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Europe et Union européenne - Page 1087

  • Europe : La fabrique de pauvres

    11 millions en Allemagne, 9 millions en France : c’est le nombre de personnes, comprenant de nombreux enfants, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté dans ces deux pays, pourtant parmi les plus riches d’Europe.

     

    En Allemagne, des mères de famille jonglent entre des allocations chômage dérisoires et des “minijobs” à 400 euros. En Espagne, les services sociaux sont asphyxiés par la baisse des crédits et des familles endettées se retrouvent à la rue alors même que les banques ne parviennent plus à vendre les logements vacants qu’elles ont saisis.

    Cette misère n’est ni un choix ni une fatalité. Elle est le produit d’un changement de paradigme économique et politique ayant débouché sur un nouveau système.

    Autant de témoignages qui illustrent une pauvreté “héritée” dès l’enfance et le sentiment d’impuissance et de honte de ceux qui en sont victimes. Sociologues et politologues mettent en garde : dans des sociétés européennes “en situation d’urgence”, le démantèlement de l’État providence pourrait bien être une bombe à retardement.

    http://fortune.fdesouche.com

  • Repenser le patriotisme économique : Aux armes (économiques), citoyens ! (archive 2011)

    Aujourd'hui, la plupart des entreprises du CAC 40 sont des structures apatrides pour lesquelles la France n'est qu'un «site d'implantation » parmi d'autres, plus rarement un moyen de créer de la valeur ajoutée symbolique, en communiquant autour de la « french touch » ou du « luxe à la française ». Pour le reste, il n'y a plus, ou très peu, du point de vue industriel, de patriotisme économique. Mais est-ce là l'avenir ? Peut-être pas.
    Notre confrère L'Expansion vient de publier(1) un intéressant dossier consacré aux entreprises dites « les plus patriotes », agrémenté d'un palmarès. Qui trouve-ton au premier rang de ce prétendu « patriotisme économique » ? Bouygues, l'entreprise qui a largement accompagné l'immigration de peuplement en France et contribué ainsi à augmenter le chômage des Français de souche. Si patriotisme il y a donc, c'est que celui-ci ne se mesure plus qu'en impôts payés en France et en gains d'images apportés pour notre pays sur les marchés à l'export. Après tout, pourquoi pas ! Mais ne perdons pas de vue que le « patriotisme » de Bouygues n'est jamais qu'une conséquence subie de son activité, et non le moteur de celle-ci.
    Si l'on poursuit la lecture de ce dossier sur les « patriotes de l'économie », on y trouve des entreprises très variées : le groupe Ceci, qui va créer un millier d'emplois en Lorraine grâce à la construction de son Skylander, un bimoteur solide et bon marché; Eminence, qui va à nouveau produire des slips dans le Gard; les groupes Rossignol ou Le Coq sportif, qui commencent à relocaliser une partie de leur production en France ; Michelin, qui a recruté près d'un millier de travailleurs français en 2010, etc.
    Toutes ces entreprises n'ont pas grand-chose en commun, si ce n'est le fait d'être (re) devenues « patriotes ». Une raison et une seule à cela : c'était pour elles le meilleur choix économique. La question n'est donc pas de convaincre les entreprises de sacrifier leurs bénéfices sur l'autel de la patrie, mais de faire en sorte que leur implantation sur le sol national soit pour elles avantageuse.
    La multiplication des marques et labels de pays, comme la Marque Savoie, Produit en Bretagne, Fabriqué en Aveyron, les bières locales Lancelot ou Pietra, les Breizh Cola et Corsica Cola, les vêtements 64, les rates du Touquet et les bœufs dont l'origine est affichée chez le boucher, démontrent à l’envi que l'identité et la proximité peuvent être créatrices de valeur ajoutée et offrent la possibilité de rompre, partiellement du moins, avec la logique économique dominante. Et la ville de Strasbourg, en s'insurgeant contre la multiplication des produits « made in China » présents sur son célèbre marché de Noël, pourrait bien avoir donné des idées à d'autres...
    Pour autant, quelques entrepreneurs innovants et courageux ne font pas le printemps du patriotisme économique, car chaque matin qui passe, le réveil dans le grand marché mondial est de plus en plus brutal. La mondialisation des flux (économiques, financiers et humains) que nous avons largement contribué à mettre en place est en train de bénéficier... aux autres ! En Asie du Sud-Est, on rigole bien. Là-bas, pas de place pour la sinistrose. Là-bas, on surfe sur les vagues de la finance dérégulée et du yuan sous-évalué. Et quand les Chinois rachètent les dettes souveraines de la Grèce ou du Portugal, c'est l'Empire du Milieu qui se venge du jour où les Européens décidèrent d'ouvrir de force leurs ports au commerce mondial. Juste retour des choses.
    Une entreprise doit-elle être patriotique ?
    Pour nos grandes entreprises, dont la vocation est clairement internationale, le jeu est désormais faussé. Rappelons à ce titre que l'Europe est aujourd'hui le seul espace économique au monde qui refuse de se protéger. Et quand nos ouvriers se retrouvent confrontés au prolétariat sous-payé d'Asie ou du Maghreb, que nos produits subissent la concurrence déloyale des prix de production à la baisse ou sont copiés au détriment des droits de la propriété intellectuelle, c'est que nous avons un véritable problème que les politiciens - et non les entreprises - refusent d'évoquer au nom du dogme libre-échangiste.
    C'est pourtant à un retour du politique dans les affaires économiques qu'il faut œuvrer de toute urgence. Lui seul peut redéfinir les règles et fixer le cadre indispensable à une saine concurrence. Après tout, des lois coercitives encadrent bien la consommation de tabac et la vitesse au volant, pourquoi ne pas en faire usage pour juguler la puissance de la finance et la mondialisation sans frein des échanges marchands. C'est pourquoi la capitulation de nos élites politico-financières, face à ces enjeux, devient de plus en plus insupportable. «Délocalisons Pascal Lamy», comme l'exhortait Maurice Allais, peu avant de mourir.
    Il a peut-être été entendu. Car les mentalités évoluent. Quelques verrous psychologiques n'ont-ils pas commencé à sauter ? Songez à Mélenchon ou à Montebourg qui semblent découvrir la Lune en nous parlant de relocalisations et de protectionnisme.
    Valoriser la valeur ajoutée identitaire
    Afin de réconcilier notre souveraineté et notre génie innovateur, nos dirigeants seraient d'ailleurs bien inspirés d'entendre notre seul prix Nobel d'économie et d'identifier les secteurs stratégiques pour notre pays dans les années à venir. Notre réseau de transport reste l'un des meilleurs au monde, même s'il est souvent paralysé par les grèves et plombé par la dette de la SNCF à l'égard de Réseau Ferré de France. De même, nous sommes l'un des seuls pays au monde à être totalement autonome électriquement, de la production à la distribution, et pourtant, afin de gagner des parts de marchés, nos présidents, VRP de choc, bradent notre technologie nucléaire au prix d'insupportables transferts de technologie.
    Pareillement, nous avons beau figurer parmi les grands de l'automobile, certains de nos « responsables » estiment qu'il serait plus raisonnable pour nous d'acheter des Citroën fabriquées à 100 % en Chine, tout en gardant les bénéfices des stratégies marketing et de la R & D, ce qui, évidemment, n'a aucun sens sur le long terme.
    Des optimistes voient dans nos laboratoires et centres de recherches la clef du futur et s'imaginent, dans un esprit typiquement prométhéen, que nous parviendrons toujours à garder une longueur d'avance en matière technologique.
    C'est oublier que la matière grise est partout. S'il est vrai que, cumulées, 95 % des inventions humaines ont été européennes, la donne a aujourd'hui changé (le département du seul coréen Samsung fait travailler près de 40000 chercheurs, largement plus que notre CNRS !), sans compter que ce qui est d'ores et déjà honteusement copié et volé le sera plus encore demain, faute de réelles protections.
    D'autres optimistes parient sur la création exponentielle de nouveaux besoins, comme les services à la personne, lesquels seraient notre planche de salut, constituant une réserve d'emplois non délocalisables. Peut-être ! Mais pour créer ces armées d'aides ménagères, nous importerons une fois de plus un lumpenprolétariat étranger. Par ailleurs, tôt ou tard, en économie comme ailleurs, il faut bien atterrir, c'est-à-dire parler de création et d'échange de richesses réelles.
    Non, ce qu'il faut, c'est redonner du pouvoir aux échelons où se prennent les décisions : le national pour ce qu'il en reste, mais aussi et surtout le régional et l'européen. Les régions disposent de moyens importants et d'une identité qui crée de fait une « préférence régionale » spontanée. L'Europe s'est dotée d'une monnaie qu'elle pourrait utiliser comme une arme (comme le font les Américains et les Chinois) et d'institutions qui pourraient sans peine être repensées sur de nouvelles bases, en attendant qu'un sentiment d'appartenance plus fort, porté par la conscience de « l'ennemi principal », permette l'émergence d'un véritable « patriotisme économique ». Mais en amont de tout cela, il y a nous, consommateurs, citoyens et électeurs. Il est temps de se réveiller !
    Romain Lecap LE CHOC DU MOIS février 2011
    1) L’Expansion, n° 757, novembre 2010.

  • Goldman Sachs finalise sa prise de contrôle économique sur l’Europe

    A la surprise générale, le chancelier de l’Échiquier britannique, Georges Osborne, a annoncé lundi 26 novembre la nomination de Mark Carney, 47 ans, actuel gouverneur de la Banque centrale du Canada, au poste de gouverneur de la Banque d’Angleterre. Le nouveau patron de la Bank of England (BoE) doit succéder à l’actuel gouverneur Mervyn King en juin 2013.

    Mark Carney a fait des études à Harvard et Oxford, puis travaille treize ans pour la compagnie Goldman Sachs International à Londres. Il s’impliquera notamment dans l’économie post-apartheid de l’Afrique du Sud ainsi que dans les opérations de Goldman Sachs liées à la crise financière russe de 1998 , en conseillant la Russie de parier contre la capacité du pays à rembourser sa dette.

    La nomination de Carney survient à peine six mois après sa participation à la conférence du Groupe Bilderberg de 2012 à Chantilly, en Virginie, une réunion annuelle de plus d’une centaine de personnes les plus puissantes de la planète, qui usent régulièrement de leur position afin d’imposer certains choix … ou nominer certains hommes.

    La présence de Carney à la réunion du Bilderberg de cette année lui a sans aucun doute permis de gagner les faveurs des membres du groupe pour le poste de gouverneur de la Banque d’Angleterre, tout comme pour d’autres sommités, comme Herman Van Rompuy, qui a été choisi comme président de l’Union européenne, quelques jours après avoir assisté à un dîner avec le Groupe Bilderberg.

    L’ascension de Mark Carney à la tête de la Banque d’Angleterre représente également la dernière pièce du puzzle pour le contrôle de Goldman Sachs sur pratiquement toutes les grandes économies à travers le continent européen.

    L’an dernier, c’est l’ancien commissaire européen Mario Monti qui avait été choisi pour remplacer Silvio Berlusconi, le premier ministre italien. Monti était connu pour être un conseiller international de Goldman Sachs, président européen de la Commission Trilatérale et également un membre éminent du Groupe Bilderberg.

    « Il s’agit des mêmes criminels qui nous ont mené vers cette catastrophe financière. C’est comme demander à des pyromanes d’éteindre le feu », a commenté Alessandro Sallusti, rédacteur d’Il Giornale.

    De même, lorsque le Premier ministre grec George Papandreou a osé suggérer la possibilité pour le peuple grec de s’exprimer lors d’un référendum, il fût remplacé quelques jours après par Lucas Papademos, ancien vice-président de la BCE. Il a notamment été gouverneur de la Banque de Grèce qu’il occupera jusqu’à ce qu’il prépare son pays au passage à l’euro en 2001. C’est sous son mandat qu’a commencé le trucage des comptes publics de la Grèce, au moyen d’instruments financiers proposés par la banque d’affaires Goldman Sachs, qui a conduit à la crise de la dette publique. Aujourd’hui, c’est lui-même qui est à la tête du gouvernement grec pour mettre en place une politique d’austérité supposée résoudre cette crise.

    Papademos et Monti ont été nommés en tant que dirigeants non élus pour la raison précise qu’ils « ne sont pas directement responsables aux yeux du public », souligne le Time Magazine, illustrant une fois de plus le caractère autoritaire et antidémocratique de l’Union Européenne dans son ensemble.

    Peu de temps après, Mario Draghi – ancien vice-président de Goldman Sachs International – a été nommé en tant que président de la Banque Centrale Européenne.

    Le géant bancaire international, connu pour sa corruption et ses délits d’initiés, a désormais une influence énorme sur presque toutes les grandes économies occidentales.

    Source : Le journal du Siècle  http://www.contre-info.com

  • « Qui va payer la crise ? » de François Lenglet

    « Qui va payer la crise ? » : le Nord ou le Sud, la finance ou les contribuables, les jeunes ou les rentiers ? Jacques Georges, consultant européen, présente pour Polémia le livre du journaliste François Lenglet.
    Polémia.

    Dans Qui va payer la crise ? le journaliste François Lenglet développe avec des mots simples des idées fortes, qui peuvent plaire ou ne pas plaire, qu’on peut à loisir étiqueter « de droite » ou « de gauche », mais qui en tout cas méritent réflexion.

    Un pamphlet terrible

    Le livre commence comme un pamphlet terrible et quasi populiste et se termine par un plaidoyer raisonnable et raisonné en faveur de l’Europe et de l’euro. En voici quelques étapes, avant de proposer quelques réflexions et commentaires :

    • L’euro s’étant révélé, du fait même de sa conception (le « thermostat unique ») comme « une gigantesque machine à accroître les divergences économiques », son sauvetage s’apparente de plus en plus à un désastre annoncé (« le Sud ne peut plus payer, et le Nord ne veut plus payer, voilà l’équation de l’automne 2012 ») ; les pays du Sud s’épuisant comme des hamsters dans leur cage sous le poids d’un euro devenu « le CFA de l’Europe du Sud », l’Europe s’achemine vers une sorte de Guerre de sécession.
    • Cette fracture en cache une autre plus fondamentale encore : celle qui oppose « la finance », toujours gagnante, au contribuable, toujours perdant : « Derrière le tabou de la dette se joue la lutte entre les détenteurs de capitaux et les contribuables ». Plus profondément encore, une autre fracture sépare les classes d’âge démographiques : les jeunes contre les vieux ; les baby-boomers, ex-révolutionnaires devenus libéraux à tout crin, ayant pris l’Europe et l’euro en otages (« l’euro, c’est le coup de force des vieux contre les jeunes »), et devenus rentiers, contre les jeunes, les forces vives et le reste de la société.
    • Le salut par l’Europe fédérale n’est qu’une fausse promesse qui reproduit à plus grande échelle le drame italien. Basée sur un malentendu fondamental (« Le fédéralisme selon Berlin, c’est la prise de contrôle sur le budget et la politique économique de ses partenaires. Selon Paris, Madrid, Rome et Athènes, c’est la prise en charge des dettes par l’Allemagne »), elle risque en fait d’aggraver le mal plutôt que de le réduire (« Il y a fort à parier qu’un fédéralisme européen déboucherait, lui aussi, sur une envolée de la dette européenne »). Elle prendrait à volonté diverses formes, notamment les euro-bonds, pur produit de la « révolte des cancres de l’Europe », ou le puits sans fond toujours menacé du FESF-MES, ou encore les illusions d’une union bancaire destinée moins à sauver l’Europe qu’à sauver la City et Wall Street… sans compter que l’Europe fédérale n’est plus dans le vent et n’a pas ou plus la faveur des opinions publiques.
    • Les « vendeurs de repas gratuits » constitués par les « sécessionnistes » pour qui la sortie de l’euro réglerait toutes les difficultés et nous mettrait à l’abri de la dictature des marchés ne sont, comme les fédéralistes, que des idéologues, raisonnent faux, font valoir des exemples (Danemark, Suède, Suisse) qui sont tout sauf convaincants, et ne sont en définitive que des marchands de sable.
    • Dernière illusion : le thème répandu dans le Sud et jusqu’en France de « l’Allemagne paiera ! » est stupide, dangereux et moralement scandaleux. Quelle que soit la forme d’une monétisation de la dette européenne (euro-bonds, licence bancaire donnée au MES, intervention illimitée de la BCE), cette manœuvre serait à terme nuisible à tous et notamment à la France, pousserait l’Allemagne et quelques pays bien gérés à quitter l’euro, conduirait à l’hyperinflation et s’analyserait in fine comme un nouveau coup de force de la finance contre les peuples, et des rentiers contre l’économie.
    • Les issues miraculeuses de type forte reprise américaine doublée d’un renchérissement du dollar ou forte baisse de l’euro ayant peu de chances de se réaliser, nous sommes donc apparemment confrontés à une impasse, avec une union monétaire « bâtiment en feu sans issue de secours ». Ce n’est pas tout à fait vrai. Reste donc à choisir sans passion et sans exclusive la solution, ou le combiné de solutions partielles, le plus efficace.
    • En pratique, les pays du Sud, et la France elle-même, vont devoir choisir entre l’euro et leurs créanciers. La préférence de l’auteur va fortement à la seconde solution : « Il nous faut à nouveau euthanasier les rentiers pour nous libérer du fardeau que constituent des dettes excessives ». La bataille de l’épargnant et du contribuable, qui est aussi celle des générations, est légitime. C’est en définitive une solution à l’islandaise qui est préconisée, celle d’un pays véritable « laboratoire de la répudiation de la dette ».
    • Enfin, avantages et inconvénients de chaque solution bien pesés, l’auteur plaide pour les pays du Sud, à l’exception toutefois de la Grèce, et plus encore pour la France, en faveur d’une solution de maintien dans l’euro. La monnaie unique présente de forts avantages : développement des échanges commerciaux intra-zone, solidarité financière et monétaire, poids mondial accru en matière monétaire, diplomatique ou militaire. Ce maintien se ferait sans concessions à la pente française de la fuite dans la dépense publique et la dette : « Ni l’Allemagne ni la France n’ont intérêt à la mutualisation de la dette. C’est une fausse solution, qui ne s’attaque qu’aux conséquences de la crise européenne et non pas à sa cause… En contrepartie, il faut convaincre l’Allemagne d’assouplir le rythme de l’assainissement budgétaire et d’alléger la facture de la dette en faisant payer les créanciers ».

    Une crise globale

    On peut discuter diagnostic, grille de lecture et esquisses de remèdes, mais on doit reconnaître à cette thèse sa solidité, son honnêteté, son pragmatisme et une dose raisonnable de neutralité idéologique et trans-partisane. Voici quelques réflexions et questions proposées à votre réflexion et à celles de l’auteur s’il vient à nous lire :

    • Ce qui est traité est essentiellement la crise européenne. Celle-ci est un gros morceau d’une crise plus vaste née de la confrontation doucereuse sur trente ans d’un Sud jeune, travailleur, spartiate et épargnant et d’un Nord vieillissant, riche, aux emplois de plus en plus précaires, consommant à crédit « avec la complicité d’une industrie financière devenue experte dans l’art de dissimuler les risques et de faire passer des vessies pour des lanternes »(Thierry Pech, Alternatives économiques). On aurait aimé de plus longs développements sur cette crise globale, même à plusieurs reprises il en est fait mention.
    • On peut être surpris du décalage entre prémisses tonitruantes, à forts accents populistes anti-finance, anti-vieux, et même anti-euro, et conclusions finalement très prudentes (sortie ordonnée de la seule Grèce de la zone euro, confirmation du tandem franco-allemand sur la base d’une ligne monétaire et budgétaire très orthodoxe). On y trouvera, selon son goût, un peu de démagogie ou de défoulement gratuits, un plaidoyer hypocrite pour le statu quo en faveur d’une Europe allemande, ou – et c’est mon interprétation – la coexistence dans le même homme de pulsions contradictoires, d’une saine vitalité, d’une sincérité, où la raison finit toujours par l’emporter.
    • La « finance », bête noire de l’auteur, est sa part d’idéologie, d’irrationnel, de passion. On y trouve mêlés financiers calculateurs et cyniques, banquiers peu sympathiques, mais aussi ceux pour qui ils roulent, au moins en partie : bobos honnis de la génération de 1968, mais aussi épargnants comme vous et moi, et même veuve de Carpentras. A cette étape du livre, on craint un instant de tomber dans une version atténuée de populisme, frère inversé du vieux poujadisme, mais on est ensuite rassuré. Reste qu’il y a un zeste de hargne pro-jeune, anti-banquier et anti-veuve de Carpentras là-dedans.
    • La rage anti-bancaire, anti-finance de nombreux économistes indépendants trouve sa source dans le sentiment, sans doute légitime, que le pouvoir politique, et donc le contribuable, s’est fait berner dès l’éclatement de la crise des subprimes, en 2007. Se fût-il opposé par principe au renflouement des banques, quitte à les nationaliser ou à les adosser provisoirement aux Etats le temps qu’elles apurent leurs comptes et se recapitalisent, l’évolution des déficits et des dettes publiques eût été très différente dans de nombreux pays, à commencer par l’Irlande. Ce hold-up initial est d’autant plus regrettable qu’il n’a même pas eu l’excuse de régler le problème, mais au contraire de l’aggraver.
    • L’interprétation de la crise comme la résultante d’un conflit de générations entre soixante-huitards, ex-braillards gauchistes devenus rentiers égoïstes forcenés, identifiés de façon paradoxale mais convaincante comme la « génération libérale », et le reste de la société (entrepreneurs et jeunes notamment) est séduisante et d’ailleurs pas nouvelle (c’est l’une des marottes de l’auteur du présent article depuis 1968 ou presque…).
    • Les remèdes ne sont qu’esquissés (pages 139 et 201-202), ce qui est inévitable compte tenu de la complexité du sujet et de la nature de l’ouvrage. Ils tournent tous autour de la notion de restructuration (version dure) ou de moratoire (version soft) de dettes : prolongation de toutes les échéances de trois ans pour les pays les plus endettés, avec suspension ou annulation des intérêts, rééchelonnement de la dette sur vingt ans, période de grâce, etc. Certaines conséquences sont citées, notamment le rétablissement du contrôle des capitaux et des changes aux frontières de l’Union, mais presque rien n’est dit sur les dépôts bancaires, l’assurance-vie et la veuve de Carpentras. Il est vrai que, sur de tels sujets, on tangente immédiatement l’incitation à la panique bancaire.
    • Le « laboratoire islandais » est présenté honnêtement, mais positivement au global. Questions : une Islande dans l’euro aurait-elle pris le même chemin ? Quelle est donc la valeur de cet exemple pour une France ou un pays du Sud restés dans l’euro ? Et, surtout, que se passerait-il si tout le monde ou juste quelques gros ou simplement moyens pratiquaient la même politique ?

    Une remarque pratique pour finir : s’agissant de la genèse de la crise, on aurait aimé en annexe un rappel chronologique détaillé qui aurait ajouté à la solidité de la démonstration. Avis à l’auteur pour une prochaine édition augmentée, forte probabilité vu que le sujet risque de rester actuel très longtemps !

    Enfin, ce livre est un plaidoyer raisonnable et sans illusion pour l’Europe et pour l’euro, expurgé de ses vices de construction les plus rédhibitoires. En tant qu’Européens de destin, dans la lignée des Drieu, des Jünger et des Denis de Rougemont, we can live with it.

    Jacques Georges  26/11/2012 http://www.polemia.com

    François Lenglet, Qui va payer la crise, Fayard, Collection Documents, septembre 2012, 216 pages.

  • Plus de 5.000 personnes dans les rues de Rome pour la marche de Casapound

    ROME (NOVOpress) – Ils étaient entre 5.000 (selon la police) et 10.000 (selon les organisateurs) à défiler samedi dans les rues de la capitale italienne à l’appel du mouvement politique et social Casapound Italia. C’est ainsi qu’un véritable fleuve de drapeaux tricolores et de bannières rouge et noir frappées de la tortue symbole de Casapound s’est répandu dans la ville éternelle pour dénoncer le gouvernement Monti et le pouvoir des marchés et de la finance internationale.

    Cette participation massive représente un indéniable succès pour le mouvement de la droite radicale, confronté depuis plusieurs semaines à une véritable harcèlement politico-médiatique visant à faire interdire sa manifestation nationale.

    Malgré les provocations des « antifascistes » et le changement de lieu de départ et de parcours imposé à la dernière minute par les autorités policières, Casapound Italie a pu faire entendre sa voix et réaliser une démonstration de force à l’entame de la campagne pour les élections régionales et municipales.

    C’est au milieu des fumigènes et des acclamations que Gianlucca Iannone a conclu cette grande journée de mobilisation contre l’usure et pour la défense de l’Etat social. « Contrairement aux gauchistes, nous n’avons pas besoin de brûler la voiture d’un père de famille, ni de briser la devanture d’un commerçant ou de détruire le scooter d’un étudiant pour faire la démonstration de notre opposition radicale au gouvernement des banques et de l’usure que dirige Mario Monti. Nous avons été les premières à dénoncer sa politique et nous sommes encore aujourd’hui dans la rue pour lui faire comprendre qu’il y a encore des Italiens qui ne résignent pas à la disparition de la souveraineté de leur pays. Mais nous sommes une force tranquille, nous ne sommes pas des provocateurs ni les idiots utiles du système qui jouent aux révolutionnaires, et c’est nous, par notre engagement quotidien, qui ferons plier la banque et les fossoyeurs de la patrie », a notamment déclaré le président de Casapound Italia.

    http://fr.novopress.info/

  • « L'Europe ne sera sauvée que par une remise en cause du dogme libre-échangiste »

    Jean-Luc Gréau n'est pas vraiment un agité altermondialiste. Cadre au CNPF, puis au MEDEF pendant trente-cinq ans, c'est un économiste iconoclaste qui nourrit sa réflexion aux meilleures sources : Smith, Schumpeter et Keynes. À la différence de bon nombre de ses pairs, il a vu venir la crise, comme il la voit aujourd'hui se poursuivre. Un économiste avisé. L'espèce est rare.

    Le Choc du mois : Quelles sont selon vous les nouveautés radicales qui caractérisent la globalisation économique mise en place dans les années 1980-1990, et dont vous dites qu'elles ont changé la nature même du libéralisme économique ?
    Jean-Luc   Gréau : Nous percevons maintenant avec netteté les deux orientations cruciales qui ont ouvert la voie à la transformation économique et financière de ces trente dernières années. Une première orientation est donnée par la subordination de l'entreprise aux volontés expresses de ces actionnaires puissants que sont les fonds de placement. La personne morale « entreprise » a été instrumentalisée et abaissée au rang de machine à faire du profit (money maker). Le phénomène est manifeste pour les sociétés cotées qui ne sont pas protégées par un capital familial ou par des actionnaires de référence, mais il affecte aussi beaucoup de sociétés non cotées, contrôlées par des fonds dits de « private equity » qui ont les mêmes exigences que les actionnaires boursiers.
    Une deuxième orientation est représentée par le libre-échange mondial qui concerne surtout l'Europe, espace le plus ouvert au monde, et à un moindre degré, les Etats-Unis. Cette ouverture des marchés des pays riches revêt une importance cruciale du fait que, contrairement au double postulat de suprématie technique et managériale des Occidentaux d'une part, et de spécialisation internationale du travail d'autre part, les pays émergents ont démontré leur capacité à rattraper nos économies et à s'emparer de parts de marché croissantes, y compris dans les secteurs à fort contenu technologique. Sait-on que les États-Unis subissent, depuis 2003, un déficit croissant de leurs échanges dans ces secteurs ?
    La grande transformation s'est produite quand ces deux orientations ont conjugué leurs effets pour entraîner les économies développées dans une spirale de déflation rampante des salaires qui a été longtemps masquée par l'endettement des particuliers. C'est cela que signifie au premier chef la crise des marchés du crédit déclenchée en 2007 : l'incapacité pour de nombreux ménages occidentaux de rembourser une dette disproportionnée.

    Estimez-vous que nous allons vers une sortie de crise comme le prétendent les chefs d’État du G20 ?
    Non, la crise du crédit privé n'est pas résorbée, en dépit de ce qu'affirme la communication tendancieuse de la corporation bancaire: elle couve discrètement dans les comptes de nombreux organismes. Aujourd'hui, nous devons faire face de surcroît à une montée des périls sur la dette publique de la plupart des pays occidentaux, pour ne pas dire tous. L'affaissement des recettes fiscales, le subventionne-ment des banques en faillite et les mesures de relance ont sapé les fondements de l'équilibre des comptes publics. Pour conjurer les nouveaux périls, il faudrait que se manifeste une providentielle reprise économique forte et durable redonnant aux Etats les moyens de faire face à leurs obligations financières. Mais les orientations qui ont conduit au séisme sont toujours à l'œuvre et l'on peut craindre au contraire leur renforcement.

    Comment interprétez-vous la crise suscitée par l'explosion de la dette publique grecque ?
    La faillite virtuelle de la Grèce, qui devrait précéder de peu celle d'autres pays européens, nous enseigne deux choses. La première est que le choix d'une monnaie unique impliquait le choix corrélatif d'une union douanière. Or, nous avons fait, immédiatement après Maastricht, le choix inverse de l'expérience, en forme d'aventure, du libre-échange mondial et de la localisation opportuniste d'activités et d'emplois dans les sites les moins chers. Ce choix a fragilisé par étapes les économies les moins compétitives, de la périphérie européenne, mais aussi des économies dignes de considération comme la française et l'italienne. Il a en outre conduit l'Allemagne, puissance centrale, à réduire ses coûts du travail, pour se maintenir à flot grâce à un courant d'exportation croissant, mais au prix d'une consommation chronique-ment en berne, qui pèse sur les exportations des partenaires européens vers le marché allemand. L'Europe, s'il n'est pas trop tard, ne sera sauvée que par une remise en cause du dogme libre-échangiste.
    La deuxième est probablement que la monnaie unique a joué, à l'inverse de ce qu'imaginaient ses concepteurs, un rôle d'inhibiteur des faiblesses et des déséquilibres. Avant la crise, tous les pays de la zone euro bénéficiaient de conditions d'emprunt favorables. Les écarts de taux entre l'Allemagne et les pays aujourd'hui directement menacés étaient tout à fait négligeables. C'était là la grande réussite apparente de l'euro. Mais ce faisant, et avec l'apport complémentaire des fonds dits de cohésion structurels, les pays membres de la zone euro n'ont, en dehors de l'Allemagne et des Pays-Bas, pas pensé leur modèle économique. Des déficits extérieurs structurels sont apparus partout où l'on n'avait pas les moyens de relever le double défi du libre-échange et de la monnaie forte. Ces déficits structurels n'ont aucune chance de se résorber, sauf dans deux hypothèses : la sortie de l'euro par les pays concernés ou l'entrée en violente dépression de la demande interne. On conviendra que chacune de ces hypothèses renferme la probabilité de la fin de l'Europe, telle que nous l'avons vu vivre depuis les commencements du projet.

    Le dollar pourra-t-il rester selon vous l'étalon monétaire universel dans les années qui viennent ?
    Il existe un malentendu ancien et majeur au sujet du rôle international du dollar. La devise américaine a cessé de constituer, une fois pour toutes, un étalon pour les autres monnaies, à partir de son flottement décidé au printemps 1973. Depuis lors, il fluctue, comme la plupart des autres monnaies importantes, en suivant de fortes variations dans le temps. Or, une monnaie étalon joue par définition le rôle d'un môle d'amarrage pour les autres monnaies. Au surplus, le rôle du dollar en tant que monnaie étalon ne figure plus dans aucun texte en vigueur. Il demeure prédominant en tant que moyen international de facturation et de règlement des transactions commerciales et financières. Cette prédominance découle de la puissance intrinsèque de l'économie américaine, mais aussi de la facilité d'acheter des biens internationaux comme les matières premières avec une seule monnaie. De surcroît, les partenaires asiatiques des États-Unis s'en sont toujours accommodés dans la mesure où ils étaient d'un côté importateurs de matières premières, et, d'un autre côté, exportateurs vers les États-Unis. L’entrée en scène de l'euro n'a pas modifié cet état de choses, sinon à la marge. Les Airbus sont toujours facturés en dollars, comme les Boeing.
    On peut penser cependant que la situation pourrait évoluer du fait du déclin relatif de l'emprise économique et financière des États-Unis. La puissance américaine a trouvé un interlocuteur en la personne de la nouvelle puissance chinoise. C'est entre ces deux pays qu'a commencé, semble-t-il, le régime de partage de la domination, ce qui crée une situation dangereuse pour les autres parties du commerce mondial, mais aussi à terme, pour les États-Unis eux-mêmes, qui ne peuvent escompter autre chose qu'une poursuite de leur déclin relatif. La Chine deviendra maîtresse du jeu, sauf si les Occidentaux font obstacle à son impérialisme économique ou si ce pays devait connaître à son tour une crise due à la surchauffe qui se manifeste depuis quelques mois.

    D'après vous, la crise économique que doit affronter le monde depuis trois ans a-t-elle ébranlé la solidité des dogmes libre-échangistes ?
    Hélas, à l'instant présent, les dogmes, les tabous et les interdits qui définissent l'expérience néo-libérale restent en place. On se réjouit officiellement de ce que le libre-échange ait survécu malgré la gravité de la crise dont il constitue pourtant une cause majeure. On exhorte maintenant les pays sinistrés ou en difficulté à de nouveaux sacrifices sans prendre en considération le risque de retour en force de la crise de la demande et de rechute consécutive de l'ensemble des marchés financiers. L'aveuglement persiste et s'aggrave, en dehors de petits cercles de personnes placées en prise directe avec les entreprises ou les territoires sinistrés. Une chape de plomb s'est à nouveau refermée sur les consciences sincèrement ouvertes au débat. Mais le déni de réalité ne pourra se prolonger longtemps. Patience !
    Propos recueillis par Pierre-Paul Bartoli LECHOCDUMOIS mai 2010
    À lire : Jean-Luc Gréau, La Trahison des économistes, « Le Débat », Gallimard, 250 p., 15,50 €

  • Mécanisme européen de stabilité : refuser l’abandon de souveraineté, par Raoul Marc Jennar

    « Avec le Mécanisme européen de stabilité et le Pacte budgétaire, les peuples qui ont déjà été dépossédés des choix en matière monétaire du fait de la manière dont est géré l’euro (en particulier, le statut et les missions de la Banque Centrale Européenne), seront désormais dépossédés de tout pouvoir en matière budgétaire. » Raoul Marc Jennar est membre du Conseil scientifique d’Attac.

    Le mardi 21 février, à la demande du gouvernement, l’Assemblée nationale examinera en procédure d’urgence deux projets de loi :

    a) le projet de loi ratifiant la décision du Conseil européen de modifier l’article 136 du TFUE [1]

    b) le projet de loi ratifiant le traité instituant le Mécanisme européen de stabilité (MES)

    Ce qui se prépare dans un silence scandaleux alors que ces projets devraient être au cœur des débats dans toute la presse, va au-delà de tout ce qu’on a connu jusqu’ici, au niveau européen, en matière d’abandon de souveraineté, de recul démocratique et d’opacité.

    Pour s’en rendre compte, il faut savoir ce qu’est le MES et de quelle procédure on use pour le faire adopter.

    Le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) : un FMI européen

    Le texte définitif du traité instituant le MES a été adopté par les représentants des Etats membres de la zone euro le 2 février 2012.

    Ce MES est destiné à prendre, à partir de juin 2013, la suite des instruments créés en 2010 pour faire face à la crise de la dette. Ce MES et le Pacte budgétaire (TSCG) sont complémentaires : à partir du 1 mars 2013, pour avoir accès aux aides du MES un Etat devra avoir accepté toutes les dispositions sur l’austérité budgétaire contenues dans le TSCG.

    Le MES, dont le siège est fixé à Luxembourg, est doté du statut d’une institution financière internationale bénéficiant des immunités dont jouissent les institutions internationales. Il n’a donc aucun compte à rendre ni au Parlement européen, ni aux parlements nationaux, ni aux citoyens des Etats membres et ne peut en aucun cas faire l’objet de poursuites. Par contre, doté de la personnalité juridique, le MES pourra ester en justice. Locaux et archives du MES sont inviolables. Il est exempté de toute obligation imposée par la législation d’un Etat Membre. Le MES, ses biens, fonds et avoirs jouissent de l’immunité de toute forme de procédure judiciaire.

    En cas de litige entre le MES et un Etat Membre, c’est la Cour de Justice de l’UE qui est compétente.

    Les membres du MES sont les Etats de la zone euro. L’institution est dirigée par un collège composé des ministres des finances des Etats membres appelés pour la circonstance « gouverneurs ». Ces gouverneurs désignent un conseil d’administration. Un Directeur général est nommé. Le Conseil des gouverneurs est compétent pour toutes les décisions relatives à l’intervention du MES. Le Conseil d’administration est compétent pour la gestion de l’institution. Le secret professionnel est imposé à toute personne travaillant ou ayant travaillé pour le MES. Toutes les personnes exerçant une activité au sein du MES bénéficient de l’inviolabilité de leurs papiers et documents officiels et ne peuvent faire l’objet de poursuites en raison des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions.

    Le but du MES est de « mobiliser des ressources financières et de fournir, sous une stricte conditionnalité, » un soutien à la stabilité d’un de ses Etats membres qui connaît des graves difficultés financières susceptibles de menacer la stabilité financière de la zone euro. A cette fin, il est autorisé à lever des fonds. Son capital est fixé à 700 Milliards d’euros. La contribution de chaque Etat a été déterminée de la manière suivante :

    (JPG)

    Les Etats Membres, par ce traité, s’engagent « de manière irrévocable et inconditionnelle » à fournir leur contribution au capital du MES. Ils s’engagent à verser les fonds demandés par le MES dans les 7 jours suivant la réception de la demande.

    Le MES peut décider de revoir les contributions de chaque Etat membre. Cette décision s’imposera automatiquement.

    Lorsqu’un Etat Membre sollicite une demande de soutien à la stabilité, c’est la Commission européenne en liaison avec la Banque Centrale Européenne (BCE) qui est chargée d’évaluer le risque pour la stabilité de la zone euro, d’évaluer, en collaboration avec le FMI, la soutenabilité de l’endettement public du pays demandeur et d’évaluer les besoins réels de financement de ce dernier.

    Lorsque le MES décide d’octroyer un soutien à la stabilité, c’est la Commission européenne, en liaison avec la BCE et le FMI, qui négocie avec l’Etat demandeur les conditions dont est assorti ce soutien. Cette négociation doit s’inscrire dans le respect du Pacte budgétaire (TSCG). La Commission européenne, en liaison avec la BCE et le FMI, est chargée du respect des conditions imposées.

    Le traité entrera en vigueur deux mois après le dépôt des instruments de ratification par les Etats signataires dont la souscription représente 90% du total.

    On s’en rend compte, les gouvernements signataires de ce traité ont créé un monstre institutionnel contre lequel les Etats eux-mêmes et à fortiori les peuples seront désormais totalement impuissants. Ainsi se poursuit, sous la pression du monde de la finance et des affaires, le démembrement du siège de la souveraineté populaire, l’Etat, au profit d’institutions échappant à tout contrôle.

    Une procédure illégale

    La création du MES exige une modification de l’article 136 du TFUE. Cette modification, qui est possible si on recourt à la procédure simplifiée pour modifier un traité européen, a été proposée par la Commission européenne et adoptée par le Conseil européen le 25 mars 2011. Elle est formulée comme suit :

    « A l’article 136, paragraphe 1, du TFUE, le point suivant est ajouté :

    Les Etats membres dont la monnaie est l’euro peuvent établir un mécanisme de stabilité pouvant, si nécessaire, être activé dans le but de préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble. L’octroi de toute aide financière en vertu du mécanisme sera soumis à de strictes conditionnalités. »

    Il est précisé que la base légale de cette modification de l’article 136 du TFUE, via la procédure simplifiée, est fournie par l’article 48, paragraphe 6, du TUE.

    Or, cet article stipule, en son §6, alinéa 3, qu’une décision prise sous le régime de la procédure simplifiée « ne peut pas accroître les compétences attribuées à l’Union dans les traités. »

    Les défenseurs du MES considèrent qu’ils n’y a pas accroissement des compétences de l’Union puisque, formellement, le MES ne serait pas une institution de l’Union. C’est jouer avec les mots, et manipuler dangereusement les textes, car le traité créant le MES indique clairement que le MES implique la participation directe de la Commission européenne, et, en cas de litige, celle de la Cour de Justice de l’UE, deux institutions de l’Union. En outre, le Commissaire européen en charge des affaires économiques et monétaires siègera dans l’instance dirigeante du MES en qualité d’observateur. C’est la Commission européenne qui sera mandatée pour imposer à l’Etat concerné les conditions d’une intervention du MES.

    Il n’est pas contestable que le MES diminue les pouvoirs des Etats membres et augmente les compétences attribuées à l’Union, en particulier les pouvoirs de la Commission européenne.

    Le projet de loi soumis le 21 février à l’Assemblée nationale pour ratifier la modification à l’article 136 du TFUE vise donc à permettre une extension des compétences de l’Union européenne en toute illégalité.

    Un coup d’Etat

    Qu’est-ce qu’un coup d’Etat ? C’est le remplacement d’un pouvoir légitime, issu du peuple, par un pouvoir qui ne l’est pas.

    Le transfert, en toute illégalité, à des autorités européennes et internationales qui ne sont soumises à aucun contrôle démocratique de pouvoirs qui relèvent pas nature de la souveraineté populaire s’apparente à un véritable coup d’Etat.

    Les gouvernants qui sont à la manoeuvre manifestent leur plus total mépris du respect des exigences démocratiques. Par des artifices de procédure, en interprétant abusivement des règles dont ils se moquent, ils se font les complices d’une entreprise de démantèlement de la démocratie et d’effacement d’un acquis fondamental dans l’histoire de l’humanité : la souveraineté du peuple.

    Deux traités démocraticides

    Avec le MES et le Pacte budgétaire (TSCG) , les peuples qui ont déjà été dépossédés des choix en matière monétaire du fait de la manière dont est géré l’euro (en particulier, le statut et les missions de la Banque Centrale Européenne), seront désormais dépossédés de tout pouvoir en matière budgétaire.

    Rappelons que la démocratie est née progressivement du droit réclamé par les peuples de contrôler les dépenses des gouvernants. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, en son article XIV, proclame que « Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs Représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée. »

    C’est ce droit fondamental qui leur est aujourd’hui enlevé. En violation d’une disposition inscrite dans la Constitution de la République : « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946 (...). »

    Ceux qui approuveront les deux projets de loi soumis le 21 février approuveront le TSCG puisqu’ils sont étroitement liés. Les promesses de renégociation de ce dernier perdent leur peu de crédibilité si leurs auteurs approuvent le MES.

    Ces deux traités MES et TSCG confirment que la construction européenne s’est définitivement éloignée de l’idéal démocratique.

    Ces deux traités sont, contrairement à ce qu’affirme Hollande, étroitement liés. Ils alimentent l’un et l’autre transfert de pouvoir et perte de souveraineté rendant possible une totale mise sous tutelle financière et budgétaire des Etats et des peuples.

    La France est la première à engager la procédure de ratification du MES. Des mouvements d’opposition se lèvent dans plusieurs pays signataires qui interpellent les élus sur leur attitude future.

    En France, à ce jour, seuls Jean-Luc Mélenchon au nom du front de Gauche et Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière se sont prononcés clairement contre le MES et ont appelé les parlementaires à ne pas voter les textes soumis le 21 février.

    Si ces deux textes soumis le 21 février sont adoptés, il est indispensable que soit saisi le Conseil constitutionnel. Y a-t-il, dans le Parlement du pays qui a donné au monde les progrès de 1789, 60 députés et sénateurs pour soumettre au respect de la Constitution des traités qui la violent ?

    Publication originale Raoul Marc Jennar  http://contreinfo.info
    [1] TFUE : traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, deuxième partie du traité de Lisbonne

  • « L'Europe en dormition »

    Historien, directeur de La Nouvelle Revue d'Histoire, Dominique Venner publie un recueil d'entretiens, Le Choc de l'Histoire, dans lequel il fait le point sur son itinéraire et sa pensée, brossant notamment le tableau d'une Europe rongée par une crise morale.
    o L'Action Française 2000 – Vous vous définissez comme un « historien méditatif ». Qu'entendez-vous par cette formule ?
    o Dominique Venner – Ce qui m'étonne toujours, c'est à quel point on s'étonne peu. Surtout en matière historique. Et pourtant l'étonnement est la condition première de la pensée. Dans l'interprétation conventionnelle de l'Histoire, on décrit la succession des événements comme nécessaire ou évidente. Mais c'est faux. Il n'y a jamais rien de nécessaire ni d'évident. Tout est toujours suspendu à l'imprévu. Ni Richelieu, ni Mazarin, par exemple, ni César ou Octave, ni l'empereur chinois Shi Huangdi, le grand fondateur, n'étaient nécessaires ou programmés par la Providence. Les uns et les autres auraient pu ne pas exister ou disparaître avant l'oeuvre accomplie.
    Faits et imprévus
    Devant les faits et les imprévus historiques, je me pose les questions que l'histoire paresseuse ne pose pas, je médite. Exemple : Louis XIV était appelé le roi très chrétien. En dépit de quoi, il fit bâtir Versailles et son parc comme un hymne aux divinités du paganisme antique. Surprenant, non ? Et source de réflexions nouvelles sur les représentations du roi et sur la religion de son temps, sans rapport avec une histoire pieuse inventée au XIXe siècle. Restons un instant sur le Grand Roi, témoin de la révolution anglaise et de l'exécution de Charles Ier en janvier 1649. Etonnante révolution ! Au siècle suivant, Edmund Burke a pu opposer la Glorious Revolution de 1688 à la Révolution française de 1789. Pourquoi en Angleterre une « révolution conservatrice » et pourquoi en France une révolution destructrice ? Bonne question et cent réponses. Voilà de quoi méditer. Comme, par surcroît, je suis né dans une époque inquiétante pour un Français et un Européen, une époque qui a vu l'effondrement de notre ancienne puissance et la ruine de certitudes réputées éternelles, je médite en étudiant l'Histoire hors de toute convention. À l'exemple d'Ulysse, je crois que la pensée est un préalable à l'action. Je crois même qu'elle est action.
    o L'Europe est aujourd'hui « en dormition », écrivez-vous joliment. Pour quelles raisons ?
    o Quand je pense "Europe", je ne pense pas à des structures politiques ou technocratiques, je pense à notre civilisation multimillénaire, à notre identité, une certaine façon "européenne" de penser, de sentir et de vivre qui traverse le temps. Oui, l'Europe est entrée en "dormition" historique. Quand ? Dans la seconde moitié du XXe siècle, après les catastrophes que furent pour elle les deux guerres qui ont commencé en 1914 et se sont terminées en 1945. Quand s'ouvrit l'Exposition universelle de Paris, en 1900, l'Europe était le centre intellectuel et spirituel du monde. Elle dominait tout presque partout. Les États-Unis n'étaient encore qu'une puissance marginale.
    Un grand retournement
    Cinquante ans après, quel retournement ! Après Yalta, l'Europe exsangue était divisée entre les deux nouvelles puissances surgies du siècle de 1914, les États-Unis et l'URSS. Deux puissances messianiques qui voulaient imposer leur modèle : américanisme et communisme. J'ajoute que l'Europe n'a pas seulement perdu sa puissance et ses colonies, elle a plus encore perdu foi en elle-même, rongée par une crise morale et une culpabilisation dont il n'y a pas d'exemple. Elle est entrée en "dormition".
    o Vous vous montrez cependant optimiste quant à son réveil identitaire. Quelles sont donc, cette fois, les raisons d'espérer ?
    o Ces raisons tiennent d'abord au "choc de l'Histoire" que nous vivons sans le savoir. Ce "choc" annonce une rupture d'époque. Il a commencé avec l'implosion de l'URSS et du communisme en 1989. Simultanément, d'anciennes puissances et d'anciennes civilisations que l'on croyait mortes connaissaient une renaissance spectaculaire, la Chine, l'Inde, l'Islam (malgré ses divisions), l'Amérique du Sud, pour ne parler que de grandes entités. Au monde unipolaire voulu par la puissance du dollar, succède un monde multipolaire qui redonnera ses chances à l'Europe. Pourtant celle-ci est confrontée à un péril historique inédit et géant, l'immigration massive de populations portant en elles une autre civilisation. L'immigration de masse produit sur le sol européen un choc de civilisation qui pourrait être mortel. Mais, par un formidable imprévu historique, il pourrait aussi se révéler salvateur. De l'altérité représentée par les populations immigrées et leurs moeurs, leur traitement de la femme qui nous choque au plus profond, on voit naître une conscience nouvelle de l'identité que les Européens eurent rarement dans le passé. J'ajoute qu'en dépit de tous les périls, je crois aussi à la survie des qualités fondamentales d'énergie et d'innovation des Européens. Pour le moment, elles ne s'exercent pas en politique, c'est pourquoi on ne les voit pas.
    o En quoi les leçons de ces grands maîtres matinaux que furent Hésiode et Homère peuvent-elles être salutaires ?
    o Homère nous a légué à l'état pur les modèles d'une morphologie mentale spécifique, la nôtre, avant les corruptions d'influences contraires. Nous avons besoin de nous en imprégner pour renaître spirituellement, préalable aux autres formes de renaissance. Les conséquences du siècle de 1914 ont jeté les Français et les Européens dans un trouble immense. Rien n'y échappe. Ce trouble atteint aussi bien les Églises que les laïcs. C'est si vrai que l'on assiste à des tentatives de rapprochement apparemment stupéfiantes entre le sommet de l'Église et l'Islam immigré. Ces tentatives choquent à juste titre beaucoup de catholiques. Elles ne relèvent pas seulement du "devoir d'accueil" qu'invoque une pastorale de soumission, mais aussi d'une sorte de solidarité entre "croyants" monothéistes face à l'indifférence religieuse croissante de la société. C'est le sens explicite de rencontres comme celles d'Assise. Bref, quand le trouble est général, il faut en revenir au tout à fait pur, aux sources fondamentales de notre civilisation qui sont antérieures au christianisme, ainsi que l'a rappelé Benoît XVI à Ratisbonne. Il faut donc en revenir à Homère et aux fondements granitiques des poèmes fondateurs, la nature comme socle, l'excellence comme principe et la beauté comme horizon. C'est une vérité qu'avait fortement perçue Charles Maurras dès sa jeunesse.
    o Vous évoquez, non sans admiration, le « caractère intraitable » de Maurras. Le Martégal vous a-t-il influencé sur un plan intellectuel ?
    o Je n'ai jamais caché mon admiration pour le courage de Maurras face aux épreuves. Mais j'ai également été un lecteur attentif des ses écrits de jeunesse et un observateur de son évolution. J'ai lu encore récemment la correspondance entre Charles Maurras et l'abbé Penon (1883-1928), publiée chez Privat en 2008. Il s'agit d'un document de première main. On sait que l'abbé Penon, futur évêque de Moulins, avait été le précepteur puis le directeur de conscience du jeune Maurras. Il vit sa tâche compromise par l'évolution de son élève et l'autonomie inflexible de son esprit. L'abbé avait introduit le garçon à la connaissance des Lettres antiques, ce qui le détourna peu à peu du christianisme.
    Maurras et l'Église
    Le séjour du jeune Maurras à Athènes pour les premiers Jeux Olympiques de 1898 acheva cette évolution. Tout est résumé dans sa lettre du 28 juin 1896 que je peux vous citer : « Je reviens d'Athènes plus éloigné, plus ennemi du christianisme qu'auparavant. Croyez-moi, c'est là-bas qu'on vécu les hommes parfaits. » Après avoir évoqué Sophocle, Homère et Platon, le jeune Maurras conclut : « Je reviens d'Athènes en polythéiste tout pur. Ce qui était à l'état vague et confus dans ma pensée s'est précisé avec éclat. » Jusqu'à sa mort en 1928, l'abbé Penon tentera de faire revenir Maurras sur cette conversion. Il n'obtiendra que des concessions de pure forme mais aussi l'argument par lequel Maurras dira qu'à ses yeux l'Église catholique avait jadis corrigé par son principe d'ordre ce qu'il y avait de pernicieux dans le christianisme originel.
    o Vous êtes un adepte jüngerien du « recours aux forêts ». Y avez-vous trouvé la paix et-ou les moyens de préparer les guerres à venir ?
    o Avant de beaucoup écrire, Ernst Jünger avait commencé par vivre dans les tranchées de la Première Guerre mondiale certaines idées qu'il a émises par la suite. Jünger était authentifié par sa vie. Ce qui m'a fait prendre au sérieux ses écrits. J'ajoute que l'image du « recours aux forêts » éveille en moi un écho très fort. Je n'y vois pas une incitation à prendre le maquis, mais à découvrir la haute spiritualité portée par les arbres et la nature, ainsi que le disait Bernard de Clairvaux : « Tu trouveras plus dans les forêts que dans les livres. Les arbres t'enseigneront des choses qu'aucun maître ne te dira. » Preuve que vivait encore en lui la spiritualité de ses ancêtres francs et gaulois. C'est ce que j'appelle la tradition. Elle chemine en nous à notre insu.
    Propos recueillis par Louis Montarnal L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 3 au 16 novembre 2011
    ✓ D. Venner, Le Choc de l'Histoire, Via Romana, 179 pages, 20 euros.

  • L’euro : même la Turquie n’en veut plus !

    « Avant, je remplissais mon caddy pour la semaine avec 100 francs », témoigne Julia, une jeune mère de famille. « Aujourd’hui, même avec 20 euros, je n’y arrive plus. »

    Cette impression est largement partagée : selon toutes les enquêtes d’opinion, une majorité de Français pense que l’introduction de l’euro – qui fête cette année ses dix ans – a accentué la hausse des prix.

    Des tomates à 14,76 Francs le kilo en 2002 ? Personne n’en aurait acheté à ce prix-là ! Quand « on » veut nous faire croire que les prix ont juste suivi l’inflation, tous les chiffres sont bidouillés.

    Mais les Français ne sont pas les seuls à se plaindre, et l’euro semble dissuader plus d’un État jaloux à juste titre de sa monnaie nationale. [...]

    José Meidinger - La suite sur Boulevard Voltaire  http://www.actionfrancaise.net/