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Europe et Union européenne - Page 1088

  • Dès le début, l'UE a été une institution de corruption et de transfert

    On raconte aux populations, qu’elles doivent par « solidarité européenne » contribuer de plus en plus de milliards «pour sauver la Grèce». Nous devrions donc ou augmenter les impôts ou réduire les prestations sociales, afin de générer les moyens nécessaires pour aider la Grèce.

    Non seulement les raisons mais aussi les conséquences sont des jugements fallacieux :

    1. Les prétendues aides à la Grèce ne vont pas à la population ou à l’économie grecques, mais sont tout de suite détournées vers les banques vautours internationales, qui exigent de haut taux d’intérêt pour leurs prêts accordés à la Grèce. En réalité, l’on n’aide pas la Grèce, mais on alimente les banques internationales, pour qu’elles ne doivent surtout pas faire d’amortissements sur l’argent perdu avec leurs emprunts d’Etat grecs.

    2. Lors de la première tranche du premier soi-disant plan de sauvetage, l’Allemagne a payé 10,8 milliards d’euros à la Grèce. Dans la même semaine, les capitalistes grecs ont sorti du pays la même somme en capitaux fugitifs. Le paiement n’a donc rien apporté, sauf de frapper les contribuables allemands de manière insensée. Et l’évasion fiscale en Grèce continue. Plus nous payons des aides financières, plus les capitaux fugitifs augmentent.

    3. Dès le début, l’UE a été une institution de corruption et de transfert. Elle a depuis longtemps octroyé le plus de subventions à la Grèce – un tiers de cet argent venait de l’Allemagne. De 2004 à 2008, 24,4% de tous les transferts de l’UE sont allés à la Grèce. 20 années de subventions n’ont apparemment pas amélioré le pouvoir économique de la Grèce, mais l’a plutôt habituée au goutte-à-goutte durable.

    Pourquoi l’Allemagne a-t-elle accepté un tel gaspillage de ses propres ressources? Pourquoi aucun gouvernement n’a protesté contre cette saignée insensée? Et pourquoi continue-t-on à réinjecter de l’argent?

    4. Les Etats membres subventionnés ne se sont pas contentés des subventions annuelles payées par les Etats solides – en particulier par l’Allemagne –, mais ils se sont par surcroit endettés encore plus que les Etats donateurs. Pendant qu’en 2010 la zone Euro toute entière était endettée en moyenne avec 85% de leur pouvoir économique (PIB) (l’Allemagne avec 2% de moins), la Grèce en est arrivée à 143%. En 2010, le niveau de la dette grecque s’élevait à 329 milliards d’euros, entre temps ce sont plus de 360 milliards.

    Entre-temps la Grèce a sans cesse promis qu’elle allait s’améliorer et se raffermir – exactement comme maintenant.

    5. La Grèce a été introduite dans l’UE par la haute finance américaine (la bande à Goldman-Sachs) d’une manière frauduleuse et n’a pas le droit de se désendetter par une faillite d’Etat, parce que sinon les crédits de la haute finance seraient perdus. C’est pourquoi, dans la discussion d’assainissement, il n’est jamais question de «participation privée», mais seulement, que les autres citoyens européens doivent se porter garant et assumer les dettes. Pour solde, la Grèce est un passage d’essai pour l’union de dettes et de responsabilité voulue par la haute finance, c’est-à-dire la responsabilité totale de tous les pays de la zone Euro – notamment de l’Allemagne – pour tous les crédits de la haute finance dans les pays européens. Ou exprimé différemment: Avec l’aide de la Grèce et des autres pays surendettés, on installe pour toute l’Europe un esclavage de la dette et une obligation de payer tribut au profit de l’impérialisme financier américain.

    6. La Commission européenne, qui aspire depuis longtemps à davantage de centralisme et de pouvoir et à moins de droits nationaux, tire à la même ficelle. Le Pacte budgétaire et le MES étaient une percée décisive pour l’abolition des Etats nationaux en Europe, déjà initiée dans le Traité de Lisbonne, et d’une l’instauration d’un gouvernement central régnant sur des provinces européens – comme l’a exprimé ouvertement le porte-parole de l’UE Juncker.

    Avec la poursuite de distributions d’argent à la Grèce, on améliore rien, on ne fait que prolonger la situation. On n’aiderait pas la Grèce, uniquement les banques créancières grecques. Si le MES ne peut être stoppé, nous serons, en revanche, face à la menace de devoir endosser la responsabilité totale pour les dettes grecques et celles de tous les autres pays européens.

    Dans la crise actuelle de l’euro, il ne s’agit pas de l’Europe, mais de savoir qui doit payer pour l’imprudence des dettes: les banques créancières, les Etats qui se sont endettés, ou tous ensemble, inclus les pays solides. Le MES exige la troisième variante. Mais cela ne représente nullement une solution, uniquement un ralentissement qui ne conduira pas seulement à la faillite de certains pays, mais à un effondrement total du système de l’euro ou à l’évaporation inflationniste des valeurs en euros.

    Horizons & Débats  via http://www.mecanopolis.org

  • Olivier Delamarche : « Nous n’avons aucune référence sur la situation actuelle »

    Olivier Delamarche, du groupe Platinium Gestion, le 27 novembre 2012 sur BFM Radio, met les points sur les i, dans l’émission “Intégrale Bourse.
    « Ce qui pose des difficultés à tout le monde c’est que nous n’avons aucune référence. Nous ne nous sommes jamais trouvés dans cette situation. Avant, vous aviez  toujours une région du monde qui marchait. Aujourd’hui qui marche bien ? Les BRICS ne suffiront pas à tirer 80% du PIB mondial »

  • Le projet de la Grande Europe (Une ébauche géopolitique pour un monde multipolaire à venir)

    Le projet de la Grande Europe (Une ébauche géopolitique pour un monde multipolaire à venir) 1. Suite au déclin et à la disparition du Bloc socialiste en Europe de l’Est à la fin du siècle dernier, une nouvelle vision géopolitique du monde basée sur une nouvelle approche est devenue une nécessité. Mais l’inertie de la pensée politique et le manque d’imagination historique chez les élites politiques de l’Occident victorieux a conduit à une option simpliste : les bases conceptuelles de la démocratie occidentale, une société d’économie de marché, et la domination stratégique des États-Unis à l’échelle mondiale sont devenues les seules solutions à tous les défis émergents et le modèle universel qui devrait être impérativement accepté par toute l’humanité.
    2. Cette nouvelle réalité émerge devant nos yeux – la réalité d’un monde organisé entièrement par le paradigme américain. Un think-tank néoconservateur influent des États-Unis modernes s’y réfère ouvertement par un terme plus approprié – ‘l’Empire global’ (parfois ‘l’Empire bienveillant’ – R. Kagan). Cet Empire est unipolaire et concentrique dans sa nature profonde. Au centre, il y a le ‘Nord riche’, la communauté atlantique. Tout le reste du monde, – la zone des pays sous-développés ou en développement, considérée comme périphérique, – est censé suivre la même direction et le même cours que les pays du cœur de l’Occident bien avant eux.
    3. Dans une telle vision unipolaire, l’Europe est considérée comme la banlieue de l’Amérique (capitale du monde), et comme une tête de pont de l’Occident américain vers le grand continent eurasien. L’Europe est vue comme une simple partie du Nord riche, non pas comme un preneur de décision, mais comme un associé junior sans intérêts propres et sans caractéristique spécifique. L’Europe, dans un tel projet, est perçue comme un objet et non comme un sujet, comme une entité géopolitique privée d’une identité et d’une volonté autonomes, comme d’une souveraineté véritable et reconnue. L’essentiel de la spécificité de l’héritage culturel, politique, idéologique et géopolitique européen est pensé comme appartenant au passé : tout ce qui a été autrefois estimé comme utile a déjà été intégré dans le projet de l’Occident global ; ce qui reste est disqualifié comme non pertinent. Dans un tel contexte, l’Europe se trouve géopolitiquement privée de son être propre et indépendant. Se trouvant voisine, sur le plan géographique, de régions et de civilisations non-européennes, l’Europe peut alors facilement perdre sa forme culturelle et politique.
    4. Dans tous les cas, la démocratie libérale et la théorie du libre-échange ne représentent qu’une partie de l’héritage historique européen et il y a eu d’autres options proposées et d’autres solutions traitées par les grands penseurs, scientifiques, politiciens, idéologues et artistes européens. L’identité de l’Europe est bien plus vaste et profonde que quelques fast-foods idéologiques américains simplistes du complexe de l’Empire global – avec son mélange caricatural d’ultralibéralisme, d’idéologie du marché libre et de démocratie quantitative. À l’époque de la guerre froide, l’unité du monde occidental (sur les deux rives de l’Atlantique) avait comme base plus ou moins solide la défense mutuelle de valeurs communes. Mais à présent ce défi n’a plus aucune actualité, l’ancienne rhétorique ne marche plus. Elle devrait être révisée et de nouveaux arguments fournis. Cela fait longtemps qu’il n’y a plus d’ennemi commun, clair et réaliste. La base positive pour un monde occidental uni à l’avenir est presque totalement absente. Le choix social des pays et des États européens est en contradiction complète avec l’option ultralibérale anglo-saxonne (aujourd’hui américaine).
    5. L’Europe actuelle possède ses propres intérêts stratégiques qui diffèrent substantiellement des intérêts américains ainsi que de l’approche du projet de l’Occident global. L’Europe possède son tropisme particulier envers ses voisins du sud et de l’est. Dans certains cas, l’intérêt économique, les solutions énergétiques et la défense commune ne coïncident pas du tout avec ceux de l’Amérique.
    6. Ces considérations générales nous mènent, nous, intellectuels européens profondément concernés par le destin de notre Patrie culturelle et historique, l’Europe, à la conclusion que nous avons grandement besoin d’une vision alternative du monde à venir, où la place, le rôle et la mission de l’Europe et de la civilisation européenne seraient différentes, plus grandes, meilleures et plus sûres que dans le cadre du projet de l’Empire global avec ses caractéristiques impériales par trop évidentes.
    7. La seule alternative faisable dans les circonstances présentes est à ancrer dans le contexte d’un monde multipolaire. La multipolarité peut garantir à n’importe quel pays et civilisation sur la planète le droit et la liberté de développer son propre potentiel, d’organiser sa propre réalité interne en accord avec l’identité spécifique de sa culture et de son peuple, ainsi que de proposer une base fiable de relations internationales justes et équilibrées dans le concert des nations du monde. La multipolarité devrait être fondée sur un principe d’équité entre les différentes sortes d’organisations politiques, sociales et économiques de ces nations et États. Le progrès technologique et l’ouverture croissante des pays devrait promouvoir le dialogue entre, et la prospérité de, tous les peuples et nations. Mais dans le même temps, ne pas mettre en danger leurs identités respectives. Les différences entre les civilisations n’ont pas à culminer nécessairement dans un inévitable choc – contrairement à la logique simpliste de quelques écrivains américains. Le dialogue, ou plutôt le ‘polylogue’, est une possibilité réaliste et faisable que nous devrions tous poursuivre à cet égard.
    8. En ce qui concerne directement l’Europe, et par contraste avec d’autres plans pour la création de quelque chose de ‘grand’ dans le vieux sens impérialiste du terme – que ce soit le Projet pour un Grand Moyen-Orient ou le programme pan-nationaliste pour une Grande Russie ou une Grande Chine – nous proposons, comme concrétisation de l’approche multipolaire, une vision équilibrée et ouverte de la Grande Europe comme nouveau concept pour le futur développement de notre civilisation dans ses dimensions stratégiques, sociales, culturelles, économique et géopolitiques.
    9. La Grande Europe consiste dans le territoire contenu à l’intérieur des frontières qui coïncident avec les limites d’une civilisation. Ce genre de frontière est quelque chose de complètement nouveau, comme l’est le concept de l’État-civilisation. La nature de ces frontières suppose une transition graduelle – non pas une ligne abrupte. Cette Grande Europe devrait donc être ouverte à des interactions avec ses voisins à l’ouest, à l’est ou au sud.
    10. Une Grande Europe dans le contexte général d’un monde multipolaire est conçue comme entourée par d’autres grands territoires, appuyant leurs unités respectives sur l’affinité des civilisations. Nous pouvons ainsi postuler l’apparition éventuelle d’une Grande Amérique du nord, d’une Grande Eurasie, d’une Grande Asie pacifique et, dans un avenir plus distant, d’une Grande Amérique du sud et d’une Grande Afrique. Aucun pays – hormis les États-Unis – en l’état actuel des choses, n’a les moyens de défendre sa vraie souveraineté, en ne comptant que sur ses propres ressources internes. Aucun ne peut être considéré comme un pôle autonome capable de contrebalancer la puissance atlantiste. La multipolarité réclame un processus d’intégration à large échelle. On pourrait l’appeler ‘une chaîne de globalisations’ – mais une globalisation sans limites concrètes – coïncidant avec les frontières approximatives de civilisations variées.
    11. Nous imaginons cette Grande Europe comme une puissance géopolitique souveraine, avec sa propre identité culturelle forte, avec ses propres options sociales et politiques – basées sur les principes de la tradition démocratique européenne – avec son propre système de défense, incluant les armes atomiques, avec sa propre stratégie énergétique et d’accès aux ressources minérales, élaborant ses choix de paix ou de guerre avec d’autres pays ou civilisations en toute indépendance – tout ceci appuyé sur une volonté européenne commune et un processus démocratique dans la prise de décision.
    12. Dans le but de promouvoir notre projet de Grande Europe et le concept de multipolarité, nous en appelons aux différentes forces dans les pays européens, ainsi qu’aux Russes, aux Américains, aux Asiatiques, à soutenir activement notre initiative au-delà de leurs options politiques, de leurs différences culturelles et de leurs choix religieux, à créer dans chaque place ou région des Comités pour une Grande Europe ou d’autres genres d’organisations partageant l’approche multipolaire, rejetant l’unipolarité, le danger croissant de l’impérialisme américain, et développant un concept similaire pour les autres civilisations. Si nous travaillons ensemble, affirmant avec force nos identités différentes, nous serons en mesure de fonder un monde meilleur, équilibré et juste, un Monde plus Grand où n’importe quelle forme digne de culture, de société, de foi, de tradition et de créativité humaine trouvera sa place adéquate et accordée.

    Alexandre Douguine http://www.voxnr.com

    source : GRA News :: lien

  • Les 27, le budget dans les chaussettes

     Rendez-vous début 2013. Au bout d’une journée et demie d’infructueux marchandages, les Vingt-Sept, réunis en sommet à Bruxelles, ont jeté l’éponge vendredi sans être parvenus à un accord sur le prochain « cadre financier » communautaire 2014-2020.

    Un échec certes annoncé, mais néanmoins inquiétant : les chefs d’État et de gouvernement ont calé sur 30 malheureux milliards d’euros, soit à peine 0,3 % du PIB européen. Après avoir écouté les doléances de chacun durant toute la journée de jeudi, Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, a maintenu à 984 milliards d’euros le plafond des futures dépenses de l’UE, une enveloppe amputée de 76 milliards par rapport à ce que réclament la Commission et le Parlement européen. Mais trois pays — la Grande-Bretagne, la Suède et les Pays-Bas — veulent une baisse supplémentaire.

    * La Grande-Bretagne, pas encore isolée ?

    Le premier ministre britannique a pu repartir tête haute, ses « lignes rouges » intactes, notamment la préservation du fameux « rabais » obtenu de haute lutte par Thatcher en 1984. Mis en demeure par les eurosceptiques de son parti d’obtenir une baisse drastique du budget européen, le conservateur David Cameron s’est réjoui, devant la presse, de voir que « la Grande-Bretagne n’a pas été seule contre tous ». L’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas, la Finlande et le Danemark, a-t-il souligné, n’étaient pas non plus satisfaits du compromis avancé la veille par Van Rompuy. En réalité, ce sont surtout Stockholm et Amsterdam qui l’ont soutenu. Un compromis que Cameron juge, en l’état, « inacceptable ». Pour lui, il est particulièrement «  insultant » qu’on ne touche pas aux salaires et aux retraites des fonctionnaires européens : « les institutions européennes doivent s’adapter au monde réel  », a-t-il grincé. Pour autant, Cameron qu’on disait remonté à bloc et prêt à dégainer son veto veut rester à bord : « nous devons reconnaitre que (...) l’appartenance à l’UE nous bénéficie », a-t-il souligné.

    * La France, entre le marteau et l’enclume ?

    Une image diffusée en salle de presse montrait, jeudi soir, François Hollande dans un coin de la salle du conseil européen pendant que la chancelière allemande papillonnait, passant d’un dirigeant à l’autre, négociant ferme. Un raccourci saisissant de la solitude française. Car Paris est coincé entre son souci de relancer la croissance alors que ses caisses sont vides et sa volonté de préserver une Politique agricole commune (PAC) hors d’âge. Comme l’a reconnu un chef de l’État peu enthousiaste : «  je ne suis pas le leader de la PAC, mais je m’inscris dans la tradition française » qui est d’éviter de se mettre le monde agricole à dos. Résultat : Paris parle de croissance, mais est prêt à couper dans les politiques de la recherche/développement, seul moyen de faire diminuer le chèque qu’il verse au budget européen… Cette position illisible explique l’absence d’axe franco-allemand, car Merkel, elle, a un objectif de guerre.

    * L’Allemagne arbitre de la négociation ?

    La chancelière a tout fait pour éviter que la Grande-Bretagne saute de l’esquif européen avant le sommet de décembre. Pour elle, c’est LE rendez-vous important : les Vingt-sept devront adopter la « feuille de route » qui doit mener à l’intégration politique et budgétaire de la zone euro. Et les dix-sept ont besoin de l’accord de Londres pour modifier les traités. Le conseiller diplomatique de Merkel a donc fait la tournée des capitales en expliquant que Berlin voulait une coupe supplémentaire dans les 984 milliards de Van Rompuy. La somme de 30 milliards a été avancée, soit pas très loin des 50 milliards que réclame Cameron. Ce qui lui a donné l’espoir de réaliser un axe Berlin-Londres sur le budget, un cauchemar pour la Commission et pour Paris. Mais, et ce n’est pas un hasard si l’échec a été consommé, ce rapprochement est un miroir aux alouettes, Londres ayant tellement multiplié les lignes rouges inacceptables pour ses partenaires (touche pas à mon chèque, taille dans la PAC et les aides régionales, coupe dans l’innovation et la recherche, diminue le salaire des eurocrates, etc.). Merkel le sait très bien comme elle sait qu’isoler Paris pourrait être mortel pour l’avenir de la zone euro qui la préoccupe bien davantage que l’avenir de Londres. C’est pourquoi, confie un diplomate européen, « nous réfléchissons à des scénarios de contournement si le prochain sommet échoue, comme l’adoption informelle d’un cadre financier à 24 et, ensuite, un vote annuel du budget européen qui, lui, se fera à la majorité qualifiée. C’est une arme nucléaire, mais si Londres nous bloque, il faudra déclencher les hostilités » . Mais son utilisation est renvoyée à l’année prochaine.

    N.B. : article cosigné avec Nathalie Dubois et paru ce matin dans Libération

    Coulisses de Bruxelles  http://www.actionfrancaise.net

  • Contre la Casa Pound, tout contre…

    L’engouement que suscite l’expérience transalpine de la Casa Pound au sein du mouvement nationaliste français au sens large n’a curieusement jamais suscité d’analyse. Il va de soi, semble-t-il, que certains veuillent l’imiter servilement dans notre pays et que d’autres, souvent sans même réfléchir aux différences idéologiques profondes qu’ils ont avec elle, se rendent en pèlerinage à son siège romain et s’en glorifient ensuite dans leurs médias. Si deux ouvrages apologétiques la concernant sont parus ces derniers mois chez des éditeurs français, si on ne compte plus dans la presse nationaliste de notre pays les interview de son leader Gianluca Iannone et les articles louangeurs traitant de ses diverses activités, il n’existe par contre aucun texte de réflexion stratégique et politique concernant la Casa Pound.

    Et pourtant, il est normal de s’interroger : est-ce que la Casa Pound est un modèle transposable hors de l’Italie ? Est-ce réellement une réussite politique ? Comment expliquer cet engouement des natios français pour une expérience étrangère ?

    Qu’est-ce que la Casa Pound ?

    Comme a pu l’écrire Gabriele Adinolfi : « C’est quelque chose de très particulier : un mouvement politique, un mouvement social et un mouvement culturel à la fois ». Pour faire simple on peut résumer la situation ainsi : à Rome pendant l’hiver 2003, à l’initiative d’un groupe musical, Zetazeroalfa, qui gérait aussi un pub, le Cutty Sark, est organisée l’occupation d’un bâtiment afin d'offrir une solution concrète à la crise du logement et de réagir à une très importante hausse des loyers. Ce sera Casa Pound. Elle deviendra un symbole et de cette expérience naîtra un réseau d’Occupations non conformes (ONC) qui s’étendra sur tout le territoire italien . Autour de cette dynamique, ses animateurs produisirent des projets de loi pour empêcher les spéculations typiques du secteur de l’immobilier, pour favoriser la natalité, etc. ; et en parallèle développèrent des structures organisant des activités sportives, culturelles et de solidarité, ainsi qu’un syndicat étudiant.

    Un phénomène purement italien

    La Casa Pound ne s’explique et se comprend que si elle est mise en perspective avec l’histoire de la droite radicale italienne.

    En soit, elle n’est pas réellement une idée nouvelle mais la reprise d’idées et de stratégies qui furent développées à la fin des années 1970 dans l’aile la plus révolutionnaire du Front de la jeunesse et dans ses fameux Campo Hobbit.

    Or cette continuité explique beaucoup de chose. La Casa Pound n’a été rendue possible que par une longue succession d’amitiés militantes et de sympathies idéologiques. En effet, le ralliement de Fini à Berlusconi a eu comme conséquence, ce qu’on n’a guère perçu en France, que nombre d’ex-militants radicaux n’ayant jamais réellement renié leurs rêves de jeunesse se sont soudains trouvés à des postes de responsabilité où ils ont pu rendre moult services.

    Pour ne citer que Rome, son maire, Gianni Alemanno, est à la fois l’ancien dirigeant charismatique du Front de la jeunesse et le beau-fils de Pino Rauti, le leader historique des radicaux italiens (et, last but not least, son fils milite à la Casapound !). Quant à son maire-adjoint à la culture, amené de par ses fonction à être en contact direct avec Casa Pound, ce fut pendant longtemps Umberto Croppi, qui dans une vie précédente avait été un activiste frénétique des réseaux NR italiens. On comprend donc mieux qu’en 2011, la ville de Rome ait racheté, près de 12 millions d’euros, la Casa Pound à son légitime propriétaire et l’ai laissé à la disposition des amis de Gianluca Iannone. Un Iannone qui après avoir milité au Mouvement social flamme tricolore fut membre de La Destra. Ce qui n’est pas neutre quand on sait que ce très petit parti participa au gouvernement Berlusconi IV.

    Tout ceci explique que la Casa Pound put, durant toute l’ère berlusconienne, développer ses activités sans problèmes. Tout ceci explique aussi qu’à Rome, dont Alemanno est toujours le maire, son existence ne soit nullement remise en cause ni contrariée.

    Est-ce réellement une réussite ?

    Cela étant on est en droit de se demander si la Casa Pound et le mouvement qui en dépend sont véritablement la réussite que l’on nous décrit.

    Pour en juger, il faut différencier deux choses : la réussite politique et la réussite communautaire.

    Au niveau politique, soyons clair, c’est un échec patent et cuisant. En effet, rien de politiquement concret n’est ressorti de la Casa Pound et les partis qui lui ont été liés n’ont nullement profité de ce lien en terme électoral, leurs scores ayant variés depuis sa création entre 2.40 % et 0.40 %.

    Au niveau communautaire, par contre, la Casa Pound est incontestablement une réussite avec ses pubs, ses clubs sportif et culturel. Mais dans le même temps, cette réussite explique sa faiblesse : le mouvement poundiste se vit dans l’entre soi et s’est développé comme un ghetto pour natios. Pire, la Casa Pound donne raison à une des plus déprimantes analyse du sociologue William Bainbridge : tout mouvement radical visant une illusoire prise de pouvoir commence comme une structure politique et finit comme une association de loisirs à connotation idéologiques… Ce qui est bien ce qu’est devenu la Casa Pound, si on la juge avec lucidité.

    Vouloir imiter la Casa Pound évite de réfléchir

    Une analyse, même rapide et peu approfondie comme celle que nous venons d’effectuer, permet de s’apercevoir sans peine que vouloir imiter la Casa Pound en France est illusoire.
    Tout d’abord le climat politique n’est pas le même, les complicités dans l’appareil d’État, importante dans un cas sont nulles dans l’autre. Ensuite, il n’existe pas en France de culture contestataire de droite radicale du type de celle qui a pu se développer en Italie et qui, intégrant aussi bien Mishima que la famille Simpson, a un impact réel dans une fraction importante de la jeunesse.

    Alors, vouloir copier la Casa Pound est aussi vain qu’inutile. Mais il faut avouer que le copiage à un avantage : il évite de se compliquer la vie à réfléchir à ce qui est, hic et nunc, et à ce qui pourrait être fait…

    Lionel Placet http://www.voxnr.com/

  • La sécession en Catalogne ou les maux du nationalisme chauvin

    La Catalogne, la Flandre, l’Italie du Nord, l’Ecosse sont tentées par le séparatisme. Correspondant de Polémia à Madrid, Javier R. Portella s’interroge à propos de la Catalogne : au moment où les peuples européens sont victimes d’une substitution de population, l’animadversion à l’égard du voisin le plus proche est-elle la priorité ?
    Polémia.

    J’écris ces lignes le soir même du dimanche 25 novembre, jour des élections en Catalogne qui étaient censées produire un raz-de-marée sécessionniste en faveur de l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne. Le raz-de-marée ne s’est pourtant pas produit, les électeurs s’étant bornés à préférer « l’original », Esquerra Republicana, le parti le plus radicalement sécessionniste, qui est passé de 10 à 21 sièges, à « la copie », le CiU, parti qui avait convoqué les élections, qui est tombé de 62 à 50 sièges. Bref, un simple transfert de voix au sein des sécessionnistes qui, ensemble, représentent toujours 64% des électeurs, face à 36% pour les forces non séparatistes.

    Le désastre du nationalisme chauvin

    Mais oublions la petite cuisine électorale. Essayons de cerner les questions qui vraiment importent. Que se passe-t-il, que se joue-t-il en Catalogne (et il faudrait ajouter : et dans le Pays basque) ? La question est d’autant plus importante que la mouvance identitaire (du moins en France), portée sans doute par le rejet on ne peut plus légitime du jacobinisme, fait preuve souvent d’une grande incompréhension du phénomène national en Espagne, en même temps qu’elle manifeste des sympathies à l’égard de forces dont la victoire nous mènerait tout simplement à la catastrophe : au désastre du nationalisme chauvin que l’Europe a déjà suffisamment souffert jadis dans ses chairs.

    Ne nous trompons pas. L’enjeu, aujourd’hui en Catalogne (il faudrait préciser : en Catalogne espagnole, car il y a aussi une Catalogne française), ce n’est nullement la défense d’un petit peuple à la langue, à la culture, à l’identité et aux droits politiques brimés par l’oppression d’un autre peuple ou d’un quelconque pouvoir central. Si brimades il y a eu, elles ont plus que disparu depuis plus de trente ans, l’Espagne s’étant constituée en fait dans une sorte d’Etat fédéral dont les parties constitutives, appelées « Communautés autonomes », jouissent même de plus de droits que bien des Etats fédéraux.

    Le catalan, l’anglais et l’espagnol

    Soyons clairs. Si une langue, une culture, une histoire est aujourd’hui brimée et vilipendée en Catalogne, cette langue, cette culture, cette histoire n’est nullement celle de la Catalogne : c’est celle de l’Espagne, dont la langue – un exemple parmi mille – tient dans l’enseignement une place plus réduite que celle accordée à l’anglais. La fin du discours que pour clôturer la campagne électorale Artur Mas, président de la Catalogne, a prononcé en… anglais en constitue d’ailleurs la preuve éclatante et symbolique. Puisque le catalan est une langue minoritaire, était-il signifié, et puisqu’il nous faut bien une langue universelle dans ce monde heureusement globalisé que nous aimons tellement… alors, que cette langue soit donc l’anglais plutôt que l’espagnol que nous exécrons mais dont nous ne savons pas quoi faire pour nous en passer !

    La négation d’un passé millénaire

    C’est là toute la question. Lorsque la haine nationale, ou, si l’on préfère un mot moins fort, lorsque l’animadversion chauvine déverse son fiel dans le cœur d’un peuple (comme elle le déversa jadis dans le cœur, par exemple, des Français et des Allemands), toutes les autres questions deviennent parfaitement secondaires. Posons celle qui est sans doute la plus importante : Faut-il en finir avec « l’Etat-nation » pour créer, au sein de l’Europe, un autre modèle d’organisation politique de nos peuples ? Sans doute. C’est même tout à fait légitime de le revendiquer ou, tout au moins, de poser la question. Or, toute revendication devient illégitime, toute question devient là-dessus nulle et non avenue dès lors que le mouvement premier qui porte un tel élan consiste dans la négation de l’Autre : dans la négation, en l’occurrence, d’un passé millénaire où la langue, les institutions, la culture, l’être même de la Catalogne ont été indissociables – avec autant de particularités que l’on voudra – de la langue, des institutions, de la culture, de l’être même de l’Espagne.

    La vraie question de l’identité collective de nos peuples

    Il faut, certes, poser et défendre, face à l’individualisme qui nous accable, la question de l’identité collective de nos peuples. C’est là, il faut bien le reconnaître (*), le grand (et seul) mérite des mouvements nationalistes catalan et basque (tout le problème est qu’ils prétendent que leur identité est une, alors qu’elle est double !). Le phénomène est d’autant plus paradoxal que, face à ce grand élan identitaire, il s’étale, dans le reste de l’Espagne, une sorte de néant d’identité où l’individualisme le plus forcené, ayant écarté toute mémoire, tout enracinement, toute tradition, a gagné la partie.

    Il faut poser, disais-je, la question de l’identité collective de nos peuples. Mais il est absurde (outre ce qui vient d’être dit) de poser une telle question dans les termes de ces nationalistes catalans (et basques) qui, tout en ayant constamment le mot « identité » à la bouche, s’empressent d’accueillir, les bras grands ouverts, les masses extra-européennes dont l’immigration de peuplement met en danger notre identité à nous tous, à commencer par la leur.

    Javier R. Portella http://www.polemia.com
    25/11/2012

    (*) Je l’ai explicitement reconnu et développé, par exemple, dans mon livre España no es una cáscara [L’Espagne n’est pas une coquille], Áltera, Barcelone, 2000.

  • Le tour de passe-passe de Jean-Luc Mélenchon

    Hier comme des centaines de milliers de Français, j’ai regardé Jean-Luc Mélenchon s’adonner à un exercice qu’il maîtrise bien : la tribune politique. Celui-ci fut interrogé par Natacha Polony sur deux questions clés de la démocratie et des solutions envisageables pour sortir de la Crise. 

    La première était celle de savoir si le clivage droite-gauche n’était pas en réalité dépassé par les vrais enjeux du monde moderne que sont la mondialisation, ou plus précisément les effets du mondialisme que la construction européenne exacerbe. À ce titre, Pierre Hillard décrit parfaitement les contours de ce bouleversement.

    Celui-ci a répondu par l’affirmative en reconnaissant la désuétude de cette opposition bipartite dont il a fait tout au long de sa carrière son cheval de bataille au nom de la Gauche. De Gaulle reconnaissait déjà en son temps que ce clivage n’existait plus et que « le drame de la France c’est que la droite n’est plus nationale et que la gauche n’est plus populaire ». Cette différenciation semble alors n'être qu'une bataille fallacieuse permettant à la caste politico-médiatique de mieux berner le peuple. 

    Ce nouveau positionnement de Jean-Luc Mélenchon, qui n’a cessé de combattre la Droite jusqu’à appeler ses électeurs à voter sans négociation pour François Hollande au deuxième tour des élections présidentielles– 38 minutes après la proclamation des résultats du premier tour – uniquement pour battre Nicolas Sarkozy, est une avancée considérable pour décrypter la scène politique.

    Puis, il a constaté dans son argumentation que François Hollande mène la même politique que Nicolas Sarkozy. Cet aveu d’échec s’illustre en grande partie par le vote du TSCG qui enferme la France dans l’austérité la plus inique alors que les effets de cette politique sont dévastateurs. Les exemples grec, portugais et espagnol en attestent largement. En somme, c’est une victoire à la Pyrrhus.

    Jean-Luc Mélenchon a ensuite reconnu que la monnaie commune était à la source de tous les maux de la France en termes de désindustrialisation par la concurrence déloyale que celle-ci entraîne notamment à l’égard des Etats-Unis. En ce sens, Monsieur Gallois, ancien co-président d’EADS reconnaissait que le problème central de compétitivité était l’euro lorsqu’il était à la tête de cette entreprise. Natacha Polony s’est alors empressée de lui demander pourquoi fallait-il rester dans l’euro car il serait impossible de se mettre d'accord avec les autres États

    Là où le tour de passe-passe est pour ainsi dire, fabuleusement mensonger, c’est lorsque Monsieur Mélenchon – nommé Merluchon par certains qui considèrent que son indignation est proche de celle d’une baudruche – a affirmé haut et fort que la France, étant la deuxième puissance économique européenne et la 5ème mondiale, peut changer l’Europe et imposer sa vision. 

    Quelle ineptie, quelle tromperie, quel affabulateur !

    En effet, toutes les personnes qui se sont intéressées au sujet savent que la France ne détient qu’un seul commissaire sur vingt-sept à la Commission européenne et seulement 10% des sièges au Parlement européen. Dans ces conditions, comment est-il possible de faire voter notre politique ? Disons la vérité : nous ne pouvons pas imposer notre modèle à l’Allemagne, à la Pologne, à la Roumanie et aux autres pays qui voient les choses autrement, ce serait alors de l’impérialisme que les Etats-Unis pratiquent sans vergogne. C’est donc la politique du moins-disant qui s’applique et la France se retrouve prise au piège du stratagème des chaînes (L’art de la Guerre, Sun Tzu) duquel l’Union européenne est une fascinante application.

    Enfin, Robert Mundell, prix Nobel d’économie, a parfaitement expliqué le fonctionnement d’une zone géographique regroupant plusieurs Etats et disposant d’une même monnaie au travers de la théorie des zones monétaires optimales. Pour résoudre les chocs asymétriques, issus des différences de politiques socio-économiques nationales, il faut en particulier que les travailleurs soient très mobiles, et que des transferts de fonds structurels considérables se réalisent. 

    Ainsi, est-il raisonnable de penser que pour faire fonctionner l’euro, les Grecs et les Portugais doivent émigrer massivement en Allemagne et en Roumanie ? A priori, cela est impossible. Faut-il avoir fait H.E.C et l’E.N.A pour comprendre que les Allemands et les Néerlandais ne veulent plus payer pour résorber le déficit grec, italien et espagnol ? Vraisemblablement, non. 

    Par voie de conséquence, la seule solution pour résoudre cette quadrature du cercle est donc bien de sortir de l’euro et au plus vite. En effet, Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie considère que « les pays qui sortiront les premiers de la zone euro s’en sortiront le mieux ». 

    Néanmoins, aucune procédure ne prévoit la sortie de l’euro et Jacques Attali précise à ce propos « On a soigneusement oublié d’écrire l’article qui permet de sortir »  alors que Yves Thibault de Silguy, ancien commissaire européen des affaires économiques et financières disait de l’euro que c’est « une autoroute sans sortie ». Alors nous devons sortir sereinement de l’Union européenne en application de l’article 50 du TUE comme l’explique François Asselineau. 

    In fine, l’on comprend mieux ici pourquoi Friedrich Nietzsche affirmait que « le diable est dans les détails ».

    Lien d’actualité : http://www.france2.fr/emissions/on-...
      Xavier MONIOT-LUNDY
      http://www.agoravox.fr

  • Et si Cameron avait raison ?

    Les qualificatifs fusent depuis 48 heures pour stigmatiser le déroulement du dernier Conseil européen de Bruxelles : "lamentable", "scandaleux", "marqué par les égoïsmes nationaux", etc. Bien entendu les méchants du film sont tout désignés : les Britanniques. Depuis le XIVe siècle, la recette fonctionne très bien. Et même pour les Français qui commencent à douter de Monsieur Normal, de Madame Twitter et de leur majordome, Hollande n'a peut-être pas tout à fait raison mais David Cameron, lui, a nécessairement tort.

    Les 22 et 23 novembre 2012 en effet les 27 chefs d'États et de gouvernements ne sont pas parvenus à s'accorder sur les perspectives budgétaires pour la période 2014-2020. Et pourtant, comme le lecteur peut le constater, par la simple considération des dates, si la Suisse appartenait à cet honorable assemblage on pourrait remarquer qu'il "n'y a pas le feu au lac".

    La machine eurocratique ne pourrait-elle donc pas s'interroger quelque temps ? sortir de ses certitudes collectives entre bureaucrates ? chercher à évaluer vraiment son fonctionnement institutionnel ? confronter ses résultats aux finalités dont elle se réclame ? L'échec de décembre 2012 renvoie actuellement à une réunion de janvier 2013 pour des décisions qui concernent l'année 2014 et les années suivantes. À titre de comparaison rappelons que les dépenses publiques françaises de l'année N, sont décidées, présentées aux commissions et aux assemblées entre septembre et décembre de l'année N-1. Elles portent pourtant sur une masse financière 7 fois plus élevée.

    Serons-nous donc éternellement contraints à l'alternative "ou bien vous adhérez à toutes les décisions prises, vous obéissez perinde ac cadaver à toutes les instances de la Synarchie" (1)⇓/ "ou bien vous êtes de mauvais Européens" ?

    Je crois au contraire, que la deuxième catégorie, celle des ennemis de l'Europe a pour principal pourvoyeur la cohue de ceux qui veulent nous enfermer dans ce dilemme.

    Sur quoi en l'occurrence portait ce débat, heureusement ajourné à une meilleure réflexion collective, et probablement à un compromis.

    Ce qu'on appelle improprement (2)⇓ le "budget" de l'Union européenne s'élève actuellement à une addition de dépenses de 140 milliards d'euros. La première affectation s'appelle politique agricole commune suivie des fonds de cohésion, et politique dite régionale. Autant de subventions.

    Quatre pays passent pour les bénéficiaires de ces crédits : la France en premier lieu, reçoit 10 milliards d'aides agricoles, mais elle contribue par ailleurs considérablement aux ressources de l'Union ; puis, si on prend en compte les différences nettes entre leurs contributions d'États et la somme des reversements encaissés, on trouve la Pologne, la Grèce et la Hongrie. Quatre pays pour lesquels, pour des raisons différentes, je ne puis personnellement éprouver que de la sympathie. Je considère par exemple que nous avons une dette particulière envers Varsovie, première victime de cette "Alliance Staline Hitler" qui fonctionna si bien entre 1939 et 1941. Quant à la Hongrie comment un garçon de ma génération pourrait-il oublier les événements de 1956 ? Comment pourrais-je effacer de ma mémoire la découverte de Budapest dix ans plus tard ?

    Aucun rapport ! direz-vous. Eh bien justement. On veut nous faire confondre les peuples et les États, les nations et les classes politiques.

    Première question : qu'ont donc apporté à la paysannerie française depuis 1962 et 1992 les si coûteuses politiques agricoles, auxquelles s'accroche Monsieur Hollande, comme ses prédecesseurs ?

    Ne disons pas "rien" : elles ont développé la misère rurale du pays dont l'agriculture et la terre étaient autrefois considérées comme les plus riches du continent. N'accusez pas "l"Europe" sans avoir au départ inculpé l'établissement corporatif hexagonal, sans avoir examiné les pertes et profits du Crédit Agricole, du Groupama-MSA et des représentants de la FNSEA, etc. C'est là qu'on retrouvera les inspirateurs d'une politique tendant à accroître la taille des exploitations sur la ruine des petits paysans, etc.

    Dès lors on nous apprend que le Premier ministre de Sa Gracieuse Majesté David Cameron, appuyé par quelques gouvernements gros contributeurs nets, comme celui des Pays-Bas, prétendent rogner ces folies – à noter que ces pays se sont tous engagés, pour eux-mêmes dans des programmes d'assainissement financier donc de rigueur pas toujours faciles à faire accepter aux opinions publiques elles-mêmes formatées par les "partis dépensiers" locaux.

    Excellente nouvelle que celle de leur démarche : à une époque où tout le monde se serre la ceinture, commençons par les subventionnaires et les subventionneurs. Envoyons une troïka de contribuables à la troïka des budgétivores.

    Ne craignons qu'une chose dans ce débat : que Londres et le gouvernement hollandais n'aillent pas assez loin et se contentent de coupes horizontales en pourcentage, qu'ils acceptent un compromis "réaliste", avec "un peu moins de subventions". Dans une de ses récentes chroniques, Éric Zemmour a montré que lui, et quelques autres, croient, redoutent ou espèrent que "l'Angleterre s'apprête à quitter l'Europe". (3)⇓ C'est mal connaître nos amis d'outre-Manche. Ils négocieront en vue d'un maintien à moindre coût, comme l'avait fait Margaret Thatcher avec bonheur en 1984. Il faudrait une catastrophe pour aller au-delà : qui peut le souhaiter ?

    Le redéploiement de ces sommes, carottes et navets, addition faussement appelée "budget", voilà la véritable urgence. Largement diminuées, elles pourraient, elles doivent être réinvesties dans les tâches régaliennes qui justifient l'intervention continentale, là où les États-Membres se savent chacun en position de faiblesse.

    Nous n'avons pas besoin des autres pays pour produire nos pommes de terre.

    Nous manquons en revanche cruellement de coopération militaire, diplomatique, culturelle, judiciaire, policière, etc.

    Voilà les tâches prioritaires de l'Europe.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    notes

    1. cf. à ce sujet le verbiage malheureusement prophétique du "Pacte synarchique" publié in extenso dans "Mondialisme Maçonnique" 
    2. cf. Libre entretien de Georges Lane du 23 novembre sur le site de Lumière 101
    3. sur RTL le 23 novembre il développe l'idée que "l'Angleterre veut quitter l'Europe".
  • Xerfi Canal Hervé Juvin Le protectionnisme, c'est aussi l'autonomie et la liberté

  • Protectionnisme pourquoi pas nous ?


    Protectionnisme pourquoi pas nous ? par casuspenardus