La droite italienne qui est souvent un mystère difficilement compréhensible de notre côté des Alpes connaît moult rebondissements et transformations. Dernier exemple en date Fratelli d’Italia qui vient d’organiser des primaires en attendant un congrès. Se plaçant dans l’héritage d’Alliance nationale. A cette occasion, Novopress a interrogé Carlotta Andrea Buracchi, porte-parole de Fratelli d’Italia pour la région d’Arezzo.
Samedi 22 et dimanche 23 février ont eu lieu des primaires importantes pour Fratelli d’Italia ? Quel était l’objet de ces primaires ? Un nouveau programme, un nouveau symbole, de nouveaux chefs ? Quel est le but du congrès des 8 et 9 mars prochains ?
Il y a une semaine ont eu lieu les premières consultations primaires de la droite politique italienne, organisées par Fratelli d’Italia – Alliance nationale. Tout les citoyens pouvaient y participer, pas seulement les adhérents, pour choisir non seulement le symbole du mouvement mais également 8 principes importants quant à la ligne du mouvement (en répondant “oui” ou “non” à des questions qui allaient du rapport avec l’UE jusqu’à l’immigration, la réforme présidentielle [à savoir l'évolution vers un régime présidentiel, NDLR], le protectionnisme, la prostitution, l’aide fiscale aux familles nombreuses, etc.) et les “Grandes Électeurs” qui participeront au congrès du parti les 8 et 9 mars à Fiuggi [lieu hautement symbolique, puis que c'est là en 1995 que le MSI se transforma en Alliance nationale, NDLR]. Le but de ce congrès sera surtout d’entériner la présidence de Giorgia Meloni à la tête du mouvement – elle était la seule candidate – et de définir le programme à partir du verdict des primaires.
Le symbole adopté reprend certes le nom de Fratelli d’Italia, mais également celui d’Alliance nationale et la flamme du MSI. En quoi cet héritage, cette filiation sont importants ?
L’intention était de mêler la tradition représentée par la flamme du Mouvement social italien (MSI) contenue dans le symbole d’Alliance nationale avec l’innovation à laquelle le présent nous appelle. Se « projeter » dans le futur avec une classe des jeunes dirigeants politiques mais avec un regard vers le passé glorieux de la droite italienne dont nous représentons la continuation naturelle. Et en fait le symbole qui a gagné repropose la même logique proposée à la fin de 1993 par Alliance nationale : le cercle le plus grand représentant le futur, l’innovation qui englobe en bas le cercle qui représente le passé nos “racines”, exactement comme la croissance d’un arbre ; on voulait représenter graphiquement l’évolution de notre histoire, celle de la droite politique italienne. En plus, il faut souligner qu’Alliance nationale est “la maison politique”, le mouvement où la plupart de nos membres et dirigeants a été formée ou bien a commencé à s’occuper de politique. Enfin, comme l’indiquait Giorgio Almirante, l’un des “modèles” de la droite italienne : “Ne pas renier, ne pas restaurer”…
Votre programme est clairement de droite ( contrôle de l’immigration, sortie de l’euro, élection du président de la République au suffrage universel direct, etc.). Comptez-vous déjà sur les élections européennes de mai 2014 pour le présenter aux Italiens ? Lors de ces élections allez-vous conclure des alliances ? Au niveau national avec la Lega Nord par exemple et au niveau européen avec le Front national de Marine le Pen ?
Nous irons certainement nous présenter aux élections européennes. Cependant, nous n’aurons pas besoin des alliances car le système électoral celui de la proportionnelle et ça nous permets donc de nous présenter en solo mais il faudra cependant 4% des suffrages exprimés pour espérer avoir des élus.
Sur la question “PPE [Parti populaire européen, centre-droit au Parlement européen, dont est membre l'UMP mais aussi le Peuple de la liberté, l'alliance de centre-droit italienne qui réunissait Forza Italia de Berlusconi et Alliance nationale, NDLR] ou pas” et donc sur notre rapport avec le Front National, 98 % des suffrages exprimés lors des primaires ont dit “oui” à la participation au PPE. Or, s’agissant de notre modèle d’Europe, les primaires se sont déclarés en faveur d’une éventuelle sortie de la zone euro dans le cas de renégociation des accord européens, ce que nous souhaite pas le PPE, donc...
Vous opposez-vous au gouvernement Renzi ? Avez-vous des accords avec le nouveau Forza Italia et même le nouveau centre-droit d’Angelino Alfano ?
Nous avons pas voté la question de confiance au gouvernement Renzi, celui-ci est le troisième gouvernement choisi dans les salles d’un Palais et non issu véritablement du choix des électeurs.
Désormais en Italie, on pense que tout mal peut être soigné par des exécutifs des techniciens ou des gouvernements nommés, non élus, mais les résultats sont les mêmes: faillite et crise. Nous voulons retourner aux élections le plus tôt possible afin de donner à cette nation un gouvernement réellement politique et réellement démocratique, et non plus un gouvernement qui prive le peuple italien de sa souveraineté nationale. Nous ne voulons plus d’un gouvernement en fait aux ordres des chancelleries européennes et des institutions bancaires, qu’elles soient supranationales ou non.
Renzi se présente lui-même comme “nouveau” mais pour le moment son gouvernement représente tout ce qu’il y a de mauvais dans notre Ière République : la stratégie des accords entre courants, les combinaisons électorales, les pressions des intérêts particuliers.
Voilà pourquoi nos 9 parlementaires iront évaluer très précisément chaque proposition de loi présenté par la majorité et chaque décret gouvernemental.
Quant aux autres partis du centre-droit, il y a très peu à dire : NCD [le mouvement d'Angelino Alfano, NDLR] soutient le gouvernement Renzi (et il est lui nécessaire pour bénéficier d’une majorité), Forza Italia est maintenant dans l’opposition comme nous mais il ne faut pas oublier que Berlusconi était dans la majorité jusqu’en septembre dernier, ce qui allait contre le pacte signé avec nos électeurs lors de notre alliance pour les dernières élections législatives. Nous avons été cohérents, quant à eux…
Propos recueillis par Arnaud Naudin
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