entretiens et videos - Page 769
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Gianluca Iannone (Casapound) : « il faut faire comprendre à nos peuples que la fatalité est un mensonge et que le futur nous appartient.»
Lors de la fête nationale de Casapound « direzione rivoluzione »qui s’est déroulée à Chianciano Terme (Sud-Toscane),nous avons profité de l’occasion pour interviewer Gianluca Iannone, leader charismatique, fondateur et président du mouvement. Surnommé « le capitaine » (voir le livre Nessun Dolore) par ses camarades, il est le chanteur du groupe de rock alternatif Zetazeroalfa,Gianluca Ianonne a commencé très jeune à militer dans les rangs de la droite radicale et sociale italienne, s’engageant d’abord dans le Fronte della Gioventu (Front de la jeunesse) . Depuis 2003 et l’occupation du n°8 de la Via Napoléone III, devenu siège de Casapound mais également immeuble logeant des familles italiennes victimes de la crise économique, Gianluca Iannone a su, avec les militants de la première heure, développer un mouvement comptant des milliers d’adhérents dans toute l’Italie, des dizaines d’associations, et une influence désormais dans toute l’Italie, suscitant l’intérêt croissant des médias, y compris people. Rencontre avec le président de Casapound Italia.Breizh-info.com : Quel bilan tirez vous de cette année militante de Casapound et des structures qui lui sont liées ?Gianluca Iannone : Un bilan très positif. Le nombre d’adhérents a doublé en un an, nous avons eu un boom d’inscriptions en ligne, 15 nouveaux locauxpour un total de 88 espaces ouverts dans toute l’Italie, 6 conseillers communaux et 4 conseillers municipaux élus en 2016 qui se rajoutent aux trois personnes déjà en charge. Nous représentons une réalité politique que personne ne peut plus ignorer. Et nous sommes les seuls en Italie désormais à lutter pour la souveraineté et l’identité.Breizh-info.com : 3000 personnes à Direzione Rivoluzione. Est ce la plus grosse édition ? Qu’est ce que cela signifie pour vous ?Gianluca Iannone : Oui, il s’agit d’un de nos évènements les plus réussis ce qui est le signe d’une croissance exponentielle de notre mouvement et son enracinement dans toutes les régions d’Italie.Breizh-info.com : Parti politique, association caritative, sportive, culturelle; en France, Casapound reste une énigme. Pouvez vous décrypter ce que vous êtes pour les lecteurs français qui nous lisent ?Gianluca Iannone : Notre force a toujours été, justement, d’agir à plusieurs niveaux et de ne pas se limiter à penser seulement en fonction des élections. CasaPound peut être considérée comme une “énigme” car elle a créé un modèle politique et métapolitique nouveau plutôt que de suivre d’autres modèles; par conséquent on ne peut la comparer à aucun autre.Breizh-info.com : Lors de votre fête nationale, vous avez tenu à remercier TV Libertés et Breizh-Info ainsi que les Français qui ont fait des dons pour La Salamandra. En quoi la solidarité européenne est elle importante à vos yeux ?Gianluca Iannone : La solidarité entre les peuples européens est importante pour faire comprendre que l’Europe existe en dehors de la bureaucratie corrompue de Bruxelles. Il y a quelques temps, CasaPound a récolté des dons pour la Grèce étranglée par les banques. Actuellement, TVLibertés et Breizh-Info aident les populations italiennes frappées par le tremblement de terre. Cela signifie que nos peuples sont vraiment frères. Le soutien français est d’autant plus important puisqu’à la même période, Charlie Hebdo a publié sa honteuse caricature sur le tremblement de terre italien, ce qui a poussé beaucoup d’Italiens à polémiquer sur le peuple français en temps que tel. C’était erroné car nous avons eu la confirmation de ce que nous savions déjà, à savoir que Charlie Hebdo ne représente que lui-même.Breizh-info.com : Lors de cette fête nationale, a eu lieu également un débat sur la sortie de l’Italie de l’Union Européenne. Serait-ce vraiment une bonne chose ? Une autre Europe n’est-elle pas à construire ?Gianluca Iannone : Une autre Europe doit absolument être construite. Chaque jour il apparaît plus clairement qu’un tel projet n’est possible qu’en dehors de l’UE et même contre elle.Breizh-info.com : Beaucoup de vos militants admirent, citent et lisent Dominique Venner, dont certains ouvrages ont été traduits en Italien. Pour quelles raisons?Gianluca Iannone : Parce que nous aimons les idées qui se marient avec l’action et que nous respectons celui qui place le bien de la civilisation au-dessus de sa propre vie. Le geste de Venner nous a beaucoup frappés et ce fut aussi l’occasion pour nous de découvrir ou de redécouvrir ses idées. Dominique Venner a lancé un appel aux jeunes Européens et il nous plaît de penser que nous faisons partie de ceux qui l’ont entendu.Breizh-info.com : Quelles sont les actions que vous menez en ce mois de septembre en Italie ? Et que vous comptez mener cette année ? Vous subissez également une forte répression de la part du gouvernement Italien. Pouvez vous nous en parler ?Gianluca Iannone : Nous avons déjà au programme différentes initiatives. En automne, il y a un important référendum sur des modifications de la Constitution, modifications voulues par le gouvernement Renzi. Casapound Italia se mobilise activement pour le NON et va faire connaître son point de vue à tous les Italiens. En outre, nous avons déjà à l’esprit quelques conférences importantes avec des intervenants de premier plan, dont un ex ministre. Quant à la répression, il suffit de savoir que plusieurs militants et dirigeants de Casapound Italia sont toujours soumis à des restrictions (interdiction de quitter le domicile), uniquement pour avoir défendu des citoyens italiens contre l’arrivée dans leurs quartiers de pseudos “réfugiés” dont ils ne voulaient pas. Mais c’est le prix à payer quand on aime son pays et c’est pour nous un honneur d’en payer le prix.Breizh-info.com : Casapound s’investit également à l’international, hors des frontières de l’Europe. Pour quelles raisons?Gianluca Iannone : Aider le peuple Karen en Birmanie ou les Syriens contre les doubles agressions du fondamentalisme islamique et celles de l’Occident signifie avant tout accomplir des actions justes. Et puis, cela signifie aider les peuples à rester souverains, libres et enracinés sur leurs propres terres pour éviter d’en faire des futurs immigrés. Finalement, il faut dire que quand les Karèns se battent contre le narcotrafic ou quand les Syriens se battent contre le terrorisme, ils combattent des maux qui affectent aussi nos peuples.Breizh-info.com : Casapound est il un phénomène exportable dans d’autres pays d’Europe selon vous ? Pour quelles raisons ?Gianluca Iannone : Il nous plait à penser qu’un certain esprit et un certain courage caractérisant le chemin parcouru par CasaPound est exportable. Mais chaque pays doit trouver dans son histoire, dans sa nature propre, les ressources et les modèles qui leur correspondent pour lancer un défi aux étoiles. Nous n’avons en aucun cas dans notre programme l’intention d’exporter hors d’Italie le symbole et le nom de CasaPound.Breizh-info.com : Comment voyez vous l’avenir de l’Italie et de l’Europe dans les prochaines années ? Que faire ?Gianluca Iannone : Notre futur, comme le disait justement Venner, n’est pas encore écrit. En Italie et en Europe règne un sentiment de fatalité qui fait croire que tout doit nécessairement aller dans une certaine direction. Nous devons vivre la plus grande aventure de notre temps ; il faut faire comprendre à nos peuples que la fatalité est un mensonge et que le futur nous appartient. -
Zapping n°4 (23/09/2016 - 29/09/2016)
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Alain Escada fustige le mondialisme à la télévision russe
La Pravda, célèbre média russe, a voulu contribuer à faire connaître Alain Escada, président de Civitas. La vidéo de l’entretien est diffusée en langue russe, en français, en espagnol et en anglais, accompagnée de l’article très positif que l’on peut lire ci-dessous.Civitas n’a pas peur des affrontements et entend représenter la vraie France – pas celle du Fouque…t’s où Sarkozy fêtait sa victoire le lendemain de l’obtention de son mandat, mais celle des simples travailleurs, des gens qui voudraient que leurs voix ne soient pas pesées à l’aune de cacahuètes – la France profonde, les « sans-dents » comme les appelle dans son milieu l’hôte actuel de l’Elysée.Quoi qu’on en pense ou qu’on en dise ce n’est pas l’énergie qui manque à Civitas et à son président Escada, désireux de se débarrasser du règne sans fin d’un pouvoir aussi corrompu que parasitaire.Lien permanent Catégories : actualité, entretiens et videos, géopolitique, international, lobby 0 commentaire -
Stephane Blanchonnet au forum de l’Union des droites
Jean-Pierre Maugendre et Stéphane Blanchonnet intervenaient sur le thème "L’Histoire, un champ de bataille" au Forum de l’Union des droites de la Ligue du Sud le samedi 24 septembre 2016.
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Un entretien avec Roland Hélie sur le site de Riposte laïque
Source Riposte laïque cliquez ici
Riposte Laïque : Ce dimanche, à Rungis, Synthèse nationale fête ses dix ans d’existence (*). Peux-tu expliquer à nos lecteurs ce qu’est Synthèse nationale ?
Roland Hélie : Synthèse nationale, c'est d'abord la volonté d'introduire dans la famille nationale les conditions nécessaires pour que ses différentes composantes, au sens large du terme, apprennent à se connaître et à travailler ensemble. La situation dans laquelle est plongé notre pays ne nous permet plus de faire les fines bouches entre nous. Il faut mobiliser toutes les énergies patriotiques, nationalistes et identitaires, dans le respect des spécificités de chacune d'entre elles, pour réveiller notre peuple.
Pour cela, nous avons créé en 2006 une revue, Synthèse nationale, et un site d'information quotidien éponyme. Depuis 2007, chaque année, nous organisons nos "Journées nationales et identitaires" qui rassemblent un nombre croissant de participants. Puis nous avons créé, en 2012, une petite maison d'édition qui a déjà publié une quarantaine de titres. Enfin, nous multiplions les conférences et les "Journées régionales" à Paris et en province, comme ce fut le cas à Lille en avril dernier où nous avons eu le plaisir de recevoir Guy Hamon de Riposte laïque.
En dix ans, nous avons reçu, ou donné la parole dans les colonnes de notre revue, à plus de 150 personnalités. Aujourd'hui, les rapports entre les formations nationales, tout du moins pour la majorité d'entre elles, sont beaucoup plus détendus, et par conséquent plus constructifs, que dans le passé. Je pense que Synthèse nationale n'y est pas pour rien.
Riposte Laïque : Comment les choses vont-elles se dérouler, durant cette journée ?
Roland Hélie : Bien j'espère... Concrètement, notre dixième Journée nationale et identitaire de dimanche prochain, 2 octobre, correspond au dixième anniversaire de notre revue. Nous avons donc essayé de lui donner "un faste" supplémentaire. Elle se déroulera de 11 h à 18 h 30 à l'Espace Jean Monnet à Rungis, lieu que vos lecteurs connaissent bien je crois.
Il y aura plusieurs conférences thématiques, parmi lesquelles une qui devrait particulièrement intéresser nos amis de Riposte laïque puisque toi-même, Mon Cher Pierre, y participe. Il s'agit d'une conférence sur l'identité animée par Luc Pécharman, l'un des piliers de notre organisation, au cours de laquelle interviendront aussi Pierre Vial, Président de Terre et peuple, et Alain Escada, de Civitas. Vous le voyez, toutes les sensibilités seront au rendez-vous. C'est cela Synthèse nationale...
Il y aura aussi un meeting politique à 16 h et, côté hall, une cinquantaine de stands de mouvements, d'associations, de publications, de librairies et d'éditeurs, sans oublier un bar et un restaurant, recevront les visiteurs. Parmi ces stands, il y a bien sûr celui de Riposte laïque.
Ajoutez à cela deux concerts, un de Docteur Merlin et un autre des Brigandes, et un spectacle du caricaturiste Pinatel. Cette dixième journée sera donc le rendez-vous de rentrée des patriotes.
Riposte Laïque : Vous parlez, dans votre présentation, d’un nécessaire offensive nationale et identitaire. Cela se traduit comment ?
Roland Hélie : C'est le thème de la journée. Il faut inciter les patriotes à s'engager. Toutes les campagnes, comme celles de "la quinzaine pour sauver la France", doivent être soutenues. Il faut que nos amis sachent qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. A eux de prendre des initiatives. C'est le message que nous voulons faire passer.
Riposte Laïque : Vous avez invité Jean-Marie Le Pen. C’est pour embêter la direction du Front national ?
Roland Hélie : Quelle drôle d'idée, loin de nous cette volonté... Jean-Marie Le Pen est en effet notre invité d'honneur. Depuis quarante ans, cet homme mène un combat déterminé contre l'immigration incontrôlée et pour sauver notre identité. Il a sonné le tocsin et on lui a craché à la gueule. Aujourd'hui, un nombre croissant de Français se rend compte qu'il avait raison. Que le mondialisme entraine l'immigration, que l'immigration a pour conséquence l'islamisation, et que l'islamisation se traduit par une volonté de soumettre tous les peuples par tous les moyens, y compris par la violence et le terrorisme. On y est... C'est donc bien naturel que nous l'invitions à notre réunion.
Nous avons aussi invité à prendre la parole au cours du meeting Carl Lang, Président du Parti de la France, Roger Holeindre, infatigable militant de la cause, et Filip Dewinter, le dynamique député identitaire du Vlaams belang d'Anvers qui est notre ami.
Riposte Laïque : Comment vous situez-vous, par rapport aux prochaines élections, présidentielles et législatives ?
Roland Hélie : D'abord, je tiens à préciser que Synthèse nationale n'est pas un parti, ni un mouvement. Nous n'avons donc pas vocation à nous présenter aux élections. En revanche nous incitons nos amis ne pas négliger le combat électoral.
En ce qui concerne la Présidentielle, nous ne nous faisons pas beaucoup d'illusions sur Marine Le Pen. Au lieu de rassembler son camp, elle passe son temps à jeter des anathèmes sur les uns et sur les autres. C'est regrettable. Mais nous ne rentrerons pas dans des polémiques inutiles. Nous préférons considérer sa candidature comme une sorte de baromètre de l'opinion publique.
Quant aux législatives. Elles permettront sans doute à des candidats de la droite nationale, sociale et populaire de se présenter et de pouvoir ainsi incarner une opposition résolue au Système broyeur de peuples et de civilisations qui nous gère. Ce dont nous ne pouvons que nous réjouir.
Riposte Laïque : Après ces dix ans, vous avez d’autres projets ?
Roland Hélie : Beaucoup. L'un d'entre eux intéressera sans doute nos amis de Riposte laïque. il s'agit d'une nouvelle revue consacrée exclusivement au combat contre l'immigration et contre l'islamisation. Cette revue trimestrielle s'appelle "Confrontation" et le premier numéro sera présenté à l'occasion de la réunion de dimanche.
(*) 10e Journée nationale et identitaire organisée par Synthèse nationale, dimanche 2 octobre 2016, de 11 h à 18 h 30, Espace Jean Monnet, 47 rue des Solets 94 Rungis Zone SILIC. Entrée 10 €
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Témoignage d’un père de famille sur l’arrivée de clandestins dans sa ville.
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Journal de bord de Jean-Marie Le Pen n°445
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Piero San Giorgio Les Femmes et le combat
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Jean Sévillia : « Malgré l'effondrement de notre société, une France tient encore debout
À l'occasion de la sortie d'un recueil de trois essais, Jean Sévillia a accordé au FigaroVox [26.09] un entretien où il revient sur l'historiquement correct et le moralement correct qui pèsent plus que jamais sur notre société. Mais il ne doute pas d'une « renaissance future ». LFAR
Vous publiez en un recueil trois essais historiques et politiques: «Historiquement correct», « Moralement correct » et « Le Terrorisme intellectuel ». Commençons par ce dernier, dont la première parution date de l'an 2000. Seize ans plus tard, le terrorisme intellectuel a- t-il disparu, et sinon quelles sont ses nouvelles formes ?
Il suffirait d'évoquer quelques manifestations toutes récentes du terrorisme intellectuel, ce que je fais dans la préface de ce volume qui réunit des textes plusieurs fois déjà réédités et actualisés, pour constater que, non seulement le phénomène n'a pas disparu, mais qu'il sévit plus que jamais. Faut-il rappeler les attaques subies au cours des dernières années, pour ne retenir que quelques figures en vue, par les philosophes Alain Finkielkraut ou Michel Onfray, par le journaliste Eric Zemmour, par le comédien Lorànt Deutsch ou par le romancier Michel Houellebecq ? Faut-il rappeler les conditions dans lesquelles s'est déroulé le débat - ou plus exactement l'absence de débat - sur le Mariage pour tous, où il était posé par principe qu'en être partisan était le signe d'un esprit ouvert et moderne et qu'en être l'adversaire était le fait d'une mentalité intolérante et rétrograde ?
Dans une société démocratique où le débat d'idées est censé être libre, tout se passe comme si certaines idées étaient interdites, certains sujets tabous, et certaines voix moins légitimes que d'autres puisqu'elles contreviennent à la pensée dominante, qui est la pensée des élites politiques, culturelles et médiatiques. Le mécanisme du terrorisme intellectuel n'a pas varié. Il consiste à jeter l'opprobre sur les opposants à cette pensée dominante en leur collant, explicitement ou implicitement, une étiquette qui a pour but de les réduire au silence en jetant le discrédit sur leur personne et leur propos. Ces étiquettes se traduisent par des mots - réactionnaire, raciste, fasciste, homophobe, etc. - qui n'ont plus un sens objectif : ils peuvent s'appliquer à n'importe quoi et n'importe qui afin de les disqualifier selon le principe de l'amalgame et de la reductio ad hitlerum. Ce qui change, en revanche, c'est l'objet du terrorisme intellectuel, puisque celui-ci est indexé sur l'idéologie dominante. Il y a cinquante ans, quand le marxisme triomphait chez les intellectuels, être anticommuniste valait de se faire traiter de « chien » par Jean-Paul Sartre. Aujourd'hui, alors que l'antiracisme et le multiculturalisme sont présentés comme des impératifs catégoriques, affirmer que l'origine et l'ampleur des flux migratoires pose un problème à la France et à l'Europe en général vaut d'être accusé de racisme.
Dans votre ouvrage Historiquement correct, vous rétablissiez un certain nombre de vérités que l'histoire « grand public » ne diffusait pas. Considérez-vous que les légendes noires de l'Histoire de France se sont estompées ?
J'aimerais le croire, mais ces légendes qui concernent d'ailleurs toute l'histoire occidentale et pas seulement l'histoire de France ont la vie d'autant plus dure qu'elles sont véhiculées et répercutées par de multiples canaux, depuis les manuels scolaires jusqu'aux jugements lapidaires qui émaillent les discussions de bistrot. Ce que j'ai appelé l'historiquement correct, le politiquement correct appliqué à l'histoire, vient de loin. Il a sa propre histoire que l'on peut reconstituer, puisqu'il mêle procès contre l'Europe catholique venant des Encyclopédistes, vision négative du monde d'avant 1789 et légende dorée de la Révolution française, legs de l'école républicaine des XIXe et XXe siècles, refus de l'histoire événementielle et lecture socio-économique du passé, héritage de l'école marxiste, et enfin histoire analysée au prisme des droits de l'homme, fruit de l'individualisme ambiant. Rétablir la vérité est un travail long, et patient. Il suppose d'opposer des faits aux légendes, et surtout pas des légendes inversées, ce qui serait le contraire de la démarche historienne. Avec le temps, en faisant progresser la recherche, on obtient des résultats. Les guerres de Vendée de 1793-1794, par exemple, sont beaucoup mieux connues qu'elles ne l'étaient il y a un demi-siècle, parce qu'il y a eu d'authentiques travaux d'historiens sur cet épisode dramatique, et bien rares sont ceux qui nient que la population civile vendéenne de l'époque a été victime d'une entreprise d'extermination. Autre exemple, on commence à reconnaître que la traite négrière était un système qui n'impliquait pas que les Européens, puisque certaines tribus africaines vendaient leurs frères de couleur, et qu'il a toujours existé une traite interafricaine, des hommes étant réduits en esclavage et mis en vente à l'est du continent par des trafiquants arabo-musulmans.
Comment expliquer le décalage entre le sérieux des publications historiques et la légèreté avec laquelle le cinéma et les séries télés abordent cette même histoire ?
En soi, ce décalage n'est pas nouveau. Les feuilletons écrits du XIXe siècle, quand ils campaient leur intrigue dans le passé, prenaient déjà des libertés avec l'histoire réelle. Même chose pour le théâtre ou le cinéma. Et même chose encore pour la télévision quand elle était un genre naissant. Les grandes séries télévisées historiques des années 1960 et 1970 n'obéissaient déjà pas aux canons universitaires, mais au moins y avait-il un souffle, une ambition. Du Chevalier de Maison-Rouge (1963) à Vidocq (1967) et des Cathares (1966) aux Rois maudits (1972), toute une génération y a gagné le goût de l'histoire, même si la véracité de ces films était discutable. On peut donc faire de la fiction télévisée avec une certaine exigence historique. Encore faut-il avoir le goût de l'exigence et le respect du passé, ce qui n'est guère dans l'air du temps de nos jours.
La place de l'histoire se réduit dans les programmes scolaires et se diffuse de plus en plus à la radio (Franck Ferrand), la télévision (Stéphane Bern), en librairie, dans les festivals… Comment expliquer ce paradoxe ?
Ce paradoxe n'en est pas un. Il y a même un lien de causalité direct entre l'amenuisement de la place accordée à l'histoire à l'école et le succès des bonnes émissions historiques, des biographies des grands personnages et des spectacles et reconstitutions historiques. En réalité, dans une époque bouleversée, les gens cherchent des repères, y compris dans le passé. Si l'école n'enseigne plus l'histoire de notre pays comme elle l'enseignait autrefois, ils vont chercher eux-mêmes ces repères. Ce mouvement ne fera que s'accélérer : plus on voudra nous couper de nos racines, plus elles seront prisées, par un mouvement naturel de réappropriation d'un héritage volé, occulté ou méprisé. La philosophe Simone Weil affirmait que le passé est un des plus vitaux des besoins de l'âme humaine. Que Madame Najat Vallaud-Belkacem lise Simone Weil…
Dans votre préface vous revenez sur les notions discutées de « victoire culturelle » et de « bataille des idées ». Considérez-vous que les « réacs » ont gagné ?
C'est un refrain que reprend, sur un ton dépité, la presse de gauche : la droite - ou les conservateurs, les réactionnaires, etc. - auraient gagné la bataille des idées. Or ce refrain est largement trompeur. Il est vrai, ce qui est nouveau par rapport au paysage des idées d'il y a quinze ans, que quelques figures telles qu'Alain Finkielkraut ou Eric Zemmour obtiennent de réels succès d'audience quand la télévision ou la radio leur tendent un micro, ce dont je me réjouis. Mais ces individualités demeurent des exceptions sur les ondes, et leurs propos suscitent un violent contre-feu, quand ce ne sont pas des menaces de poursuites judiciaires, parfois mises à exécution. Il est encore vrai que la pensée de gauche mouline dans le vide, mais elle continue néanmoins à mouliner… Il n'est que d'observer la façon dont sont analysés les facteurs qui conduisent des jeunes vivant en France au djihadisme pour constater que les commentateurs tournent toujours autour d'explications sociales - pauvreté, exclusion, déscolarisation, etc. - pour ne pas voir et nommer la réalité, qui est politique, culturelle et religieuse.
Non seulement le concept de « néoréac », lancé en 2002 par le livre de Daniel Lindenberg, essayiste de gauche, procède d'un amalgame réducteur - non, Pascal Bruckner ne pense pas comme Natacha Polony qui ne pense pas comme Elisabeth Lévy et ainsi de suite - mais le fait que la haute cléricature de gauche ait disparu ou se taise n'empêche pas la basse cléricature d'être en place. Faites un sondage sur ce qu'on pense dans les salles de profs ou dans les rédactions des chaînes publiques de la loi travail ou de la question des migrants, et vous serez édifiés. Or dès lors que tous les Français passent par l'école ou regardent la télévision, ils en subissent l'influence, même si beaucoup savent aussi s'en libérer. Par conséquent, j'en suis bien navré mais, sur le terrain, la « victoire culturelle » n'est pas encore là. En dépit de tout, nous ne sommes pas sortis, culturellement parlant, du paradigme selon lequel il serait bien d'être de gauche et être de droite imposerait de s'excuser. C'est si vrai que la droite, qui ne brille pas par ses idées, fait tout pour faire oublier qu'elle n'est pas de gauche. Je ne suis pas de ceux qui croient que le clivage droite/gauche est caduc. Cette distinction structure notre vie politique depuis deux siècles, et elle n'est pas près de disparaître, même si ses frontières se sont déplacées, et même si les élites dirigeantes de droite comme de gauche communient dans un libéralisme libertaire qui les rapproche et souvent les confond.
La bataille se déroule-t-elle à l'université, dans les librairies ou dans les émissions de divertissement ?
Elle se déroule partout, puisque le politiquement correct se niche aussi bien dans les amphithéâtres des universités que dans les librairies et les studios de télévision ou de radio où les clowns d'aujourd'hui jouent les penseurs. A chacun son créneau ou son talent parmi les rebelles au politiquement correct. Personnellement, je ne me sentirais pas à l'aise dans une émission de divertissement, mais je me félicite que des amis s'y risquent. Dans les librairies, le succès des ouvrages qui expriment des idées à contre-courant prouve que les lignes bougent dans la société, à défaut d'un changement dans la sphère politique, culturelle et médiatique. Quant à l'université, elle n'est pas monolithique. Si vous saviez les témoignages que je reçois d'historiens universitaires me remerciant pour ce que j'écris…
Le « moralement correct » est-il le même que celui que vous décriviez dans votre essai ?
Oui. Nous sommes toujours sur le coup, et nous le resterons très longtemps, de la profonde révolution intellectuelle et morale des années 1960-1970 qui a érigé en paradigme l'individu et ses droits conçus comme un absolu. Très schématiquement, on considérait naguère que l'individu devait d'abord quelque chose à la société. On considère aujourd'hui, à l'inverse, que la société doit d'abord quelque chose à l'individu. Au sein de la famille, de l'école, de l'université, de l'entreprise, dans les loisirs ou la politique, dans le rapport à la culture ou à la religion, cela a tout changé. C'est l'individu qui fixe ses propres normes du bien et du mal et qui définit ce qu'il veut ou non accepter comme contrainte collective. En d'autres termes, il n'y a plus de normes objectives et indiscutables. Mais cette révolution est paradoxalement contraignante, puisque l'absence de normes est devenue une norme, et donc une obligation. C'est cela, le moralement correct.
Vous reprenez à votre compte la citation d'Albert Camus lors de son discours de Stockholm: « Empêcher que le monde se défasse ». Le « vieux monde » ne s'est-il pas défait en grande partie ? N'est-ce pas le moment de reconstruire autre chose ?
Si, mais on ne reconstruira pas sur du vide. Les plus grands créateurs ne sont jamais partis de zéro. Ils étaient d'abord des héritiers, même s'ils bousculaient l'héritage. Demain, il faudra reconstruire en s'appuyant sur les principes qui ont toujours fondé les civilisations. On ne peut faire l'économie de la réception et de la transmission, du lien entre les générations, du partage d'un héritage. En dépit de l'effondrement visible de notre société, ce qui tient encore debout repose sur des individus et des familles qui, elles-mêmes, tiennent bon sous la mitraille de l'époque. Ces forces-là sont plus nombreuses qu'on ne le croit. Elles sont la garantie de notre future renaissance. •
Journaliste, écrivain et historien, Jean Sévillia est rédacteur en chef adjoint du Figaro Magazine. Il vient de publier Ecrits historiques de combat, un recueil de trois essais (Historiquement correct ; Moralement correct ; Le terrorisme intellectuel) qui vient de paraître aux éditions Perrin.
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