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géopolitique - Page 660

  • Zbigniew Brzezinski : « Ce que je vois en Europe m’inquiète »

    Ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter (de 1977 à 1981), Zbigniew Brzezinski est l’un des dirigeants du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), cercle de réflexion américain sur la politique étrangère. Il est notamment l’auteur du Vrai choix. Les États-Unis et le reste du monde (Odile ­Jacob, 2004).

    Qui assure la sécurité de l’Europe ?

    Personne en particulier : ce devrait être l’Union européenne, sur la base de principes stratégiques partagés et d’engagements stratégiques réciproques. Mais là est le problème puisque, manifestement, il y a des divergences.

    C’est donc l’OTAN, et donc les États-Unis ?

    Les États-Unis sont évidemment l’acteur le plus important de l’Alliance « atlantique ». Si les États-Unis ne sont pas impliqués, l’Alliance perd toute signification stratégique. Sans les États-Unis, l’OTAN ne peut être ni viable ni militairement crédible.

    Comment jugez-vous la ­réponse des Européens à la crise ukrainienne ?

    Elle n’est pas unanime. Ce n’est pas surprenant, mais si le nombre de « déserteurs » grandit au sein de l’Alliance, la situation de l’Europe tout entière va devenir potentiellement dangereuse. Soit l’Europe deviendra une zone soumise à l’influence de puissances extérieures, soit cela précipitera une collision militaire Est-Ouest.

    Ce que je vois en Europe m’inquiète, car j’y trouve des réminiscences de l’attitude des principaux pays européens en 1938-1939 : la volonté de ne pas voir plus loin que les problèmes immédiats, l’incapacité à regarder les faits en face.

    Les Européens privilégient l’arme des sanctions, pour quel résultat ?

    Les sanctions suffiraient si elles étaient conjuguées avec de la détermination et non avec des négociations sans fin, dans lesquelles l’autre partie [les séparatistes soutenus par la Russie] fait des promesses qu’elle viole par la suite, puis reprendre des négociations, et faire de nouvelles promesses. Il faudrait plus de volonté à l’Europe et à l’OTAN, Etats-Unis compris, pour qu’il soit clair que l’escalade de la violence – personne ne peut douter que la crise est aggravée par la Russie – finira par produire une situation dans laquelle l’Alliance sera obligée de fournir des armes défensives à l’Ukraine. Ne pas le faire, c’est donner un feu vert à Poutine, avec tout ce que cela peut produire de dramatique.

    Fournir des armes défensives, ce n’est pas aider l’Ukraine à attaquer la Russie. C’est créer une situation dans laquelle les responsables russes se demandent s’ils vont pouvoir parvenir à leurs fins facilement et en toute impunité. Pour le moment, la réponse de l’Ouest est : « Oui, vous le pouvez. » Il faut aussi poser la question du jour d’après. Qu’est-ce qui se passe pour les pays baltes, dans ce contexte ? Ils peuvent probablement être pris par la force en moins de 48 heures. Cela fait tellement penser à ce qui s’est passé en 1938 et en 1939 que c’en est tragique.

    Les intérêts des Etats-Unis et des Européens sont-ils les mêmes dans cette crise ?

    Nous ne sommes pas un seul pays et les intérêts sont évidemment différents, mais il est dans l’intérêt de l’Europe de rester politiquement unie et militairement protégée par l’OTAN. Sans l’OTAN, qu’adviendrait-il de sa sécurité, et in fine de son identité politique ? Ce qui est en jeu est fondamental. Certains pays européens en sont plus conscients que d’autres, certains responsables aussi, en particulier Angela Merkel. D’autres ont envie d’avoir la protection sans en payer le prix.

    Les Etats-Unis devraient convaincre leurs partenaires que la livraison d’armes défensives à l’Ukraine est une contribution à la paix, susceptible de rendre les choses plus prévisibles, pour que l’autre camp comprenne que l’escalade aura un coût. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Je ne plaide pas pour une guerre avec la Russie. Au contraire, je suis favorable à des arrangements. Depuis un an, je plaide pour que la Russie sache que, si l’Ukraine se tourne vers l’Ouest, elle exerce son droit à l’autodétermination, mais qu’il ne s’agit pas nécessairement d’un droit à entrer dans l’OTAN. Les Etats-Unis et l’OTAN devraient s’inspirer pour l’Ukraine de l’exemple de la Finlande : on peut participer à l’aventure démocratique européenne sans être membre de l’OTAN.

    Le défi auquel l’Europe est ­confrontée exige une réponse immédiate. Des actions tangibles, des déploiements d’unités américaines, françaises, allemandes, britanniques dans les pays baltes. Le prépositionnement d’équipements militaires américains en Pologne, pour le cas ou des unités plus ­importantes devraient y être ­déployées…

    Quel défi le bourbier proche-oriental représente-t-il pour l’Europe ?

    Un défi indirect. Ni les pays européens ni les Etats-Unis n’ont intérêt à être significativement présents, d’un point de vue militaire, au Moyen-Orient. Bien sûr, quand vos concitoyens sont tués, vous avez le droit de riposter et d’éliminer les responsables. Mais politiquement, l’organisation du Moyen-Orient doit être de la responsabilité de ceux qui y vivent, et particulièrement des pays tels que la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Egypte.

    L’Amérique mais surtout la France et le Royaume-Uni doivent être très prudents sur leur rôle. Ils peuvent soutenir les acteurs régionaux, mais ils ne doivent pas donner l’impression de vouloir rétablir par la guerre ce qui a pu exister par le passé.

    Le Monde

    http://fortune.fdesouche.com/376537-zbigniew-brzezinski-ce-que-je-vois-en-europe-minquiete#more-376537

  • Lavrov: la Russie réagira au renforcement de l'Otan près de ses frontières

    Moscou promet une "réponse adéquate" à l'intensification des activités de l'Alliance atlantique à proximité de ses frontières occidentales.

    Le renforcement de la présence de l'Otan près des frontières russes entrave le rétablissement de la confiance dans l'espace euroatlantique, a déclaré mardi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

    "Nous avons réaffirmé notre position selon laquelle le renforcement de la présence militaire près de notre frontière ne contribuait pas à rétablir la confiance dans l'espace euroatlantique", a indiqué le chef de la diplomatie russe lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue espagnol José Manuel Garcia-Margallo.

    "Nous sommes contraints d'y réagir de manière adéquate, mais nous restons persuadés que ces problèmes doivent être réglés par le biais d'un dialogue basé sur le respect réciproque", a poursuivi M.Lavrov.

    Sur fond de crise politique en Ukraine, une augmentation sans précédent de l'activité des forces armées de l'Otan et des Etats-Unis a été constatée près des frontières russes. Moscou perçoit ces démarches de l'Occident comme une tentative pour provoquer une nouvelle guerre froide.

    http://fr.sputniknews.com/international/20150310/1015096392.html#ixzz3TytrAmV8

  • Frontex : 500.000 à un millions de migrants prêts à quitter la Libye pour l’Europe

    Le directeur exécutif de Frontex, Fabrice Leggeri, a averti que 500.000 à un million de migrants étaient prêts à quitter les côtes libyennes pour l’Europe.

    « En 2015 nous devons nous préparer à faire face à une situation beaucoup plus difficile qu’en 2014 » a-t-il expliqué. L’occasion de remercier une fois de plus Nicolas Sarkozy et Bernard-Henri Levy pour la guerre menée en Libye contre Khadafi.

    Source

    http://www.contre-info.com/frontex-500-000-a-un-millions-de-migrants-prets-a-quitter-la-libye-pour-leurope

  • Nouveau livre de Bernard Lugan : Osons dire la vérité à l’Afrique

    Présentation : Accrochés à des pourcentages de PIB désincarnés ou artificiels, « experts » et médias mentent à l’Afrique quand ils lui font croire qu’elle a « démarré » et qu’une « classe moyenne » y est née. En effet, non seulement le continent ne se développe pas, mais, au sud du Sahara, il est même revenu à une économie de « comptoir ».

    Au XVIIIe siècle ces derniers étaient esclavagistes ; en 2015, ils sont pétroliers, gaziers ou miniers. Comme ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui n’enrichissent qu’une infime minorité d’acteurs-profiteurs cependant que la masse de la population subit en tentant de survivre.

    Allons-nous donc continuer de mentir à l’Afrique quand, confrontées à la misère et pour échapper au désastre dont elles sont les premières victimes, ses jeunes générations risquent leur vie dans de mortelles traversées vers le supposé « paradis » européen ? Afin d’attaquer les vraies causes du mal, les acteurs africains et européens doivent commencer par cesser de s’abriter derrière ces postures dogmatiques et ces mensonges qui, depuis des décennies, engluent le continent dans les échecs.

    Editions Le Rocher ; 224 pages - Prix : 21 euros - Disponible en librairie

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Nouveau-livre-de-Bernard-Lugan,8686

  • Réaction du Tchad et du Niger contre Boko Haram

    La réaction du Tchad et du Niger n’aura pas tardé à l’annonce d’allégeance de Boko Haram à l’État islamique.
    Leurs troupes respectives étaient en poste depuis un bon mois dans la province deDiffa, sous le feu de Boko Haram.
    La faction terroriste a multiplié les exactions ces derniers mois faisant encore 58 morts et 139 blessés dans trois explosions samedi 7 mars à Maiduguri, fief historique de Boko Haram et capitale de l’État de Borno (nord-est).
    Mais, il semble que ce soit surtout l’annonce de l’union entre l’engeance islamique nigériane et l’EI qui ait fait quitter la position défensive des deux armées régulières pour mener une attaque de grande envergure. L’offensive débutée le dimanche 8 mars à  8 heures du matin est actuellement en cours.

    http://fr.novopress.info/

  • Pourquoi l’Occident hait-il Poutine ? La raison secrète

    Les raisons officielles
    Nous savons tous que les gouvernements occidentaux, emmenés par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, se sont retournés contre la Russie. Les raisons données par les médias sont nombreuses: la Russie a essayé d’empêcher l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne. La Russie a aidé les « rebelles pro-russes » à abattre le MH-17.
    La Russie a « envahi » illégalement la Crimée. Des milliers de troupes et de tanks russes combattent en Ukraine. Certains d’entre nous pensent que ces affirmations sont de la propagande de guerre à l’intention des citoyens de l’Ouest dans le but de justifier des sanctions contre la Russie et de faire monter les tensions militaires.
    Les raisons géopolitiques

    Beaucoup moins largement débattues, mais beaucoup plus importantes, il y a les raisons géopolitiques qui considèrent les zones de conflit entre les intérêts économiques des Etats-Unis et ceux de la Russie ; et ceux de la Russie et de la Chine.
    Pour le moment, l’Union européenne est très dépendante de l’énergie russe. Les Etats-Unis aimeraient faire cesser cela. Le conflit en Ukraine est un élément important du processus visant à séparer économiquement l’UE de la Russie. Mais il y a aussi un programme plus vaste. La Chine et la Russie dirigent les BRICS, ce groupe de pays rassemblant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Les pays des BRICS veulent développer un système économique mondial qui ne dépende pas du dollar US. Ils veulent être indépendants du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. La Chine a aussi suggéré à l’Europe qu’elle se joigne à elle et à la Russie dans ce qu’elles appellent la Nouvelle route de la soie, qui s’étend dans toute l’Eurasie, de Lisbonne à Shanghai.
    Inutile de dire qu’il n’y a pas de place pour les Etats-Unis dans ce plan, ce qui donne une autre raison de couper les liens économiques entre la Russie et l’Union européenne.
    La raison secrète – La guerre qui n’a pas eu lieu

    Tous ces facteurs sont importants, mais il y en a encore un autre, qui n’est jamais débattu dans les médias occidentaux. L’élément déclencheur de la soudaine hostilité contre la Russie et Poutine peut être trouvé dans presque tous les événements non déclarés qui se sont déroulés entre la fin d’août et le début de septembre 2013.
    Ce qui est arrivé dans cette période cruciale est qu’une attaque surprise de l’Otan contre la Syrie a été stoppée par la Russie. C’était probablement la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale qu’une attaque militaire planifiée par l’Occident se trouvait confrontée à une force suffisante pour exiger son annulation. On n’a pas dit aux gens en Occident pourquoi leurs dirigeants bellicistes au discours martial ont fermé les yeux. Ils ont reculé et ont décidé de changer leurs plans. Le nouveau plan : démolir l’Ukraine et s’emparer de la Crimée au profit de l’Otan. Cela, à l’évidence, n’a pas marché non plus ; et le désordre qu’ils ont créé est toujours là.
    L’attaque US/France prévue sur la Syrie
    Tôt le matin du samedi 31 août 2013, un officiel américain a téléphoné au cabinet du président Hollande pour lui dire d’attendre un appel d’Obama plus tard dans la journée.
    « Présumant que ce téléphone du soir annoncerait le début des frappes aériennes états-uniennes (contre la Syrie), Hollande a donné l’ordre à ses officiers de mettre au point leurs propres plans d’attaque. Les avions de combat Rafale ont été chargés de missiles de croisière Scalp ; on a ordonné à leurs pilotes de lancer leurs munitions d’une portée de 250 miles quand ils se trouveraient sur la Méditerranée. » (1)
    Autrement dit, à ce moment-là, les pilotes français et les troupes états-uniennes attendaient seulement l’ordre final du président Obama pour lancer leur attaque. Toutefois, plus tard le même jour, à 18h15, Obama a appelé le président français pour lui dire que l’attaque programmée le 1er septembre à 3h du matin n’aurait pas lieu comme prévu. Il devait consulter le Congrès. (2)
    Trois jours plus tard, à 6 h 16 GMT du mardi 3 septembre, deux missiles dirigés vers la côte syrienne étaient lancés « depuis la partie centrale de la Méditerranée », mais ils n’ont pas atteint la Syrie.(3) « Les deux missiles se sont écrasés en mer. » (4) Il existe différentes versions de ce qui s’est produit.
    Selon Israël Shamir:

    « Un journal libanais, citant des sources diplomatiques, a affirmé que les missiles étaient lancés depuis une base aérienne de l’Otan en Espagne et qu’ils ont été abattus depuis un navire par le système de défense russe mer-air. Une autre explication proposée par Asia Times soutient que les Russes ont utilisé leurs brouilleurs GPS, puissants et bon marché, pour rendre impuissants les Tomahawks, très chers, en les désorientant et en les poussant à l’échec. Il y a encore une autre version, qui a attribué le lancement aux Israéliens ; soit qu’ils étaient prêts à abattre les missiles, soit qu’ils observaient les nuages comme ils le prétendent. » (5)
    Les navires de guerre étaient prêts
    Il est difficile de savoir ce qu’il y a derrière ce lancement de missile raté, mais cela n’a pas déclenché de guerre. Nous pouvons tous en être reconnaissants. Sur la carte ci-dessous, nous pouvons voir l’impressionnante collection de navires de guerre en position au large de la Syrie à l’époque. (6)
    Un article dans Global Research a parlé d’un « déploiement naval massif des Etats-Unis et de leurs alliés en Méditerranée orientale au large de la côte syrienne ainsi que dans la mer Rouge et dans le golfe Persique. » (7)
    A ce moment-là, il semblait presque certain que les Etats-Unis et leurs alliés lanceraient une attaque contre la Syrie. Au lieu de quoi, l’attaque prévue a été reportée sine die. Comme le dit Israël Shamir, « les volontés de fer de l’Amérique et de l’Eurasie s’étaient croisées en Méditerranée orientale », et les Etats-Unis ont subitement décidé de reculer devant ce grave conflit militaire.
    Un commentateur a plaisanté en disant qu’Obama avait finalement mérité son prix Nobel de la paix, après ça. Voici l’évaluation de la situation par le Saker, un opposant véhément à ce qu’il appelle l’Empire anglo-sioniste. Parce que, de par sa vie antérieure, le Saker a une connaissance intime du fonctionnement des affaires militaires de l’Otan.
    « Moins remarqué, il y a eu l’envoi par la Russie d’une force navale opérationnelle, assemblée à la hâte mais compétente, sur la côte syrienne. Pas une force suffisamment importante pour battre la marine US, mais une force capable de fournir à l’armée syrienne une vision complète du ciel au-dessus et au-delà de la Syrie. Autrement dit, pour la première fois, les Etats-Unis ne pouvaient pas réaliser une attaque surprise sur la Syrie, pas avec des missiles de croisière, pas avec leur puissance aérienne. Pire, la Russie, l’Iran et le Hezbollah se sont lancés dans un programme d’assistance matérielle et technique à la Syrie, avoué, et non avoué, qui a fini par vaincre l’insurrection wahhabite. » (8)
    Pourquoi les Etats-Unis ont-ils modifié leurs plans ?
    Il nous est difficile de connaître toutes les manœuvres qui se sont déroulées en coulisses en août et en septembre 2013, mais le résultat final est clair. Après des années de tensions croissantes et de menaces, les Etats-Unis et leurs alliés ont décidé de ne pas attaquer la Syrie comme ils l’avaient prévu. Etant donné que la rhétorique et le déploiement militaire contre la Syrie semblaient suivre le scénario utilisé pour l’Irak et la Libye, il y a eu peu de débats en Occident sur les raisons pour lesquelles les Etats-Unis et leurs amis ont subitement changé leurs plans.

    Maintenant, avec le recul, nous pouvons voir que cette attaque directe ratée a mené à une attaque indirecte croissante et à la montée de ce qui est maintenant connu comme l’Etat islamique.
    Deux des raisons évidentes que je peux déceler à ce changement soudain ne sont pas la sorte de choses que les dirigeants politiques occidentaux veulent débattre. L’une est le fait que ces guerres sont très impopulaires. Comme résultat des mensonges et des échecs innombrables révélés sur les guerres sauvages et inutiles en Afghanistan, en Irak et en Libye, il semble que certains politiciens écoutent leurs citoyens. Comment pouvez-vous expliquer autrement la décision inattendue du parlement britannique, le jeudi 29 août, de voter contre la participation du Royaume-Uni à toute frappe contre la Syrie?
    L’autre raison est l’étendue des concentrations de troupes de la Syrie, de la Russie et même de la Chine. (9) Les Russes et les Chinois n’ont pas seulement bloqué les Etats-Unis au Conseil de sécurité. Ils ont « voté » avec leur matériel militaire. Ils ne sont pas satisfaits de ce que les Etats-Unis avaient projeté pour la Syrie et ont fait clairement savoir qu’ils recourraient à la force pour les arrêter. Quand les Chinois ont-ils envoyé pour la dernière fois des navires de guerre en Méditerranée? La Russie et la Chine n’approuvent clairement pas la manière dont les Etats-Unis décident d’envahir un pays après l’autre.
    Qu’est-ce que ça veut dire ?
    Pour des raisons qui ne sont pas difficiles à imaginer, il y a eu peu de discussions sur la signification plus large de ces événements dans les médias occidentaux. Cependant, des commentateurs comme Israel Shamir et Pepe Escobar croient que ces événements signalent un changement important dans l’équilibre des pouvoirs dans le monde.

    Ce qui suit est tiré d’une présentation par Israel Shamir au Rhodes Forum le 5 octobre 2013:
    « Tout d’abord, la bonne nouvelle. L’hégémonie américaine, c’est du passé. La brute a été maîtrisée.»
    Nous avons franchi le cap de Bonne-Espérance, symboliquement parlant, en septembre 2013. Avec la crise syrienne, le monde a opéré un virage essentiel de l’Histoire moderne. C’était un quitte ou double presque aussi risqué que la crise des missiles cubains de 1962.

    “Les risques d’une guerre totale étaient élevés, car les volontés de fer de l’Amérique et de l’Eurasie s’étaient croisées en Méditerranée orientale. Il faudra un certain temps pour que ce que nous avons vécu fasse son chemin dans les consciences: c’est normal pour des événements d’une telle ampleur. “ (10)

    Par « Eurasie », il faut entendre la Russie et la Chine. En termes crus, ces deux pays ont simplement contraint les Etats-Unis à reculer et à annuler leurs plans de guerre. Généralement, les gens ordinaires aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans beaucoup d’autres pays étaient tout aussi opposés à l’attaque que le peuple syrien lui-même.

    Pepe Escobar est encore plus dramatique. Dans un article du 17 octobre, après le recul du gouvernement de Washington sur la Syrie, il explique qu’il y a eu un changement de politique à Pékin. Maintenant, pour la Chine, fini de mettre des gants diplomatiques. Il est temps de construire un monde « désaméricanisé ». Le temps est venu d’une monnaie de réserve internationale qui remplace le dollar US. (11)

    Cette nouvelle approche est présentée dans un éditorial de Xinhua. (12) Cet épisode, qui s’est ajouté à la crise financière provoquée par les banques de Wall Street, a été pour la Chine la goutte qui a fait déborder le vase.

    Voici ce qui est peut-être le paragraphe le plus important de l’éditorial cité :
    « Au lieu de remplir ses obligations comme une puissance dirigeante responsable, un Washington égocentrique a abusé de son statut de superpuissance et a même introduit davantage de chaos dans le monde en transférant ses risques financiers à l’étranger, provoquant des tensions régionales dans des conflits territoriaux, et menant des guerres injustifiées couvertes par des mensonges. (13)

    Dans sa nouvelle stratégie, la Chine s’appuie sur au moins trois principes. Le premier est de stopper les aventures militaires des Etats-Unis. Toutes les nations doivent respecter le droit international et régler les conflits dans le cadre des Nations unies. Le deuxième est d’élargir l’adhésion à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international pour inclure des pays émergents et en développement. Le troisième est de travailler à une « nouvelle monnaie de réserve internationale qui doit être créée pour remplacer la domination du dollars US ». (14)

    Peut-être est-ce pour cette raison que les dirigeants à l’Occident ne célèbrent pas cette guerre qui n’a pas eu lieu. Les Russes et les Chinois ont forcé l’Occident à respecter le droit international et à éviter une guerre illégale. De plus, les Chinois voient cela comme le commencement d’une nouvelle ère dans la politique mondiale. Ils veulent « désaméricaniser » le monde.

    Cela signifie que les Etats-Unis et leur petit groupe d’amis en Europe de l’Ouest et au Japon devront reconnaître qu’ils ne peuvent pas prendre de leur propre chef toutes les décisions importantes dans le monde.

    Notes
    Source: Australianvoice; traduit par Arrêt sur Info

    1. Cité d’après un article de David Axe, « Les bombardiers français étaient chargés, les rebelles syriens étaient déployés – Tous attendaient le OK d’Obama pour attaquer »; https://medium.com/war-is-boring/69247c24253f (en anglais)

    2. http://israelmatzav.blogspot.com.au/2013/09/france-was-ready-to-strike-syria-obama.html

    3. http://beforeitsnews.com/middle-east/2013/09/two-missiles-launched-toward-syria-fall-into-the-sea-2454030.html

    4.http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/syria/10282788/Missiles-launched-in-Mediterranean-towards-Syrian-coast-claims-Russian-defence-ministry.html

    5. http://www.globalresearch.ca/the-war-on-syria-the-september-2013-military-stand-off-between-five-us-destroyers-and-the-russian-flotilla-in-the-eastern-mediterranean/5355644

    6. https://fbcdn-sphotos-b-a.akamaihd.net/hphotos-ak-ash3/1176205_566256046755921_1140583716_n.jpg

    7. http://www.globalresearch.ca/massive-naval-deployment-us-and-allied-warships-deployed-to-syrian-coastline-before-the-august-21-chemical-weapons-attack/5347766

    8. http://thesaker.is/submarines-in-the-desert-as-my-deepest-gratitude-to-you/

    9. http://www.redflagnews.com/headlines/alert-china-sends-warships-to-syria-joining-russian-warships-in-mediterranean-sea

    10. http://www.globalresearch.ca/the-war-on-syria-the-september-2013-military-stand-off-between-five-us-destroyers-and-the-russian-flotilla-in-the-eastern-mediterranean/5355644

    11. http://www.alternet.org/world/de-americanized-world-and-china

    12. http://news.xinhuanet.com/english/indepth/2013-10/13/c_132794246.htm. Cela semble être le même important éditorial analysé par Jeff J. Brown dans le post de Wikileaks « Baba Beijing’s Belly Laugh Felt Round the World »,http://www.wikileaksparty.org.au/baba-beijings-belly-laugh-felt-round-the-world-2/. La seule différence que je peux voir est que Jeff Brown se réfère à un auteur nommé Tang Danlu, tandis que le site web de Xinhua se réfère à Liu Chang comme l’auteur de l’article.

    13. http://news.xinhuanet.com/english/indepth/2013-10/13/c_132794246.htm

    14. http://www.alternet.org/world/de-americanized-world-and-china
    Source : 
    Al manar :: lien
  • Géopolitique du Léviathan

    Nur Meer und Erde haben hier Gewicht

     (Seules la mer et la terre pèsent ici)

     Goethe

    Plus que de la géopolitique, cet article relève de la thalassopolitique, néologisme créé par le professeur Julien Freund « pour remettre en cause certaines conceptions de la géopolitique, qui privilégient les phénomènes telluriques par rapport aux phénomènes maritimes ».

    « L’histoire mondiale est l’histoire de la lutte des puissances maritimes contre les puissances continentales et des puissances continentales contre les puissances maritimes » (1) a écrit Carl Schmitt dans Terre et Mer.

    Dès le Moyen-Age, les cabbalistes interprétaient l’histoire du monde comme un combat entre la puissante baleine, le Léviathan, et le non moins puissant Behemoth, animal terrien imaginé sous les traits d’un éléphant ou d’un taureau (2). Le Behemoth essaie de déchirer le Léviathan avec ses défenses, ses cornes ou ses dents, tandis que le Léviathan, de son côté, s’efforce de boucher avec ses nageoires la gueule et le nez du terrien pour l’affamer ou l’étouffer. Allégorie mythologique qui n’est pas sans rappeler le blocus d’une puissance terrestre par une puissance maritime.

    Le Sea Power de l’amiral Mahan

    A la charnière des XIXème et XXème siècles, l’Américain Alfred T. Mahan dans The Influence of Sea Power upon History (1890), l’Allemand Friedrich Ratzler dans Das Meer als quelle der Volkergrösse(1900) et le Britannique Halford John Mackinder dans Britain and the British Seas (1902), accordent une importance primordiale à la mer comme source de puissance des nations.

    Amiral, historien et professeur à l’US Naval Academy, Alfred T. Mahan (1840-1914) est le plus célèbre géopoliticien de la mer, son œuvre comportant vingt livres et 137 articles. Partant de l’étude de l’Histoire européenne aux XVIIème et XVIIIèmes siècles, il cherche à démontrer comment la puissance maritime (Sea Power) s’est révélée déterminante pour la croissance et la prospérité des nations. Pour lui, la mer peut agir contre la terre, alors que l’inverse n’est pas vrai et, à la longue, la mer finit toujours par l’emporter dans sa lutte contre la terre. Mahan est profondément persuadé que la maîtrise des mers assure la domination des terres, ce qu’il résume par la formule « l’Empire de la mer est sans nul doute l’Empire du monde » (3). En affirmant ainsi la supériorité intrinsèque des empires maritimes, il offre une justification théorique à l’impérialisme, ce grand mouvement expansionniste des années 1880-1914.

    Dans The problem of Asia, paru en 1900, Mahan applique à l’Asie son paradigme géopolitique, insistant sur la nécessité d’une coalition des puissances maritimes pour contenir la progression vers la haute mer de la grande puissance terrestre de l’époque, la Russie. En effet, il souligne que sa position centrale confère un grand avantage stratégique à l’Empire russe, car il peut s’étendre dans tous les sens et ses lignes intérieures ne peuvent être coupées. Par contre, et là réside sa principale faiblesse, ses accès à la mer sont limités, Mahan ne voyant que trois axes d’expansion possibles : en Europe, pour contourner le verrou des détroits turcs, en direction du Golfe persique et sur la Mer de Chine. C’est pourquoi l’amiral préconise un endiguement de la tellurocratie russe passant par la création d’un vaste front des puissances maritimes, des thalassocraties, qui engloberait les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Japon, les Américains s’imposant comme les chefs de file de cette nouvelle sainte Alliance.

    Halford John Mackinder

    S’inspirant de l’amiral Mahan, l’universitaire britannique Halford John Mackinder (1861-1947) estime, lui aussi, que la réalité géopolitique fondamentale est l’opposition entre puissances continentales et puissance maritimes. Une idée fondamentale traverse toute son œuvre : la confrontation permanente entre la Terre du Milieu ou Heartland, c’est-à-dire la steppe centre-asiatique, et l’Ile du Monde ou World Island, la masse continentale Asie-Afrique-Europe.

    En 1887, Mackinder prononce, devant le public de la Royal Geographical Society, une allocution qui marque son entrée tonitruante sur la scène géopolitique, déclarant notamment « il y a aujourd’hui deux types de conquérants : les loups de terre et les loups de mer ». Derrière cette phrase allégorique et quelque peu énigmatique se tient l’arrière-plan concret de la rivalité anglo-russe en Asie centrale. En fait, Mackinder est obsédé par le salut de l’Empire britannique face à la montée de l’Allemagne et la Russie. Dès 1902, dans Britain and the British seas, il constate le déclin de la Grande-Bretagne et en conclut que cette dernière doit « partager le fardeau » avec les Etats-Unis, qui prendront tôt ou tard sa relève.

    C’est dans sa célèbre communication de 1904, « The geographical pivot of history » (Le pivot géographique de l’histoire), qu’il formule sa théorie géopolitique. On peut la résumer en deux points principaux :

    1°) la Russie occupe la zone pivot inaccessible à la puissance maritime, à partir de laquelle elle peut entreprendre de conquérir et contrôler la masse continentale eurasienne,

    2°) en face, la puissance maritime, à partir de ses bastions (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Afrique du Sud, Australie et Japon) inaccessibles à la puissance terrestre, encercle cette dernière et lui interdit d’accéder librement à la haute mer.

    Etudiant l’époque « pré-colombienne », Mackinder oppose les Slaves, installés dans les forêts, aux peuples de cavaliers nomades présents sur les espaces non-boisés. Cette steppe asiatique, quasi déserte, est la Terre du Milieu (Heartland), entourée de deux croissants fortement peuplés : le croissant intérieur (inner crescent), regroupant l’Inde, la Chine, le Japon et l’Europe, qui jouxte territorialement la Terre du Milieu, et le croissant extérieur (outer crescent), constitué de diverses îles. Le croissant intérieur est soumis régulièrement à la poussée des nomades cavaliers venus des steppes de la Terre du Milieu.

    Tout change à l’ère « colombienne », qui voit l’affrontement de deux mobilités, celle de l’Angleterre qui amorce la conquête des mers, et celle de la Russie qui avance progressivement en Sibérie. Pour l’universitaire, cette double expansion européenne, maritime et continentale, trouve son explication dans l’opposition entre Rome et la Grèce. En effet, il affirme que le Germain a été civilisé et christianisé par le Romain, le Slave par le Grec, et qu’alors que le Romano-germain a conquis les océans, le Greco-Slave s’est emparé à cheval de la steppe. Mackinder fait de la séparation entre Empires d’Orient et d’Occident, en 395, aggravée lors du Grand Schisme entre Byzance et Rome, en 1054, le point nodal de cette opposition. Il souligne qu’après la prise de Constantinople par les Turcs, Moscou s’est proclamée nouveau centre de l’Orthodoxie (la troisième Rome). Au XXème siècle, cet antagonisme religieux débouchera, selon lui, sur un antagonisme idéologique, entre le communisme et le capitalisme : la Russie, héritière de la communauté villageoise paysanne slave, le Mir, optera pour le communisme, l’Occident, dont la pratique religieuse privilégie le salut individuel, pour le capitalisme…

    Cette opposition Terre/Mer risque de basculer en faveur de la terre et de la Russie. Mackinder remarque que si le Royaume-Uni a pu envoyer une armée de 500 000 hommes en Afrique-du-Sud lors de la guerre des Boers, performance saluée par tous les partisans de la puissance maritime, au même moment, la Russie avait, elle, réussi un exploit encore plus exceptionnel en entretenant un nombre équivalent de soldats en Extrême-Orient, à des milliers de kilomètres de Moscou, grâce au train transsibérien. Avec le chemin de fer, la puissance terrestre est désormais capable de déployer ses forces aussi vite que la puissance océanique. Obnubilé par cette révolution des transports terrestres, qui permettra à la Russie de développer un espace industrialisé autonome et fermé au commerce des thalassocraties, Mackinder prédit la fin de l’âge « colombien » et conclut à la supériorité de la puissance tellurique, résumant sa pensée dans un aphorisme saisissant : « Qui tient l’Europe continentale contrôle le Heartland. Qui tient le Heartland contrôle la World Island ». Effectivement, toute autonomisation économique de l’espace centre-asiatique conduit automatiquement à une réorganisation du flux des échanges, le croissant interne ayant alors intérêt à développer ses relations commerciales avec le centre, la Terre du Milieu, au détriment des thalassocraties anglo-saxonnes. Quelques années plus tard, en 1928, l’annonce par Staline de la mise en œuvre du 1er plan quinquennal confortera le penseur britannique, qui ne manquera pas de souligner que depuis la Révolution d’Octobre les soviétiques ont construit plus de 70.000 kms de voies ferrées.

    Au lendemain de la Première guerre mondiale, Mackinder publie Democratic Ideals and Reality, un ouvrage concis et dense dans lequel il rappelle l’importance de la masse continentale russe, que les thalassocraties ne peuvent ni contrôler depuis la mer ni envahir complètement. Concrètement, il faut selon lui impérativement séparer l’Allemagne de la Russie par un « cordon sanitaire », afin d’empêcher l’unité du continent eurasiatique. Politique prophylactique suivie par Lord Curzon, qui nomme l’universitaire Haut commissaire britannique en « Russie du Sud », où une mission militaire assiste les partisans blancs de Dénikine, et obtient que ces ceux-ci reconnaissent de facto la nouvelle république d’Ukraine… Pour rendre impossible l’unification de l’Eurasie, Mackinder n’aura de cesse de préconiser la balkanisation de l’Europe orientale, l’amputation de la Russie de son glacis baltique et ukrainien, le « containment » des forces russes en Asie afin qu’elles ne puissent menacer la Perse ou l’Inde.

    Le Kontinentalblock de Karl Haushofer

    C’est en Allemagne, et sous l’influence décisive de Karl Haushofer (1869-1946), que géopoliticiens, diplomates et théoriciens nationaux-révolutionnaires et nationaux-bolcheviques (les frères Jünger, Ernst Niekisch, Karl-Otto Paetel) s’opposeront avec le plus de force aux prétentions thalassocratiques.

    Officier d’artillerie bavarois et professeur à l’Académie de guerre, Karl Haushofer, envoyé au Japon en 1906 pour y réorganiser l’armée impériale, prend conscience lors de son voyage de retour vers l’Allemagne, effectué avec le Transsibérien, de l’immensité continentale de l’Eurasie russe. Après la Première Guerre Mondiale, il obtient un doctorat et devient professeur de géographie à Munich, où il se lie avec Rudolf Hess. Fondateur, en 1924, de la célèbre Zeitschrift für Geopolitik (Revue de Géopolitique), Haushofer est l’héritier direct des travaux de son compatriote Ratzel et du Suédois Kjeller. Ecartons d’abord la légende noire d’un Haushofer partisan acharné de l’hitlérisme et de sa géopolitique comme entreprise justificatrice des conquêtes territoriales du IIIème Reich, légende dont le professeur Jean Klein trouve la source dans les « efforts déployés par la propagande américaine » (4). Cette diabolisation n’étonnera que ceux qui méconnaissent l’orientation anti-thalassocratique de la géopolitique haushoférienne…

    Soucieux de dépasser les petits nationalismes, Haushofer prône dès 1931, dans Geopolitik der Pan-Ideen (Géopolitique des idées continentales), la constitution de vastes espaces continentaux, seuls capables de dépasser la faiblesse territoriale et économique des Etats classiques. Une première étape pourrait passer par les rassemblements sub-continentaux théorisés en 1912 par le géographe E. Banse, qui préconisait 12 grandes aires civilisationnelles : l’Europe, la Grande Sibérie (Russie incluse), l’Australie, l’Orient, l’Inde, l’Asie Orientale, la « Nigritie », la Mongolie (avec la Chine, l’Indochine et l’Indonésie), la Grande Californie, les Terres Andines, l’Amérique (Amérique du Nord atlantique) et l’Amazonie.

    Sa pensée, radicalement continentaliste et hostile aux thalassocraties, se précise lorsqu’il publie, en 1941, Der Kontinentalblock-Mitteleuropa-Eurasien-Japan (Le bloc continental-Europe-Europe centrale-Eurasie-Japon). Rédigé après le pacte-germano soviétique, cet ouvrage se prononce pour une alliance germano-italo-soviéto-nippone qui réorganiserait radicalement la masse continentale eurasienne. Il souligne que la crainte permanente des Anglo-saxons est de voir se constituer un axe Berlin-Moscou-Tokyo, qui échapperait totalement à l’emprise des thalassocraties marchandes. Celles-ci, écrit-il, pratiquent la politique de l’Anaconda, qui consiste à enserrer progressivement leurs proies et à les étouffer lentement. Or l’Eurasie, si elle parvient à s’unir, s’avèrera une proie trop grosse pour l’anaconda anglo-américain, échappant ainsi, grâce à sa masse gigantesque, à tout blocus.

    Cette idée d’alliance tripartite a d’abord germé dans des esprits japonais et russes. Lors de la guerre russo-japonaise de 1905, quand Britanniques et Nippons se coalisaient contre les Russes, une partie des dirigeants japonais, dont l’ambassadeur à Londres Hayashi, le comte Gato, le prince Ito et le premier ministre Katsura souhaitaient une entente germano-russo-japonaise contre la mainmise anglaise sur le trafic maritime mondial. Visionnaire, le comte Gato préconisait alors une troïka, où le cheval central, le plus fort, aurait été la Russie, flanquée de deux chevaux légers, plus nerveux, l’Allemagne et le Japon. En Russie, l’idée eurasienne, sera incarnée, quelques années plus tard, par le ministre Witte, génial créateur du Transsibérien et partisan dès 1915 d’une paix séparée avec le Kaiser.

    Inutile de préciser qu’Haushofer désapprouvera les guerres de conquête à l’Est entreprises par Hitler, qui allaient à l’encontre de son projet historique de constitution d’un bloc continental eurasiatique.

    La stratégie de l’anaconda, de Spykman à Brzezinski

    L’idée fondamentale, posée par Mahan et Mackinder, d’interdire à la Russie l’accès à la haute mer, sera reformulée par Nicholas John Spykman (1893-1943), qui insistera sur l’impérieuse nécessité de contrôler l’anneau maritime ou Rimland, cette zone littorale bordant la Terre du Milieu et qui court de la Norvège à la Corée : « Qui maîtrise l’anneau maritime tient l’Eurasie, qui tient l’Eurasie maîtrise la destinée du monde » (5).

    Interprétant cette maxime dès le déclenchement de la Guerre froide, les Etats-Unis tenteront alors, par une politique de « containment » de l’URSS, de contrôler le rimland au moyen d’un réseau de pactes régionaux : OTAN en Europe, Pacte de Bagdad puis Organisation du traité central du Moyen-Orient, OTASE et ANZUS en Extrême-Orient.

    Avec l’effondrement du bloc soviétique, l’on aurait pu s’attendre à un redéploiement stratégique des USA, et à une rupture avec la vulgate mackindérienne. Il n’en a rien été. A tel point qu’aujourd’hui encore, le conseiller (officieux) de politique étrangère le plus écouté du nouveau président américain Obama, se révèle être un disciple zélé de Mackinder. Il s’agit de Zbigniew Brzezinski, ami de David Rockefeller, avec qui il cofonda la Commission Trilatérale en 1973, et conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter de 1977 à 1980. Son œuvre théorique majeure, Le Grand Echiquier, parut en 1997, au moment des guerres de Yougoslavie entreprises en grande partie à son initiative, sous l’égide du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Madeleine Albright. L’analyse stratégique de Zbigniew Brzezinski reprend cyniquement la doxa géopolitique anglo-saxonne : l’Eurasie, qui regroupe la moitié de la population de la planète, constitue le centre spatial du pouvoir mondial. La clef pour contrôler l’Eurasie est l’Asie centrale. La clef pour contrôler l’Asie centrale est l’Ouzbékistan. Pour ce russophobe d’origine polonaise, l’objectif du Grand Jeu américain doit être de lutter contre l’alliance Chine-Russie. Considérant que la principale menace vient de la Russie, il préconise son encerclement (l’anaconda, toujours l’anaconda) par l’implantation de bases militaires, ou à défaut de régimes amis, dans les ex- républiques soviétiques (Ukraine incluse), insistant en particulier sur la nécessaire instrumentalisation des islamistes. Paradoxalement, c’est au nom de la lutte contre ces mêmes islamistes que les forces américaines se déploieront en Ouzbékistan après le 11 septembre 2001… Machiavel, pas mort !

    Edouard Rix, Terre & Peuple magazine, solstice d’hiver 2010, n° 46, pp. 39-41.

    Notes

    (1) C. Schmitt, Terre et Mer, Le Labyrinthe, Paris, 1985, p. 23.

    (2) Les noms de Léviathan et de Behemoth sont empruntés au Livre de Job (chap. 40 et 41).

    (3) A.T. Mahan, The problem of Asia an its effect upon international policies,, Sampson Low-Marston, London, 1900, p.63.

    (4) Jean Klein, Karl Haushofer, De la géopolitique, Fayard, Paris, 1986.

    (5) N. Spykman, The geography of the peace, Harcourt-Brace, New-York, 1944, p. 43.

    http://vouloir.hautetfort.com/archive/2015/01/30/geopolitique-du-leviathan-5521293.html

  • IRAK. Jusqu’à 10.000 femmes vendues par l’Etat islamique

    Un rapport d’un groupe de défenseurs des droits explique que le trafic de femmes a "explosé" ces dernières années. Leur destin ? Être violées, forcées à se prostituer ou tuées.
    Jusqu’à 10.000 femmes et filles en Irak ont été enlevées ou victimes de la traite pour l’esclavage sexuel, la prostitution ou la rançon, selon un rapport du Minority Rights Group International and the Ceasefire Centre for Civilian Rights rapporté par Reuters. 
    Quelque 14.000 femmes ont été tuées depuis l’invasion américaine de 2003, et beaucoup de femmes et filles ont été violées dans ce laps de temps. Les auteurs du rapport expliquent que le trafic en Irak a "explosé" ces dernières années et que l’État islamique est devenu un acteur majeur dans l’achat et la vente de filles. 
    Les déplacements massifs ont créé un environnement favorable pour les trafiquants. Les femmes déplacées, comme celles qui ont fui des violences domestiques ou des mariages forcés, sont particulièrement vulnérables. Certains trafiquants recherchent des fugueuses dans des lieux publics, comme le marché par exemple, selon le rapport. D’autres les trouvent en prison en établissant des cautions pour les femmes et en les forçant à rembourser leur dette en se prostituant. 
    Ces femmes sont envoyées à Bagdad ou dans les villes du nord de l’Irak ou en Syrie, en Jordanie ou aux Émirats arabes unis. Une fille yézidie a expliqué avoir été emmenée en Syrie avec 350 autres filles où elles ont été exposées et vendues dans la rue "comme des poulets sur un marché". 
    Une méthode commune consiste à nouer un mariage temporaire avec une victime, puis divorcer une fois arrivés à destination. Sur place, l'homme force sa compagne à se prostituer, avant de retourner en Irak pour répéter le processus. 
    De 200 à 500 dollars la nuit avec une vierge 
    En dehors de l’Irak, les femmes sont vendues jusqu’à 20.000 dollars. En Irak, une nuit avec une femme vierge coûte entre 200 et 500 dollars. Dans certains cas, les filles ont été forcées de subir une chirurgie de reconstruction de l’hymen afin d’être vendues une nouvelle fois comme vierges. 
    L’EI a capturé au moins 3.000 femmes et filles en Irak en 2014 seulement, dont la majorité vient de la minorité yézidie. 
    L'EI a introduit et légitimé la pratique de l’esclavage sexuel à une échelle sans précédent", écrivent les auteurs du rapport. 
    Les femmes capturées qui sont parvenues à parler aux défenseurs des droits disent que les combattants de l’EI violent leurs victimes quotidiennement. Toute fille qui essaye de se suicider ou de s’échapper est torturée avec des câbles électriques. Certaines en viennent à espérer que des frappes aériennes s’abattent sur leur emplacement pour mettre fin à leurs souffrances. 
    Le rapport met aussi en avant des cas terrifiants. Par exemple, un soldat a violé une enfant de 4 ans avant de la battre à mort avec une brique. Une fille de 5 ans a été violée en réunion avant d’être étranglée avec un lacet. 
    Le Minority Rights Group a demandé aux gouvernements irakiens et kurdes de redoubler leurs efforts pour obtenir la libération des femmes kidnappées, mais aussi de renforcer les lois contre les violences sexuelles et d'enquêter sur les crimes commis. 

  • Encore une brillante réussite américaine : la création et l’abandon du Kosovo

    Le texte qui suit est une traduction condensée d’une tribune de Thomas S. Harrington, professeur d’études ibériques au Trinity College de Hartford, Connecticut. Source originale : commondreams.org

    Le Kosovo s’effondre, et par milliers ses habitants cherchent désespérément et par tous les moyens à le quitter. Vous n’en avez pas entendu parler ? Peut-être tout simplement parce que les États-Unis sont quasiment les seuls responsables de la création d’un Kosovo indépendant et de la mise en place d’un pouvoir brutal et corrompu qui régit cruellement la vie de son peuple.

    Cette création d’un Kosovo indépendant au nom de la démocratie et de l’humanisme est d’ailleurs considérée par les Clinton et leur clan comme le dernier succès en politique extérieure américaine depuis la fin de la guerre froide.

    Sous l’impulsion de feu Richard Holbrooke (1), père spirituel – si l’on peut l’exprimer ainsi – de Susan Rice ou Samantha Powers, un nouveau protectorat américain a été créé au cœur des Balkans, une des régions historiquement les plus instables du monde occidental.

    Bien sûr, cette aventure n’avait à l’évidence aucun lien avec la démocratie ou l’humanisme, mais par contre, et comme pour toutes les grandes opérations déclenchées par les États-Unis dans le monde depuis 1989, un lien évident avec le besoin de donner aux USA la possibilité :
    - de pouvoir intervenir y compris par la force en n’importe quel point du globe ;
    - de déjouer les plans de n’importe quel pays ou groupe de pays en perturbant ses desseins économiques ou militaires.

     

    Plus concrètement, le plan américain visait à s’assurer un lien fort avec les pays récemment “libérés” de l’est et du sud-est de l’Europe, pour éloigner ces pays de leurs voisins européens.

    Cette dépendance une fois établie, comme ce fut le cas au Kosovo, en Bulgarie, en Pologne (pays qui n’eut pas besoin de beaucoup d’encouragements) et les républiques baltes, il devenait possible aux États-Unis et comme Rumsfeld, on s’en souvient, le laissa échapper en 2003, de jouer la nouvelle Europe contre l’ancienne, et de neutraliser ainsi toutes les opportunités qui auraient pu se présenter au vieux continent pour contrer les ambitions américaines.

    Ce plan a fonctionné comme un sortilège. Comment le savons-nous ? Observez juste comment les pays européens les plus importants comme l’Allemagne ou la France (les appeler “puissances” aujourd’hui mettrait à rude épreuve notre crédibilité) ont jusqu’à tout récemment adopté dans l’affaire ukrainienne une politique étrangère entièrement mise au point à Washington, mais nuisant gravement à leurs propres intérêts économiques et stratégiques.

    Mais les équipiers de ce jeu de stratégie à Washington, ces fils et filles de Brzezinski, Holbrooke et Albright, ont d’autres idées en tête. Et jusqu’à leur rencontre à Minsk avec Poutine, il semble bien que ni Merkel ni Hollande n’aient vraiment compris le rôle d’idiots utiles qu’ils jouaient dans cette partie américaine.

    Mais retournons au Kosovo. Après avoir imposé l’indépendance d’un état définitivement non viable pour obtenir ce qu’ils voulaient, c’est à dire la plus important base militaire américaine construite en dehors d’Amérique depuis la guerre du Vietnam (2), les États-Unis ont, avec leur style inimitable, égoïste, dur et insouciant, laissé le Kosovo et ses habitants macérer dans leur enfer.

    Après avoir suscité la pire sorte de nationalisme de pacotille pour réaliser leurs plans, les Américains les ont abandonnés à leur sort, dans une misère accablante, au milieu de mafias qui ont prospéré grâce aux liquidités générées par la construction de cette base, et à la caisse noire de la CIA. En prime, fleurissent aussi les “industries” de la prostitution et de la drogue qui prolifèrent toujours dans les sociétés pauvres bénéficiant tout à coup d’injections massives de capitaux étrangers et opaques.

    La situation est si dramatique que les gens fuient en masse, bravant les montagnes et la neige, pour tenter d’atteindre ce paradis démocratique notoire qu’est la Serbie.

    Et ce qui n’arrange rien, c’est que nous pourrions énumérer de part le monde nombre d’exemples identiques ou même pires, où un pareil scénario de création destructive s’est joué sous l’impulsion directe des États-Unis. C’est là que nous en sommes. C’est pour faire cela que nous empruntons des milliards aux Chinois. Quand, si cela arrive un jour, le peuple américains commencera-t-il à s’en rendre compte ?

    Thomas S. Harrington

    * 1) Décédé en 2010, assistant du secrétaire d’Etat des USA pour l’Europe et le Canada, Richard Holbrooke est présenté par Wikipédia comme le principal artisan de la paix en Bosnie (!) . Il est aussi l’un des principaux inspirateurs des accords de Dayton signés à Paris en décembre 1995, et qui consacrent la partition de la Bosnie-Herzégovine. Selon l’opinion de Holbrooke, Milošević serait le principal responsable de la destruction des Balkans.

    **2) Construit au sud est du pays mais au centre de la zone américaine en 1999 et sans consulter le gouvernement serbe, Camp Bondsteel, dit aussi « little Guantanamo », occupe 3,865 Km2. Il a servi de lieu de détention et de base pour des vols secrets de la CIA, mais aussi dans diverses opérations militaires, et abrité jusqu’à 7000 hommes de la KFOR. Censé remplacer une partie des bases US européennes en cours de démantèlement, tout particulièrement en Allemagne, il était pourtant également question de son abandon dès 2013.

    http://fr.novopress.info/183554/encore-brillante-reussite-americaine-creation-labandon-du-kosovo/

  • Qui est Moktar Belmoktar ?

    l’Algérien Moktar Belmoktar est le chef du groupe djihadiste Al-Mourabitoune. Ce terroriste a revendiqué l’attentat de Bamako dans un enregistrement audio diffusé par l’agence privée mauritanienne Al-Akhbar.

    Né en 1972 à Ghardaïa en Algérie, il se définit lui -même comme un jihadiste précoce et sa vie ne sera que combat pour l’islam. Il part se former et faire la guerre contre l’armée soviétique à l’âge de 19 ans au Pakistan où il perd un œil.

    le moudjahidine revient dans son pays en 1992 participer à la guerre civile au sein du Groupe islamiste armé (GIA), puis il est un des créateurs du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Cette organisation s’expatrie dans différents pays du Sahel en y attaquant les forces de sécurité. En 2007, le GSPC fait allégeance àAl-Qaida et devient le représentant de la nébuleuse islamiste en Afrique du Nord sous l’appellation d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
    Mokhtar Belmokhtar, l’homme aux multiples surnoms (le Borgne, Mister Marlboro, l’insaisissable) prend la tête d’un bataillon d’Aqmi composé d’une centaine de membres, dont le rayon d’action s’étend dans le sud désertique de l’Algérie, à la frontière avec le Mali et en Mauritanie.

    Dans ses nouvelles fonctions, il est suspecté d’implication dans l’enlèvement de 32 touristes européens en 2003. C’est lors de cette opération qu’il est surnommé «l’insaisissable» par les services de renseignements algériens.
    Il est également soupçonné d’avoir joué un rôle dans d’autres prises d’otages, notamment dans les négociations en 2008 pour la libération de deux Autrichiens et dans les négociations en 2009 pour la libération de deux Canadiens.
    Belmoktar est également à l’origine de l’enlèvement de deux Français au Niger en janvier 2011 ou encore de l’attentat contre l’ambassade de France en Mauritanie en août 2009.

    L’un des seigneurs de guerre les plus réputés

    Au-delà de son implication dans des enlèvements, il est l’un des plus importants «gangsters djihadistes» du Sahara. Mokhtar Belmokhtar, «l’un des seigneurs de guerre les plus réputés» de la région pour Stephen Ellis, professeur au Centre d’études africaines de Leyde (Pays-Bas). Il s’est en effet imposé dans la fourniture d’armes aux groupes islamistes de la région et dans le trafic de cigarettes, ce qui lui vaut localement le surnom de «Mister Marlboro».
    Comme la plupart des groupes de combat algériens, il mélange criminalité et idéologie. Il est cependant réputé moins religieux que son concurrent à la tête d’une autre katiba d’Aqmi, Abou Zeid.

    Les diverses activités de Mokhtar Belmokhtar lui ont permis de nouer des liens étroits avec les communautés touareg. Surtout avec les combattants qui ont participé au printemps 2012 à l’offensive ayant abouti à la prise du nord du Mali. Pour asseoir sa mainmise dans la région, il aurait notamment pris des Touareg pour épouses. En juin 2012, une chaîne de télévision algérienne a rapporté qu’il avait été tué dans des combats entre islamistes et séparatistes touaregs à Gao dans le nord du Mali. L’un de ses collaborateurs a par la suite démenti sa mort.

    Mokhtar Belmoktar avait annoncé dans une vidéo sa rupture avec Aqmi pour créer son propre groupe armé -la katiba des Moulathamine-«Ceux qui signent de leur sang»- tout en maintenant son allégeance à Al-Qaida. C’était avant la prise d’otages en Algérie, l’attaque contre Areva en 2013 et ce nouvel attentat sanglant perpétré à Bamako.

    http://fr.novopress.info/