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géopolitique - Page 661

  • Vladimir Fédorovski : Grèce et Russie, la Sainte Alliance

    Après la victoire de Syriza, le gouvernement grec a amorcé un rapprochement avec la Russie. Vladimir Fédorovski analyse les tenants et aboutissants de cette alliance.

    Peu de temps avant leur victoire, le directeur du département des affaires étrangères de Syriza a déclaré que le parti d’extrême gauche avait l’intention « de coopérer partout où nous avons des intérêts communs avec les pays BRICS et surtout la Russie ». A peine élu, Alexis Tsipras rencontrait à Athènes l’ambassadeur russe. Cette position pro-russe va-t-elle changer la donne en Europe ?

    Il ne faut ni exagérer, ni sous-estimer la coopération actuelle entre ces deux pays. Je ne pense pas qu’il s’agira d’un changement radical, mais il y aura certainement une coopération plus poussée entre la Grèce et la Russie, qui va surtout peser d’un point de vue diplomatique. La Russie va, en effet, représenter une alternative de développement, à la fois économique, politique, et même civilisationnelle pour la Grèce.

    Poutine propose une sorte de concept de défense du monde occidental, du monde chrétien face à l’islam mais aussi face au monde anglo-saxon, protestant. Beaucoup d’affinités unissent ces deux pays : la religion orthodoxe, tout d’abord. Cette religion qui est commune à une grande partie de leurs populations est un facteur important dans le contexte actuel. Ensuite le fait que les russes adorent la Grèce comme destination touristique. Elle les attire pour leurs similitudes culturelles, religieuses et touristiques. Considérable, le tourisme russe représente une véritable manne financière pour la Grèce.

    Cette proximité n’est pas à sous-estimer car elle souligne, à mon sens, la tentative de Poutine de montrer qu’il n’est pas isolé sur le plan international.

    Traditionnellement, le parti de la gauche grec était lié avec l’URSS. Au-delà de cela, la posture des grecs face à la bureaucratie de Bruxelles et l’intransigeance allemande les rapproche de la Russie. La semaine dernière, la Grèce, à l’instar de Chypre, s’est opposée à un renforcement des sanctions de l’Union européenne envers la Russie. Cette position accroit les divisions au sein de l’organisation, ce qui n’est pour déplaire à Poutine. La Grèce peut ainsi devenir son allié pour peser sur la politique européenne.

    Pour autant, La Grèce va-t-elle aller jusqu’à une exécution de sa menace de changement de cap et se désolidariser de l’UE ? Je ne pense pas. Elle reste pour l’instant aux côtés de l’UE. Cette alliance entre la Russie et la Grèce va donc essentiellement jouer sur le plan diplomatique et pas forcément de façon définitive. [....]

    La suite sur Le Figaro.vox

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Vladimir-Fedorovski-Grece-et

  • Le pilote jordanien, brûlé vif dans une cage par l’État islamique

    L’État islamique a revendiqué l’exécution sommaire et barbare du pilote jordanien qu’il avait pris en otage fin décembre 2014. Dans une vidéo diffusée mardi, les images montrent un homme portant une combinaison orange enfermé dans une cage, et des flammes qui consument ses vêtements jusqu’à ce qu’il devienne une boule de feu.

    L’armée jordanienne a promis de venger sa mort.

    http://fr.novopress.info/

  • "Comment se fabriquent les terroristes ?"

    Extrait de l'éditorial d'Eric Letty dans le nouveau numéro de Monde et Vie :

    "Pour fabriquer un futur terroriste, la recette est simple. Prenez un gamin de huit ans, prénommé Ahmed, grandi dans un de ces quartiers de banlieue qui constituent des zones de non-France, probablement insupportable, aimant jouer au dur, se bagarrer et défier l’autorité. Surtout, de famille musulmane « très pratiquante. » Organisez dans son école, au lendemain des attentats que l’on sait, une minute de silence à la mémoire des victimes, en insistant sur la mort de caricaturistes connus pour avoir insulté sa religion. S’il vient à déclarer « Je ne suis pas Charlie, je suis avec les terroristes », faites en sorte que la direction de l’école, conformément aux instructions données par le ministère, signale « l’incident » aux services de protection de l’enfance, qui ouvriront une enquête sur sa famille et transmettront à leur tour l’information aux services de police. Ceux-ci convoqueront alors le vaurien au commissariat, pour lui reprocher – en présence de son avocat… – de s’être livré à « l’apologie d’actes de terrorisme ». C’est prêt : vous avez tous les ingrédients d’un cocktail du genre molotov, qui deviendra explosif dans une dizaine d’années.
                N’étant pas socialiste, je n’ai pas l’habitude de rejeter sur la société la responsabilité des exactions commises par les voyous, comme le fait si bien Christiane Taubira ; mais la responsabilité des périls qui menacent notre pays n’incombe pas aux enfants de huit ans. Les vrais coupables doivent être recherchés au plus haut niveau de l’Etat et de la classe politique : parmi ceux qui, depuis cinquante ans, ont sciemment travaillé au remplacement de population en encourageant l’immigration de masse, alors qu’au même moment la légalisation de l’avortement privait notre pays de 200 000 enfants par an ; or, le gouvernement actuel poursuit sur la même voie.
                Parmi ceux, aussi, qui n’ont eu de cesse de dresser le procès de la France et de dénigrer son histoire, en dissuadant ainsi les nouveaux venus de s’assimiler à cette nation de « salauds » et en les persuadant que notre pays a une dette envers eux. C’est cette politique que conduit encore François Hollande, par exemple en inaugurant le musée de l’histoire de l’immigration, symboliquement installé dans les locaux de l’ancien musée des colonies."[...]

    (la suite )

    Marie Bethanie

  • « Un petit millier » de militaires russes en Ukraine

    Avertissement : Ce que raconte Jean-Dominique Merchet surSecret Défense n’est pas parole d’Évangile. Néanmoins ce journaliste très introduit dans le milieu militaire a accès à de nombreux renseignements. Ce qu’il raconte semble cohérent : pas de présence de bataillons russes en Ukraine mais un soutien tactique et logistique du Kremlin aux séparatistes.

    Selon nos informations de source française, il y aurait «un petit millier» de militaires russes en Ukraine, qui assistent les séparatistes et les volontaires en provenant de Russie. Ces derniers se recrutent dans les milieux nationalistes grand-russes, chez les cosaques ou les Tchétchènes, ainsi qu’en Serbie. Ils sont formés dans des camps d’entraînement – deux au moins ont été identifiés – par l’armée russe. Aucune unité constituée de l’armée russe n’a été identifiée en Ukraine, alors qu’une petite dizaine de bataillons sont stationnés juste de l’autre côté de la frontière. Du matériel moderne russe a été livré en grande quantité – avec les spécialistes pour le mettre en œuvre – aux séparatistes, notamment dans le domaine de l’artillerie et de la défense sol-air.  

    Source : Secret Défense

    http://www.contre-info.com/

  • Les Etats-Unis envisagent de livrer à nouveau des armes à Kiev

    Alors que la situation en Ukraine ne cesse de se détériorer depuis quelques semaines, le gouvernement des Etats-Unis pourrait à nouveau fournir aux forces ukrainiennes des armes et des équipements défensifs, affirme dimanche 1er février The New York Times (NYT).

    Le « New York Times » a rapporté, dimanche 1er février, que Washington étudiait cette possibilité face à l’intensification des combats dans l’est de l’Ukraine. | AFP/OLEKSANDER STASHEVSKY

    Selon le quotidien, huit anciens hauts responsables américains doivent publier lundi un rapport demandant à Washington d’envoyer à Kiev pour 3 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) de matériel militaire, notamment des missiles antichars et des drones de reconnaissance. Cette mesure serait prise en réaction à l’intensification des combats contre les séparatistes prorusses dans l’est du pays.

    « SOLUTION NÉGOCIÉE DE LA CRISE »

    Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le chef d’état-major interarmés, le général Martin Dempsey, se sont dits ouverts à la discussion sur le sujet, tandis que le commandant des forces de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en Europe, le général Philip Breedlove, est désormais favorable à la fourniture d’équipements à destination létale, affirment les sources du NYT.

    La conseillère nationale à la sécurité, Susan Rice, jusqu’ici réticente à la fourniture de ce genre d’aide, serait, elle aussi, prête à revoir sa position. « Bien que nous restions concentrés sur la recherche d’une solution par les moyens diplomatiques, nous évaluons sans cesse d’autres options afin de créer un espace pour une solution négociée de la crise », a déclaré au quotidien la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Bernadette Meehan.

    La suite sur Le Monde.fr

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Les-Etats-Unis-envisagent-de

  • Des centaines de milliers de mercenaires de l’Otan en Ukraine

    Pour cacher quelque chose, il n’y a pas de meilleure moyen que de la laisser en pleine vue ! C’est ce que font les Etats-Unis et l’Otan en Ukraine. Si, en plus, on a une machine de propagande fonctionnant à plein régime, le succès est (presque) assuré.
    Robert Parry (https://consortiumnews.com), le journaliste d’investigation américain connu, qui dénonce la propagande américaine est parfois déstabilisé par la puissance de cette propagande. Il dit à propos d’une récent article de l’économiste américain Paul Krugman : « que même des gens intelligents comme Paul Krugman puissent accepter la propagande à propos de la crise ukrainienne me fait hésiter entre le désespoir de voir un jour l’Amérique comprendre les problèmes du monde et l’émerveillement à propos de la puissance de cette propagande et sa capacité à fabriquer sa propre réalité. »
    “When even smart people like economist Paul Krugman buy into the false narrative about the Ukraine crisis, it’s hard to decide whether to despair over the impossibility of America ever understanding the world’s problems or to marvel at the power of the U.S. political/media propaganda machine to manufacture its own reality.”
    On ne lit pas, évidemment, ce genre de choses dans la presse officielle française.
    La machine de propagande, on en connaît les éléments principaux. En tête, Victoria Nuland assistante secrétaire d’état qui dirige les opérations en Europe pour le compte du département d’état. Les services secrets américains aussi. On en parle peu, mais ils disposent de tout un étage dans le bâtiment des services secrets ukrainiens à Kiev. L’Otan évidemment dont le secrétaire général déclarait encore samedi dans une interview au Figaro : « La Russie viole les règles (du droit international) et les frontières de ses voisins ». Sans parler des fonctionnaires de l’Union Européenne dont l’activité principale semble être devenu la préparation de sanctions contre la Russie, des élus du Parlement Européen qui prônent le dialogue mais excluent les interlocuteurs qui ne leur conviennent pas, ni des gouvernements Polonais, Estonien, Letton et Lituanien. La liste pourrait être plus longue, nous nous arrêterons là.
    Les médias officiels français et européens ouvrent largement leurs colonnes à ceux-là. En revanche, quand une opinion dissonante vient du « camp d’en face » on ne la mentionne pas ou seulement pour la tourner en dérision. Aujourd’hui, dans le camp occidental on ne discute plus avec ceux qui ne sont pas de votre avis. On les discrédite, on les « démonise », on les exclut. Plus de diplomatie, des ultimatums.
    Alors quand le « grand méchant Vladimir » déclare que les volontaires du Donbass combattent non pas l’armée de Kiev mais une armée de mercenaires de l’Otan, ou pouffe ! Mais qu’est-ce qu’il raconte donc ?
    Il dit simplement la vérité. Le Larousse nous donne la définition suivante du mot « mercenaire » : « Soldat qui sert à prix d'argent un gouvernement étranger. » Les deux expressions importantes sont « à prix d’argent » et « gouvernement étranger ».
    Les armées de Kiev servent-elles le gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine, ou les intérêts des citoyens ukrainiens ? Je ne reviendrai pas sur la qualité « démocratique » du gouvernement Poroshenko, c’est un autre sujet. Mais en tout cas, cette armée ne sert pas les intérêts du pays. Il n’y a qu’à voir la situation économique dans laquelle il se débat et qui est aggravée par la guerre. L’Ukraine a besoin, au plus vite, de rétablir la paix sur l’ensemble de son territoire. Un gouvernement qui sabote les discussions de Minsk et qui proclame la mobilisation générale par étapes n’est pas un gouvernement qui cherche à rétablir la paix. D’autant que dans le même temps où il proclame ses « intentions pacifiques », il réclame armes et argent à ses sponsors étrangers.
    Et si encore, il n’y avait que l’armée régulière. Mais un certains nombre de bataillons ont été formés qui sont financés par des oligarques ukrainiens soucieux de protéger leurs intérêts économiques régionaux. On ne les a pas encore beaucoup vu et entendu, mais si Kiev venait à rechercher véritablement un accord de paix avec le Donbass, ils entreraient certainement en scène. Qu’ils s’appellent “Donbass”, “Secteur droit”, “Azov” ou encore “Kharkiv-1” ces bataillons répondent bien à la définition de « mercenaires ».
    Mais alors, me direz-vous, s’ils ne défendent pas les intérêts de l’Ukraine, quels intérêts défendent-ils donc ? L’Otan n’est pas en guerre contre la Russie, voyons !
    En êtes-vous sûr ? Avez-vous entendu Victoria Nuland en voyage d’inspection…, oh, pardon « en visite amicale » dans une unité de gardes frontières ukrainiens près de Kiev, le 28 janvier, déclarer : « … urged NATO to install command and control centers in all six frontline states”. En Français, cela donnerait : « l’Otan doit installer des centres de commandement et de contrôle dans les six états de la LIGNE DE FRONT !... » S’il y a ligne de front, c’est bien qu’il y a guerre, au moins dans l’esprit de Victoria Nuland, et de la plupart des néo-cons américains ! Une guerre entre les Etats-Unis et la Russie. Mais une guerre que les américains peuvent nier puisqu’il n’y a pas de soldats réguliers américains sur le terrain. La méthode a déjà été souvent employée, en Amérique du Sud, par exemple. On appelle cela des guerres par procuration. Les combattants sont des mercenaires.
    Et par qui les mercenaires combattant en Ukraine sont-ils payés ? La même Victoria Nuland nous a déjà expliqué il y a un an que les Etats-Unis avaient « investi » cinq milliards de dollars dans les « aspirations des Ukrainiens à la démocratie ». Les fonds continuent à arriver de la même source, mais aussi, de l’Union Européenne et même du FMI dont les statuts prévoient pourtant qu’il ne peut pas prêter d’argent à un pays en guerre.
    Les soldats de Kiev servent donc des intérêts qui ne sont pas ceux de leur pays et ils sont payé par des pays étrangers. Je sais, le paiement n’est pas direct, mais celui qui paie la solde n’est qu’un relai pour celui qui donne effectivement l’argent, non ?
    C’est sans doute pour cela que Vladimir Poutine a parlé de mercenaires de l’Otan et non, simplement de mercenaires américains, pour tenir compte de la diversité des sources de financement qui toutes, cependant, viennent de pays appartenant à l’Otan.

  • Obama reconnaît que le Maïdan est l'œuvre de Washington

    Le président américain a enfin reconnu ouvertement le rôle de premier plan joué par Washington dans le renversement du président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Barack Obama a également laissé entendre qu'il n'irait pas jusqu'à un conflit armé direct avec la Russie.

    Barack Obama a dévoilé son jeu. Visiblement, il n'a plus rien à perdre. Dans une interview accordée à CNN, il a reconnu que les USA avaient réussi à "faire transférer le pouvoir" en Ukraine. En d'autres termes, le dirigeant américain a constaté que le coup d'État survenu dans ce pays en février 2014, qui a entraîné des conséquences gravissimes et de nombreuses victimes, s'est déroulé avec une implication directe des USA sur le plan logistique et technique. Il a ainsi désavoué toutes les déclarations antérieures des politiciens et des diplomates américains, qui affirmaient jusqu'alors que l'Euromaïdan était un phénomène ukrainien purement intérieur basé sur la protestation noble du grand public contre le régime corrompu de Viktor Ianoukovitch.

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  • L’État islamique sort-il affaibli de la bataille de Kobané ?

    L’État islamique (EI) a été chassé de Kobané, en Syrie, mardi 27 janvier. Les djihadistes ont subi des pertes importantes, mais ils ont résisté quatre mois sous les bombardements de la coalition internationale, dans une bataille ultra-médiatisée.

    Kobané n’était pas un objectif stratégique de premier plan pour l’EI. C’est une région kurde, dans laquelle les arabes sunnites, sur lesquels s’appuie l’organisation, sont minoritaires. Certes, parvenir à la contrôler aurait pu donner à l’EI le contrôle d’une centaine de kilomètres de frontière entre la Syrie et la Turquie. Cela aurait facilité son trafic de pétrole, qui représente une part importante de son budget, et l’arrivée de djihadistes étrangers.

    (…)

    L’État islamique a été chassé de Kobané et de quelques villages alentours, à travers lesquels les forces kurdes progressent désormais, appuyées par des frappes aériennes. Mais les djihadistes tiennent encore la province. Ils disposent de chars et d’armes lourdes pour empêcher l’avancée des Kurdes en terrain ouvert.

    (…)

    Sur le plan militaire, la perte de Kobané répond au moins en partie à un choix stratégique : l’EI a mieux à faire à l’Est, dans la région kurde de Qamishli et sur l’axe, vital pour l’EI, qui relie la province irakienne d’Anbar à la ville syrienne de Deir ez-Zor (région riche en pétrole), suivant l’axe de l’Euphrate.

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  • Général V. Desportes : « les Etats-Unis ont crée Daech » !

    Le 17 décembre 2014, la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées tenait un débat en séance publique à propos de la prolongation de l’opération Chammal en Irak. Présidée par Jean-Pierre Raffarin la Commission a interrogé lors des débats le Général Henri Bentégeat (2S), ancien chef d’état-major des armées, le Général de corps d’armée Didier Castres, sous-chef d’état-major Opérations, Monsieur Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, le Général de division (r) Vincent Desportes, professeur associé à Sciences Po Paris et Monsieur Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. 
    Revenons en détail sur l’intervention du Général Vincent Desportes. Commençant son intervention sur un mot de présentation de Daech, soulignant notamment le danger réel du groupe sur nos intérêts vitaux, ce dernier déclara sans ambages : 
    Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les États-Unis. Par intérêt politique à court terme, d’autres acteurs – dont certains s’affichent en amis de l’Occident – d’autres acteurs donc, par complaisance ou par volonté délibérée, ont contribué à cette construction et à son renforcement. Mais les premiers responsables sont les États-Unis. Ce mouvement, à la très forte capacité d’attraction et de diffusion de violence, est en expansion. Il est puissant, même s’il est marqué de profondes vulnérabilités. Il est puissant mais il sera détruit. C’est sûr. Il n’a pas d’autre vocation que de disparaître. 
    Voilà qui a le mérite d’être clair ! 
    Alertant les membres de la Commission sur les incidences d’une guerre menée dans un contexte de réduction de nos forces, le Général Desportes déclara : 
    Au bilan, quelle que soit l’armée considérée, nous sommes engagés au-dessus des situations opérationnelles de référence, c’est-à-dire que chaque armée est en train d’user son capital sans avoir le temps de le régénérer. Nous avons des forces insuffisantes en volume. Pour compenser, tant au niveau tactique qu’au niveau stratégique, nous les faisons tourner sur un tempo très élevé qui les use. C’est-à-dire que si ce suremploi continue, l’armée française sera dans la situation de l’armée britannique sur-employée en Irak et en Afghanistan et obligée pendant quelques années d’arrêter les interventions et de régénérer son capital « at home ». L’effort considérable produit aujourd’hui au profit des interventions a des répercussions fortes et mesurables sur les forces en métropole, en terme de préparation opérationnelle en particulier. Le sens des responsabilités exige de tordre définitivement le cou au mythe de la guerre courte. 
    Après quelques mots sur les bases de la stratégie militaire, le Général Desportes énonça une série de principes, au nombre de cinq, devant guider toute décision d’intervention. 
    Selon ce premier principe, il ne faut s’engager que si l’on peut influencer au niveau stratégique. Le risque d’user ses forces armées si ce précepte n’est pas respecté, avec le discrédit et le déficit d’image qui s’en suit, est mis en avant. 
    C’est le cas de la France en Afghanistan : elle y a conduit une « guerre américaine » sans influence stratégique globale, sans influence sur le cours des opérations, sans influence sur la direction de la coalition. 
    Deuxième principe : il ne faut intervenir que là où cela a du « sens stratégique ». 
    La France est grande dans le monde, en particulier par sa place au Conseil de sécurité des Nations unies. Mais cette place lui est contestée tous les jours, et il faut qu’elle la défende, qu’elle la légitime tous les jours. Et elle ne peut le faire que par sa capacité de gestion utile des troubles du monde. Ce qui, au passage, impose absolument la nécessité de conforter notre capacité à agir comme « nation-cadre » et à « entrer en premier ». N’en doutons pas : notre place parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et notre influence dans les affaires du monde sont d’abord fondées sur notre capacité à agir de manière concrète dans les crises (capacité et crédibilité). 
    Troisième principe : il faut définir des objectifs atteignables. Prenant l’exemple de l’Afghanistan, le Général déclare que « les objectifs ont très vite dérivé et dépassé les moyens dont la coalition disposait (en termes de temps et de capacité de contrôle de l’espace terrestre en particulier). » 
    Quatrième principe : il ne faut intervenir que quand l’action envisagée est compatible avec les moyens disponibles, immédiatement et à terme. Faisant partie des premiers à avoir critiqué publiquement le Livre blanc de la Défense 2013, le Général Desportes déclara : 
    Le Livre blanc 2013 parle de « volume de forces suffisants ». Dans les faits, l’opération Serval était un pari extrêmement risqué, chacun le sait, en raison du très faible volume de forces déployées, conjugué à la grande vétusté de la majorité des équipements utilisés. L’opération Sangaris est un pari qui a échoué : le pari fait de la « sidération initiale » a échoué. Ensuite, le déni de réalité conjugué à notre manque de moyens a empêché l’adaptation de la force à la réalité du terrain et au déploiement immédiat des 5 000 hommes qui étaient indispensables. 
    Cinquième principe : il ne faut pas faire le premier pas sans envisager le dernier. Cela veut dire qu’il faut évaluer sans idéologie, sans aveuglement, les conséquences d’une intervention, surtout si l’on n’a pas l’intention d’aller jusqu’au bout. 
    A la fin de son intervention, le Général Desportes a continué à alerter les membres de la Commission sur le délitement de nos forces armées. 
    Le sous-dimensionnement patent du budget OPEX a des effets pervers considérables dont doivent être conscients ceux qui en décident. D’abord, laisser dire par les media, sans démenti formel, que les armées dépensent indûment le maigre budget français relève de la faute morale, au moment où nos soldats se battent sur tous les fronts, pour la France et à ses ordres, avec des ressources beaucoup trop comptées. Ensuite, parce que nous sommes toujours en dessous de la « taille critique », ce sous-dimensionnement du budget a des conséquences directes tant sur le succès des opérations que sur la sécurité de nos soldats : ils s’en retrouvent mis en danger. 
    A propos de l’opération Chammal, le Général déclare : 
    J’en arrive à Chammal. Après quelques détours, j’en conviens, mais l’on ne perd jamais son temps à prendre un temps de recul stratégique, à une époque où, justement, la tendance est de raisonner dans le temps court, en termes de dépenses de comptoir, des problèmes qui relèvent du temps long et d’investissements lourds. Je ne m’attarde pas sur l’ahurissante contradiction actuelle entre, d’une part, l’embrasement du monde à nos portes, à notre est, à notre sud-est, à notre sud, la multiplication de nos interventions et, d’autre part, la détérioration profonde et rapide de nos capacités budgétaires avec, en aval, celle de nos capacités militaires. Tout le monde le sait, à droite et à gauche. Certains, trop peu nombreux, le disent. (…) Alors ? Tenons-nous au principe bien connu de la guerre : le principe de concentration … ou à sa version populaire : « qui trop embrasse mal étreint ». Arrêtons de nous éparpiller ! Regardons les choses en face. 
    État islamique. « Daech delenda est » : certes ! Nous sommes profondément solidaires, mais nous ne sommes aucunement responsables. Nos intérêts existent, mais ils sont indirects. Nos capacités sont limitées et dérisoires, là-bas, par rapport à celles des États-Unis et notre influence stratégique est extrêmement limitée.