l’électorat de la droite, avait réclamé et obtenu de Jean-François Copé en 2013 la constitution d’un groupe de travail à l’UMP sur le FN »? En 2011, alors ministre des Affaires européennes, il appelait les « pro-européens (à repartir ) à l’offensive. Le fait de se laisser enfoncer par les bobards des eurosceptiques comme Mme (Marine) Le Pen et M. (Jean-Luc) Mélenchon, ça suffit !» . Mais en même temps comme dirait M. Macron, il défendait « l’identité européenne (…). L’Europe, ce n’est pas une coquille creuse, c’est une communauté de valeurs, de grands personnages de l’Histoire, de grandes dates. Assumons cette identité». « On a honte de notre identité chrétienne? On a honte que l’Europe des clochers a été constitutive de notre identité européenne? ».
En mars 2011, accueillant Nicolas Sarkozy au Puy-en Velay dont il était maire, Laurent Wauquiez se félicitait du discours de ce dernier (concocté par Patrick Buisson): la France doit « assumer son identité, son histoire et ses racines chrétiennes.» Mais en même temps, il prenait bien soin de déclarer sa volonté de lutter contre les discriminations, affirmait avoir « beaucoup œuvré pour (…) accompagner la construction (de deux mosquées) », se disait «très attentif au respect de la diversité religieuse», mettant sur un même plan la religion autochtone de notre pays et l’islam.
En janvier 2015, il était secrétaire général de l’UMP, Laurent Wauquiez avait approuvé que son parti condamne le refus de la majorité présidentielle et des forces de gauche d’accueillir le FN au nombre des formations qui avaient défilé à Paris après l’attentat contre Charlie hebdo. Mais en même temps,lors des cantonales de 2011, comme lors des législatives de 2012, il était de ceux qui comme Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Dominique de Villepin, François Bayrou, François Fillon, Alain Juppé, Roselyne Bachelot, Chantal Jouano, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Valérie Pécresse contestaient la stratégie de «droite décomplexée », la doctrine du «ni ni », prônée officiellement par Sarkozy, au profit d’un appel à voter clairement en faveur de la gauche contre les candidats nationaux.
Mais en même temps, pratiquement le seul au sein de LR, il a refusé d’appeler à voter Macron au second tour de la présidentielle, et depuis qu’il est élu à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes, il a multiplié les signaux en direction de l’électorat national, patriote, souverainiste. Notre ami Christophe Boudot constatant la reprise de plusieurs propositions frontistes par M. Wauquiez et s’adressant à lui dans l’hémicycle régional le 29 juin l’a dit sans ambages, mais non sans une pointe d’ironie: « Vous faites du FN sans le savoir». « Votre action à la tête de la région valide avec pertinence le combat du Front National ! ».
Mais en même temps, Laurent Wauquiez affirmait sur l’antenne de BFMTV le 21 juin son refus de s’émanciper des mots d’ordre de la gauche et de la droite cosmopolites, des interdits, des tabous fixés par le Système: « Jamais, jamais d’alliance avec les Le Pen, ni de compromis avec le Front National (…) Je réponds avec une limpidité totale: il n’y a pas d’alliance avec madame Le Pen. Ni plus, ni moins. Je ne peux pas être plus clair.»
Certains pourraient penser qu’il n’est pas nécessaire de s’allier avec Le Pen pour faire du lepénisme, ou avec le FN pour appliquer une politique frontiste. Que la diabolisation persistante et qui aurait toujours une certaine efficacité sur toute une frange de l’électorat des noms FN et Le Pen pourrait légitimement conduire à contourner l’obstacle tout en en reprenant les idées (qui après tout appartiennent à tous). M. Wauquiez comme d’autres acteurs attentifs des évolutions de la société, sait parfaitement que les fondamentaux défendus par l’opposition nationale sont souvent majoritaires dans l’opinion que ce soit sur l’immigration, l’insécurité, la défense des valeurs traditionnelles, de la famille, de la culture française, la lutte contre le fiscalisme… Au-delà même de l’étiquette et du contenant, l’important n’est-il pas de porter les idées nationales, le contenu au pouvoir?
Pour autant, il ne faut pas se bercer d’illusions affirme Bruno Gollnisch. Il est légitime, petite parenthèse, de réfléchir à l’opportunité, aux avantages (ou non) d’un changement du nom du FN. Mais il faut bien comprendre que la cause véritable de la diabolisation par la Caste du FN ou des Le Pen prend justement sa source dans les valeurs, le programme dont ils sont les promoteurs, les défenseurs et qu’ils sont, right or wrong, identifiés comme tels par les Français.
Un nouveau parti, une nouvelle personnalité qui défendrait demain l’identité et la souveraineté nationales , le refus du mondialisme, de l’idéologie sans-frontiériste, marchande et hors-sol subirait elle aussi le même tir de barrage, les mêmes procès en sorcellerie de la part des élites dominantes. Et il faut les épaules pour ramer à contre-flots, résister au pilonnage, ne pas plier sous la pression; ce courage là n’est pas donné à tout le monde…
Rappelons nous aussi du soutien médiatique dont bénéficiait en Europe il y a sept ans le Hongrois Viktor Orban, décrit comme un parfait modéré et son parti de droite conservatrice tout à fait classique, le Fidesz. Ils étaient célébrés alors comme les meilleurs remparts démocratiques contre les affreux du parti Jobbik. Aujourd’hui, le Premier ministre de la Hongrie est désigné à la vindicte, accusé de tous les maux, de toutes les tares fascistoïdes par les bruxellois, les officines mondialistes, pour son refus de se plier notamment aux avancées sociétales libérales-libertaires et aux oukases immigrationnistes. Comparaison n’est pas (toujours) raison, mais les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
https://gollnisch.com/2017/07/11/lhypothese-wauquiez-meme-temps/
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Les hommes politiques classés à droite sont moins «à droite» que leur base électorale
Le groupe de réflexion « A droite » plaide dans Le Figaro pour une reconstruction décomplexée et conforme aux idées portées par les électeurs :
"Voici trop longtemps que la droite est trahie par certains de ses cadres, lesquels, depuis au moins le mi-temps du quinquennat Sarkozy, semblent honteux d'être «à droite». Voici trop longtemps que les cadres de la droite prônent une «droite ouverte, pas sectaire» (Alain Juppé), brocardent la «droitisation» (Nathalie-Kosciuzko-Morizet) et la «radicalisation» (Alain Juppé) de leur électorat, fustigent les «dérives droitières» (Jean-Christophe Lagarde) de leurs collègues et ne se revendiquent désormais de «droite» que pour ajouter qu'ils sont «constructifs» (Thierry Solère), préparant ainsi la victoire puis l'hégémonie politique et intellectuelle du mouvement d'Emmanuel Macron.
«Tant pis si la droite n'est pas une alternative incontournable au macronisme» déclarait il y a quelques jours Franck Riestersur les antennes d'Europe 1: cette assertion en forme de reddition ne semble pas présente dans les seules têtes des «constructifs, UDI et indépendants» mais hante l'ensemble de la droite politique, à commencer par les 75 députés LR qui se sont abstenus lors du vote de confiance au gouvernement Philippe. Disons-le clairement: les cadres de la droite ne semblent plus percevoir ce qui les distingue de la majorité présidentielle, au point que la droite politique semble tout proche de passer l'arme à gauche.
Cette droite politique se méfie de la «droite des idées» comme de son ombre, au point de reprendre contre cette dernière le vocabulaire polémique de la gauche. Il semble en effet entendu dans l'esprit d'un bon nombre d'élus de droite que la gauche et le centre revêtent une supériorité intellectuelle et morale, comme si la droite était un poison politique, inévitable à faible dose, mais dont il faut prévenir une trop forte concentration dans le corps social. La suspicion à l'égard de toute tentative de décomplexer la droite en témoigne: elle ne serait admissible dans le débat public que dans une version affadie, inhibée. Cette suspicion à l'égard de la droite se redouble d'une méfiance à l'égard du peuple et de ses opinions droitières: le préjugé est tenace selon lequel la droite flatterait les mauvais penchants du peuple, susciterait chez lui de mauvais sentiments, à l'inverse de la gauche, qui ferait naître chez lui ce qu'il y a de meilleur, en l'obligeant à la générosité et à l'ouverture.
Pourtant, depuis quelques années, la «droite des idées» avait su imposer dans les médias des thèmes mobilisateurs pour l'électorat: affirmation de l'identité nationale, défense de la liberté personnelle et de son corollaire, l'éthique de responsabilité, affirmation des limites qui doivent circonscrire l'action politique (frontières nationales, écologie humaine), lutte contre l'insécurité physique, sociale et culturelle, réarmement moral face au terrorisme islamiste. Le dernier sondage Ipsos sur les «Fractures françaises» ne fait que confirmer la prégnance de plusieurs de ces thèmes dans l'esprit des Français. Las, la droite politique a préféré faire campagne sur des thèmes plus nobles à son sens: réduction du déficit public, maîtrise de la dette, suppression de l'ISF, promotion de la high-tech, rétrécissant ainsi le débat politique aux seules perspectives économiques, sans apporter de réponse au défi de civilisation, passant sous silence les attentes de son électorat.
Pour les élites politiques et médiatiques, le conservatisme des gens ordinaires - cette volonté de conserver ce qu'ils ont reçu en héritage moral et ce qu'ils ont gagné par leur travail - est une aberration intellectuelle. Dans leurs esprits nourris d'abstraites idéologies, leur rôle est de guider le peuple, de modérer ses instincts, d'être son avant-garde. Eh quoi! les gens n'auraient donc pas pour ambition de «changer la vie»? Ne seraient-ils pas réceptifs aux progrès des droits des minorités, à la déconstruction de leur roman national, à l'édification d'une «société plurielle» et sans frontières? Ne sont-ils pas sensibles aux utopies sociales? Pourquoi ne souhaitent-ils pas construire une société différente? L'idéalisme progressiste issu de la pensée révolutionnaire constitue l'arrière-pensée de la plupart de nos élites et de nos élus: c'est d'ailleurs en cela qu'Emmanuel Macron a raison de revendiquer à la fois une inspiration de gauche, un certain libéralisme et une aspiration à la «révolution», titre de son ouvrage programmatique. Il s'agit d'ériger le changement en moteur de l'Histoire selon une logique de la table rase au service de l'émancipation qui structure toute conception révolutionnaire. Au contraire, la persistance d'un attachement naturel à la continuité historique, aux racines et à la tradition, le refus d'une vision intempérante du progrès, constituent le fonds constant de la droite qui oppose à l'idéalisme du progrès (le «progressisme») un réalisme de la préservation.
Les hommes politiques classés à droite, par le double effet de leur position d'avant-garde et de la mécanique «sinistrogyre» (Albert Thibaudet) qui régit la vie politique française, sont quasi-inéluctablement moins «à droite» que leur base électorale, ce qui ne manque pas de créer un sinistre décalage.Ce décalage semble aujourd'hui avoir atteint son paroxysme, au point que la droite politique n'a plus le choix: ou elle se réarme intellectuellement, ou elle passe l'arme à gauche. Si la droite des idées campe ferme sur ses positions, que la droite politique retrouve une doctrine, une identité et une vision, au lieu de se soumettre aux ordres moraux des élites politiques et médiatiques, elle pourra en revanche être le foyer de l'alternative. À la veille d'une recomposition politique et idéologique d'ampleur, la droite ne sortirait du clivage qu'à son détriment, pour se fondre dans un consensus social-démocrate, mondialiste et libertaire qui assécherait le débat public sans répondre aux attentes de ses électeurs, notamment dans la France périphérique. [...]"
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CLASH à l'assemblée 10/07 M.LE PEN et MELENCHON mouchent la majorité et s'opposent radicalement !
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Louis Aliot plaide pour des rapprochements locaux du FN avec la droite pour les municipales
Louis Aliot, député et vice-président du FN, plaide pour des rapprochements locaux avec la droite en vue des élections municipales de 2020. Invité de CNewslundi 10 juillet, il a expliqué qu’il y avait des convergences idéologiques fortes entre son parti et une partie des élus locaux de droite :
"A l’échelle locale, beaucoup d’élus municipaux, de maires, d’adjoints, sont disposés à discuter pour les échéances à venirparce qu’ils voient bien que nous ne sommes séparés par rien dans les idées sur le terrain, sur la sécurité, sur l’immigration, sur la baisse des impôts, sur le protectionnisme intelligent, sur le refus de la concurrence déloyale avec d’autres pays. Sur tout cela, ils sont d’accord alors pourquoi ne pas discuter, sur les municipales notamment, de contrats de gestion ou d’accords qui ne tiennent pas compte de ce que veulent les états-majors."
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Quand deux montagnes accouchent d'une souris
Le discours de Macron à Versailles ce 3 juillet confirme en tout point l’impression de malaise qui suintait déjà de sa campagne électorale. À la fois le chef de l’État tend à tourner le dos à la lettre de la constitution. Limitant son pouvoir, la loi fondamentale irrite en particulier ses courtisans. En même temps il reste extrêmement vague quant aux réformes concrètes auxquelles il songe.
On trouvera donc au hasard dans son propos quelques bonnes idées isolées, lesquelles font d’ailleurs depuis longtemps consensus au sein de la classe politique. Mais le pays réel ne saurait non plus se contenter de cette seule perspective.
Il semble qu’actuellement le pouvoir concentre ses préoccupations sur la réforme du Code du travail et un certain grand patronat trouve cela tellement prioritaire qu’il s’accorde avec le gouvernement pour occulter certains problèmes très graves et qui, manifestement, irritent de plus en plus le peuple français.
Ceci se traduit par le silence assourdissant à propos des sujets qui inquiètent désormais de plus en plus tous les Européens en général et l’opinion française en particulier : la menace islamo-terroriste et l’invasion migratoire.
Un discours de Macron, à vrai dire, les Français tant soit peu avertis commencent à savoir comment ça fonctionne. Cela se révèle d’abord très creux et ça n’embraye guère sur des actions ou des décisions concrètes et tangibles. La réalisation des idées générales et vagues attendra sans doute longtemps.
Cela demeure aussi très creux.
Paradoxalement le p. de la r. a donc respecté une disposition constitutionnelle du texte de 1958 qui définit encore aujourd’hui un régime théoriquement parlementaire et non présidentiel. L’article 21 dispose en effet que c’est le Premier ministre qui “dirige l’action du Gouvernement. Il est responsable de la Défense nationale. Il assure l’exécution des lois (…) il exerce le pouvoir réglementaire et nomme aux emplois civils et militaires.” Chef constitutionnel de la majorité parlementaire, qui lui vote sa confiance, il ne saurait être qualifié de simple “collaborateur” du chef de l’État.
Dans ce cadre et quel que soit le contexte, le président pouvait seulement, s’adressant au congrès des députés et des sénateurs ; comme la réforme de 2008 lui en donne le loisir, exprimer des vœux d’ordre institutionnel et c’est ce qui s’est produit le 3 juillet dans l’attente du discours du premier ministre prévu le lendemain.
En cela, contredisant le déferlement des commentaires médiatiques formulés à l’avance les deux montagnes ont accouché d’une souris.
Les Français ont eu droit, coup sur coup, à deux prestations abusivement médiatisées à l’avance, commentées et disséquées.
Le 3 juillet le président jupitérien il avait disserté devant avait réuni le congrès à Versailles, à propos de la philosophie du quinquennat, égrenant des propositions de réformes institutionnelles qui, très probablement, ne se réaliseront même pas.
Ceux qui attendaient beaucoup d’une telle intervention, – désormais autorisée, quoique limitée, par l’article 18 de la constitution – auront sans doute éprouvé quelque déception. Votre serviteur se doutant qu’il n’y avait rien à en espérer, n’a donc quant à lui ressenti aucun malaise, aucun vertige face au vide sidéral du propos élyséen, simplement une bonne dose d’ennui.
Quant au style, le chef du gouvernement prit le contre-pied de la boursouflure macronienne. Il fit couler un robinet d’eau tiède charriant le morne écoulement de mesurettes ponctuelles.
Sans s’attarder au catalogue de ses annonces peu signifiantes retenons en quand même quelques caractéristiques.
Tout d’abord, n’ayant pas tranché sur certaines dispositions encore en débat, on ne sait par exemple toujours pas, ni fiscalement ni comptablement, comment la baisse des charges viendrait vraiment contrebalancer la suppression du crédit d’impôt.
Plus significatif encore, le projet démagogique et désastreux d’un dégrèvement de la taxe d’habitation promis à 80 % des assujettis, – cette promesse ayant sans doute contribué à la campagne présidentielle, – est remis à 2022, la réforme du baccalauréat à 2021, etc.
On ne peut donc que s’inquiéter pour un pays, dont les dirigeants signent des livres, qu’ils intitulent pompeusement Révolution, mais se révèlent incapables de faire voter et d’appliquer des lois conformes à leurs engagements les plus simples.
Jean-Gilles Malliarakis
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France 2 doute de la légalité du financement de la campagne Macron
par Michel Janva
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Vers une clarification politique à droite ?
Dimanche, Thierry Solère, dissident LR à la tête des Constructifs à l'Assemblée, affirme avoir "reçu [sa] convocation d'exclusion par courrier", comme tous ceux qui soutiennent l’exécutif et sa majorité. Christian Estrosi a dénoncé :
"J'appartiens au canal historique du RPR, de l'UMP qu'a voulu Jacques Chirac pour faire une barrière sans la moindre porosité avec le FN, j'appartiens au canal historique de cette fondation des Républicains par Nicolas Sarkozy. Un grand mouvement populaire et pas un parti élitiste tel qu'on l'a transformé en quelques mois, replié sur lui-même.
On parle d'exclusion, de dresser des bûchers en place de grève pour éliminer untel ou untel. Chez les staliniens, on disait : 'Le parti se renforce en s'épurant'. Moi, je ne crois pas qu'un parti puisse se renforcer et qu'on puisse préparer les victoires de demain de cette manière."
Bien au contraire, avoir des offres politiques raisonnablement différenciées n'est pas stalinien, mais indispensable à la démocratie. C'est ce que fait Valérie Pécresse, qui refuse de briguer la présidence LR et lance son propre mouvement :
«Je ne participerai pas à une guerre des chefs cet automne, parce qu'elle serait stérile tant que la question de la ligne n'est pas tranchée»
"J'ai décidé de créer un mouvement d'idées qui, à ce stade, se situe au sein des Républicains. Libres! serait un beau nom. Soyonslibres. fr sera notre site. Libres de s'exprimer et de penser. Libres aussi de vouloir incarner la relève, de faire monter la jeune génération, de féminiser. J'invite tous ceux qui veulent construire et peser dans le parti sur cette ligne à nous rejoindre. Nous verrons ensuite si nos idées sont majoritaires."
Nous verrons en effet... car Valérie Pécresse fait une erreur d'analyse en affirmant :
"Une double question se pose aujourd'hui à la droite : quelle stratégie et quelle ligne politique? Certains veulent un retour à la ligne Buisson, celle qui nous a fait perdre en 2012. Celle qui accuse l'Europe de toutes nos lâchetés. Celle qui résume la question sociale à l'unique question identitaire. Celle qui, bien souvent, relègue les femmes au deuxième plan, aussi. Ils pensent que seule cette ligne permettra d'incarner une vraie opposition à Emmanuel Macron. Derrière, il y a la tentation d'un rapprochement avec l'extrême droite."
Ce n'est pas la ligne Buisson qui a fait perdre son parti en 2012, ce sont les multiples trahisons de Nicolas Sarkozy quant à cette fameuse ligne. François Fillon n'ayant pas suivi cette ligne, il n'a rassemblé derrière lui que le socle chiraquien, soit 20% de l'électorat.