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géopolitique - Page 732

  • La Libye aussi a son après-Sarközy

    Un lecteur nous transmet la dernière analyse publiée par Bernard Lugan sur son site l'Afrique réelle.

    Elle se termine par les constats et interrogations suivants.

    "Quand cela sera fait, il sera alors possible de tirer au clair les curieuses relations que la France de Nicolas Sarkozy entretenait avec les miliciens de cette ville (Misrata, NDPC), eux qui, le 20 octobre 2011, lynchèrent le colonel Kadhafi après l’avoir sodomisé avec une baïonnette, eux qui coupèrent les mains de son fils Mouatassim après l’avoir émasculé et après lui avoir crevé les yeux. Eux qui, auparavant, et alors que Misrata allait tomber aux mains des partisans du colonel Kadhafi, furent sauvés par la seule véritable intervention terrestre directe de l’armée française. L’insolite sollicitude de la France se poursuivit étrangement après la guerre. C’est ainsi qu’Omran Ben Chaaban Osman, un des assassins du colonel Kadhafi, célèbre pour avoir paradé sur le net, le révolver du colonel  à la main, est mort dans un hôpital militaire parisien. Blessé et enlevé par des fidèles du colonel Kadhafi, il fut torturé avant d’être libéré aux termes de ténébreuses tractations. Or, ce fut aux frais du contribuablefrançais que cet assassin fut transporté à Paris par avion sanitaire pour y être soigné. Pourquoi ?

    Avec les actions entreprises par le général Hafyar et par le colonel Fernana, une alternative politique nouvelle peut-être plus solide que celle née du « cirque » électoral de l’année 2012 est-elle en train de naître ? Il est naturellement trop tôt pour le dire, mais elle peut constituer un espoir dans un pays dévasté par l’inexplicable guerre que Nicolas Sarkozy et BHL firent au colonel Kadhafi."

    Malgré ce genre de méfaits, entre bien d'autres turpitudes, d'aucuns en appelleraient au retour de "Nicolas" en 2017. Cherchez l'erreur.

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    Paula Corbulon

  • Créer avec la Grande Russie une zone monétaire commune

    Mgr le comte de Paris, duc de France, livre à l'Action française 2000 sa vision et son analyse à propos de l'avenir de l'Europe et de la France :

    "L'Europe dont nous avons hérité à ce jour est fondée sur un déni de démocratie, puisque le "non" de 2005, résultat d'un référendum, a été considéré comme nul et non avenu par un tour de passepasse, en faisant voter l'Assemblée nationale et le Sénat pour revenir sur la volonté du peuple. En fait, le politiquement correct devient souverain, châtiant implacablement ceux qui n'acceptent pas le fait des eurocrates... L'Europe peut et doit être reconstruite. Il ne s'agit pas de faire table rase pour bâtir autre chose, mais de modifier les aspects les plus néfastes de ce "Lego" qui ruine l'économie de plusieurs pays. Certains étudient déjà les étapes afin de détricoter la monnaie unique et, chez nous, des économistes envisagent la sortie possible de l'euro.Personnellement, je pense que chaque État européen doit pouvoir recouvrer sa souveraineté monétaire, remettre en place sa propre banque centrale, se libérer du mark, tout en conservant l'euro comme monnaie d'échange commerciale au niveau international. Ensuite, au cas par cas, il conviendra de signer des accords, limités dans le temps et renouvelables, sur des sujets communs. Il faut avoir le courage d'établir une zone monétaire libérée du dollar, car le déficit vertigineux des États-Unis d'Amérique pompe toutes nos énergies. Ainsi donc, il faut poursuivre ce raisonnement jusqu'au bout et créer avec la Grande Russie cette zone monétaire commune."

    Michel Janva

  • Le traité transatlantique TAFTA, un piège mortel pour l’Europe

    Après un étrange et durable mutisme, la grande presse commence enfin à s'intéresser à l'accord en gestation pour un Grand Marché Transatlantique (GMT). Difficile d'ailleurs de continuer à se taire à quelques mois de la date théorique de conclusion d'un accord dramatiquement historique pour l'Europe puisque ce traité, quel que soit le nom dont on l'affuble, Trans-Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA) ou Transatlantic Trade and Investment Partnership (l'HP), est un Accord de Partenariat Transatlantique (APT) dont l'entrée en vigueur est prévue pour 2015, étape supplémentaire et décisive dans la marche forcée au Nouvel Ordre Mondial dans laquelle nous voici entrainés bien malgré nous.

    Il ne s'agit, ni plus ni moins que de soumettre les nations composant l'Union européenne et les États-Unis à une standardisation des normes et législations de nature à faciliter un libre-échangisme absolu sous peine de lourdes sanction financières pour les États contrevenants.

    Normes tarifaires, sociales, sanitaires, environnementales, agricoles, liées à la sécurité alimentaire, aux médicaments, rien n'échappera au grand nivellement aligné sur le mieux-disant ultra-libéral et dans le strict intérêt financier des entreprises multinationales. L'hyper-classe joue gros puisque l'enjeu n'est rien moins que la formation d'un bloc euro-atlantique de 800 millions de consommateurs - parmi les plus riches de la planète - et, à terme, l'imposition des normes américaines à l'ensemble du monde.

    D'ailleurs, l'opacité des négociations témoigne à elle seule du mauvais coup en préparation car, comme à chaque trahison des intérêts des peuples européens, la plus grande discrétion a prévalu jusqu'à ces dernières semaines. Un petit groupe de hauts fonctionnaires européens jamais élus par quiconque, sous la férule de Karel De Gucht, commissaire européen au commerce (accusé de fraude fiscale pour une opération financière menée avec son épouse et leur ayant rapporté 1,2 million d'euros), négocient en direct avec les représentants des plus grandes entreprises transnationales américaines et un certain nombre d'organisations au nombre desquelles le Dialogue économique transatlantique (Trans-Atlantic Business Dialogue, TABC), le Transatlantic Policy Network (TPN), le Transatlantic Business Concil (TBC) et l'Association européenne des patrons Business Europe à laquelle appartient le MEDEF. Ces négociations devraient durer jusqu'à fin 2014 et sans doute jouer les prolongations à mesure des divergences et aménagements du traité.

    Cet accord lourd de menaces pour notre économie et nos emplois ne représente cependant rien de bien nouveau sous le soleil puisqu'un projet d'accord multilatéral sur l'investissement (AMI) avait été négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les vingt-neuf membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le tumulte causé par la révélation du projet fit reculer ses instigateurs mais la résurgence du projet prouve bien que ses promoteurs ne désarmèrent jamais et poursuivent inlassablement la même finalité et les mêmes lubies depuis une vingtaine d'années. Le projet d'accord de partenariat transatlantique (APT) négocié en catimini depuis juillet 2013 par les États-Unis et l'Union européenne, n'a donc rien d'une nouveauté et se contente, ni plus ni moins, de reprendre l'essentiel de l'accord mort-né. Il envisage la soumission des législations, normes et politiques nationales aux seules règles du libre-échange, sans frein d'aucune sorte. Un demi-siècle après le « jouissons sans entrave » des soixante-huitards, voici donc le « commerçons sans entraves » de ses héritiers. Il s'agit en effet, pour faire simple, de l'ultime étape du libéralisme économique absolu entre deux blocs liés par un traité bilatéral qui, s'il venait à être entériné, sonnerait le glas du multilatéralisme auquel la France a toujours été attachée. Un accord dont le contenu reprend des règles fixées par les grands décideurs des entreprises multinationales au seul bénéfice desdites multinationales. C'est l'éviction formalisée du politique au profit des marchands.

    Peu importe pour ses concepteurs la couleur politique des gouvernements élus ici ou là à la tête des nations européennes puisque, comme nous allons le voir leur pouvoir résiduel ne pourrait en aucun cas s'opposer aux mesures de libéralisation intégrale des échanges entre elles et les États-Unis. Qu'ils soient qualifiés de droite ou dits de gauche, du centre ou d'ailleurs et quel que soit le jeu des alternances de façade, aucun d'entre eux ne pourrait s'opposer à la loi économique des groupes industriels et bancaires multinationaux, ni légiférer la moindre mesure défavorable à leur business sans subir de lourdes pénalités financières.

    Nos éminences verbeuses en seraient alors réduites, plus encore qu'aujourd'hui, ce qui n'est pas peu dire, à un pauvre jeu de rôle destiné à duper les derniers naïfs, espèce en voie (trop) progressive de disparition si l'on en juge à l'augmentation continue de l'abstentionnisme.

    Des arguments fallacieux au service d’une manipulation de grande ampleur

    Selon ses concepteurs, le traité transatlantique est supposé induire une harmonisation des normes en vigueur, supprimant ainsi les discordes commerciales et les diverses contraintes de type juridique, normatif ou politique et avancer tout au contraire vers une convergence des normes dont l'essentiel nous serait imposé par le moins disant, c'est-à-dire les États-Unis. Il s'agirait, selon eux, d'unir l'hémisphère occidental dans un cadre politique commun et d'aboutir ainsi à la formation d'un bloc euro-atlantique.

    Comme chaque fois qu'il s'agit de dépouiller un peu plus les nations européennes de leur souveraineté et de les assujettir à des pactes et traités décidés sans elles, les technocrates à leur origine usent et abusent d'arguments fallacieux destinés à endormir nos concitoyens. Il s'agit toujours bien entendu de les frapper à leur point le plus sensible : le porte-monnaie.

    Ainsi, sans apporter le moindre début de démonstration, les promoteurs de l'accord nous affirment qu'il rapporterait entre 86 et 119 milliards d'euros par an à l'économie européenne et de 65 à 90 milliards au États-Unis. Comment ? Par quels moyens ? Selon quels mécanismes ? Nous n'en saurons rien.

    Plus étonnant encore, dans la série « demain on rase gratis », les revenus des ménages européens    augmenteraient de 545 euros par an d'ici 15 ans (2027). On s'inclinera ici devant la précision horlogère, à l'euro près, d'éminents spécialistes n'ayant jamais anticipé la moindre crise économique et incapable de prévoir la conjoncture à un ou deux ans. Rien de neuf puisque déjà en 1988, l'OCDE promettait cinq millions d'emplois grâce à la mise en place du grand marché européen prévu pour 1992. On sait ce qu'il en est advenu et d'ailleurs aucun traité européen ou autre n'a jamais soutenu la croissance, ni maintenu l'emploi, bien au contraire...

    De fins analystes évoquent également quelques dixièmes de point de PIB supplémentaires, à terme entre 0,27 et 0,48 % et même de 0,01 à 0,05 point par an dès les premières décennies. Et, comble du comble, les même bonimenteurs et là cela devient franchement hilarant, promettent un surcroît de richesse de trois centimes par jour et par habitant en 2029. Voir ces analystes, incapables de prédire l'inflation de l'année prochaine, ni la moindre déflation économique des trois années à venir, nous assurer avec autorité un enrichissement de nos concitoyens de trois centimes par jour dans quinze ans ne manque vraiment pas de sel.

    Le règne de big brother

    L’affaire Snowden a révélé l'ampleur de l'espionnage pratiqué par l'agence nationale de sécurité américaine (National Security Agency, NSA) sur l'ensemble du monde. La classe politique avait alors feint une indignation, assez molle d'ailleurs et peu crédible, faisant mine de découvrir ce que nul n'ignorait dans les milieux du renseignement. Si leur indignation était sincère, ils s'arcbouteraient aujourd'hui avec la dernière énergie contre la prétention des géants américains d'Internet d'imposer dans l'accord transatlantique une libre captation au profit des États-Unis des données numériques personnelles de centaines de millions d'Européens. À l'aune de cette volonté d'éradiquer les derniers remparts de la protection des données privées, les révélations effarantes de Snowden et ce que prévoit l'accord en matière d'échanges de données privées feront bientôt passer « Le meilleur des mondes » pour une bien innocente fable. Big Data, instrument de Big Brother, au service de l'Empire, permet aujourd'hui, techniquement parlant, la traçabilité absolue de l'ensemble des données et échanges numériques dans le monde. Si TAFTA venait à être signé, que vaudraient alors les actions de la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) dont les pitoyables moulinets ne serviraient sans doute même plus à donner le change. Leurs anodines déclarations lors de la révélation du piratage mondial mené par la NSA n'ont certes pas de quoi rassurer. Se contentant d'évoquer une « exigence de transparence au niveau des États » et une charte mondiale informatique et libertés, la commission n'a visiblement pas les moyens d'intimider les négociateurs du traité transatlantique...

    Un recul sans précédent du système de protection sociale

    L'accord transatlantique entend statutairement abaisser le niveau des normes et règles constituant autant d'entraves à la liberté absolue du commerces. Constitutionnelles, légales, réglementaires, chaque texte protecteur représente un obstacle à la boulimie des grands groupes industriels et leur soif de profits. Le contrat à durée indéterminée, le Code du travail, le SMIC, l'interdiction du travail le dimanche et l'ensemble du système de protection sociale français représentent, à des niveaux divers, autant de handicaps que les ploutocrates rêvent d'abolir au plus vite. Il suffit d'entendre les discours de leurs affidés pour s'en convaincre. Les déclarations d'un Pascal Lamy, par exemple, ancien directeur de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) valent, à ce titre, beaucoup plus instructives que de longs discours.

    Selon le troublant José-Manuel Barroso, le controversé président de la Commission européenne, « 80 % des gains économiques attendus de l'accord viendraient de la réduction du fardeau réglementaire et de la bureaucratie ». Va pour la bureaucratie mais la remise en cause du « fardeau réglementaire » devrait inquiéter au plus haut point l'ensemble de nos concitoyens et tout particulièrement les acteurs du dialogue social. Il apparaît clairement que les négociations devraient aboutir à une harmonisation progressive des réglementations, des règles et des normes vers le moins-disant américain. Cette orientation régressive explique évidemment les récentes reculades du modèle social français. De l'Accord national interprofessionnel (ANI) à la remise en cause récurrente du salaire minimum (SMIC), le dénigrement permanent du droit du travail français, la remise en cause du repos le dimanche et tant d'autres reculs dans le domaine du dialogue social, de son financement et de ses prérogatives, l'ensemble des modifications dans ce domaine procèdent de la régression et de l'abaissement, conformément à des directives dont la classe politique se garde bien de révéler l'origine. La passivité inquiétante de nos contemporains connaitra-t-elle des limites avant le parachèvement du grand dépouillement ?

    Un abaissement généralisé des normes

    La négociation en secret d'un traité de libre-échange avec les États-Unis réduisant drastiquement le pouvoir des gouvernements européens au profit des multinationales aura pour conséquence immédiate l'abaissement des barrières non tarifaires (BNT) qu'il s'agisse des normes écologiques et sanitaires européennes en vigueur. Cette dérégulation engendrera immédiatement l'arrivée massive sur le marché européen des tous les pires produits à bas coût de l'agro-business américain. Ce sera l'invasion dans nos étals par le bœuf aux hormones, les carcasses de viande aspergées à l'acide lactique dont l'excès dans l'organisme provoque une altération métabolique irréversible du système nerveux central. Puis ce seront les volailles lavées à la chlorine (eau de Javel), méthode interdite en Europe depuis 1997 mais que tente de nous imposer Bruxelles pour complaire à ses interlocuteurs nord-américains. En France, le choix a toujours été fait d'assurer plutôt un contrôle strict tout au long de la chaîne d'élevage et de production plutôt que de pratiquer cette désinfection agressive et toxique mais moins coûteuse au stade final de la production. Le consommateur européen se verra aussi imposer, sous peine de sanctions financières, le porc à la ractopamine, substance interdite dans 160 pays dont la Chine, la Russie et l'ensemble des pays européens.

    En ce qui concerne les barrières tarifaires, les négociateurs du projet d'accord se gardent bien d'évoquer les conséquences de la suppression des droits de douane, notamment sur l'agriculture française. Si l'on tient compte d'un euro surévalué d'environ 15 % par rapport au dollar, il s'ensuivra, mécaniquement, une chute des exportations, un effondrement de la rémunération des agriculteurs et l'industrialisation accélérée de l'agriculture française et européenne. Sans parler de l'arrivée massive en Europe du soja et du blé américains. Pour le reste de l'activité, ce sont d'ailleurs la plupart des productions européennes qui, par instinct de survie, se verront contraintes à la délocalisation.

    Demain, si par malheur l'accord de partenariat transatlantique venait à être ratifié, ses clauses permettraient aux entreprises multinationales et même à n'importe quelle société privée de traîner devant un tribunal d'exception les États ou collectivités territoriales dont la législation évoluerait dans un sens jugé défavorable à leurs intérêts ou limitant leurs bénéfices. Comble de l'arbitraire, les différends seraient arbitrés de façon tout à fait discrétionnaire par des juges et experts choisis en dehors de toute juridiction publique nationale ou régionale. Les jugements rendus, condamnant les États contrevenants à des dizaines, voire des centaines de millions de dommages et intérêts, ne pourraient donner lieu à aucun appel. La haute finance débridée, libérée de toute contrainte, pourrait ainsi achever de mettre à genoux les nations pour le profit que quelques dizaines d'entreprises multinationales.

    Les collabos de tafta

    Un projet d'une telle ampleur bénéficie forcément de soutiens puissants, lovés au plus haut niveau du système politique, médiatique, économique et bancaire sans lequel il ne pourrait imposer son implacable dictature aux gouvernements et peuples européens. Ces soutiens bénéficient de réseaux et de zélés propagandistes dont les boniments se veulent rassurants. Ainsi, le quotidien La Tribune titrait le 28 avril 2014 « Le plus gros risque serait de ne pas conclure ». Que pouvait-on attendre d'autre de ce journal économique successivement passé des mains d'Alain Weill au groupe LVMH, champion mondial incontesté du produit de luxe ? La Tribune demeure la gazette préférée des thuriféraires du capitalisme le plus débridé et ne manque jamais une occasion de prêcher à temps et contretemps un ultra-libéralisme favorable aux grands intérêts. La même feuille récidivait le 21 mai dernier en titrant « Les Français approuvent le partenariat transatlantique... sur le principe », laissant ainsi entendre qu'il ne subsiste que quelques réserves de pure forme.

    Outre-Manche, le Premier ministre britannique David Cameron affirmait, sans d'ailleurs rien justifier, ni démontrer, que TAFTA permettrait de créer deux millions d'emplois aux États-Unis et dans l'Union européenne. Même si cela ne semble pas en rapport direct avec le sujet, il reste quand même permis de douter de la sagacité et de la clairvoyance du chef de gouvernement d'une nation dont la capitale est à ce point submergée qu'elle ne compte plus qu'environ 40 % de Britanniques de souche. Quel crédit peut-on accorder à des oracles de cet acabit ? Inutile de préciser, mais précisons-le quand même, qu'Angela Merkel, ultra-libérale et chantre de la régression sociale, applaudit des deux mains et s'avoue très favorable au traité. Quant à notre pauvre président, François Hollande, lui qui n'avait jamais pris la peine d'évoquer le sujet du traité en dépit de ses promesses pré-électorales de transparence, ni même de sourciller lors de la réintégration de la France dans l'Otan, il en appelle tout simplement à l'accélération du processus de validation du traité. Le 11 février 2014, surpassant ainsi les eurolâtres les plus béats et les mondialistes patentés, il déclarait, lors de sa visite à Washington que « Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu'il y aura une accumulation des peurs, des menaces, des crispations ».

    Après les révélations de Snowden sur le flocage mondial mené par la NSA, un président normal et surtout normalement courageux eut dû mettre immédiatement un terme à tout échange sur le sujet et claquer dignement la porte au nez des margoulins yankees.

    L’avant-dernière étape avant l’instauration du nouvel ordre mondial ? 

    Après la signature des différents traités transnationaux dont celui d'Europe-Canada, le traité transatlantique, s'il venait à être validé, entraînerait à terme l'unification législative, normative et commerciale de nations représentant 40 % du PIB mondial, ce qui constituerait une ligne de fracture divisant le monde en deux gigantesques blocs. L'addition du périmètre de l'accord transatlantique avec celui de l'accord trans-Pacifique représenterait alors 70 % du commerce mondial. À ce niveau de concentration, qui pourrait à moyen terme renâcler à l'annonce de l'adoption du dollar comme monnaie unique, éventuellement précédée d'une monnaie "transatlantique" provisoire ? Les États-Unis, surendettés au-delà du raisonnable et en perte de vitesse économique, en butte à, l'agressivité concurrentielle du bloc asiatique et notamment de la Chine, jouent le tout pour le tout dans cet accord transatlantique destiné à dépecer l'Europe pour, croient-ils, sauver ce qui peut l'être de leur suprématie. Le messianisme fou de certains gambade déjà dans l'après-TAFTA, lorsque s'imbriqueront entre eux les accords signé entre les USA et l'Amérique du Sud, l'accord avec le Canada, l'accord trans-Pacifique, celui de l'Union africaine et quelques autres. L'avènement de la gouvernance mondiale et le culte du Veau d'or ne seront alors plus bien éloignés et les peuples asservis n'auront plus alors qu'un seul maître, impitoyable et planétaire : l'argent.

    Arnaud RAFFARD de BRIENNE Rivarol du 30 mai 2014

  • C’est aussi notre crime !

    "jusqu’à 3000 morts on vous couvre" avait dit en avril le président Obama à son poulain Oleksandr Turtchinov arrivé au pouvoir en février, grâce à la force et la CIA. Mais voilà, lorsque, à la tête de sa meute de soudards du Maïdan, tel un chien de chasse partant récupérer le gibier tiré par son maître, le toutou Turtchinov est tombé sur l’os du Donbass...

    Car voilà 40 % des habitants de l’Ukraine sont russophones et n’ont pas voulu jouer le rôle du gibier offert sur un plateau aux ploutocrates de Bruxelles. Et lorsque les bandéristes (référence à Bandera, collaborateur nazi et référence politique du pouvoir), ede Kiev se sont en tête d’ostraciser stupidement ces populations en interdisant leur langue, leurs centres et médias culturels elles ont réagi immédiatement. Ce fut la Crimée d’abord, qui referma une courte parenthèse ukrainienne de 60 ans et retourna dans le giron de la mère patrie, puis les peuples du Donbass, la région économique la plus importante réclamaient simplement une fédéralisation politique garantissant leur identité...

    En réponse Tourtchinov leur a envoyé chars et avions de combat pour écraser leurs légitimes et naturelles prétentions dans le sang, les métamorphosant les calmes fédéralistes en séparatistes audacieux

    Voilà où nous en sommes après 1 mois d’opération punitive :

    - Des dizaines de civils tués sous les bombardements à Slaviansk, Kramatorsk, Donetsk et maintenant Lugansk depuis le 23 avril 
    - Des dizaines de civils piégés, massacrés puis brûlés à Odessa le 2 mai 
    - Des dizaines de civils mitraillés dans les villes du Donbass par des nervis et des soudards ouvertement néo-nazis (allez sur leur site si vous ne me croyez pas) 
    - Des enfants visés en priorité (avant hier à Slaviansk, ont été bombardés 1 orphelinat, 1 école et 1 jardin d’enfant)

    Ces crimes contre l’humanité et ces crimes de guerre ont pour objectif d’écraser un peuple, de s’emparer de son territoire pour y implanter les intérêts de l’UE et les bases militaires de l’OTAN. Ce n’est pas moi qui le dit ce sont les dirigeants occidentaux eux mêmes !

    Elle s’appelait Inna Koukouroudzka, née le 18 juillet 1966 mariée et mère de Marina et Irina. Le 2 juin 2014, à Lugansk l’Union Européenne a commandité son lâche assassinat

    La suite sur Tradition

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?C-est-aussi-notre-crime

  • Score de dictateur

    Bachard El Assad élu avec 88% des voix et 73% de participation est "une farce pour les pays occidentaux".

    Jacques Chirac élu en 2002 avec 82% des voix et 79% de participation était une victoire de la démocratie pour ces mêmes pays occidentaux.

    La farce, ça commence à combien ?

    Michel Janva

  • Magali Pernin : "Traité transatlantique, la menace"


    Colloque de la revue Éléments

    Samedi 26 avril — "Europe-marché ou Europe-puissance ?"

    Le rêve européen s'est transformé en cauchemar. L'Union européenne traverse une crise de légitimité sans précédent. Et le spectacle qu'elle offre n'a rien pour enthousiasmer. Le sentiment le plus répandu est que l'Europe se construit désormais contre les Européens. Un sondage Ipsos a révélé que 70 % des Français souhaitent « limiter les pouvoirs de l'Europe ». Comment en est-on arrivé là ?

    Invités du colloque
    • Eric Maulin, professeur à l'université de Strasbourg et vice-président du Forum Carolus,
    • Gérard Dussouy, professeur de géopolitique à l'université de Bordeaux,
    • Magali Pernin, spécialiste en droit public, animatrice du site contrelacour.fr,
    • Françoise Bonardel, philosophe, professeur à l'université de Paris Panthéon-Sorbonne,
    • Paul-Marie Coûteaux, essayiste,
    • Pierre Le Vigan, écrivain et journaliste d'Éléments,
    • Alain de Benoist, essayiste et directeur de Krisis et Nouvelle Ecole.

  • Un Empire sans stratégie militaire

    Le président Obama a précisé sa doctrine stratégique à West Point. Dans son discours, il a réaffirmé la toute-puissance militaire des États-Unis, alors que ceux-ci sont dépassés techniquement à la fois par la Russie et par la Chine. Incapable d’affronter Moscou, il a passé la perte de la Crimée sous silence et a préféré désigner le seul ennemi qui vaille : la tactique du terrorisme. Alors que des camps d’Al-Qaïda sont installés dans des pays sous occupation de l’Otan, voire membres de l’Otan, il a annoncé un vaste programme pour les combattre. Enfin, il a réitéré son soutien à « l’opposition syrienne » et promis qu’il ne manquerait pas de lui apporter de l’aide… lorsqu’il parviendra à obtenir l’aval du Congrès.

    Le président Obama a prononcé, le 28 mai, un important discours précisant sa doctrine stratégique à l’occasion de la remise des diplômes aux cadets de l’Académie militaire de West Point [1].

    Sans surprise, le président a rappelé avoir tenu sa promesse de rapatrier les troupes déployées en Afghanistan et en Irak et être parvenu à éliminer Oussama Ben Laden. Mais ce qu’il a présenté comme un bilan prétendument élogieux n’en est pas un : les GI’s sont revenus épuisés d’Afghanistan et ont fui l’Irak avant d’en être chassés par la résistance populaire. Le coût exorbitant de ces expéditions –plus de 1 000 milliards de dollars— à empêché le Pentagone d’entretenir son arsenal. Quant à la mort de Ben Laden, ce n’est qu’un conte pour enfants : Oussama Ben Laden n’avait rien à voir avec les attentats du 11-Septembre et il était mort de maladie et enterré en décembre 2001, ainsi que l’a attesté le MI6 britannique [2].

    On ne peut qu’être admiratif de la capacité états-unienne à poursuivre sa narration d’une réalité imaginaire, pourtant démentie par des preuves solides, et d’être toujours suivi par la presse atlantiste.

    Dans son discours, le président a décrit son pays comme « une nation indispensable », à la fois la plus puissante militairement et économiquement. Pourtant aucune de ces deux assertions n’est encore vraie. Le 14 mai, le général Martin Dempsey, président du Comité des chefs d’état-major, reconnaissait devant l’Atlantic Council que ses Forces armées seraient définitivement dépassées dans 10 ans si un énorme effort de mise à jour n’était opéré tout de suite [3] ; un effort improbable avec les restrictions budgétaires. Le Pentagone constate que le retard pris dans la recherche militaire est probablement irréversible. Les technologies militaires de pointe de la Russie et de la Chine sont aujourd’hui plus développées que celles des États-Unis. Il est trop tard pour remonter la pente. L’apparente supériorité de Washington ne tient que parce que ses troupes sont les seules déployées dans le monde entier. Elle n’existe donc que sur certains théâtres d’opération, mais ni contre la Russie, ni contre la Chine, qui gagneraient en cas de Guerre Mondiale. Quant à l’économie, la majorité des biens de consommation consommés aux USA est fabriquée en Chine.

    Sur cette base fantasmagorique, selon l’expression du Washington Post qui ne fait référence qu’à la relative faiblesse militaire des États-Unis [4], le président Obama a annoncé que son pays n’hésiterait pas à intervenir à l’étranger lorsque ses intérêts directs sont mis en cause, mais recourrait à des coalitions internationales pour traiter des problèmes plus lointains. Il a affirmé que, contrairement à la période de la Guerre froide, la Russie ne représentait plus un danger imminent, mais que le principal adversaire, c’est le terrorisme.

    Peu importe donc l’adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie. Washington ne combattra pas contre ce qu’il présente par ailleurs comme une « annexion » violant gravement le Droit international, n’hésitant pas à comparer le président Vladimir Poutine à Adolf Hitler.

    Surtout, à l’issue de 13 ans de « guerre contre le terrorisme », Washington prétend avoir éliminé les quelques fanatiques qui composaient la direction internationale d’Al-Qaïda, mais doit désormais affronter un problème plus grave : de très nombreux groupes affiliés à Al-Qaïda qui se sont formés presque partout dans le monde.

    Cette « guerre sans fin » a l’avantage de tout autoriser. Se présentant depuis 2001 en légitime défense, Washington s’autorise à violer la souveraineté des autres États pour y enlever ou y bombarder qui lui chante, quand cela lui chante. Pour poursuivre cette guerre, le président Obama a annoncé la création d’un « Fonds de partenariat contre le terrorisme », abondé à hauteur de 5 milliards de dollars. Il aura pour but de former les services de sécurité des États alliés. Qui peut croire en un tel programme ? Actuellement les terroristes sont formés dans plusieurs camps permanents d’Al-Qaïda, situés dans le désert libyen, pays occupé par l’Otan. Tandis que trois camps d’Al-Qaïda sont installés à Şanlıurfa, Osmaniye et Karaman, en Turquie, pays membre de l’Otan [5].

    Les Syriens se souviennent des aveux télévisés de cet émir du Front Al-Nosra (affilié à Al-Qaïda) qui transporta des missiles chimiques d’une base militaire turque jusqu’à la Ghouta de Damas. Selon cet homme, non seulement les armes lui furent fournies par une armée membre de l’Otan, mais l’ordre de s’en servir « sous faux drapeau » pour justifier un bombardement de la Syrie par les États-Unis provenait des États-Unis.

    13 ans après les événements du 11-Septembre 2001, qui peut encore croire qu’Al-Qaïda est l’ennemi principal de la « nation indispensable », alors même que Barack Obama décrivait les éléments affiliés à Al-Qaïda comme « moins capables » que leur maison-mère lors de son discours à l’Université nationale de Défense, le 28 mai 2013 ? [6]. Il déclarait alors que le danger était devenu relatif et que les États-Unis ne devaient plus en faire leur priorité.

    À propos de la Syrie, le président Obama poursuivit à West Point en déclarant que l’on doit « aider le peuple syrien à tenir tête à un dictateur qui bombarde et affame son peuple » (sic). C’est pourquoi Washington aidera « ceux qui se battent pour le droit de tous les Syriens d’être les artisans de leur avenir » (comprenez : pas les Syriens eux-mêmes qui votent pour élire leur président, mais uniquement ceux qui sont prêts à collaborer avec un gouvernement colonial composé par l’Otan).

    Au demeurant, pourquoi intervenir seul en Syrie ? Parce que « la guerre civile syrienne se propage au-delà des frontières du pays, la capacité des groupes extrémistes aguerris de nous prendre pour cible ne fera que s’accroître ». En d’autres termes, après avoir incendié la Syrie, les États-Unis pourraient être atteints par le feu qu’ils ont allumé.

    « Nous allons intensifier nos efforts pour soutenir les voisins de la Syrie —la Jordanie et le Liban, la Turquie et l’Irak— qui gèrent le problème des réfugiés. Je vais travailler avec le Congrès pour accroître le soutien aux éléments de l’opposition syrienne qui offrent la meilleure alternative aux terroristes et à un dictateur brutal. En outre, nous continuerons à collaborer avec nos amis et alliés en Europe et dans le monde arabe en vue d’une solution politique à cette crise et pour veiller à ce que ces pays, et pas seulement les États-Unis, assument une part équitable des mesures de soutien au peuple syrien », a-t-il poursuivi.

    En d’autres termes, la Maison-Blanche discute avec le Congrès de la manière de soutenir les ambitions personnelles des membres de la Coalition nationale. Selon la presse, Washington pourrait dispenser des formations militaires dans les États limitrophes et distribuer des armes plus performantes. Seulement voilà : 

    - Si Washington se met à former et armer des Collaborateurs syriens, il faudra bien admettre ne pas l’avoir fait à grande échelle auparavant et avoir eu principalement recours à des mercenaires étrangers dans le cadre d’Al-Qaïda. 

    - Si 250 000 mercenaires jihadistes ont été incapables de renverser l’État syrien au cours des trois dernières années, comment quelques milliers de Collaborateurs de la colonisation occidentale pourraient-ils y parvenir ? 

    - Pourquoi les États limitrophes, déjà engagés dans une guerre secrète, accepteraient-ils d’entrer dans une guerre ouverte contre la Syrie, avec les risques que cela implique pour eux ? 

    - Quelles armes plus sophistiquées pourraient être livrées à ces Collaborateurs du colonialisme qu’ils ne puissent pas utiliser un jour contre d’autres cibles, notamment la suprématie aérienne d’Israël ? 

    - Et —the last, but not the least— sachant que tout cela est discuté depuis trois ans, quelle nouveauté pousserait à croire que ces questions pourraient trouver une réponse aujourd’hui ?

    Le discours d’Obama est celui de l’impuissance : il se vante d’avoir retiré ses troupes d’Afghanistan et d’Irak et d’avoir assassiné un fantôme qui n’existait depuis une décennie que dans les cassettes d’Al-Jazeera. Il annonce qu’il va combattre le terrorisme que partout il protège. Il déclare qu’il va soutenir plus efficacement l’« opposition syrienne », mais se défausse immédiatement sur le Congrès —qui ne voulait pas le voir bombarder le pays durant la crise des armes chimiques—, certain que celui-ci se limitera au minimum.

    Les nouveaux diplômés de l’Académie militaire de West Point n’ont pas réservé de standing ovation au président Obama.

    Ce discours n’est qu’un verbiage de façade tentant de masquer un déclin irréversible. Il a stupéfait l’assistance qui a compris la fin de ses rêves de conquêtes. Contre toute attente, moins d’un quart des 1 064 nouveaux diplômés de l’Académie militaire de West Point a applaudi le président, tandis que la majorité restait de marbre. L’Empire se meurt lentement.

    notes

    [1] « Discours de Barack Obama à l’académie militaire de West Point », par Barack Obama, Réseau Voltaire, 28 mai 2014.

    [2] « Réflexions sur l’annonce officielle de la mort d’Oussama Ben Laden », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 mai 2011.

    [3] « Le Pentagone adopte la formule "2, 2, 2, 1" », par Alfredo Jalife-Rahme, Traduction Arnaud Bréart, La Jornada (México), Réseau Voltaire, 27 mai 2014.

    [4] “President Obama’s foreign policy is based on fantasy”, éditorial de la rédaction du Washington Post, 2 mars 2014.

    [5] “Israeli general says al Qaeda’s Syria fighters set up in Turkey”, par Dan Williams, Reuters, 29 janvier 2014. « Lettre ouverte aux Européens coincés derrière le rideau de fer israélo-US », par Hassan Hamadé, Réseau Voltaire, 21 mai 2014.

    [6] « Discours de Barack Obama à la National Defense University », par Barack Obama, Réseau Voltaire, 23 mai 2013.

    Thierry Meyssan

    http://www.voltairenet.org/article184041.html

  • Eric Maulin : "De l'occidentalisation du monde à la provincialisation de l'Europe"


    Colloque de la revue Éléments

    Samedi 26 avril — "Europe-marché ou Europe-puissance ?"

    Le rêve européen s'est transformé en cauchemar. L'Union européenne traverse une crise de légitimité sans précédent. Et le spectacle qu'elle offre n'a rien pour enthousiasmer. Le sentiment le plus répandu est que l'Europe se construit désormais contre les Européens. Un sondage Ipsos a révélé que 70 % des Français souhaitent « limiter les pouvoirs de l'Europe ». Comment en est-on arrivé là ?

    Invités du colloque
    • Eric Maulin, professeur à l'université de Strasbourg et vice-président du Forum Carolus,
    • Gérard Dussouy, professeur de géopolitique à l'université de Bordeaux,
    • Magali Pernin, spécialiste en droit public, animatrice du site contrelacour.fr,
    • Françoise Bonardel, philosophe, professeur à l'université de Paris Panthéon-Sorbonne,
    • Paul-Marie Coûteaux, essayiste,
    • Pierre Le Vigan, écrivain et journaliste d'Éléments,
    • Alain de Benoist, essayiste et directeur de Krisis et Nouvelle Ecole.

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    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Les réalités stratégiques du Traité Transatlantique/TAFTA par Christian Harbulot

     

    Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de Guerre Economique et auteur du récent livre « Sabordage – Comment la France détruit sa puissance » (164 p. Ed. Thermos, disponible ici) revient sur les enjeux du traité transatlantique, et sur la nécessité pour les pays européens de « couper le cordon » avec les Etats-Unis.

     

  • Contre-offensive russe sur le front oriental

    « L’art de la guerre » : « Le « East Stream » est désormais ouvert. »

    La tentative états-unienne d’isoler économiquement la Russie pour l’empêcher de secourir la population ukrainienne a eu l’effet contraire de celui escompté : elle pousse Moscou dans les bras de Pékin. De sorte, qu’à long terme, le bloc est européen-asiatique qui est en train de se consolider dépassera la puissance des occidentaux.

    Pendant que l’OTAN convoque demain à Bruxelles ses 28 ministres de la Défense pour potentialiser ses forces dans une fonction anti-russe, en intensifiant aussi l’entraînement de militaires et paramilitaires de Kiev (y compris les bandes armées qui ont tenté d’assassiner le secrétaire du Parti communiste ukrainien), et que l’Union européenne prend de nouvelles sanctions contre la Russie, la réponse vient non pas de Moscou, mais de la lointaine Pékin.

    Le président Poutine commence aujourd’hui sa visite officielle en Chine, durant laquelle sera signée une trentaine d’accords bilatéraux, dont le premier effet sera celui de rendre vain le plan de Washington visant à « isoler la Russie de Poutine en coupant ses liens économiques et politiques avec le monde extérieur ».

    La portée des accords est stratégique. Un contrat d’une valeur de 270 milliards de dollars entre la compagnie publique russe Rosneft et la China’s National Petroleum Company prévoit que la Russie fournira à la Chine dans les 25 prochaines années plus de 700 millions de tonnes de pétrole. Un autre contrat prévoit que la compagnie publique russe Gazprom fournira à la Chine, d’ici 2018, 38 milliards de m3 de gaz par an, c’est-à-dire environ un quart de celui qu’elle fournit aujourd’hui à l’Europe. Se servant aussi d’investissements chinois prévus pour 20 milliards de dollars, Moscou projette de potentialiser l’oléoduc entre la Sibérie orientale et le Pacifique, en le flanquant d’un gazoduc de 4.000 km pour approvisionner la Chine. Pékin est intéressé pour effectuer des investissements en Crimée aussi, en particulier pour la production et l’exportation de gaz naturel liquéfié, pour la modernisation de l’agriculture et la construction d’un terminal céréalier. En même temps Moscou et Pékin sont en train de penser à abandonner le dollar comme monnaie pour les échanges dans la région asiatique. Et la Russie est en train de projeter son propre système de paiements, sur le modèle du chinois Union Pay, dont les cartes de crédit peuvent être utilisées dans plus de 140 pays, se plaçant au second rang mondial après les Visa.

    La coopération russo-chinoise ne se limite pas au domaine économique. Les présidents Xi Jinping et Vladimir Poutine, d’après des sources diplomatiques, feront une « déclaration substantielle  » sur la situation internationale. La convergence d’intérêts stratégiques sera exemplifiée par la manœuvre conjointe que les marines des deux pays effectueront en mer de Chine méridionale, justement après que s’est déroulée aux Philippines une grosse manœuvre aéronavale étasunienne. Et un accord militaire est pratiquement conclu : dans le cadre de cet accord, Moscou fournira à Pékin des chasseurs multi-rôles Soukhoï Su-35, des sous-marins de classe Lada et les systèmes de défense missilistique les plus avancés, S-400.

    Pour souligner la convergence d’intérêts entre Moscou et Pékin, Poutine intervient à la Conférence sur les mesures d’interaction et de renforcement de la confiance en Asie (Cica) qui, présidée par Xi Jinping, se tient à Shanghai les 21 et 22 mai prochains, avec la participation notamment du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, du président afghan Hamid Karzai et de l’iranien Hassan Rouhani. Une claque aux États-Unis qui, après avoir dépensé dans les guerres en Irak et Afghanistan 6 000 milliards de dollars, voient maintenant la Chine de plus en plus présente économiquement dans ces pays. En Irak, elle achète environ la moitié du brut produit et effectue de gros investissements dans l’industrie pétrolifère ; en Afghanistan, elle investit surtout dans le secteur minier, après que des géologues du Pentagone ont découvert de riches gisements de lithium, cobalt, or et autres métaux. Et, ouvrant à l’Iran des débouchés à l’est, Russie et Chine rendent de fait vain l’embargo effectué par les USA et l’UE.

    Les choses ne vont pas mieux pour Washington sur le front occidental. La possibilité, exposée par l’administration Obama, de réduire de plus de 25 % en une décennie les fournitures de gaz russe à l’Europe pour les remplacer par du gaz naturel liquéfié fourni par les États-Unis, est en train de se révéler être du bluff. Ce que confirme le fait que, malgré les sanctions annoncées par Berlin, des sociétés allemandes continuent à investir dans l’industrie énergétique russe : la Rma Pipeline Equipment, productrice de valves d’oléoducs et gazoducs, est en train d’ouvrir son plus gros site dans la région de la Volga. Et Gazprom a déjà signé tous les contrats, dont un de 2 milliards d’euros avec la firme italienne Saipem (Eni), pour la réalisation du gazoduc South Stream qui, contournant l’Ukraine, apportera le gaz russe à travers la mer Noire jusqu’en Bulgarie et, de là, dans l’UE. Même si les États-Unis arrivaient à bloquer le South Stream, la Russie pourrait dérouter le gaz jusqu’à la Chine.

    Le « East Stream » est désormais ouvert.

    Manlio Dinucci, 20/05/2014

    Traduction : Marie-Ange Patrizio

    Source : Il Manifesto (Italie)

    http://www.polemia.com/contre-offensive-russe-sur-le-front-oriental/