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Europe et Union européenne - Page 963

  • Bardèche et l’Europe

    Subvertie par l’idéologie victorieuse de 1945, par son tropisme marchand, multiculturaliste, démocratique, l’Europe est devenue dystopique – elle est l’Aneurope.

    Pour que l’Europe soit à nouveau dans l’Europe, Maurice Bardèche, à partir du Congrès de Malmö et de la création du Mouvement Social Européen en 1951, puis dès 1952 dans la revue Défense de l’Occident, propose tout un corpus, tant analytique que critique, dont Georges Feltin-Tracol synthétise ici les axes.

    La promotion de l’État, qui seul permet une souveraineté politique, qui seul traduit l’âme d’un peuple – et dans le cadre national(iste) duquel les léthifères influences étrangères peuvent être systématiquement éliminées. L’État n’est toutefois nationaliste et politique que pour être mieux dépasser, que pour s’accomplir dans un bloc continental : soit une Europe supra-nationale permettant de lutter contre les enjeux de la modernité comme de défendre efficacement d’autres espaces nationaux. Il ne s’agit toutefois pas d’un cadre bureaucratique promulguant des lois rigides mais d’orientations données, éventuellement régaliennes, dans le respect des traditions européennes.

    « L’Europe cuirassée », qui accordera le primat au militaire pour mieux affirmer son indépendance, pour mieux affirmer ensuite une économie de puissance : économie fermée, autarcique, tournée sur le seul marché européen, proscrivant produits et affairismes cosmopolites, rompant avec le paradigme libéral. Il s’agit d’une Europe sanctuaire, d’une mystique nouvelle (« fascisme rectifié »), dont le dessein est l’avènement d’une troisième civilisation – de cette fameuse Troisième Voie, où l’homme et la vie ne seront plus assujettis aux décrets démocratiques et (contexte de l’époque) communistes.

    Avec la rigueur qu’on lui sait, Georges Feltin-Tracol montre dans Maurice Bardèche et l’Europe, combien l’auteur de Sparte et les sudistes est encore d’actualité, dont la géopolitique est des plus pertinentes pour lutter contre l’Europe atlantiste, autant que pour en purger l’aliénante décadence.

    Pierre Pyrmont http://www.europemaxima.com/

    • Georges Feltin-Tracol, Bardèche et l’Europe. Son combat pour une Europe « nationale, libérée et indépendante », Les Bouquins de Synthèse Nationale, 2013, 110 p., 18 €.

  • Allemagne – Verts, lobbies homosexuels et pédophilie : un passé trouble

    BERLIN (NOVOpress/Bulletin de réinformation) - Il y a quelques années, les accointances de la mouvance verte avec la pédophilie suscitaient des polémiques, en particulier on se souvient des confidences explicites de Daniel Cohn Bendit dans un livre curieusement disparu de la circulation.

    Les années 1970 et 80 révèlent d’autres apologies de la pédophilie de la part de mouvances politiquement bien en vue, tout particulièrement en Allemagne.

    Der Spiegel fait état du « passé inconfortable » et de la « période sombre » de ces mouvances. Par exemple, en 1981, le magazine gay Rosa Flieder a publié un entretien avec un chroniqueur d’un journal proche des Verts, qui revendiquait des actes homosexuels avec des jeunes garçons, considérant que « l’innocence enfantine est une invention de la bourgeoisie du début du capitalisme ».

    Une association, les “Avocat gays”, avait publié une brochure pour donner des conseils aux militants ayant des ennuis avec la justice… pour cause d’abus sexuels sur les enfants, évidemment !

    Ce passé là ne suscite pas actuellement de polémiques en France : pas d’amalgame, pourraient dire certains…

    http://fr.novopress.info/143726/allemagne-verts-lobbies-homosexuels-et-pedophilie-un-passe-trouble/#more-143726

  • Une interview de Viktor Orban : « Le patriotisme est une bonne chose »

    Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, explique au « Telegraph » pourquoi son pays est d’accord avec la Grande-Bretagne pour s’en prendre au pouvoir « insidieux » de Bruxelles.
    Viktor Orban a eu récemment une réunion fructueuse avec David Cameron. L’entretien a été plus facile que lors de sa première entrevue avec Margaret Thatcher (en 2001) dont les premiers mots avaient été, se souvient-il : « Je ne suis pas contente de vous. » Elle était furieuse que la Hongrie n’en fasse pas davantage pour protéger les soldats de l’OTAN de l’agression serbe.
    En dépit de cette rebuffade, M. Orban est un admirateur de Thatcher. Sa carrière politique a commencé en 1988 ; il était alors l’un des 37 jeunes étudiants et intellectuels qui fondèrent un parti pour s’attaquer au régime communiste dans son pays.
    « Son rôle [de Mme Thatcher] a été très important : elle a toujours été en faveur de la liberté, toujours anticommuniste. C’est elle qui a dit “La société, c’est une chose qui n’existe pas”. J’apprécie beaucoup cette remarque parce que, en matière de politique européenne, les gens s’exprimaient toujours dans un langage sociologique convenu. L’ingénierie sociale était très populaire. »
    Lorsqu’il assista aux obsèques de Lady Thatcher en avril, Victor Orban eut le plaisir d’entendre l’évêque de Londres expliquer ce qu’elle voulait vraiment dire par ces mots célèbres. « Les funérailles furent très émouvantes et très British – pas tragiques, comme cela aurait été le cas sur le Continent ; ça ressemblait davantage à un hommage. »
    Le jeune Viktor, un garçon intelligent d’origine campagnarde, obtint une bourse d’études de la fondation George Soros pour aller étudier à Oxford la société civique telle que la voient les philosophes libéraux comme John Locke. Il y adora le « bouillonnement électrisant » des idées ; mais c’était à l’automne 1989 et le Mur de Berlin s’effondrait. Le moment était alors vraiment venu de construire chez lui une société civique libérale. « Je me suis dit : “Viktor, qu’est-ce que tu fais ici ?” et j’ai saisi l’occasion de nos premières élections libres de mars 1990 pour rentrer. »
    Il a été nommé premier ministre pour la première fois en 1998, jusqu’en 2002 et ensuite, après des années de traversée du désert, il est revenu au pouvoir avec une victoire écrasante en 2010. Son mandat a été controversé. Il a été accusé, souvent par des fonctionnaires de l’Union européenne, d’un excès de nationalisme, de supprimer la liberté des médias, de politiser le système judiciaire et la banque centrale, et même d’attiser les tensions ethniques. Le grand combattant pour la liberté libéral se serait-il fané ? Y aurait-il un risque de le voir devenir un homme fort autoritaire, le Vladimir Poutine de son pays ?
    « Il y a un risque », reconnaît curieusement Mr Orban, mais ce risque est bien moindre si la Hongrie réussit économiquement. Il pense que les circonstances ont changé.
    Pendant 200 ans, la « motivation première » des Hongrois a été de rattraper les Occidentaux plus compétitifs. Jusqu’à la crise du crédit, Mr Orban a cru qu’il n’atteindrait ce but que grâce à une « union sans cesse plus étroite » avec l’Europe. Aujourd’hui, il a des doutes.
    La crise montre qu’il n’est pas évident que l’UE puisse faire mieux que les nations indépendantes. Contrairement aux Britanniques, il ne peut pas exclure de rejoindre la zone euro, en raison de son attraction centripète pour un petit pays comme le sien, « mais je ne pousse pas à la roue. Rester autonome sur ses propres pieds est plus important que jamais. » Pour lui, la Hongrie ne devrait certainement pas adhérer tant qu’elle n’aura pas atteint 90 pour cent du PIB de ceux qui y sont déjà ; pour l’instant elle est au niveau des basses années soixante.
    « Avec l’âge [il n’a encore que 50 ans], j’ai tendance à être plus sceptique. Les valeurs sont plus importantes que l’argent. La souveraineté nationale est dans mon esprit de plus en plus importante. La question “Qui nous gouverne ?” c’est la question clé. »
    Donc il soutient David Cameron dans ses efforts pour changer les règles européennes: « Nous finirons par avoir besoin d’un nouveau traité de base. » Il veut se joindre à la Grande-Bretagne dans sa résistance à « la tendance insidieuse de Bruxelles à dévorer la souveraineté nationale ».
    La vieille réponse consistant à dire que tout ce que faisaient les Occidentaux était mieux est maintenant « stupide ». Dans les années 1980, la question à laquelle se trouvaient confrontés les Hongrois était « Comment se débarrasser des choses » : du communisme, de l’oppression étatique, de l’excès de réglementation. Maintenant il faut en finir avec cela. Il y a des choses qui devraient être maintenues dans l’intérêt de la civilisation, et non pas abandonnées : « Ce serait triste de se débarrasser de la croyance religieuse, de l’identité nationale, de la famille et même de l’identité sexuelle. Ce n’est pas ça la liberté. »
    Dans certaines écoles sur le continent, on a propagé l’idée que « les enfants ne devaient pas être élevés en tant que filles ou en tant que gars » mais qu’ils auraient à choisir leur identité sexuelle plus tard. « Parfois, il y a un vestiaire séparé pour ceux qui ne savent pas qui ils sont », s’exclame-t-il.
    Que répond-il lorsqu’on l’accuse dans la région d’attiser les vieilles passions territoriales et ethniques ? Certains lui reprochent la montée du parti fasciste Jobbik en Hongrie. Sa réponse est fondée sur sa conviction que « La xénophobie, c’est dangereux ; mais le patriotisme est une bonne chose ». Les conflits ethniques, souvent pour une question de territoire, « font partie de la vie en Europe de l’Est », dit-il.
    « Comment s’en accommoder ? » demande-t-il, « La solution, c’est de ne pas mentir. » Les Radicaux de gauche et de droite détiennent ensemble environ 15% des voix. C’est trop pour qu’on se sente à l’aise, mais c’est loin d’être une majorité. »
    Le cœur du problème en Europe, pense Mr Orban, c’est le fait que les communistes n’ont jamais été complètement vaincus. Le communisme en tant qu’idéologie « n’a pas de message pour notre avenir », mais, à la différence du nazisme, il a prévalu pendant si longtemps (40 ans dans le cas de la Hongrie) que ses dirigeants, qui « n’étaient pas des imbéciles », ont créé une culture qui a maintenu leur pouvoir. Ils ont promu la jalousie « comme manière de percevoir la vie », ce qui fait que les gens « ne sont pas d’accord avec le monde tel qu’il est et essayent de le détruire ».
    Ils ont aussi inculqué une croyance en des « droits (que l’on obtient) sans aucun effort personnel ». En Hongrie, le communisme a provoqué ce qu’il appelle «une impuissance acquise », une destruction délibérée de la responsabilité personnelle, qui a écrasé la classe moyenne.
    Nous discutons ici de la dispute entre Ed Miliband et son père marxiste. Sans faire de commentaires sur la situation du Parti travailliste, Mr Orban dit qu’il y a un arbre généalogique qui va du communisme, via « la génération 68 » (comme l’ancien révolutionnaire, aujourd’hui député européen, Daniel Cohn-Bendit) aux bureaucrates de Bruxelles et aux médias d’aujourd’hui.
    « L’héritage communiste s’est marié aujourd’hui aux libéraux radicaux. Cette généalogie existe en Europe. » Il la perçoit dans la doctrine des droits de l’homme européen et dans les tentatives de la Commission européenne d’imposer une uniformité culturelle et constitutionnelle aux Etats membres.
    Pour les conservateurs, poursuit-il, c’est difficile, parce que « nous nous apercevons qu’il nous faut discuter et que généralement les conservateurs préfèrent se contenter de vivre. Nous hésitons à investir notre énergie, mais il faut le faire au niveau européen. »
    Personnellement, Viktor Orban n’hésite pas. Il est prêt au combat. « La boxe est un sport noble », déclare-t-il avec pugnacité. En Occident, la politique est souvent « juste une carrière ». Pour lui, dit-il, c’est beaucoup plus. Il se souvient des moments difficiles à la fin des années 1980, lorsque le Fidesz, son tout petit parti d’alors, était opposé aux Soviétiques, aux syndicats, aux milices et à l’appareil d’Etat. « Nous étions encerclés et nous avons gagné. Comparez avec les risques d’aujourd’hui – Ce n’est rien. C’est une bagatelle.
    Mise à jour : Le bureau du premier ministre de Hongrie a demandé au Telegraph de clarifier la référence à Vladimir Poutine dans cette interview. Mr Orban voulait bien admettre qu’il existait un risque qu’il puisse être vu comme un Poutine de Hongrie, mais pas réellement d’en devenir un.
    Charles Moore, The Telegraph, 15/10/2013
    Traduction pour Polémia : René Schleiter
    http://www.polemia.com/une-interview-de-viktor-orban-le-patriotisme-est-une-bonne-chose/

  • L'euro est-il déjà mort ?

    L'euro est-il déjà mort ?
    L'euro pouvait sembler une belle idée sur le papier... mais aujourd'hui, il est confronté à de telles difficultés que son avenir ne semble plus guère faire de doutes.
    L'euro a des problèmes de digestion. Il a eu les yeux plus gros que le ventre. Les Européens ont voulu faire de l'euro une devise d'envergure internationale, capable de rivaliser avec le dollar. Pour cela, il fallait que la monnaie unique ait le plus de poids possible, et donc qu'elle intègre le plus d'économies possibles. L'euro est donc devenu un outil de pouvoir. En intégrant des pays comme la Grèce et plus récemment des pays d'Europe de l'est (Slovénie, Slovaquie, Estonie...), l'Europe a voulu étendre sa zone d'influence.
    Et puis faire partie de l'euro signifie aussi profiter de la libre circulation des biens et des personnes. Adieu droits de douane. Pour les pays exportateurs et en plein développement économique, rejoindre l'euro a été une occasion qu'il était difficile de refuser.
    Malgré ces défauts, l'euro attire donc. Pour rejoindre le cercle des élus, certains ont été prêts à tout, et surtout à falsifier l'état réel de leurs finances publiques. Ce n'est plus un secret pour personne que la Grèce s'est lancée, avec l'aide de Goldman Sachs, dans un montage financier particulièrement complexe pour minimiser son déficit et ainsi rejoindre la monnaie unique.
    Trois règles pour une union monétaire
    Dans les années 50, les économistes Mundell et Fleming élaborèrent la théorie des zones monétaires optimales, soit les conditions indispensables pour une union monétaire réussie. Les trois principaux critères sont les suivants :
    - la capacité d'adaptation aux divergences économiques et financières existant entre les différents membres de l'union monétaire ;
    - une intégration économique ;
    - une résistance commune aux chocs économiques.
    Commençons par l'intégration économique. Elle est certes forte, nombre de pays de la Zone euro ayant profité de cette union monétaire. Le reste de la Zone euro est ainsi devenu l'un des principaux clients de l'industrie exportatrice allemande, l'Espagne exporte produits chimiques, chaussures ou vêtements vers le Portugal, l'Italie, la France ou l'Allemagne et l'Italie exporte à 56% vers le reste de l'Europe.
    Cependant, comme le souligne Francesco Saraceno, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), dans un entretien accordé au Monde, l'euro a pu s'accompagner d'une baisse de compétitivité. Et de citer le cas italien : "A part quelques petites niches très compétitives et très présentes sur les marchés internationaux, le pays a perdu en compétitivité, particulièrement depuis 1999, année d'entrée de l'Italie dans la zone euro"Aujourd'hui, alors que toute la zone euro est menacée par la récession, que les pays traditionnellement importateurs revoient à la baisse leur demande, l'intégration économique se délite progressivement. Les entreprises allemandes subissent de plein fouet le recul de la demande européenne et sont obligées de se tourner vers des horizons plus lointains (les Etats-Unis ou l'Asie) pour trouver de nouveaux débouchés.
    En matière de résistance aux chocs économiques, les divergences sont flagrantes. Dans la première phase de la crise, ce sont les économies les plus financiarisées, comme l'Irlande, qui ont souffert. Puis ce fut le tour des économies les plus endettées (Grèce) et/ou au secteur bancaire les plus fragiles (Espagne, Portugal, Chypre...). La prochaine vague va frapper des économies plus importantes en taille et qui ne parviennent pas à rassurer les marchés sur l'efficacité de leurs mesures de réduction de l'endettement (Italie, France ?...).
    Jusque-là, seuls l'Allemagne et les pays du nord de l'Europe ont plutôt bien résisté à la crise des subprime, puis à celle de l'euro. Pour combien de temps ?
    Dernier point, la capacité d'adaptation et d'ajustement. Ce que cela signifie ? Par exemple, si un pays a un coût du travail plus faible que les autres, il attirera capitaux, investissement et entreprises. Sa croissance décollera donc -- et, entraînant le niveau de vie et finalement le coût du travail, rejoindra la moyenne. Dans les faits, ces mécanismes ne jouent pas tant que cela en Europe.
    Ces ajustements étaient censés compenser l'impossibilité de chaque pays de mener sa propre politique monétaire. En effet, de manière classique, si un pays fait face à une montée du chômage et à un recul de sa croissance, il baisse ses taux directeurs pour encourager le crédit, l'investissement et la consommation. Et si son économie montre des signes de surchauffe et donc d'inflation, il resserre ses taux.
    Les pays de la zone euro sont quant à eux pieds et poings liés et doivent appliquer la même politique monétaire, décidée par la BCE. Cette impossibilité de jouer sur l'inflation prolonge manifestement la crise dans les pays du sud. Quant aux économies encore fortes de la zone euro, elles craignent une baisse des taux qui accentuerait les risques inflationnistes. Comment gérer une union monétaire quand certains membres empruntent à 1,2% sur 10 ans (l'Allemagne) alors que d'autres sont à plus de 12% (la Grèce) ? La Zone euro est devenue ingérable quand les rendements des pays européens se sont mis à diverger, en 2008.
    Élément aggravant, la crise chypriote a été l'occasion de sérieux coups de couteau dans le contrat nuptial de l'euro. Celui-ci prévoyait une libre circulation des changes à l'intérieur de la zone. Le contrôle des transactions financières qui a été instauré à Chypre – et tout particulièrement celui des virements à l'étranger – est clairement en contradiction avec ce principe.
    Sans politique monétaire commune, le fondement même de l'euro disparaît. Allons même plus loin, l'euro est déjà mort. Son existence n'est que de façade, maintenue artificiellement en vie par la BCE qui refuse de reconnaître que les besoins des pays du sud divergent par trop de ceux des pays du nord pour continuer de proposer une seule et unique voie.
    Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
    L'aggravation de la crise européenne donne aussi une tribune libre aux opposants à l'euro. Les élections italiennes et les interminables (insolubles ?) tractations sur la nomination d'un gouvernement en sont la dernière preuve. Les partis comme le mouvement Cinque Stelle ainsi que le PDL, de Berlusconi, ont fait leur beurre des thématiques anti-européennes et anti-allemandes. Alors que l'Allemagne concentre le ressentiment des pays du sud, de l'Italie à l'Espagne en passant par Chypre ou la Grèce, la survie de l'euro tel que nous le connaissions devient de plus en plus douteuse.
    Cela signifie-t-il que l'euro va exploser en vol dans les semaines qui viennent ? Non. Mais que les crises vont se multiplier, oui. Et que, progressivement, va se mettre en place un euro à deux vitesses. Autre possibilité : les économies du sud, telles Chypre ou la Grèce, vont quitter la Zone euro.
    Cécile Chevré
    http://www.voxnr.com/cc/politique/EFlFFkuAFlxNSYerjX.shtml

  • Commissaires européens : "Il n'y a plus de politique intérieure nationale" en Europe

    En 5 minutes, le vrai visage des commissaires européens et la fin des illusions nationales... pour ceux qui en avaient encore : http://www.youtube.com/watch?v=yDVo_2voJD4

  • Lettre d’Athènes

    par Bertrand Renouvin

    Ma première image de la ville, en venant de l’aéroport tout neuf : plusieurs centaines de stères de bois soigneusement rangés sur un petit terrain en bordure de la rue. Les Athéniens, et bien d’autres Grecs, ne peuvent plus payer les factures de fioul et se rabattent sur l’ancien mode de chauffage.

    Je verrai d’autres murs de bûches, à Athènes et au Pirée, qui m’ont rappelé l’Albanie. Après la chute de la tyrannie, on coupait les arbres autour de Tirana ; le long des routes, ne restaient que les troncs sciés à un mètre du sol. L’économie de survie albanaise était la conséquence malheureuse mais logique de l’effondrement d’une forme extrême de communisme. Au contraire, la catastrophe grecque ne peut pas être inscrite dans les structures politiques et économiques d’un pays qui avait suivi, à son rythme et à sa manière, le développement de l’Europe de l’Ouest après la guerre. Les mesures de régression qui ont été imposées au peuple grec sont le fruit de décisions conçues à Bruxelles, Francfort et Washington ; elles figurent dans le Mémorandum signé au mépris de la Constitution grecque par le gouvernement de George Papandreou le 5 mai 2010 avec la Troïka composée de représentants de la Banque centrale européenne, du FMI et de la Commission européenne ; elles ont été durcies par un second mémorandum, signé en 2012 et appliqué avec une totale soumission par le gouvernement Samaras appuyé par la Nouvelle démocratie (droite) et un Parti socialiste qui, comme ses partis-frères, s’est rendu à l’ultralibéralisme. En Grèce, on est pour ou contre le Mémorandum, pour ou contre la Troïka – les deux mots reviennent sans cesse – dans des proportions qui ne laissent planer aucun doute sur le sentiment général : 75% des Grecs, au moins, sont hostiles au gouvernement et à ses protecteurs. [...]

    La suite ici, ainsi que la Lettre de Salamine

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Lettre-d-Athenes

  • Grèce : deux membres d’Aube dorée tués dans une attaque devant les bureaux du parti

    Deux jeunes hommes ont été tués et un autre a été grièvement blessé vendredi soir dans une attaque devant les bureaux du parti grec d’extrême droite Aube dorée dans la ville de Neon Herakleion, banlieue nord d’Athènes, dans le cadre d’une inquiétante escalade de violence politique en Grèce.

    Deux personnes non-identifiées et encagoulées qui circulaient à moto ont approché les bureaux du parti et ouvert le feu sur les personnes présentes devant le bâtiment avant de prendre la fuite, selon des témoins. Des sources policières indiquent que l’attaque a été conduite avec des pistolets et des fusils automatiques.

    Alors que la police antiterroriste a ouvert une enquête sur l’attaque, le porte-parole du parti Aube dorée Elias Kassidiaris a confirmé aux médias locaux que les victimes – âgées de 22 et 26 ans selon des sources hospitalières – étaient des membres du parti.

    Le parti Aube dorée fait face à des mesures de répression sans précédent, son dirigeant Nikos Michaloliakos et deux autres députés étant en détention préventive pour des accusations de mener une organisation criminelle, après qu’un musicien antifasciste a été mortellement poignardé le 18 septembre par un partisan de ce parti d’extrême droite dans un district de la ville portuaire du Pirée.

    Dans les premières réactions après l’attaque de vendredi, le gouvernement grec et les partis d’opposition ont condamné la violence.

    « Les assassins, quels qu’ils soient, feront face à la loi et à une société grecque unie », a déclaré le porte-parole du gouvernement grec Simos Kedikoglou.

    « J’exprime mon chagrin pour la mort de deux jeunes personnes. La loi va être durcie. Nous n’autoriserons pas le pays à devenir la scène de règlements de compte pour n’importe quelle raison », a ajouté le ministre de l’Ordre public Nikos Dendias.

    Tous les partis politiques représentés au parlement ont publié des déclarations similaires, rejetant les actes violents qui « mettent en péril la démocratie ».

    Le parti Aube dorée est entré pour la première fois au parlement grec aux élections générales de 2012 avec 7 % des voix, en capitalisant sur la colère du peuple grec suite aux mesures d’austérité introduites en 2010 pour faire face à la crise de la dette. Il détient actuellement 18 sièges dans l’assemblée nationale de 300 membres.

    Après le meurtre de Pavlos Fyssas cet automne, plusieurs membres du parti ont été impliqués dans de nombreuses attaques contre des immigrants et des opposants politiques. Aube dorée fait face à des mesures de répression et sa popularité est en chute libre.

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Grece-deux-membres-d-Aube-doree-tues-dans-une-attaque-devant-les-bureaux-du-parti-21064.html

  • Le troisième sexe

    Simone de Beauvoir avait-elle imaginé que la déviance de l'existentialisme conduirait à l'invention d'un troisième sexe ? Depuis aujourd'hui, les nouveaux-nés allemands hermaphrodites peuvent être inscrits sans mention de leur sexe sur leur état civil. Un premier pas vers la création d'un genre neutre (ou "intersexe"), la maladie n'étant qu'un prétexte pour imposer un nouvel avatar de la théorie du genre. Explications de l'Homme nouveau :

    "Certains enfants naissent « hermaphrodites », victimes d’une malformation physique qui fait que le bébé n’a pas de sexe biologique déterminé. Une épreuve terrible pour l’enfant et la plupart des parents que quelques discours imprégnés de la théorie du Genre n’aident pas à affronter la terrible réalité. Que faire ? Imposer à l’enfant un sexe déterminé ? Décider pour lui, parce que l’humanité est ainsi structurée et la vie en société avec elle, qu’il sera fille ou garçon et l’opérer en conséquence ? La difficulté est immense et les parents savent que quelque soit le choix qu’ils imposeront à ce bébé, il grandira avec une blessure profonde, comme tout autre personne née malade ou victime d’une malformation.

    En Allemagne entre en vigueur aujourd’hui une loi instituant un genre « neutre », qui fait suite à une déclaration de la Cour suprême reconnaissant à chaque individu le droit de vivre selon son « genre ressenti et vécu ». Le législateur entend répondre ainsi au problème de ces personnes dites « hermaphrodites » ou intersexuées, la loi n’autorisant pas pour l’instant les personnes sexuées normalement à faire usage de ce troisième genre. Nul doute que la France ira dans le même sens à plus ou moins long terme. En attendant, l’Allemagne vient de légiférer à partir d’une exception, de reconnaître l’hermaphrodisme comme un genre à part entière : le législateur considère donc la maladie – puisqu’il faut appeler les choses par leur nom – comme fondatrice de l’identité de la personne. Plus encore, si l’Allemagne entend aller jusqu’au bout de sa logique, il faudra ouvrir la possibilité de se déterminer comme neutre à tout le monde. Une personne née homme peut tout à fait se sentir un peu femme et un peu homme et revendiquer, au nom du « genre ressenti » qui fonde désormais la loi, de changer de genre administratif.

    Une véritable mascarade juridique qui, au delà de sa gravité sur le plan moral, rendra la vie en communauté de plus en plus complexe. Puisque l’on a imposé au nom de la parité des quotas de femmes aux entreprises, il faudra imposer aussi des quotas de « neutres ». Et tant pis pour les patrons qui refusent ce genre d’aberrations. Les choses pourraient être d’autant plus rocambolesques que le genre étant désormais fluctuant, un « neutre » pourra un beau jour se déclarer « femme » et bouleverser la politique de recrutement de l’entreprise. Cela aura le mérite de créer de l’emploi en psychologie et ressources humaines. Que les chantres de l’égalitarisme et du constructivisme réfléchissent également au congé « neutranité » qu’il faudra accorder en plus des congés paternité et maternité. Que les professionnels de la mode travaillent dès maintenant à la conception de collections neutres, que l’on s’empresse aussi d’installer dans les lieux publics des toilettes pour le troisième sexe et des piscines spéciales à Lourdes. Enfin, puissent les académiciens se mettre au travail au plus vite pour réformer la grammaire et créer un genre neutre.

    Bienvenue dans un Occident décadent, fier de retourner à l’état embryonnaire de l’indifférenciation sexuelle."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/11/le-troisi%C3%A8me-sexe.html

  • Turquie : L’Europe contre les Européens

    « Nous intégrerions aussi « nolentes volentes » nombre d’Ouzbeks, d’Azéris, de Kazakhs ou de Turkmènes, tous musulmans bien sûr. »
    A voir les problèmes colossaux (arrivée massive des Rroms, mais aussi mafias, traite des être humains, corruption au plus haut échelon, etc.) soulevés par l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’Union européenne, certains espéraient que cette dernière mettrait un bémol à sa soif d’élargissement. Raté ! Bruxelles vient de relancer les négociations d’adhésion de la Turquie. (CG)
    Jour sombre pour notre continent que le 22 octobre. C’est en effet ce jour-là, 330 ans presque jour pour jour après la victoire autrichienne de Kahlenberg sur les troupes de Mehmet IV et la levée consécutive du siège de Vienne, que, suivant les recommandations de la Commission européenne et malgré les réticences initiales de l’Allemagne, les ministres chargés des Affaires européennes réunis à Luxembourg se sont prononcés pour l’ouverture, ce 5 novembre, d’un nouveau chapitre de négociations avec Ankara, entamées depuis 2005.
    Jacques Chirac, avocat d’Ankara
    Celui qui avait alors poussé à la roue était Jacques Chirac. Depuis des mois, il déplorait publiquement les retards pris par les pourparlers car la Turquie, qui avait déposé une demande d’adhésion dès 1987, était officiellement devenue candidate en 1999. Recevant le 20 juillet 2004 le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, en visite officielle à Paris, le président français avait donc souligné dans un communiqué officiel que « l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne était souhaitable » car ce pays « avait fait des progrès considérables » et entendait encore « poursuivre et intensifier la mise en œuvre des réformes démocratiques et économiques ». Et le 15 décembre suivant, s’adressant cette fois à la télévision à ses chers compatriotes, le chef de l’Etat s’employait à les convaincre que « la France et l’Europe ont tout intérêt à ce que la Turquie les rejoigne ». Et de menacer : « On ne peut pas demander à un peuple de faire tant d’efforts et finalement le rejeter, ce serait une lourde responsabilité face à l’histoire. »
    Oublié, alors que Jacques Chirac était théoriquement si soucieux des Droits de l’homme, le dérapage de l’islamiste Erdogan qui, alors maire d’Istanbul, avait proclamé au cours d’un meeting en 1997 : « Les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les croyants nos soldats », ce qui lui avait valu à l’époque quatre mois de prison et la perte de ses droits politiques.
    Mais il paraît, selon un diplomate présent à Luxembourg, que depuis juin 2013 « la Turquie a enregistré de nombreuses avancées, particulièrement en ce qui concerne la liberté d’expression ».
    A preuve : la veille même de la réunion ministérielle (simple coïncidence, bien sûr), le site HelalSexShop.com n’avait-il pas été lancé en Turquie avec la bénédiction du parti islamique AKP au pouvoir ? Certes, le site ne propose que des produits « conformes aux normes de la religion musulmane, c’est-à-dire sans graisse animale ou alcool » mais il convient de saluer ce que certains porte-babouches de presse ont aussitôt qualifié de « progrès incontestable ».
    Un « tigre » aux pattes d’argile
    On aimerait en dire autant de la situation économique de la Turquie. Car les choses ont bien changé depuis 2005, quand ce pays était crédité du « potentiel de l’économie tigre de l’Europe » avec une croissance d’environ 7% chaque année et le triplement du revenu par habitant. Officiellement, avec ses 75 millions d’habitants et d’importantes ressources naturelles (agriculture, pétrole, hydroélectricité, minerais), la Turquie occupe la 17e place dans la liste des économies mondiales. Toutefois, dans lejournalinternational.fr, l’économiste Müge Buluş rappelait très récemment que « le déficit extérieur, ainsi que la forte dépendance envers les investissements directs étrangers à court terme, forment de vraies sources de fragilité en matière de commerce ». Ainsi le déficit extérieur qui, au premier trimestre de 2013, a vu une hausse de 17,4% et atteint 50,6 milliards de dollars US, est très « clairement excessif, en allant jusqu’à 10% du PIB en 2011, entraînant une nette dépréciation de 22% de la livre turque par rapport au dollar, provoquant une ré-accélération de l’inflation », vertigineuse dans les années 1980 du XXe siècle, ce qui entraîna l’intervention financière de l’Arabie Saoudite… et la réislamisation de la République turque, qui se couvrit soudainement de mosquées.
    Tout aussi dangereuse, la dépendance vis-à-vis des investissements étrangers, d’abord parce que « les multinationales n’hésitent pas à dicter leurs lois, fortes d’un pouvoir de chantage permanent à la délocalisation », ensuite parce que les capitaux étrangers peuvent se tarir « du jour au lendemain, comme cela s’est passé récemment avec la déclaration de la FED [Banque centrale états-unienne, NDR] sur la diminution d’émission de dollars sur le marché jusqu’à la fin de 2013 et la décision d’arrêter d’en émettre totalement jusqu’à la fin de 2014 ».
    Bouleversement économique = déferlement migratoire
    Pour cet observateur, il ne fait aucun doute que la Turquie « connaît un bouleversement économique ».
    Qu’en serait-il pour l’Europe si ce nouveau membre, le plus peuplé mais aussi le plus jeune, était intégré dans l’Union ? Car le bouleversement serait non seulement économique mais aussi politique et ethnique, toute récession suscitant le réveil des démons latents : crispation islamiste, activisme gauchiste et séparatisme kurde (un quart de la population), déjà sources pour ces deux derniers facteurs d’immigration vers les Vingt-huit.
    Le même 22 octobre, le Bureau fédéral des statistiques annonçait d’ailleurs de Berlin que « l’immigration en Allemagne a progressé de 4,1% l’an dernier, soit la plus forte augmentation depuis 1993 », les Turcs (Turco-Kurdes inclus) fournissant toujours le plus gros contingent de candidats à l’installation dans la riche Germanie.
    Sans même parler de la division de Chypre consécutive à l’invasion turque de 1974 et où un mur de la honte divise toujours Nicosie près d’un quart de siècle après l’écroulement du Mur de Berlin, on se perd donc en conjectures sur l’oukase de la Commission européenne et la docilité des ministres des Affaires européennes – l’ectoplasme Thierry Repentin, ancien et obscur sénateur socialiste, occupant cette délégation auprès de son ministre de tutelle Laurent Fabius.
    Faut-il donc conclure que, toujours dans sa trajectoire mondialiste über alles, le bidule présidé par le libéral mais ci-devant maoïste José Manuel Barroso revivifie son partenariat avec la très antisyrienne Turquie, sanctuaire de tous les djihadistes camouflés en démocrates, pour mieux abattre le régime honni de Bachar al-Assad ?
    Qui sont les « canailles » ?
    La Turquie est un pays superbe, regorgeant de paysages splendides et de sites magnifiques – même si la plupart de ces sites sont hérités des civilisations grecque, romaine puis byzantine ou dus au génie de chrétiens convertis de force tel Sinan, Arménien de Cappadoce et créateur de l’architecture classique ottomane – tout comme c’est grâce à un Albanais, son homonyme et contemporain Sinan Bey qui avait étudié à Venise, que l’Empire ottoman découvrit l’art du portrait sous Soliman le Magnifique. Mais ce pays superbe est très bien en Asie où, depuis l’implosion de l’Union soviétique, il est d’ailleurs devenu le phare des ex-Républiques turcomanes soviétiques, aux citoyens desquelles il accorde très libéralement la nationalité. Ce qui signifie qu’en intégrant la Turquie, nous intégrerions aussi nolentes volentes nombre d’Ouzbeks, d’Azéris, de Kazakhs ou de Turkmènes, tous musulmans bien sûr.
    « La France serait-elle plus grande sans l’Europe ? Il y a des canailles pour le dire et des benêts pour le croire », fulminait le 10 octobre l’éditocrate Franz-Olivier Giesbert dans Le Point, qu’il dirige. Exigée par l’Eurocratie, la réouverture des négociations avec Ankara est une très mauvaise nouvelle. Espérons qu’elle ne se transformera pas en mauvais coup pour notre petit cap occidental, si convoité, si mal gardé.
    Camille Galic, 24/10/2013
    http://www.polemia.com/turquie-leurope-contre-les-europeens/

  • Pourquoi l’Allemagne exporte plus de fromage que la France

    L’Allemagne exporte davantage de lait et de fromage que la France. Elle bâtit son avantage compétitif en aval, quand le lait ne relève plus de l’agriculture mais de l’industrie. Avec une politique de l’offre et non de la demande. Les Français ont un gros complexe vis-à-vis des Allemands. Un complexe industriel : la manufacture pèse deux fois plus de l’autre côté du Rhin que de ce côté-ci. Elle dégage un colossal excédent commercial là-bas contre un déficit significatif ici. Les Français ont tort. Le problème n’est pas l’industrie, mais la compétitivité. Leur économie a longtemps exporté plus de services, plus de produits agricoles que son voisin. Ce n’est plus le cas. Depuis 2001, l’Allemagne vend davantage de services à l’étranger. L’écart des exportations entre les deux pays approche 50 milliards d’euros. Encore plus frappant : depuis 2005, la première puissance industrielle européenne a aussi dépassé la France sur les produits agricoles. Son avance va sur les 25 milliards. Elle vend même… plus de fromage que la France. En une décennie, elle en a augmenté ses volumes exportés de 23 %, contre 8 % côté français. Sans avoir jamais eu un ministre proclamant que labourage et pâturage sont les deux mamelles du pays ! L’exemple du lait et des produits laitiers est éclairant, car il révèle l’imbrication des causes politiques, économiques, sociales, culturelles… et industrielles dans ce qui fait la compétitivité d’une filière et aussi d’un pays. Pour expliquer la performance allemande, les éleveurs français invoquent la taille des exploitations. A première vue, ce n’est pas évident. Des deux côtés du Rhin, les fermes ont en moyenne une quarantaine de vaches. Il y a des petites unités dans le sud de l’Allemagne et dans les montagnes françaises, comme il y en a des grandes dans le septentrional Schleswig-Holstein ou en Bretagne. Mais derrière les moyennes, l’Allemagne favorise la grande taille par quatre mécanismes. Le premier est culturel. Dans le nord du pays, l’héritage passe par un droit d’aînesse. Un seul enfant reprend l’exploitation. Comme il ne s’est pas endetté pour racheter les parts de ses frères et sœurs, il peut donc investir. Le deuxième mécanisme est politique : les autorités allemandes subventionnent d’abord les grands projets d’investissement dans les fermes, tandis que Paris saupoudre (comme souvent). Le troisième facteur est social : c’est l’absence de SMIC en Allemagne. Contrairement à l’industrie, il n’y a pas de convention collective fixant un salaire minimum. Les éleveurs allemands peuvent donc embaucher de la main d’œuvre peu payée, souvent venue des pays de l’Est. Enfin, la quatrième raison est sanitaire : les normes pesant sur les installations deviennent très lourdes et donc coûteuses dès que la ferme compte plus de 100 vaches en France, contre 300 en Allemagne. Petits ou grands, les éleveurs allemands ont deux autres atouts dans la manche. Le premier est un régime particulier de TVA. Ils peuvent opter pour le « Pauschalierung » qui leur permet de ne pas reverser au fisc la différence entre la TVA reçue sur leurs ventes et celle payée sur leurs achats. Le deuxième est un soutien aux énergies renouvelables, avec des prix élevés d’achat de l’électricité ainsi produite, garantis sur vingt ans. Des milliers d’unités de biogaz ont été construites. Des panneaux solaires couvrent beaucoup de hangars agricoles. Les éleveurs louent même des toits d’entrepôts à des entreprises ! Et pourtant… la compétitivité laitière allemande ne vient pas de cette brochette d’avantages. Les experts de l’Institut de l’élevage, qui ont étudié la question de près, sont formels : les coûts de production du lait ne sont pas très différents dans les deux pays. L’ajustement se fait par les revenus : les éleveurs français gagnent moins d’argent de ce côté-ci du Rhin. Lors d’une rencontre entre éleveurs des deux pays, un Français a demandé à un Allemand comment il faisait pour s’en sortir. L’Allemand, qui s’en sortait très bien, a pris la question pour un compliment ! Suite sur Les Echos => http://www.lesechos.fr/opinions/analyses/0203090688987-pourquoi-l-allemagne-exporte-plus-de-fromage-que-la-france-624330.php