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Europe et Union européenne - Page 1101

  • Bouclier antimissile en Europe : éternel sujet de tensions entre Washington et Moscou

    Bouclier antimissile en Europe : éternel sujet de tensions entre Washington et Moscou

    MOSCOU (NOVopress) – Le problème de la défense antimissile reste le principal sujet d’irritation dans les relations entre Moscou et Washington. « La Russie est toujours ouverte au dialogue », a déclaré mercredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

    « Il reste des sujets d’irritation, et la défense antimissile en est le principal, mais nous sommes toujours ouverts à la poursuite du dialogue », a souligné le chef de diplomatie lors d’une conférence de presse consacrée au bilan de 2012 en politique extérieure russe.

    Celui-ci précise que les américains persistent à créer leur système ABM, Anti-ballistic Missile, sans prendre en compte les arguments de la Russie et tout en refusant de donner à Moscou la garantie que ce dispositif ne sera pas dirigé contre le potentiel nucléaire russe. Condition nécessaire à toute entente et à l’application par le Kremlin des mesures définies par le traité START, qui prévoyait une réduction du nombre d’armes nucléaires. 

    Rappelons que lors du sommet Russie-OTAN, en novembre 2010, Moscou et Washington avaient prévu de coopérer dans l’application commune de ce traité et dans le domaine de la défense antimissile européenne. Cependant, les parties n’ont jamais réussi à s’entendre sur l’architecture du futur bouclier.

    D’autres sujets de discorde sont apparus entre les deux ex-protagonistes de la guerre froide, avec notamment en 2009, l’affaire Sergueï Magnitski, avocat russe employé par un cabinet juridique américain et mort dans une prison russe. En réaction, les Etats-Unis avaient interdit de visas une soixantaine d’officiels russes.

    Depuis, la tension monte entre les deux pays dont les visions du monde semblent si différentes.

    Julien Lemaire http://fr.novopress.info

    Crédit photo : Missile Defense Agency, USA via Wikipédia (cc).

  • Au temps des dérivatifs

    En ce début d'année le gouvernement Hollande-Ayrault a pris, peut-être sans en mesurer vraiment l'impact, une voie trop connue. Il retrouve ici la trace, comme effacée dans le sable des ignorances historiques, de toutes nos républiques successives et corrompues.

    N'ayant réussi dans les 8 premiers mois de son règne à n'agir sur aucun des problèmes du pays qu'il administre, il en crée de nouveaux par autant de diversions. Loin de rassembler les Français, il s'emploie à les diviser encore plus.

    Certes, en annonçant le 11 janvier qu'il s'engouffrait au Sahel dans un Afghanistan de proximité, l'improbable chef de guerre de l'Élysée ne pourra plus être surnommé Flanby. On ne se représente plus le souriant cochon rose Porcinet. Le bénéfice qu'en retire son image de marque ne saurait en être négligé.

    Voici l'armée française de nouveau confrontée directement à ce même adversaire qu'elle a combattu pendant 10 ans à Kaboul. Il se profilait déjà dans les opérations du Tchad depuis 25 ans ; il s'est emparé de la Somalie et du Soudan, mais on l'a encore négligé dans l'affaire de Libye, etc.

    L'avenir dira si la stratégie de reprise des villes sans destruction des forces ennemies répond durablement à un but de guerre qui, sauf erreur, reste à définir.

    On sait malheureusement, dès maintenant, que les moyens militaires ne sont toujours pas prévus à la hausse. Cette lancinante question revenait sur le tapis dès l'intervention de Benghazi en 2011. Mais, comme on a pu l'observer ni la loi de finances de 2012 sous Sarkozy, ni celle de 2013 sous Hollande n'ont daigné y répondre. Depuis 50 ans on rogne les budgets de la défense nationale. La tendance ne s'interrompt pas, elle s'aggrave.

    Certes, en ouvrant la boîte de Pandore de la loi Taubira on déchire à nouveau le pays sur un bon vieux clivage culturel. Il remonte presque à la révolution de 1789, à la haine de la gauche pour l'héritage chrétien et pour l'ordre naturel des sociétés. Il contraint littéralement tous les adversaires de la décadence à se raidir, à refuser que l'État et l'Utopie préemptent une fois de plus les évolutions de la société civile. Tout refus d'affronter ce débat placerait les défenseurs des libertés dans une situation fausse.

    La question cruciale se concentrera sur le droit à l'adoption. Or, on doit rappeler, à cet égard, qu'aucun pays au monde n'accepte à ce jour d'exporter ses orphelins sur la base de dossiers présentés par des couples de cette nature. Le "droit à l'adoption" ne pourra donc s'exercer qu'à l'intérieur de l'Hexagone. Or, dans les départements, les administrations sociales sont amenées à répartir la rareté des enfants adoptables. Et les DDASS sont tenues d'arbitrer en considérant l'intérêt de ceux-ci et non les désirs des familles d'accueil. Il en résultera donc de nouvelles discriminations arbitraires et de scandaleuses tensions.

    Faudra-t-il les reprocher à David Cameron ou à Angela Merkel ?

    Certes depuis le traité de Maastricht négocié en 1991, rédigé par les Français, aucun rafistolage n'est venu corriger vraiment les failles de sa conception. Ses problèmes institutionnels rendent aujourd'hui l'Union européenne illisible. Le poids des États la rend ingouvernable.

    Mais le problème fondamental que l'Europe va devoir résoudre, dans un futur proche, ne se situe ni en Europe du Sud, ni en Grande Bretagne, encore moins en Allemagne : il touche au premier chef la France.

    Dans un entretien donné au Wall Street Journal en février 2012, l'actuel gouverneur de la Banque centrale européenne, que l'on présente désormais comme le sauveur du continent et de sa monnaie faisait observer que la cause principale de la crise venait de la faillite du "modèle social européen". 

    Quel pays souffre de cette pathologie plus que la république jacobine ?        

    Depuis 10 ans, en effet, le coût annuel de sa prétendue protection sociale est passé de 295 milliards d'euros à 467 milliards, cependant que ses prestations se dégradent d'année en année. Une fois payées les cotisations de base et les mutuelles, la part restant à la charge des particuliers augmente. Idem pour l'assurance vieillesse dont les réformes successives ne donnent même pas lieu à une prise de conscience de la nocivité du système de répartition institué en 1941. 

    Faut-il en accuser David Cameron et Angela Merkel ?

    Les difficultés de la France viennent d'abord de son étatisme envahissant, de ses féodalités syndicales dominées par la CGT et de l'incapacité de sa classe politique à réduire la part que les dépenses publiques détournent de la richesse produite par la société civile : 56 %.    

    Dans ces montants figurent au premier chef celles de la fameuse loi de financement de la sécurité sociale. Elle surpasse le budget de l'État. Ce monstre juridique a été inventé par la réforme constitutionnelle aberrante votée en 1996, destinée à légitimer le plan Juppé.

    L'échec et le coût de celui-ci ne peuvent être imputés  ni à David Cameron ni à Mme Merkel.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

  • Europe : Les jeunes générations sont-elles perdues ?

    A chaque crise sérieuse, on se lamente sur le sort des jeunes qui ne trouvent pas de travail et que l’on qualifie de “génération perdue”. Mais de telles générations, il y en a eu d’autres dans l’histoire et à chaque fois, elles s’en sont sorties, écrit , un chroniqueur polonais.

    Ils devaient être notre espérance, mais ils sont devenus un fardeau. Plus de 400.000 jeunes Polonais sont sans emploi. Et peu en parlent autrement que sous le terme de “génération perdue”. Le fléau concerne l’ensemble du continent européen, mais demeure particulièrement grave dans le Sud.

    Selon les données d’Eurostat, publiées en octobre, le taux de chômage des moins de 25 ans atteint 27,8 % en Pologne, contre 55,9% en Espagne, 57% en Grèce et 36,5% en Italie. Même dans un pays aussi riche que la France, un jeune sur quatre est sans emploi.

    Des statistiques biaisées

    De telles statistiques impressionnent, mais elles prêtent aussi à confusion. Elles ne prennent en compte que ceux qui travaillent ou ne travaillent pas, laissant ainsi de côté tous ceux qui étudient, font des stages professionnels, voyagent, ou ne travaillent pas par choix. De ce point de vue, le concept NEET, mis en place par l’Organisation mondiale du travail, paraît mieux adapté pour mesurer le phénomène du chômage de jeunes.

    Quand on quantifie les personnes qui ne travaillent pas, n’étudient pas et ne sont pas en formation (No Employment, Education, Training – NEET), il s’avère qu’elles représentent 15,5 % des Polonais âgés de 15 à 29 ans. Bien sûr, c’est toujours trop (une augmentation de 22 % depuis le début de la crise), mais ce n’est plus qu’une personne sur six, et non plus une sur deux, qui se retrouve réellement “sans perspectives”.

    Comment parler d’une génération perdue, quand cinq jeunes sur six suivent un parcours sensé ? Ce n’est guère différent dans le reste de l’Europe. Le taux de NEET est de 23 % en Grèce et de 21% en Espagne. Et dans des pays comme les Pays-Bas et l’Autriche, il tombe à 5-8 % seulement.

    Jeunes, sans emploi mais pas sans avenir

    Paradoxalement, une telle proportion de jeunes parmi les chômeurs peut être source d’espoir. L’exemple de l’Espagne est très éloquent à cet égard. L’explosion du chômage dans ce pays résulte moins de la récession que de la réforme du marché du travail menée par le Premier ministre Mariano Rajoy.

    “Grâce aux mesures mises en oeuvre, les employeurs peuvent licencier bien plus facilement, mais quand la conjecture est plus favorable, ils n’hésiteront pas à réemployer”, estime Jorge Nunez du CEPS (Centre for European Polcy Studies) à Bruxelles. Avant les réformes de Rajoy, les sociétés espagnoles devaient négocier les changements dans les contrats de travail avec les syndicats de branche, et non au niveau des entreprises.

    En dépit de cette réglementation stricte, héritée de l’époque de Franco, une fois la prospérité retrouvée, les entrepreneurs espagnols ont repris systématiquement le risque de recruter de nouveaux employés. Après l’adhésion à l’UE en 1986, le taux de chômage chez les jeunes a été divisé par deux en trois ans, en tombant à 18 %. Les jeunes Espagnols sortiront-ils cette fois la tête de l’eau aussi rapidement ?

    Zsolt Darvas, de l’Institut Bruegel, à Bruxelles, explique : “Une chose est sûre, il s’agit de la génération la mieux formée dans l’histoire de ce pays. Grâce aux réformes de Monsieur Rajoy, l’économie espagnole a rapidement gagné en compétitivité : le commerce extérieur du pays enregistrait, il y a encore 5 ans, un déficit de 11 % du PIB. Depuis, il connaît un excédent commercial équivalant à 2 % du PIB”.

    Un choc salutaire

    La Pologne est dans une situation comparable. Notre pays a déjà connu deux vagues de “ générations perdues” en 1992/1993 et 2002/2003, et en vit une troisième à l’heure qu’il est. Même en s’appuyant sur les statistiques pessimistes du GUS (Office centrale de statistiques), on s’aperçoit que le chômage touche aujourd’hui deux fois moins de jeunes Polonais de moins de 25 ans qu’en 1995. Le niveau de formation est un autre atout de l’actuelle “génération perdue”. La Pologne a aujourd’hui cinq fois plus d’étudiants qu’en 1990, et le pourcentage d’actifs diplômés de l’enseignement supérieur est aujourd’hui 2,5 fois supérieur.

    Les périodes de crise ont toujours été pour la Pologne un temps de restructuration profonde de son économie. Depuis 2008, la productivité de notre travail a augmenté de 20%. Le développement d’industries et de services innovants, telles que l’électronique de pointe, les recherches moléculaires ou la production de composants automobiles de haute qualité, attirent les grandes entreprises qui délocalisent leur production du Sud vers l’Est de l’Europe, et notamment la Pologne.

    On pourrait dire qu’un taux de chômage élevé est en quelque sorte le prix à payer pour améliorer la compétitivité polonaise, gage d’une supériorité durable sur ses rivaux dans les années à venir. En attendant, selon les données d’Eurostat, notre productivité – plus de deux fois inférieure à celle de l’Allemagne – n’a atteint l’année dernière que 57 % de la moyenne européenne.

    Le modèle allemand

    L’Allemagne reste clairement un exemple de l’impact efficace des réformes du marché de travail sur l’amélioration des perspectives d’emploi des jeunes. Le chômage y est à son plus bas niveau depuis la réunification du pays : non seulement le chômage des jeunes (12 %), mais également celui de l’ensemble de la population (5,4 %), et l’on se dirige progressivement vers le plein emploi. Pourtant, il y a dix ans, avant les réformes de Gerhard Schröder, l’Allemagne était considérée comme “l’homme malade de l’Europe” en termes de marché du travail.

    “Nous devrions tout d’abord nous inspirer du système de formation professionnelle allemande. Les perspectives des jeunes dépendent en partie d’eux-mêmes et de leur capacité à adapter leurs projets à la réalité du marché”, explique Katinka Barysch du Center for European Reform, basé à Londres.

    De nombreux signes laissent espérer aux jeunes Polonais et Européens que le pire est derrière eux. Même si l’année 2012 s’est achevée dans le marasme économique, l’UE a évité le pire : la désintégration de la zone euro et l’effondrement de l’Union. Aussi peu croyable que cela semble aujourd’hui, dans deux ou trois ans, ce sont bien de jeunes actifs extrêmement compétents qui pourront dicter leurs conditions d’emploi aux employeurs, et non l’inverse.

    Press Europ  via http://fortune.fdesouche.com

  • Traité de L’Élysée Et Malthus fut naturalisé allemand

    Il y a cinquante ans fut signé le traité de l'Elysée, censé formaliser la réconciliation franco-allemande. Chacune des deux parties bénéficiait alors d'une économie au poids comparable... Mais Berlin s'est depuis émancipé du statut auquel Paris avait cru pouvoir le cantonner.
    Allons-nous vers une rivalité démographique des grands pays d'Europe occidentale ? Le croisement des courbes nationales de natalité donne à l'horizon 2050 la République fédérale ex œquo avec le Royaume-Uni à 74 millions d'habitants, suivis de la France à 71 millions. Malgré la continence allemande, ce bloc des trois "grands" fera 43 % de l'Union européenne actuelle et écrasera littéralement le reste, l'Italie stagnant à 61 millions. Les projections au-delà ne sont pas vraiment sérieuses. Il est probable que le sous-continent sera gouverné par ce triumvirat qui agrégera quelques "clients" pour s'imposer en toutes circonstances aux autres partenaires et aux débris de la Commission européenne. Reste le dosage.
    Un nain politique
    Le traité de l'Elysée, dont nous fêtons le jubilé le 22 janvier, organisait une collaboration franco-allemande dans les domaines culturel et politique, dont il ne subsiste que le décor et des sourires forcés. L'époque était au miracle économique d'un nain politique coupé en trois par les hasards de la victoire alliée, miracle que récompensait la grande puissance morale du monde en lui octroyant la parité sur le pavois des chefs. C'était avant le Mur ou plus précisément avant le chancelier Kohi. Avec un sens aigu de la manœuvre qui, disait Napoléon, est un art tout d'exécution, le chancelier peu disert fit l'Anschluss de sa sœur orientale à la barbe des Alliés, se transporta à Berlin, et mit quelques semaines à formuler une garantie sur la frontière Oder-Neisse qui le séparait de l'ex-Prusse orientale. Le nain était mort. Nous étions en 1990, Mitterrand régnant, la France ne savait comment accepter cette surprenante émancipation ; outre-Manche, Margaret Thatcher y était carrément hostile. Pour le bien de l'Alliance, avant que la nouvelle République fédérale ne poursuive sa marche au soleil levant, les Occidentaux sauvèrent les apparences en se retirant de Berlin et les Soviétiques acceptèrent une montagne de deutschemarks pour se taire. Le traité de l'Elysée entrait au musée des traités. Malgré l'illusion d'une collaboration renouvelée en façade à chaque alternance politique qui aurait dû faire s'interpénétrer les deux peuples, les Français jugent mal l'Allemagne actuelle, qui, il est vrai, n'est pas leur destination favorite de vacances. L'ogre menaçant dont les chars marchaient à l'eau du robinet n'existe pas, le pays s'est transformé. Rentré en lui-même, libéré de toute diplomatie, il s'inscrit dans une problématique mondiale où son industrie excelle mais qui lui dicte beaucoup de préventions quant au destin d'une planète finie surexploitée. Aussi l'Allemand ne fait-il pas d'enfants. La « contrainte morale » exprimée par Malthus d'un juste apportionnement des ressources et des besoins obtenu par la continence maritale des défavorisés est généralisée à tous dans l’Allemagne actuelle : quel avenir pour nos enfants sur une planète surpeuplée en proie aux guerres asymétriques et aux revanches de tous ordres, et lourdement pénalisée par le réchauffement climatique que nous avons provoqué ? À vue d'homme, aucun !
    Darwinisme
    D'où l'intérêt de l'Allemand pour les prescriptions malthusiennes du Club de Rome (halte à la croissance !), pour réduire l'empreinte carbone dès le niveau individuel (succès des Grunen), pour ne pas surpeupler son morceau de Terre, en contrepartie de quoi les activités maintenues doivent viser en tout l'excellence des procédés, seule garantie écologique à la fin. Et se croisent ici les deux théories, malthusienne et darwiniste : l'avenir est limité aux meilleurs, les autres disparaissent. Le chancelier Gerhard Schrôder était exactement sur cet axe quand il lança son Agenda 2010 qui rehaussait le niveau qualitatif des productions allemandes à moindre coût (en libérant les salaires et en délocalisant sur ses marches orientales les opérations élémentaires) sans hésiter à couper dans la dépense publique affectée au confort social pour dégager de la finance. Ceci fut fait en droite ligne de la critique malthusienne des Poor Laws anglaises : « Un homme qui est né dans un monde déjà possédé, s'il ne peut obtenir de ses parents la subsistance qu'il peut justement leur demander, et si la société n'a pas besoin de son travail, n'a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture, et en fait il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n'y a pas de couvert vacant pour lui. Elle lui commande de s'en aller, et elle mettra elle-même promptement ses ordres à exécution. » (Thomas Malthus, Essai sur le principe de population, 1798).
Travailler pour manger... On dit les pauvres plus malheureux aujourd'hui en Allemagne qu'en France. Les variations dans la perception du non-bonheur rendent la comparaison difficile, mais il est paradoxalement vrai aussi que le chancelier actuel, Angela Merkel, brille au firmament des sondages de popularité, ce qui laisse accroire que l'apportionnement des ressources précité est accepté à l'aune des disponibilités acquises plus qu'à celles présagées par la démagogie. Le piteux état des finances des pays latins ne pousse pas les classes pauvres à la revendication irresponsable. C'est sans doute cette conscience civique qui est la plus large fracture entre nos deux pays. Il reste une dignité à l'Allemand que nous avons perdue dans le moulinage continu de nos revendications sociales à compte d'autrui. Il est bien fini le temps de nos objurgations, déjà vaines jadis. Nous sommes devenus "la Grande Nation" dans l'opinion publique qui se rit de voir annuler un contrat d'armement franco-saoudien par Daimler-Benz, propriétaire des châssis ! Dans aucun domaine, l'Allemagne ne nous fait de "cadeau" et sa concurrence fut rude, parfois à la limite de la déloyauté lorsque, par exemple, Siemens donna la technologie TGV de première génération aux Chinois pour contrer Alstom en Chine où la firme française disposait de positions trop solides à son goût. De même voit-on l'État allemand pénétrer les conseils d'administration du groupe EADS pour casser le monopole aéronautique toulousain. Et la liste s'allonge.
    Décrochage
    Que subsiste-t-i! du concept originel au jubilé du traité de l'Elysée ? Cette visite obligée à la belle-mère chaque année dont il ne sort rien que des communiqués rédigés par avance que personne ne lit, et du Champagne pour tout le monde. Le traité de l'Elysée fut signé par le président Charles De Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer le 22 janvier 1963 à Paris. Cette réconciliation formelle fut préparée dès le retour au pouvoir du général De Gaulle, alors que les deux économies étaient comparables et que le nouveau franc français, issu de la dévaluation de décembre 1958, valait 0,855 mark allemand, (l'ancien franc était à la parité de cent pour un). L'année 1960 sera le point d'origine de toutes les comparaisons franco-allemandes. Cinquante ans plus tard, le franc vaut 0,298 mark (- 65 %) et on le dit surévalué ; le retard de notre PIB est de 30 %. L'Allemagne a reconstruit son économie à la taille qu'elle avait à la Belle Époque relativement aux autres, et elle a rénové tous les Lànder orientaux récupérés en ruines en 1990. Ses comptes sont aujourd'hui à l'équilibre avec un commerce extérieur "triomphant". À l'inverse, nous subissons les trois déficits majeurs (budgétaire, commercial et social), écrasés que nous sommes par un Léviathan étatique qui saigne le pays comme les médicastres de Molière leur patient ! Les comparaisons seraient cruelles et déplacées lors de la célébration du cinquantenaire, mardi prochain à Berlin. On s'y taira.
    Catoneo Action Française 2000 du 17 janvier au 6 février 2013

  • Demander au peuple son avis : une hérésie pour les eurocrates

    Éric Zemmour défend une fois de plus la démocratie contre l’oligarchie et les médias euro-béats. Sur RTL, vendredi, le célèbre chroniqueur a commenté avec délectation les cris d'orfraie des élites européennes après la promesse du Premier ministre anglais David Cameron d'organiser un référendum sur l'avenir européen de son pays en 2017. (Voir la Vidéo en fin d’article: RTL, "Z comme Zemmour", chronique du 25 janvier 2013)

    « David Cameron passe un mauvais quart d’heure. De Bruxelles à Berlin en passant par Paris, jusqu’à Washington, c’est l’hallali. Il paraît que même Pékin désapprouve ! Les élites européennes et britanniques aussi. Son prédécesseur Tony Blair le condamne. Les marchés, les bourses, les banquiers, les milieux d’affaire aussi. À Davos, on tort le nez.
    Des éditorialistes de renom et les grands médias hurlent au populisme, accusent la presse de caniveau britannique de flatter les plus bas instincts. Ceux du peuple sont toujours bas. Il fait dire que ce jeune homme si bien élevé a exagéré en annonçant un référendum sur la sortie de l’Angleterre de l’Union européenne.
    Un ré-fé-ren-dum ! Demander au peuple son avis, on n’a pas idée, aussi ! Il paraît que Cameron pousserait l’incongruité jusqu’à se soumettre à la volonté du peuple britannique. D’un vulgaire ! Pas très in, ce Cameron !
    Pourtant, Sarkozy lui avait donné le bon exemple : un référendum sur l’Europe, on s’assoit dessus ou on fait revoter jusqu’à ce qu’un « oui » s’en suive. Si le « non » l’emportait, pourquoi pas démissionner pendant qu’il y est. Comme un vulgaire Général de Gaulle… Un vrai dictateur, celui-là.
    Ces Anglais ne savent pas ce qui est bon.
    Déjà, ils ont refusé les douceurs de l’euro qui devait nous conduire, je vous le rappelle, sur les voies de la croissance et de la prospérité.
    Depuis vingt ans, la zone euro est la région du monde où la croissance est la plus faible. Les Anglais ne connaissent pas leur malheur ! Ils veulent continuer à disposer de leur propre planche à billet et en décider l’usage souverainement. Des ringards. Comme les Américains, les Japonais ou les Chinois.
    Les Anglais ont rejeté aussi les joies de Schengen qui permet de recevoir sur son sol des millions d’immigrés dont on ne veut pas. Les Anglais, ils préfèrent choisir qui ils veulent et quand ils veulent. Des barbares…
    Pire encore, ils refusent de se soumettre à l’imperium de la grande puissance du continent : l’Allemagne. Ils se souviennent qu’ils ont fait deux guerres pour cela : des bellicistes !
    Ils comprennent mal ces Français qui, il y a un siècle, se faisaient massacrer sur la Marne, et qui, désormais, cèdent au lyrisme illusoire du couple franco-allemand. Un couple, disait Oscar Wilde, c’est quand deux personnes ne font qu’un… mais lequel ? Oscar Wilde était anglais, évidemment.
    Ils sont susceptibles en plus : ils ne supportent pas de voir leurs lois fabriquées par des technocrates bruxellois et ont la prétention de continuer à les faire aux Communes à Londres. Ils appellent ça la démocratie parlementaire.
    D’un plouc ! Ils refusent aussi que des juges étrangers, à La Haye, leur donnent des leçons de droits de l’homme. Comme s’ils se prenaient pour le pays de l’habeas corpus, les prétentieux !
    Non, depuis l’annonce faite par Cameron, on menace les entreprises britanniques de leur fermer le marché européen. Tremble, made in england !
    Le marché européen est le plus ouvert du monde. Les Américains, les Chinois, les Japonais y rentrent comme dans du beurre et l’industrie britannique est en train de se refaire une santé grâce à une monnaie faible et des lois sociales encore plus faibles. Non, ce populisme britannique qui ne connaît que son intérêt national est décidément intolérable ! »


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : Cameron et le... par rtl-fr

  • Entretien avec Olivier Delamarche : Vers la faillite des Etats

    Olivier Delamarche, associé-gérant chez Platinium Gestion, analyse les principales tendances économiques et financières à venir. Il nous explique en quoi les solutions actuellement mises en oeuvre, en particulier la monétisation des dettes souveraines, ne pourront ni relancer la croissance ni faire baisser le chômage. La solution passera forcément par des faillites, partielles ou totales, de certains Etats.

  • Conférence du GUD à Lyon (09/02/13): Offensive mondialiste et résistances identitaires : l'exemple italien (Casapound)

     

    avec Chiara Del Fiacco (candidate aux élections)

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  • Intervention de Robert Steuckers lors du colloque « Euro-Rus » de Termonde, 15 mars 2008

    Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers amis et camarades,

    Rassurez-vous, je ne serai pas long et je ne répéterai pas, en d’autres termes, les arguments et les faits qui ont été évoqués par mes prédécesseurs à cette tribune. En guise de préambule, je répondrai toutefois à la question récurrente qui nous est si souvent posée, lorsque nous évoquons la possibilité et la nécessité d’un tandem euro-russe sur l’échiquier international. Cette question récurrente est la suivante : Comment cela se fait-il que vous adoptiez cette position favorable à la Russie, alors que, naguère, cette option a généralement été celle des gauches, tandis que vous passez pour les héritiers de la « révolution conservatrice » ? Cette question, que je n’hésite pas à qualifier d’inepte, reflète la confusion incapacitante qui a été sciemment mise dans la tête des Européens de l’Ouest pendant les quatre décennies de la Guerre Froide. Avant cette parenthèse et avant celle du pouvoir bolchevique à partir de 1917, la Russie était considérée comme le bastion de la ‘réaction’ contre les idées de la révolution française en Europe, c’est-à-dire contre les effets dissolvants de l’idéologie libérale, y compris dans sa version anglo-saxonne, smithienne et manchesterienne. Arthur Moeller van den Bruck, figure de proue de la révolution conservatrice allemande après le Traité de Versailles de 1919, traducteur de Dostoïevski et partisan d’une alliance germano-russe suite aux accords de Rapallo entre Rathenau et Tchitchérine (1922), avait écrit que le bolchevisme, en dépit de ses aspects déplaisants, incarnait la même attitude anti-libérale que la Russie tsariste et traditionnelle, mais sous d’autres oripeaux. Ces oripeaux ont été réduits en lambeaux au fil de sept décennies de communisme, jetés aux orties sans état d’âme, si bien que la Russie est redevenue aujourd’hui un bastion de résistance contre l’idéologie libérale de l’américanosphère.

    Pour venir au vif du sujet de cet après-midi, abordons maintenant la question du Sud-Est européen. Jean Parvulesco, au beau milieu de la crise balkanique de 1999, me disait que les régions sud-orientales de l’Asie et de l’Europe étaient vitales pour le développement de ces deux continents. L’Indochine, où les principaux fleuves venus du cœur de l’Asie himalayenne viennent se jeter dans l’Océan Pacifique, et les Balkans, entre le cours inférieur du Danube et l’Egée, sont des territoires tremplins, permettant à la principale puissance centre-européenne, comme hier l’Empire d’Alexandre, l’Empire romain, l’Autriche puis l’Allemagne, de se projeter, militairement ou pacifiquement, vers le Proche-Orient, le Golfe Persique, l’Egypte (et le Nil), la Mer Rouge et l’Océan Indien. Pour Parvulesco, il n’y a pas de développement naturel et harmonieux de l’Europe sans une maîtrise pleine et complète de l’espace balkanique, comme il ne pourrait y avoir d’indépendance asiatique réelle sans une maîtrise pleine et complète des cours inférieurs des fleuves qui jaillissent du flanc oriental de l’Himalaya, pour se jeter dans le Pacifique face à l’archipel indonésien, riche en caoutchouc et en pétrole et anti-chambre de l’Australie. Dans son langage vert et rabelaisien, Parvulesco disait textuellement : « S’ils tiennent le sud-est, ils nous tiennent par les couilles ! ». L’histoire nous l’enseigne : il n’y a pas d’Europe puissante possible si des « raumfremde Mächte », des puissances étrangères à notre espace, occupent ou contrôlent, directement ou indirectement, l’ensemble balkanique.

    L’Empire ottoman a tenu l’Europe en échec aussi longtemps qu’il a tenu les Balkans. Mais l’occupation ottomane a eu au moins un mérite : celui de donner un sens et un objectif à l’Europe combattante. De Jean Sans Peur, Duc de Bourgogne et Comte de Flandre, aux nationalistes balkaniques des guerres de 1912 et 1913, en passant par le Prince Eugène de Savoie-Carignan, l’Europe, à l’exception de la France, a ressenti comme un devoir de croisade et de reconquista la nécessité de bouter l’Ottoman hors de la péninsule balkanique.

    L’Empire ottoman considérait la maîtrise des Balkans comme une étape en vue de conquérir l’Europe entière, à commencer par la « Pomme d’Or », Vienne, que ses armées assiègeront deux fois, en 1529 et en 1683. En vain. Le sursaut, in extremis, a été chaque fois admirable et nous ne sommes pas devenus turcs. L’objectif ottoman était de remonter le Danube, de Belgrade à Budapest et de Budapest à Vienne, puis, sans doute, de Vienne à Linz et au cœur de la Bavière pour faire tomber l’ensemble de l’Europe dans son escarcelle. Aujourd’hui les Etats-Unis installent leur principale base militaire sur le site même de la victoire ottomane de 1389, soit au Kosovo, à partir duquel les Turcs avaient commencé leur conquête de l’Europe.

    Les Balkans sont donc un tremplin géostratégique de première importance depuis le Macédonien Alexandre le Grand, depuis les Romains dans leur marche vers l’Anatolie, corps territorial constitutif majeur de l’actuelle Turquie. Dans la perspective actuelle, qui est toujours celle du géopolitologue britannique Halford John Mackinder, théorisée en 1904, la maîtrise des Balkans permet la maîtrise de l’Anatolie, qui permet à son tour de maîtriser le Croissant Fertile et, partant, le Golfe Persique et la Mer Rouge et d’obtenir ainsi une fenêtre de premier ordre sur l’Océan Indien. La maîtrise des Balkans équivaut de ce fait à joindre solidement la « Terre du Milieu » à l’ « Océan du Milieu ». Cette volonté, qui est aussi celle de joindre l’Europe romano-germanique, la Russie néo-byzantine, la Perse et l’Inde, dans un sorte de « chaîne d’Empires » sur le « rimland » méridional de l’Eurasie, a été l’objectif de toutes les « grandes politiques » de l’histoire européenne : de César, qui le théorise avant de succomber sous les coups des Sénateurs romains aux Ides de Mars de 44 av. J. C., de Trajan qui le concrétise près de deux siècles après, de Julien dit l’Apostat qui ira mourir au combat en Mésopotamie, aux Croisades d’Urbain II et Godefroy de Bouillon à l’idée secrète de l’Ordre de la Toison d’Or créé par Philippe le Bon.

    A la fin du 19ième siècle, les Européens, dont les Serbes, triomphent enfin de la présence ottomane en Europe orientale. Malheureusement, bien vite, les vainqueurs se déchireront entre eux, créant des animosités inter-européennes qui n’ont cessé de perdurer et qu’exploiteront habilement tous ceux qui voudront contrôler les Balkans, après 1914. Quant aux Turcs, ils essaieront toujours de revenir dans les Balkans, par le biais de l’OTAN, en soutenant les minorités musulmanes de Bulgarie, de Bosnie, d’Albanie et du Kosovo, en créant, comme on l’apprend, des réseaux de lycées turcs en Bosnie. C’était le rêve de Türgüt Özal, qui voulait faire émerger un pôle panturc de l’Adriatique à la Muraille de Chine. C’est le rêve d’Erdogan qui cherche à réaliser les mêmes objectifs mais cette fois par le biais d’un panislamisme dominé par la Turquie. Son discours récent, en février 2008, à Cologne, est très révélateur des intentions d’Ankara. Ne confondons toutefois pas le kémalisme et le pantouranisme. Le Général Mustafa Kemal, que les Turcs surnommeront affectueusement « Atatürk », le « Père de tous les Turcs », se voulait, au départ, sincèrement Européen, dans la mesure où il voulait imposer un mythe hittite à la Turquie défaite et dépecée, qu’il souhaitait par ailleurs désislamiser et désarabiser. Ce mythe hittite faisait explicitement référence à un peuple indo-européen, ayant vécu à la charnière de la proto-histoire et de l’histoire, venu d’Europe, via les Balkans, pour faire face à un environnement non européen en Anatolie et pour pousser sa puissance en direction du ‘dos’ du Croissant Fertile, aux confins septentrionaux de l’actuelle Syrie. De ce mythe, il reste, à Ankara, un impressionnant « Musée hittite », fondé par Atatürk lui-même. Outre ce musée, le mythe hittite de Mustafa Kemal n’a laissé aucune trace dans les projets politiques et géopolitiques de la Turquie contemporaine.

    Le pantouranisme exalte une autre orientation géostratégique, si bien qu’on ne peut du tout le confondre avec le kémalisme. Dans le mythe pantouranien, l’Etat turc n’est pas posé comme l’héritier des Hittites qui avancent de l’Egée vers le Croissant Fertile mais l’héritier des hordes seldjoukides venues du fin fond de l’Asie pour s’élancer vers l’Egée, l’Adriatique et le Danube. Le pantouranisme prend forme, au niveau intellectuel, dès le début du 20ième siècle mais atteint son apogée pendant la seconde guerre mondiale, en 1942, quand une large fraction de l’élite politique et militaire turque croit à une victoire prochaine de l’Allemagne hitlérienne en Russie, victoire qui apportera, croit-elle, l’indépendance aux peuples turcophones de l’Asie centrale soviétique. Parmi les jeunes officiers séduits à l’époque par ce pantouranisme ou panturquisme, nous trouvons le futur leader MHP, le Colonel Türkes, dit le « Bazboug », le chef. Les pantouraniens, qui plaçaient leurs espoirs en une victoire allemande, seront jugés en 1945, quand la Turquie, qui avait senti le vent tourner, s’alignait sur les Etats-Unis. Jugement purement formel : quelques semaines après leurs lourdes condamnations, les panturquistes rentrèrent au foyer.

    Les mythes hittite et pantouranien ne sont pas des vues de l’esprit, des coquetteries intellectuelles sans grande consistance. Elles reflètent des intentions politiques et stratégiques essentielles, suivies d’effets toujours bien concrets. Ainsi, dans ses multiples ouvrages, essais et articles, Zbigniew Brzezinski, grand stratégiste américain contemporain, auteur du livre programmatique « Le Grand Echiquier », cherche à mâtiner l’idéal pantouranien et un idéal « mongoliste », où il maintient en quelque sorte deux fers au feu : il utilisera le pantouranisme pour séduire les Turcs et détacher le cœur central de l’Asie de l’hégémonie russe, de le balkaniser et de le satelliser pour séparer la Russie de l’Iran et de l’Inde, où pour créer une unité éphémère, ‘gengiskhanide’, toujours remise en question de par sa mobilité incessante et de par les querelles d’héritage, une unité fragile, plutôt une instabilité chronique, qui aurait eu pour fonction de neutraliser les anciens empires de la région, à commencer par le persan ; mais dans cet espace, ce ne sera ni un étatisme ottoman ni un étatisme kémaliste qui devra avoir, in fine, le dessus, mais un « mongolisme », non pas tant animé par la sagesse de Gengis Khan, mais à la façon très négative de Tamerlan, fossoyeur de la Perse si fascinante des 12ième, 13ième et 14ième siècles. L’Asie centrale, faute d’être pleinement satellisable par les Etats-Unis, devra devenir un espace de chaos, un espace « tamerlanisé » ad infinitum, déstructuré faute d’être structuré par une idée impériale solide, visant la durée, la pérennité, à la romaine ou à la persane, à la Witte ou à la Stolypine. C’est une façon de réactualiser les stratégies d’un Richelieu et d’un Vauban, qui avaient cherché tous deux à ‘démembrer’ les frontières de leurs adversaires impériaux ou espagnols ou à plonger ‘les Allemagnes’ dans le chaos, entre une France stabilisée d’une main de fer par le nouvel absolutisme, après la Fronde et la répression des révoltes populaires, et son allié ottoman, bien campé sur le cours du Danube. Dans la perspective actuelle, il s’agit de plonger dans le chaos un vaste espace, correspondant peu ou prou au territoires dominés jadis par Gengis Khan, entre une Union Européenne stable mais ouverte et pénétrée sur le plan commercial et une Chine mise dans l’impossibilité de se trouver des alliés sur la masse continentale eurasienne et prête, dès lors, à accepter à terme une ouverture au commerce américain (projet bien concocté depuis 1848, quand la guerre du Mexique laissait prévoir le statut bi-océanique des Etats-Unis, pierre angulaire de leur puissance planétaire).

    A cette imitation, mutatis mutandis, de la stratégie ‘démembrante’ de Richelieu par Brzezinski en Asie centrale correspond la stratégie américaine équivalente dans les Balkans, à l’époque du tandem Clinton/Albright, qui ont créé de toutes pièces les questions bosniaque et kosovare ; cette dernière rebondit aujourd’hui avec la proclamation unilatérale d’indépendance de Thaçi à Pristina. Le Kosovo est la région qui se trouve exactement au milieu de l’ouest de la péninsule balkanique, à l’ouest du massif des Monts Rhodope ; plus exactement de l’ensemble formé par l’Albanie, la Serbie et le Monténégro ; qui tient cette région, comme les Ottomans l’ont tenue, tient l’ensemble de la péninsule et contrôle les routes qui mènent à Belgrade et au Danube, via les vallées de l’Ibar (à Mitrovica) et de la Morava, plus à l’est. Exactement comme la puissance qui tient sous sa coupe la Bosnie tient, à terme, la côte adriatique, qu’elle surplombe, menace l’Italie et domine le cours de la Save qui mène aux frontières de l’Autriche et de la Vénétie. La stratégie américaine a donc réussi à créer, en pariant sur le fondamentalisme musulman et sur certains réseaux mafieux albanais, deux entités politiques hostiles à -et en marge de- leur environnement slave, grec et chrétien-orthodoxe, deux entités à la dévotion des Etats-Unis, de la Turquie et de leurs financiers saoudiens. L’atout stratégique qu’aurait pu constituer des Balkans unis est ainsi perdu pour l’Europe, avec, rappelons-le, la bénédiction d’une intelligentsia médiacratique (et médiocratique…) parisienne, qui, à l’époque de la crise bosniaque, professait un multiculturalisme irréaliste en faveur d’une Bosnie pluri-confessionnelle, posé comme le futur modèle incontournable de l’Europe entière ; en débitant ces discours, cette brochette d’intellos creux camouflait le fait, pourtant patent pour qui sait déchiffrer la ‘novlangue’ des fabriques d’opinion, qu’elle prenait ses ordres, en réalité, de Washington, pour briser, par matraquage médiatique, la solidarité spontanée pour la Serbie qui aurait animée la France.

    Dans le Kosovo, la firme Halliburton, où Dick Cheney a de solides intérêts, a construit la plus grande base américaine d’Europe, ce qui confirme bien la volonté américaine de s’y maintenir pendant longtemps. L’objectif est de contrôler les oléoducs et gazoducs qui transitent ou transiteront dans la région ou à proximité, en provenance des rives de la Mer Noire et en direction de l’Adriatique, donc de l’Italie, Etat fondateur de la CEE, pour que gaz et pétrole soient distribués partout dans l’UE. La coopération euro-russe en matière énergétique serait ainsi soumise à une épée de Damoclès permanente. Le Kosovo se trouve légèrement en surplomb par rapport à la vallée de la Morava, entre la ville serbe de Nis et la capitale macédonienne Skopje, à mi-chemin entre Belgrade sur le Danube et Thessalonique sur l’Egée. Les vallées de la Morava (de Skopje à Belgrade) et de l’Axios (de Skopje à Thessalonique) forment donc la voie terrestre la plus courte entre le Danube et l’Egée, donc entre la Méditerranée orientale et l’Europe centrale. Cette zone est donc de la plus haute importance stratégique : une puissance planétaire se doit dès lors de la contrôler pour tenir ses éventuels concurrents en échec. L’enjeu consiste donc à contrôler les oléoducs et les gazoducs et cette ligne Belgrade-Thessalonique, comme le firent les Ottomans dans les siècles passés. Ce n’est pas un hasard s’ils ont évacué cette ligne au tout dernier moment : en 1912 quand ils avaient affaire et aux peuples balkaniques et à l’Italie. Le double contrôle de la ligne des oléoducs et gazoducs et de la ligne Belgrade-Thessalonique : tels sont donc les buts réels. Et c’est justement dans les Balkans, donc en Europe et contre l’Europe, que les Etats-Unis enregistrent aujourd’hui le meilleur succès dans leurs stratégies, avec des alliés musulmans, alors que l’islam combattant est présenté partout ailleurs comme l’ennemi de l’Occident américanisé. Les naïfs, y compris dans certains mouvements identitaires, croient benoîtement, que le Kosovo musulman ne peut en aucun cas être téléguidé par les services américains puisqu’il est tout simplement musulman, donc posé erronément comme allié aux auteurs réels ou présumés des attentats du 11 septembre 2001 à New York. C’est cette fable que croient et ânonnent les canules atlantistes, grand Béotiens en matière d’histoire, laquelle est effacée de leurs têtes, et en géographie, car apparemment aucun d’entre eux n’est capable de déchiffrer une simple carte physique d’école primaire, contrairement à leurs maîtres américains.

    Ailleurs, les Etats-Unis ne rencontrent pas le même franc succès. Dans cette Asie centrale que Brzezinski voulait satelliser et ‘tamerlaniser’ Russes et Chinois, qui ont clairement perçu le danger, ont mis sur pied le « Groupe de Shanghai », alternative heureuse au chaos artificiel qu’avaient espéré et programmé les experts du Pentagone. Le « Groupe de Shanghai » est aujourd’hui la principale entrave à l’expansion planétaire des projets de Washington. Il rend caduque la volonté de Brzezinski de plonger cet espace, occupé par les ex-républiques soviétiques à majorité musulmane, dans un chaos à la Tamerlan.

    Dans le Caucase, la tentative de former une série de sécessions en chaîne n’a pas entièrement réussi, comme dans les Balkans, même si le problème tchétchène est loin d’être résolu, reste un abcès purulent collé au flanc caucasien de l’espace géopolitique russe. Si le Kosovo se trouve au milieu d’une péninsule située entre l’Adriatique et la Mer Noire, la Tchétchénie se trouve, elle, au milieu d’un large isthme, forcément à double littoral, entre la Mer Noire et la Caspienne, où doivent logiquement passer les oléoducs et gazoducs amenant le brut des gisements de Bakou en Azerbaïdjan et des nouveaux champs de pétrole et de gaz du pourtour de la Caspienne. Le sécessionnisme tchétchène, lit-on dans la presse, a été animé, dès son éclosion, par des nationalistes locaux mais aussi par un djihadiste venu de Jordanie. Pourquoi de Jordanie ? Parce que dans ce pays arabe vit depuis un exode de Tchétchènes, fuyant l’avance des armées russes au 19ième siècle, une forte minorité de ceux-ci, dite « circassienne », ayant conquis bon nombre de postes importants dans l’armée et l’administration du royaume hachémite, ancien satellite britannique. Ce djihadiste arabisé n’a fait qu’un retour au pays de ses aïeux, pour aller y pratiquer les habituelles « guerres de base intensité » ou « stratégies lawrenciennes » -notamment celle qui a donné naissance au Royaume de Transjordanie- dans les zones pétrolifères que souhaitent contrôler les « Sept Sœurs », soit les grands consortiums britanniques ou américains des hydocarbures (sur l’apport démographique tchétchène, lire : Yo’av Karny, « De Kaukasus », Uitgeverij Atlas, Amsterdam/Antwerpen, 2003-2005).

    En conclusion, les entités étatiques « indépendantes », que veulent imposer à la communauté internationale les puissances thalassocratiques, financières et pétrolières anglo-saxonnes, en pariant sur tribus dissidentes, mafias locales, sécessionnistes douteux, zélotes religieux, etc., ne sont pas acceptables dans la situation actuelle, surtout qu’elles concourent à installer des abcès de fixation musulmans, des enclaves islamisées, au cœur de territoires européens, avec, qui pis est, une dimension mafieuse et narco-trafiquante, pourtant dûment dénoncée par bon nombre d’institutions internationales. Ces enclaves musulmanes ne peuvent qu’aviver ou conforter le « choc des civilisations », annoncé dès 1993 par Samuel Huntington. Comme le soulignait récemment le Dr. Koenraad Elst dans les colonnes de « ‘t Pallieterke », le Kosovo n’est jamais qu’un instrument des Américains, qui, in fine, contrôlent tout le processus indépendantiste, et des Wahhabites saoudiens, qui visent une reconquista de toutes les terres qui furent, à un moment ou un autre de l’histoire, islamisées. Ni l’une ni l’autre de ces options ne vont dans le sens des intérêts de l’Europe.

    La première étape d’une révolution métapolitique, qui ouvrirait les yeux des Européens afin qu’ils se rendent compte des manipulations médiatiques orchestrées depuis quantité d’officines d’Outre Atlantique (le « soft power »), serait de se doter d’une élite capable de lire des cartes et d’utiliser des atlas historiques (comme ceux de l’Ecossais Colin McEvedy). Cette lecture de carte, permettant de saisir d’un simple coup d’œil, les dynamiques de l’histoire, toujours récurrentes, a été l’un des objectifs de « Synergies Européennes ». J’invite tout un chacun à poursuivre ce travail, pour donner vigueur à toutes nos initiatives européistes et identitaires.

  • Les nationalistes polonais rassemblés autour de « Ruch Narodowy »

    549871_420746178002164_268792967_n.jpg« Ruch Narodowy » ou « Mouvement national » est le collectif qui rassemblera désormais plusieurs mouvements nationalistes historiques polonais, dont le Młodzież Wszechpolska (MW, Mouvement de jeunesse de toutes les Polognes, dont nous parlions en novembre dernier), Obóz Narodowo-Radykalny (ONR, Camp national-radical), la Garde de l’indépendance, une radio nationaliste et plusieurs portails internet.

    Trois anciens députés rejoignent également ce mouvement, dont le leadership reviendra à huit personnes, dont les leaders actuels du MW et d’ONR.

    En quelques heures à peine du lancement de cette plateforme, ce sont déjà 10 000 personnes qui s’étaient abonnée à la page facebook « Ruch Narodowy » hier en fin de soirée, dépassant allègrement la popularité de tous les autres partis politiques de Pologne !

    Les mouvements nationalistes qui composent Ruch Narodowy ne cesseront pas d’exister, continuant d’avoir leur spécificité qui leur permet de recruter parmi la jeunesse.

    Le Mouvement national n’affiche pour l’heure aucune ambition électorale, mais les prochaines échéances électorales, en 2014, lui laissent amplement le temps de revoir sa position. Il s’agira d’élire les députés européens. Le Mouvement national devrait faire figure de meneur de l’euro-scepticisme.

    http://www.contre-info.com/

  • Une terrible postmodernité dans la maison « Casa Pound »… par François-Xavier ROCHETTE

    L’ouvrage est épais, dense… 370 pages compactes de lignes et de lignes interminables écrites par un fier Italien de 32 ans qui, incontestablement, ne transige pas avec la réputation de bavards qu’endossent assez justement nos voisins transalpins.

     

    Pourtant la forme d’abécédaire choisi pour le bouquin aurait pu permettre à son auteur d’économiser en l’occurrence non sa salive mais l’encre de son imprimante qui doit être elle aussi plus ou moins italienne… Bon, vous l’aurez compris chers lecteurs, je n’ai pas trouvé dans l’ouvrage étudié ici de l’avoine nourrissante ou je ne sais quelle source d’inspiration, ou encore une problématique à creuser, enfin quelques choses à se mettre sous la dent.

     

    Et je dois l’avouer, c’est bien le troisième livre écrit par un Transalpin ces derniers mois qui me déçoit profondément, qui n’apporte rien ou presque de nouveau ou de pertinent à la petite bibliothèque nationaliste que nous essayons d’enrichir utilement.

     

    Mais dans ce cas, je suis exposé à un problème d’une autre ampleur, à une question terriblement lancinante : le livre est ennuyant, certes, la forme est assommante, mais le défaut rédhibitoire de la chose ne provient-il pas non seulement de son argumentation (et pas seulement de sa forme) mais de son objet même ?

     

    Et je suis si anxieux devant cette conjecture que j’en oublie de citer tout simplement le titre du bouquin italien, parfois si mal traduit, qu’il en devient loufoque. Tant pis, je me jette à l’eau : Casa Pound, une terrible beauté est née.

     

    Un livre d’Adriano Scianca qui prétend présenter en quarante mots la révolution en devenir (sic) de la « maison d’Ezra » (Pound). Voilà, j’ai osé affirmer d’emblée ma perplexité devant un « manuel » relatant « poétiquement » l’aventure urbaine de Casa Pound, et tant qu’à être franc soyons-le avec audace, c’est, je crois, Casa Pound en tant que telle que je n’apprécie pas outre-mesure. Oh l’hérétique iconoclaste que je suis !

     

    J’entends déjà certains lecteurs sidérés grogner leur mécontentement estimant que ce François-Xavier Rochette a le don de voir la petite bête qui fâche partout et de n’être pas gentil avec ces jeunes gens si dynamiques, qui organisent plein de concerts de rock et qui se tatouent tous le symbole de la Casa, une tortue, sur le bras…

     

    Et que dire de tous ces tee-shirts super à la mode confectionnés par les poundistes entre deux tags ou graphs immortalisant leur formidable volonté de puissance nietzschéenne. Ah ce ringard de Rochette poursuit, ironique, ses diatribes pour ne pas dire ses objurgations ! Entends-je !

     

    Nous allons être plus clairs. Le livre, que j’ai eu le courage de lire en espérant y trouver des réponses doctrinales sérieuses à mes questions concernant la généalogie idéologique de cette association juvénile, constitue une somme de prosopopées « irrationnelles » d’ailleurs présentées comme telles à travers certains passages (ou endroits) du texte !

     

    J’aurais certainement du prendre plus au sérieux les avertissements de Gabriele Adinolfi, préfacier dudit ouvrage, pour éviter pareil écueil. Relisons-les : « Le livre est important mais quelques avertissements sont nécessaires pour nos cousins de l’Hexagone. Je connais bien l’esprit français qui aime à expliquer le monde d’une manière cartésienne et systématique ». Ce qui signifie : « Si vous ne comprenez pas les propos de l’auteur, ou si vous les trouvez un brin légers, c’est parce que vous, Français, êtes dépourvus de cette faculté de saisir l’énergie sidérale de la communauté commune de la Polis ».

     

    Oh, encore cette vilaine ironie provocatrice ! Mais ma petite acrobatie verbale décrit assez justement l’argument d’Adinolfi.

     

    Le fascisme, pour notre préfacier comme pour Adriano Scianca, n’est pas dogmatique mais une manière de vivre intensément une philosophie existentialiste des plus caricaturales, « l’essence de cette différence ontologique que l’on pressent sans la comprendre », une sorte d’anarchisme (sic), un futurisme où l’acteur « hurle, parce que le hurlement est auto-affirmation, dépassement du bavardage (il semble être plutôt ici poussé à l’extrême), moquerie de la banalité ».

     

    L’un des objectifs de Casa Pound est ainsi de favoriser l’émergence d’une nouvelle rationalité… Une rationalité en quelque sorte irrationnelle… Évidemment, derrière une telle phraséologie qui ne se distingue que par son emphase fatigante, on trouve la crypto-sociologie de l’inénarrable Michel Maffesoli.

     

    Une farce

     

    D’autant plus que le jeune Adriano ne semble pas avoir eu le temps de la digérer… Il n’y a qu’à l’étranger d’ailleurs qu’on se réfère explicitement à Maffesoli tant ce drôlet est totalement discrédité en France, dans ce pays si rationnel… « Culte du corps, langage de l’image, exaltation de la tribu. C’est l’incarnation de la post-modernité communautaire, de l’icône, de la fête dont parle Michel Maffesoli dans plusieurs de ses œuvres ». Et notre auteur de singer le maçon au nœud papillon.

     

    L’effervescence qui crée du liant dans une ambiance de nihilisme joyeux, le devenir en gestation, le mystère de la communauté de conscience… Jusqu’à l’ineptie la plus ridicule qui aurait fait toussoter l’historien israélite Zeev Sternhell, généalogiste de l’irrationalité fasciste : « Pour un mouvement identitaire d’inspiration fasciste, donc toujours existentialiste et jamais essentialiste (!), écrit en effet irrationnellement notre Romain, l’identité n’est pas un simple fait tenu pour acquis dont il suffirait d’affirmer tautologiquement la présence ! Au contraire ! ».

     

    Tout est à construire ou à reconstruire, tout, même la nation… La nation est aussi à imaginer dans cet univers de nihilisme actif… Que disent, que pensent, que veulent penser Scianca et ces adolescents vivant dans une fiction perpétuelle ? : « La nation apparaît comme quelque chose qui n’existe pas, sinon en ce que l’on fait. C’est celle que nous faisons avec notre travail sérieux, avec nos efforts, en ne croyant jamais qu’elle existe déjà, en pensant justement le contraire ! La nation n’existe jamais et il faut sans cesse la créer ». Voyez-vous, avec la fête, le mélange, l’effervescence, l’imaginaire, la culture, surtout la bande dessinée et (encore) le maçon Hugo Pratt, le club de moto (sic), un phénomène mystérieux s’élabore (spontanément) alimentant une certaine idée de la nation…

     

    Un anticonformisme ?

     

    En fait, leur fascisme ressemble davantage à une sorte de culture urbaine postmoderne qu’à un courant politique cohérent. Ceux-là mêmes qui étrillent le national-socialisme responsable de l’Holocauste (sic), s’amusent par exemple à idolâtrer David Bowie et les Sex Pistols parce qu’ils ont eu le toupet de mimer « la geste » nazie lors de quelques concerts… Pareille dévotion à l’égard du groupe Led Zeppelin avec son chanteur androgyne chantant des chansons non engagées et donc combattant de fait la propagande communiste… Et peu importe si Page (le chanteur du groupe) et ses acolytes louaient dans leurs texte le Prince de ce Monde… Trop provocateurs les mecs !

     

    Mais l’« anticonformisme » de Casa Pound en prend un coup page 136. Il existe en effet des sujets pour lesquels il ne peut être question d’anticonformisme ! Un peu de dignité, zut ! C’est le cas bien évidemment pour la question juive. L’anticonformisme en arborant des images d’Albator ? Oui ! L’indécence ? Non ! L’auteur sort l’argument passe-partout philosémite qui fait tant rire Hervé Ryssen : « Le juif italien, en général, était un fervent patriote ».

     

    Mieux ! Il est plus patriote, plus italien que l’Italien de base ! Lisez et croyez (si vous le pouvez) : « Proportionnellement, les juifs donneront aux guerres pour l’indépendance italienne et aux troupes garibaldiennes, une contribution trente fois supérieure à celle du reste de la population ». Encore une fois, l’auteur met en exergue l’anti-antisémitisme mussolinien pour légitimer sa pusillanimité à l’égard de la communauté. « Mussolini ironisait sur l’antisémitisme dogmatique et les antisémites fanatiques (nous sommes tous les fanatiques de l’autre…) qu’il considérait comme un phénomène “ allemand ”, “ trop allemand ”, et donc rigide, pesant et schématique ».

     

    L’anticonformisme de Casa Pound s’arrête également au seuil de la thématique shoatique. Le leader barbu de l’association italienne, Gianluca Iannone, s’explique : « Vous me parlez des chambres à gaz ?… Que dire ? Bien entendu, certaines images me provoquent le dégoût. Qui pourrait éprouver de la joie ou de l’indifférence devant un tel massacre ? Ce fut une tragédie ». Inutile de commenter cette marque de liberté…

     

    Casa Pound se montre aussi très sage sur le sujet conspirationniste ou plutôt anti-complotiste. Par principe, Casa Pound refuse l’idée de complot. Oui, par principe… Estimant être bien trop pure pour croire en de telles balivernes. Oui, l’incrédulité complotiste est un postulat cosmétique pour les « intellectuels » de la Casa qui ne manquent pas de figures rhétoriques pour éviter tout débat sur le sujet. Le « complot hébraïque », « existe-t-il ou pas ? Ce qui est sûr, c’est qu’il fait référence à une base psychique, qui a bien peu à voir avec le fascisme, lequel est décidément trop solaire et pragmatique pour tomber dans la paranoïa du complot et son animus soupçonneux et fielleux ». Incroyable argument qui consiste à postuler que le complot ne peut exister puisqu’il ne serait pas digne de la lumière fasciste ! Décidément, l’esthétique célébrée par les intellectuels de Casa Pound constitue une échappatoire commode. À moins que ma rationalité gauloise ne m’autorise à appréhender la profondeur de la pensée de nos nihilistes actifs… Qui sait ?

     

    Casa Pound pragmatique

     

    J’entends quelques lecteurs qui avaient été préalablement séduits par l’expérience romaine me rétorquer que Casa Pound est avant tout une matrice d’actions qui rassemble des individus qui agissent sur le terrain, dans les rues des villes, les mains dans le cambouis, etc.

     

    Nos Italiens n’ont-ils pas pris d’assaut des bâtiments inoccupés pour en faire de jolis squats hygiéniques (pas crasseux comme ceux des communistes nous indique-t-on) et pour loger quelques familles. Des actions en fait symboliques destinées à promouvoir leur combat politique contre l’usure. La seule proposition tangible et solide présentée dans ce bouquin fastidieux…

     

    Mais que penser de leurs occupations de maisons privées perpétrées au nom de la solidarité italienne ? Si les locaux « volés » ou réquisitionnés servaient exclusivement à l’hébergement d’Italiens italiens S.D.F., nous comprendrions aisément la spécificité de la démarche de nos néo-fascistes.

     

    Mais ce n’est pas le cas !

     

    La preuve avec cet article du numéro 1 du Choc du mois nouvelle version de mai 2006. À la fin d’un article sur la Casa signé Jacques Cognerais (qui fit le voyage à Rome avant de rédiger son papier), nous sommes tombés sur un passage… assez surprenant. Page 65 : « Face à la pénurie de logements à Rome et dans sa périphérie, les militants néo-fascistes n’hésitent pas non plus à occuper des immeubles à l’abandon afin d’y reloger des familles sans toit, qu’elles soient d’ailleurs italiennes ou… immigrées ! »

     

    Explication tout aussi surprenante d’un responsable romain : « Quels qu’ils soient, les plus démunis n’ont pas à vivre au milieu des seringues qui jonchent les squats gauchistes… ». La fonction de Casa Pound, en matière de solidarité, serait-elle de faciliter la vie des allogènes clandestins ? Voilà en tout cas certainement le fruit d’un pragmatisme romantique résumé par ces propos naïfs d’Adriano Scianca : « La vérité est que nous, nous raisonnons avec le cœur. Uniquement avec le   cœur ». Ou l’on finit par ne plus raisonner du tout…

     

    François-Xavier Rochette http://www.europemaxima.com

     

    • Adriano Scianca, Casa Pound : une terrible beauté est née ! les mots de Casa Pound : 40 concepts pour une révolution en devenir, préface de Gabriele Adinolfi, introduction de Flavio Nardi et postface de Gianluca Iannone, Les Éditions du Rubicon, Paris, 2012, 363 p., 24 €, à commander à : leseditionsdurubicon@yahoo.fr

     

    • D’abord mis en ligne sur La Flamme, le 13 novembre 2012.