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géopolitique - Page 659

  • Alexandre Douguine et la « dissolution de l’Autriche » : anatomie d’une intox médiatique

    Des propos tenus par le géopolitologue russe Alexandre Douguine sont en train de défrayer la chronique en Autriche et en Allemagne. Motif : ce dernier aurait déclaré, dans un entretien en hongrois accordé au portail Alfahir.hu le 27 janvier 2015, vouloir la disparition de l’Autriche dans un grand ensemble “impérial” eurasien. L’ombre d’un Anschluß russe n’est pas loin, et l’image d’Épinal d’un Raspoutine des temps modernes non plus…

    En réalité, le journal allemand Die Welt (l’équivalent du Monde, tant pour son titre, son orientation idéologique de centre gauche / euro-atlantiste, que son honnêteté intellectuelle), et par la suite plusieurs médias allemands et autrichiens, ont rendu compte de cette interview d’Alexandre Douguine sous une forme très abrégée et tendancieuse. Sous le titre “Douguine, l’idéologue de Poutine, veut dissoudre l’Autriche”, le correspondant hongrois de Die Welt, Boris Kálnoky, écrit :

    « Le vecteur de puissance de la Russie en Europe est moins ses chars ou le gaz, mais les partis de gauche comme Syriza en Grèce et d’extrême droite comme le Jobbik en Hongrie. (…)
    Le portail Alfahir.hu, qui est proche du Jobbik, a récemment publié une interview avec Alexandre Douguine, connu comme un “idéologue” disposant d’une certaine influence sur le président russe Vladimir Poutine et souvent décrit comme extrémiste de droite ou même comme “fasciste”. Il développe une anxiété apocalyptique envers le “nihilisme occidental” auquel il assimile la “mondialisation”, et appelle à une “Union eurasienne” pour en contrer les excès. Sous le titre “Un empire surgit contre l’Occident”, Dougine précise dans l’interview ce qu’il envisage pour des petits pays de l’Europe centrale et orientale, dont l’Autriche : ils n’ont aucun avenir.
    Si cela ne tenait qu’à lui, il irait dissoudre ces pays. Non seulement l’Autriche, mais aussi la Hongrie. Et la Roumanie, la Serbie et la Slovaquie. Ils devraient s’unir. Dans sa logique tordue, la réponse à la mondialisation qui menace les États-nations est l’abolition de ces États-nations et leur soumission, pour une bonne partie, sous domination russe. Dougine rêve d’un monde tripolaire : la Russie, l’Amérique et l’Allemagne. Et il annonce l’émergence de nouveaux empires, parmi eux une “Union eurasienne” centrée sur la Russie, et un autre, “l’Europe” sous direction allemande. »

     

    Ce résumé a rapidement été repris sans aucune vérification par un grand nombre de journaux et de publications en ligne en Allemagne et en Autriche. Parmi eux, le quotidien autrichien le plus vendu, le Kronen-Zeitung, qui a repris ces affirmations non sans ajouter quelques détails croustillants et un montage photo assez grossier montrant Alexandre Dougine avec, à côté de lui, le chef du Parti de la liberté autrichien (FPÖ) Heinz-Christian Strache.

    « Alexandre Douguine est connu, au-delà des frontières de la Russie, comme “nationaliste extrémiste” et porte-parole du Mouvement dit eurasien qui a pour objectif la création d’un bloc de pouvoir sous domination russe comme contrepoids à l’Europe occidentale. Dans une interview avec le site d’information hongrois alfahir.hu, le philosophe considéré comme “l’idéologue en chef” de Poutine a expliqué comment cet empire devrait être conçu et quels pays y joueraient un rôle. Détail effrayant : les pays qui devraient y être absorbés et dissous seront – à côté de la Serbie – la Roumanie, la Slovaquie, la Hongrie, et l’Autriche. C’est parce que dans l’Union eurasienne, prévue par Douguine comme une reconstruction de la “Sainte Alliance” qui a été fondée au 19ème siècle après la défaite finale de Napoléon entre les monarchies des Habsbourg, l’Empire russe et la Prusse, il n’y a plus de place pour les petits États individuels. »

    "L'extrémiste a des contacts étroits avec le FPÖ"

    “L’extrémiste a des contacts étroits avec le FPÖ”

    Sous le sous-titre évocateurL’extrémiste a des contacts étroits avec le FPÖ, l’on peut lire dans le Kronen-Zeitung que« dans le cadre d’une alliance des partis de droite en Europe, “l’idéologue en chef” de Poutine a établi des liens avec le FPÖ. Au début du mois de juin 2014, il est venu à un sommet de nationalistes à Vienne auquel le chef du FPÖ Strache a participé. » Complément de Novopress : non seulement Strache, du FPÖ, mais aussi certains responsables du Front National et figures de la haute noblesse européenne – voir l’article du Figaro. Le fantasme du complot guetterait-il à leur tour nos amis libéraux ?

    Qu’a réellement dit Alexandre Douguine ?

    Le commentaire d’un lecteur à la suite de l’article du Kronen-Zeitung (“Presse mensongère ! Ce que l’homme dit et pense vraiment est complètement différent que ce qui est répandu ici et dans d’autres journaux.”) nous a conduit à vérifier la source et lire l’interview originale en langue hongroise, ici en traduction sommaire.

    “Un empire surgit contre l’Occident” est le titre d’une interview avec l’idéologue russe Alexandre Douguine publié par le portail Alfahir.hu (proche du parti nationaliste hongrois Jobbik). Dans cette interview, Douguine annonce une “ère des Empires”, dans laquelle la Hongrie, l’Autriche et d’autres pays d’Europe centrale et orientale seront fusionnés. Selon Douguine, l’Union eurasienne (l’Union économique eurasienne de la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie a commencé officiellement le 1er janvier 2015, comme un contrepoids à la puissance économique euro-atlantique) promue par Poutine ne serait pas une alternative à l’Union européenne, mais une tentative de donner lieu à « une zone économique spéciale et stratégique entre pays dotés de systèmes politiques et économiques similaires. »

    Compte tenu des conditions politiques créées par la domination de l’Occident, il n’y a plus de partenaires fiables pour personne. Selon Douguine, une dure bataille devra être menée si l’Union eurasienne récemment créée qui comprend la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie et d’autres républiques ex-soviétiques veut réussir.

    Lorsqu’on lui a demandé quel rôle la Hongrie a dans la nouvelle stratégie géopolitique de la Russie, Douguine dit qu’il croit sincèrement que l’ère des États-nations est révolue. Il y a tout simplement plus de groupes ethniques que de nations. Pour cette raison, les frontières nationales sont toujours en quelque sorte injustes, et le temps de la fondation de nouveaux empires est venu, tels que l’Empire d’eurasie et l’Empire européen. Les pays situés entre les deux pourraient créer un cordon sanitaire sous la forme d’une “Europe de l’Est géante”.

    Dans ce cordon sanitaire, Douguine ne voit pas d’espace pour les aspirations nationales individuelles. “Si la Hongrie, la Roumanie, la Serbie, la Slovaquie et l’Autriche devenaient une unité, cela signifierait que tous les Hongrois seraient unis à nouveau ; ethniquement, tout reviendra comme avant le traité de Trianon,” dit Douguine.

    Plus importante pour Douguine est la question “quelle est l’image de l’avenir que nous avons ?” Dans son entretien avec Alfahir, Douguine explique sa crainte du“nihilisme occidental”, qu’il assimile à la mondialisation. La mondialisation permet que des valeurs telles que la foi, la culture, la connaissance sacrée périssent complètement. “Nous – les Russes, Hongrois, Slovaques, Roumains, Serbes, Allemands, Français et Espagnols – devons enfin ouvrir nos yeux et nous lever ensemble contre l’Occident, ou nous disparaîtrons lentement, l’un après l’autre.”

    Selon Douguine “nous sommes confrontés à la menace d’une dictature mondiale réelle et totale”. Cette dictature incite les nations à se confronter les unes aux autres, telles la Russie et l’Ukraine. La Russie s’efforce “d’être un facteur déterminant dans la politique mondiale, ce qui n’a jusqu’ici pas très bien fonctionné”. C’est pourquoi la Russie agit “de manière réactive” par rapport à l’Ukraine. Dans la foulée, Douguine critique la politique du Kremlin : “Nous avons bêtement raté toutes nos chances de mettre l’Ukraine de notre côté”.

    Douguine a été limogé l’année dernière de son poste à l’Université d’État Lomonosov de Moscou. Il décrit cela comme une attaque contre un patriote. Il dit qu’il a été étiqueté comme “ennemi numéro un de l’humanité” aux États-Unis. Selon lui, les transatlanticistes qui se sont unis dans des réseaux en Russie font tout leur possible pour miner la crédibilité de son “eurasisme” aux yeux des dirigeants politiques russes. Il critique la situation politique dans son pays natal en disant que c’est “un très mauvais signe que ceux qui mènent la Russie ne sont pas eux pour lesquels nos intérêts nationaux sont importants.”

    Douguine appelle le parti radical hongrois Jobbik un “parti extrêmement prometteur”. Alors que dans le monde d’aujourd’hui, “la politique n’est rien de plus qu’un tas d’ordures”, le parti Jobbik et ses dirigeants ont encore “de vrais horizons philosophiques et géopolitiques.” Le Jobbik rejète le libéralisme nihiliste ainsi que la dictature financière de l’hégémonie américaine.

    En ce qui concerne l’avenir de l’Union européenne, Douguine souligne qu’il existe un nombre croissant d’eurosceptiques. L’UE est sur le point d’un “effondrement total”parce que l’Europe n’a pas de buts ni de stratégie. Une nouvelle Europe est nécessaire, “une Europe européenne” qui vive les vraies traditions européennes. L’Europe est actuellement un “cimetière que tous les survivants veulent quitter le plus rapidement possible”.

    Yves Lejeune / Peter H.
    Pour Novopress

    http://fr.novopress.info/182274/alexandre-douguine-dissolution-lautriche-anatomie-dune-intox-mediatique/#more-182274

  • Proche-Orient : vers une alliance russo-égyptienne

    L’Egypte semble s’éloigner de plus en plus des Américains au profit de la Russie. En effet, le président russe Vladimir Poutine se rend aujourd’hui en Egypte pour rencontrer son homologue le maréchal Al-Sissi (photo). Cette visite fait écho à celle d’Al-Sissi en Russie en Aout dernier. Selon un communiqué du Kremlin, ils examineront des accords commerciaux, destinés à mettre en place différentes mesures. Parmi elles la création d’une zone de libre-échange russo-égyptienne à laquelle pourrait se rallier la Biélorussie et le Kirghizistan. Il sera aussi question de la vente de matériel militaire moderne : avions de chasse MIG29, batteries de missiles Kornet et hélicoptères de combat. La situation dans le Proche-Orient et l’Afrique du Nord sera également évoquée, en premier lieu en Irak, en Syrie et en Libye.

    http://fr.novopress.info/182230/proche-orient-vers-alliance-russo-egyptienne/

  • Les Etats-Unis, évincés d’Asie centrale?

    Entretien avec le Dr. Johannes Hübner, député du Nationalratautrichien, spécialiste des questions internationales. Sur l’Axe Moscou-Pékin. Sur la situation géopolitique en Asie orientale et en Asie centrale

    Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

    Q. : Dans le sillage du sommet de la Coopération Economique pour l’Asie-Pacifique, on a assisté à un nouveau rapprochement entre la Russie et la Chine. Peut-on dorénavant parler d’un « Axe stratégique Moscou-Pékin » ?

    JH : Cet axe stratégique existe déjà depuis cinq ou six ans au moins. Jusqu’ici, il se concrétisait principalement dans l’Organisation de Coopération de Shanghai. Dorénavant, en effet, on devra évoquer une pluralité de liens entre les deux géants eurasiens : sur ce chapitre, il faudra surtout souligner les deux accords importants sur l’énergie, celui qui a été conclu en mai et celui qui vient d’être signé en novembre 2014. Ces deux accords renforcent puissamment les liens entre les deux économies. Plusieurs indices semblent accréditer désormais la thèse que la Chine considère in finequ’une coexistence harmonieuse avec les Etats-Unis n’est plus possible sur le long terme. Voilà pourquoi, elle mise aujourd’hui sur la Russie malgré les désavantages qu’il y a à chercher en ce moment même une alliance avec Moscou.

    Q. : Et quels seraient ces désavantages ?

    JH : Il faut aller les chercher dans le domaine économique : face à cette nouvelle alliance eurasienne, les Etats-Unis vont essayer de saboter de leur mieux les accords de libre-échange que la Chine a forgé avec les Etats de toute la région extrême-orientale, surtout avec la Corée du Sud et le Japon, et dans le cadre des accords ASEAN. Il faudra aussi s’attendre à ce que le langage médiatique se fasse plus rude à l’endroit de la Chine, ce qui signifie que l’on entendra à nouveau parler du Tibet, des droits de l’homme en Chine, de l’opposition qui s’agite à Hong Kong ou d’autres thématiques similaires.

    Q. : A quelles mesures faudra-t-il encore s’attendre, car on ne peut tout de même pas partir du principe que les Etats-Unis vont baisser les bras et se borner à observer une situation contraire à leurs intérêts, où la Chine et la Russie coopèreront toujours davantage en les excluant de leur jeu ?

    JH : Il y a déjà une chose que l’on peut observer depuis plus d’un an, c’est l’aggravation du conflit pour les groupes d’îles de la Mer de Chine du Sud. Officiellement, et pour la galerie, les Etats-Unis préconisent une politique de « désescalade ». Ils ne cessent d’affirmer qu’ils mettront tout en œuvre pour que les conflits trouvent une solution par le dialogue. Mais, en coulisses, ils chercheront à renforcer les Etats qui prendront des positions fermes et tranchées face à la Chine. Ils essaieront à coup sûr d’exercer toute leur influence sur les Philippines, où existe certes un ressentiment hostile aux Américains mais où l’on se méfie aussi des menées chinoises parce que la Chine est un puissant voisin et que les Philippines abritent une forte minorité chinoise. Avec le Vietnam, ce sera moins facile. En effet, malgré les manifestations brutales de nationalisme antichinois de ces derniers temps, où des magasins de citoyens vietnamiens d’origine chinoise ont été saccagés et incendiés, les gouvernements des deux pays restent communistes et sont donc plus proches qu’on ne pourrait bien l’imaginer. Chinois et Vietnamiens ne changeront vraisemblablement pas de politique.

    Q. : La Chine craint d’être encerclée par les Etats-Unis ; Washington cherche à installer un système antimissiles en Asie orientale, sous le prétexte du danger nord-coréen. Dans quelle mesure ces plans pourront-ils contribuer à envenimer le climat dans l’espace Asie-Pacifique ?

    JH : Il faut d’abord attendre pour voir si ce système antimissiles se mettra vraiment en place. N’oublions pas que le fameux bouclier antimissiles, prévu, disait-on dans les milieux atlantistes, pour contrer les fusées iraniennes, n’a jamais vraiment été installé en Europe centrale et orientale. Le plus important aujourd’hui est, me semble-t-il, d’observer comment se développeront les futures relations sino-japonaises. On a pu assister à un certain dégel pendant le sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique mais cet apaisement circonstanciel ne me semble guère significatif ; on ne perçoit pas encore clairement de quel côté viendront les gestes d’apaisement : d’un Japon très influencé par les Etats-Unis qui a tendance, sous cette pression constante, à adopter des positions hostiles à l’égard de la Chine et à provoquer délibérément son voisin continental ? D’une Chine qui, pour des raisons de politique intérieure et parce que les sentiments antijaponais persistent, préfèrera jouer la carte antijaponaise car celle-ci est plus facilement « articulable » qu’un anti-américanisme frontal ? Adopter une politique délibérément anti-américaine est dangereuse pour la Chine, bien plus dangereuse que d’utiliser la vieille image de l’ennemi japonais, héritée de la deuxième guerre mondiale.

    Q. : Dans les futurs échanges gaziers entre Russes et Chinois, que vous avez maintes fois évoqués, les factures seront établies en roubles ou en renminbi. Cette décision doit alarmer les Etats-Unis car ce choix est une attaque directe contre le dollar qui, jusqu’ici, était la devise mondiale adoptée pour les échanges internationaux…

    JH : C’est le cas, effectivement. Russes et Chinois conçoivent bel et bien ce choix de devises nouvelles comme une déclaration de guerre au système économique mondial dominé jusqu’ici par les Américains. Nous devons toutefois attendre et voir si cette facturation en roubles ou en renminbi pourra ou non s’imposer sur le long terme. L’accord énergétique ne prévoit pas, expressis verbis,que les factures ne seront établies qu’en devises locales ; plus exactement, il est dit qu’elles pourront, le cas échéant, être établies en devises locales, si les tractations commerciales réciproques le permettent. La Chine avait déjà pratiqué la même politique avec d’autres partenaires commerciaux comme la Mongolie ou certains Etats d’Asie centrale. Elle tente donc bel et bien d’internationaliser le renminbi. Mais ses tentatives sont très prudentes car l’internationalisation du yuan exposerait celui-ci, et avec lui l’économie chinoise, aux spéculateurs internationaux.

    Q. : Dans les années 90 du 20ème siècle, les nouvelles républiques indépendantes d’Asie centrale, dont certaines sont très riches en matières premières, ont attiré l’attention des stratégistes américains. Plus tard, la Russie et la Chine ont créé l’Organisation de Coopération de Shanghai. Le « Grand Jeu » en Asie central est-il terminé... ?

    JH : Il semble en effet que les Américains soient hors jeu dans la région. Après le dernier changement de gouvernement au Kirghizistan et après que les Américains aient dû rendre la base de Manas, il n’y a plus de présence militaire ou policière américaine visible en cette zone. Les ONG sont, elles, toujours présentes, ce qui a donc pour corollaire une présence très forte des services secrets qui tenteront de détacher les gouvernements centre-asiatiques de l’alliance qui les lie à la Russie et qui essaieront aussi de les détourner de tous rapports commerciaux de grande envergure avec la Chine. Dans le cas du Kazakhstan, ils n’ont pas réussi, même si certaines tensions ont troublé cette année les rapports entre ce pays et la Russie. Le Kirghizistan semble s’acheminer de manière irréversible vers une adhésion à la Communauté Economique Eurasienne. Quant aux autres Etats d’Asie centrale, toutes les options sont ouvertes. L’Ouzbékistan poursuit sa politique indépendante. Le Turkménistan aussi et le Tadjikistan est, finalement, un Etat sans guère d’importance pour les nouvelles dynamiques à l’oeuvre.

    Q. : Quelles potentialités recèlent les plans chinois de relier l’Extrême-Orient asiatique à l’Europe, via l’Asie centrale, par des lignes de chemin de fer à haute vitesse et à gros gabarit ?

    JH : Ces plans pour une nouvelle route de la soie ont déjà bien progressé et reçoivent un soutien financier massif de la Chine. Il s’agit certes de la route de la soie terrestre par l’Asie centrale, que je viens d’évoquer, mais aussi de sa consoeur maritime qui doit passer par l’Asie du Sud-Est, par Singapour, pour aboutir en Inde et dans la région arabe. Il s’agit là d’une priorité centrale pour la Chine car elle doit impérativement assurer la sécurité de ses voies commerciales et de ses voies d’acheminement de matières premières. Elle doit aussi créer une zone neutre d’influence, libre de toute ingérence américaine, où les Etats-Unis ne pourront plus orchestrer des manœuvres antichinoises. Je ne dis pas une zone d’influence strictement chinoise car la Chine n’en aura pas les moyens.

    Q. : Percevez-vous le danger de la formation de deux blocs avec, d’une part, les démocraties libérales, soit les Etats-Unis et les Etats membres de l’UE, et, d’autre part, une alliance d’Etats posés comme « autoritaires », comme le Chine, ou considérés comme des « démocraties non libérales » comme la Russie ?

    JH : La formation de deux blocs, pareils à ceux que vous me décrivez, est effectivement en train de se faire et je pense aussi qu’une telle formation est souhaitée quelque part. Une telle division du monde va bien dans le sens des intérêts stratégiques américains car, d’un côté, ce nouveau clivage binaire justifie la perpétuation de l’OTAN ; d’un autre côté, il donne un prétexte parfait pour maintenir la présence de troupes américaines en Europe. Enfin, troisième raison qui me permet de conclure à l’hypothèse d’une nouvelle division du monde en deux blocs : celle-ci oblige les Européens à se soumettre sans restriction aux objectifs politiques des Américains.

    (entretien paru dans « zur Zeit », n°47/2014, Vienne, http://www.zurzeit.at ).

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/02/07/les-etats-unis-evinces-d-asie-centrale.html

  • 80 djihadistes français tués en Syrie et en Irak

    Lu ici :

    "Ce sont près de 1 400 personnes qui ont été identifiées, Français ou résidents, comme étant en relation avec ces filières. Environ 750 y séjournent ou ont séjourné, 410 seraient aujourd'hui sur place, 260 repartis, et 80 Français ou résidents en France ont été tués sur place", a déclaré le Premier ministre lundi sur Europe 1."

    Et ce ne sont que les chiffres officiels jugés communiquables aux Français par le gouvernement socialiste... Ce ne sont en fait que des estimations qu'il faudrait sans doute multiplier par 3 pour approcher de la vérité.

    Philippe Carhon

  • Groupe EI: la Jordanie intensifie ses raids, prochaine offensive terrestre irakienne

    La Jordanie, dont un pilote a été exécuté par le groupe Etat islamique, a promis dimanche d'intensifier ses raids contre l'EI dans le cadre de la coalition internationale qui appuiera ces prochaines semaines une offensive terrestre des forces irakiennes.
    "Dans les semaines à venir, lorsque les forces irakiennes commenceront leur campagne terrestre pour récupérer des territoires en Irak, la coalition fournira un soutien important en puissance de feu à cette opération", a annoncé le coordinateur américain de la coalition internationale contre l'EI, John Allen, cité par l'agence officielle Petra.
    De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé que la campagne de la coalition, qui a mené selon lui plus de 2.000 frappes, portait ses fruits.
    Les Emirats ont dépêché dimanche en Jordanie un escadron d'avions F-16 pour soutenir ce pays "frère" dans les frappes contre l'EI, qui sévit en Syrie et en Irak. Amman, qui participe depuis septembre à la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis, a annoncé avoir détruit 56 cibles en trois jours.
    Le chef d'état-major de l'armée de l'air, Mansour al-Jobour, a affirmé que la campagne de frappes s’intensifierait encore dans les prochains jours.
    Depuis jeudi, "nous avons détruit 20% des capacités de combat de Daech" (acronyme en arabe de l'EI), a-t-il indiqué. Parmi les cibles figuraient des camps d'entraînement, des dépôts d'armes et de carburant ainsi que des centres logistiques et résidentiels, a-t-il énuméré sans préciser la localisation des frappes.
    - 700 km2 repris -
    Le gouvernement jordanien a annoncé pour la première fois cette semaine que ses avions, qui ciblaient jusqu'alors la Syrie, avaient cette fois aussi frappé en Irak.
    La Jordanie a intensifié ses raids en représailles à l'exécution du pilote Maaz al-Kassasbeh, brûlé vif après avoir été capturé fin décembre dans le nord syrien, quand son F-16 s'était écrasé durant une campagne de frappes. "Plus de 7.000 terroristes de Daech ont été tués depuis que la Jordanie participe aux frappes aériennes", selon le chef de l'aviation jordanienne.
    Selon lui, les raids jordaniens ont par ailleurs contribué à affecter les revenus pétroliers des jihadistes, qui contrôlent plusieurs champs et infrastructures en Irak et Syrie.
    Pour M. Kerry, la campagne de la coalition a permis de reprendre quelque 700 km2, soit "un cinquième du territoire que (l'EI) contrôlait".
    "Les raids ont "privé les insurgés de l'utilisation de plus de 200 infrastructures gazières et pétrolières (...), perturbé leur chaîne de commandement (...), mis sous pression leurs finances et éparpillé leur personnel", a ajouté le chef de la diplomatie américaine à la conférence de Munich (Allemagne) sur la sécurité, sans détailler combien se trouvent en Irak ou en Syrie.
    La coalition compte de nombreux pays arabes, comme l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
    Après l'enlèvement du pilote jordanien, ces derniers avaient décidé de cesser leurs frappes, craignant pour la sécurité de leurs pilotes et critiquant le manque de moyens de sauvetage.
    Mais ils ont finalement déployé un escadron dimanche dans une base de l'armée de l'air jordanienne, accompagné d'appareils de transport C-17 ainsi que d'avions avitailleurs, a annoncé l'agence Petra.
    Le déploiement des F-16 est destiné à "réaffirmer la solidarité constante des Emirats avec la Jordanie, dont le rôle moteur dans la coalition et les immenses sacrifices pour la sécurité et la stabilité de la région sont incarnés par le martyre du héro Maaz al-Kassasbeh", le pilote tué, a rapporté l'agence émiratie Wam.
    - Aide américaine au Liban -
    L'EI a profité de la guerre civile en Syrie et de l'instabilité en Irak pour s'emparer de larges pans de territoire sur lesquels il impose ses lois et multiplie les exactions.
    Le conflit a débordé au Liban voisin, théâtre de fréquentes incursions de jihadistes venant de Syrie. Les affrontements les plus meurtriers avec l'armée ont eu lieu en août dans la ville frontalière d'Aarsal.
    Pour faire face à cette situation, l'armée libanaise a reçu dimanche une cargaison d'armes en provenance des Etats-Unis, a indiqué à l'AFP un diplomate de l'ambassade américaine à Beyrouth, évoquant "72 canons M198 Howitzer et plus de 25 millions d'obus, de mortiers et de munitions pour les armes automatiques".
    L'ambassade a précisé que la valeur de l'aide en matériel se montait à plus de 25 millions de dollars.
    Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a indiqué de son côté que les premières livraisons d'armes françaises au Liban dans le cadre d'un don saoudien de trois milliards de dollars interviendraient en avril.

    Source : Afp via nouvel obs :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EukFuZpAypMClPHfvp.shtml

  • La solution d’un foudre de guère : fournir des armes à l’Ukraine (Dr Breedlove)

    Les partisans d’une politique de force s’activent à créer de l’irréparable.

    Dr Folamour, ou comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe, c’est le titre, en version française, de la tragi-comédie explosive qui marqua le début de la renommée mondiale de Stanley Kubrick. Sorti en pleine guerre froide entre le « monde libre » et le bloc soviétique, six mois après l’assassinat de John Kennedy, deux ans après la fameuse crise des missiles qui mit la planète à un cheveu de la Troisième Guerre mondiale, le film, presque constamment drôle, déroule l’implacable scénario d’une escalade. On y voit comment, par la faute d’une poignée de faucons, plus vrais que nature, et de la malchance, ce qui était à l’origine un simple incident, dans le cadre de grandes manœuvres de routine, débouche, en dépit des efforts du président américain et de son homologue soviétique, sur l’Apocalypse. L’un des personnages principaux, particulièrement néfaste, de cette fiction est donc ce fameux Dr Folamour, en anglais Dr. Strangelove, savant nazi mal débarbouillé de son idéologie et recyclé par les États-Unis dans la recherche militaire, un dingue pas doux du tout.

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  • L’Afrique Réelle N°62 - Février 2015

    Sommaire

    Actualité 
    - Algérie : L’effondrement du prix du pétrole menace la paix sociale 
    - Le Nigeria et le Niger face à Boko Haram 
    - Burkina Faso : De Thomas Sankara à Blaise Compaoré

    Histoire Le premier conflit mondial en Afrique du Nord

    Afrique du Sud Quand Mgr Lafont louvoie entre niaiserie, aveuglement et déni de réalité

     

    Editorial de Bernard Lugan :

    Par leurs provocations irresponsables, les « Charlie » réussiront-ils à paralyser la lutte anti-jihadiste au Sahel ?

    1) Parlons vrai : que cela plaise ou non, pour une grande partie de l’Afrique, l’odieux assassinat des journalistes de Charlie Hebdo est vu comme la « juste punition de blasphémateurs ». Quant aux imprudents responsables africains qui furent littéralement convoqués à la marche parisienne des « Charlie », notamment les présidents Ibrahim Boubacar Keita du Mali et Mahamadou Issoufou du Niger, les voilà désignés comme des ennemis de l’islam. Ils sont donc politiquement affaiblis et cela alors qu’ils sont en première ligne contre le jihadisme.

    Les conséquences géopolitiques qui vont découler de cette situation ne peuvent encore être mesurées. Notamment au Niger où Boko Haram qui, jusqu’à présent ne s’était pas manifesté, a pris le prétexte de la livraison du numéro spécial de Charlie Hebdo publié après les assassinats, pour lancer des foules fanatisées contre les intérêts français à Zinder et à Niamey. Au même moment, nos postes militaires avancés veillent aux frontières du pays pour empêcher le Niger de passer sous le contrôle des jihadistes...

    Un officier supérieur égyptien pourtant peu suspect de sympathies islamistes me disait récemment : « Quand Charlie Hebdo représentait le pape Benoît XVI sodomisant un enfant de choeur, ses journalistes passaient pour de facétieux potaches et les catholiques protestaient par la prière. Mais quand ils insultent le prophète Mahomet, ils le paient de leur vie. Il est désolant de devoir constater que ce sont les malades mentaux salafistes qui, par l’assassinat, rappellent vos journalistes à la décence ».

    Cruelle réflexion ! Les irresponsables de Charlie Hebdo ont-ils conscience des dégâts que leur jusqu’au-boutisme a provoqué en Afrique ? Peuvent-ils comprendre qu’ils ont mis en danger la vie de Français expatriés ? Peuvent-ils imaginer qu’ils fournissent des armes aux jihadistes tout en paralysant nos soldats engagés dans de difficiles combats pour les réduire ? [...]

    La suite sur le blog officiel de Bernard Lugan

    Pour vous abonner.

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-Afrique-Reelle-No62-Fevrier-2015

  • Diana Johnstone: Hillary Clinton, une va-t-en guerre en course pour la Maison Blanche.

    Entretien réalisé par l’ agence info libre avec la journaliste Diana Johnstone, à propos de l’implication d’Hillary Clinton dans la guerre de Libye, le soutien financier qu’elle reçoit de l’oligarchie américaine et du lobby pro-israélien pour sa course à la Maison Blanche, le système « démocratique » américain…

    Suite de l’entretien avec Diana Johnstone, avec comme thématiques abordées l’influence américaine sur les pays européens via des fausses ONG comme la Nation Endorsment for Democracy ou encore la construction de l’Union Européenne, le chaos régnant en Libye depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi, le soutien d’Israël à des factions djihadistes se battant contre la Syrie de Bachar Al-Assad…

    Source: Agence Info Libre

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Ukraine : Hollande évoque le scénario de la "guerre"

    Pour le président français, les pourparlers menés par la France et l'Allemagne avec la Russie sur le dossier ukrainien constituent "une des dernières chances".

    L'initiative pour ramener la paix en Ukraine présentée à Moscou par Angela Merkel et François Hollande pourrait être "une des dernières chances" d'éviter "la guerre", mais il n'est "pas certain" que les discussions aboutiront, ont prévenu samedi 7 février les deux dirigeants.

    "Je pense que c'est une des dernières chances. [...] Si nous ne parvenons pas à trouver non pas un compromis mais un accord durable de paix, eh bien nous connaissons parfaitement le scénario : il a un nom, il s'appelle la guerre", a déclaré à la presse le chef de l'Etat français lors d'une visite, samedi, à Tulle, en Corrèze."

    "Je savais que ce serait difficile, je savais que c'était risqué mais je savais que c'était indispensable", a ajouté le président de la République. "Je suis donc dans le processus. Je ne veux pas donner de pronostic, je suis aujourd'hui dans la recherche, qui prendra encore quelques jours, pour aboutir à une conclusion".

    "Tant que le but n'est pas atteint, tant que l'accord n'est pas signé, il y a un risque", a-t-il prévenu.

    Selon lui, "la France joue un rôle majeur avec l'Allemagne mais elle ne peut pas réussir seule. Avec Mme Merkel, nous ne réussirons pas seuls, nous avons pris nos responsabilités, maintenant c'est à toutes les autres parties d'être à la hauteur de ce qui est attendu d'elles".

    Angela Merkel : "Ça vaut le coup d'essayer"

    "La chancelière et moi-même, nous considérons qu'il y a un risque de guerre aux portes de l'Europe", a martelé François Hollande, rappelant qu'il y a "déjà de nombreuses victimes".

    De son côté, la chancelière allemande s'est dite "prudente", samedi, lors d'une conférence à Munich, juste avant de rencontrer le président ukrainien Petro Porochenko et le vice-président américain Joe Biden.

    "Il n'est pas certain que ces discussions aboutissent [...] mais cela vaut le coup d'essayer", a lancé Angela Merkel, disant vouloir "relancer" l'accord de paix conclu à Minsk en septembre 2014 et qui n'a jamais été véritablement été appliqué.

    5.300 personnes tuées en dix mois de conflit

    Les affrontements entre rebelles prorusses et armée ukrainienne dans l'est du pays ont au contraire regagné en intensité depuis le début de l'année, faisant des centaines de morts. En dix mois de conflit, 5.300 personnes ont été tuées, selon l'ONU.

    "Nous ne comptons faire la guerre à personne, nous comptons coopérer avec tous", a assuré, de son côté, Vladimir Poutine, cité par l'agence de presse Interfax.

    "Ces négociations vont continuer comme vous le savez. Nous estimons qu'il est tout à fait possible d'avoir des résultats et de tomber d'accord sur des recommandations qui permettront aux deux côtés de vraiment dénouer le conflit", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, également présent à Munich.

    Les discussions samedi en marge de la Conférence annuelle sur la sécurité, à Munich, devraient contribuer à déblayer le terrain avant une conversation téléphonique à quatre – Petro Porochenko, Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande – prévue dimanche.

    Avancée dans la rédaction d'un document

    Aucune information n'a filtré sur la teneur de la discussion avec Vladimir Poutine vendredi soir à Moscou, si ce n'est qu'elle a permis d'avancer vers la rédaction d'un document.

    Confronté à une situation militaire et économique désastreuse, le président ukrainien Petro Porochenko est sous pression face aux revendications des séparatistes, qui réclament plus d'autonomie et la prise en compte de leurs nouveaux gains territoriaux dans les négociations.

    Après la rencontre de Petro Porochenko avec Angela Merkel et Joe Biden, le secrétaire d'Etat américain John Kerry doit s'entretenir avec Sergueï Lavrov.

    "L'option militaire" en discussion

    Moscou a mis en garde contre la livraison d'armes par les Etats-Unis à l'Ukraine pour tenter de rééquilibrer le rapport de force sur le terrain, une option évoquée ouvertement par certains responsables américains.

    Angela Merkel y est également fermement opposée. "Ce conflit ne peut être réglé militairement", a-t-elle martelé. "Je ne vois pas en quoi un meilleur équipement de l'armée ukrainienne impressionnerait le président Poutine au point qu'il puisse imaginer perdre militairement".

    Le général américain Philip Breedlove, qui commande les troupes de l'Otan en Europe, a lui défendu "l'option militaire". "Nous parlons plus spécifiquement d'armes [...] et de capacités" qui font défaut à l'armée ukrainienne, notamment "pour s'attaquer à des problèmes d'artillerie, des problèmes de communication", a-t-il détaillé.

    Alors que le ballet diplomatique autour de l'Ukraine se déplaçait à Munich, les bombardements se sont poursuivis sur le terrain dans l'est de l'Ukraine, tuant au moins cinq civils dans la nuit, selon le gouvernement et les séparatistes.

    Les tirs au lance-roquettes multiples Grad ont notamment repris de plus belle autour de Debaltseve, tenue par l'armée ukrainienne et presque encerclée par les rebelles prorusses, après une courte trêve qui a permis d'évacuer 753 civils dont 81 enfants.

    Source : L'Obs avec AFP :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EukFFkZyFlBGTsyEHh.shtml