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Notre Dame : une sécurité qui pose question
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Elections européennes : Les Républicains reviennent dans le jeu
A un mois du scrutin européen, Les Républicains regagnent du terrain… Une progression qui semble se faire au détriment du Rassemblement National alors que la majorité présidentielle voit ses intentions de vote stagner.
Biodiversité : l’ONU tire la sonnette d’alarme
Alors qu’une réunion au sommet sur la biodiversité doit se tenir à partir du 29 avril à Paris, près d’un million d’espèces animales et végétales seraient menacées d’extinction dans les prochaines décennies. Un danger pour la biodiversité mais également pour l’Homme.
L’actualité en bref
Votre dernier livre sur l'Europe fait énormément de bruit. Auriez-vous touché à un dogme ?
Depuis soixante-dix ans l’unifïcation européenne a été promue en tout cas comme un mythe, protégé par toutes les institutions de France et d'Europe, depuis l'université jusqu'à tous les sanctuaires de la pensée unique. Le mythe était accompagné d'une sémantique qui venait des États-Unis avec par exemple les « Pères fondateurs » - l'expression a été employée d'abord à propos de la Convention de Philadelphie. Le « commencement absolu de l'Europe » - cette expression-là est de François Fontaine, le rédacteur des Mémoires de Monnet - est une sorte de Big Bang, avec un noyau qui se serait détaché de la nébuleuse au moment de la déclaration Schuman du 9 mai 1950.
J'ai découvert qu'en fait ce mythe est entièrement contenu dans les Mémoires de Monnet qui sont pour l'Europe ce qu'a été le Petit Livre rouge pour la Chine de Mao. J'ai découvert qu'il a été fabriqué par les Américains, commandé par les Américains, inspiré par les Américains, et financé par les Américains.
Je savais en écrivant ce livre d'enquête et de révélations que j'allais susciter des tentatives d'exorcisme et une excommunication pour les blasphèmes qu'il contient. Je le savais et je l'ai fait - pour ça. Je sais, je sens que le mur de Maastricht va tomber à cause du décrochage des peuples et de la fragmentation de l'Europe, du fait de la révolte de l'Europe charnelle qui, elle, ne tombe pas dans le piège du multiculturalisme et du mondialisme. La violence des réactions depuis quelques jours est à la mesure du succès populaire du livre. Je ne m'attendais ni à l'une ni à l'autre.
Alors même que tous les éditeurs expliquent que le mot « Europe » sur une couverture de livre est un remède à toute forme d'appétit pour les lecteurs, voilà que mon livre caracole. Pourquoi ? Parce qu'il y a une soif de vérité et que les gens sentent qu’on leur ment depuis soixante-dix ans. En face il y a une violence, qui se déplace dans la société de connivence du prêt-à-porter européiste.
Que vous reprochent les adversaires de ce livre ?
Ils balancent entre deux attaques sans s’apercevoir qu’elles se contredisent ils me taxent de « complotisme » ils me disent « on le savait déjà ». Ils ont de la chance - parce que moi, je ne le savais pas. Les révélations que je fais, je les fais à moi-même puisque j'ai découvert des choses que j'étais très loin de supposer. C'est bien pire que tout ce que je croyais.
Le complotisme, c'est le contraire des faits des fantasmes, des contre-vérités, des théories, des mensonges. Moi, j'apporte des preuves, des documents : c'est la réponse au complotisme. Mais puisqu'on parle de complotisme, j'ai découvert, moi, que la construction européenne au fil du temps est ontologiquement conspirationniste. La « Ford connection » de Monnet était tenue au secret. Et le groupe Bilderberg qui travaillait au transatlantisme ? Astreint au secret. À la rue Martignac, un lawyer travaillait sous un escalier pour ne pas être vu des importuns - et pas n'importe quel lawyer le sous-secrétaire d'État de Kennedy George Bail. Ils s’appelaient le commando des conjurés. La méthode Jean Monnet, la méthode du voleur chinois, est établie sur le principe de l'opacité. Pour ce qui est du complotisme, je leur renvoie la patate chaude !
« On le savait déjà » ? C'est très amusant comme attaque. Je l’entends partout. Mais alors pourquoi ne l’ont-ils pas dit ? On me dit « Il suffisait d'aller sur internet. » Je réponds moi, je ne vais pas sur Internet parce que je ne suis pas complotiste. Je me méfie de tout ce qui est sur Internet. Moi, je suis allé aux archives. Il se trouve que 90 % de ce que j'ai publié n’est pas sur Internet. Et ce qui est sur Internet, comme par exemple la photo de Walter Hallstein, devenu plus tard le premier président de la Communauté européenne, en feldgrau avec son colonel, quand Hallstein était officier instructeur en enseignement du nazisme, cette photo, je l'ai demandée au Bundesarchiv et on m’a fait payer 47 euros. Cela veut dire deux choses. Pourquoi personne ne l'a-t-il jamais demandée ? Elle est accessible. Et en même temps, on ne peut pas me dire que c'est faux : c'est le Bundesarchiv.
Cette accusation, « on le savait déjà », est pulvérisée par le succès du livre qui montre qu'ils avaient bien de la chance de le savoir déjà, les gardiens du temple, oui, du temple du mensonge ! En fait, c est un argument dévastateur pour eux et je souhaite qu'ils continuent à l'utiliser. Nous, nous ne le savions pas. Comme on dit chez moi « T'as bé de la chance »
En fait, on a voulu faire exploser l'Europe chrétienne, mais on l'a remplacée par une autre religion, une « quasi religion » comme vous l'écrivez.
Rémi Brague, qui a fait un livre remarquable sur l'Europe, a dit ceci « Être européen, c'est être romain : c'est avoir en amont de soi un classicisme à imiter et avoir en aval de soi une barbarie à soumettre » L'Europe a développé une civilisation, chrétienne. qui elle-même s'est établie sur deux principes : le principe de la famille, la première sécurité sociale, celle qui englobe toutes les autres, et le principe de la nation éducatrice des peuples. L'Europe sans corps d'aujourd'hui pour la première fois de son histoire immolé son enveloppe charnelle, et en même temps son enveloppe spirituelle. Elle échappe à la physique et à la métaphysique d'un continent, aujourd'hui, le mondialisme hédoniste fait le vide et le mondialisme islamiste le remplit. Mais dans toutes ses fibres l'Europe reste attachée à une civilisation qui n'a pas seulement les racines chrétiennes, mais aussi un rayonnement chrétien.
Dans le viseur, l'Europe chrétienne
J’ai été très marqué par la réponse à la question sur l'État de droit que j'ai posée à Viktor Orbân. Je lui ai dit à Bruxelles, ils vous reprochent de ne pas respecter l'État de droit - ce processus normatif aux mains des lobbies et qui échappe à toute forme de contrôle populaire ? Il m'a répondu ceci « C'est bien pire que ça, ce qu'ils me reprochent c'est que moi, je veux faire respecter le droit à la continuité historique, le droit à la protection des plus faibles - c'est-à-dire le droit pour un enfant d'avoir un père et une mère le droit d'écrire dans notre Constitution que la Hongrie a un héritage chrétien avec saint Etienne, et enfin le droit de protéger notre frontière » Tout ce qui a défini la civilisation européenne dans la relation entre l'homme et l'infini est contredit par cette Europe sans tête, sans corps, sans racine et sans âme.
Et je vais plus loin. Un jour, Jean-François Deniau, le rédacteur du Traité de Rome, m'a glissé à l'oreille « Au moment de l'ultime rédaction on m'a demandé de rédiger un texte soigneusement ambigu avec deux principes actifs, la liberté de circulation et la non-discrimination. » Ces deux principes ont ensuite été actionnés par le juge Lecourt, président de la Cour de justice de l'Union européenne, qui disait « Le droit européen est porteur de charges dynamiques à effet différé. » Ces deux principes ont finalement rendu tout leur jus deux grades de radium. Le premier principe, la liberté de circulation, a porté la fin de la frontière physique qui elle-même a produit l'homme remplaçable, nomade, la société multidéculturée. La non-discrimination a fait disparaître la frontière anthropologique entre les sexes, entre la vie et la mort, entre l'homme et l'animal et même entre l'homme et le robot, et a donc produit l'homme désaffilié, la fabrique de l'homme de sable un homme sans humus et sans ciel.
Et donc pendant longtemps, l'Europe a été considérée par ses grands prêtres et tous ceux qui faisaient la génuflexion oblique du dévot pressé comme une religion de substitution. Donc, je suis blasphémateur, chaque mot de mon livre est considéré comme un juron. Il ne fallait pas dire la vérité.
Vous faites remarquer que la soi-disant construction européenne est en réalité une déconstruction. À travers cela on devine que vous imaginez une possible bonne construction européenne. Quels en seraient les contours ?
Le mur de Maastricht va tomber, puisque le rêve de la fusion des nations s'est désintégré dans le cœur des peuples. Nous sommes entrés dans un nouveau monde qui est celui de la post-mondialisation. Regardez par exemple les écolos ils parlent du retour aux circuits courts. C'est leur retour à la terre à eux - l'idée d aller chercher ses œufs à la ferme. Cette idée-là est simple, c'est l'idée de bon sens rapatrier le travail, la production, etc. Ce qui est dans l’air du temps aujourd'hui, ce sont les filtres pacificateurs que sont les frontières, les souverainetés et le droit à la continuité historique, et le contrôle de nos gouvernants qui n’est pas possible avec l'Europe sans corps et la gouvernance acéphale. Ce qui est dans l'air du temps, c'est le souverainisme. Et celui-ci arrive chez nous, avec retard, mais il arrive. On aurait pu, s'il n'y avait pas eu Monnet, Schuman et les Américains, faire une Europe de l’Atlantique à l'Oural, une Europe continentale. C'est cette Europe qu'il faudra faire. On ne peut pas faire une Europe sans la Russie. Elle sera établie sur la coopération. Si par exemple, on avait fait un internet sur le modèle de la coopération comme on a fait Ariane et Airbus, on ne serait pas soumis aux GAFA. Et elle sera fondée sur les nations, qui sont à l’échelle du monde le seul canal à visage humain des solidarités post-familiales. La nation est une famille de familles une famille de souvenir et de projection.
Quand on me demande « Alors, il faut sortir de l'Europe ? », je dis « Non, il faut y rester » Faut-il sortir de l'Union européenne ? Ce n’est même pas nécessaire, elle va s’effondrer. De toute façon, le Brexit donne le la, les fractures vont suivre. Et je vais vous dire pourquoi le mur de Maastricht va tomber parce que jamais l'Europe de l'Est n'acceptera d'islamisation, j'en suis convaincu.
C'est simple. Conversation avec Orban. Il me dit « Il y a une différence entre vous et nous, entre Macron et moi. » (C'est un scoop, je ne l'ai pas écrit dans mon livre !) Il m'a dit « Macron se demande "qu’est-ce que je fais avec l'islam" et moi je dis, "qu’est-ce que je fais pour éviter d'avoir à me poser cette question" »
Si on regarde l'Union africaine, les Unions qui se font en Amérique, toutes ces unions de libre-échange, mais aussi le Traité transatlantique et le Traité transpacifique où l’on crée des commissions et des tribunaux supranationaux, et même l'Union eurasiatique calquée sur le modèle de l'Union européenne, ne reste-t-il pas malgré le souverainisme qui pousse partout ce risque d'aller vers la mondialisation, sur fond de lutte contre le « réchauffement » ?
L évolution du monde n’est pas du tout celle-là, n’en déplaise à tous les tenants de la fraternité cosmique et climatique. L'évolution du monde va soit vers le concert des nations au sens westphalien du terme, soit vers la coopération des nations, soit encore vers l’équilibre et le déséquilibre entre les nations. Exemple concret la Russie est une grande nation, elle est souveraine, elle entend être respectée, elle se détourne de l'Europe pour regarder vers la Chine. Les États-Unis sont une grande nation, qui va connaître dans le siècle qui vient de très grandes difficultés mais qui considère l'Europe comme un problème et non plus comme un sujet, et qui maintenant regarde vers la Chine. Même le Turc Erdogan, qui est souverainiste pour la Turquie avec de vagues souvenirs ottomans, nous tient la dragée haute et nous fait payer une dîme léonine pour faire de la rétention de migrants.
Au milieu de tout ça il y a l'Europe « intégrée ». L'Europe est devenue une cible. Elle est considérée par les États-Unis comme une colonie qui regarde son gouverneur avec fascination - la preuve, c'est qu'au mois de janvier la Commission a relancé les négociations sur le Traité transatlantique. La Commission s’est laissé infiltrer par les GAFA qui sont les premiers lobbies de Bruxelles. Et la Belgique continue d'acheter ses F-35 aux États-Unis. Poutine reprend la phrase de Kissinger « L’Europe, quel numéro de téléphone ? » car il nous considère comme un nain politique qui ne pèse plus. Il ne s'intéresse plus du tout à nous. Les pays islamiques, eux, nous considèrent comme un déversoir à surpopulation - bientôt, l'Algérie ! Et la Chine prend une partie de l'Europe, la plus intéressante pour elle, et elle fait les Routes de la soie elle nous considère comme un terrain de jeu. L'Europe est en train de sortir de l'histoire. Hallucinant !
J'ai été fascinée par l'insistance des médias à montrer les flux migratoires. En 2015, on a vu les colonnes de migrants arriver. J'arrive difficilement à croire qu'on ait pu imaginer que cela ne susciterait pas de rejet. Pourquoi a-t-on pris ce risque ? Parce que c'est dans l’ADN de l'Europe idéologique. L'Europe est dirigée par des « juges éclairés » qui sont idéologiquement multiculturalistes, des commissaires qui sont mondialistes, et des hauts fonctionnaires qui sont apatrides. Tout ce petit monde veut vivre l’expérience ludique d'un changement de population. Mais cela va plus loin. Il y a un islamo-capitalisme qui s'est maintenant installé dans le grand patronat on l'a vu avec l'affaire Décathlon. En fait le capitalisme mondialisé, financiarisé, est sans scrupule, et il fait pression sur Bruxelles, avec succès, pour faire venir une main d œuvre à bas prix, comme à la fin de l'Empire romain, et provoquer une baisse des coûts de production.
Toutes ces forces à la fois juridiques et politiques, toutes les grandes organisations mondiales sont aujourd'hui infiltrées par les puissances privées. C'est simple quand vous n'avez plus la puissance publique, vous avez des puissances privées légales et illégales, avec des suzerainetés transnationales - les GAFA - qui pèsent plus lourd que n'importe quel État. Dans le système européen, les élus politiques obéissent à des bureaucraties supranationales qui elles-mêmes obéissent à des puissants intérêts privés.
Il y a un accord profond entre l'idéologie et l'intérêt mercantile - l'idéologie mortifère qui conduit à la stérilisation démographique, et l'intérêt mercantile qui conduit à l'invasion démographique. C'est le chassé-croisé entre l’avortement de masse et l'immigration de masse. Mais l'immigration de masse, ne nous trompons pas, c'est le patronat qui la veut. C'est le capitalisme mondialisé qui est un capitalisme déraciné. Il n'y a rien de pire, de plus dangereux - pas besoin d'être marxiste pour le dire - que le capitalisme déraciné. Dans le capitalisme déraciné, ce n’est plus l'homme qui conduit l’entreprise, c'est le seul profit financier aveugle, abstrait, anonyme. L’économie mondialisée est une économie qui a besoin de l’immigration pour doper les dividendes des fonds de pension. À l’origine du « Wir schaffen das » de Merkel, le 31 août 2015, il y a le patronat allemand.
Vous avez écrit il y a quelques années : Le moment est venu de dire ce que j'ai vu, et aujourd'hui, celui-ci. Le premier livre était-il un point de départ à tirer le fil, ou le moment n'était-il pas venu de tout dire à ce moment-là ? Y a-t-il une suite dans votre réflexion ou une suite dans vos découvertes ?
Le moment est venu de dire ce que je n’avais pas encore dit. Et d'ailleurs, je n’ai pas encore tout dit. Mes adversaires devraient s'inquiéter parce que j’ai la plume rapide, agile, de plus en plus rapide, de plus en plus agile, et de plus en plus libre. Et en plus, j'ai pris goût à la littérature. J'ai aussi rencontré un lectorat - et c’est beaucoup plus agréable quand on signe un livre d'avoir en face de soi un lecteur que d'avoir en face de soi un électeur, parce qu'un électeur vous dit « Pauvre con » alors qu'un lecteur vous dit « Ah, quelle joie ! J'ai lu tous vos livres ».
Vous parlez d'autant plus de la chose politique que vous n'êtes plus un homme politique - au sens électoral du terme. Ne peut-on aller au fond des choses lorsqu'on est en politique ? Vaut-il mieux, comme Platon sortant de sa caverne, éduquer une nouvelle génération ? C'est une excellente question. Mon sentiment profond est que dans le système politique actuel vous ne pouvez pas durer dans la vérité. Si vous dites la vérité vous êtes immédiatement trahi. Et si vous dites la vérité, vous êtes forcément minoritaire, puisque la vérité est toujours minoritaire. Il se trouve que ce sont toujours les minorités qui font l'histoire, parce que les victoires idéologiques sont des percées conceptuelles qui précèdent toujours les victoires politiques. Les fabricants de terreau sont toujours plus décisifs que les jardiniers. C'est un luxe d'être jardinier. Quand on bine, c'est qu'il y a quelque chose à biner. La politique est vide aujourd'hui : elle est vide, et il y a des chiens de garde - on pourrait dire des VOPO. Il y a des miradors partout autour de la « cage aux phobes », et donc vous ne pouvez plus rien dire, sinon vous terminez en guenilles ou en prison. Si aujourd'hui vous dites que vous êtes contre le mariage homosexuel et contre l'avortement, vous faites deux pour cent. J'ai vécu ça, donc je suis parti - quand j'ai compris que de toute façon la règle du jeu, c'est d'être majoritaire et que pour être majoritaire il faut faire de tels compromis, pour ne pas utiliser le mot compromissions. J'ai compris que la politique ça devient de la gymnastique plus que de la dialectique. Cela veut dire qu on cherche à cacher des demi-vérités et qu'on est entré dans la voie du demi mensonge. Il faut des mutual accommodations.
En revanche, j'estime que quelqu'un qui a fait autre chose dans sa vie que de la politique, et qui est reconnu pour sa réussite avec le développement d'une entreprise mondiale qui s’appelle le Puy du Fou, a le devoir de mettre le nez au-dessus des lauriers qu'il reçoit et de prendre des risques, plutôt que de vieillir dans le confort poisseux des vieux capricieux qui chaque matin sirotent leurs petits succès à la paille de la vanité. L’aube de chaque jour portait vers moi le vers de Musset « Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle », sauf s'il a la lyre et la voix de Néron. Je vois mon pays qui brûle, j'ai été lanceur d'alerte quand j'étais en politique - le combat pour la vie, les abeilles, les mosquées de Roissy, Maastricht, la Constitution de 2005, etc. - j'ai fait ce que j'ai pu. Ma nouvelle vocation, ma vocation tardive, c'est d'être un sonneur de tocsin. Pour un Vendéen, c'est bien. C'est une belle fin. Avant que le muezzin n'arrive.
) Philippe de Villiers, J'ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu,
Propos recueillis par Jeanne Smits monde&vie 21 mars 2019
ÉLÉMENTS : L’avenir de l’homme, c’est le populisme ?
OLIVIER MAULIN. Dans la séquence que nous traversons, qui se caractérise par une course à l’abîme menée par nos « élites », je pense en effet que le « populisme » est la seule manière de faire se cabrer les chevaux pour s’arrêter avant le précipice. Mais ce populisme, qui n’est à mon sens que le nom que l’on donne à la manière dont les peuples réagissent face à la catastrophe annoncée de leur disparition politique, ne peut être que transitoire. Il est fondamentalement une révolte, voire même un style de révolte, et n’est donc à mon sens que le moyen qui nous fera passer d’une séquence à l’autre, de l’ouverture à la protection si l’on veut résumer un peu grossièrement. Cette protection réclamée presque unanimement par les peuples européens prendra probablement différentes formes en fonction de l’histoire et du génie propre de chacun de ces peuples. Le populisme est donc l’avenir immédiat de l’homme, le seul capable d’éviter la mort, mais ce n’est pas un projet de civilisation.
ÉLÉMENTS : Nos adversaires, quel que soit le nom qu’on leur donne, libéraux, progressistes, productivistes, sont-ils déjà morts ?
OLIVIER MAULIN. Je crois qu’ils ont perdu la bataille des idées, qu’ils le savent pour les plus malins, et que cela les rend d’autant plus dangereux, un peu comme les fauves blessés et acculés. Du reste, on sait qu’il y a un décalage entre la victoire des idées et leur application dans le champ politique. Pour le moment on est dans une situation où les tenants du monde d’hier contrôlent encore tous le postes clés alors même que leurs idées perdent du terrain. Leur capacité de nuisance demeure ainsi énorme même, et surtout parce que la réalité leur donne tort à peu près tous les jours. Je crois donc qu’il ne faut être ni naïf ni trop optimiste, d’autant que certains sont aujourd’hui prêts à tout truquer et à tout falsifier pour tenter de faire rentrer le réel dans leur logiciel. On l’a encore vu récemment avec l’attaque place de la République d’un transsexuel par des Algériens manifestant contre Bouteflika. Les images montraient des agresseurs enroulés du drapeau algérien, mais les médias se sont insurgés à l’unanimité contre la scandaleuse homophobie des Français ! Ce n’est plus d’interpréter les faits que nous reprochent aujourd’hui nos adversaires mais simplement de les rapporter. C’est un bon signe pour la vitalité de nos idées, bien sûr, mais c’est aussi très inquiétant, car on ne peut pas exclure une dérive totalitaire de notre démocratie, un totalitarisme qui ne prendrait évidemment pas les traits de ceux du XXe siècle…
ÉLÉMENTS : Le déclin du courage c’est le début du déclin, dit en substance Soljenitsyne. Dans ce livre, vous prenez tous les risques. Le courage nous sauvera-t-il ?
OLIVIER MAULIN. Vous savez, j’ai un peu fréquenté les salons du livre et autres manifestations culturelles littéraires et ce qui m’a toujours frappé, c’est le nombre de « marranes » qui, après des débats convenus où ils donnaient des gages au politiquement correct, m’avouaient autour d’une bière penser exactement la même chose que moi. Il y avait vraiment un côté soviétique dans ces salons ! Tout tient par la culpabilisation et l’autocensure. Mais quand la possibilité d’être reconnu et de vendre ses livres passe par ces gages donnés à ce petit milieu vérolé, il est difficile de jeter la pierre à ceux qui courbent ainsi l’échine. Ce règne du faux ne tient cependant plus qu’à un fil et si les « marranes » décidaient tous de tomber les masques, cela renverserait la table ! En attendant, espérons qu’une échappée individuelle, une charge de cavalerie pour l’honneur, pourra faire sortir un autre cosaque du rang, et puis un autre, et puis encore un autre ; à la fin c’est une armée des ombres qui se dressera face au mensonge ; celui-ci s’effondrera alors dans la seconde.
Le populisme ou la mort, Olivier Maulin, éditions Via Romana, 292 p., 24 €.
https://blogelements.typepad.fr/blog/2019/04/mort-aux-cons-et-vive-le-populisme-par-olivier-maulin.html#more
De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
DAVID L'ÉPÉE : Il est difficile de répondre à cette question puisque précisément le populisme ne se définit pas par le fond, par la doctrine qu’il véhicule, mais par la forme, par sa manière de s’adresser au peuple. Le populisme n’est pas une idéologie, il est une méthode, une forme d’expression. Se dire pro ou anti-populisme sans préciser de quel populisme on parle ne signifie rien si ce n’est qu’on n’a aucune colonne vertébrale idéologique. Ainsi si le populisme de Chavez m’émouvait et m’enthousiasmait, si celui de Salvini me laisse un peu circonspect mais me paraît néanmoins porteur de potentialités intéressantes, celui de Bolsonaro m’horrifie et me semble extrêmement nuisible – pour le peuple brésilien tout d’abord, mais également pour la planète tout entière au cas où il mettrait ses promesses/menaces à exécution concernant la forêt amazonienne. Je considère le libéralisme comme le premier péril pour notre survie collective. Que ce libéralisme prenne le pouvoir par le haut ou par le bas, par la volonté des élites ou par la séduction populiste, ne change rien à la nocivité du résultat. Ces nécessaires précisions en terme de contenu étant posées, je ne peux évidemment, en tant que démocrate, m’empêcher d’avoir une sympathie de principe pour le populisme dans la mesure où le recours au peuple constitue pour moi l’essence positive du politique, par opposition aux diktats des puissants et des minorités, qui en constituent la face sombre, celle que nous devons combattre.
ACADEMIA CHRISTIANA. Le terme, injure dans la bouche des prescripteurs d’opinion, est-il récupérable par le camp des patriotes antilibéraux ?
DAVID L'ÉPÉE : Il l’est, et ce pour deux raisons : 1) parce que le terme en soi n’a rien de péjoratif, 2) parce que populistes, c’est bien ce que nous sommes. Or à partir du moment où un terme n’est ni injurieux ni fallacieux il n’y a aucune raison de vouloir s’en distancier. Il est vrai qu’il est encore régulièrement utilisé par les grands médias comme un épouvantail pour porter le discrédit sur les contestataires, mais on remarque que ça prend de moins en moins, que le public ne sent pas ses cheveux se dresser sur la tête à l’évocation de ce mot et que même les personnes visées par cette prétendue anathème ne s’en formalisent plus guère. Les Gilets jaunes à qui on donne la parole se récrient régulièrement quand on les calomnie et expliquent que non, contrairement à ce que déblatère la presse macroniste à leur propos, ils ne sont ni antisémites, ni homophobes, ni fascistes, ni alcooliques, ni illettrés – et d’ici quelques samedis de mobilisation ils protesteront aussi sans doute qu’ils ne sont ni cannibales, ni pédophiles, ni satanistes, ni coprophages, ni équarrisseurs de chatons (en fonction des nouvelles inventions imaginées d’ici là par les chiens de garde de l’Élysée). Mais en avez-vous déjà entendu un se défendre en disant qu’il n’est pas populiste ? Non ! Parce que les Gilets jaunes sont un mouvement populiste qui ne rougit pas de l’être et qui a bien raison de l’assumer ! Il n’y a donc rien à « récupérer » (laissons ce mot affreux aux politiciens) mais il y a tout à conquérir.
ACADEMIA CHRISTIANA. Quel regard portez-vous sur les Gilets jaunes depuis la Suisse, votre pays ?
DAVID L'ÉPÉE : Mon cas n’est peut-être pas exactement celui du Suisse moyen puisque je travaille étroitement avec la France, que je suis profondément francophile (sans cesser pour autant d’être patriote), que j’ai participé à plusieurs manifestations des Gilets jaunes, que j’ai soutenu le mouvement depuis le début et que ça m’a valu quelques ennuis judiciaires avec la DGSI (j’en parle dans le dernier numéro de la revue Éléments). Il vaudrait dès lors peut-être mieux poser cette question à un Suisse moins impliqué, plus « représentatif » de l’opinion moyenne.
Ce que je peux vous dire néanmoins, c’est que nos grands titres de presse ne sont guère plus honnêtes que les vôtres lorsqu’ils parlent de cette révolte, et qu’un grand quotidien romand comme Le Temps par exemple produit chaque jour des articles sur les Gilets jaunes qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux du Monde ou de Libération. Ce n’est pas tant que les rédactions se sentent particulièrement solidaires de Macron (encore qu’un certain nombre de nos journaux en langue française aient ces dernières années été rachetés par des groupes de presse français proches du pouvoir), c’est que ce type de crises leur donne l’occasion d’exacerber leur ligne éditoriale européiste et de régler des comptes avec leur propre pays. On a ainsi pu voir des journalistes écrire que le RIC était une aberration dangereuse dont les Français devraient se garder : oui, on a pu lire cela au pays même du référendum et de l’initiative populaire ! Il est de toutes façons impossible de comprendre le paysage médiatique suisse mainstream si on ne comprend pas qu’il est dominé par des passions inverses à celles de la population. La plupart de nos médias sont favorables à l’Union européenne (et à l’intégration de notre pays dans son giron), libéraux (de gauche ou de droite, ce qui n’est plus qu’un détail), férocement anti-patriotes, farouchement anti-populistes et plus que méfiants à l’égard de la démocratie directe qui fait pourtant notre fierté et qu’ils aimeraient bien voir remplacée par quelque chose de plus favorable aux préférences minoritaires qui sont les leurs et qui ne reflètent en rien l’état général de l’opinion publique.
Dans la population c’est en effet tout autre chose : les Suisses sont souvent opposés entre eux sur de nombreux sujets (ce qui se traduit dans les scrutins qui émaillent notre actualité) mais la sensibilité patriote ou souverainiste occupe une place importante chez la majorité, nous sommes (presque) tous attachés à nos institutions démocratiques et ceux de nos compatriotes qui rêvent encore de rejoindre l’UE ne sont plus qu’une minorité, surreprésentée dans les médias mais quantité négligeable dans le rapport de forces démocratiques.
Aussi, à l’égard des Gilets jaunes, s’il me semble que les avis sont partagés, j’ai souvent perçu un mouvement de sympathie pour les insurgés. Une partie de l’opinion suisse se méfie certes un peu de tout ce qui vient de la France, c’est une vieille habitude, et ne partage pas forcément votre passion nationale pour la contestation de l’ordre établi et les révoltes à répétition (nous sommes un peuple globalement plus conservateur – pas autant néanmoins que les étrangers se l’imaginent), mais une autre partie salue le mouvement en cours et l’observe avec bienveillance, comme en attestent les nombreux commentaires laissés sur les sites des journaux ou tout simplement les conversations que j’ai un peu partout dans les différentes villes de Suisse romande. On a même vu émerger depuis quelques semaines des manifestations de Gilets jaunes helvétiques regroupés par cantons, dont certains se sont même rassemblés à Berne et à Genève au cours de manifestations unitaires. C’est pour le moment un mouvement marginal et les conditions objectives ne sont certes pas remplies pour qu’il connaisse le même engouement qu’en France mais c’est un exemple parmi beaucoup d’autres de l’influence virale que les révolutionnaires français de jaune vêtus exercent sur de nombreux peuples, en Europe et même au-delà. Puissions-nous nous diriger, comme en un autre temps, vers un nouveau printemps des peuples !
ACADEMIA CHRISTIANA. La Suisse est souvent citée en exemple par les Gilets jaunes. Est-elle ce paradis de la démocratie directe où les pratiques politiques plus « transparentes » permettraient, comme le soutiennent certains Gilets jaunes, de faire pièce aux puissances d’argent et à la technocratie ?
DAVID L'ÉPÉE : Oui et non. Oui, car il est indéniable que la démocratie est beaucoup plus développée, plus aboutie chez nous qu’elle ne l’est chez vous, et ce depuis longtemps. Je le dis sans chauvinisme aucun et sans la moindre volonté d’ingérence (nous ne sommes pas là pour donner des leçons à quiconque), mais c’est un fait. Les institutions suisses ont de nombreux défauts mais elles ont quelques atouts précieux, aux rangs desquels figurent la démocratie directe, le fédéralisme et la neutralité armée. Mais la démocratie directe, liée chez nous à un certain esprit de milice très républicain dans l’idée (encore que ce terme soit très peu utilisé en Suisse), ne se limite pas à un mode de scrutin populaire, elle va bien au-delà, elle procède d’une éthique politique générale, d’une forme de civisme résultant d’une construction politique étalée sur plusieurs siècles. Ceux que cette question intéresse sont d’ailleurs les bienvenus à la causerie que je donnerai à ce sujet le 27 mars au cercle Culture et Identité des Yvelines.
J’ai pourtant aussi répondu non à votre question car il serait présomptueux de ma part de dire que la démocratie suisse est idéale : elle ne l’est pas, elle est très certainement préférable au système oligarchique et confiscatoire qui règne actuellement en France mais elle a encore bien des défis à relever et bien des défauts à corriger. Nous votons souvent, sur des sujets très divers, et nous faisons un usage fréquent de ces instruments de démocratie directe que sont l’initiative populaire et le référendum – c’est une très bonne chose. Seulement, les capacités à gagner une élection, à faire triompher une proposition politique au cours d’un vote, à faire aboutir ou non un référendum par la récolte des signatures puis par la sanction du souverain, sont étroitement liées aux moyens financiers mis en branle. Ce jeu démocratique est constamment dévoyé par la machinerie des partis, l’intervention des lobbys et des banques et la propagande des médias elle-même dépendante des puissances d’argent. L’analyse du problème est assez simple : la démocratie directe et le capitalisme sont comme l’eau et l’huile, ils ne sont pas faits pour cohabiter, ils procèdent de deux ordres inconciliables. Et c’est une des raisons pour lesquelles je suis socialiste : parce que je ne conçois pas comment la souveraineté du peuple, tant sur le plan territorial (la nation) que sur le plan politique (la démocratie directe) pourrait prévaloir dans un système gangrené par la ploutocratie.
Ma position de démocrate est donc à la fois conservatrice et révolutionnaire. Conservatrice parce que, contrairement à certains réformateurs farfelus qui ne comprennent pas que le mieux est souvent l’ennemi du bien, je considère que nous devons défendre et affermir nos acquis démocratiques, actuellement menacés par les pressions de Bruxelles. Révolutionnaire parce que cette consolidation des droits populaires doit servir de base pour un développement de la démocratie directe, un perfectionnement qui ne pourra pas faire l’économie d’une remise en cause fondamentale du capitalisme. Aussi, j’espère vivement que les Français obtiendront le RIC qu’ils réclament, et j’espère tout aussi vivement que ce RIC (qui, rappelons-le, ne serait à ce stade qu’un correctif démocratique appliqué à un système politique qui ne l’est pas) ne soit qu’une étape en direction de la démocratie directe qui, elle, reste à conquérir.
ACADEMIA CHRISTIANA. Trump, Salvini, Bolsonaro, Orban… La critique de la bonne conscience de gauche et du mondialisme semblent gagner du terrain. En Hongrie, aux États-Unis, au Brésil, en Italie le peuple a-t-il gagné ?
DAVID L'ÉPÉE : Je vous ai déjà dit tout le mal que je pensais de Bolsonaro. Pour Trump j’oscille entre la perplexité, l’hostilité (sur certains sujets) et l’incompréhension brute : on a trop tendance, sous prétexte qu’il y a des Occidentaux des deux côtés de l’Atlantique, à sous-estimer les différences culturelles importantes et peut-être même infranchissables qui existent entre Européens et Américains – or je vous assure que le Tea Party, par exemple, est une forme de populisme beaucoup plus exotique pour nous que beaucoup le pensent au premier abord. Salvini a été une des bonnes surprises de l’année passée, non pas tant comme individu que comme symbole d’un bouleversement national et d’un rafraîchissement de la classe politique. Ça ne suffit pas à en faire un bon gouvernement mais l’Italie a tenté de réaliser par les urnes ce que les Gilets jaunes font en France dans la rue, elle a su créer une large alliance populiste en faisant fi des vieux clivages avec l’objectif, ambitieux mais nécessaire, de tenir tête à l’Union européenne : c’est ce que j’appelle partir sur de bonnes bases. Pour la suite, nous verrons bien.
Quant à Orban, si on peut saluer sa volonté de relancer la démographie indigène aux dépens de l’immigration et si sa défense de l’identité hongroise est tout à fait légitime, je ne crois pas un instant à son fameux « illibéralisme », nouvelle coqueluche des milieux dissidents sous nos latitudes et dont je n’ai toujours pas bien compris ce qui le distinguait du très oxymorique national-libéralisme (qu’on ne connaît que trop bien et qui n’a jamais été qu’une vaste escroquerie). Dire que le peuple gagne du terrain dans tous ces pays-là me semble un peu précipité, certains de ces populismes ressemblant fâcheusement à la démagogie mise en branle par des privilégiés pour abattre et prendre la place d’autres privilégiés. Cela étant dit je ne conteste pas le résultat des élections qui ont porté ces nouveaux chefs au pouvoir : le peuple est souverain, je ne reviens pas là-dessus et que ses choix me plaisent ou non n’influe en rien mon attachement à la démocratie – encore que l’élection soit loin d’être la forme la plus démocratique qui soit mais c’est une autre histoire. Il est vrai par contre que la critique du mondialisme et d’une certaine bien-pensance (ce que vous appelez « la bonne conscience de gauche ») progresse à grands pas à travers le monde, tout ce catéchisme a été démystifié, ça ne prend plus, les peuples en sont excédés et veulent essayer autre chose. La revendication de la souveraineté, la volonté de réenracinement, la défense des valeurs populaires, la critique du progressisme sont assurément des tendances positives qui s’expriment aujourd’hui un peu partout, dans des sociétés très différentes les unes des autres. Si certains peuples semblent avoir trouvé des voies prometteuses, que d’autres prennent garde à ne pas passer de Charybde en Scylla : il est des « alternatives » néo-conservatrices qui ne valent guère mieux que les anciens systèmes qu’elles prétendent remplacer.
ACADEMIA CHRISTIANA. Comment voyez-vous les cinquante prochaines années en Europe ?
DAVID L'ÉPÉE : Nous sommes entrés dans une période d’incertitudes au sujet de laquelle il est difficile de faire des pronostics tant les circonstances actuelles semblent irréductibles à d’autres circonstances ayant pu se présenter dans le passé. Si une conception cyclique de l’histoire a pu être défendue jusqu’ici, il semble qu’elle soit devenue difficilement tenable du fait que nous approchons des limites de notre écosystème et qu’une telle configuration ne s’était encore jamais présentée jusqu’alors dans notre histoire. Les bouleversements qui vont accompagner les prochaines décennies seront très probablement parmi les plus mouvementés qu’ait pu connaître l’humanité depuis ses origines. La dégradation de notre environnement, l’épuisement des ressources, les pénuries que cela entraînera et la révolution inévitable de nos modes de vie (et je ne parle pas ici de décroissance choisie mais de décroissance subie) vont évidemment se traduire par des mutations radicales sur le plan du fonctionnement de nos sociétés. Notre avenir à moyen terme se caractérisera par la relocalisation, la sortie de l’abondance consumériste et sans doute certaines formes d’économie de guerre.
Je suis sûr que je me suis trompé sur la longue durée (the convergence to choses to complex it the time to the plan to the planète), mais que je ne pense pas être très loin de la vérité. ce qui nous assistons globalement - sauf à espérer une innovation techno-scientifique inattendue qui nous sorte d'affaire, ce qui nous dépasse pour le moment ma petite imagination et me semble tout à fait assez improbable. Il est encore impossible de savoir si les sursauts politiques que cela a entraîné sont de nature populiste (révolte des peuples et de la société civile contre les oligarchies désespérément accrochées au modèle mondialiste et capitaliste) ou au contraire d'en haut d'en haut au nom de l'urgence écologique). Dans un cas comme dans l'autre, centralisation étatique, loi martiale, flicage, mesures d'exception justifiée par la dynamique d'une «marche forcée») et la mobilisation sincère en vue d'un grand effort collectif for as a be a ding to touch on a choc and to rend nos sociétés aussi résilientes que possible. Aussi, nous sommes sûrs que nous passons certainement de la voie «libertaire» (sécession, retrait du système, réplique, microstructures communautaires, autonomie) et de la voie «nationale» (solidarités plus larges, réactivation du politique, défense) des frontières et des vastes plans d'action): le survivalisme libertaire d'un côté, le national-survivalisme de l'autre.