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géopolitique - Page 756

  • Jacques Sapir : Urgence UKRAINE

    (1) Le mouvement de contestation du pouvoir du Président Ianoukovitch, mouvement dont la base était une révolte contre la corruption bien plus qu’une volonté d’adhésion à l’union Européenne, a été débordé par des éléments ultra-nationalistes, dont certains appartiennent à des groupuscules fascisants.

    Ces éléments ont délibérément cherché l’affrontement, en tirant sur les forces de sécurité, faisant prendre des risques inconsidérés aux autres manifestants qui étaient pris en otage. Ces militants portent une large part de responsabilité dans les morts de la place Maidan. Leur nombre oscille entre 10000 et 20000 ; ils étaient minoritaires dans le mouvement de protestation, mais ils sont devenus politiquement dominants au fur et à mesure que la situation se dégradait et que montait la violence des affrontements. Ce sont eux qui ont cherché à prendre d’assaut le Parlement, provoquant la réaction des forces de sécurité, et déclenchant la séquence des événements qui a conduit à la fuite de Ianoukovitch.

    (2) Il faut ici rappeler que le Président et le Parlement ont été régulièrement élus. Mais, ces élections (2010) avaient permis de mesurer combien la politique ukrainienne était marquée par une division entre des populations russes (et russophones) regroupées à l’est du pays et des population ukrainophonnes, dont une partie habite les régions qui, avant 1914, étaient soit dans l’empire Austro-Hongrois soit étaient en Pologne. L’Ukraine est un pays neuf, dont l’existence est fragilisée par ces divisions. Ces dernières ont été renforcées par les évolutions économiques de ces dix dernières années, qui ont vu les relations avec la Russie se développer rapidement. L’Ukraine de l’Est, russophone, vit mieux que l’Ukraine de l’Ouest. Pour cette dernière, l’Union européenne représente un pôle d’attraction important, même s’il est probablement imaginaire compte tenu de la situation économique actuelle de l’UE. [...]

    La suite sur RussEurope

  • Ukraine: mise au point de Sergeï Lavrov

    Déclaration du ministre russe des Affaires étrangères :

    "Je réitère que nous parlons ici de la protection de citoyens et de compatriotes, de la protection du plus fondamental des droits de l'homme - le droit de vivre, et rien de plus".

    "Ceux qui essaient d'interprêter la situation comme un acte d'agression, nous menacent de sanctions et de boycott, sont les mêmes partenaires qui ont constamment et vigoureusement encouragé les pouvoirs politiques qui leur sont proches, à lancer des ultimatums et à renoncer au dialogue, à ignorer les préoccupations du Sud et de l'Est de l'Ukraine, et en conséquence à polariser la société Ukrainienne."

    Lavrov a précisé que la Russie n'utiliserait pas ses forces militaires pour obtenir des gains géopolitiques sous prétexte de protéger les droits de l'homme. Toute allusion à certaines politiques, des champions auto proclamés de la démocratie universelle, et à un certain nombre de campagnes en conséquence (Bosnie, Kosovo, Irak, Libye, Syrie, au suivant, tiens justement, parlons de l'Ukraine, ...) serait  purement fortuite.

    "Les droits de l'homme sont trop importants pour en faire un outil de marchandage dans les affrontements géopolitiques, pour imposer sa propre volonté aux autres; encore moins pour instiller un changement de régime."

    "Une intervention en force sous le prétexte de protéger les civils entraine le contraire, multiplie les souffrances des citoyens pacifiques, et les prive du droit humain fondamental: le droit à la vie."

    D'autres éléments ici, en anglais.

    Par ailleurs, cet article peut aider à comprendre comment la Russie perçoit son environnement, et notamment ses "partenaires" occidentaux.

    Paula Corbulon

  • Ukraine : un scénario à la yougoslave?

    On surveillait les djihadistes caucasiens, or c’est par les bobos ukrainiens que le coup est venu. Occident-Russie: 1-1.
    L’écrivain serbo-croate Slobodan Despot relève de nombreuses similitudes entre la crise ukrainienne et le conflit qui a déchiré la Yougoslavie. Il dénonce le jeu trouble de l’Occident qui place ses pions à l’Est sans souci des réalités locales.
    Loin d’instaurer la trêve qui a motivé jadis leur création, les Jeux olympiques sont des périodes à haut risque pour Vladimir Poutine. Il dut abandonner dare-dare l’ouverture des JO de Pékin en août 2008 pour diriger personnellement la contre-offensive en Ossétie du Sud, attaquée subitement par la Géorgie avec le soutien de l’OTAN. A Sotchi, où il était l’hôte, il n’eut pas le loisir d’enfiler son treillis. Les Russes sont orgueilleux jusqu’à l’enflure de leur grandeur sportive, et donc vulnérables lorsqu’ils ont l’occasion de la manifester. Résultat: l’effondrement de leur misérable allié Ianoukovitch a éclipsé la magnifique cérémonie de clôture. On surveillait les djihadistes caucasiens, or c’est par les bobos ukrainiens que le coup est venu. Occident-Russie: 1-1.
    Seuls des journalistes-anesthésistes payés pour ne surtout pas réfléchir auront omis de relever ces drôleries du calendrier. Les mêmes continueront de prétendre sans ciller que le renversement de régime à Kiev ne fut rien d’autre qu’une révolte populaire spontanée que l’UE et les Etats-Unis auront suivie avec une légitime compassion, mais nullement suscitée et encore moins dirigée. Il s’agit là d’un axiome idéologique qu’aucun fait ne peut ébranler, pas même l’enregistrement des conversations entre l’ambassadeur américain en Ukraine et la secrétaire d’Etat adjointe Victoria Nuland – Madame « Fuck-the-EU! » –, d’où l’on peut conclure que nos libérateurs de 1945 considèrent l’ensemble du Vieux Continent comme un vulgaire échiquier dont ils manipulent à la fois les pions et les règles du jeu. Quel Etat européen, déjà, a rappelé ses diplomates suite à cette insulte ? Aucun ? C’est que la poltronnerie va de pair avec le déni de réalité et que les dirigeants européens eux-mêmes sont prêts à « baiser l’Europe » si leurs patrons américains leur suggèrent de le faire.
    Dans une autre vie, j’eusse pris cette comédie cum grano salis en observant le ratorium universel prophétisé par Alexandre Zinoviev, le premier à avoir compris que le totalitarisme n’était pas un accident de notre civilisation mais sa finalité. Mais dans la vie qui est présentement la mienne, j’ai vu la même comédie, la même bêtise, la même sentimentale partialité incendier le grand pays où je suis né, la Yougoslavie, et l’émietter en une poussière de baronnies ethno-ridicules rappelant l’Allemagne du temps des frères Grimm ou l’Italie du Décaméron.
    Le « fuck » de Mme Nuland, cela ne vous rappelle rien ? Moi si. Suite aux accords péniblement mis sur pied par les Européens et leur ambassadeur Cutilheiro à Lisbonne au printemps 1992 en vue d’une partition pacifique de la Bosnie, il aura suffi d’un coup de fil et d’une promesse gratuite de l’ambassadeur US à Belgrade à Alija Izetbegović, le président fondamentaliste de la partie musulmane, pour lui faire retirer sa signature encore humide et déclencher du même coup la guerre civile. « Fuck Europe, Alija! Nous, on te donne toute la Bosnie ». C’est revendiqué tel quel, ou presque, dans les Mémoires du susnommé, Warren Zimmermann. Des Mémoires qu’aucun journalo-moraliste européen n’a lus ni cités, bien entendu.
    La révolution « spontanée » de Maïdan ? Encadrée et formée par les spécialistes serbes d’Otpor, qui destituèrent élégamment (avec mon approbation naïve) le président Milošević en 2000 – celui-là même dont Jacques Chirac avait loué la responsabilité et l’esprit de coopération (gare au baiser de Judas !). Des spécialistes eux-mêmes formés par la National Endowment for Democracy et ses théoriciens anglo-saxons de la manipulation aux yeux desquels la révolution non-violente n’est qu’un des moyens – et des moins coûteux – de prise du pouvoir chez autrui. Autrui, c’est bien entendu tout régime moralement compromis sur la scène internationale qui hésitera du coup dans son recours à la force. Car on s’imagine bien ce qu’une démocratie occidentale sûre d’elle eût fait d’une révolte armée dans sa capitale ! Il n’est qu’à voir comment le régime de Paris a traité la Manif pour tous, non violente et bien plus massive que l’insurrection de Kiev où le néonazi s’illustra.
    Les yougo-analogies sont frappantes. Comme en Croatie, au Kosovo et en Bosnie, les héritiers des perdants des deux guerres mondiales sont en train de déboulonner les monuments dressés par les vainqueurs. La résistance au nazisme est déjà assimilée en Ukraine occidentale à l’impérialisme grand-russe. Il est bien évident que les zones russophones du sud-est ukrainien n’accepteront pas le nouveau pouvoir de Kiev. Ils vont donc rompre avec le nouveau pouvoir central comme le firent jadis les Serbes de Krajina rejetant la sécession croate appuyée par l’Allemagne. Avec la prévisible hypocrisie qui les caractérise, les atlantistes dénonceront comme illégale cette sécession, oubliant bien vite qu’eux les premiers ont bafoué le processus démocratique ukrainien et sanctionné le pouvoir de la rue. Comme lors de l’éclatement yougoslave en 1991. Comme lors du renversement de Milošević en 2000.
    Mais la « pédagogie de la mémoire », où la Russie soviétique excella un certain temps, est un art déjà ancien sous nos latitudes. Si les papes putschistes de Rome ont pu évincer de l’histoire ceux, légitimes, d’Avignon, Washington et Bruxelles n’auront aucune peine à convaincre leur opinion que le douteux pouvoir de Kiev est l’avant-poste de la démocratie aux portes des steppes eurasiennes. N’оnt-ils pas réussi à faire passer le général révisionniste croate Tudjman, dont les écrits eussent été interdits en France, pour un phare de civilisation face aux hordes serbes ? L’impudent BHL n’est-il pas allé à Sarajevo glorifier son ami Izetbegović, islamiste vénéré et auteur de la belliqueuse Déclaration islamique ?
    Et c’est ici que mon amusement face au « grand jeu » géopolitique dérobé par un voile humanitaire aux yeux des badauds cède la place à la mélancolie. Je songe aux déconvenues et à l’amertume qui attendent ces Ukrainiens qui dansent aujourd’hui aux portes de l’Europe comme les Belgradois de l’an 2000. La Serbie, depuis sa « révolution colorée », n’a pas vu ses conditions d’existence s’améliorer. En revanche, elle a vu défiler une invraisemblable galerie de potentats, chacun plus obséquieux envers l’Ouest que le précédent, chacun plus incompétent et chacun plus inepte. C’est que les Occidentaux ont pour système de soutenir et de porter aux nues à l’Est des gens qu’ils s’empresseraient de jeter en prison chez eux. Mais, comme Churchill le disait à MacLean lorsque celui-ci s’étonnait de l’abandon de la Yougoslavie aux communistes après la conférence de Téhéran: « Ni vous ni moi n’irons vivre là-bas. Alors ?»
    Slobodan Despot, Le Figaro, 25/02/2014
    Slobodan Despot est écrivain et éditeur. Son dernier roman, Le Miel a été publié chez Gallimard en janvier 2014.
    http://www.polemia.com/ukraine-un-scenario-a-la-yougoslave/

  • Vladimir Poutine parle de la France et des pays européens d'une manière inquiétante

  • Ukraine : mobilisation militaire décidée par Kiev

    La situation ne s'améliore pas.

    Pour la suivre, notamment : Russia Today, la BBC, La voix de la Russie. Et les commentaires de Philippe Grasset sur "dedefensa".

    Paula Corbulon

  • Ukraine: Moscou appelle à une solution politique

    La Russie appelle à faire rentrer la situation en Ukraine dans le cadre politique, pour permettre à ce pays de sortir de la crise, a déclaré dimanche le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies Vitali Tchourkine.

    Il faut faire rentrer cette situation (en Ukraine) dans la voie politique, dans le cadre constitutionnel, retourner à l'accord du 21 février et créer un gouvernement d'unité nationale. Il faut également arrêter d'essayer de recourir  au langage de la force avec les opposants politiques ou ethniques ", a déclaré le diplomate russe.

    Selon M.Tchourkine, il faut également "serrer la bride" aux radicaux  et conseiller à l'opposition politique  ukrainienne de prendre ses distances avec les radicaux.

    Des négociations sur le règlement du conflit en Ukraine se sont déroulées le 21 février à Kiev. Elles ont abouti à la conclusion d'un accord signé par le président Ianoukovitch et par les dirigeants de l'opposition. Ce document prévoit notamment une élection anticipée du chef de l'Etat, la formation d'un gouvernement d'unité nationale et une réforme constitutionnelle élargissant les pouvoirs du premier ministre au détriment de ceux du président. Or, au mépris des ententes intervenues et sans attendre que la loi modifiant la Constitution soit signée par Viktor Ianoukovitch, les députés ont voté un décret transférant les pouvoirs de chef de l'Etat au président de la Rada suprême, Alexandre Tourtchinov.

    http://fr.ria.ru/world/20140302/200621507.html

  • L'UE a joué au pyromane en Ukraine

    Aymeric Chauprade dénonce l'ingérence de l'UE en Ukraine :

    Le comportement irresponsable de l’union européenne qui n’a eu de cesse de jeter de l’huile sur le feu en Ukraine est en train de produire ses effets prévisibles. Le Front national avait mis en garde, dès le début de ces troubles, encouragés de l’extérieur, quant au risque d’envenimement de la situation ukrainienne.

    Kiev n’a plus de gouvernement légal mais agit sous la pression de milices radicales qui ont annulé la démocratie, balayé les droits linguistiques des russophones, limité les programmes de télévision d’opposition, arraché les églises orthodoxes ukrainiennes du patriarcat de Moscou et menacé d’annuler l’autonomie de la Crimée garantie par des traités.

    Il était logiquement prévisible que Moscou ne laisserait pas le nouveau pouvoir menacer les populations russophones de l’Est et de la Crimée. Vladimir Poutine pouvait-il rester sourd aux appels inquiets des foules massées à Kharkiv, Donetsk, Simferopol et Sébastopol? Pouvait-il prendre le risque d’une guerre civile généralisée en Ukraine qui aurait conduit à des massacres de grande ampleur?

    Les pyromanes de salon qui ont joué avec le feu en poussant une partie de l’Ukraine contre une autre, sans se préoccuper des conséquences humaines, pourront bien dénoncer l’arrivée des pompiers russes. Ils porteront cependant, devant l’Histoire, une responsabilité écrasante quant à l’affaiblissement général de la souveraineté étatique ukrainienne.

    Comme l’intervention armée française au Mali, l’intervention russe dans l’Est de l’Ukraine et en Crimée vise d’abord à désarmer une population qui était en train de s’armer dangereusement, à garantir les droits des russophones qui venaient d’être anéantis par Kiev, et, bien évidemment aussi, à l’instar de la France en Afrique subsaharienne, à garantir quelques intérêts stratégiques propres à toute zone d’influence historique. [...]"

    Michel Janva

  • Qui est derrière le coup d’État en Ukraine ?

    Nicolas Bourgoin est démographe, maître de conférences à l’Université de Franche-Comté, membre du Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie de l’Université de Franche-Comté (LASA-UFC). Il est l’auteur de trois ouvrages : La révolution sécuritaire aux Éditions Champ Social (2013), Le suicide en prison (Paris, L’Harmattan, 1994) et Les chiffres du crime. Statistiques criminelles et contrôle social (Paris, L’Harmattan, 2008)
    Les impérialistes occidentaux ne renoncent jamais. Après avoir tenté en vain de faire tomber le régime de Bachar al-Assad à grands renforts de campagnes médiatiques mensongères et de livraisons d’armes aux rebelles (1), ils ont réussi à écarter l’Iran de la conférence de Genève 2 destinée à trouver une issue politique à la guerre en Syrie (2). Au Venezuela, la tentative de coup d’État orchestrée par la CIA se poursuit dans un silence diplomatique assourdissant (3). Autre front : l’Ukraine, pivot géostratégique entre l’Ouest et l’Est, repassée depuis 3 ans dans le giron russe après la période calamiteuse de la gouvernance « orange ». La tactique est la même – aide financière à une opposition factice et diffusion massive de contrevérités médiatiques à propos de la répression menée par le pouvoir -, le but également : affaiblir la Russie en la privant de ses partenaires commerciaux et en l’isolant diplomatiquement. Révolution orange, le retour.
    Acte 1
    On se souvient sans doute de la « Révolution orange », largement médiatisée à l’Ouest. Viktor Ianoukovitch, le candidat proche de Vladimir Poutine, est élu président de l’Ukraine le 21 novembre 2004. Une série de manifestations suivent la proclamation des résultats. Organisées par le candidat malheureux, Viktor Iouchtchenko, financées par des milliardaires ukrainiens et des organisations américaines (4), soutenues par de nombreux pays occidentaux dont les Etats-Unis (elles ont été financées à hauteur de 65 millions de dollars par l’administration Bush), elles prennent rapidement de l’ampleur et forcent le gouvernement à organiser un nouveau scrutin un mois plus tard. Entaché de nombreuses fraudes, il verra la victoire de Viktor Iouchtchenko et ouvre une période marquée par un rapprochement avec le camps occidental et l’OTAN mais aussi par une gouvernance calamiteuse gangrenée par la corruption. Les multiples malversations du « clan orange » (délits financiers, détournements de fonds, évasion fiscale, favoritisme) conduiront notamment Ioulia Timochenko, l’ex-Première ministre ukrainienne, derrière les barreaux. Le président sortant ne recueillera que 5,45 % des voix lors du scrutin de 2010. Rideau sur le premier acte de la « Révolution orange ».
    Acte 2
    Des milliers d’opposants pro-européens manifestent violemment suite au refus du président ukrainien en novembre dernier de signer un accord d’intégration avec l’UE, décision motivée par la lourdeur des "réformes structurelles" exigées en contrepartie par les européens (privatisations massives, réduction drastique des dépenses de l’État et de l’emploi public, remise en cause de la protection sociale et du droit du travail) alors que le pays est économiquement affaibli, ainsi que par le souhait de donner la priorité aux relations économiques avec la Russie. Rappelons que c’est aussi sur la base de ce rapprochement avec la Russie que le président ukrainien a été élu. Loin d’être pacifiques, ces manifestations apparaissent comme des tentatives de déstabiliser le gouvernement, voire de le renverser (5), des snipers israéliens sont même présents (6). Elles sont soutenues par Ioulia Timochenko, égérie de la révolution orange, et par la quasi-totalité des classes politiques occidentales. Certains manifestants sont affiliés à l’organisation d’extrême-droite Svoboda, violemment anti-russe, dont la plupart des membres sont armés (7). Des saccages, de nombreuses déprédations sont commis dont la destruction d’une statue de Lénine (8 la déclaration à ce sujet du Parti Communiste d’Ukraine). Des catapultes géantes sont même montées pour l’occasion et utilisées contre les forces de l’ordre qui comptent déjà de nombreuses victimes dans leurs rangs (9). L’opposition, qui n’a pas la majorité au parlement, ne peut en effet compter que sur la « pression » de la rue, autrement dit la violence, pour faire plier le gouvernement et tenter remettre sur les rails l’accord avec l’UE, d’autant plus que les ukrainiens dans leur majorité ne soutiennent pas les pro-européens, comme le montre un récent sondage (10).
    Cette stratégie de la tension semble être jusqu’ici payante puisque Viktor Ianoukovitch s’est entretenu une nouvelle fois avec les chefs de file des opposants et a demandé que le Parlement se réunisse en urgence pour discuter de la démission du gouvernement réclamée par l’opposition, et tenter de mettre un terme à la crise politique… sans succès toutefois, l’opposition exigeant purement et simplement la démission du Président, pourtant légitimement élu. Après cet échec de l’ultimatum fixé au Président (11), les violences on repris de plus belle : nouvelles barricades, Ministère de l’Agriculture pris d’assaut par les manifestants en armes … (12). Ce 19 février, les forces de sécurité ukrainiennes ont repris une partie de la place de l’Indépendance à Kiev après une nuit d’affrontements avec les manifestants antigouvernementaux (13). Les États-Unis et l’Union Européenne, qui appuient les revendications de l’opposition, continuent de maintenir la pression et envisagent des sanctions contre Kiev en réponse à la répression des manifestations. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a brandi la menace de représailles contre les dirigeants ukrainiens, pourtant totalement légitimes. Le vice-président Joe Biden, pour sa part, a eu un entretien téléphonique avec le Président ukrainien et l’a averti que si les autorités ne calmaient pas la situation, cela aurait des "conséquences".
    Dans les coulisses
    Comme au temps de la Révolution orange, les media occidentaux présentent unanimement les manifestations anti-russes comme un mouvement spontané regroupant des « combattants de la liberté » épris d’Europe, en butte à un pouvoir autocratique (14). L’inénarrable Bernard-Henri Lévy, de tous les mauvais coups contre les pouvoirs hostiles à l’atlantisme, n’a évidemment pas fait défection en appelant même l’UE à suspendre sa participation aux jeux de Sotchi (15). En réalité, il s’agit d’une manipulation bien rodée et qui a déjà fait ses preuves lors de la Révolution orange dont la logistique avait été assurée par les organisations pro-occidentales Pora et Znayuliées au mouvement Otpor. Celui-ci avait déjà joué un rôle actif dans la chute de l’ex-président Slobodan Milosevic en juillet 2000, dans la « Révolution des roses » georgienne de décembre 2002 ainsi que dans les tentatives de putsch contre le président biélorusse en 2001 et 2004. Toutes ces organisations sont généreusement financées par des officines occidentales : le Konrad Adenauer Institute, proche de la CDU, l’Open Society Institute de Georges Soros, leNational Democratic Institute et la Freedom House, proches du gouvernement américain, entre autres.
    Les manifestants actuels semblent bénéficier à nouveau des mêmes largesses dans le financement de mouvements dont l’objectif est in fine de déstabiliser des pays souverains afin de les soumettre aux intérêts occidentaux (16). En réalité, cela fait déjà longtemps que les USA s’intéressent à l’Ukraine (17). La volonté des américains de renverser le gouvernement ukrainien, pourtant totalement légitime, répond à trois objectifs, de nature économique et géostratégique : renforcer l’OTAN par l’intégration d’un nouveau pays (le plus grand d’Europe), affaiblir la Russie en l’isolant diplomatiquement et s’approprier un marché jugé trop protectionniste en créant un « climat d’investissement favorable aux entreprises étrangères» – en clair : en privatisant ce qui ne l’est pas encore et en faisant prévaloir les intérêts des investisseurs étrangers sur ceux de la population nationale. Ils justifient les financements faramineux investis dans l’aide logistique aux groupes anti-russes ainsi que l’effort déployé par les media occidentaux pour tenter de faire passer pour une révolution populaire et pacifique ce qui n’est ni plus ni moins qu’un coup d’État.
    Nicolas Bourgoin http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFAFuEAEukeDOVQkGF.shtml
    Source : http://www.lesobservateurs.ch/2014/02/21/qui-derriere-le-coup-detat-en-ukraine/ : http://bourgoinblog.wordpress.com/2014/02/19/qui-est-derriere-le-coup-detat-en-ukraine/
    notes :
    (1) http://bourgoinblog.wordpress.com/2013/09/05/bruits-de-bottes-en-syrie-apres-lennemi-interieur-lennemi-exterieur-2/
    (2) http://www.rfi.fr/moyen-orient/20140120-conference-geneve-2-onu-retire-invitation-iran-opposition-syrienne-confirme-participation/
    (3) http://www.legrandsoir.info/venezuela-la-tentative-de-coup-d-etat-se-poursuit.html
    (4) http://www.russie.net/article1963.html
    (5) http://fr.starafrica.com/actualites/ukraine-le-premier-ministre-denonce-un-coup-detat.html
    (6) http://strategika51.wordpress.com/2014/02/20/kiev-des-snipers-israeliens-au-milieux-des-neonazis/
    (7) http://www.france24.com/fr/20131202-opposition-ukraine-kiev-violence-extreme-droite-ue/
    (8) http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-apres-la-demolition-de-la-statue-de-lenine-a-kiev-le-neo-fascisme-ne-passera-pas-pour-le-pc-121523378-comments.html
    (9) http://www.youtube.com/embed/mXcFhvEhQTc
    (10) http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/Les-ukrainiens-ne-soutiennent-pas-EuroMaidan-Sondage_a7298.html
    (11) http://www.dailymotion.com/video/x1a71w2_bfm-story-ukraine-les-manifestants-posent-un-ultimatum-au-president-viktor-ianoukovitch-23-01_news
    (12) https://twitter.com/LeNouvelObs/status/426504792597610497/photo/1/large?utm_source=fb&utm_medium=fb&utm_campaign=Henri_Pignatel&utm_content=426505647954624512
    (13) http://fr.news.yahoo.com/affrontements-meurtriers-à-kiev-ianoukovitch-menace-063341844.html
    (14) http://www.rtl.fr/blog/aphatie/manifestations-en-ukraine-une-lecon-d-amour-a-l-europe-7767571031
    (15) http://www.bernard-henri-levy.com/
    (16) http://french.ruvr.ru/2013_11_25/Ukraine-combien-coutent-les-actions-de-protestation-8223/
    (17) http://www.michelcollon.info/Les-enjeux-de-la-bataille-pour-l.html

  • Obama "très préoccupé" par les mouvements militaires russes en Ukraine

    L'Ukraine a dénoncé la violation de son espace aérien par la Russie. Quelque 2 000 soldats russes auraient été aérotransportés sur le sol ukrainien, selon un haut-responsable local.Nouvelle étape dans les tensions entre l'Ukraine et la Russie. "Nous assistons aujourd'hui à une invasion armée russe. (...) L'espace aérien [en Crimée] est fermé en raison du grand nombre d'atterrissages d'avions et d'hélicoptères russes", a déclaré le représentant du président ukrainien en Crimée, Serguiï Kounitsyne, à la chaîne de télévision ART, vendredi 28 février.

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