L’Allemagne exporte davantage de lait et de fromage que la France. Elle bâtit son avantage compétitif en aval, quand le lait ne relève plus de l’agriculture mais de l’industrie. Avec une politique de l’offre et non de la demande. Les Français ont un gros complexe vis-à-vis des Allemands. Un complexe industriel : la manufacture pèse deux fois plus de l’autre côté du Rhin que de ce côté-ci. Elle dégage un colossal excédent commercial là-bas contre un déficit significatif ici. Les Français ont tort. Le problème n’est pas l’industrie, mais la compétitivité. Leur économie a longtemps exporté plus de services, plus de produits agricoles que son voisin. Ce n’est plus le cas. Depuis 2001, l’Allemagne vend davantage de services à l’étranger. L’écart des exportations entre les deux pays approche 50 milliards d’euros. Encore plus frappant : depuis 2005, la première puissance industrielle européenne a aussi dépassé la France sur les produits agricoles. Son avance va sur les 25 milliards. Elle vend même… plus de fromage que la France. En une décennie, elle en a augmenté ses volumes exportés de 23 %, contre 8 % côté français. Sans avoir jamais eu un ministre proclamant que labourage et pâturage sont les deux mamelles du pays ! L’exemple du lait et des produits laitiers est éclairant, car il révèle l’imbrication des causes politiques, économiques, sociales, culturelles… et industrielles dans ce qui fait la compétitivité d’une filière et aussi d’un pays. Pour expliquer la performance allemande, les éleveurs français invoquent la taille des exploitations. A première vue, ce n’est pas évident. Des deux côtés du Rhin, les fermes ont en moyenne une quarantaine de vaches. Il y a des petites unités dans le sud de l’Allemagne et dans les montagnes françaises, comme il y en a des grandes dans le septentrional Schleswig-Holstein ou en Bretagne. Mais derrière les moyennes, l’Allemagne favorise la grande taille par quatre mécanismes. Le premier est culturel. Dans le nord du pays, l’héritage passe par un droit d’aînesse. Un seul enfant reprend l’exploitation. Comme il ne s’est pas endetté pour racheter les parts de ses frères et sœurs, il peut donc investir. Le deuxième mécanisme est politique : les autorités allemandes subventionnent d’abord les grands projets d’investissement dans les fermes, tandis que Paris saupoudre (comme souvent). Le troisième facteur est social : c’est l’absence de SMIC en Allemagne. Contrairement à l’industrie, il n’y a pas de convention collective fixant un salaire minimum. Les éleveurs allemands peuvent donc embaucher de la main d’œuvre peu payée, souvent venue des pays de l’Est. Enfin, la quatrième raison est sanitaire : les normes pesant sur les installations deviennent très lourdes et donc coûteuses dès que la ferme compte plus de 100 vaches en France, contre 300 en Allemagne. Petits ou grands, les éleveurs allemands ont deux autres atouts dans la manche. Le premier est un régime particulier de TVA. Ils peuvent opter pour le « Pauschalierung » qui leur permet de ne pas reverser au fisc la différence entre la TVA reçue sur leurs ventes et celle payée sur leurs achats. Le deuxième est un soutien aux énergies renouvelables, avec des prix élevés d’achat de l’électricité ainsi produite, garantis sur vingt ans. Des milliers d’unités de biogaz ont été construites. Des panneaux solaires couvrent beaucoup de hangars agricoles. Les éleveurs louent même des toits d’entrepôts à des entreprises ! Et pourtant… la compétitivité laitière allemande ne vient pas de cette brochette d’avantages. Les experts de l’Institut de l’élevage, qui ont étudié la question de près, sont formels : les coûts de production du lait ne sont pas très différents dans les deux pays. L’ajustement se fait par les revenus : les éleveurs français gagnent moins d’argent de ce côté-ci du Rhin. Lors d’une rencontre entre éleveurs des deux pays, un Français a demandé à un Allemand comment il faisait pour s’en sortir. L’Allemand, qui s’en sortait très bien, a pris la question pour un compliment ! Suite sur Les Echos => http://www.lesechos.fr/opinions/analyses/0203090688987-pourquoi-l-allemagne-exporte-plus-de-fromage-que-la-france-624330.php
Europe et Union européenne - Page 964
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Pourquoi l’Allemagne exporte plus de fromage que la France
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Immigration : La réalité des chiffres face aux « constats » du Nouvel Obs
Tribune libre d’Anthonin
Le Nouvel Obs a repris l’intervention de Florian Philippot sur Canal+ pour tenter de démonter ses arguments en publiant un article « les 9 mensonges du FN révélés». Il est assez surprenant de lire des réponses hors sujet et mélangeant un peu tout.
Nous allons répondre aux questions avec une argumentation sourcée auprès d’intervenants (prix Nobel d’économie, directrice de recherche INED…), de sites officiels (INSEE, HCI, ministère de l’intérieur etc) et de médias reconnus.
Il est important de rappeler que c’est l’immigration massive qui est pointée et non l’individu en lui-même, simple bénéficiaire d’une politique pro-immigration.
1. Les immigrés « nous envahissent » ? Faux, ils sont nécessaires à notre démographie et juste en nombre suffisant. Ils étaient 267.000 en 2011 pour 200.000 Français qui quittent notre territoire chaque année.
La question porte sur l’invasion et non sur la nécessité. Dès lors qu’un peuple a besoin d’apport extérieur pour développer sa démographie, c’est un signe de dépérissement et d’extinction, comme l’a très bien décrit Hervé Juvin sur France culture.
L’exemple donné en réponse fait allusion aux Français quittant le territoire. Or, la définition de Français aujourd’hui ne correspond plus à des personnes de culture française. Selon le ministère de l’intérieur :
2.370.779 étrangers ont acquis la nationalité française entre 1995 et 2012. Soit une moyenne de 139.457 naturalisations/an.
En outre, le taux de fécondité atteint en 2012 le nombre de 2 enfants par femme, chiffre le plus élevé depuis 30 ans. Le taux minimum pour un maintien démographique étant de 2,1, la France aurait dû voir sa population baisser. Or, elle est passée de 55,57 millions en 1982 (date du déclin de la fécondité) à 65,58 millions en 2013 selon l’INSEE, soit une augmentation de 10 millions d’habitants.
En 2010, 18% des naissances en France étaient le fait de mères étrangères. Rien qu’en Ile-de-France, 60% des naissances auraient nécessité un dépistage à la Drépanocytose, maladie touchant principalement les personnes « originaires des Antilles, d’Afrique noire mais aussi d’Afrique du Nord.»
Même si la médecine a permis de rallonger la durée de vie, l’immigration représente donc une part considérable de la démographie française. Michèle Tribalat, spécialiste de la démographie à l’INED, rappelait que moins de 5% des jeunes sont d’origine européenne à Mantes-la-Jolie. Cette même directrice de recherche révélait devant une commission nationale sur le droit à la nationalité que 12 millions de personnes d’origines étrangères (sur deux générations) étaient présentes sur le territoire français en 2008, soit un habitant sur cinq.
Il faut donc être d’une grande vigilance sur le vocabulaire utilisé. Les chiffres démontrent que le nombre d’étrangers et le nombre de français ayant acquis la nationalité française est considérable. Les chiffres de la drépanocytose démontrent que les Franciliens « d’origine » seront minoritaires en une génération.
2. Les immigrés n’ont « jamais été aussi nombreux » ? Faux, ils étaient 7% de la population en 1981, ils ne sont plus que 6% aujourd’hui.
Là encore, les chiffres sont faussés et c’est l’étude de l’’INSEE (lien dans la question) qui démontre les confusions : des enfants nés en France de parents étrangers ont été comptés comme français, et les méthodes statistiques ont changé deux fois entre 1990 et 1999. Sachant que les définitions évoluent et que les enfants nés de parents immigrés eux-mêmes nés en France sont comptabilisés comme français.
Le Haut Conseil à l’Intégration rappelle dans son dernier rapport qu’un habitant sur cinq est immigré ou descendant d’immigré, soit 11,5 millions de personnes.
Les chiffres cités dans la première question démontrent qu’il y a bien une immigration massivement présente en France et ce depuis une période récente dans l’histoire de France. Nous avons donc, sur deux générations, trois fois plus d’immigrés par rapport aux chiffres de l’expert du Nouvel Obs.
3. Les expulsions « ont ralenti » sous François Hollande ? Faux, il y a eu 38.000 reconduites à la frontière en 2012 avec Manuel Valls et 8000 chaque année seulement sous François Mitterrand.
RESF a admis officiellement que moins de dix familles avaient été expulsées depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir.
Les « éloignements » auraient diminué de 40% selon la direction centrale de la PAF.
Donc il est prouvé que les expulsions ont plus que ralenti sous François Hollande.
4. Les immigrés « servent le grand patronat » ? Faux, les immigrés économiques ne représentent que 10% de l’ensemble et ne pèsent pas sur les salaires.
L’unique prix Nobel économique français, Maurice Allais, tirait la sonnette d’alarme en rappelant ceci :
« il n’y a pas de travail que les Français ne veulent pas faire, il y a des travaux qu’ils ne veulent pas faire à un certain prix »
Il est donc évident que l’immigration a servi au grand patronat. Francis Bouygues a utilisé jusqu’à 80% d’immigrés dans ses chantiers. Les patrons ont eu besoin de l’immigration pour combler des emplois à bas coût que les français n’auraient pas exécutés dans de telles conditions (pénibilité, etc).
Mais il faut relever que la réponse n’a rien à voir avec la question !
Tout d’abord, l’immigration rentre sur le marché du travail et c’est le HCI qui le rappelle dans son rapport :
100.000 immigrés se présentent sur le marché de l’emploi grâce à des titres divers tandis que les étrangers « introduits » officiellement par les employeurs sont au nombre de 10.000, soit dix fois moins (Page 41)
Ensuite, 80% du social est financé par le travail. Or si Maurice Allais expliquait ceci :
Il en résulte que lorsqu’un travailleur immigré supplémentaire arrive, il faudra finalement pour réaliser les infrastructures nécessaires (logements, hôpitaux, écoles, universités, infrastructures de toutes sortes, installations industrielles, etc.…) une épargne supplémentaire égale à quatre fois le salaire annuel de ce travailleur.
Il serait logique de comprendre que l’immigration tire les salaires vers le bas de par sa présence massive (offre et demande) et par ses répercussions sur le coût des salaires via les charges sociales (CSG, RDS etc).
5. Les « salaires baissent » à cause des immigrés ? Faux, ils augmentent de +0,27% grâce à eux.
La réponse a été donnée précédemment car s’il a été démontré que les immigrés pèsent sur les salaires, ils ne peuvent pas les faire augmenter.
6. La prochaine immigration sera « asiatique » ? Faux, d’une part parce que les frontières de ces pays sont fermées au Nord et au Sud, d’autre part parce que les Asiatiques n’ont pas les moyens d’immigrer.
L’immigration asiatique a bondi de 51% entre 1999 et 2008. Le nombre de nouveaux arrivants natifs de Chine a plus que doublé depuis 1999 pour atteindre 80.000 en 2009.
7. La France « championne d’Europe » de l’immigration légale ? Faux, le Royaume-Uni a accueilli en 2011 550.000 immigrés, l’Allemagne 500.000, l’Italie 385.000 et la France, 267.000.
Ces chiffres exacts démontrent surtout que l’Europe est très loin d’être une forteresse.
8. Les immigrés « prennent le travail des Français » ? Faux, 60.000 sont des étudiants, 90.000 sont des épouses ou des enfants qui viennent dans le cadre du regroupement familial, 20.000 sont des réfugiés humanitaires et 20.000 des réfugiés économiques.
L’existence même de la discrimination positive, ou préférence étrangère, est la preuve qu’une partie de l’immigration prend le travail des Français. Les emplois aidés visant tout particulièrement les « jeunes » des zones urbaines « prioritaires » sont un exemple supplémentaire des emplois pour lesquels les immigrés et fils d’immigrés sont privilégiés, pour un coût de 3,4 milliards par les contribuables. Ces emplois aidés seront également utilisés dans la grande distribution…
Comme cité précédemment dans le rapport du HCI : 100.000 immigrés entrés/an pour d’autres motifs que professionnels rentrent sur le marché du travail.
A noter que la région Ile-de-France, dans la logique d’aider les immigrés (venus hors immigration professionnelle) à intégrer le monde du travail, finance des formations passerelles linguistiques vers l’emploi. Là encore, le contribuable finance la formation d’étrangers pour qu’ils travaillent pour des employeurs privés.
Les chiffres donnés par l’auteur sont donc un non-sens.
9. Peut-on ramener le nombre des immigrés de 200.000 à 10.000 comme le prétend le FN ? Impossible, il faudrait que la France sorte de l’Europe et rompe tous les accords internationaux. Dans ce cas, la France serait tellement isolée que les Français non plus ne pourraient plus émigrer.
Il s’agit ici aussi d’un double aveu : c’est bien la preuve que c’est l’Europe qui autorise l’immigration massive, et que la France n’est plus souveraine sur son propre territoire.
http://www.fdesouche.com/424737-la-realite-des-chiffres-face-aux-constats-du-nouvel-obs#more-424737 -
Nouvelle loi en Grèce: les opposants à l'UE risquent désormais deux ans de prison !
Un triste sort attend désormais les citoyens grecs qui ne sont pas d'accord avec les structures, les institutions, les représentants, les mesures ou les instruments de l’Union européenne.
Depuis le jeudi 24 Octobre, le Code pénal hellène a introduit l'article 458, qui est une mesure relative à la "violation du droit communautaire", dans lequel il est prévu un emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans pour les citoyens qui agissent contre les structures européennes, mais aussi, pour ceux qui protestent ou expriment un désaccord comme l’opposition aux sanctions. Deux ans de prisons aussi pour ceux qui vont à l’encontre des gouvernements et des représentants de l'UE.
Vous l‘aurez compris, toute personne qui entrave la politique de l'UE risque la prison !
Après les 2 millions d’euros dépensés par le Parlement européen pour bloquer les blogs, sites web et autres affiches eurosceptiques, aujourd’hui, en Grèce, pour pouvoir s’exprimer librement, il faut ne pas avoir peur de passer derrière les barreaux.
La liberté d’expression est donc morte, et avec… la démocratie, puisque avec cet article, c'est l'ensemble des grecs qui est visé, et pas seulement les opposants politiques.
C’est confirmé, l’UE est une dictature…
Aux citoyens des autres pays d’Europe, préparez-vous, parce que l’Union Européenne n’existe pas pour vous, elle vous combat, dans un unique but financier.
http://www.wikistrike.com/m/article-120843003.html -
« EuroGendFor » – l’armée privée de l’UE, prête au départ pour la Grèce
Il y a des articles après lecture desquels le lecteur se dit : « Ce n’est pas possible, je m’informe régulièrement et je pense être au courant des actualités la plupart du temps, pourquoi je ne sais rien de cela ? » Le présent article est un tel article. Ceux qui pensent qu’il s’agit dans le contexte d’Euro-Gend-For d’un terme lié à la notion anglaise « gender » – définition artificielle et très à la mode du « genre », du « sexe social » – se trompent.
Le nom est un morceau de magnificence issu du pouvoir d’innovation intellectuelle des Français : au lieu d’une troupe de l’UE de malfrats violents à la Rambo, ou des Bodyguards à la paie de Goldman-Sachs selon le modèle Blackwater, est née une armée privée dénommée « Force de gendarmerie européenne » (FGE). Les Allemands du camp d’Angela Merkel pourraient ainsi détourner sur les Français le « mécontentement » que l’Europe de l’euro, prétendument si amoureuse de la liberté, déclenche dans les pays où elle intervient. Mais cette mascarade se terminera au plus tard à l’arrivée en Grèce.
Cela fermente en Espagne, les protestations publiques augmentent de jour en jour. Tandis que les Allemands recommandent aux Méditerranéens de se lever plus tôt, de prendre moins de vacances et de travailler plus, la colère du peuple grec se décharge dans les rues du pays. Cela fermente et bouillonne partout, les hommes craignent des situations semblables à des guerres civiles déclenchées par la crise dans toute l’Europe. On s’en rend compte au bureau central de l’Union européenne, et depuis longtemps, l’on a pris des mesures correspondantes.
On prépare maintenant pour la première fois l’engagement de l’armée privée de l’UE qui s’apprête à partir pour la Grèce. A peine un Européen connaît cette unité secrète qui répond au nom d’« EuroGendFor ». Le quartier général de cette unité d’intervention spéciale de 3000 hommes se trouve à Vicence en Italie. L’ancienne ministre française de la Défense Alliot-Marie a initié la fondation de cette troupe, après des troubles de plus en plus fréquents sous formes de batailles de rue et de pillages suscités par des adolescents musulmans immigrés en France. « EuroGendFor » est à la fois police, police judiciaire, armée et services secrets. Les compétences de cette unité sont pratiquement illimitées. Elle doit, en coopération étroite avec les militaires européens, garantir la « sécurité en territoires de crise européens ». Sa tâche consiste surtout à réprimer des révoltes. De plus en plus d’Etats membres de l’UE adhèrent à « EuroGendFor ».
La suite sur Comité Valmy
http://www.comite-valmy.org/spip.php?article2445 -
Vers la grande Turquie
Minute rapporte que, en visite au Kosovo le 23 octobre, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé :
« Le Kosovo c’est la Turquie, et la Turquie c’est le Kosovo. Nous sommes tous les enfants du même pays, forts et unis comme des frères. Nous partageons la même histoire et la même civilisation. »
"Son discours, Erdogan l’a prononcé à Prizren (Sud-Kosovo) où plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient venues écouter le leader turc. Leur leader? Car la ville compte la plus forte communauté turque du Kosovo (le Parti démocratique turc du Kosovo-KDTP compte même des élus dans l’assemblée locale) et la Turquie y a financé plusieurs mosquées. Une journée de congés exceptionnels avait été décrétée pour l’événement et la ville était entièrement pavoisée aux couleurs rouge et blanche… du drapeau turc. Derrière un Kosovo indépendant s’inscrivant dans le projet d’une Grande Albanie, cette Grande Albanie ne serait-elle qu’une partie… d’une Grande Turquie ?"
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/10/vers-la-grande-turquie.html -
UN DE NOUS : plus que 4 jours pour signer !
1,5 million de signatures pour protéger l’embryon : BRAVO ! J-4 avant la clôture de la collecte Faites signer pour atteindre la barre symbolique des 100 000 signatures françaises.
La collecte touche à sa fin.
La clôture officielle de l’Initiative Citoyenne Européenne UN DE NOUS, suivie par la Commission européenne, aura lieu ce vendredi 1er novembre à minuit.
En Europe, le succès de l’initiative est formidable, les deux conditions de validité sont remplies haut la main
1,5 million de signatures quand le seuil requis était d’1 million ; 17 Etats membres ont atteint leur quota imposé par la Commission européenne quand 7 étaient nécessaires. En France, nous poursuivons la collecte jusqu’à la dernière minute !
Avec plus de 98 000 signatures, la barre de 100 000 signatures est atteignable. Nous comptons sur vous et sur votre réseau, chaque signature compte pour passer ce cap symbolique : rendez-vous vite sur www.undenous.fr pour signer en 5 minutes.
Déjà, un premier succès politique à l’actif d’UN DE NOUS !
La proposition de résolution ESTRELA « sur la santé et les droits sexuels et génésiques » (SDSG) a été mise en échec au Parlement européen mardi 22 octobre 2013. Elle incluait le financement de programmes menaçant l’être humain déjà conçu et excédait les compétences de l’Union européenne. Le texte n’a pas été voté (par un renvoi en commission) grâce notamment à la mobilisation de masse du réseau UN DE NOUS qui a interpellé les élus européens : une partie de la droite s’est in extremis mobilisée contre le texte suite aux innombrables messages d’alerte des citoyens.
UN DE NOUS : un réseau vivant qui va durer !
A partir de vendredi 1er novembre, nous entrons dans la phase « post-collecte » et la présentation de nos demandes à la Commission européenne. Si vous voulez rester informé de la suite de l’initiative et de ses actions futures il faut vous inscrire maintenant à la newsletter : http://www.undenous.fr/newsletter/. Ce sera notre fil de contact avec vous dans les mois à venir. Au programme :
· La surveillance des ordres du jour des instances européennes sur le thème de la défense de la dignité de l’embryon humain (par exemple la résolution Estrela peut revenir en discussion) ;
· la Commission européenne devra se positionner après une audition des porte-paroles UN DE NOUS devant cette instance et devant le Parlement européen.
· Etc.
Restez vigilants, soyez informés : http://www.undenous.fr/newsletter/
& suivez en temps réel en likant la page facebook, en vous abonnant au fil Twitter.
L’équipe UN DE NOUS France
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Les portiques de l'injustice fiscale en Bretagne.
Les cafés rennais résonnaient dimanche et encore ce lundi matin des échos de la colère des agriculteurs bretons et de la bataille autour du portique de Pont-de-Buis destiné au prélèvement automatique de la fameuse écotaxe : les télévisions d’information passaient en boucle les mêmes images des fumées, des bonnets rouges défiant les gardes casqués ou des manifestants blessés, à terre… Et cela discutait sec en lisant « Le journal du Dimanche » ou « Ouest-France-dimanche » qui faisaient chacun leur couverture sur « Les révoltés de l’écotaxe » ou « Vent de fronde en Bretagne ». Sur le comptoir d’un bistrot, comme une sorte d’intersigne, il y avait aussi le numéro « hors-série histoire » du magazine « Bretons » qui titrait, insolemment, « La Bretagne contre la Révolution ? », un chouan montant la garde en couverture…
Ce qui a mis le feu aux poudres en Bretagne, c’est cette taxe supplémentaire qui doit entrer en application au 1er janvier prochain, au moment même où la Bretagne affronte une de ses plus graves crises de l’emploi, entre les licenciements dans l’industrie automobile (usine PSA de Rennes-La Janais), dans celle des télécommunications (Alcatel-Lucent, là encore à Rennes mais aussi à Lannion), et, surtout, dans ce qui constitue encore l’un des principaux réservoirs de métiers et d’emplois de la province, le secteur agroalimentaire, avec la fermeture de nombreux abattoirs et d’entreprises de transformation de la viande et du poisson, en particulier dans le Finistère, là où la tension sociale est désormais la plus palpable et la plus explosive comme les jours derniers l’ont bien montré.
Cette écotaxe est donc bien mal venue : ce n’est ni le moment ni le lieu, si l’on peut dire, de l’appliquer, alors que la Bretagne subit de plein fouet les effets délétères d’une mondialisation qui respecte si peu (voire pas du tout…) les règles d’équité économique, de justice sociale et de souci environnemental ! Quelques exemples de cette folle et terrible mondialisation sans freins ni entraves : la concurrence déloyale des abattoirs allemands qui exploitent une population d’ouvriers misérables venus de l’Europe orientale et centrale, certains d’entre eux étant payés moins de 400 euros mensuels (!), et cela dans la première puissance économique de l’Union européenne, au cœur de celle-ci, sans que cela émeuve beaucoup la Commission européenne ; les multiples violations par les grandes multinationales de l’agroalimentaire des milieux naturels (destruction des forêts brésilienne ou africaine pour produire de l’huile de palme ou des agro-carburants, saccage des littoraux ou des fonds marins pour en tirer à moindre frais le maximum de ressources monnayables, etc.) et l’indifférence totale de celles-ci pour le bien-être animal ou la diversité des espèces végétales, etc.
Soyons clair : le système agroalimentaire dominant breton n’est pas exempt de reproches, loin de là, qui a, au nom de la modernisation (depuis les années 50-60 en particulier) et de la compétitivité, trop souvent pris les traits d’un productivisme agro-industriel polluant et de moins en moins « paysan »… Les mises en garde de quelques paysans traditionalistes de l’époque, comme ceux de la revue « Le Paysan biologiste », n’ont pas été entendues. D’ailleurs, comment auraient-elles pu l’être quand l’heure était dans les milieux économiques, les médias, mais aussi à travers les manuels scolaires de géographie par exemple, à vanter « l’adaptation de l’agriculture bretonne à la mondialisation », et se félicitant, au nom de la nécessaire modernité et « pour sortir de l’archaïsme » (termes mille fois entendus et lus depuis mes années de lycée et d’université), de la mise en place d’un système de production vu sous le seul angle économique et oublieux des conditions mêmes de production : il fallait produire, disait-on, coûte que coûte, pour exporter hors de Bretagne et « nourrir le pays », et les arguments développés par les milieux économiques dominants étaient les mêmes que ceux aujourd’hui utilisés pour pousser à la rapide modernisation des agricultures de l’Europe centrale et orientale, avec la bénédiction d’une Commission européenne là encore aveuglée par les seules finalités financières et économiques, mais aussi pour, dit-on, permettre le développement des pays d’Asie et d’Afrique ! Il suffit de parcourir la presse économique mais aussi et surtout les manuels de géographie de Seconde par exemple (les pages sur la question alimentaire…) pour s’en rendre compte ! Belle hypocrisie de ceux qui, de Paris ou de Bruxelles, des quartiers bobos ou des milieux « Verts », viennent désormais faire la leçon à des Bretons qui auraient, sans doute par facilité plus que par discernement, mais aussi souvent de bonne foi (qui n’est pas toujours la vérité…), adopté ce modèle agro-industriel hier vanté et aujourd’hui décrié en France mais toujours prôné pour les pays en développement, au nom de ce même « développement »…
Dans cette affaire, quoi qu’il en soit, les Bretons sont les principales victimes, certes parfois consentantes hier, mais aujourd’hui sacrifiées sur l’autel des grands principes et des petites vertus qui fondent la République centrale. Et, au lieu d’impulser en Bretagne (et ailleurs !) une politique nouvelle de redéploiement agricole plus respectueuse de l’environnement, la République fiscalise un peu plus une province fragilisée par la mondialisation et un secteur agricole menacé dans sa survie même : politique de Gribouille quand on pourrait espérer de l’État une véritable stratégie sur le long terme pour « réparer et préparer » ! Mais nous sommes en République, malheureusement, et le seul horizon semble être celui des élections : un horizon bien étroit, en somme, quand il faudrait regarder au loin, au-delà du calendrier électoral, et penser en terme de générations et de transmission…
Cette écotaxe, de plus, n’a rien de très écologiste : elle est d’abord une taxe qui profitera, entre autres, au consortium privé Ecomouv qui gère les fameux portiques et la perception de la taxe, consortium qui touchera, sur 1,2 milliard d’euros prévus par an, environ 250 millions (soit, pour l’ensemble de la France, plus de 8 fois ce qui sera prélevé par les portiques en Bretagne !). On aurait pu attendre, au moins, que la République évite de rétablir ce qui a, d’ailleurs, coûté si cher à la Monarchie d’Ancien Régime, c’est-à-dire le système des « fermiers généraux » chargés de récupérer taxes et impôts dans le royaume.
De plus, cette taxe si mal nommée « éco » doit, paraît-il, financer des projets d’aménagements ferroviaires, en particulier de ferroutage, alors même que la SNCF, elle, semble négliger dans sa propre stratégie le secteur fret, et qu’elle ne prévoit pas vraiment de recréer des voies de chemin de fer là où elles seraient bienvenues et nécessaires pour le transport de marchandises agricoles à moindre coût environnemental… De qui se moque-t-on, alors ?
Doit-on rappeler, aussi, que cette écotaxe ne sera pas perçue là où elle aurait pu avoir le plus de sens et de rapport, c’est-à-dire sur les autoroutes, aujourd’hui privatisées (à déraison, d’ailleurs) ? Du coup, les multinationales du Transport routier comme de l’agro-alimentaire seront indéniablement favorisées, favorisant en retour les principes si peu vertueux sur le plan écologique d’une mondialisation « carbonée » à grande échelle ! Où est l’écologie là-dedans ?
La colère de la Bretagne, cette chouannerie agricole et industrielle, est donc plus que légitime : mais elle ne doit pas être qu’une colère, elle doit penser les sources de la crise et remonter à celles-ci, dans un exercice de « tradition critique », autant sur le plan économique, environnemental aussi, que politique… « Les Bretons contre la Révolution ? » : oui, deux siècles après, contre les conséquences de ses principes républicains, ceux d’un libéralisme économique mêlé de centralisme administratif et politique, et contre les attitudes d’un « pays légal et central », contre cette arrogance des maîtres de Bercy et des chantres d’une mondialisation qui pensent en chiffres et oublient les femmes et les hommes de chair et de sang !
Il est encore des portiques de l’injustice fiscale à faire tomber…
http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1099:les-portiques-de-linjustice-fiscale-en-bretagne&catid=47:2013&Itemid=58 -
"Un de nous" : la TV allemande en parle. Rien sur la TV française
En Allemagne, l'Initiative Citoyenne Européenne "Un de Nous" profite d'une apparition sensationnelle au premier plan des médias allemands. Le journal télévisé très réputé "Bericht aus Brüssel" (Nouvelles de Bruxelles) de la chaîne publique WDR lui a consacré un quart d'heure en prime-time, le mercredi 23 octobre, à la suite de la défaite du rapport Estrela.
La conclusion du repportage est plus que favorable au jeune Allemand Tobias Teuscher, animateur de la pétition "Un de Nous" à Berlin et à Bruxelles, où il est par ailleurs secrétaire de "l'Intergroupe pour la famille, les droits de l'enfant et la solidarité entre les générations" du Parlement européen, assistant parlementaire du député européen Anna Záborská (Slovaquie).
Aujourd'hui, la pétition « Un de nous » a dépassé les 1.4 millions de signatures. Et il reste encore quelques jours pour signer "Un de Nous" sur internet ou pour faire signer amis et connaissances.
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Que reste-t-il de l’humanisme européen ?
Nietzsche disait : « Toutes les braves choses se portent volontaires et plongent de joie dans l’existence (Zarathoustra). » Pour l’homme, cela a toujours été plus compliqué que pour « les braves choses » – et « les braves bêtes » doit-on ajouter. C’est sans doute pour cela que l’homme a créé l’humanisme. Comment le définir ? Par l’affirmation de l’humain. Quelles sont ses formes et ses limites ? C’est la question à laquelle Rémi Brague a tenté de répondre. La Renaissance, puis les Lumières ont été les étapes de l’humanisme européen. On attend en vain un nouveau souffle, un troisième humanisme. John N. Gray note justement : « Dans la période de la modernité tardive dans laquelle nous vivons, on affirme le projet des Lumières surtout par crainte des conséquences de son abandon. […] Nos cultures sont des cultures des Lumières non par conviction mais par défaut. »
Comment en est-on arrivé là ? L’histoire de l’idée humaniste, c’est-à-dire de l’idée d’un propre de l’homme, comporte plusieurs étapes. La première est l’affirmation de la différence humaine par rapport aux autres vivants : l’homme travaille, et non seulement il meurt comme tous les vivants, mais il sait qu’il va mourir. L’affirmation de la supériorité de l’homme intervient ensuite : l’homme est « le meilleur parmi les êtres vivants » (Aristote). Ce qui ne veut pas (encore) dire qu’il est le meilleur être du monde. Troisième étape : Francis Bacon et René Descartes annoncent le règne de l’homme sur le monde. L’exaltation du travail est au centre de cette conquête du monde par l’homme. L’homme doit travailler « sans peur, avec plaisir, avec joie » (J. G. Fichte). La quatrième et dernière étape est l’exclusion de l’être de tout ce qui n’est pas humain. C’est l’humanisme exclusif. L’homme devient l’Être suprême, et même l’Être unique.
Cette logique philosophique de l’humanisme a amené deux types de réponses. L’une est l’anti-humanisme. L’autre est l’interrogation sur le sol sur lequel fonder l’humanisme. Abordons d’abord la question de l’anti-humanisme. Il a deux aspects. D’un côté, la technique semble rendre l’humain superflu (Heidegger, Günther Anders), d’un autre côté, la généalogie de l’homme aboutit à le soupçonner d’une origine impure. S’engouffrant dans la brèche, certains auteurs critiquent radicalement l’humanisme. Au début du XXe siècle, le Russe Alexandre Blok développe une critique totale de l’humanisme, comme menant à un rapetissement athéiste, et met l’anti-humanisme du côté de la culture (qu’il valorise) et l’humanisme du côté de la civilisation (qu’il abhorre). Développant ainsi une nouvelle fois l’antagonisme culture/civilisation, Alexandre Blok est résolument contre la « civilisation ». Il s’inscrit en outre en continuité avec les mythes de régénération du « pan-mongolisme », développés notamment par Vladimir Soloviev.
Pour d’autres anti-humanistes, la seule chose à révérer est le Grand Être d’Auguste Comte, ou encore Gaïa, sphère parfaite dont le seul défaut serait en somme d’avoir fait une place à l’homme dans la création. Une aporie difficilement tenable. La conséquence ultime des idées des tenants de Gaïa est en effet que l’homme étant essentiellement nuisible, sa disparition est nécessaire afin de réaliser la restauration de l’équilibre primordial. L’humanité va disparaître, bon débarras ! s’écrit Yves Paccalet (Arthaud, 2006 et 2013). C’est ainsi une version athée de l’apocatastase.
Une autre contestation forte de l’humanisme est plus connue. Il s’agit de celle de Michel Foucault, de son école et de ses épigones. Rémi Brague note que cette contestation de l’humanisme est fondée sur la légende « des humiliations par décentrements successifs qu’aurait subies l’homme depuis Copernic, qui l’aurait chassé du centre de l’Univers, puis Darwin, qui l’aurait détrôné du sommet des vivants, puis la psychanalyse, qui aurait chassé de sa propre âme la conscience ». Ainsi, la « mort de l’homme » ne désigne en fait rien d’autre que le constat (banal) que la conscience de l’homme ne résume pas le tout de l’homme, que le sujet n’est jamais totalement conscient et transparent à lui-même. On en conviendra bien volontiers.
« L’humanisme, écrivait Michel Foucault, est tout ce par quoi en Occident on a barré le désir du pouvoir – interdit de vouloir le pouvoir, exclu la possibilité de le prendre (Dits et écrits I, Gallimard, 2001). » Le dispositif d’empêchement de prendre le pouvoir ne serait autre que la « définition de l’individualité comme souveraineté soumise ». Le problème est que Michel Foucault voit fort bien en quoi le sujet borne le réel, mais il ne voit pas ce qu’il fonde. Déplaçons la question en amont : qu’est-ce qui fonde l’homme ? Ceci ramène à l’interrogation essentielle de Léon Bloy : « Il est permis de se demander […] s’il peut y avoir des hommes dans une société sans Dieu. »
Avant toute réponse, il faut revenir sur la façon dont l’humanisme s’est constitué. L’une des hypothèses est bien connue : la modernité consisterait en l’entrée (ou la descente !) dans la société même des idées chrétiennes, ce serait « la sécularisation de pensées issues du Moyen Âge chrétien ». Donc une descente sur terre d’idées célestes. C’est d’ailleurs là-dessus que sont fondées toutes une série de critiques de la modernité, nietzschéennes, rationalistes et anti-chrétiennes, voire catholiques-réactionnaires (Chesterton et les « idées chrétiennes devenues folles »).
La thèse d’Hans Blumenberg (La légitimité des temps modernes, [1983], Gallimard, 1999) est moins connue que la précédente. Elle est que la modernité est une réponse à l’échec de la tentative d’enrayer la pensée gnostique. « Le Moyen Âge prit fin, écrit Hans Blumenberg, lorsqu’il ne peut plus faire accroire à l’homme, à l’intérieur de son système spirituel, que la création était Providence, et lorsqu’il lui imposa par là même la charge de l’auto-affirmation. » Cette analyse se fonde avant tout sur les débats théologiques et notamment sur la pensée patristique. Le projet moderne serait donc marqué par la résurgence de la pensée gnostique – ce qui est aussi la thèse d’Éric Vœgelin, après la tentative de la bloquer au Moyen Âge. Ce serait l’annonce d’une nouvelle eschatologie. Celle-ci, nourrie de la technique et du culte de la raison calculante, serait en même temps dans le droit fil de l’intérêt gnostique pour la magie comme moyen de changer le monde.
Rémi Brague ne croît pas à la thèse d’un Moyen Âge sans curiosité auquel aurait succédée une modernité inventive et humaniste. Il est vrai que la fin du Moyen Âge est marquée par des ouvrages sur l’excellence de l’homme (Giannozzo Manetti, De la dignité et de l’excellence de l’homme, 1453), traité de « valorisation de la vie terrestre par l’engagement civique » (Jean-Claude Polet) qui prend effectivement le contre-pied de l’accent mis sur la misère de l’homme. Mais le désir de connaître n’est pas une invention de la modernité. Grégoire de Nysse prônait, bien avant Pascal, le progrès spirituel (épectase), un progrès dans la connaissance de Dieu. Ce progrès, selon Grégoire de Nysse, est l’œuvre commune de la grâce et de la liberté. Le propre de la modernité actuelle, celle héritée des Lumières, n’est donc pas la curiosité ou le goût des découvertes. C’est l’idée que le fondement de l’affirmation de l’homme n’est autre que lui-même.
Ce n’est pas la logique qui peut réfuter un tel propos. Il est de l’ordre des hypothèses primordiales. Tout juste peut-on avancer la possibilité d’autres choix de fondation. Rémi Brague, contrairement aux anti-humanistes, ne renonce pas à cette affirmation non pas de supériorité mais de spécificité de l’humain. Mais son souci est de faire entendre une autre source possible de l’affirmation du propre de l’homme. Un retour à la première phase de l’humanisme. Le pas en arrière qui permet de reprendre, mais dans une autre direction, une marche en avant. Contrairement aux humanistes « absolutistes », Rémi Brague récuse l’idée que le fondement de l’homme serait l’homme (ce qui serait un « raisonnement » du même ordre que celui qui dirait que la seconde guerre mondiale s’explique par l’histoire). « La création de soi par soi, constate Rémi Brague, tourne à la destruction de soi par soi. » Aussi propose-t-il de forger « un concept de l’homme comme plénipotentiaire. C’est-à-dire comme investi d’une tâche, et donc revêtu des pleins pouvoirs qui lui permettent de la mener à bien, mais en même temps responsable de sa mise en œuvre. » Cette conception n’est pas sans antécédents. Pour les Grecs comme pour les Juifs, l’ordre du monde est un ordre de bataille. C’est-à-dire que l’homme est toujours en responsabilité d’un combat. Nous ne sommes pas loin du « principe responsabilité » d’Hans Jonas.
Mais il faut avec Rémi Brague poser la question en amont même : à quoi bon l’homme ? Ce qui peut se dire : à quoi l’homme est-il bon ? À cette question essentielle la réponse ne peut être que l’imitation de Dieu. Mais comment imiter un Dieu invisible et infiniment libre ? « La seule façon d’imiter un Dieu invisible, qui ne se donne dans aucune autre image que celle que produit en nous son imitation, est la liberté » écrit Rémi Brague. En d’autres termes, ce que Dieu attend de nous est que nous soyons libres. Parce que cela fait partie de notre façon d’être humain. « Homme, deviens ce que tu es » disait Pindare (Ode pythique). C’est-à-dire, explique Rémi Brague : « Montre-toi digne des qualités que je te révèle à toi-même. » On peut ne pas croire en Dieu. On peut même penser que les « pleins pouvoirs » accordés à l’homme sont une vision trop ambitieuse pour être réaliste. Mais on ne peut penser le propre de l’homme sans le divin. Il est là, il nous hante, par sa présence ou par son absence. Le divin est déposé dans le monde. Pour toujours. L’homme est le plénipotentiaire du divin. Ajoutons : ni tout puissant ni impuissant.
Pierre Le Vigan http://www.europemaxima.com/?p=3353
• Rémi Brague, Le propre de l’homme. Sur une légitimité menacée, Flammarion, coll. « La bibliothèque des savoirs », 2013, 260 p., 19 €.
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Delamarche Déclare: "Ça va aller de plus en plus mal. Et il faut s'attendre à ce que ça pète."