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géopolitique - Page 897

  • « Et si Assad était en fait en train de gagner en Syrie ? »

     

    Manifestation du parti syrien Baas en soutien au président Assad

    Un article du site Atlantico, qui change un peu de la langue de bois sur la situation syrienne :

    « Contrairement à ce que laisse penser une partie de la presse occidentale, le régime de Bachar Al Assad est loin d’être au bord du gouffre, tant sur le plan politique que militaire. Malgré de réelles difficultés, le pouvoir en place réussit peu à peu à se poser dans l’opinion comme le seul rempart crédible contre l’ingérence étrangère et l’instauration d’un état islamique. »
    suite ici

    http://www.contre-info.com/

  • Opération Serval : la France s’engage militairement au Mali [chronologie des événements]

    Opération Serval : la France s’engage militairement au Mali [chronologie des événements]

    10 janvier : Prise de Konna par les djihadistes. Bamako appelle la France à l’aide

    C’est à la demande du président malien par intérim, Dioncounda Traoré, que Paris a décidé d’engager une action militaire au Mali afin de repousser une offensive de groupes armés islamistes et de les empêcher de progresser vers le sud, en direction de la capitale malienne, Bamako. Le 20 décembre 2012, le Conseil de sécurité de l’ONU avait autorisé le déploiement, en appui de l’armée malienne, d’une force ouest-africaine de 3.000 hommes, mais la mise en place de ce dispositif devrait prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

    C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la prise de la ville de Konna (centre) par les djihadistes, le jeudi 10 janvier 2013, action qui pouvait être interprétée comme une démonstration de force dans le cadre de la négociation politique, mais également comme une volonté de progresser militairement vers le sud du pays, et donc vers la capitale, avant l’arrivée de la force africaine. La chute de Konna a également démontré la nécessité de reconstruire au plus vite une armée malienne dont la rapide déroute de ces derniers jours face aux djihadistes – les soldats maliens ont lutté quelques heures avant d’être complètement débordés –, n’a pas manqué d’inquiéter les observateurs. Les unités maliennes défaites à Konna étaient justement celles dont une mission européenne devait assurer la formation, raison pour laquelle des instructeurs européens avaient commencé à arriver au Mali. Mais dans l’urgence, il a fallu envisager un autre scénario, et privilégier l’intervention militaire directe.

    11 janvier : L’armée française intervient

    La France a donc répondu positivement à la demande d’aide malienne, et l’armée française est intervenue, dès le vendredi 11 janvier, en appui des forces gouvernementales de Bamako. Dans la nuit du 10 au 11 janvier, des éléments de la Brigade des Forces Spéciales Terre (BFST) étaient engagés dans la région de Mopti, plus précisément vers Sévaré (centre), localité qui possède un aéroport et où l’on notait également la présence de soldats sénégalais et nigérians. Dans la journée du 11 janvier, à 16h, ce sont les Gazelle (HOT et canons 20 mm) du 4e Régiment d’Hélicoptères des Forces Spéciales (4e RHFS) de Pau, qui entraient en action contre une colonne de djihadistes qui tentaient de progresser vers le sud. Quatre véhicules ennemis ont été détruits, provoquant le repli du reste de la colonne. On doit hélas déplorer une perte survenue au cours de cette opération : le lieutenant Damien Boiteux, mortellement blessé, alors qu’il était aux commandes d’un des hélicoptères. Les forces françaises continuent cependant à affluer au Mali. Les observateurs évoquaient notamment un sous-groupement de 200 militaires déployés au Tchad, dans le cadre du dispositif Epervier, et projetés à Bamako par avions C-130 Hercules et C-160 Transall. Il s’agit vraisemblablement de marsouins du 2e Régiment d’Infanterie de Marine (2e RIMa) de Fréjus (compagnie d’éclairage et d’investigation), et d’éléments du 1er Régiment Etranger de Reconnaissance (1er REC) d’Orange. Ces hommes ont tout récemment effectué une mission de reconnaissance dans le désert tchadien.

    12 janvier-13 janvier : Frappes françaises et contre-offensive

    Dans la nuit du 11 au 12 janvier, quatre Mirage 2000D appartenant au groupement air du dispositif Epervier (Tchad) et appuyés par deux avions-ravitailleurs KC-135, ont mené des frappes dans le secteur de Mopti. Quatre Rafale sont également intervenus dans le nord du Mali, au cœur des territoires djihadistes, et particulièrement dans le secteur de Gao où ils auraient anéanti des camps d’entraînement, des dépôts logistiques et des infrastructures servant de bases arrière pour les djihadistes, particulièrement pour ceux du groupe Mujao. Les principales bases djihadistes de la région de Gao auraient ainsi été mises hors d’usage et la presque totalité des djihadistes se seraient repliés. Les Rafale qui ont mené cette mission ont été déployés à N’Djamena (Tchad). Ils semblent avoir décollé, à l’origine, de la base aérienne 113 de Saint-Dizier et doivent probablement appartenir à l’Escadron de Chasse 1/7 Provence. D’autres cibles ont été frappées par l’aviation française à Léré (près de la Mauritanie), Douentza, Kidal, Aghabo (base importante du groupe djihadiste Ansar Dine).

    Dans la ville historique de Tombouctou, où les djihadistes ont commis nombre d’atrocités ces derniers mois, on faisait état d’un début de panique parmi les familles des islamistes partis au combat, beaucoup tentant de fuir dans le désert. Le même jour, une contre-offensive a été lancée avec succès pour reprendre Konna aux islamistes. Au terme de durs combats, les armées française et malienne ont pris le contrôle de la ville. Selon des sources locales, des dizaines, voire même une centaine de djihadistes, auraient été tués au cours des combats. On compterait parmi eux Abdel Krim, alias « Kojak », l’un des principaux lieutenants d’Iyad Ad Ghaly, le chef du groupe islamiste Ansar-Dine.

    14 janvier : A l’ouest, les forces djihadistes se réorganisent

    Ces indéniables succès militaires qui résultent, pour une bonne part, de l’action des forces armées françaises, l’armée malienne se trouvant dans un état avancé de déliquescence, ont provoqué des déclarations politiques de François Hollande et de Laurent Fabius, frisant une véritable proclamation de victoire, alors que la situation sur le terrain, comme dans chaque début de conflit, devrait plutôt inciter à la prudence. Lorsque Monsieur Fabius déclare que « bloquer les terroristes au Mali, c’est fait ! », il joue sur les mots. Si des éléments djihadistes ont bien été stoppés dans leur progression récente vers la capitale malienne et s’ils ont bien été forcés au repli, ils n’en sont pas pour autant anéantis et n’ont perdu ni leur capacité à reprendre, le moment venu, leur marche vers le sud, ni leurs capacités de résistance et de nuisance. Nous ne sommes là qu’au tout début d’un conflit dont Monsieur Fabius lui-même nous dit qu’il pourrait s’étendre sur « plusieurs semaines ». On pourrait tout aussi bien dire plusieurs mois. Bloqués au sud, les djihadistes se sont partiellement repliés vers l’est (région de Douentza).

    Mais c’est à l’ouest qu’ils semblent devoir poser le plus de problèmes. De fait, suite à leur échec à Konna, les djihadistes ont mené avec succès une contre-offensive sur Diabali, une bourgade située à 400 km au nord de Bamako, près de la frontière mauritanienne. L’information a été confirmée par le ministère français de la Défense, ce lundi 14 janvier. Tout comme à Konna, les forces gouvernementales maliennes ont résisté avant de devoir abandonner rapidement le combat. Dans la région de Diabali évoluent aujourd’hui les éléments les plus déterminés, les plus structurés, les plus fanatiques et les mieux armés des groupes islamistes du Mali. Tant pour Paris que pour Bamako, Diabali constitue donc désormais ce que le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a nommé pudiquement un « point difficile ».

    15 janvier : Alerte Guépard – L’opération Serval monte en puissance

    Opération Serval : la France s’engage militairement au Mali [chronologie des événements]

    Dans la nuit du 14 au 15 janvier, de nouvelles frappes aériennes ont été menées avec succès par l’Armée de l’Air. Durant la même nuit, une colonne d’une quarantaine de blindés français venus de Côte d’Ivoire est arrivée à Bamako. Les engins se sont déployés dans la partie militaire de l’aéroport de la capitale malienne vers 3h du matin. Ces blindés, dont un certain nombre d’ERC-90 Sagaie, seront cantonnés, dans un premier temps, à Bamako, avant d’être engagés ultérieurement dans les combats contre les groupes islamistes. Le nombre de soldats français actuellement présents au Mali serait de 750, effectifs qui devraient augmenter rapidement et considérablement dans les prochains jours. Certaines sources évoquent 2500 hommes.

    Des unités militaires vont être mises en alerte Guépard, à l’instar, dès aujourd’hui, d’une compagnie du 2e RIMa d’Auvours. L’alerte Guépard est une astreinte pour des militaires composant le plus petit module d’une unité, projetable dans un délai fixé selon l’état d’urgence en vigueur. Les éléments placés en alerte Guépard doivent être prêts à partir dans les plus brefs délais. Et certains de regretter, non sans raison, la dissolution de la Force d’Action Rapide (FAR), en 1996. Du côté du dispositif aérien, on évoque aussi, en plus des quatre Rafale et des six Mirage 2000D, les deux Mirage F-1CR, déployés au Tchad dans le cadre d’Epervier, des hélicoptères Tigre qui viendront compléter les unités de Gazelle, les « Patrouilleurs du désert » (surveillance et renseignements) Breguet Atlantic 2, basés au Sénégal. Rappelons que ce déploiement est largement facilité par l’important dispositif militaire français prépositionné en permanence en Afrique, soit 5000 hommes et d’importants moyens matériels dans dix pays voisins.

    Soutien international à la France et mise en place accélérée de la MISMA

    L’offensive djihadiste sur Konna a obligé à revoir, dans l’urgence, les règles d’engagement de la Misma, la Force internationale de soutien au Mali, dont le déploiement devait à l’origine prendre des semaines, voire des mois. Les derniers développements de l’actualité ne permettent toutefois plus tant d’atermoiements, aussi la France a-t-elle demandé d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 2085 de l’ONU qui autorise notamment, depuis le 20 décembre dernier, le déploiement de la Misma. La Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest a dès lors autorisé, ce vendredi 11 janvier, l’envoi immédiat de troupes au Mali, dans le cadre de la Misma, une force essentiellement africaine donc, et forte de quelque 3000 hommes.

    Les premiers éléments de cette force, qui sera chargée de déloger les groupes islamistes, se mettent désormais en place sous la direction d’un général nigérian du nom de Shehu Abdulkadir qui, selon Lagos, serait déjà arrivé au Mali, le Nigéria s’engageant à fournir 600 hommes à la Misma. Le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal compteraient en envoyer environ 500 chacun, et le Bénin 300. Reste à savoir, au-delà des déclarations de principe, combien de temps il faudra effectivement pour déployer cette force et la rendre réellement opérationnelle. Par ailleurs, Paris a reçu le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU, de même que de Moscou, de Pékin, et de ses partenaires de l’UE et de l’OTAN (même si l’opération Serval se déroule hors-OTAN). Même approche positive du côté américain, même si Washington apparaît peu confiant dans les capacités des forces maliennes et de la Misma de reconquérir le Nord. En outre, les Etats-Unis n’ont pas encore pris de décision ferme concernant l’aide logistique que la France leur a demandée pour son intervention. On évoque toutefois le déploiement (en cours ou prochain) de drones US et d’un avion C-130 Hercules, de même que deux avions de transport C-17 de la RAF.

    La Belgique, quant à elle, a décidé l’envoi de deux C-130 et d’un hélicoptère médicalisé (un second serait prévu en réserve). Cette opération, qui mobilise environ 80 militaires, serait actuellement en cours de réalisation. L’Algérie, quant à elle, plutôt hostile à une intervention militaire étrangère, a autorisé sans limite le survol de son territoire.

    Menaces terroristes sur la France – Qui sont les djihadistes du Mali ?

    Suite aux raids aériens français et au revers militaires subis ces derniers jours, les groupes islamistes du Mali ont menacé de « frapper le cœur de la France », s’en prenant tour à tous aux otages français qu’ils détiennent (huit sont encore détenus au Sahel), aux ressortissants français présents dans le monde musulman, ce qui concerne notamment les 6.000 Français du Mali, sans d’ailleurs oublier l’Europe : « La France a attaqué l’islam. Nous allons frapper le cœur de la France. Partout. A Bamako, en Afrique et en Europe », a ainsi déclaré à l’AFP Abou Dardar, l’un des responsables du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Le style est connu. Le contenu du message également. Les djihadistes du Sahel n’ont pas attendu la présente opération militaire pour menacer la France et l’Europe. Mais il convient ici de rappeler qui sont ces djihadistes du Mali auxquels l’armée française est confrontée aujourd’hui. Ils se rassemblent dans trois organisations distinctes :

    - Ansar Dine (= « défenseur de la foi », groupe malien dépendant logistiquement d’Aqmi et constitué par des membres du clan touareg des Iforas). Son chef est Iyad Ag Ghali.

    - Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi ; issu du Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien).

    - Le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao ; dissidence mauritanienne du groupe précédemment cité ; très impliqué dans le trafic de drogue).

    Ces trois groupes, renforcés d’éléments djihadistes « internationaux » se sont alliés pour imposer la Charia par la force, dans le nord du Mali. Ils ont partiellement bénéficié dans feue la « Légion islamique » de Kadhafi, de la formation et de l’armement libyens.

    Un conflit interethnique opposant Noirs et Blancs

    Ensemble, les djihadistes ont conquis le nord du Mali, de janvier à mars 2012, avec l’appui du Mouvement national de libération de l’Azawad (nom par lequel les Touaregs désignent le Nord-Mali), un mouvement indépendantiste en lutte contre Bamako, mais ne s’inscrivant pas dans la mouvance islamiste.

    A noter à ce sujet qu’aucun chef djihadiste n’est noir, et que les autorités de Bamako se sont vues dans l’obligation de lancer un appel à ne pas perpétrer de pogroms contre les Touaregs et les Maures vivant au sud. Au lendemain de l’intervention militaire française, la situation des Touaregs du Nord, apparaît comme particulièrement délicate, souhaitant d’une part se distancer des groupes islamistes avec lesquels ils ont peu d’affinités, mais craignant aussi une éventuelle avancée des troupes maliennes vers le Nord. La volonté de revanche des populations sub-sahariennes à l’encontre des populations touarègues et maures pourrait, le cas échéant, avoir des conséquences humanitaires dramatiques. Et le Mali pourrait alors basculer dans la plus totale anarchie.

    Éric Timmermans http://fr.novopress.info

  • Gouverner c’est prévoir…

    Rien de mieux qu’une bonne guerre menée contre le terrorisme islamiste pour ressouder le pays  derrière le chef de l’Etat. C’est en tout cas ce que penseront les plus cyniques. A la tête d’un gouvernement impopulaire, empêtré dans son idéologie socialo-mondialiste, paralysé, impuissant devant la violente crise sociale, économique et identitaire ; un gouvernement qui divise actuellement les Français avec son prosélytisme forcené en faveur du mariage et de l’adoption pour les couples homos ; un gouvernement qui renie les unes après les autres, la plupart des promesses  de campagne du candidat Hollande. L’intervention militaire au Mali semble répondre  (aussi)  à une urgente nécessité pour faire diversion et redorer le blason du locataire de l’Elysée.

     Certes, Bruno Gollnisch rappelait incidemment sur France 2 lundi soir que François Hollande avait également  promis de ne pas intervenir en Afrique lors de la campagne présidentielle, mais le député frontiste, à l’instar  de Marine Le Pen et de la direction du FN,  n’a pas contesté la légitimité de l’opération Serval, de cet engagement de nos soldats pour stopper la progression des fous d’Allah. Même si l’indécision du chef de l’Etat a permis aux islamistes de renforcer leurs positions ces derniers mois. 

     Une expansion problématique du djihad en Afrique, qui, comme l’a rappelé la présidente du FN, découle directement  de la déstabilisation de la Libye à laquelle le gouvernement précédent, avec le soutien du PS, a grandement contribué…Pour ne rien dire de l’actuel  soutien français à la déstabilisation du régime laïc syrien par un terrorisme de même nature.

     A l’heure ou nous écrivons ces lignes l’offensive française au Mali a pris un nouveau tournant avec l’engagement au sol de nos troupes, guerre qui a déjà fait quatre  victimes françaises: trois militaires en Somalie,  dont l’otage aux mains des Shebab  ”Denis Allex” ,  et un pilote  d’hélicoptère au  Mali, le lieutenant  Damien Boiteux.. L’Algérie a permis aux avions de combat  français de survoler son espace aérien. Comme nous l’avions relevé alors, la visite de François Hollande à Alger en décembre visait aussi à obtenir le soutien tacite des autorités algériennes…

    Dans un communiqué en date du 14 janvier réservé aux abonnés de sa remarquable revue l’Afrique Réelle, Bernard Lugan souligne que « la situation malienne, somme toutes  sous contrôle, cache l’incendie qui est actuellement en train de se développer dans la zone péri Tchadique. Le chaos en retour se fait en effet sentir dans tout le sud de la Libye, cependant que la contagion n’est plus qu’une question de temps au Tchad et au Darfour avec le risque de voir un continuum fondamentaliste s’établir avec les islamistes de Boko Haram du nord Nigeria (…) »

    « Il aura donc fallu leur suicidaire tentative (des islamistes, NDLR)  de progression vers le sud pour que, acculé et dans l’urgence, le président de la République donne l’ordre d’intervenir. »

    Le professeur Lugan estime également que «  sans un règlement politique de la question malienne, à savoir la définition d’un nouvel équilibre entre le nord et le sud du pays, nous n’allons faire que repousser le problème. En effet, si les frappes françaises ont pour seul but d’empêcher une  descente  des islamistes vers Bamako et cela pour donner le temps à la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest, regroupant 15 pays, NDLR) de mettre sur pied l’expédition qui permettra au sud Mali de reconquérir le nord Mali, rien ne sera réglé car, plus que jamais, la question touareg est le cœur du problème (…). »

    « Rien ne pouvant se faire sans les Touareg, si nous voulons qu’ils participent à la police du désert, il faut donc leur donner des gages politiques. Les autorités de Bamako pourront-elles comprendre cette nécessité et pourront-elles se résoudre à l’évidence quand l’inévitable  reconquête  sonnera au contraire l’heure de la vengeance? Il est permis d’en douter. »

    C’était à prévoir, les djihadistes nous  ont menacé de représailles sanglantes, de « frapper le cœur de la France ». Interrogé sur le blog du grand reporter  Frédéric Helbert, Le juge anti-terrroriste Marc Trévidic affirme que notre pays est en effet exposé.  « Avec une communauté malienne importante en France, et au delà une communauté de populations africaines musulmanes, il va falloir faire très attention  (…). Il ne s’agit pas de stigmatiser qui que ce soit, mais il ne faut pas rêver, il y a là un terreau fantastique pour les islamistes qui à des milliers de kilomètres trouveront sur notre sol quand ce n’est pas déja fait des alliés précieux, ou des soldats au sein de ces communautés, pour frapper la France ennemie.»

     Le juge Trévidic souligne aussi que  « pour la première fois, avec le Mali, on a un Jihad très fort en terre d’Afrique, en terre noire. Donc pour la première fois, il y a un « Jihad Black », un Jihad fait pour les blacks, par les blacks (…).Les blacks des groupes islamistes au Mali ont pris une forme de revanche, montrant qu’il étaient capables de rivaliser avec les arabes, (…) qu’ils étaient capables de partir à la conquête, d’aller à la confrontation et de conduire leur propre Jihad, de défendre efficacement les vertus  radicales de l’Islam Salafiste, de la charia dans son application la plus rigoureuse.(…)  on peut appeler ça un Jihadist black power. »

     « Avec et c’est là notre inquiétude note-t-il encore,  une capacité d’entrainement des populations musulmanes africaines de France et d’ailleurs que nous ne pouvons mesurer à l’heure actuelle, mais qui va augmenter mécaniquement. C’est là que réside une menace potentielle de très grande ampleur. Dont l’ennemi numéro un est la France. »

    Les prémices de la situation  actuelle avaient été analysées par le FN il y a plus de vingt ans, qui encore une fois eu le grand tort d’avoir raison avant les autres...Dans un monde  conjuguant explosion démographique, réveil identitaire et prosélytisme religieux  agressif potentiellement lourds de menaces,  Bruno Gollnisch affirme que  la politique immigrationniste  menée par la droite et la gauche depuis quarante ans –MM. Hollande et Valls se sont engagés encore dernièrement à faciliter l’octroi de visas pour les Algériens-  est dramatique pour notre pays.

    Le regroupement familial, le dynamisme démographique des nouvelles populations installées chez nous, les échecs  de l’assimilation conjugués à l’acquisition automatique de la nationalité française en vertu du droit du sol,  le développement d’un communautarisme rejetant un  « modèle » français  « décadent » (peut-on d’ailleurs le nier totalement ?), sont autant de bombes à retardement pour l’équilibre, la sécurité, le devenir de la France et des Français.  Gouverner  c’est prévoir dit l’adage. “Ils” n’ont rien vu venir.

    Enfin signalons que  le très new yorkais  site d’information   Huffington Post  , dont l’édition française est cornaquée par Anne Sinclair,  a hurlé au  « dérapage» (sic) , suite à l’intervention de  Bruno Gollnisch  hier au Parlement européen sur  ce conflit. Pourquoi? Parce que le député européen frontiste a proposé  que  « les jeunes Maliens vivant en France» soient enrôlés pour remplacer à terme  l’armée française dans le conflit qui déchire leur pays.

    « Contacté par Le Huffington Post précise le site de l’ex épouse de DSK, , Bruno Gollnisch persiste et signe:Je confirme. Je dirais que j’ai exactement la même réaction que sur l’Afghanistan. Je pense que le gouvernement afghan aurait pu demander à enrôler ces jeunes gens. Je rappelle, on fusillait les déserteurs. Là, on pourrait constituer des bataillons de jeunes Maliens vivant en France pour prendre part au conflit à la place de l’armée française.

     Je ne demande pas que l’on fusille les déserteurs, bien entendu.

     Mais le gouvernement malien, allié de la France dans cette affaire, pourrait très bien décréter la mobilisation d’une tranche d’âge et demander aux conséquences que les jeunes Maliens en France retournent au Mali. Ces pays sont indépendants, je ne suis pas colonialiste.

     Cette proposition peut choquer mais permettrait à la France d’être en retrait de ce conflit afin que les africains se défendent par eux-mêmes. Pour autant, je ne condamne pas l’intervention de l’armée française, car on ne peut pas se permettre d’avoir au cœur de l’Afrique des Etats sous contrôle de jihadistes

    «Le député frontiste poursuit et article a aussi critiqué la baisse du budget militaire français depuis 2007, affirmant que “si le lieutenant Boiteux a été tué, c’est parce qu’il était sur un hélicoptère Gazelle. Il faudrait des hélicoptères Tigre [leur remplaçant, ndlr].» Une triste vérité.

    http://www.gollnisch.com

  • Enquête : Pourquoi la France ouvre-t-elle ses portes au Qatar ?

    20130108
     

    Sous Sarkozy comme avec Hollande, le richissime émirat dispose des mêmes facilités pour racheter des pans entiers de notre économie. Que signifie l’appétit d’ogre de ce petit pays ? Pourquoi Paris lui ouvre-t-il ses portes ? Enquête.

    La dépêche, stupéfiante, est tombée le 6 novembre dernier : l’ambassadeur du Qatar, Mohamed Jaham al-Kuwari, annonçait à l’Agence France-Presse que son pays avait l’intention d’investir 10 milliards d’euros dans des sociétés du CAC 40. Répondant au journaliste qui évoquait quelques rares déclarations de personnalités qui, comme Bernard-Henri Lévy, Jean-Luc Mélenchon ou Julien Dray, ont manifesté leur inquiétude sur l’influence du Qatar en France, l’ambassadeur a conclu l’interview par une formule aussi ironique qu’arrogante : «C’est quoi, le problème ?»

    En effet, il n’y a, apparemment, aucun problème. Apprendre que le fonds souverain qatari va presque doubler le montant de ses participations dans le CAC 40 ne pose aucun problème au gouvernement ni à l’opposition. Organiser la Coupe du monde de football dans un pays où ce sport n’intéresse personne et va nécessiter la construction de stades munis de sols réfrigérants pour pouvoir supporter des températures à 45° C (bonjour Kyoto !), ça n’interpelle personne dans le monde du sport – pas même Michel Platini -, ni dans celui de l’écologie, surtout pas Yann Arthus-Bertrand. Coïncidence : son dernier film a été financé par des Qataris…

    Savoir que des Qataris pourraient sélectionner des entrepreneurs de banlieue sur une base communautariste n’inquiète pas grand monde. Installer une annexe de Normale Sup à Doha, ville où l’on est payé 400 dollars ou 12 000 selon la couleur de sa peau, ne dérange personne, et surtout pas Monique Canto-Sperber, présidente du pôle interuniversitaire Paris Sciences et Lettres et Philosophe spécialiste de «l’éthique».

    Qu’enfin la France impose à tous ses partenaires l’admission directe du Qatar au sein de la francophonie, sans passer par la case «observateur», comme l’exigeaient les usages jusqu’alors, cela n’ennuie pas grand monde non plus.

    A Doha, on appelle ça le «français sonnant et trébuchant». Mais, à Paris, le silence est de rigueur. Depuis des années. On peut même dater l’origine de l’amitié franco-qatarie : le premier voyage de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, à Doha, en décembre 2005. Sarkozy s’est lié d’amitié avec le Premier ministre qatari, Hamad ben Jassem al-Thani, «HBJ» pour les intimes, au risque de mélanger les genres.

    Lorsqu’il arrive à l’Elysée, Sarkozy prend l’habitude de recevoir tous les mois «HBJ». Au menu des discussions, les emplettes en France du fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA). Selon un patron du CAC 40, «Guéant avait une liste de courses pour les Qataris. On avait l’impression que l’Elysée leur donnait à racheter la France».

    C’est durant le quinquennat Sarkozy que le Qatar est entré dans le capital de plusieurs groupes du CAC 40. Le président a même donné de sa personne, en faisant pression sur le président du PSG, Sébastien Bazin, gérant du fonds Colony Capital, pour lui demander de vendre le PSG selon les conditions du Qatar. Bazin proposait aux Qataris 30 % du club de foot parisien pour 30 millions d’euros. Après l’intervention présidentielle, ils en ont récupéré 70 % pour 40 millions (ils en sont désormais propriétaires à 100 %).

    Convention fiscale

    Mais le sport n’est qu’une conséquence d’une orientation stratégique prise à l’Elysée. C’est sous l’ère Sarkozy que le Qatar s’est imposé – sans provoquer un quelconque débat, même au sein du gouvernement Fillon – comme un médiateur de la diplomatie française au Proche et au Moyen-Orient : intervention financière pour libérer les infirmières Bulgares en Libye (juillet 2007), aide au rapprochement entre Nicolas Sarkozy et Bachar al-Assad, puisque, avant d’aider les combattants, le Qatar était un allié solide du régime baasiste.  

    Et, bien sûr, plus récemment, le Qatar, seul pays arabe à le faire, a participé – financement de l’armement, formation des combattants libyens et même présence de 5 000 hommes des forces spéciales – à l’intervention militaire occidentale contre Kadhafi.

    La puissance grandissante du Qatar en France semble stimulée par la faiblesse de nos responsables politiques, déboussolés par la crise mondiale et appâtés, parfois, par les largesses supposées de ce petit pays. Ami personnel de la famille de l’émir, Dominique de Villepin, aujourd’hui avocat d’affaires, a pour principal client le Qatar Luxury Group, fonds d’investissement personnel de la cheikha Mozah bint Nasser al-Missned. A droite, parmi les habitués de Doha, on trouve aussi Philippe Douste-Blazy, Rachida Dati ou Hervé Morin.

    Dans les milieux diplomatiques français, cette politique du «tout-Qatar» agaçait certains, qui espéraient que François Hollande, réputé partisan d’un resserrement des liens avec l’Algérie, allait en quelque sorte «rééquilibrer» la politique française dans la région.

    Certes, François Hollande s’est rendu en Algérie le 19 décembre. Mais il avait vu le Premier ministre de l’émirat, Hamad ben Jassem al-Thani, dans un palace parisien dès le début de 2012. Les deux hommes s’étaient d’ailleurs déjà rencontrés une première fois en 2006, François Hollande le recevant en tant que premier secrétaire du PS. Depuis son élection, il l’a revu à deux reprises, et a accueilli l’émir Hamad ben Khalifa al-Thani à l’Elysée, le 22 août 2012. Un traitement privilégié.

    Autre signe de continuité, l’entrée d’investisseurs qataris au capital de France Télécom en juin 2012… «Les gouvernements passent, mais les intérêts demeurent. Les accords financiers entre la France et le Qatar n’ont pas été interrompus, remarque le chercheur Nabil Ennasri, Hollande a seulement mis un terme à l’affichage publicitaire façon Sarkozy.»

    Incroyable : la convention fiscale entre les deux pays – une sacrée niche fiscale qui dispense un investisseur qatari de tout impôt sur les plus-values réalisées sur la revente de biens immobiliers en France -, qui avait été tant décriée par le PS (du temps de l’opposition), n’a pas été abrogée…

    Il faut dire que, même sous Sarkozy, les Qataris ont eu la prudence de créer ou de maintenir des liens solides avec la gauche française. L’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Jaham al-Kuwari, a préparé la transition politique de longue date en multipliant les contacts avec plusieurs dirigeants socialistes : Ségolène Royal, Laurent Fabius, Elisabeth Guigou, Jack Lang, Bertrand Delanoë, Martine Aubry, mais aussi Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, qui a séjourné à Doha en pleine campagne de la primaire socialiste, ou encore Manuel Valls, seul émissaire du candidat à avoir rencontré l’émir en décembre 2011.

    Sous nos latitudes tempérées, le Qatar est un sujet de consensus. Jusque dans les médias, où il est devenu le pays des Bisounours. Comme dans l’émission «Un œil sur la planète», diffusée sur France 2 l’automne dernier, le présentant comme un nouvel eldorado, terre d’accueil de tous les ambitieux et les entrepreneurs.

    Ou encore dans une interview de l’ambassadeur de France au Qatar publiée dans la revue Géoéconomie (1). Le diplomate s’enthousiasme d’abord sur les perspectives de coopération entre les deux pays, faisant miroiter aux groupes français la perspective des 120 milliards mobilisés en vue de la Coupe du monde de football en 2022. Autant de beaux contrats pour Bouygues, Vinci, Carrefour et quelques autres.

    Mais l’ambassadeur y ajoute le supplément d’âme indispensable aux esprits délicats que nous sommes supposés demeurer : le printemps arabe aurait ainsi révélé – comme l’a reconnu lui-même François Hollande – d’importantes convergences entre les deux pays. L’honneur est sauf.

    Feuilletons le dossier de presse «Qatar en France». Il s’y dessine peu à peu un véritable storytelling qatari, que l’on pourrait résumer comme suit : le Qatar est un «nanopays» richissime – 78 260 dollars de revenu par Qatari en 2009, ça fait rêver – mais coincé entre deux géants, l’Iran, avec lequel il doit partager le gisement de gaz North Dome, l’un des plus grands du monde, et l’Arabie saoudite, 14 fois plus peuplée et disposant d’avoirs neuf fois supérieurs.

    Cette fragilité obligerait les Qataris à se montrer à la fois plus intelligents et plus diplomates que leurs voisins. Ils chercheraient ainsi une «assurance vie» - l’expression revient chez tous nos interlocuteurs – et seraient prêts à signer des chèques XXL à ceux qui sont susceptibles de lui garantir une protection. La France, avec son siège au Conseil de sécurité de l’ONU, constitue son meilleur allié.

    Autre argument en faveur des Qataris, leurs investissements sont jugés «très professionnels». Leur charte, «Vision nationale pour le Qatar 2030», adoptée en 2008, prévoit que les revenus des placements des fonds souverains qataris se substitueront à ceux du gaz.

    Il faudrait donc se réjouir, s’enthousiasme Patrick Arnoux, du Nouvel Economiste (2), de leur intérêt pour nos grands groupes : «L’entreprise Qatar, dirigée d’une main ferme par le cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, investit certes par milliards sur des actifs qui ont trois points communs : ils sont unitairement importants, prometteurs pour l’avenir et à forte rentabilité.» Et de vanter les financiers qataris, «issus des meilleures banques américaines comme Lehman Brothers» (curieux, cet éloge d’une banque qui a fait faillite en 2008, déclenchant la crise dans laquelle nous pataugeons encore !).

    Et puis, nous assurent tous ces amis français des Qataris, ces derniers ne sont ni gourmands ni exhibitionnistes ; excepté chez Lagardère, ils n’exigent pas de siéger dans les conseils d’administration des sociétés dont ils deviennent actionnaires.

    Une alternative aux Saoudiens

    Riches en capitaux disponibles, respectueux de l’indépendance de leurs partenaires, les Qataris sont aussi, nous dit-on, modernes. Leur nouvelle constitution donne aux 200 000 Qataris le droit d’élire des représentants locaux qui pourront même être des femmes (au sein d’une chambre cependant strictement consultative).

    La chaîne Al-Jazira, qu’ils ont créée en 1996, présentée comme une sorte de CNN arabe, aurait révolutionné l’information au Proche-Orient. La femme de l’émir, la cheikha Mozah bint Nasser al-Missned, a contribué à une véritable cité du savoir à la périphérie de Doha, ouverte aux musées et aux universités occidentales.

    Enfin, le sentiment de fragilité des Qataris les pousserait à devenir une tête de pont entre le monde arabo-musulman et l’Occident. Songez que la plus grosse base militaire américaine, autrefois à Bahreïn, a déménagé à Doha et que les Qataris maintiennent des liens avec Israël. Ils constituent ainsi une alternative plus présentable que les Saoudiens, qui soutiennent les salafistes dans la région. Et si le Qatar représentait cet islam modéré dont tant d’Occidentaux espèrent l’avènement depuis des années ?

    Bien sûr, comme tout storytelling, celui portant sur le Qatar reflète une partie de la réalité. L’émir, qui a chassé son père du pouvoir en 1995, s’est révélé un fin stratège. «Le Qatar est le premier à avoir acheté des méthaniers, analyse l’économiste Hakim el-Karoui, et à garder ainsi la maîtrise du transport du gaz.» Résultat : le pays frôle les 20 % de croissance en 2012, après 16 % en 2010 et 12 % en 2009.

    Ensuite, il semble bien que la stratégie qatarie soit la plus subtile des pays du Golfe. «Les Qataris ne sont pas que des payeurs, observe l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, ils sont astucieux et mènent une stratégie d’équilibre, entre Al-Jazira d’un côté, le phare du printemps arabe, la base américaine sur leur territoire et leurs relations assez bonnes avec Israël.»

    Enfin, il est patent que les Qataris ne mélangent pas forcément leur politique diplomatique, pas facile à décrypter, et leurs investissements pour lesquels ils recherchent, c’est un banquier qatari qui parle, un «absolute return», autrement dit une garantie de retour sur investissement.

    Mais ces indéniables atouts – prospérité économique, stratégie au long cours, subtilité diplomatique – ne doivent pas occulter la face moins reluisante du petit Etat. La condamnation à perpétuité, le 28 novembre, du poète Mohammed al-Ajami, coupable… d’un court texte critique sur l’émir, jette une lumière blafarde sur la modernité qatarie.

    Et il y a surtout la relation très particulière que le Qatar entretient avec l’islamisme politique. L’émirat a été, depuis quinze ans, le refuge de bien des activistes radicaux, tel Abassi Madani, l’ex-patron du FIS algérien. Le Hamas a déménagé ses bureaux de Damas à Doha, et la récente visite de l’émir à Gaza n’est pas passée inaperçue.

    La chaîne de télé Al-Jazira s’est fait connaître en devenant le diffuseur exclusif des communiqués d’Al-Qaida, et certains ne manquent pas de souligner que Doha a été exempt de tout attentat terroriste. Exilé au Qatar depuis quarante ans, le plus célèbre prédicateur islamiste, Youssef al-Qardaoui, officie chaque semaine sur Al-Jazira.

    L’homme a déclaré que «les opérations martyres sont l’arme que Dieu a donnée aux pauvres pour combattre les forts», et que, «tout au long de l’histoire, Allah a imposé aux juifs des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. [...] C’était un châtiment divin. Si Allah le veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans».

    Cet activisme n’étonne pas Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité de la DGSE (services secrets français) : «Comme la famille régnante veut ravir à la famille Al-Saoud d’Arabie saoudite son rôle moteur dans le contrôle de l’islam sunnite à l’échelle mondiale, elle héberge volontiers les imams et prêcheurs de tout poil, à condition qu’ils soient plus extrémistes que les oulémas saoudiens, de façon à leur rendre des points. Et le Qatar finance partout et généreusement tous les acteurs politico-militaires salafistes, dont la branche la plus enragée des Frères musulmans, hostiles à la famille Al-Saoud et bien sûr au chiisme, mais aussi aux régimes « laïcs » et nationalistes arabes susceptibles de porter ombrage aux pétromonarchies.»

    Enfin, le Canard enchaîné affirme que les services français ont repéré une présence qatarie dans le nord du Mali, où sévissent des groupes jihadistes. «On pense, explique Roland Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri), qu’un certain nombre d’éléments des forces spéciales qataries sont aujourd’hui dans le nord du Mali pour assurer l’entraînement des recrues qui occupent le terrain, surtout d’Ansar Dine.» Ansar Dine, un groupe jihadiste non lié à Al-Qaida.

    Bref, la famille régnante au Qatar n’a sans doute pas de doctrine bien établie, mais son jeu diplomatique, fondé sur une double exigence – concurrencer les Saoudiens dans le monde musulman et diaboliser l’Iran – peut l’amener à des positions fort lointaines de «l’islam des Lumières».

    Y compris en France. «Si quelqu’un, affirme un bon connaisseur du dossier, avait la curiosité de se poster en face de l’ambassade du Qatar, il pourrait y prendre en photo d’éminents animateurs de la mouvance islamiste radicale.»

    Premier instrument de l’influence du Qatar dans le monde arabe, la chaîne Al-Jazira s’est révélée être «le DRH du printemps arabe», selon l’expression de Naoufel Brahimi el-Mili, professeur de science politique et auteur du livre le Printemps arabe, une manipulation ? (3)

    Ce dernier a passé des mois à décrypter les émissions de la chaîne qui fut la première à mettre en scène le martyre du vendeur de légumes tunisien Mohamed Bouazizi, dont le suicide, le 4 janvier 2011, a embrasé la Tunisie, avant que la révolte ne se propage en Libye ou en Egypte. A chaque fois, Al-Jazira accompagne et «feuilletone» les mouvements et les combats.

    Il apparaît que, partout, les Qataris soutiennent les Frères musulmans, qui constituent la principale force politique du printemps arabe. Et qu’Al-Jazira est leur bras armé. Brahimi note ainsi que le nouveau ministre des Affaires étrangères libyen, Mohamed Abdelaziz, était un journaliste de la chaîne, de même que Safwat Hijazi, devenu une sorte de «conseiller spécial» du gouvernement égyptien. Pour Brahimi, le projet du Qatar est limpide : «Imposer la révolution « démocratique » par le bas, puisque les révolutions par le haut, façon néoconservateur bushiste, ont échoué.»

    Autre sujet d’inquiétude, l’activisme sportif des Qataris – Grand Prix de l’Arc de triomphe, achat du PSG, Mondial de handball (2015) et Coupe du monde de football (2022) – ne relève pas forcément d’un amour désintéressé du sport mais bien d’une stratégie délibérée de soft power.

    C’est d’ailleurs Nicolas Sarkozy lui-même, cumulant le rôle de superconsultant des Qataris avec celui de président de la République, qui aurait conseillé à l’émir de «passer par le sport» pour implanter Al-Jazira en France. D’où la création de la chaîne BeIN Sport, au risque de déstabiliser le système audiovisuel français, et notamment le financement du cinéma.

    Enfin, et ce n’est pas le moins inquiétant, les Qataris manifestent un intérêt particulier pour les secteurs industriels sensibles et stratégiques. Cette inclination est d’abord apparue dans le dossier EADS. A la fin des années 90, l’émir sympathise avec Jean-Luc Lagardère, avec lequel il partage une passion des chevaux.

    Les deux couples sympathisent, Bethy Lagardère initiant la cheikha Mozah aux joies de la vie parisienne, tandis que les équipes Lagardère apportent à l’émir leurs conseils avisés dans l’audiovisuel lors de la création d’Al-Jazira. Avant même la mort de Jean-Luc Lagardère, en 2003, l’émir avait émis le vœu d’entrer au capital d’EADS.

    Mais Jean-Paul Gut, alors haut dirigeant d’Airbus, avait habilement orienté les Qataris vers une prise de participation dans le groupe Lagardère lui-même, ce qui était moins intéressant pour le Qatar mais répondait à l’inquiétude de l’héritier, Arnaud Lagardère, qui souhaitait s’assurer des alliés solides dans sa société holding. Mais, quand le groupe allemand Daimler a voulu vendre ses parts dans EADS, le Qatar s’est porté acquéreur, ce qui entraîna une vive réaction d’Angela Merkel aboutissant à un engagement de l’Etat allemand à la place de Daimler.

    Si les Qataris se sont senti l’audace d’avancer sur des dossiers aussi sensibles, c’est que les liens entre la France et le Qatar sont anciens : 80 % de l’équipement militaire qatari est français et, pour l’anecdote, les 15 ha que la Direction générale de l’armement loue à Bagneux (Hauts-de-Seine) appartiennent à une banque qatarie…

    Poker menteur

    Autre indice de l’intérêt des Qataris pour les secteurs stratégiques, l’affaire Altis, une société de semi-conducteurs en difficulté que les Qataris voulaient acheter en 2009 pour créer une industrie similaire au Qatar. Mais Augustin de Romanet, alors patron de la Caisse des dépôts, a jugé le projet suspect, et le Fonds stratégique industriel s’est finalement substitué à l’émirat.

    Encore plus inquiétant, le jeu de poker menteur autour d’Areva : il s’en est fallu de peu que l’émirat mette la main sur les mines d’uranium du groupe nucléaire ! A la manœuvre, l’ancien secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, l’intermédiaire de choc Alexandre Djouhri, Henri Proglio, le PDG d’EDF, et François Roussely, du Crédit suisse – une des banques conseil en France des Qataris avec la banque Rothschild.

    L’alternance est, apparemment, un concept qui ne s’applique pas à cet aréopage. C’est d’ailleurs peut-être ce qui a conduit l’ambassadeur du Qatar à annoncer de nouveaux investissements dans les groupes français.

    A ce rythme-là, la France va finir par avoir plus besoin du Qatar que l’inverse.

    (1) «Qatar, l’offensive stratégique», no 62, été 2012.

    (2) Du 3 mars 2012.

    (3) Editions Max Milo, 2012.

    Fonds qatari dans le CAC 40 : déjà plus de 6 milliards !

    France Telecom (1 %) : 214,5 M€

    Lagardère (13 %) : 1,071 milliard €

    LVMH (1 %) : 653,64 M€

    Suez Environnement (1 %) : 45 M€

    Total (3 %) : 2,691 milliards €

    Veolia (5 %) : 946,95 M€

    Vinci (8 %) : 2 84,11 M€

    Vivendi (5 %) : 427,88 M€

    Total : 6,334 milliards d’euros

    IMMOBILIER : 4 MILLIARDS NET D’IMPÔTS

    Les avoirs immobiliers en France des Qataris se partagent entre différents membres de la famille régnante. Ils comprennent des immeubles de luxe et de nombreux hôtels. Au total, l’immobilier détenu par l’émirat dans notre pays atteindrait ainsi 4 milliards d’euros. Début 2008, les Qataris ont obtenu le vote au Parlement français d’un statut fiscal qui les exonère d’impôt sur leurs plus-values immobilières en France. Et ils en profitent : ces dernières années, ils ont racheté des hôtels de luxe comme le Martinez et le Carlton, à Cannes, le Royal Monceau, le Concorde Lafayette, l’hôtel du Louvre, à Paris, le Palais de la Méditerranée, à Nice. Mais ils ont également fait main basse sur le somptueux hôtel Lambert sur l’île Saint-Louis, à Paris, le splendide hôtel d’Evreux de la place Vendôme, à Paris, l’immeuble Virgin des Champs-Elysées, le siège de Vivendi, avenue de Friedland, à deux pas des Champs-Elysées, le siège d’Areva près de l’Opéra, et la tour Pacific à la Défense, ainsi que sur le centre de conférences Kléber, lieu chargé d’histoire – le haut commandement militaire allemand s’y était installé sous l’Occupation et c’est là qu’ont été signés les accords de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam. Le destin du centre Kléber est de devenir un palace pour milliardaires…

    Au total, les avoirs qataris en France – immobilier et CAC 40 – dépasseraient donc les 10 milliards* d’euros selon nos calculs. Une somme qui rejoint les statistiques de la Banque des règlements internationaux (9,79 milliards), ce qui représente trois fois moins que les investissements du Qatar en Grande-Bretagne, mais deux fois plus que ceux de l’Allemagne.

    * Valeur au 20 novembre 2012

    • Article publié dans le numéro 820 du magazine Marianne, du 5 au 11 janvier 2013

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Criminalité et politique au Kossovo : le rapport explosif d'un député européen (2011)

    C'est un livre (La Chasse), publié en 2008 par Caria Del Monte, ex-procureur au TPIY(1) qui a incité Dick Marty membre du Conseil de l'Europe à enquêter sur le Traitement inhumain de personnes et trafic illicite d'organes humains au Kossovo. En est résulté, en décembre 2010, un rapport édifiant, qui pointe les connexions « entre criminalité, corruption et politique ».
    Au Kossovo, des crimes de guerre ont été perpétrés à la fin des années 1990 sur des prisonniers serbes et albanais, sous la responsabilité de dirigeants de l'UÇK et en particulier d'un groupe auto-baptisé le « Groupe de Drenica » ayant pour « parrain » l'actuel Premier ministre, Hashim Thaçi.
    L'armée de libération nationale paraît en effet avoir été étroitement liée aux réseaux criminels : « Nous avons constaté que les principales unités de l'UÇK et leurs zones de commandement opérationnel respectives étaient la copie presque conforme des structures qui contrôlaient les diverses formes de criminalité organisée dans les territoires où opérait l'UÇK », écrit Dick Marty, qui laisse entendre que la guérilla contre les Serbes n'était pas la préoccupation principale de ses dirigeants. Les membres du Groupe de Drenica auraient ainsi : « pris le contrôle des fonds substantiels mis à la disposition de l'UÇK pour financer l'effort de guerre » et « passé avec les réseaux internationaux bien établis de la criminalité organisée plusieurs accords qui lui auraient permis de s'étendre et de se diversifier dans de nouveaux domaines d'activités, tout en lui ouvrant de nouvelles voies de contrebande vers d'autres pays d'Europe. »
    Selon Dick Marty, Thaçi lui-même agissait « avec le soutien et la complicité non seulement des structures de gouvernance officielles de l'Albanie, et notamment du gouvernement socialiste au pouvoir à ce moment-là, mais également des services secrets albanais et delà redoutable mafia albanaise. Les services chargés de-la lutte contre le trafic de drogue de cinq pays au moins précisent, dans des rapports confidentiels qui s'étendent sur plus de 10 ans, que le commerce de l'héroïne et d'autres narcotiques était contrôlé de façon violente par Hashim Thaçi et d'autres membres du " Groupe de Drenica " ».
    Ces derniers ne s'en tenaient pas au trafic de stupéfiants. Le rapport fait également état d'« un grand nombre de femmes et de jeunes filles victimes de la traite des êtres humains » organisée par l'UÇK, et le Groupe de Drenica serait au cœur du trafic d'organes dont furent victimes des captifs serbes, conduits en Albanie pour y subir une ablation des reins.(2)
    Enfin, le rapport fait état de la disparition de plusieurs centaines de prisonniers serbes et d'Albanais considérés comme des « collaborateurs » des Serbes, ces violences semblant « avoir été coordonnées et couvertes par une stratégie globale, préméditée et évolutive, décidée par les dirigeants du Groupe de Drenica ».
    On comprend les réticences que montrent les autorités albanaises à collaborer aux enquêtes ouvertes par la mission EULEX de l'Union européenne : « Le manque de coopération des autorités kosovares et albanaises pour rechercher des personnes disparues serbes, et même kosovares de souche albanaise, qui pourraient s'avérer être des victimes de crimes commis par des membres de l'UÇK, suscite de sérieux doutes quant à la volonté politique des autorités actuelles défaire toute la vérité sur ces événements. »
    Thaçi, partenaire favori des États-Unis
    Mais les instances internationales ne se montrent pas plus pressées d'agir, en dépit des « informations accablantes » transmises sur Thaçi et ses séides par les services de renseignements.
    « Il est particulièrement déconcertant, écrit Dick Marty, de constater que l'ensemble de la communauté internationale au Kosovo - depuis les gouvernements des États-Unis et des autres puissances occidentales alliées, jusqu'aux autorités judiciaires qui exercent leurs activités sous la tutelle de l'Union européenne - possèdent sans doute les mêmes informations accablantes sur toute l'étendue des crimes commis par le "Groupe de Drenica", mais qu 'aucune d'elles ne semble prête à réagir face à une telle situation et à en poursuivre les responsables. »
    Le rapport du député européen apporte un début d'explication : l'UCK n'a pris l'ascendant sur les formations politiques albanaises rivales que grâce à l'appui des Américains. Et Thaçi lui-même « doit sans aucun doute son ascension personnelle au soutien politique et diplomatique des États-Unis et d'autres puissances occidentales, qui le considéraient comme le partenaire local favori de leur projet de politique étrangère pour le Kosovo. » 
La politique a ses raisons, que l'éthique démocratique ne connaît pas.
    Eric Letty monde & vie. 29 octobre 2011
    (1) TPI Y .Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie.
    (2) Le trafic d'organes se poursuivrait toujours au Kossovo, où s'est ouvert le 4 octobre un procès impliquant des médecins d'une clinique de Pristina.

  • Nouveau livre de Bernard Lugan : Mythes et manipulations de l’histoire africaine

    Sortie du nouveau livre de Bernard Lugan : Mythes et manipulations de l’histoire africaine, mensonges et repentance.

    IMPORTANT : Ce livre édité par l’Afrique Réelle n’est pas disponible dans les librairies ou les sites de commandes en ligne. Seule l’Afrique Réelle le distribue.

    Présentation de l’ouvrage

    L’indispensable outil de réfutation des mythes qui alimentent la repentance.

    Depuis un quart de siècle les connaissances que nous avons du passé de l’Afrique et de l’histoire coloniale ont fait de tels progrès que la plupart des dogmes sur lesquels reposait la culture dominante ont été renversés. Cependant, le monde médiatique et la classe politique demeurent enfermés dans leurs certitudes d’hier et dans un état des connaissances obsolète : postulat de la richesse de l’Europe fondée sur l’exploitation de ses colonies ; idée que la France devrait des réparations à l’Algérie alors qu’elle s’y est ruinée durant 130 ans ; affirmation de la seule culpabilité européenne dans le domaine de la traite des Noirs quand la réalité est qu’une partie de l’Afrique a vendu l’autre aux traitants ; croyance selon laquelle, en Afrique du Sud, les Noirs sont partout chez eux alors que, sur 1/3 du pays, les Blancs ont l’antériorité de la présence ; manipulation concernant le prétendu massacre d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961 etc. Le but de ce livre enrichi de nombreuses cartes en couleur, est de rendre accessible au plus large public le résultat de ces travaux universitaires novateurs qui réduisent à néant les 15 principaux mythes et mensonges qui nourrissent l’idéologie de la repentance. [...]

    Pour le commander ici

    http://www.actionfrancaise.net

  • Mali : l’armée française pour repousser les groupes islamistes … et défendre les intérêts de Total ?

    S’exprimant de manière officielle, à l’Elysée, le  président de la République française, François Hollande a confirmé vendredi l’engagement des forces armées françaises au Mali. Dans une déclaration, le chef de l’Etat a par ailleurs  affirmé vendredi que l’opération de lutte contre des “terroristes” durerait “le temps nécessaire” , sans plus de précision.

     

    But affiché : repousser les combattants islamistes qui contrôlent le nord du Mali, assurer la sécurité de la population malienne et celle des 6.000 ressortissants français présents dans le pays.

     

    Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué vendredi que cette opération avait notamment pris la forme d’une “intervention aérienne” , sans confirmer la présence de forces africaines. Le ministre avait auparavant  précisé que la France  avait été  saisie “d’une demande d’appui aérien et militairepar le Mali.

    L’Elysée a précisé que la décision du président Hollande avait été prise vendredi « matin en accord avec le président malien Dioncounda Traoré ». Ajoutant  que le Parlement serait   “saisi dès lundi ” de sa décision d’intervention. La France intervient “en liaison avec les Nations unies, car nous intervenons dans le cadre de la légalité internationale” , a par ailleurs tenu à  préciser François Hollande.

    Un responsable de l’armée malienne  a par ailleurs indiqué que des troupes nigérianes étaient  également  engagées. Le Sénégal -  pays  voisin -  n’a « pas de troupes combattantes » au Mali, a pour sa part  démenti vendredi soir un responsable de l’armée sénégalaise. Le président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a indiqué quant à lui dans un communiqué avoir autorisé vendredi l’envoi immédiat de troupes au Mali.

    Mais au final, l’intervention de la France pourrait être également due à d’importants enjeux  économiques et financiers, encore une fois sur fond de forte odeur de pétrole et de gaz. Pure coïncidence ou remake d’un scénario proche de  celui prévalant en Afghanistan ? … Voire mise à exécution d’une stratégie du chaos  menée par  les  lobbies pétroliers et militaires  américains en échange de  soutiens financiers   de  campagnes  électorales US  pour éviter  une avancée  trop  importante  de majors pétrolières étrangères  concurrentes ?   Allez savoir  ….

     

     

     

    Reste  que la carte d’implantation d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) au Sahel correspond à tout point   à celle du  bassin de Taoudeni …large de 1,5 million de kilomètres carrés, partagé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger …. Les récentes découvertes de richesses minières  contenues  dans  cette zone  provoquent en effet depuis quelques mois un vif intérêt pour cette région.

     

     

    Jean François Arrighi de Casanova, directeur Afrique du Nord de Total avait  ainsi fait état d’immenses découvertes gazières dans le secteur, freinant la progression du puits vers la zone pétrolière, en Mauritanie et le conduisant même à parler “d’un nouvel Eldorado“.

    En février 2011, la presse algérienne indiquait que le groupe français Total et le groupe énergétique national algérien Sonatrach avaient dans leurs besaces plusieurs projets au Sahel. L’essentiel semblant être pour les deux groupes de « rafler » le plus de projets possibles, au Mali et au Niger.

     

    Rappelons  parallèlement qu’à trois mois de l’élection présidentielle au Mali, le gouvernement, déjà confronté aux enlèvements d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et à la menace d’une crise alimentaire, avait dû faire face à une nouvelle rébellion touareg puis à un coup d’état.

     

    Ces attaques étant alors les premières de ce type depuis un accord ayant mis fin à la rébellion mais également depuis le retour de Libye de centaines d’hommes armés ayant combattu aux côtés des forces du leader libyen Mouammar Kadhafi.

     

    En avril 2011, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’était prononcée quant à elle  en faveur d’une aide de 25 millions de dollars pour les rebelles libyens. Aide qui n’inclurait pas la fourniture d’armes … si l’on en croyait ses propos.

     

    Des subsides destinées  à permettre aux rebelles de lutter contre les mercenaires de Kadhafi. Ces derniers étant en grande partie des milliers de jeunes Touareg, recrutés pour apporter leur soutien au dirigeant libyen, selon  la presse.

    Une situation qui inquiétait d’ores et déjà grandement le Mali, lequel redoutait dès cette période des répercussions dans la région, et plus particulièrement au Sahel,  tout juste  identifié  – hasard de calendrier ? – comme un nouvel eldorado pétrolier.

    Précisons que ces populations nomades originaires du Mali, du Niger, et de l’Algérie ont, depuis les années 80, trouvé refuge auprès de  l’ex dirigeant libyen lui promettant de sécuriser le Sud-Soudan, en échange de sa protection.

     

    «Nous sommes à plus d’un titre très inquiets. Ces jeunes sont en train de monter massivement (en Libye). C’est très dangereux pour nous, que Kadhafi résiste ou qu’il tombe, il y aura un impact dans notre région », avait ainsi déclaré Abdou Salam Ag Assalat, président de l’Assemblée régionale de Kidal (Mali). « Tout ça me fait peur, vraiment, car un jour ils vont revenir avec les mêmes armes pour déstabiliser le Sahel » avait-t-il ajouté.

     

    Situation d’autant plus inquiétante que Mouammar Kadhafi aurait pu être également tenté – la manne pétrolière aidant – de recruter auprès des jeunes Touaregs du Mali et du Niger, avais-je alors indiqué.

     

    A Bamako et à Niamey, des élus et des responsables politiques craignaient d’ores et déjà à l’époque que la chute de Kadhafi provoque un reflux massif de réfugiés touaregs dans une région du Sahel déjà très fragile, une situation qui pourrait conduire à une déstabilisation de la région …  redoutaient-ils alors.

     

    Le Blog Finance  http://fortune.fdesouche.com

  • Pentagone : une défaite en rase campagne du lobby pro-israélien

    La nomination, lundi soir, par Barak Obama de Chuck Hagel au poste de secrétaire à la Défense est une défaite en rase campagne pour le très puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis. 

    Depuis des semaines, l’Aipac (American Israël Public Affairs Comittee) se déchainait contre lui, afin d’empêcher le président réélu de le nommer à ce poste stratégique. Contre Hagel, ses opposants ont sorti l’artillerie lourde : il est, à mots plus ou moins couverts, traité d’antisémite – et sur un autre sujet d’être homophobe. Des accusations terribles, dont Obama a donc décidé de ne pas tenir compte. Et de nommer cette personnalité atypique à la tête du Pentagone. En envoyant du même coup, un message de défiance au gouvernement israélien.

    Car les relations militaires entre les Etats-Unis et Israël sont extrêmement étroites et l’arrivée au Pentagone d’un responsable critique vis à vis de la politique de l’Etat hébreu est un signal important, même si, diplomatiquement, Chuck Hagel a aussitôt affirmé son « soutien total » à Israël… 


    Durant son premier mandat, Obama n’a pas été très actif sur la scène du Proche-Orient, laissant le gouvernement israélien poursuivre sa politique de colonisation des territoires palestiniens. Les Etats-Unis ont même voté contre la reconnaissance de la Palestine par l’Onu. Ce qui n’a pas empêché le Premier ministre israélien « Bibi » Netanyahou de soutenir ouvertement Mitt Romney, le rival d’Obama, durant la campagne électorale américaine... Libéré du souci de sa réélection en 2018 – la Constitution lui interdisant un troisième mandat – Barack Obama sera-t-il plus offensif dans les prochains mois ? C’est possible. Il est attendu sur, au moins, deux grands dossiers : une éventuelle relance des discussions entre Israël et le tout nouvel « Etat de Palestine » et la question de l’Iran, alors qu’une partie des dirigeants israéliens envisage toujours une solution militaire contre le programme nucléaire de Téhéran. 


    Issu d’un milieu modeste, Chuck Hagel, 66 ans, est une personnalité politique originale. Secrétaire à la Défense d’Obama, il est membre du parti républicain. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Obama choisit un républicain pour le Pentagone, puisqu’il y avait maintenu Robert Gates, nommé par George W. Bush. Hagel est incontestablement un homme de droite, mais il appartient à ce courant minoritaire du parti républicain, réaliste et peu sensible au discours néoconservateur. Il a été sénateur du Nebraska (1997-2009) et n’a jamais craint de prendre des positions hétérodoxes, par exemple en critiquant la conduite de la guerre d’Irak. C’est un vétéran de la guerre du Vietnam où il a servi (1967-68) comme sergent dans l’infanterie. Il y a été blessé deux fois et décoré de la Purple Heart. De quoi tenir tête aux généraux du Pentagone, où il va devoir s’attacher à réduire les énormes dépenses militaires de son pays.

    Jean-Dominique Merchet
    Marianne
    8/01/2013

    http://www.polemia.com

  • Mali – Opération Serval : vers une guerre longue

    Rafale-Serval-StDizier-300x199.jpgC’est bien en raison de l’extrême faiblesse de l’armée malienne, en pleine décomposition depuis la débâcle de l’hiver dernier marquée par la perte du nord du pays, affaiblie par le putsch du capitaine Sanogo, que la France est intervenue militairement pour stopper l’inéluctable progression des bandes armées jihadistes du Sahel vers la capitale malienne. Sans soutien extérieur, le pays n’aurait pas pu tenir 48 heures de plus. D’ailleurs, les forces françaises à Bamako (environ 500 soldats) assurent aussi un rôle dans la stabilisation des institutions maliennes. C’est donc vers une guerre longue au Mali que François Hollande a engagé notre pays. Un conflit régional qui découle directement de la faute stratégique entreprise par son prédécesseur en Libye l’an dernier.

    On notait en fin de soirée des scènes de liesse dans les villes maliennes, Bamako en tête, avec drapeau français ostensiblement affiché.

    Après 24 heures quasi discontinue de frappes aériennes, la progression islamiste semble définitivement stoppée ; même si Ansar Dine dit contrôler la petite ville de Diabaly, dans la région de Ségou, aux abords du fleuve Niger, donc à l’ouest de la ligne de front présentée comme « stabilisée ». Il pourrait s’agir du résultat d’une incursion réussie par une colonne de jihadistes sur pick-up armés ces dernières heures.

    D’après Sahara Medias, Ansar Dine a abandonné hier soir ses positions dans la ville de Tombouctou, tout comme le Mujao et AQMI ont abandonné leurs positions dans Goa. Ils vont désormais entamer une guérilla en brousse même si le coup a été rude pour eux. A Gao, plus de 150 combattants islamistes auraient été tués lors des bombardements. Les jihadistes fuient les raids mais ne se rendent pas : il faudra bien aller les chercher au sol ! Le bilan humain du côté des civils semble aussi très lourd selon Médecins sans frontières : on parle de plusieurs dizaines de tués et des centaines de blessés.

    En tout état de cause, nous sommes à un tournant des événements : à Gao, évacuée par les islamistes, dès hier soir « des femmes ont tombé les voiles et des hommes ont sorti les cigarettes », selon une source civile locale. On a même assisté à des scènes de lynchage et de chasse aux islamistes restés en ville. Le chef de la police islamique, Alioune Touré, serait âprement recherché. A Kidal, au nord-est de Gao, sanctuaire d’AQMI, les bombardements ont été particulièrement durs. La principale base arrière d’AQMI dans le secteur se situe sur les hauteurs de l’Adrar Tigharghâr. Mais les jihadistes ont les moyens de résister : certains de leurs pick-up sont armés de canons antiaériens ZU-23/2, des ZPU-1/2/4 de 14,5 mm et sans doute de missiles sol-air portables (on évoque des Strela, des Igla-1 et aussi de redoutables Igla-S pris sur les stocks libyens).

    Les renforts arrivent, mais la France n’a plus les moyens (1) d’engager avec ses propres capacités un guerre régionale contre un ennemi militairement inférieur, il lui a donc fallu  demander de l’aide à ses « alliés » de l’OTAN : un premier gros porteur britannique C-17 est arrivé en milieu d’après-midi d’hier sur la base d’Evreux et a embarqué un VAB sanitaire et un GBC-180 appartenant au 2e RIMa. Plusieurs dizaines de VAB sont arrivés en début de soirée, et doivent être embarqués, dans les heures qui viennent, à bord du C-17, mais aussi d’un Antonov-124 de location, et, dit-on, de C-5 Galaxy américains. Des drones d’observation de la CIA opèreraient au-dessus du Sahel afin de fournir des renseignements sur les mouvements de troupes et les concentrations islamistes. Déjà l’US Air Force assurerait une partie du ravitaillement en vol de nos appareils de combat… L’Espagne, le Canada et l’Allemagne pourraient aussi en être.

    A Bamako, des éléments du 2e RIMa, du 21e RIMa, du 1er REC sont déjà sur place. Entre 800 et 1.000 hommes devraient au final constituer l’ensemble des troupes au sol déployées au Mali par la France, une force constituée d’éléments de plusieurs armes de mêlée : infanterie, artillerie, cavalerie blindée, génie et du renseignement.
    En dehors des éléments du COS déjà dans la zone des combats et au contact de l’adversaire, il n’y a pas eu pour le moment de déploiement significatif de troupes françaises au sol. Depuis plusieurs mois, des forces spéciales, notamment des fusiliers commandos marine et des paras du « 13 », opèrent dans la zone pour des missions de renseignement et de localisation des otages.

    L’Algérie sécurise sa frontière avec le Mali en dépêchant des troupes et des hélicoptères d’assaut (peut-être des Mi-28 russes, des appareils de dernière génération). Le but est d’empêcher des éléments d’AQMI et du Mujao d’accéder au territoire algérien, et d’en faire une base arrière. Mais on sait déjà qu’une partie de la logistique des islamistes se trouve dans le sud de l’Algérie (sur la position algérienne voir ici).

    C’est vers un conflit régional long que nous nous dirigeons désormais. Si Paris parle de « force africaine », cette dernière mettra du temps à se constituer, si elle y parvient. Quant à l’armée malienne, ces restes ne survivent que grâce aux troupes françaises présentes sur place et aux raids aériens.

  • De la sidération à la récupération : Le cas Bétancourt (2008)

    LE 14 JUILLET, verra-t-on sur la même tribune Ingrid Betancourt, l'otage la plus célèbre de ce début de millénaire, et le président syrien al-Assad, dont le père également président fut largement responsable, outre de l'attentat contre le Drakkar où furent massacrés 53 paras français, de l'enlèvement puis de l'interminable détention de nos otages du Liban dont l'un, Michel Seurat, y perdit la vie ? Ce ne serait que l'une des multiples incohérences, l'un des nombreux paradoxes dont cette affaire - au si heureux dénouement - est tellement riche, ainsi que de mystères.
    Il était entendu, y compris à l'Elysée, que la libération de Mme Betancourt, ex-épouse Delloye remariée au señor Lecompte, élue de gauche au Sénat colombien mais française par mariage (dissous), ne pourrait être acquise que grâce aux bons offices du président vénézuélien et national-bolchevique Hugo Chavez, seul à même de négocier avec les guérilleros des Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC) dont Nicolas Sarkozy avait d'ailleurs salué le 5 décembre dernier le leader historique, « Monsieur Marulanda »... Dans le même temps où lui-même et Kouchner flétrissaient l'intransigeance du président Uribe vis-à-vis des rebelles marxistes - et mafieux. Mais "Ingrid" a été rendue à la liberté par un commando de l'armée nationale colombienne, si contestée par nos "élites" - y compris la famille Betancourt - lors d'une opération longuement pensée et rondement menée, « sans une égratignure ». À la grande joie de l'ancienne prisonnière saluant « Dieu, le président Uribe et nos soldats » d'un même souffle.
    Il était également entendu qu"'lngrid" était in articulo mortis et que toute semaine supplémentaire dans la jungle lui serait fatale. Mais, comme avant elle Florence Aubenas, journaliste à Libération et otage en Irak, la Colombienne est apparue dans une éblouissante forme physique et intellectuelle, restant debout des heures durant et s'exprimant longuement et avec une fluidité parfaite en français, langue qu'elle n'avait pas utilisée depuis six ans. Les examens pratiqués le 5 juillet au Val-de-Grâce ont d'ailleurs prouvé qu'elle se portait comme un charme. La photo diffusée fin novembre par ses geôliers et qui la montrait subclaquante était-elle un montage ou sa délivrance serait-elle survenue à une date antérieure, et dans des conditions bien différentes de la version officielle, de telle sorte que l'otage aurait eu le temps de se requinquer... et d'être débriefée par ses libérateurs ?
    Mais, justement, quelles ont été les conditions de cette libération miraculeuse ? Citant une « source proche des événements », la Radio Suisse Romande affirmait le 4 juillet que des dirigeants des FARC - en pleine crise après la mort de « Monsieur Marulanda » et les offensives colombiennes auraient touché 20 millions de dollars pour l'élargissement de quinze otages, dont trois agents du FBI bizarrement évaporés aussitôt que libérés et Ingrid Betancourt, et que l'opération de l'armée n'aurait été qu'une « mise en scène », Certes fort opportune alors qu'Alvaro Uribe, dont certains parents sont inquiétés par la justice, voudrait procéder à des élections anticipées. Mais d'où serait venu l'argent ? La France, dont « les caisses sont vides », démentait aussitôt avoir versé la moindre rançon. Il est possible que Washington, dont des agents auraient pris part à l'opération (de même que des conseillers israéliens) ait craché au bassinet et, de toute manière, Bogota - qui rejette les accusations helvétiques, émanant d'un "humanitaire" lié aux FARC n'a jamais caché utiliser une cassette pour le "retournement" des guérilleros. Reste l'étrange déclaration de l'ex-otage affirmant le même jour : « Je dois ma vie à ma douce France. Si la France n'avait pas lutté pour moi, je ne serais pas en train de faire ce voyage extraordinaire. » Faisait-elle allusion à la très imprudente proposition de l'Elysée d'accorder l'asile politique aux chefs des FARC dont la Colombie veut se débarrasser au plus vite ?
    Quant au « voyage extraordinaire », c'est celui qui la conduisait à Paris à bord de l'Airbus présidentiel dans lequel avaient été dépêchés la veille à Bogota les jeunes Mélanie et Lorenzo Delloye-Bettencourt et bien sûr le ministre Kouchner, aussi fier et épanoui que s'il avait lui-même bravé les périls de la selva pour délivrer "Ingrid". Un gaspillage de kérosène qui n'a pas semblé gêner celle qui s'était présentée en 2002 à la présidentielle colombienne sous les couleurs du parti Oxygène Vert - et était alors créditée d'un maigre 1 % des voix. Il est vrai que, malgré les épreuves subies, elle « ne regrette pas » davantage la folle imprudence qui l'avait fait s'aventurer alors dans une région contrôlée par les FARC bien que l'armée eût tout mis en œuvre pour l'en dissuader. « Si c'était à refaire, je le referais », confiait-elle le 3 juillet sur France 2.
    CELA suffit-il à faire une "héroïne" de cette aristocrate cosmopolite qui, par son assurance, sa classe et sa détermination, rappelle étrangement une autre « fille de », Indira Gandhi dont elle pourrait connaître désormais le fabuleux destin ? Dès à présent, ses plus frénétiques sectateurs n'hésitent pas en tout cas à la qualifier de « Jeanne d'Arc » et à exiger que lui soit décerné le prochain Nobel de la Paix.
    Pendant six ans, nous avons assisté en direct à une prodigieuse opération de sidération destinée à nous convaincre de la sainteté de cette nouvelle madone des descamisados et de l'obligation de tout faire pour la délivrer. Pas seulement à Paris mais jusqu'au fin fond des provinces, ses portraits encombraient le fronton des mairies, droite et gauche se disputaient la propriété de cette version "française" du Che Guevara, dont les media répercutaient le plus léger soupir, eux qui n'avaient jamais accordé le moindre intérêt aux milliers de nos compatriotes enlevés en Algérie à l'été 1962. Femmes et adolescentes comprises telle Denise Chasteau, 15 ans, à tout jamais disparue - en même temps que son frère Alain (16 ans) et que son père Roger (48 ans), pourtant haut fonctionnaire de la République.
    L'entreprise de sidération se poursuit afin que nul ne pose une question gênante, ne s'interroge sur une zone d'ombre, mais elle se double aujourd'hui d'une non moins spectaculaire entreprise de récupération. Déjà plébiscité par 82 % des Colombiens à la veille de l'opération salvatrice, Alvaro Uribe compte bien capitaliser sur le happy end du 2 juillet (encore qu'il reste encore 800 otages) pour obtenir les moyens d'un troisième mandat présidentiel. Mais il n'est pas seul à faire ce calcul. Qu'on se le dise : même si les grotesques tentatives de libération lancées par Villepin en 2003 puis par le tandem Sarkozy-Kouchner en février dernier ont lamentablement foiré, c'est à la patrie des Droits de l'homme et à elle seule qu'on doit le retour d'"lngrid" dans le monde des vivants. Ayant accusé a bon droit Sarkozy de se parer des plumes du paon colombien, Ségolène Royal s'est ainsi fait sévèrement tancer, y compris par ses "amis" du Parti socialiste. En commençant par Jack Lang et Bertrand Delanoë (qui avait fait de l'otage une citoyenne, d'honneur de la ville de Paris), bien décidés à battre du tambour dans le cirque Betancourt.
    Mais c'est évidemment le chef de l'Etat qui, chahuté dans les tumultes de l'Union européenne alors qu'il en prend la présidence, en butte à l'hostilité à la fois des armées et de l'audiovisuel public cabrés devant son arrogance et son autoritarisme brouillon, et à nouveau en chute libre dans les sondages (33 % seulement d'opinions favorables, soit une perte de 4 points en un mois selon le baromètre TNS-Sofres/Figaro Magazine : on est loin du 90 % atteint par Uribe le 7 juillet), entend tirer le plus gros bénéfice de la présence en France de Mme Betancourt. Nicolas serrant dans ses bras la nouvelle « Jeanne d'Arc », laquelle exprime toute sa gratitude et toute son "admiration" à « cet homme extraordinaire qui a lutté pour moi », telle est l'image qu'un président dévalué veut absolument imposer de lui au sommet du G8 au Japon du 7 au 9 juillet, puis à Paris dimanche prochain au sommet de l'Union pour la Méditerranée (où, comble de la félicité, l'indispensable Bouteflika a finalement consenti à venir). Sidération encore, et récupération.
    Le coup de com' réussira-t-il à faire oublier aux Français leur paupérisation croissante et les incessants tracas dus à ces grèves non moins incessantes mais dont, prétend Sarko, « personne ne s'aperçoit plus » ? Jusqu'à présent, le chef de l'Etat a beaucoup joué de l'« atout femme ». Sans grand succès.
    ✍ Rivarol du 11 juillet 2008
    <galic@rivarol.com>.