Ankara persiste dans sa demande d’adhésion à l’UE mais, simultanément, élève la voix contre Bruxelles et contre Chypre
La Turquie est prête à respecter n’importe quelle décision de l’UE quant à la demande d’adhésion turque, même un “non”, mais le processus des négociations doit être mené jusqu’au bout. Telle est la teneur de la requête formulée récemment à Berlin par le président turc Abdullah Gül, au cours d’une visite de quatre jours en Allemagne, pays où vivent 3,5 millions de personnes d’origine turque, et en présence de son homologue allemand, Christian Wulff. “Nous accepterons de ne pas être membres de l’UE si le peuple d’un seul pays de l’UE le refuse ou considère que la Turquie constituera un poids”, a souligné Gül lors d’une conférence de presse, en présence de Wulff; Gül se référait à l’éventualité d’organiser des référendums nationaux à propos de l’adhésion d’Ankara à l’Union. “Je pense que les débats récents sur l’adhésion ou la non adhésion de la Turquie ne sont pas nécessaires. Avant toute chose, la Turquie doit recevoir la possibilité de mener les négociations jusqu’au bout”, a poursuivi Gül. Ces paroles ont reçu l’accord du président allemand, qui semble avoir pris ses distances par rapport à la Chancelière Merkel, qui demeure ferme dans son opposition claire et nette à toute adhésion turque. Pendant le dîner officiel organisé en l’honneur de son hôte turc, Wulff a affirmé que les négociations en vue d’une adhésion à l’UE doivent être menées de manière plus correcte, plus ouvertes aux espérances turques. “L’UE, elle aussi, doit travailler de manière plus active, afin que le processus d’adhésion puisse progresser, et doit également garantir à ses interlocuteurs turcs une attitude réceptive jusqu’au moment où la Turquie, finalement, aura concrétisé toutes les conditions nécessaires pour entrer dans l’Union”, a souligné le chef de l’Etat allemand.
Madame Merkel, tout comme le chef de l’Elysée Nicolas Sarközy, propose un partenariat privilégié entre l’UE et la Turquie, soit un projet que Gül a défini “difficile à comprendre”, vu que l’Union douanière en vigueur consent déjà des rapports privilégiés. Ankara, en 2005, avait entamé les négociations en vue de l’adhésion après avoir reçu le feu vert unanime des partenaires de l’Union. Mais ces négociations se déroulent au ralenti: seuls treize chapitres sur vingt-cinq ont été abordés. Qui plus est, la Chancelière allemande a exprimé au Président turc ses préoccupations à propos des tensions croissantes entre Ankara et le gouvernement israélien, tiraillements qui ont miné les rapports entre les deux pays du Proche Orient.
Lors de l’entrevue qui eut lieu dans les bureaux de la Chancellerie, les deux parties ont réitéré leurs positions quant à l’entrée de la Turquie dans l’UE et abordé ensuite la question du printemps arabe. Gül a répété publiquement que la Turquie demeurait toujours candidate à devenir membre à part entière de l’UE. Officiellement, l’Allemagne est ouverte à cette éventualité mais le parti de la Chancelière, la CDU, entend offrir aux Turcs une forme différente d’association, c’est-à-dire un partenariat stratégique qui excluerait l’adhésion à plein titre à l’UE. Au cours de la même journée, les interlocuteurs ont abordé aussi les attaques proférées par le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu contre les pays européens, accusés par lui de donner asile aux séparatistes kurdes du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) qui, au départ de l’Europe, continuent à financer des activités terroristes, à procéder à du recrutement, à diffuser de la propagande et à se livrer au trafic d’armes. Cette attaque du chef de la diplomatie turque s’est effectuée à l’occasion d’une conférence sur la lutte internationale contre le terrorisme, qui s’est tenue à New York pendant la 66ème Assemblée générale des Nations-Unies. Davutoglu a expliqué qu’au cours de ces derniers mois, la Turquie a été confrontée à une recrudescence des attaques du PKK, une formation politique, a-t-il ajouté, “qu’Ankara continuera à combattre avec toutes les mesures qui s’avèreront nécessaires”, toutefois dans le respect des principes démocratiques.
Mais les tensions entre Ankara et Bruxelles ne se limitent pas à la question kurde. Il y a aussi les rebondissements dans la question cypriote: Nicosie entend aller de l’avant dans les travaux de prospection, lancés en vue de découvrir des gisements d’hydrocarbures dans la zone économique exclusive de la République de Chypre. Or cette zone d’exclusivité cypriote, les Turcs la réclament pour eux aussi. Un fonctionnaire responsable de l’énergie auprès du département du commerce à Nicosie a confirmé que la firme “Noble Energy”, basée à Houston, a commencé ses explorations en vue de trouver pétrole et gaz au large de la côte méridionale de Chypre. Entretemps, un communiqué, publié sur le site du ministère des affaires étrangères de Nicosie, a répété “que la République de Chypre maintient ses propres droits souverains sur la plateforme continentale en accord avec les lois internationales et aucun autre accord ou aucune décision de la part de la Turquie aura des conséquences sur l’exercice de ces droits”. Et le communiqué souligne: “L’annonce faite par la Turquie constitue un nouvel acte de provocation contraire aux lois internationales”. Ces termes condamnent expressis verbis la décision du gouvernement turc de faire surveiller par des navires de guerre et des avions militaires, prêts à intervenir, les opérations de forage et de sondage que Chypre vient d’entamer en mer. Ces moyens militaires devront en outre défendre le bon déroulement de travaux de même nature que la Turquie commencera très prochainement.
Les tensions actuelles éloignent encore davantage dans le temps le projet de réunifier l’île, divisé en un sud grec-cypriote et un nord colonisé par les Turcs. Ankara a en outre menacé de suspendre les relations avec l’Union Européenne si, l’an prochain, Bruxelles concède à Chypre la présidence des institutions européennes, à laquelle l’île a droit selon le principe de rotation en vigueur. Nous faisons donc face à une ligne politique, délibérément choisie par Ankara, qui contribue à éloigner toujours davantage la Turquie de l’UE. La Turquie a donc bel et bien opté pour une stratégie néo-ottomane visant le contrôle direct et absolu d’Ankara sur toute les zones voisines, au Proche Orient comme en Méditerranée orientale.
Andrea PERRONE;
( a.perrone@rinascita.eu ).
(article paru dans “Rinascita”, Rome, 21 septembre 2011; http://www.rinascita.eu ).
via Robert Steuckers
Europe et Union européenne - Page 1089
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Les anxiétés anti-européennes de la Turquie
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Et si nous, Européens de souche, nous nous faisions respecter ?
Le 15 octobre 2012, Houria Boutelja, porte parole du Parti des indigènes de la République, comparaîtra devant la cour d’appel de Toulouse, sur appel formulé par le Parquet et l’AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française), à la suite d’une relaxe qu’elle avait obtenue du tribunal correctionnel de la même ville. En effet l’AGRIF l’avait poursuivie pour « injure raciale » pour avoir employé, lors d’une émission de télévision, le terme « souchiens » pour désigner les Français de « souche ».
A l’heure où l’on parle beaucoup de « racisme anti-français », cette instance tombe à pic. On peut imaginer que Jean-François Copé et ses contradicteurs attendent avec intérêt la décision qui sera rendue par la cour d’appel. D’ici là, Michel Geoffroy, avec son style badin et incisif, incite les Européens de « souche » à reprendre la main et à se faire respecter.
PolémiaL’islam est une religion de paix et d’amour et les musulmans démontrent d’ailleurs chaque jour leur incontestable apport au progrès de la science, de la culture et des mœurs. Forts de cet heureux exemple, nous devons donc, nous Européens de souche, faire aussi respecter nos valeurs et notre identité dans l’espace public.
Lorsque des enseignants blasphèment la religion grecque, romaine, celte ou chrétienne, ou lorsqu’ils insultent la mémoire de nos ancêtres devant nos enfants, nous devons leur manifester fermement notre réprobation à la sortie de la classe. Nous devons aussi inciter nos enfants à contester en classe les affirmations de ces mauvais maîtres afin d’éclairer ces derniers sur leur attitude d’exclusion à notre égard. Nous devons faire en sorte que l’étude de textes ou d’auteurs qui donnent une image dégradante de notre identité, de notre culture et de notre histoire soit proscrite. Nous devons aussi agir auprès des éditeurs et producteurs pour que les ouvrages scolaires et, d’une façon générale, les œuvres destinées à la diffusion ne comportent pas de propos insultants ou des stéréotypes dévalorisants à l’encontre des Européens de souche.
Lorsque des hommes de culture, des médias ou des politiciens critiquent ou se moquent de nos valeurs, de notre religion, de notre clergé ou de notre histoire, nous devons leur manifester notre réprobation. Les films qui salissent notre religion ou la mémoire de nos pères, ainsi que ceux qui les produisent et les diffusent, doivent être boycottés. Nous devrons aussi veiller à ce que, dans les productions audiovisuelles, le rôle du méchant ne soit pas systématiquement tenu par des Européens de souche.
Nous devons exiger que les élus, les médias et les commerces saluent nos fêtes religieuses : par exemple, que la Ville de Paris organise une soirée musicale pour fêter la fin du carême. Nous souhaitons aussi que Noël soit dignement célébré comme une grande fête européenne et que des sapins décorent les lieux recevant du public et les écoles.
Nous souhaitons que les collectivités publiques financent nos associations culturelles et favorisent, par exemple par la cession gratuite de terrains à bâtir, la construction de nouvelles églises, de nouveaux monastères et presbytères. Nous souhaitons aussi qu’elles encouragent la formation de nos prêtres.
Nous souhaitons que nos lieux de culte et nos sépultures soient protégés de toute dégradation et fassent l’objet d’une protection adéquate. Nous ne souhaitons pas que ceux qui ne partagent pas notre foi puissent accéder à nos églises ou nos temples, a fortiori si leur tenue n’est pas décente ni conforme à nos usages.
Lorsque nos compatriotes français de souche sont victimes de violences ou d’accidents graves, nous souhaitons que les pouvoirs publics leur manifestent leur sollicitude et leur soutien : et que, par exemple, le président de la République se déplace pour les réconforter personnellement ainsi que leurs familles.
Nous voulons aussi que, lorsqu’un de nos compatriotes commet un délit, ce qui est bien sûr extrêmement rare, les pouvoirs publics veillent à ne faire aucun amalgame avec le reste des Européens de souche, qui sont foncièrement tolérants, ouverts aux autres, travailleurs, respectueux des lois et pacifiques. Nous devons aussi manifester notre soutien à ceux d’entre nous qui sont interpellés par les forces de l’ordre, afin de les aider psychologiquement et de prévenir toute injustice.
Nous voulons également que les forces de l’ordre ne contrôlent pas systématiquement les Français de souche, comme elles le font trop souvent. Nous souhaitons que les services de sécurité, publics ou privés, soient composés d’Européens de souche lorsqu’ils sont appelés à intervenir dans une zone où nous résidons ou que nous fréquentons. Nous souhaitons que ces interventions soient cependant les plus rares possibles.
Nous voulons que notre langue, qui est la manifestation de notre identité et dans laquelle les plus grands chefs-d’œuvre universels de notre culture ont été rédigés, soit enseignée et respectée : nous voulons qu’elle soit correctement enseignée dans nos écoles et que son mauvais usage, en particulier dans les médias, soit sanctionné. Nous souhaitons de même que l’enseignement des humanités soit rétabli.
Nous devons exiger que les principes de notre religion soient respectés dans la vie courante : nous voulons que les boucheries certifient que la viande qui nous est vendue n’a pas fait l’objet d’un abattage rituel et que les animaux n’ont pas souffert inutilement ; que les cantines servent régulièrement du porc ou du cheval et permettent de manger du poisson le vendredi ; ou que l’on serve aussi des repas avec du porc à bord des avions et des trains grandes lignes. Nous devons aussi bénéficier d’aménagements d’horaires en période de carême, ainsi que du report, durant cette période, des séances des tribunaux et des événements sportifs.
De même nous ne voulons pas d’une représentation dégradée de la personne humaine alors que Dieu a fait l’homme à son image, ni qu’une présentation impudique de la féminité nous soit imposée dans l’espace public au nom du prétendu art contemporain ou de la publicité.
Nous souhaitons pouvoir être accompagnés de nos femmes et de nos filles lorsque nous nous rendons dans un lieu public, un établissement sportif ou dans une piscine.
Nous revendiquons aussi le droit de porter en tout lieu notre tenue traditionnelle : que les hommes puissent porter veste et cravate et que les femmes puissent mettre des robes, des jupes ou des manteaux de fourrure, sans se faire insulter ou agresser.
Nous souhaitons aussi, afin de prévenir toute discrimination à notre encontre et de favoriser une heureuse diversité, que des quotas d’emplois soient réservés aux Européens de souche dans toutes les professions, en particulier dans les services à la personne. De même pour l’accès au logement social, aux classes préparatoires aux grandes écoles et aux bourses d’enseignement. Les grandes entreprises doivent financer aussi des fondations destinées à favoriser notre promotion sociale et notre formation.
Une législation adaptée doit censurer les propos et les comportements portant atteinte à notre image, à notre histoire, à nos valeurs, à notre religion et à notre identité. L’europhobie et la francophobie doivent être proscrites comme toute incitation à la haine et à la discrimination. Les campagnes de repentance portant uniquement sur des actes reprochés aux seuls Européens doivent aussi cesser pour cette raison. Au contraire, les hauts faits et les accomplissements de notre culture doivent être célébrés, comme est célébré l’apport des allogènes à l’identité européenne.
Si nous pratiquons de la sorte, et si bien sûr nous avons beaucoup d’enfants, non seulement nous assurerons la promotion de nos valeurs et de l’identité européenne dans la société, mais nous sommes sûrs de bénéficier également de la bienveillante attention des autorités !
Michel Geoffroy http://www.polemia.com
5/10/2012 -
FIN DE PARTIE POUR l’EURO... ou pour les Européens ?
L’Euro a été mis en place dans une zone qui n’a jamais été optimale. Les têtes plates qui ont justifié sa création mentaient. Il s’agissait d’utiliser la monnaie pour détruire les Etats et asservir les populations.Depuis qu’une nouvelle crise a démarré en 2008, les “piliers” de la monnaie unique européenne se sont effondrés les uns après les autres : interdiction de renflouer un pays ; indépendance de la Banque Centrale Européenne ; affirmation qu’il n’y aurait pas de restructuration des dettes publiques, ou pas de sorties de la zone. Maintenant, chacun voit que la finance pousse à accomplir l’union pour survivre. Elle affirme que le seul choix réside dans l’accomplissement d’une union budgétaire et politique et en conclue qu’il faut faire partager les dettes. Mais pourquoi leur obéir? Car la dette n’est qu’un des problèmes de l’Europe. Il faut aussi tenir compte du vieillissement des populations, de la financiarisation, des inégalités, de la compétitivité, etc….Le Groupe de FrancfortLorsqu’un dirigeant grec a proposé, en novembre 2011, un référendum sur le plan de “sauvetage” qui était imposé à son pays, la réaction des "élites européennes" a consisté à créer un nouveau cabinet: Le Groupe de Francfort, qui réunit des représentants de la France, de l’Allemagne, de la BCE, du FMI et de la Commission Européenne. Ce quintette a organisé les putsch en Italie et en Grèce, plaçant des petits fonctionnaires de l’imposture économique à la tête des Etats, afin que l’oligarchie continue à parasiter en toute quiétude. Car les politiques de création monétaire que la BCE a commencé, pour imiter la banque centrale américaine, vont déboucher sur l’inflation qui certes amortit les dettes mais détruira les retraites telles qu’elles existent ainsi que le niveau de vie des classes moyennes.
Le Groupe de Francfort Un but contre son camp?Les parlements, en Grèce comme ailleurs - Bundestag, Paris - votent tout ce que veut le pouvoir financier à condition d'échapper à de nouvelles élections et de profiter du système aussi longtemps que possible. Le parlement grec a donc fini par approuver le gouvernement qui va paralyser l'économie grecque. La Grèce ne peut vendre aux étrangers que du tourisme. Les Grecs ne peuvent importer que s'ils ont du crédit. S'ils n'en ont pas, ils ne peuvent plus rien importer et doivent produire eux-mêmes ce dont ils ont besoin. Mais pour cela aussi il faudrait du crédit afin de s'équiper en machines et de créer des entreprises. En conséquence, la misère va s'étendre, et cela est le sort de tous les pays européens si on ne change pas les gouvernants actuellement en possession d’Etat. Ce qui reste de richesse en Europe, va tomber entre les mains des nouveaux nababs issus du monde entier - Emirats arabes - Chine, etc. - avec la bénédiction des cuistres de l’Union Européenne.L'Euro se maintient parce que l'on couleAlors que l’Europe a besoin de croissance, les plans d’austérité la font plonger dans un marasme permanent. Le bon maintien de l’Euro est justement la preuve que la volonté de détruire l’Europe est à l’œuvre. Qui peut croire que les mesures d’austérité vont maintenir la puissance du continent? Comment penser sérieusement que la Grèce peut s’en sortir en mettant à contribution les banques privées qui abandonnent une partie de la valeur de leurs créances? La BCE, qui achète des titres sans valeur, copie désormais la Fed en créant de la monnaie. Et cela sans fin prévisible….Partout il faut s’attendre à une baisse du niveau de vie, afin de s’ajuster aux conditions internationales, dumping légal provenant des produits fabriqués dans des pays à bas salaire. Sans dévaluation de l’Euro, plusieurs pays, dont le Portugal et l’Espagne, n’ont pas d’avenir car leurs produits ne sont pas compétitifs. Seules les banques s’en sortent grâce aux prêts du FMI à l’Europe et grâce à la prise en charge par l’Europe des dettes de certains Etats.
Jacques SapirComme toujours, on ne s'en prend qu'aux dépenses de l'Etat et absolument rien n’est prévu pour faire redémarrer l'économie. Dans toute la zone Euro les gouvernements réduisent les dépenses publiques, rackettent fiscalement les classes moyennes en chute libre et les entreprises continuent de fermer car elles délocalisent leur production. On s’enfonce dans le néant, et les grands penseurs officiels ou officieux montrent leurs limites: tête vide de solutions alternatives mais poches pleines….ReconstruireToutes les élites non stipendiées convergent vers la même solution : sortir de l’Euro, créer une monnaie commune, modifier les règles financières pour que la collectivité émette sa monnaie, que certaines techniques spéculatives soient interdites et, surtout, que l’on sorte du piège tendu par le fameux triangle de Mundell. Puisqu’il est impossible de mener une politique monétaire indépendante lorsque les mouvements de capitaux sont libres et les taux de change fixes, c’est le mouvement inutile de capitaux inutiles qu’il importe d’encadrer. De feu Maurice Allais à Jacques Sapir, des économistes libéraux allemands aux Espagnols, tous ceux qui pensent en faveur du bien commun se rejoignent dans cette gamme de solutions. On a sous nos yeux la preuve la plus flagrante de la tyrannie de la supra société globalitaire : comme les vieilles badernes, ses membres sont incapables de changer; comme les primates, ils se tapent sur la poitrine pour enseigner leur vanité creuse ; comme les cagots, ils s’accrochent à leurs superstitions monstrueuses. Périsse le peuple plutôt que d’accepter d’écorner leur cagnotte. Tout ce spectacle de la médiocrité serait divertissant s’il ne débouchait sur la mort de toute l’Europe.On ne peut aider la Grèce ou quelqu’autre pays que ce soit, sans sortir de l’Euro. On peut aider les populations pour supporter la transition vers la sortie. Comme l’explique Jacques Sapir, il convient de mettre un point final à la crise actuelle en pratiquant ce que fait la Banque centrale américaine : acheter les obligations émises par les Etats. Cette politique, sur cinq ans, donnerait le temps nécessaire à la mise au point de la nouvelle solution: la monnaie commune. Cependant, il faut penser à remplacer le personnel, décidément trop répugnant, afin de donner une opportunité aux élites preoccupées par la construction d’une maison commune européenne.Auran Derien http://metamag.frPour aller plus loin:Jacques Sapir : Faut-il sortir de l’Euro? Le Seuil, 2011Jason Manolopoulos : La dette odieuse. Les leçons de la crise grecque. Ed. Les Echos/Pearson, 2011. -
La grande Albanie : un projet américain contre le monde orthodoxe ?
Mercredi dernier, le Premier ministre albanais Sali Berisha a prôné l’octroi de la nationalité albanaise à tous les albanais, ou qu’ils résident. Cette déclaration a été faite lors d’une visite de la ville de Vlora où l’indépendance de l’état Albanais a été prononcée, il y a juste 100 ans. A l’époque l’Albanie se libérait juste du joug Ottoman.
Cette déclaration fait suite a une autre déclaration, commune cette fois, que Sali Berisha avait fait avec son homologue Kosovar Hashim Thaçi il y a quelques semaines, promettant l'union de tous les Albanais. L’endroit était, il faut le dire bien choisi, puisque l’immense majorité des habitants du Kosovo y est aujourd’hui d’origine albanaise, ce qui n’a pas toujours été le cas.
Lors de la guerre des Balkans en 1913, les serbes constituent encore la majorité de la population. En 1941, le Kosovo est rattaché à la Grande Albanie (déjà) sous protectorat fasciste italien. Après la guerre, le maréchal Tito interdira l’immigration albanaise car la Yougoslavie ne pouvait selon lui être forte qu’avec une Serbie la plus faible possible. En 1974, c’est du reste lui qui attribue au Kosovo le statut de province autonome, statut qui sera supprimé par Slobodan Milosevic en 1989, alors que les Serbes ne représentent déjà plus que 15 % de la population.
Lorsqu’en 2008 le Kosovo se déclare indépendant, prés d’une décennie après l’intervention militaire occidentale, peu de commentateurs mettent le doigt sur l’Albanité dominante de ce nouveau petit état. L’heure est au contraire à la fête pour ce peuple soi disant oppressé et qui accède enfin à la liberté. Au sein de la plupart des pays Occidentaux et de l’Union Européenne, la reconnaissance est instantanée, sans que ne se pose la question du traitement de la minorité serbe et de l’avenir qui lui était réservé, malgré le terrible précédent de 2004, lorsque les chrétiens avaient été victimes de pogroms, les églises brulées, et les droits humains les plus élémentaires bafoués. Il est vrai que l’Europe, pardon l’UE, avait à cette époque d’autres priorités : l’organisation essentielle d’une gaypride a Belgrade.
Il aura donc fallu seulement quatre ans pour que la farce de l’indépendance du Kosovo apparaisse enfin publiquement. Seulement quatre ans pour que le Premier ministre albanais donne raison aux nationalistes serbes qui ont eux toujours affirmé affronter non pas les Kosovars (les habitants de la région du Kosovo étant des serbes) mais bel et bien des Shqiptars, dans un nouvel épisode du conflit ancestral qui oppose depuis prés de 6 siècles dans les Balkans les Slaves orthodoxes aux fils de convertis de l’empire Ottoman. Le soutien occidental à la création du Kosovo et l’acharnement contre la Serbie peuvent sembler complètements inexplicables. Pourtant de 1991 à 2008, une seule et même logique a animé les stratèges américains: la destruction de la Serbie, afin que celle-ci soit la plus faible possible a l’avenir, au moment historique inévitable ou elle allait de nouveau se tourner vers la Russie. Bien sûr, il fallait dans le même temps une Russie également affaiblie au maximum. Si de 1991 à 2000 une guerre militaire et médiatique a été menée contre la Serbie de Milosevic en vue de son anéantissement, dans le même temps, c’est une guerre économique et morale qui était menée contre la Russie d’Eltsine. La croisade contre le monde communiste s’est transformée en croisade contre le monde orthodoxe, et contre son centre névralgique et politique le plus souverain : la Russie. Le théoricien du containment russe en Eurasie, Zbigniew Brezinski, affirmait lui-même en 2007 que: « Le principal ennemi de l’Amérique était désormais l’église orthodoxe russe». La création de la grande Albanie peut sans doute être vue dans ce sens historique et géostratégique. Elle est une nouvelle allumette jetée, une allumette qui pourrait créer une étincelle et déclencher un nouvel incendie dans le brasier balkanique. Cet incendie aurait pour conséquence d’affaiblir un peu plus l’Europe, mais aussi de déstabiliser un peu plus le monde orthodoxe (Macédoine, Grèce, Monténégro, Serbie…) et de freiner son rapprochement avec la Russie. Par ricochet, c’est donc l’influence russe en Europe de l’Est qui serait remise en cause, et donc son rapprochement avec l’Europe de l’Ouest. Ce faisant, l’Amérique aurait atteint une nouvelle fois son objectif essentiel : éviter un rapprochement continental et européen entre les mondes catholiques et orthodoxes. -
Des millions d’Européens plongent dans la pauvreté
La classe moyenne a été durement touchée en 2012 par le chômage et l’austérité. La pauvreté concerne désormais des groupes sociaux préservés jusqu’ici.
Devant une banque, à Madrid : “Aidez-moi, j’ai faim”
Etranglés par le chômage et la rigueur, des millions d’Européens ont basculé cette année dans la pauvreté qui frappe les classes moyennes, ébranle la cohésion sociale et atteint des groupes jusque-là préservés comme les femmes et les enfants.
“Le trou noir est de plus en plus grand“, s’inquiète Mercedes Gonzalez, une Espagnole de 52 ans qui, avec moins de 800 euros par mois, se bat pour assurer le quotidien d’une famille au chômage à Fuenlabrada, en banlieue de Madrid.En juillet, elle touchait encore, comme son mari, une aide gouvernementale de 426 euros, aujourd’hui réduite à 360 euros. “Pendant ce temps, la nourriture et les factures augmentent avec la hausse de la TVA” depuis septembre, raconte-t-elle.
“Les choses vont de mal en pis, nous sommes asphyxiés” : la lassitude perce dans la voix de cette petite femme bourrée d’énergie, vendeuse au chômage dont le mari, charpentier, et deux des trois fils adultes sont eux aussi sans emploi.
Crise majeure en Espagne
L’Espagne, quatrième économie de la zone euro, affiche les ingrédients d’une crise sociale majeure : un quart des actifs au chômage, une politique d’austérité historique, des coupes implacables dans l’éducation et la santé, des milliers de familles surendettées jetées à la rue.
Dans ce pays, où deux petits propriétaires menacés d’expulsion se sont suicidés récemment, comme en Grèce ou en Italie, deux autres pays du sud de l’Europe minés par la récession, la crise parfois vire à la tragédie.
Fin mars, l’Italie toute entière s’était émue du geste désespéré de Giuseppe Campaniello, un maçon au chômage de Bologne, poursuivi pour ne pas avoir payé ses impôts, qui s’était immolé par le feu. “Giuseppe a été victime d’un système qui fonctionne contre les citoyens“, accuse sa veuve âgée de 48 ans, Tiziana Marrone.
“Giuseppe n’a reçu aucune aide. Il a senti qu’il était le dos au mur“, ajoute-t-elle, avec des mots très durs : “Ce n’est pas un suicide lié à la crise, c’est un crime cautionné par l’Etat“.
Impact dramatique en Grèce
Mais c’est sans doute la Grèce, avec son économie sous tutelle et un chômage record (26%), qui subit l’impact social le plus dramatique de la crise : 31% de ses habitants étaient en 2011 en danger de pauvreté ou d’exclusion, selon Eurostat, contre une moyenne européenne de 24,2%.
George Tsouvalakis, charpentier sans travail de 31 ans, et sa femme Lia, 30 ans, font partie de cette “génération perdue”. Avec leur petite fille de deux ans, ils cherchent à quitter le pays mais ne peuvent se payer un billet d’avion. Leurs revenus, plus de 2.500 euros avant la crise, ont fondu entre 0 et 400 euros par mois. “Nous n’avons pas les moyens de partir. Nous sommes prisonniers de nos maisons“, confie Lia.
Portugal durement touché lui aussi
Nilce Carvalho, une étudiante portugaise de 29 ans qui a terminé une maîtrise en Arts du spectacle dans la prestigieuse université de Coimbra, a imaginé un autre moyen de s’en sortir : lancer un appel sur Facebook pour effacer la dette qui l’empêche d’empocher son diplôme.
Car sous l’effet de l’austérité gouvernementale, sa bourse a été réduite de 400 à 98 euros et elle doit ainsi mille euros de frais de scolarité. “C’était très difficile. Ce n’est pas évident d’exposer comme ça ses difficultés“, raconte-t-elle.
Dans ces pays, les organisations humanitaires tournent à plein face à une pauvreté qui prend de nouveaux visages. “Ce sont des familles dont tous les membres en âge de travailler sont au chômage, des gens qui perdent leur logement parce qu’ils sont expulsés, qui ne sont pas habitués à recourir aux réseaux de protection sociale“, souligne Fernando Cuevas, porte-parole de la Croix-Rouge espagnole.
Inquiétudes pour les femmes et les enfants
Les ONG s’inquiètent particulièrement du sort des femmes et des enfants, jusque là préservés par des mécanismes de solidarité familiale qui vacillent. “Où est aujourd’hui la classe moyenne en Espagne ?“, s’interroge David Polo, qui s’occupe des sans-abri pour Caritas à Burgos, une ville du nord du pays. “Elle se fracture. Nous commençons à voir une polarisation de cette classe“.
L’Unicef a recensé 2.200.000 enfants vivant sous le seuil de pauvreté en Espagne. Au Portugal, le ministère de l’Education a révélé fin novembre qu’en moins de vingt jours, le nombre d’élèves souffrant de carence alimentaire était passé de 10.000 à près de 13.000.
Même les retraités, dont certains assument la charge de familles entières, ne sont plus épargnés : le gouvernement de droite espagnol vient d’annoncer que la revalorisation des pensions serait moindre que prévu en 2013, brisant le tabou d’une promesse électorale sur un sujet ultra-sensible.
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Brussels Business - Qui dirige vraiment l'Union Européenne
La Table ronde des Industriels européens (European Round Table, ERT) est un groupe de lobbying créé en 1983 par Étienne Davignon auprès de la Commission européenne, le Conseil des ministres ou encore le Parlement européen. Il rassemble les 45 plus grandes entreprises européennes, situées dans 18 pays de l’UE.
L’ERT s’est donnée pour objectif de « stimuler la compétitivité mondiale de l’industrie européenne », notamment en prônant la baisse du salaire minimum, la réduction des dépenses de sécurité sociale et la privatisation de services publics.
Brussels Business - Qui dirige vraiment l'Union... par non-merci -
Europe : la tentation fédéraliste
En dépit de l'échec du dernier sommet européen sur le budget, le mythe de la gouvernance européenne continue d'être présenté comme la panacée contre la crise. Et l'Allemagne, maîtresse du jeu, pousse au fédéralisme.
Recevant Jean-Marc Ayrault à Berlin, Angela Merkel s'est prononcée en faveur d'une « France forte ». Cette expression, plus sarkozyste qu'hollandienne, est loin de signifier, comme a voulu le croire son homologue, que le chancelier allemand donnait son satisfecit aux positions françaises sur l'Europe. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire ce que, au même moment, Volker Kauder, président du groupe parlementaire et proche d'Angela Merkel, confiait à l'hebdomadaire Der Spiegel sur notre pays : « Ce serait bien si les socialistes engageaient maintenant vraiment des réformes structurelles. Cela ferait du bien au pays et à l'Europe. »
Les Allemands ne feignent évidemment pas de croire que François Hollande ne fait rien. Non ! ils critiquent son action. Reprenant une idée gaullienne, Volker Kauder précise en effet que « l'Europe ne va pas avancer sans un axe franco-allemand qui fonctionne » ; ce qui signifie clairement pour lui « que le président François Hollande se rapproche du chancelier ». Pas l'inverse !
Et Angela Merkel l'a clairement signifié, qui n'a de cesse de critiquer les positions affichées par le président de la République, à commencer par sa volonté d'obtenir de Bruxelles une mutualisation de la dette au sein de l'Europe.
Cette idée, et sa détermination à maintenir, contre ses partenaires, le niveau actuel de la PAC, loin de le différencier des autres politiques européens, soulignent au contraire l'espèce de sauve-qui-peut généralisé qui prévaut aujourd'hui dans l'Union européenne : chacun essaye de sauvegarder pour lui ce qu'il dénonce chez le voisin comme un égoïsme national.
Berlin a une position sensiblement différente. Elle pointe le manque de compétitivité de certains pays, et l'excès de dettes publiques. Et, pour y remédier, invite ses partenaires à entreprendre les réformes nécessaires, en renforçant en outre l'intégration européenne. Car si tous appellent de leurs vœux une gouvernance économique européenne, l'Allemagne est sans doute un des rares pays encore en mesure de s'y atteler. D'où son leitmotiv sur la discipline budgétaire, que ses partenaires feignent de ne point entendre.
Parce que, ils le démontrent tous les jours, ils ne sont plus capables, pour la plupart, de contenir les effets catastrophiques de leur dette.
Parce que, en conséquence, et sans se l'avouer, ils comptent aussi sur Berlin pour compenser leur faiblesse.
Tutelle allemande
De ce fait, et paradoxalement puisque ce n'est pas le but recherché, la mutualisation des dettes chère à François Hollande renforcerait la mise sous tutelle allemande de l'Europe, et singulièrement de la France. Car son adoption serait le signe que l'Allemagne est reconnue comme le dernier garant de cette dette. Notamment parce que chacun de ses partenaires demande à Berlin ce qu'il est incapable de faire, ni d'accepter. Mais ce jour-là, rien ni personne ne pourrait plus empêcher l'Allemagne d'imposer cette discipline budgétaire tant redoutée... Ce qui confirmerait la critique renouvelée de certains eurosceptiques, qui considèrent que la monnaie unique, conçue comme un outil idéologique censé, à lui tout seul, construire l'Europe, n'a, de fait, profité qu'à la seule Allemagne.
Dès lors, Jean-Luc Mélenchon n'a pas tort d'évoquer une arrogance allemande. Mais celle-ci, aujourd'hui, n'est d'abord, pour les Allemands, qu'un moyen de se préserver, autant que faire se peut, de la contagion de la crise actuelle.
Une crise qui, quoi qu'en disent nos dirigeants, frappe particulièrement notre pays. Au point que divers média allemands n'ont pas hésité à qualifier la France de nouvel « homme malade de l'Europe ». Et que l'hebdomadaire britannique The Economist qualifiait la France, le 17 novembre dernier, de « bombe à retardement au cœur de l'Europe ».
Cette défiance universelle de tous envers chacun explique, partiellement, le raté du dernier sommet européen sur le budget, qui, après avoir commencé avec plusieurs heures de retard, s'est soldé, au bout de deux petites heures, par un constat d'échec - constat, malgré de nouvelles discussions, réitéré dès le lendemain.
En cause, bien sûr, certaines « lignes rouges » nationales ; mais aussi l'horizon 2020 jusqu' auquel doit tenir le prochain budget, et qui, à l'heure de la crise, paraît bien lointain. Tout le monde admet qu'il faut faire des économies... mais, évidemment, dans la poche du voisin.
Ce n'est d'ailleurs pas l'Allemande Angela Merkel qui a cristallisé le refus européen d'un accord, fût-il un compromis, mais le Britannique David Cameron, qui a défendu bec et ongles son rabais, faisant résonner, à plus de trente ans de distance, la formule thatchérienne : « I want my money back ! »(1)
Herman Van Rompuy y aura pourtant mis toute sa force, manifestement insuffisante, de persuasion. Il ne suffit pas que le « dogme » impose l'Europe aux européens des pays qui la composent, pour que nos dirigeants, d'où qu'ils viennent, oublient qu'ils ne sauraient aller indéfiniment à rebours de leurs opinions publiques. Surtout pour défendre une Europe qui n'est, selon l'expression de François Hollande, qu'un compromis. Tu parles d'un idéal ! Un compromis qui fait d'ailleurs fi, aujourd'hui, des particularismes mis en place par chacun depuis la fin de la guerre. En bref, on en est arrivé au point où les nationalismes n'entrent plus dans le cadre européen...
Prix Nobel de la paix, l'Europe paraît aujourd'hui incapable de la faire chez elle.
On a donc suspendu la discussion, pour la remettre au mois de janvier prochain. Rompuy espère que les « replis nationaux » feront alors place à un esprit européen. Et peut-être même à l'Europe fédérale, que l'Allemagne appelle de ses vœux.
Il faudra, pour y parvenir, supprimer les derniers pans de souveraineté qui restent en chaque État-membre. Et dans l'esprit de leurs habitants.
Olivier Figueras monde & vie 4 décembre 2012
1. Rendez-moi mon argent ! -
Lobbying intensif pro gaz de schiste en France et en Europe
C’est la crise, c’est l’austérité, la rigueur, le « coût du travail » devient LA préoccupation, et voilà qu’on commence à nous sensibiliser aux bienfaits du gaz de schiste. Qui permettrait aux Etats Unis de devenir bientôt exportateur de pétrole. Autant dire que ce sera le Pérou. Faisons le point sur le sujet, sans idéologie, alors que le lobbying auprès des institutions européennes et même françaises n’a jamais été aussi important.
D’abord, on nous dit qu’aux Etats Unis le gaz de schiste fait des merveilles. Le magazine Challenges titre par exemple « Le gaz de schiste, sauveur des Etats Unis ». Alors qu’Obama parlait d’énergies vertes il y a quatre ans, voilà que le pays a décidé de laisser faire la « puissance industrielle ».
Le gaz de schiste, on le sait, se trouve en profondeur, et pour le faire sortir on envoie de l’eau à très haute pression dans le sol, accompagnée d’un cocktail de produits chimiques. On le récupère sous forme de gaz, ou de pétrole mais dans une moindre mesure. Alors évidemment, les très puissantes compagnies gazières et pétrolières sont au taquet pour récupérer le marché.
En quatre ans, les USA sont passés de 5 à 6,2 millions de barils de pétrole produits chaque jour. Les USA sont donc indépendants au niveau de leur fourniture de gaz et l’Agence internationale de l’énergie révèle dans une étude récente que les Etats Unis seront « le plus gros producteur de pétrole en 2017 et exportateur net de brut autour de 2030 ». Et 600.000 nouveaux emplois sont attendus dans le secteur du gaz de schiste et du pétrole d’ici 2020. Et le cabinet PricewaterhouseCoopers surenchérit : ce sont même un millions d’emplois qui seront crées d’ici 2025.
Challenges explique « Selon l’institut IHS Global Insight, l’accès à un gaz bon marché produit localement pourrait accroître la production industrielle de 2,9% en 2017 et de 4,7% d’ici à 2035. Cette année-là, la contribution du gaz non conventionnel au PIB devrait atteindre pas moins de 332 milliards de dollars. »Autrement dit, l’ensemble du monde économique applaudit cette invention. On parle de « renaissance industrielle ». Mais à quel prix ? .
On nous vante les mérites du gaz de schiste car il diminue les gaz à effets de serre, et en plus ça ferait baisser les prix de l’énergie en général (nucléaire, pétrole, gaz, charbon…). Et surtout parce qu’il promet une belle rentabilité dans les 10 ou 15 ans à venir.
Mais déjà, on s’aperçoit que le gaz de schiste créé des gaz à effets de serrecar du méthane ou du benzène s’échappent lors du forage des puits.
Du gaz s’échappe aussi lors du transport, dans des gazoducs parfois centenaires, et chaque année des explosions surviennent pour cette raison. Ainsi, « Au total, en intégrant toutes ces phases, résume le biogéochimiste Robert Howarth, on estime qu'entre 3,6 et 7,9 % du gaz extrait sur toute la durée de production des sites de gaz de schiste s'échappent. Les recherches menées depuis un an confirment cet ordre de grandeur." Les promoteurs du gaz de schiste avancent qu'en se substituant au charbon dans les centrales électriques, il permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une assertion fausse, selon le chercheur, si l'on prend en compte tous les éléments de la chaîne », explique Le Monde.
D’après Environmental Health Perspectives du mois de juillet, plus de 20 000 puits devraient être creusés chaque année aux USA d'ici à 2035, ainsi que 10 000 puits pour le pétrole de schiste.
Quant à la consommation d’eau, elle va exploser également et son prix avec. Et il faut de l’eau potable pour envoyer dans le sol avec tous ces produits chimiques ! Dans le Nord Dakota, la dernière source d’eau potable dans toute une zone est justement la seule dans laquelle pompent les industries du gaz de schiste, si bien que les paysans n’ont plus d’eau. Dans cet Etat, il faudra bientôt 23 millions de gallons (87 millions de litres) d’eau potable par jour pour exploiter les puits. Et tout vient par camion….
L’option de recycler l’eau semble assez lointaine car cela augmenterait le coût d’extraction de 75%, nous dit une entreprise du secteur. Et recycler quoi ? Plusieurs centaines de produits chimiques sont injectés dans le sol avec l’eau et le sable, et on ne sait même pas lesquels : la composition de la mixture est couverte par la loi US sur les brevets.
Aux Etats Unis, plus de 1.000 cas de contamination de l’eau aux abords de sites de forage ont été dénoncés auprès des tribunaux[1]. Des familles doivent être approvisionnées en eau potable car celle du robinet n’est plus propre à la consommation. Ces transports d’eau ont coûté 10 millions de dollars à la Pennsylvanie en 2010.
Il y a en fait tellement de méthane dans l’eau de certaines zones que l’eau en devient même explosive, comme le montre le film Gasland. Mais, on y trouve aussi du baryum (14 fois la dose normale), du benzène (373 fois la dose standard) et tout un tas d’autres produits, selon une étude de 2010 du Center for Healthy Environments and Communities (CHEC) de l’université de Pittsburgh. En décembre 2007, une maison de Cleveland dans l’Ohio a carrément explosé à cause des infiltrations de méthane..
GASLANDEn outre, on ne sait pas jusqu’à quand l’exploitation du gaz de schiste sera rentable. Une fois que le territoire aura été bien saccagé, il est probable que les industries s’en aillent, laissant des nappes phréatiques polluées et un pays qui ressemble à un véritable gruyère.
Aux Etats Unis où on nous dit que le gaz de schiste, c’est génial, certains Etats comme le Michigan demandent un moratoire sur leur exploitation.
Lobbying
L’Agence Internationale de l’Energie vient de publier un rapport extrêmement favorable à l’exploitation du gaz de schiste, montrant en exemple les Etats-Unis, qui « deviendront le 1er producteur de pétrole de la planète vers 2017, et même exportateur net de brut autour de 2030, selon la grande étude prospective annuelle de l'Agence mondiale de l'Energie », nous dit L’Express-l’Expansion. L’AIE ajoute qu’on peut exploiter le gaz de schiste « proprement », ce qui est réellement une blague.
Loin de toute préoccupation environnementale, l’AIE explique que « Les développements dans l'énergie aux Etats-Unis sont profonds et leurs effets vont se faire ressentir bien au-delà de l'Amérique du Nord et du secteur ». Plantée, l’Arabie Saoudite, aux USA le retour de la puissance : en 2017 les USA seront les premiers producteurs de pétrole, devant l’Arabie Saoudite, et en 2025 ils seront « numéro un mondial incontesté de la production gazière mondiale », devant la Russie. A lire de telles envolée lyriques, on se croirait presque dans une foire, avec un type en train de nous dire que son produit lave plus blanc.
Les industriels estiment qu’en Europe, c’est en France et en Pologne qu’on a le plus de gaz de schiste. Et en Europe, il n’y a aucune législation cohérente pour encadrer les forages.
Les technocrates de Bruxelles sont évidemment dans les petits papiers des lobbies gaziers et pétroliers. ExxonMobil, Halliburton, Statoil, Shell, PGNiG, Total, OMV et toute la clique sont sur le pont. Cela a l’air de marcher puisqu’on prend le chemin d’une législation extrêmement laxiste. L’industrie chimique est également dans la course, rêvant déjà à l’explosion de ses ventes.
Selon les industriels, la « viabilité économique » du gaz de schiste est conditionnée à une réglementation minimaliste.
Mais pourquoi se gêner ? Les peuples européens, qui reviennent sur un siècle d’acquis sociaux, en sont à demander eux-mêmes toujours plus d’austérité, alors qu’on sait parfaitement que c’est contre productif et sans limites.
Bref, bien que plusieurs rapports européens soulignent les risques environnementaux de l’exploitation des gaz de schiste, les lobbies continuent à travailler. Et c’est ainsi qu’au printemps 2012, deux projets de textes ont été déposés par les commissions de l’Environnement et de l’Industrie du parlement européen. Et les deux étaient favorables à l’industrie, précise le Corporate Europe Observatory (CEO). Le vote est prévu fon novembre.
Et puis, l’industrie a des relais chez les parlementaires via d’anciens députés européens ou attachés de cabinet de députées européens. Des cabinets de lobbying comme Burson-Marsteller (qui représente par exemple Shell), FTI Consulting (représentant Halliburton) ou Fleishman-Hillard (qui bosse notamment pour ExxonMobil ou pour l’American Petroleum Institute) organisent avec leur centaine de lobbyistes des événements, par exemple Lors d’une rencontre avec la DG Environnement, un représentant de Shell affirmait que « Les gaz de schistes représentent un secteur marginal pour les (grandes) firmes et des coûts trop élevés chasseraient ces entreprises des gaz de schistes dans l’UE », selon le CEO.
En Autriche, la firme locale OMV[2] qui avait des projets de forage a tout cessé après que le pays ait imposé des études environnementales préalables.
La firme US Talisman Energy, spécialisée dans le forage des gaz de schistes, ainsi que Marathon Oil, qui travaille sur la mise en valeur des gaz de schistes aux Etats-Unis, font appel à Hill+Knowlton Strategies pour communiquer avec la Commission.
Hill+Knowlton soutient aussi l’America’s Natural Gas Alliance (ANGA), qui est l’association professionnelle du gaz aux Etats-Unis et cherche à rendre le gaz de schiste écologique aux yeux du public et des institutions.
Le CEO écrit que « Des documents obtenus par le biais de la loi sur la liberté de l’information montrent que des représentants des Directions Energie, Environnement et Climat rencontrent tous de nombreux lobbyistes de l’industrie, à propos de la mise en valeur des gaz de schiste en Europe. Entre janvier et août 2012, treize réunions formelles avec pour thème les gaz de schistes ont eu lieu entre la Commission et des représentants d’ExxonMobil, Talisman Energy, Shell, Statoil, Halliburton, Chevron et GDF Suez ».
L’ANGA promet ainsi des millions d’emplois aux Etats Unis avec le développement du gaz de schiste et estimait qu’en 2008, 2,8 millions d’emplois avaient été créés par le secteur du gaz de schiste. Mais combien ont été détruits dans le même temps, l’histoire ne le dit pas. En tout cas, le chômage ne baisse pas aux Etats Unis.
Les lobbyistes ont même inventé la « gaz week », avec une soirée au Ralph’s Bar, place du Luxembourg à Bruxelles. Organisée fin avril 2012, sur quatre jours, cette « semaine du gaz » était le prétexte à quelques causeries entre lobbyistes du gaz et représentants européens.
La veille du vote du rapport portant sur les gaz de schistes au Comité Environnement du Parlement, le rapporteur, le député Boguslaw Sonik et son compatriote Bogdan Marcinkiewicz (députés du Parti populaire européen) donnaient un banquet débat sur les gaz de schistes, co-organisé avec Lewiathan, la Confédération polonaise des employeurs privés. Accessoirement, Marcinkiewicz est aussi président du conseil d’administration de deux compagnies de gaz (CETUS Energyka et LNG-SILESIA).
Nos députés européens peuvent aussi adhérer au Forum Européen de l’Energie, destiné à organiser des événements avec les acteurs du secteur de l’énergie, y compris, donc, les parlementaires. Parmi les membres, on retrouve sans surprise e-on, EDF, Shell, Siemens, Statoil, Enel, Areva, Chevron, ENI, ERDF, Exxon, Lujoil, OMV, GDF Suez ou encore Total. On a aussi, parmi les parlementaires en question, on a Corinne Lepage, vice présidente de la Commission Environnement et de la Santé publique, mais aussi tout un tas d’autres parlementaires membres de diverses commissions.
Et chez nous ?
En France, où nous disposerions de « 5 100 milliards de mètres cubes exploitables sur son territoire, selon l’organisation américaine Energy Information Administration », flamby vient de dire qu’il « prendrait ses responsabilités » si on trouve une technique « propre » pour extraire les gaz de schiste, ce qui a fortement rassuré nos industriels. Mais en parallèle, il promeut le nucléaire et le gaz de schiste en Pologne », nous dit Le Figaro. Probablement parce que nos multinationales ont à y gagner et que faire des tests sur le forage « propre » là-bas c’est moins grave puisque la Pologne, c’est loin…
De fait, l’heure est aujourd’hui à nous démontrer que l’extraction de ces gaz de schiste ne va pas ravager notre territoire qui est aussi, n’en déplaise à certains une zone touristique et agricole.
On va nous sortir des études bidons soi-disant indépendantes, comme ce fut le cas aux Etats Unis, pour nous dire que le gaz de schiste, ça va être super. Comme pour les OGM, les pesticides, les antennes téléphoniques, les vaccins etc.
Et pour faire passer cela dans la presse, rien de tel qu’un petit voyage tous frais payés pour deux ou trois « journalistes » du Monde : Total a payé un voyage de presse aux Etats-Unis à des journalistes français, y compris trois journalistes du Monde. Cet investissement a été rentabilisé, puisque les journaux ont appelé à repenser l’interdiction de la fracturation hydraulique. Le fait que Jean-Michel Bezat n’ait pas mentionné que le voyage de ce reportage avait été payé par Total provoqua quelques débats au sein de la rédaction.En réalité, « Pour effectuer une fracturation hydraulique, chaque puits nécessite 20 millions de litres d’eau mélangés à du sable et à un cocktail d’environ 500 produits chimiques », nous dit-on sur un blog de Rue 89, « On peut admirer au Texas des files de camion de plus de trois kilomètres de long qui attendent consciencieusement d’injecter leurs marchandises dans le sous-sol. Le processus de fracturation en lui-même dure environ cinq jours, et le puits doit être alimenté toutes les douze minutes par un nouveau camion. Au final, 80% de l’eau injectée – soit seize millions de litres de cette mixture, stagnent dans le sol, et personne n’est en capacité aujourd’hui d’indiquer le devenir de cette « potion magique ».
Bientôt, ce seront pas moins de 450 000 puits qui seront forés dans le sol des Etats-Unis. Pour évaluer le désastre, le calcul est simple : environ 7 200 milliards de litres d’eaux polluées, soit l’équivalent de 2,4 millions de piscines olympiques stagneront dans le sous-sol américain. Et puis le mieux de toute manière est d’attendre, au cas où effectivement on trouverait une méthode d’extraction non polluante, les prix du gaz continueront à augmenter ».
Et mystérieusement, alors que tout le monde fait ses petites études pour nous vanter les bienfaits du gaz de schiste, personne ne sait aujourd’hui dire de combien le prix de l’eau va augmenter avec ce nouveau délire.
La biodiversité aussi serait touchée par cette industrie. Les auteurs d’un rapport de l’Europe sur les risques de cette exploitation évoquent la dégradation ou la disparition totale du milieu naturel autour des puits, en raison de prélèvements excessifs d’eau et aussi de la pollution importante autour de ces sites. Un autre rapport explique que le risque de contamination des eaux souterraines est «élevé», à cause des accidents et des défauts des structures des puits. Le rapport évoque aussi la possibilité de fractures naturelles dans le sous-sol qui favorisent le contact entre les zones fracturées par l'industrie et les nappes d'eau potable. Mais dans ce rapport également, les risques sont sous évalués.
La question est très simple : comme il n’y a pas d’autre méthode d’extraction, on doit simplement se demander si c’est bien ce que l’on veut chez nous ?
C’est ce que semblent dire des gens tels que Rocard ou Louis Gallois qui décidément feraient mieux d’aller se reposer.
En France un permis d’exploration permet à une entreprise d’accéder à la ressource découverte, c’est-à-dire de l’exploiter. Du coup, quand un permis d’exploration est refusé par l’Etat, les firmes introduisent des recours en Justice. Et apparemment, les industriels n’annoncent même pas la couleur lorsqu’ils demandent un permis d’exploration d’hydrocarbures dans une zone précise : l’Etat en a annulé sept en septembre parce qu’il estimait qu’en réalité, il s’agissait d’explorations visant à exploiter du gaz de schiste.
Mais, de nombreuses demandes de permis sont en cours d’étude dans nos administrations, et des permis d’exploration ont déjà été attribués dans plus de la moitié des départements de France,d’après une carte interactive du ministère de l’Environnement.
Libération nous apprend aussi que « la contre-offensive progaz de schiste est même devenue un cas d’école, puisque des étudiants en master d’intelligence économique ont planché sur une campagne, fictivement commanditée par Total, visant à démonter les arguments des anti. Leur document conseille de viser «politiques, médias, scientifiques et populations», de créer une commission «scientifique indépendante», d’inviter les médias sur place, voire de recruter un ambassadeur qui soit à la fois «scientifique et populaire», avant de suggérer le nom de l’ex-animateur de télé Jérôme Bonaldi. Total dément catégoriquement - et pour la seconde fois en un an - avoir commandé une telle étude, laquelle circule en boucle sur le Net ».
En mai 2012, le groupement des entreprises et professionnels de la filière des hydrocarbures (GEP-AFTP), a annoncé le lancement d'un comité de réflexion sur l'extraction du gaz de schiste constitué de professionnels (géologies, ingénieurs etc.). Et qui « a pour objectif d'apporter des réponses factuelles, techniques et dépassionnées aux principales questions soulevées par l'exploitation de cette source d'énergie non conventionnelle». Autant dire qu’il s’agira de propagande pure et dure…
Bref, la bataille fait rage et les industries mettent le paquet, de manière coordonnée et aussi individuellement, pour faire plier les récalcitrants tout en imposant des réglementations favorables au niveau européen.
On va nous inonder d’études bidons, d’interviews d’experts à la solde des industries, pendant que les lobbyistes inviteront nos élus à des repas dans des restos gastronomiques. Au final, comme à chaque fois, l’intérêt des citoyens va être sacrifié pour des intérêts particuliers, pour un bénéfice privé à court terme.
http://dondevamos.canalblog.com/
[1] En 2010, une famille a ainsi touché 4,1 millions de dollars de la part de la firme Cabot Oil and Gas Corp, qui préfère un arrangement plutôt qu’un procès et une jurisprudence retsrictive.
[2] Leader en Europe centrale dons le gaz et le pétrole, qui travaille beaucoup avec le russe Gazprom.
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Bruxelles : 45 millions d’euros à l’Algérie
L’UE soutient la transition démocratique. La Commission européenne a débloqué jeudi quelque 45 millions d’euros dans le cadre de programmes de coopération destinés à favoriser la bonne gouvernance et la diversification de l’économie algérienne.
Le commissaire européen chargé du dossier, Stefan Füle, a assuré vouloir “soutenir l’approfondissement du processus de réformes en Algérie, notamment l’élargissement des libertés fondamentales“, promettant de faire profiter le pays de son expérience en matière de “transition vers une démocratie solide, une économie durable qui profite à tous“.
Un premier programme, doté d’un budget de 15 millions d’euros, interviendra “en faveur de la diversification de l’économie algérienne et appuiera le développement durable du secteur de la pêche et de l’aquaculture“, a précisé l’exécutif européen dans un communiqué.
Le deuxième programme, doté d’un budget de 30 millions d’euros, “soutiendra la pleine mise en oeuvre de l’Accord d’association et visera à renforcer la bonne gouvernance au sein de l’administration publique“, a précisé la Commission. L’UE, qui s’est engagée à la faveur du Printemps arabe à soutenir la transition démocratique dans les pays de la région, est liée depuis 2005 à l’Algérie par un accord d’association.
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Une grande transformation par Georges FELTIN-TRACOL (arch 2011)
En 2009, le journaliste Christopher Caldwell faisait paraître Reflections on the revolution in Europe, clin d’œil appuyé à l’ouvrage contre-révolutionnaire du Whig Edmund Burke publié en 1790. Les Éditions du Toucan viennent de sortir sa traduction française sous le titre d’Une révolution sous nos yeux. Alors que les maisons d’éditions institutionnelles se gardent bien maintenant de traduire le moindre ouvrage qui irait à l’encontre de la pesante pensée dominante, saluons cette initiative qui permet au public francophone de découvrir un point de vue divergent bien éloigné de l’agencement ouaté des studios de radio et des plateaux de télévision.
Éditorialiste au Financial Times (le journal officiel de la City) et rédacteur au Weekly Standard et au New York Times Magazine, Christopher Caldwell relève du courant néo-conservateur anglo-saxon. Il en remercie même William Kristol, qui en est l’une des têtes pensantes. L’édition française est préfacée par la démographe Michèle Tribalat qui, avec son compère Pierre-André Taguieff, semble ébaucher une sensibilité néo-conservatrice dans l’Hexagone plus charpentée que les guignols de la triste revue Le meilleur des mondes.
On pourrait supposer qu’Une révolution sous nos yeux est un lourd pensum ennuyeux à lire composé de douze chapitres réunis en trois parties respectivement intitulées « Immigration », « L’islam » et « L’Occident ». Nullement ! Comme la plupart des enquêtes journalistiques anglo-saxonnes, les faits précis et détaillés sont étayés et argumentés. Il faut avouer que le sujet abordé est risqué, surtout en France…
« Ce livre, avertit l’auteur, évitera l’alarmisme et la provocation vaine, mais il évitera aussi l’euphémisme et cette façon de se coucher (à titre préventif) qui caractérise tant d’écrits sur les questions relatives à l’ethnicité (p. 53). » Qu’aborde-t-il donc ? « Ce livre, répond Caldwell, traite de l’Europe, de comment et pourquoi l’immigration et les sociétés multi-ethniques qui en résultent marquent une rupture dans son histoire. Il est écrit avec un œil rivé sur les difficultés que l’immigration pose à la société européenne (p. 52). »
Partant des déclarations prophétiques en avril 1968 du député conservateur Enoch Powell au Midland Hotel de Birmingham consacrées aux tensions raciales à venir, l’auteur estime que « l’immigration n’améliore pas, ne valorise pas la culture européenne; elle la supplante. L’Europe ne fait pas bon accueil à ses tout nouveaux habitants, elle leur cède la place (p. 47) ». Pourquoi ?
Les racines du mal
Avant de répondre, Christopher Caldwell rappelle que « l’immigration de masse a débuté dans la décennie postérieure à la Seconde Guerre mondiale. […] En Grande-Bretagne, en France, aux Pays-Bas et en Scandinavie, l’industrie et le gouvernement ont mis en place des politiques de recrutement de main-d’œuvre étrangère pour leurs économies en plein boom (p. 25) ». Par conséquent, « l’Europe devint une destination d’immigration, suite à un consensus de ses élites politiques et commerciales (p. 25) ». Il insiste sur le jeu du patronat qui préfère employer une main-d’œuvre étrangère plutôt que locale afin de faire baisser les salaires… Il y a longtemps que l’immigration constitue l’arme favorite du capital (1). Or « les effets sociaux, spirituels et politiques de l’immigration sont considérables et durables, alors que ses effets économiques sont faibles et transitoires (pp. 69 – 70) ».
Il importe d’abandonner l’image du pauvre hère qui délaisse les siens pour survivre chez les nantis du Nord… « Pour Enoch Powell comme pour Jean Raspail, l’immigration de masse vers l’Europe n’était pas l’affaire d’individus “ à la recherche d’une vie meilleure ”, selon la formule consacrée. C’était l’affaire de masses organisées exigeant une vie meilleure, désir gros de conséquences politiques radicalement différentes (p. 31, souligné par l’auteur). » Dans cette « grande transformation » en cours, en raison du nombre élevé de pratiquants parmi les nouveaux venus, l’islam devient une question européenne ou, plus exactement, le redevient comme au temps du péril ottoman et des actes de piraterie maritime en Méditerranée jusqu’en 1830… Dorénavant, « l’immigration jou[e] un rôle aussi perturbateur que le nationalisme (p. 402) ».
Très informé de l’actualité des deux côtes de l’Atlantique, Christopher Caldwell n’hésite pas à comparer la situation de l’Europe occidentale à celle des États-Unis. Ainsi, les remarques politiques ne manquent pas. L’auteur estime par exemple que, pour gagner les électeurs, Nicolas Sarközy s’inspire nettement des méthodes de Richard Nixon en 1968 et en 1972.
À la différence de Qui sommes-nous ? de Samuel P. Huntington qui s’inquiétait de l’émergence d’une éventuelle Mexamérique, Caldwell pense que les Latinos, souvent catholiques et occidentalisés, peuvent renforcer et améliorer le modèle social étatsunien. L’auteur remarque même, assez justement, que « les Américains croient que l’Amérique, c’est la culture européenne plus l’entropie (p. 447) ». En revanche, l’Europe est confrontée à une immigration pour l’essentiel musulmane. L’Europe ne serait-elle pas dans le même état si l’immigration extra-européenne était principalement non-musulmane ? L’auteur n’y répond pas, mais gageons que les effets seraient semblables. Le problème majeur de l’Europe n’est pas son islamisation qui n’est qu’une conséquence, mais l’immigration de masse. Il serait temps que les Européens comprennent qu’ils deviennent la colonie de leurs anciennes colonies…
L’injonction morale multiculturaliste
Si cette prise de conscience tarde, c’est parce que « le multiculturalisme, qui demeure le principal outil de gestion de l’immigration de masse en Europe, impose le sacrifice des libertés que les autochtones européens tenaient naguère pour acquises (p. 38) ». L’imposture multiculturaliste (ou multiculturelle) – qui est en fait un monothéisme du marché et de la consommation – forme le soubassement fondamental de l’Union européenne et des « pays occidentaux [qui] sont censés être des démocraties (p. 435) ». Néanmoins, sans la moindre consultation électorale, sans aucun débat public véritable, « sans que personne ne l’ait vraiment décidé, l’Europe occidentale s’est changée en société multi-ethnique (p. 25) ».
À la suite d’Alexandre Zinoviev, d’Éric Werner et d’autres dissidents de l’Ouest, Christopher Caldwell observe la démocratie régresser en Occident avec l’adoption fulgurante de lois liberticides contre les hétérodoxies contemporaines. En effet, « l’Europe de l’après-guerre s’est bâtie sur l’intolérance de l’intolérance – un état d’esprit vanté pour son anti-racisme et son antifascisme, ou brocardé par son aspect politiquement correct (p. 128) ». Après la lutte contre l’antisémitisme, l’idéologie multiculturaliste de la tolérance obligatoire s’élargit aux autres minorités raciales et sexuelles et renforce la répression. Il devient désormais tout aussi grave, voire plus, de dénigrer un Noir, un musulman, un homo ou de nier des faits historiques récents que de violer une fillette ou d’assassiner un retraité ! « Peu à peu, les autochtones européens sont […] devenus moins francs ou plus craintifs dans l’expression publique de leur opposition à l’immigration (p. 38). » Rôdent autour d’eux de véritables hyènes, les ligues de petite vertu subventionnées grassement par le racket organisé sur les contribuables. Et garde aux « contrevenants » ! Dernièrement, une Londonienne, Emma West, excédée par l’immigration et qui l’exprima haut et fort dans un compartiment de transport public, a été arrêtée, accusée de trouble à l’ordre public et mise en détention préventive. « Le journal Metro puis un journaliste de la chaîne américaine C.N.N. ont lancé un appel à la délation sur Twitter (2) ». La police des transports a même appelé à la délation sur Internet pour connaître l’identité de cette terrible « délinquante » ! Sans cesse soumis à une propagande « anti-raciste » incessante, « les Européens ont commencé à se sentir méprisables, petits, vilains et asexués (p. 151) ». Citant Jules Monnerot et Renaud Camus, Caldwell voit à son tour l’antiracisme comme « le communisme du XXIe siècle » et considère que « le multiculturalisme est presque devenu une xénophobie envers soi-même (p. 154) », de l’ethno-masochisme ! Regrettons cependant que l’auteur juge le Front national de Jean-Marie Le Pen comme un parti « fasciste », doctrine disparue depuis 1945…
La mésaventure d’Emma West n’est pas surprenante, car « l’État-nation multiculturel est caractérisé par un monopole sur l’ordre moral (p. 413) ». Les racines de ce nouveau moralisme, de ce néo-puritanisme abject, proviennent du traumatisme de la dernière guerre mondiale et de l’antienne du « Plus jamais ça ! ». « Ces dernières années, l’Holocauste a été la pierre angulaire de l’ordre moral européen (p. 356) ». Il était alors inévitable que « le repentir post-Holocauste devient le modèle de régulation des affaires de toute minorité pouvant exiger de façon plausible d’un grave motif de contrariété (p. 357) ». Être victime est tendance, sauf quand celle-ci est blanche.
Dans cette perspective utopique d’harmonie interraciale, il paraît certain qu’aux yeux des tenants du politiquement correct et du multiculturalisme, « l’Islam serait tout simplement la dernière catégorie, après le sexe, les préférences sexuelles, l’âge et ainsi de suite, venue s’ajouter au langage très convenu qu’ont inventé les Américains pour évoquer leur problème racial au temps du mouvement des droits civiques (pp. 234 – 235) ». Pour Christopher Caldwell, c’est une grossière erreur, lui qui définit l’islam comme une « hyper-identité ».
Le défi musulman
Le choc entre l’islam et l’Occident est indéniable : le premier joue de son dynamisme démographique, de son nombre et de sa vigueur spirituel alors que le second se complaît dans la marchandise la plus indécente et la théocratie absconse des droits de l’homme, de la femme, du travelo et de l’inter… Les frictions sont inévitables entre la conception traditionnelle phallocratique musulmane et l’égalitarisme occidental moderne. Allemands et Scandinaves sont horrifiés par les « crimes d’honneur » contre des filles turques et kurdes « dévergondées » par le Système occidental. Les pratiques coutumières de l’excision, du mariage arrangé et de la polygamie choquent les belles âmes occidentales qui exigent leur interdiction pénale. Mais le musulman immigré n’est-il pas lui même outré par l’exposition de la nudité féminine sur les panneaux publicitaires ou de l’homoconjugalité (terme plus souhaitable que « mariage homosexuel ») ?
Caldwell rappelle que le Néerlandais Pim Fortuyn combattait l’islam au nom des valeurs multiculturalistes parce qu’il trouvait la religion de Mahomet trop monoculturelle et donc totalitaire. Des mouvements populistes européens (English Defence League, Vlaams Belang, Parti du Peuple danois, Parti de la Liberté de Geert Wilders, etc.) commettent l’erreur stratégique majeur de se rallier au désordre multiculturel ambiant et d’adopter un discours conservateur moderne (défense de l’égalité homme – femme, des gays, etc.) afin d’être bien vus de la mafia médiatique. Par cet alignement à la doxa dominante, ils deviennent les supplétifs d’un système pourri qui reste l’ennemi prioritaire à abattre.
Pour l’auteur d’Une révolution sous nos yeux, l’islam est dorénavant la première religion pratiquée en Europe qui connaît l’immense désaffection des églises. L’homme étant aussi un être en quête de sacré, il est logique que la foi mahométane remplit un vide résultant de décennies de politique laïciste démente. Et ce ne seront pas les tentatives désespérées de Benoît XVI pour réévangéliser le Vieux Continent qui éviteront cette incrustation exogène parce que Caldwell démontre – sans le vouloir – le caractère profondément moderniste du titulaire putatif du siège romain : l’ancien cardinal Ratzinger est depuis longtemps un rallié à la Modernité !
Dans ce paysage européen de l’Ouest en jachère spirituelle, « les musulmans se distinguent par leur refus de se soumettre à ce désarmement spirituel. Ils se détachent comme la seule source de résistance au multiculturalisme dans la sphère publique. Si l’ordre multiculturel devait s’écrouler, l’Islam serait le seul système de valeur à patienter en coulisse (p. 423) ». Doit-on par conséquent se résigner que notre avenir d’Européen soit de finir en dhimmi d’un quelconque califat universel ou bien en bouffeur de pop corn dans l’Amérique-monde ?
Puisque Caldwell souligne que « l’immigration, c’est l’américanisation (p. 446) », que « l’égalité des femmes constitu[e] un principe ferme et non négociable des sociétés européennes modernes (p. 317) » et que « vous pouvez être un Européen officiel (juridique) même si vous n’êtes pas un “ vrai ” Européen (culturel) (p. 408) », il est temps que, hors de l’impasse néo-conservatrice, le rebelle européen au Diktat multiculturel occidental promeuve une Alter-Europe fondée sur l’Orthodoxie traditionnelle ragaillardie, un archéo-catholicisme antétridentin redécouvert et des paganismes réactivés, une volonté de puissance restaurée et des identités fortes réenracinées. « L’adaptation des minorités non-européennes dépendra de la perception qu’auront de l’Europe les autochtones et les nouveaux arrivants – civilisation florissante ou civilisation décadente ? (p. 45) » Ni l’une ni l’autre; c’est la civilisation européenne qu’il faut dans l’urgence refonder !
Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com
Notes
1 : Pour preuve supplémentaire, lire la chronique délirante d’Ariel Wizman, « Pourquoi les immigrés sont les meilleurs alliés du libéralisme », dans L’Express, 7 décembre 2011.
2 : Louise Couvelaire, dans M (le magazine du Monde), 10 décembre 2011. Pour soutenir au moins moralement Emma West, on peut lui envoyer une carte postale à :
Mrs Emma West
co HMP Bronzfield
Woodthorpe Road
Ashford
Middlesex TW15 3J2
England• Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux. Comment l’islam va transformer la France et l’Europe, préface de Michèle Tribalat, Éditions du Toucan (25, rue du général Foy, F – 75008 Paris), coll. « Enquête & Histoire », 2011, 539 p., 23 €.