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géopolitique - Page 894

  • Mali : Réalités géopolitiques vues par Aymeric Chauprade (1ère partie)

    L’intervention du Mali, comme toutes les interventions occidentales depuis la fin de la Guerre froide (de l’Irak jusqu’à la Libye en passant par l’ingérence en Syrie) ne saurait être analysée de manière angélique, sous prétexte qu’elle serait une opération française. Inversement, elle ne saurait être assimilée à toutes les autres opérations parce qu’elle admet en effet ses propres déterminants.

    La guerre au Mali est la confrontation d’une multiplicité d’acteurs :

    1. l’État central malien (Bamako)
    2. les Touaregs indépendantistes de l’Azawad
    3. les groupes jihadistes
    4. l’État français et sa compagnie pétrolière Total (qui est certes une multinationale sur le plan capitalistique mais dont l’action politique reste coordonnée à celle de la France),
    5. l’État algérien avec d’une part son État profond (le puissant DRS, la sécurité militaire, coeur du régime) d’autre part sa société pétrolière étatique Sonatrach
    6. les États-Unis d’Amérique et leur État profond (composé d’éléments de la CIA, du Pentagone, de l’armée)
    7. l’État qatarien et ses intérêts pétroliers et gaziers
    8. deux États voisins, la Mauritanie et la Libye qui ont toujours joué un rôle crucial dans la question touareg.

    Ce sont là les principaux protagonistes de l’affaire malienne. Au second plan, d’autres acteurs chargés d’apporter aux acteurs de premier plan une légitimité en terme de droit international : les autres États africains (la CEDEAO), l’Union européenne…

    Voyons les intérêts et les motivations des premiers rôles qui s’affrontent sur la scène malienne, et pas forcément de manière visible.

    Cette analyse étant longue, j’ai décidé de la découper en deux parties. La première partie tentera d’y voir clair sur les motivations de l’État malien, des Touaregs indépendantistes et des groupes islamistes.

    La seconde partie abordera la question complexe des enjeux pétroliers et gaziers dans la zone (avec notamment les intérêts pétroliers français, qataris et algériens).

    Nous pourrons alors proposer une lecture de la crise qui s’articulera autour d’un bras de fer entre Paris, Alger et Doha pour l’essentiel, avec bien entendu aussi les États-Unis en « embuscade » et qui montrera, une fois de plus, que le terrorisme islamiste est largement instrumentalisé pour consolider ou restaurer les intérêts des principaux acteurs.

    1) L’État malien

    Afin de présenter l’État malien dans ses caractéristiques géopolitiques je m’appuie sur l’article « Mali » du Dictionnaire de géopolitique (Chauprade/ Thual) lequel date de 1999 dans sa deuxième édition. L’exercice consistant à revenir à ses anciens textes est peu pratiqué en France, et pour cause : s’il l’était, il abîmerait fortement la légitimité de la quasi-totalité de nos commentateurs médiatiques, surtout Olivier Roy, le génial visionnaire de la « fin de l’islam politique » (titre de son essai de 1992) lequel fanfaronnait encore sur les plateaux au début des printemps arabes, en 2011, en expliquant que sa thèse de la disparition de l’islamisme était la bonne et que la masse arabe ne rêvait que de démocratie occidentale… Cela fait penser à Francis Fukuyama s’excusant que la Fin de l’Histoire soit autant retardée depuis 1990 et nous demandant de patienter encore un peu (pour avoir raison)…

    La réalité, qu’elle nous plaise ou non, est qu’une partie importante des Arabes (mais pas forcément majoritaire) veut refonder la politique de leur pays sur les bases de l’islam politique tout simplement parce qu’elle refuse le mouvement global d’occidentalisation des valeurs; et que par ailleurs il convient, par simple honnêteté intellectuelle (et même si à titre personnel nous n’avons aucune sympathie particulière pour ce type de mouvance) de distinguer l’action terroriste jihadique et les partis politiques islamistes (type Frères musulmans). Si nous ne le faisons pas, nous ne comprendrons jamais pourquoi certains États peuvent avoir intérêt à créer des groupes ultra-radicaux se revendiquant de l’islam dans le seul but de décrédibiliser la masse d’un islam politique que je ne qualifierais pas de modéré (parce que cela ne veut rien dire) mais qui pour autant n’emploie pas forcément la violence terroriste comme moyen d’action politique.

    Fermons la parenthèse.

    Cet article « Mali » du Dictionnaire de géopolitique permet de rappeler deux idées essentielles :

    - premièrement la trace de l’action coloniale au Mali : les soldats français de l’opération « Serval » disposent en effet comme référence des « grands anciens de la colonisation » et d’une littérature militaire coloniale de qualité.

    - deuxièmement la coupure raciale qui caractérise le Mali.

    ” Le territoire du Mali correspond à l’ancien Soudan de l’Afrique occidentale française (A.O.F.). Ce territoire avait été conquis au XIXe siècle (Faidherbe puis Gallieni, 1880-1895) dans le cadre de la course au Niger menée par les autorités coloniales françaises (…). Sa base territoriale est formée par le bassin du Haut Niger et la boucle du fleuve Niger. Le territoire a subi de nombreuses mutations, à commencer par l’incorporation temporaire de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso) qui sera de nouveau détachée en 1919, puis la rétrocession à la Mauritanie de territoires du Nord-Ouest.

    À l’indépendance en 1958, le Soudan devenu Mali (du nom d’un prestigieux empire mandingue au XIVe siècle) fusionna un temps avec le Sénégal.

    Le Mali est formé d’une partie sahélienne et d’une partie saharienne qui s’articulent sur un bassin fluvial autour duquel irradient d’anciennes routes commerciales. Cette division géographique est aussi à l’origine de la division géopolitique du pays entre une masse de populations négro-africaines sédentarisées et une minorité de nomades qui vivent au Nord et qui occupent une grande superficie. Ces nomades, Touaregs ou Maures, sont entrés en rébellion dans les années 1990. Plusieurs mouvements se sont créés qui ont tous un but commun : la création de l’Azawad. En dépit des différentes tentatives de règlement, la césure sociale et ethnique demeure profonde. Elle s’insère dans les conflits qui secouent la bande sahélienne, de la Mauritanie au Tchad. Les différents mouvements en faveur de la libération de l’Azawad bénéficient du soutien discret de la Libye ou de la Mauritanie (…)

    La parcellisation des mouvements de libération de l’Azawad ne doit pas masquer la profondeur de leur opposition au gouvernement central. La faiblesse de l’unité intérieure du Mali constitue sans doute la caractéristique géopolitique majeure de ce pays” .

    13 ans après que ces lignes aient été écrites, et donc en janvier 2012, revenant de Libye après la chute de Kadhafi (avec lequel ils étaient alliés), les Touaregs du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) défont l’armée malienne et proclament l’indépendance de l’Azawad. Mais la lutte séparatiste ancienne menée par le MNLA est très vite débordée par une autre lutte, celle du jihad (lutte qui, en Afrique occidentale, n’a rien de nouveau, bien au contraire : je renvoie à ce propos à mon ouvrage Géopolitique, Constantes et changements dans l’histoire, Ellipses, 2007, p314 à 325 : l’islamisation de l’Afrique noire).

    Trois groupes principaux mènent ce jihad dans la région : Ansar Dine fondé par un leader historique du mouvement touareg, passé à la lutte islamiste ; le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest – MUJAO – et enfin Al Qaïda au Maghreb islamique – AQMI groupe historiquement beaucoup plus algérien puisqu’il est l’héritier du GSPC lui-même héritier des GIA de la guerre civile algérienne.

    Début avril 2012, le MNLA et ces groupes islamistes prennent le contrôle des capitales des 3 régions du Nord-Mali : Kidal, Gao et Tombouctou. Le 6 avril, le MNLA proclame l’indépendance de l’Azawad, ce qui était son but historique. Mais voilà que ce qui était prévisible se produit : l’islamisme submerge le nationalisme touareg, d’autant que le premier est susceptible de trouver bien davantage de soutiens extérieurs que le second. Fin juin 2012, le trio AQMI/MUJAO/Ansar Dine écrase le MNLA à Gao puis à Tombouctou. Commence la triste destruction de mausolées de saints musulmans à Tombouctou (représailles à la décision de l’Unesco de classer la ville patrimoine mondial en péril).

    Mais revenons à Bamako. Le but premier de l’État malien est de reprendre le contrôle du Nord et de se venger des Touaregs en s’appuyant sur la puissance française. C’est évidemment un but politiquement dangereux pour la France.

    Pour Paris, chasser les groupes islamistes du Nord du Mali ne doit pas pour autant déboucher sur une épuration ethnique anti-Touareg. À mesure que l’armée française va s’approcher de ses objectifs (faire reculer son ennemi) elle va se rendre compte que l’armée malienne qu’elle traîne dans son sillage s’emploiera à se venger sur les populations touaregs et cela risque de devenir un vrai problème à gérer pour Paris.

    Incapable militairement de résister face aux guerriers du désert, l’armée négro-africaine malienne, même aidée par d’autres troupes noires (CEDEAO) se trouve dans l’incapacité de restaurer l’unité du Mali (unité ô combien artificielle, comme nous l’avons vu auparavant) sans l’action militaire de la France.

    2) Les Touaregs indépendantistes du MNLA

    Les Touaregs sont 1,5 millions de nomades du Sahara (origine berbère mais métissage avec des Noirs et des Arabes) vivant sur plus de 2 millions de km2 (Niger, Mali, Algérie, Libye, Burkina Faso), souvent en marge de leur État d’appartenance.

    Au Mali, dans la région de l’Azawad, ils seraient environ 500 000 sur une population de malienne de 6 millions (au Niger les Touaregs sont 850 000 sur une population quasiment identique à celle du Mali soit 16 millions). Ce qui revient à souligner qu’une minorité d’un demi-million est en train d’écraser l’armée représentant la sécurité et les intérêts de 15,5 millions de citoyens maliens noirs ! Qui pourra contester à la France qu’elle se bat bien aux côtés de l’écrasante majorité de la population, laquelle, et c’est un fait établi et difficilement contestable, est attachée à son islam trempé de traditions africaines et refuse le modèle salafiste importé ?

    Affirmer cela ne signifie pas pour autant nier ou cacher le fait que la France a ses propres intérêts. Hollande dit que la France ne défend pas d’intérêt au Mali, c’est évidemment une plaisanterie (dictée par la sacro-saint principe d’hypocrisie droits-de-l’hommiste), plaisanterie sur laquelle nous reviendrons. Bien au contraire, je serais tenté de dire, de manière un peu provocante, que cela fait bien longtemps que la France mène une guerre pour ses intérêts propres et non pour des profits américains.

    La France a le droit d’avoir ses intérêts, comme n’importe quel autre État, et de les défendre, du moment que la défense de ses intérêts reste compatible avec la volonté majoritaire des populations concernées et que nous ne sommes pas en train de tout détruire pour nous emparer du pétrole, comme les Américains l’ont fait en Irak en 2003 et comme nous tentons malheureusement de le faire en Syrie, aux côtés des Américains, des Anglais et des Qataris.

    Dans le passé les Touaregs étaient loin d’avoir une position défavorable. Avant la colonisation française, ils étaient même les seuls, avec les Ethiopiens, à disposer de leur propre écriture et ils contrôlaient le commerce caravanier et d’immenses troupeaux. Avant la colonisation française – je renvoie encore à Géopolitique, constantes et changements dans l’Histoire ouvrage dans lequel j’analyse les mécanismes par lesquels la colonisation a abouti à l’inversion des rapports de force entre les ethnies traditionnellement dominantes et celles qui étaient dominées-, ce sont les Touaregs qui razziaient les Noirs d’Afrique et les Maliens redécouvrent aujourd’hui cette vérité. La vérité est que la colonisation a souvent été un cadre pacificateur (on parlait d’ailleurs de pacification) et protecteur pour les ethnies dominées d’Afrique noire. Elle a en revanche été une catastrophe et une perte de puissance pour les ethnies anciennement dominantes. En refusant, par exemple, l’école française de la colonisation, les Touaregs ont créé eux-mêmes, au moment des indépendances, les conditions de leur marginalisation au profit des Noirs.

    Lorsque s’effondre ce cadre de la Guerre froide qui avait gelé tant de conflits identitaires dans les États, les Touaregs relèvent la tête et entrent en rébellion au Niger et au Mali. Finalement en 2009, des accords de paix aboutissent théoriquement à un décentralisation des régions touaregs assortie d’une large autonomie de gestion. Comme ces accords ne sont pas appliqués, plusieurs ex-leaders touaregs qui avaient été intégrés dans l’armée maliennes désertent. Le problème est d’autant plus grave que les Américains (je reviendrai sur ce point capital), dans le cadre de leur coopération militaire anti-terroriste avec le Mali et avec de nombreux autres États de la zone (la Pan Sahel Initiative qui deviendra la TSCI), ont souvent choisi de s’appuyer sur des officiers touaregs – avaient-ils une idée machiavélienne derrière la tête ou agissaient-ils ainsi de manière pragmatique parce qu’ils constataient que les Touaregs sont les meilleurs combattants?

    Dans cette affaire la chute de Kadhafi, voulue et provoquée, faut-il le rappeler, par la présidence de Nicolas Sarkozy en accord avec les Américains et les Anglais, est directement à l’origine de ce qui se passe aujourd’hui au Nord-Mali. Lorsque les forces kadhafistes s’effondrent, les centaines de Touaregs du MNLA qui combattaient à leurs côtés rentrent précipitamment au pays lourdement armés et rallument la flamme combattante du séparatisme. En janvier 2012, la rébellion touareg, dont la composante essentielle est le MNLA, demande explicitement l’indépendance du Nord-Mali et passe à l’offensive.

    Depuis, le MNLA a été dépassé militairement par les trois groupes islamistes (Ansar Dine, Mujao et AQMI) mais il conserve pourtant le gros des effectifs car seule une petite fraction de ses membres a rallié Ansar Dine.

    Aucune sortie durable de la crise n’est en réalité possible sans le MNLA. Une entente doit se faire entre Bamako/Paris d’un côté, le MNLA de l’autre, afin de régler la question islamiste dans la zone. Paris est en position de force car Bamako ne peut plus rien sans les troupes françaises et par conséquent les militaires français doivent s’allier avec le MNLA, composante séparatiste mais non jihadiste des Touaregs, pour chasser les islamistes de la zone. S’ils l’armée française ne sous-traite pas aux Touaregs le « nettoyage » de cet immense espace à la fois désertique et montagneux, elle entrera dans un tunnel sans fin et sans doute plus coûteux financièrement que meurtrier (car militairement l’opération restera beaucoup plus maîtrisable que l’Afghanistan).

    Ensuite, la France doit se placer en position de médiation entre le MNLA et Bamako. L’affaire est cependant plus complexe qu’il n’y paraît. Il n’existe pas un, mais trois Azawad : le Sud (Songhay et Peuls), le long du Niger, le Nord territoire des Touaregs et l’Ouest saharien arabe.

    3) Les groupes jihadistes

    Il est rapporté que 3 groupes islamistes se trouvent impliqués dans l’affaire du Nord-Mali. Deux groupes qui présentent un caractère identitaire local : Ansar Dine, émanation islamiste radicale du MNLA, le mouvement historique de combat des Touaregs et dont la base originelle est Kidal ; le Mujao (base Gao) ; AQMI qui lui est un ensemble de groupe beaucoup plus algérien et qui s’inscrit dans la filiation GIA/GSPC.

    Mon analyse sur l’islamisme radical et terroriste est bien connue. Pour chaque mouvement identifié et analysé il convient de se poser deux questions :

    1. Quelle est la part locale et la part globale (le lien avec une « internationale » islamiste) ?
    2. Quelle est la part authentique (combattants authentiquement islamistes) et la part infiltrée/fabriquée (groupe infiltré par des services étatiques et dont les actions orientées obéissent à une stratégie de la tension de la part d’un ou plusieurs États) ?

    Nous n’avons pas le temps de refaire ici l’histoire du terrorisme islamiste et celle-ci a d’ailleurs été abondamment traitée. Pour dire les choses simplement, deux lectures s’opposent. Une première lecture, dominante, médiatique est celle qu’Al Qaïda, et plus globalement le « terrorisme international », sont des forces autonomes, obéissant à leur propre agenda, et qui mènent une guerre contre l’Occident. La deuxième lecture (qui est la mienne) considère le terrorisme islamiste comme la combinaison d’un combat authentique (des jihadistes mènent réellement une guerre terroriste contre « l’Occident impie ») et d’une instrumentalisation/manipulation de la part de services étatiques.

    Or, on ne peut comprendre cette deuxième lecture si l’on occulte la dimension mafieuse du phénomène jihado-terroriste. Cette dimension mafieuse est admise dans les deux lectures. Les médias officiels ne manquent pas de souligner en effet qu’AQMI (Al Qaïda du Maghreb islamique) travaille main dans la main avec les cartels colombien et venezuelien pour faciliter l’acheminement par voie aérienne de cargaisons de drogue vers le désert saharien, laquelle drogue repartirait ensuite vers l’Europe. Ils parlent de « Mister Malboro » à propos du terroriste Mokhtar Ben Mokhtar ceci afin de bien souligner son implication dans des trafics de cigarettes. Mais trafics de drogue, cigarettes, et même immigrés clandestins, autant que prises otages sont les diverses facettes d’une économie du crime que contrôlent ces groupes sahariens, dans la droite ligne de la contrebande saharienne la plus ancienne. Rien de neuf sous le soleil saharien.

    En insistant d’ailleurs tellement sur cette dimension mafieuse (laquelle, je le répète, n’est contestée par personne), les médias finissent par nous amener à nous demander ce qui compte le plus pour ces terroristes : l’argent (le trafic) ou le jihad? L’argent mafieux sert-il à financer le jihad ou bien le jihad n’est-il qu’un alibi pour couvrir le trafic? Difficile de répondre mais ce qui est certain est que la confusion entre argent sale et idéologie montre que ces groupes peuvent accueillir en leur sein (et même à leur tête) des infiltrés n’ayant d’autres but que de mettre l’action terroriste en conformité avec l’agenda du service d’État qu’ils servent.

    Ce que je crois, c’est qu’Al Qaïda est un instrument de l’État profond américain qui justifie, depuis la fin de la Guerre froide, une bonne partie de la projection de puissance américaine, et qu’AQMI est le faux-nez maghrébin de cet instrument occulte, mais avec une différence notable avec les autres composantes régionales d’Al Qaïda (Afghanistan, Irak, Yémen…) : l’État profond américain ne contrôle pas directement AQMI. C’est en effet très probablement le DRS algérien, la sécurité militaire algérienne, qui contrôle AQMI.

    Là encore la démonstration serait longue à donner mais elle existe et elle a été donnée depuis longtemps par des auteurs suisses, britanniques ou allemands mais hélas pas français car en France tout le monde craint l’Algérie et ses coups tordus.

    J’en profite pour dire que sur ce sujet je suis ouvert au débat mais certainement pas avec les disciples de Glucksmann ou Lévy qui d’un côté ne cessent d’accuser Moscou de terrorisme occulte et de l’autre traitent de complotistes ceux qui ont compris que le premier de tous les « États profonds » était américain!

    À propos du DRS, je renvoie ici notamment aux travaux du britannique Jeremy Keenan, ou bien à l’étude extrêmement pointue « Al Qaïda au Maghreb ou l’étrange histoire du GSPC algérien » par François Gèze et Sallima Mellah (Septembre 2007). Il ne fait aucun doute que les GIA ont été créés durant la guerre civile algérienne, en tant qu’organisation contre-insurrectionnelle, dans le but premier de discréditer, par des crimes atroces perpétrés contre la population, le combat armé d’un Front Islamique du Salut (pour lequel, je tiens à le préciser, je n’ai aucune sympathie, bien au contraire) qui avait gagné les élections. Il ne fait guère de doutes non plus que ces GIA se sont transformés en GSPC après la guerre civile et sont montés en puissance après le 11 septembre 2001, lorsque l’État profond algérien a compris, non seulement que l’État profond américain était derrière Al-Qaïda, mais que si Alger ne voulait pas subir l’agenda américain dans le Sahara, il fallait devancer celui-ci.

    Le GSPC est né du « magnifique » esprit d’initiative algérien lequel a su offrir aux Américains l’ennemi qu’ils attendaient (jusqu’à prendre en 2007 le nom d’Al Qaïda du Maghreb islamique) pour justifier leur implantation dans le Sahara (implantation au service d’autres intérêts plus classiquement géostratégiques, pétroliers et gaziers, dont nous parlerons après).

    Au fond, les Abdelrrazak El Para et autres Mokhtar Ben Mokhtar, ces personnages qui ont dirigé actions terroristes et prises d’otages occidentaux, sans jamais se faire prendre et en laissant leurs acolytes se faire tuer à leur place, présentent le même profil qu’Oussama Ben Laden mystérieusement porté disparu en mer. Ils ont d’abord travaillé pour l’État profond de l’État qu’ils se sont mis ensuite officiellement à combattre. Ben Laden fut membre de la CIÀ et quasiment tous les chefs des katibas islamistes du GSPC puis d’AQMI sont d’anciens officiers de l’armée algérienne. Bien formés ces officiers, après avoir infiltré (peut-être créé dans certains cas) les cellules combattantes ont pu en prendre aisément le commandement.

    Une réalité indicible dans nos médias, du fait de l’ampleur des intérêts économiques français en Algérie, de la collusion aussi des élites politiques françaises avec le régime algérien (il fallait voir encore récemment le ministre Valls louer l’efficacité des forces spéciales algériennes…)… mais une vérité pourtant depuis longtemps évidente en dehors de France: AQMI/Polisario, DRS algérien le trafic de drogue saharien sont une seule et même organisation du crime dont le but est double : l’enrichissement personnel des généraux algériens bien sûr lesquels supervisent le trafic de drogue réalisé par les chefs terroristes ; mais aussi la survie du régime (laquelle va de paire avec le premier but) en faisant de celui-ci l’incontournable rempart contre le fondamentalisme, un rempart que la vague de révolutions arabes ne saurait attendre, et qu’elle n’atteindra d’autant moins que les Occidentaux (en premier lieu Américains et Français comprendront qu’il n’y a d’autre alternative crédible que le maintien du régime algérien).

    Or ce régime est une calamité pour la jeunesse algérienne, privée d’avenir, au chômage à 40%, volée par son « élite » de ses richesses fabuleuses (rente gazière et pétrolière), et par voie de conséquence une calamité pour la rive nord de la Méditerranée (Europe) qui, inéluctablement, verra fondre sur elle des candidats à l’immigration de plus en plus nombreux. Une politique de courte vue de plus de la part des dirigeants européens!

    Grâce au GSPC et à AQMI, l’État algérien a pu apparaître depuis 2001, aux yeux des États-Unis et de la France (pour le grand public du moins, car dans les structures de pouvoir personne n’est dupe) comme un rempart contre l’islamisme radical dans la région. Et la stratégie a fonctionné, jusqu’aux révolutions arabes qui ont emporté les uns après les autres (Tunisie, Egypte, Yémen) tous les régimes autoritaires « laïcisants » (terme à prendre avec extrême précaution s’agissant de pays musulmans), avant que l’Occident ne s’en prenne ensuite directement à ceux qui ne tombaient pas d’eux-mêmes (Libye, Syrie).

    Donc pour le DRS cela ne faisait pas l’ombre d’un doute, l’Algérie était la suivante sur la liste, à moins d’écarter l’Occident du sillage des islamistes politiques (ceux qui allaient devenir majoritaires dans de nombreux pays à la suite de l’écroulement des régimes forts) et de le ramener à la « grande époque » de la guerre contre le terrorisme international.

    Parmi ces trois groupes islamistes agissant au Mali, si l’on me demandait « qui contrôle qui », je répondrais que le DRS contrôle d’abord AQMI tandis que le Qatar finance et a de l’influence sur les deux autres mouvements (MUJAO et Ansar Dine) avec des buts radicalement différents de l’Algérie comme nous le verrons dans la deuxième partie.

    Un autre élément qui n’est pas souligné est qu’au moins deux de ces groupes (le MUJAO c’est certain, AQMI c’est probable) ont des contacts forts avec le POLISARIO, mouvement séparatiste sahraouï soutenu basé dans les camps de Tindouf (territoire algérien). Il est quasiment avéré en effet que le groupe de terroristes qui s’est emparé du site gazier d’In Amenas en Algérie venait des camps de Tindouf, autrement dit qu’il est bien parti du territoire algérien (et ceci bien que l’Algérie ait pointé du doigt la Libye). Là encore il s’agit d’une réalité sur laquelle je tente d’alerter au moins depuis 2005, à travers les différentes interventions que j’ai faites à la tribune de l’ONU, en tant qu’expert mandaté par la partie marocaine, rôle que j’assume pleinement tant je crois au bien fondé historique de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental – mais une souveraineté « intelligente » dans un cadre d’autonomie élargie.

    Le glissement progressif (comparable à celui du MNLA) du mouvement Polisario non seulement vers la criminalité (trafics en tous genres) mais aussi vers le fondamentalisme religieux devrait être une source de préoccupation pour les pays occidentaux. Nombreux sont les événéments, depuis 2005, dans cette sous-région du Sahara, qui montrent des liens entre certains éléments du Polisario et Aqmi/Mujao. C’est le moment de rappeler d’ailleurs que les problèmes non résolus de séparatismes (Sahara occidental et Touaregs) finissent malheureusement par dégénérer en problèmes d’islamisme radical.

    Seule une solution équilibrée consistant à défendre la souveraineté des États (Mali, Maroc, Niger…) mais en aménageant des autonomies réelles pour les minorités nomades pourra permettre de ramener la stabilité dans la région.

    Pour comprendre les motivations des autres acteurs, il convient aussi de parler des enjeux de ressources (pétrole, gaz, uranium). Autant les États-Unis en effet, que la France, le Qatar ou l’Algérie ont des visées pétrolières et gazières importantes dans le Sahara. Chacun de ces États a intérêt à favoriser la situation géopolitique la plus à même de le placer en position de force dans les discussions relatives au partage des richesses.

    Nous analyserons dans la deuxième partie ces enjeux pétroliers et gaziers et affinerons notre analyse des intérêts français, algériens, qataris, américains, mauritaniens et libyens dans la crise actuelle.

    Fin de la première partie

    par Aymeric Chauprade 

    Realpolitik.tv  http://fortune.fdesouche.com

  • L’opération au Mali, coup dur pour le budget en période de rigueur

    L’intervention militaire française au Mali pèsera lourdement sur le budget des opérations extérieures des armées (Opex) et révèle déjà des insuffisances en matière de transports, un domaine pour lequel la France est contrainte de faire appel à ses alliés.

    François Hollande recevant à l’Elysée des représentants d’associations maliennes en France, le 13 janvier 2013

    Combien ça coûte ? “Je ne peux pas l’évaluer encore. Tout cela sera public, évidemment” : une semaine après le début des opérations, Jean-Yves Le Drian, doit déjà répondre aux interrogations sur leur coût financier. D’autant que le ministre de la Défense a prévenu que l’engagement “sera long“.

    Concrètement, les crédits dédiés aux Opérations extérieures (Opex) pour 2013 s’élèvent à 630 millions d’euros. En baisse d’environ 90 millions par rapport à 2012, en raison du retrait français d’Afghanistan. Mais les économies escomptées du retrait afghan devraient être effacées par l’opération au Mali.

    C’est une opération qui durera au minimum une bonne partie de 2013, sinon toute l’année 2013. Ca ne tiendra pas dans le budget“, estime Axel Poniatowski, ancien président UMP de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale.

    En 2011, année des opérations en Libye, le coût des Opex avait atteint 1,2 milliard d’euros. Il s’agissait alors d’une opération aéronavale très différente de l’intervention au Mali, avec une campagne aérienne de huit mois et le déploiement du porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée.

    Ca n’aura pas d’incidence sur le budget de la défense“, souligne pour sa part Jean-Louis Carrère, le président PS de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat.

    Quand le budget Opex est dépassé, le gouvernement abonde habituellement les crédits, pour ne pas plomber le budget défense.

    Le coût des opérations au Mali dépendra en premier lieu de leur durée. Mais les premiers jours du conflit ont confirmé certaines insuffisances des armées, notamment en moyens de transport et de ravitaillement.

    Paris a dû demander l’aide de ses partenaires pour acheminer du matériel. La Grande-Bretagne, le Danemark, la Belgique ou le Canada, ont accepté de fournir des avions de transport et les Etats-Unis devraient également participer.

    Autres conséquences financières, les opérations extérieures précipitent l’usure du matériel, en particulier dans des zones éprouvantes comme le Sahel.

    Les Transall utilisés pour acheminer les troupes sont à bout de souffle et les deux drones Harfang de l’armée de l’air en bout de course après trois ans de service et 5.000 heures de vol en Afghanistan.

    Les militaires disent que les équipements français qui sont déployés permettent à peu près d’assurer une opération comme celle-ci, mais qu’on est vraiment très limite“, souligne Axel Poniatowski.

    Autant d’inquiétudes qui viendront alimenter le débat sur le nouveau Livre blanc de la défense, qui devra s’attacher à faire coller les nouvelles priorités stratégiques aux capacités budgétaires de la France.

    L’opération au Mali peut également servir de vitrine de la haute technologie française, notamment des avions Rafale, engagés dès les premiers jours. L’Inde, qui selon des sources proches des discussions pourrait en commander jusqu’à 189 à Dassault Aviation, avait annoncé son choix après que l’avion de combat français ait fait ses preuves lors de la guerre en Libye.

    Libération via http://fortune.fdesouche.com

  • “Et si Assad était en train de gagner en Syrie ?”

    Contrairement à ce que laisse penser une partie de la presse occidentale, le régime de Bachar Al Assad est loin d’être au bord du gouffre, tant sur le plan politique que militaire. Malgré de réelles difficultés, le pouvoir en place réussit peu à peu à se poser dans l’opinion comme le seul rempart crédible contre l’ingérence étrangère et l’instauration d’un état islamique.

    Atlantico : Dans son discours dimanche dernier, Bachar el Assad s’est dit ouvert sous certaines conditions à l’organisation d’élections dans son pays. Certains voient cette ouverture comme la dernière tentative de survie d’un régime au bord de l’agonie politiquement. Qu’en est-il en réalité ?

    Fabrice Balanche : Le discours de Bachar al-Assad, dimanche 6 janvier 2013, était tout d’abord destiné à montrer qu’il demeure le Président de la Syrie et qu’il entend le rester. Il oppose un démenti cinglant à l’opposition qui répète depuis près de deux ans que le régime n’en a plus que pour quelques semaines, aux chancelleries occidentales qui évoquent son prochain exil à Cuba, en Russie ou au Vénézuela. Le contexte militaire se prête à cette prestation, puisque les forces du régime ont repoussé les rebelles des périphéries de Damas ; la ville de Homs, “capitale de la révolution” est presque de nouveau sous le contrôle de l’armée régulière, quant à Alep, les rebelles ne sont pas parvenus à la prendre, malgré leur “offensive décisive”[1] de septembre dernier. Certes, les rebelles ont gagné du terrain dans l’Est et le Nord, mais ils n’ont pas réussi à s’emparer des grandes villes, fermement tenues par les forces du régime.

    Bachar al-Assad s’adresse avant tout à ses partisans, à qui il veut donner confiance dans la victoire prochaine. Vu d’Occident et à travers la médiation de l’opposition syrienne, cela peut paraître complètement irréaliste[2]. Son but n’est pas de convaincre l’opinion publique occidentale, ni d’amener vers lui la Coalition Nationale Syrienne du cheikh Moaz al Khatib. Au contraire, il a traité cette dernière de “marionnettes de l’Occident” et “d’esclaves”, refusant toutes négociations avec eux. Bachar el Assad annonce un processus de dialogue national, suivi d’élections législatives puis des présidentielles en 2014, conformément au calendrier habituel. Aucun changement par rapport à la ligne adoptée au début de la crise, et on ne peut être que dubitatif quant à la sincérité de son plan de paix.

    Ce n’est pas la dernière tentative de survie d’un régime à l’agonie. Il s’est affaibli, mais il ne montre pas de signe d’écroulement ou d’être engagé irrémédiablement sur la fin. Tous les espoirs luis sont encore permis de se redresser, si les paramètres locaux et internationaux ne sont pas modifiés. Car, dans la situation actuelle, l’opposition ne peut pas l’emporter.

    Comment se partage aujourd’hui l’opinion publique ? Peut-on parler d’un réel consensus anti-Assad au sein de la population ?

    En choisissant l’Opera de Damas, qui est une des plus grande salle de la capitale, et non le parlement ou un amphithéâtre de l’Université, Bachar el Assad a voulu donner l’impression qu’il dispose d’un large soutien populaire. Il s’est risqué à un bain de foule à l’intérieur de l’opéra, mais nous n’avons pas vu de manifestation de ses partisans à l’extérieur, comme c’était le cas en 2011, au début de la crise. Une minorité, notamment parmi les minorités confessionnelles, la bourgeoisie et l’appareil bureaucratique, soutient fermement Bachar al-Assad, une autre minorité, dans les classes populaires arabes sunnites et les cercles intellectuels, le déteste franchement et exige son départ. Mais pour la majorité des Syriens, c’est le retour à la paix qui est primordial, même si le maintien de Bachar al-Assad à la tête de l’Etat est le prix à payer. Plus que l’adhésion de la population, c’est l’apathie de la population que le régime recherche.

    Il veut montrer, par sa ténacité, qu’il se battra jusqu’au bout et que sa fin signifiera le chaos[3]. Cela incite les Syriens à abdiquer leurs revendications politiques pour un retour à la sécurité. L’objectif de Bachar al-Assad est de prouver que son régime est davantage capable que l’opposition d’assurer cette sécurité, dans le but de priver les rebelles du soutien de la population. Il s’agit d’une technique classique de contre-insurrection qui s’appuie sur un principe simple : la population suit toujours celui qui inspire le plus de crainte et qui est susceptible d’assurer la sécurité, indépendamment de la justesse de sa cause. Les bombardements de l’aviation syrienne sur les zones tenues par les rebelles, n’ont d’autre objectif que de plonger les civils dans l’insécurité.

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  • l'imposture Ben Laden

    Le 3 mai dernier, lors d'un des programmes télévisés du très « politiquement incorrect » Alex Jones, le professeur Steve R. Pieczenik qu'il interviewait, annonça tout de go « qu'Oussama Ben Laden était mort en 2001 et qu'il était prêt à témoigner devant un grand jury, qu'un général de haut rang lui avait dit en personne que la tragédie du 11-Septembre était un coup monté (false flag inside job) ».
    Cette information a de quoi surprendre lorsque l'on sait que S. R. Pieczenik a été sous-secrétaire d'État sous Nixon, Ford et Carter, a servi sous Reagan et Bush senior, et travaille présentement comme consultant pour le département de la Défense américaine. Recruté par Lawrence Eagleburger*, Pieczenik a développé les principes de base de la guerre psychologique et du contre-terrorisme ainsi qu'élaboré des stratégies de secours d'otages, employées aujourd'hui dans le monde entier. Ses références démontrent qu'il est l'un des hommes les plus impliqués dans les réseaux de renseignements depuis plus de trente ans. Ce qui lui confère une sorte d'immunité devant toute accusation de « théoricien du complot » et rend irréfutables ses déclarations publiques.
    Il y a déjà neuf ans, en avril 2002, Pieczenik avait fait la même révélation, convaincu que le gouvernement US attendait le moment politiquement le plus opportun pour exhiber le corps d'Oussama — qu'il disait avoir d'ailleurs rencontré et avec qui il avait travaillé en Afghanistan lors de la guerre contre les Soviétiques, au début des années 1980.
    « Ben Laden n'est plus, avait-il alors insisté, non parce qu'il a été tué mais parce qu'en tant que médecin, je sais que les médecins de la CIA qui l'ont traité à Dubai en juillet 2001, ont noté dans leur dossier qu'il souffrait du syndrome de Marfan [affection génétique dégénérative incurable]. Il était déjà très malade... poursuivait Pieczenik, Ben Laden est mort dans sa caverne de Tora Bora, peu après le 9-11 et les autorités le savaient avant d'envahir l'Afghanistan... » Revenant sur les récents événements, Pieczenik insistait : « Les services du renseignement ou la CIA ont-ils orchestré cette situation ? La réponse est oui, catégoriquement oui. Le véritable scénario de tous ces gens assis (Biden, Hillary Clinton et Obama) devant l'écran, l'air absorbé, est absurde ! C'est une totale invention... Pourquoi le gouvernement ment-il toujours aux Américains ? ». Et d'avancer que, d'après lui, le lancement de ce canular venait du fait que la cote d'Obama était au plus bas suite, entre autres, à la polémique au sujet de son certificat de naissance [apparemment forgé]. « Cette farce est aussi une façon d'isoler le Pakistan, renchérit Pieczenik, pour son opposition à l'emploi du drone "Predator" qui a fait des centaines de victimes pakistanaises. Tout était orchestre : ces gens, ce président arrivant comme un zombie pour vous dire qu'ils avaient tué Ben Laden, déjà mort depuis neuf ans, c'est le plus gros mensonge que j'ai entendu... une plaisanterie de mauvais goût faite aux Américains. Ils veulent tellement qu'Obama soit viable ; ignorer la possibilité qu'il ne soit pas né ici, que ses antécédents aient été trafiqués pour le rendre acceptable... réélire ce président afin de duper le peuple américain un fois encore ».
    Invité par Alex Jones à revenir au 11-Septembre Steve Pieczenik ne mâcha pas davantage ses mots : « On s'est servi de Ben Laden comme on l'a fait pour le 9-11, a-t-il répondu, ce qui a permis d'attiser les émotions, les sentiments des Américains afin d'entrer dans une guerre qu'il était nécessaire de justifier, à partir d'une histoire de terrorisme créée par Bush junior et Dick Cheney ». Certifiant derechef qu'il était prêt à révéler le nom du général en question, devant un grand jury et nommant Dick Cheney, Paul Wolfowitz, Stephen Hadley, Elliott Abrams, et Condoleezza Rice comme principaux responsables, il ajoutait : « Ils ont perpétré ces attaques... Ils ont mobilisé le peuple américain sous de fallacieux prétextes... cela m'a été dit par ce général de l'état-major de Wolfowitz — j'irai devant un comité fédéral pour dire qui il est afin que [cette histoire] apparaisse au grand jour, selon la loi, non pas devant cette absurde commission du 9-11 ».
    Se défendant d'être libéral, conservateur ou membre de Tea party, avouant avoir lui-même enseigné ce genre d'opérations, Pieczenik se dit tout simplement américain et profondément inquiet de la direction que prend son pays. Son témoignage médiatisé fait écho à ceux, plus discrets, de nombreux professionnels des services de renseignements états-uniens. Puissent-ils être entendus.
    Michelle Favard-Jirard. Rivarol du 25 juillet 2011
    * décédé voici deux semaines à l'âge de 80 ans, non sans avoir été encensé par le directeur de l'American Jewish Committee, David Harris « pour avoir présidé la commission internationale des demandes d'indemnité pour les rescapés de l'Holocauste de même que pour avoir été un farouche supporter de la juiverie soviétique (sic) et des relations israélo-étatsuniennes ».

  • L'Occident entre l'Être et le Néant.

    La question de l'être a toujours taraudé l'Occident. Shakespeare fait dire à Hamlet « To be or not ta be » phrase que les lycéens récitent de façon mécanique mais qui ne peut vraiment être comprise dans toute sa plénitude et sa densité qu'après avoir lu Être et Temps de Martin Heidegger.
    Ce philosophe allemand à interrogé et souvent choqué beaucoup d'Européens par son engagement politique qui ne peut sans doute être compris que dans une perception du nazisme, expression de l'Être de l'homme blanc dans toute sa radicalité. La fameuse phrase ; « la grandeur et la vérité interne du national-socialisme » a fait beaucoup réagir Jürgen Habermas.
    Le corollaire de l'Être est le Néant et il a toujours obsédé l'homme blanc. Spengler le prophétisait déjà dans « le déclin de l'Occident ».
    Le Néant aujourd'hui est représenté par la néantisation de la pensée que l'on décèle par la place accordée à l'anti-pensée, la parole donnée de façon presque exclusive à tout ce qui ne pense pas ( hommes et femmes de télé, du spectacle, top-models, chanteurs, hommes politiques qui ne recherchent que le consensuel et les voix ... ).
    La culture occidentale est fondamentalement une culture de l'Être à la différence des cultures africaines qui sont celles du groupe ou asiatiques qui nient le "Moi» ou l'étouffent.
    Les philosophes comme Schopenhauer ou Nietzsche ont été les chantres de l'individualisme, de l'individu comme idéal : « faire de sa vie une œuvre d'art ».
    On a dans le livre « aphorismes sur la sagesse dans la vie » une véritable apologie de la solitude inhérente selon l'auteur à l'épanouissement du «moi» ou de l'individu.
    Après avoir imposé son être au reste du monde, l'Occident est actuellement dans une période de culpabilité qui tient à deux facteurs :
    - la période post-coloniale où l'homme blanc a été accusé d'avoir exploité les indigènes et détruit leurs cultures
    - le rappel incessant de la période nazie qui implique que toute exaltation de l'homme blanc et de ses représentations doit être bannie.
    L'Occident doit même accueillir sur son sol tous les peuples du tiers-monde pour expier on ne sait quelles fautes passées, ce qui a comme conséquence fatale une néantisation de lui-même. Cette culpabilité a été développée par certains penseurs comme Sartre qui avait des raisons plus ou moins troubles de ne pas être fier de son statut de Français ou d'Européen.
    Son engagement politique a sans doute été très lié à son corps disgracieux.
    Tant ce qui vient d'ailleurs est surévalué comme par exemple les musiques africaines qui inondent l'Occident et peuvent provoquer de façon insidieuse une destruction de l'être de l'homme occidental. Ces expressions culturelles privilégient le groupe et nient l'individu. Les jeunes dont l'individualité n'est pas encore structurée sont les plus réceptifs à ce phénomène. Les religions et les philosophies à la mode sont celles qui viennent d'Asie, comme le bouddhisme car elles prônent le néant et offrent la jouissance de ne pas avoir à assumer son existence.
    Tout est dilué dans tout. Elles sont bien sur de façon ridicule vantées par tout ce qui ne pense pas dans notre société ( acteur de cinéma, individus desséchés par une formation trop scientifique ou technique on).
    Avoir de l'être, de la personnalité devient presque obscène à notre époque. On ne peut qu'être écolo, humaniste, pro-immigrés, s'auto-flageller en permanence ...
    La France et sa culture néantisante des droits de l'homme, son passé colonial et sa culpabilité liée à la seconde guerre mondiale pour avoir été une puissance vaincue et soi-disante collaboratrice, est sans doute le pays en Europe le plus au cœur de cette dialectique de l'Etre et du néant.
    Les choix deviennent radicaux. Prôner l'être devient une position fasciste ou fascisante pour certains.
    Dans cette course au néant, l'école ou l'éducation nationale y ont leur part puisqu'elles donnent aux jeunes Français une vision négative de leur identité. Ceci pose la question de la provenance du corps enseignant et pourquoi cette vision du monde est dominante (statut ou prestige de l'enseignant faible aux yeux de la société ? ).
    Le combat de certains révisionnistes peut aussi s'expliquer par la volonté de déculpabiliser l'homme blanc qui puisse ainsi renouer avec son être.
    La critique la plus fréquente faite à l'Occident est celle d'être trop matérialiste mais la matérialité n'est pas incompatible avec la spiritualité. Que veut-elle d'ailleurs dire lorsqu'on meurt de faim ? Les moines d'Occident et d'Orient vivent dans un cadre matériel architectural d'une grande beauté qui est propice au développement de leur spiritualité.
    L'Occident ne retrouvera son être qu'en se déculpabilisant et en donnant la parole à ceux qui pensent l'être de l'Occident et non son néant.
    PATRICE GROS-SUAUDEAU STATISTICIEN-ECONOMISTE

  • L’Ukraine boycottée ou la vengeance de l’Occident

    L’Ukraine est menacée de boycott, non pas pour le sort infligé à Madame Timochenko mais pour l’orientation pro-russe du Président Ianoukovitch
    Le prolongement des accords russo-ukrainiens sur la présence de la flotte russe en Mer Noire a heurté les Etats-Unis

    Quelques semaines avant le début des matches pour la coupe européenne de football, l’Ukraine, pays hôte, est mis sous pression. Le président de la Commission de l’UE, Barroso, a renoncé à sa visite lors des matches, de même que plusieurs hommes politiques en vue d’Europe occidentale. Quant au ministre allemand des affaires étrangères, Westerwelle, il a adressé quelques remontrances au gouvernement de Kiev: “Le gouvernement ukrainien doit savoir que le chemin vers l’Europe passe par un pont qui repose sur deux piliers: la démocratie et l’Etat de droit”.

    Le motif officiel de ces tensions croissantes est la détention de Ioulia Timochenko. L’ancienne première ministre a été condamnée l’automne dernier à sept années de prison pour corruption, parce qu’elle avait conclu un accord gazier avec la Russie, que les juges ont considéré comme défavorable à l’Ukraine. Ces accords ont entraîné une perte de quelque 137 millions d’euros. L’Occident a sévèrement critiqué ce jugement: il critique le Président pro-russe Viktor Ianoukovitch d’avoir voulu se débarrasser d’une adversaire mal aimée. “En infligeant une sentence sévère à l’encontre de Madame Timochenko, le gouvernement Ianoukovitch a rejoint la liste, toujours plus longue, des gouvernements qui utilisent le droit pénal pour l’appliquer à d’anciens dirigeants. Des anciens premiers ministres, des présidents, des ministres et des chefs de l’opposition —tous adversaires politiques de ceux qui sont au pouvoir— sont désormais traduits en justice ou menacés de poursuites judiciaires”, écrit Arch Puddington, vice-président de “Freedom House”, une boîte américaine spécialisée en propagande. Toute une batterie de nouveaux reproches ont fait déborder le vase: la “princesse du gaz” Timochenko se verrait refuser des traitements médicaux en prison, elle y serait maltraitée, etc.

    Mais en fait cet assaut propagandiste et médiatique contre l’Ukraine, qui est un pays où la notion d’Etat de droit est différente de celle en vigueur en Occident, a d’autres motivations: il vise le Président Ianoukovitch. Il y a deux ans, quand celui-ci a battu le pro-occidental Viktor Iouchtchenko qui, aux côtés de Ioulia Timochenko, était la deuxième icône de la “révolution orange” soutenue par les Etats-Unis, la politique ukrainienne a changé de cap. Iouchtchenko avait voulu rejoindre l’OTAN: cette intention ukrainienne a été rayée de l’ordre du jour dès l’accession à la présidence de Ianoukovitch. Les relations avec la Russie se sont normalisées, alors qu’elles avaient été fort tendues jusqu’alors. Quand Ianoukovitch a prolongé le contrat de location des bases navales russes en Crimée, à Sébastopol, dont le terme était prévu pour 2017, il a en quelque sorte franchi une ligne rouge.

    Dès l’accession de Ianoukovitch à la présidence, le 7 février 2010, le tir de barrage a commencé. Le publiciste américain Walter Russell Mead, habituellement modéré dans ses propos, écrivait, dès le lendemain, que la victoire de Ianoukovitch “constituait un nouveau camouflet à l’idée que le monde tout entier deviendrait rapidement démocratique”. Plus incisif fut le politologue new-yorkais Alexander J. Motyl au cours de l’été 2010 dans les colonnes de la célèbre revue “Foreign Affairs”. D’après Motyl, Ianoukovitch choisirait ses ministres comme un “patron” et privilégierait des hommes et des femmes issus de la minorité russe de l’Est de l’Ukraine, ce qui mettrait le “consensus national en danger”.

    On ne s’étonnera guère que Motyl critique surtout le prolongement du bail de location des bases navales de la flotte russe de la Mer Noire. D’après lui, ce prolongement serait une décision irréfléchie, prise à la hâte, sans qu’il n’ait été tenu compte des “effets géopolitiques potentiels pour l’Ukraine”. En prolongeant ce bail, Ianoukovitch aurait “bradé” la sécurité de l’Ukraine en “livrant à la Russie, pour un certain temps, le contrôle informel de la Crimée, des voies maritimes incontournables et des ressources gazières qui la jouxtent”.

    Pour les Etats-Unis, le prolongement du bail constitue un revers considérable pour leurs ambitions géopolitiques en Europe orientale. Même si l’adhésion de l’Ukraine n’est plus aujourd’hui à l’ordre du jour, Washington a désormais les mains liées jusqu’en 2042. Avec une base russe sur son territoire national, l’Ukraine n’adhèrera pas au Pacte nord-atlantique; quant à un rejet unilatéral du bail de la part de l’Ukraine, la Russie ne l’acceptera pas. De cette façon, les Etats-Unis éprouveront les plus grandes difficultés à contrôler ce que les géopolitologues de tradition anglo-saxonne nomment le “Heartland”, soit l’espace-noyau eurasien. En 1919, en effet, le géographe britannique Sir Halford J. Mackinder écrivait, suite à la première guerre mondiale, la révolution russe et l’occupation par les troupes allemandes de l’Ukraine après le traité de paix germano-soviétique de Brest-Litovsk: “Qui gouverne l’Europe orientale, domine l’espace-noyau. Qui gouverne l’espace-noyau, domine l’ïle mondiale (l’Europe, l’Asie et de nombreuses portions de l’Afrique). Qui gouvernne l’île mondiale, domine le monde”.

    Les Etats-Unis avaient réussi à dominer momnetanément cet espace-noyau, auquel appartient au moins l’Ukraine orientale, grâce à la “révolution orange” qu’ils avaient mise en scène de l’automne 2004 au printemps 2005. A l’époque, l’ambassadeur des Etats-Unis en poste à Kiev, John Herbst, avait joué dans ce jeu un rôle déterminant. Les affaires étrangères américaines écrivent à son sujet: “Lorsqu’il était en fonction, il a travaillé à l’amélioration des relations américano-ukrainiennes et a contribué au déroulement d’élections présidentielles correctes (“fair”). A Kiev, il a vécu la “révolution orange”. Auparavant, John Herbst avait été ambassadeur des Etats-Unis en Ouzbékistan, où il a joué un rôle décisif dans l’installation d’une base américaine appelée à soutenir l’Opération ‘Enduring Freedom’ en Afghanistan”.

    Les Etats-Unis n’ont pourtant pas réussi à maintenir sur le long terme l’Ukraine dans leur sphère d’influence. Cet échec s’explique pour plusieurs raisons: le duo Iouchtchenko/Timochenko s’est rapidement dissous; les conditions de vie des Ukrainiens n’ont pas pu être améliorées pour l’essentiel et la politique pro-américaine de Iouchtchenko a accentué le vieux clivage entre Ukraine de l’Est et Ukraine de l’Ouest. Mais cet échec n’exclut pas une nouvelle révolte colorée qui pourrait à nouveau changer la donne. Car n’oublions pas ce qu’écrivait Motyl il y a deux ans: “Si Ianoukovitch maintient le cours qu’il poursuit aujourd’hui, il pourrait provoquer une deuxième révolution orange”. Le cas Timochenko pourrait en donner le prétexte.

    Bernhard TOMASCHITZ.
    (article tiré de “zur Zeit”, Vienne, n°19/2012; http://www.zurzeit.at/ ).

  • Les complicités djihadistes entre le Mali et le Nigéria

    Le combat du Mali contre les islamistes, avec l'aide de la France et bientôt d'une force africaine remet le projecteur sur l'insurrection djihadiste Boko Haram, toujours obscure au Nigeria, et sur les liens entre les extrémistes des deux pays.

    Le Nigeria compte envoyer 1.200 hommes au Mali et prendre le commandement de la Mission internationale au Mali (Misma), mais le pays est menacé sur son propre sol par le groupe extrémiste, surtout dans le nord.

    Si les groupes armés islamistes liés à Al-Qaïda ont établi des sanctuaires dans le Nord au Mali, la situation est cependant très différente au Nigeria. Ce pays le plus peuplé d'Afrique, premier producteur de pétrole du continent, combat Boko Haram dans sa forme actuelle depuis 2010, mais on en sait très peu sur la structure de ce groupe et sur ceux qui le dirigent, leurs revendications ayant déjà changé plusieurs fois.

    Les islamistes nigérians se sont concentrés jusqu'à présent sur leur pays, tuant des chrétiens et prenant pour cible des symboles du pouvoir au cours de fusillades et d'attentats. Ils n'ont pas le contrôle d'une partie du territoire comme c'est le cas au Mali.

    De plus, Boko Haram est divisé en plusieurs factions et des bandes criminelles se font passer pour lui. On pense également que le mouvement dispose de complicités dans le monde politique.

    Néanmoins, le chef de la faction principale de Boko Haram, Abubakar Shekau, a exprimé récemment son soutien pour les djihadistes dans le monde.

    Un ou plusieurs groupes dissidents de l'organisation sont soupçonnés d'être derrière les enlèvements de ressortissants français, italiens, britanniques et allemands dans le nord du Nigeria, une tactique largement utilisée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

    "Nous avons des indications très claires d'une collaboration entre les différentes organisations" djihadistes, a déclaré récemment le général Carter Ham, chef du commandement américain pour l'Afrique, en faisant référence aux groupes extrémistes sur le continent africain.

    "Nous pensons que Boko Haram reçoit un soutien financier et probablement des entraînements et des explosifs, de la part d'Aqmi, et la relation va dans les deux sens", a-t-il ajouté. Le général Azubuike Ihejerika, chef de l'armée de Terre, a aussi évoqué jeudi des informations selon lesquelles des membres de Boko Haram se seraient entraînés au Mali.

    Les experts débattent du niveau de coopération entre Boko Haram et les groupes proches d'Aqmi.

    Certains ont aussi évoqué la présence de combattants de Boko Haram au Mali ces derniers mois, mais il est très difficile de déterminer s'il s'agit bien de membres du groupe nigérian et non de mercenaires.

    Des Africains qui avaient combattu en Libye aux côtés de Mouammar Kadhafi se sont notamment retrouvés dans le nord du Mali, selon des experts, et des armes illégales ont pris le même chemin.

    "Des Noirs Africains qui travaillaient en Libye ont quitté la Libye (...), on peut imaginer le fait de participer à un groupe armé comme une opportunité financière", selon Gilles Yabi, directeur du projet Afrique de l'Ouest pour l'International Crisis Group.

    Mais la nature nébuleuse de Boko Haram rend plausible la présence de certains de ses membres aux côtés des combattants du nord du Mali.

    "Je ne serais pas surprise si certains des membres les plus radicaux de Boko Haram avaient pris les armes (au Mali)", estime Virginia Comolli, de l'Institut international d'études stratégiques basé à Londres.

    Les États-Unis ont référencé trois islamistes nigérians sur la liste des "terroristes à l'échelle mondiale", mais Boko Haram n'y figure pas, en tant que tel, notamment parce que le groupe reste toujours focalisé sur le Nigeria, et que sa nature reste floue.

    Avec la guerre au Mali, certains s'inquiètent du risque que d'éventuels combattants islamiques nigérians au Sahel feraient peser sur le pays à leur retour au pays.

    "Une fois rentrés au Nigeria, ils pourraient ramener avec eux de nouvelles perspectives", pense Mme Comolli.

    Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/

  • LA DICTATURE MONDIALISTE

    Cette dictature se met en place comme une marée noire et par ondes successives. Elle comporte divers échelons qui s'exercent avec plus ou moins d'intensité, ses Commissaires comme l'Europe les appelle impunément et ses idiots utiles. Pour la désigner certains parlent plus sobrement du mondialisme, qui est à bien distinguer de la mondialisation.
    C'est un vrai scoop que nous allons offrir aujourd'hui à son propos. Il est certain en effet que personne ne parle actuellement dans la presse et ailleurs du document que nous allons évoquer et qui est scandaleux.
    Il émane d'une des plus grandes banques internationales qui a un établissement en France. Elle se réfère à la troisième directive de l'Union Européenne en matière de lutte contre le blanchiment qui a été récemment transposée en droit français ; cette directive impose aux banques installées en France de nouvelles obligations en matière de connaissance de leur clientèle existante.
    La route de la servitude est claire. La France en acceptant de perdre son indépendance se met dans l'obligation d'inscrire dans le droit français les directives inventées en grand nombre par des fonctionnaires bruxellois : elle devient ainsi partie prenante de la dictature.
    Le questionnaire comporte beaucoup de rubriques qui fournissent en vrac aux employés de la banque une foule de renseignements sur votre personne et dont, pourtant, elle n'a en fait nullement besoin pour avoir des relations avec vous. Par exemple : votre métier, le nom de votre employeur, vos revenus dans tous les détails avec leurs origines, la liste de certains pays où vous êtes censés vous être rendu ou non. Il est facile de noter que le choix des pays est parfaitement arbitraire, les champions connus du blanchiment n'étant pas dans la liste ; rappelons, au passage, que la France a abandonné 500 villes à des gangs de dealers et que le blanchiment s'y pratique avec allégresse.
    Une menace très claire est incluse dans la correspondance à savoir que s'il n'est pas répondu avant une certaine date à toutes les informations il y aura des difficultés dans la gestion de votre compte.
    A la réception de ce questionnaire, plusieurs attitudes sont possibles. On peut dire « Bof » et remplir le questionnaire : on en a tant vu ; ces Boffistes peuvent se rassurer en constatant qu'à leur côté se trouvent les naïfs ; en tout petit caractère, il est donné certaines garanties sur l'utilisation de ces renseignements. Mais ceux qui savent lire apprennent que les informations peuvent être transmises à des prestataires de services extérieurs ; en Inde, de grosses firmes d'informatique pourront vendre vos données sur le marché ! Boffistes et naïfs peuvent aussi noter que le document ne comporte que deux pages : funeste réconfort. Les bureaucraties publiques ne se contentent pas d'entasser les règlementations mais font foisonner leurs imprimés : voir la déclaration de revenu qui est devenu un vrai fouillis. Le document de la grande banque n'est qu'un début.
    Il est évident que nous sommes devant une opération dictatoriale. Quatre grandes dictatures ont traversé le XX° siècle. Plusieurs traits communs avec ces entreprises criminelles se retrouvent dans la nouvelle dictature.
    - L'indépendance totale sans aucun contrôle démocratique. A la CEE et à l'ONU des fonctionnaires agissent en toute indépendance sauf à tenir compte de quelques élections convenablement trafiquées. Tout le monde se rappelle le mépris avec lequel furent traités les peuples obtus qui avaient refusé de répondre « oui » aux référendums sur la constitution.
    - L'extension sans limite. Quand la machine à broyer est lancée, rien ne l'arrête. La dictature mondialiste s'étend dans tous les domaines de la vie jusqu'au camenbert, au vin rosé et la chasse à la baleine.
    - Les relais de pouvoir. La dictature présente s'exerce non seulement par l'ONU mais aussi par une foule d'organisations annexes qui travaillent pour leur compte propre : FAO, UNESCO, OMC, CITES, OMS. Quant à l'Union européenne s'est le même phénomène ; il y a, par exemple, une dame qui est Commissaire (sic) pour le climat ; en vue de lutter contre le soleil elle fait beaucoup parler d'elle à l'abri du dogme mensonger du prétendu réchauffement et a pour seul objectif d'essayer de protéger son job.
    - L'immensité de la richesse des dictateurs est connue. En Russie communiste, il y avait les magasins spéciaux. La richesse des Onucrates et Eurocrates est légendaire et explique en partie l'extension indéfinie de la dictature, tant les intérêts se fédèrent pour l'étendre.
    - Le jeu des intérêts particuliers. C'est là qu'interviennent les idiots utiles dont la banque en question. Elle ouvre la sarabande et prend une longueur d'avance sur ses concurrentes, grâce à la formidable base de données qu'elle va constituer avec les Boffistes et les naïfs.
    - De bons prétextes pour justifier la dictature, l'enfer étant pavé de bonnes intentions. Le blanchiment tombe à point. Il y aussi la biodiversité ou une pandémie qui par chance peut arriver.
    - Le maintien et la poursuite du socialisme dans le monde entier et c'est une autre ressemblance avec les grandes dictatures du XX° siècle. Le socialisme est plus virulent que jamais et extraordinairement envahissant ceci malgré quelques avancées vers la liberté économique. Un socialiste DSK, se trouve aujourd’hui à la tête du FMI. Un colonel du défunt KGB gouverne une partie appréciable du monde. Le socialisme mondial est à la fois l'effet et le moyen du pouvoir dictatorial auquel, but suprême, s'alimente la richesse personnelle de leurs dirigeants.
    - L'idée de bâtir un homme nouveau ce qui est une offensive contre Dieu. Cet aspect, certes, semble absent du document de la banque. D'autres branches de la dictature s'en occupent activement : voir tout ce qui concerne l'éducation.
    Les effets de la dictature sont terrifiants : destruction des nations, paupérisation par les impôts et réglementations, faim dans le monde par la destruction de la paysannerie, extension de la corruption dont l'ONU est un centre connu.
    Une première grande banque internationale ayant accepté de jouer le rôle des idiots utiles il est clair que les autres seront amenés à s'aligner ne serait-ce que pour des raisons concurrentielles et puis ensuite toutes les banques jusqu'aux plus petites. Nous ne pourrons plus avoir de relations avec aucune banque sans nous dépouiller de nos vêtements à l'entrée, plus rien de notre vie lui étant caché.
    Que pouvons-nous faire devant une telle marée noire ? Informer le public et résister au maximum en se rappelant que toute dictature finit un jour par s'écraser sous son propre poids.
    On peut aussi relire la Bible et se souvenir que la tour de Babel a été détruite.
    Michel de Poncins  http://www.libeco.net/

  • Éric Zemmour : Au Mali et en Algérie « On combat des gens financés par nos amis du Qataret de l'Arabie saoudite »

  • Chronique de la guerre périphérique… entre Océania et Eurasia❄

    Nous sommes en guerre, ne l'oublions pas. Une guerre qui à chaque instant peut embraser la poudrière proche-orientale. Conflit dont l'onde de choc pourrait se propager jusqu'à nos rivages. Seule la Méditerranée nous sépare en effet des zones de guerre vive. Or nul de sait comment une Europe incertaine, ébranlée par une crise sociétale sans précédent, serait amenée à réagir. Tous les cas de figures sont possibles et dans une telle conjoncture, le meilleur est rarement aussi probable que le pire ! Cela même si la Maison-Blanche vient de nommer le Républicain Chuck Hagel au poste de Secrétaire à la Défense. Ce conservateur qui préfère le dialogue à la menace, n'a certes pas l'heur de plaire aux va-t'en-guerre de Tel-Aviv et à leurs comparses de Washington, tous prompts à l'invective. Cependant quelque chose semble pouvoir changer... jusqu'à ce qu'une nouvelle provocation, un nouveau massacre d'enfants ne vienne renverser la tendance. Telle est notre crainte. Dimanche 6 janvier 2013, au 21e mois d'une guerre civile alimentée par une coalition associant les États-Unis, la Ligue arabe et l'Otan, le président syrien el-Assad prononçait son premier discours public depuis le 3 juin dernier lorsqu'il s'était exprimé devant son Parlement. Discours raisonnable dans lequel il propose aujourd'hui un plan de paix "politique" négocié avec les oppositions tant intérieures qu'extérieures, un processus de renouvellement législatif « selon les termes de la Constitution »... mais un plan impliquant son maintien au pouvoir, ce que rejettent catégoriquement tous ceux dont les ambitions et les appétits convergent pour l'éliminer. En fait el-Assad, et c'est là son plus grand tort, ne veut ni plus ni moins que bénéficier en 2014 de la possibilité d'être lui-même candidat à sa propre succession.
    TROIS ÉTAPES POUR UN RETOUR À L'ORDRE ET À LA PAIX CIVILE
    El-Assad tout en refusant de négocier avec « des gangs terroristes qui prennent leurs ordres de l'étranger » propose trois étapes pour rétablir le calme et la sécurité sur le territoire syrien. Ce qui ne pourra se faire évidemment sans un engagement de la part des États soutenant et finançant le "terrorisme" de cesser ces pratiques hostiles. À ce moment seulement, l'armée syrienne mettra un terme à ses opérations, cependant « tout en conservant le droit de répliquer »... Ce qui semble bien la moindre des choses. Ces conditions remplies, pourra alors s'ouvrir « une conférence de dialogue et de réconciliation nationale ». Conférence qui se verra confier la mission de rédiger une « Charte nationale » ultérieurement soumise à référendum, tandis qu'un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement seront appelés à sortir des urnes.
    Bref, rien que de très raisonnable dans tout cela qui s'est malgré tout heurté sans surprise à un refus intransigeant de tout compromis de la part des oppositions, attitude évidemment reprise par Washington où le discours de M. Assad est considéré comme « une nouvelle tentative du régime pour s'accrocher au pouvoir [...]et une initiative déconnectée de la réalité » [AFP 7 janvier]. À Téhéran, autre son de cloche : « La République islamique soutient l'initiative du président Assad pour une solution globale de la crise » tout en appelant tous les protagonistes impliqués dans le conflit ainsi que la Communauté internationale à « saisir l'occasion offerte par ce plan de rétablir la sécurité et la stabilité en Syrie afin d'éviter l'extension de la crise à la Région ».
    Mais apparemment le reste du monde - hormis la Russie - s'est donné la mot pour repousser la main tendue par la présidence syrienne... l'opposition intérieure représentée par le Comité de coordination pour le changement national et démocratique ayant à son tour récusé ce lundi toute participation à ce dialogue national auquel elle vient pourtant d'être conviée [Damas AFP 7 janvier] « Nous ne participerons pas au dialogue national avant l'arrêt des violences, la libération des détenus, la garantie que l'aide humanitaire peut parvenir aux régions touchées et que soient apportés des éclaircissements relatifs au sort des disparus » dixit Hassan Abdel Azim, chef du CCCND, à l'occasion d'une conférence de presse à Damas. « Toute négociation, et pas seulement le dialogue, doit se placer sous l'égide de l'envoyé spécial des Nations Unies et de la Ligue arabe [Lakhdar Brahimi] car il n 'y aura pas de négociation ou de dialogue directs entre nous et le régime ». C'est bien ce qui s'appelle une fin de non-recevoir... de la part d'un homme à l'évidence épris de paix et de progrès !
    À Paris, le Quai d'Orsay fait servilement écho au Département d'Etat et dénonce un « déni de réalité » de la part du président el-Assad... « Les propos de Bachar el-Assad illustrent à nouveau le déni de réalité dans lequel il s'est muré pour justifier la répression du peuple syrien... Ces déclarations qui interviennent peu après la publication par les Nations unies d'un rapport mettant en lumière les exactions commises par son clan ne trompent personne... Le départ de Bachar el-Assad reste une condition incontournable de la transition politique » ! Quant au Foreign Office, il juge que ce discours va « au-delà de l'hypocrisie », parce que comme toujours, l'Hôpital se moque de la Charité.
    Enfin le Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations unies déclare disposer désormais d'une liste de 59 648 personnes tuées en Syrie depuis le début du conflit en mars 2011 jusqu'à novembre 2012 [AFP 7 janvier]. Or comme le dit si bien Louis Denghien : « Comment être si précis quand presque toutes les catégories de victimes sont l'enjeu de propagandes adverses : le nombre de soldats et policiers tués en service n 'est pas le même selon le gouvernement et l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Lequel OSDH continue d'injecter la plupart des combattants rebelles tués dans la rubrique "civils" de ses bilans sous prétexte qu 'ils ne sont pas des déserteurs de l'armée. Quid aussi des vraies victimes civiles de la rébellion de plus en plus nombreuses ? Et où sont, dans ces chiffres, les combattants rebelles venus de l'étranger dont le nombre lui aussi a crû exponentiellement en 2012 ? Et celui des personnes disparues et/ou enlevées ? » [InfoSyrie 3 janvier]. De bonnes questions qui n'intéressent pas à l'évidence les rapporteurs des Nations Unies qui préfèrent imputer à la seule responsabilité du régime les morts de tous bords.
    GUERRE INEXPIABLE ET CONFLIT INTERNATIONAL DE BASSE INTENSITÉ
    D'après DEBKAfile [2 janvier 2013] et à Londres le quotidien Al-Qods al-Arabi, des responsables israéliens de Tsahal se concertent régulièrement en Jordanie avec des chefs rebelles syriens... autant dire des chefs de katibas d’Al Nosra puisque l'Armée syrienne libre - ASL - ne compte que pour du beurre. Ceci sans doute dans la perspective d'une éventuelle opération israélo-américaine visant à protéger les collines du Golan, occupé en 1967 et annexé en décembre 1981... et aussi, peut-être, à neutraliser d'éventuelles réserves d'armes chimiques de l'armée syrienne. D'invérifiables . « sources émanant des renseignements européens, dont certaines françaises et russes » selon le site communautariste, auraient « révélé des affrontements nocturnes entre forces spéciales américaines, jordaniennes, israéliennes et des rebelles syriens d'une part et forces spéciales syriennes d'autre part », chacune s'efforçant d'acquérir ou de conserver le contrôle de secteurs frontaliers d'intérêt stratégique... pour le cas où « le conflit syrien déborderait à l'extérieur des frontières », autrement dit s'étendrait en impliquant le voisinage, Jordanie et Israël pour ne pas les nommer.
    Toujours suivant DEBKA qui n'a aucun intérêt à trop en dire, « au moins cinq camps en Jordanie servent à l'entraînement d'unités d'élite de l'opposition syrienne, formation supervisée par des instructeurs militaires britanniques, français, tchèques et polonais ». Excusez du peu ! C'est dire que l'Union européenne, peu ou prou, se trouve profondément engagée dans un conflit auquel elle est officiellement étrangère. Étrange démocratie que la nôtre où les décisions les plus graves se prennent dans l’in-transparence la plus totale.
    Il s'agirait entre autres de maintenir la frontière ouverte pour les combattants du camp de Zaatari en territoire jordanien - lequel accueille quelques 60 000 '"réfugiés" - ainsi que d'assurer la protection des voies de transit des armes destinées à l'insurrection... « la police des frontières syrienne ayant saisi récemment une vaste quantité d'armes, certaines de fabrication israélienne, destinées à l'armée syrienne libre de la ville de Deraa » ! Les choses sont claires, n'est-ce pas ? À côté de cela, sur les plateaux de télévision, les mêmes journalistes continueront à vous dire, la main sur le cœur, que la révolte est strictement syrienne, sans aide extérieure et qu'elle se meurt de ne pas recevoir d'armes de la part d'une Communauté internationale assez égoïste pour laisser égorger le peuple de Syrie par les milices de Damas... À chacun son credo !
    En outre, contrairement à ce que les média voudraient nous faire accroire par leur silence, la question des armes chimiques syriennes n'a pas du tout été oubliée et constitue toujours, potentiellement, un prétexte de choix à une entrée des Atlanto-islamistes dans la danse. Ainsi « les forces spéciales américaines, Tsahal et les armées turques et jordaniennes » attendent le doigt sur la queue de détente « qu'Assad donne l'ordre aux chefs de son armée de lancer une offensive chimique sur les concentrations de troupes rebelles » en Syrie ou dans les pays voisins... « Les camps d'entraînement des rebelles en Jordanie apparaissant comme les premières cibles probables » des forces assadiennes. Effectivement, le dos au mur, le régime pourra être tenté de recourir à des armes redoutables que la morale réprouve mais auxquelles les Anglais furent les premiers à recourir dans la région, en l'occurrence « le général Allenby en 1917 contre les Turcs dans le Sinaï » [Robert Fisk The Independent 8 décembre 2012]. Un bon exemple à suivre ?
    PROTOCOLE DE DOHA
    Ce dont nos média si moraux ne parlent jamais est bien de savoir à quelle sauce sera mangée la Syrie. Pour cela il suffit de se reporter à la « feuille de route » en treize points connue sous le doux nom de « Protocole de Doha » adoptée en marge de la 18e Conférence internationale sur le climat [Alger — L'Expression 6 décembre 2012]. Cela sous le parrainage de l'Émir du Qatar, Cheikh Hamad bin Jassim bin Jaber al-Thani, de toute évidence l'homme fort de la Péninsule arabique et l'interlocuteur privilégié de la superpuissance euratlantique.
    turques et jordaniennes » attendent le doigt sur la queue de détente « qu 'Assad donne l'ordre aux chefs de son armée de lancer une offensive chimique sur les concentrations de troupes rebelles » en Syrie ou dans les pays voisins... « Les camps d'entraînement des rebelles en Jordanie apparaissant comme les premières cibles probables » des forces assadiennes. Effectivement, le dos au mur, le régime pourra être tenté de recourir à des armes redoutables que la morale réprouve mais auxquelles les Anglais furent les premiers à recourir dans la région, en l'occurrence « le général Allenby en 1917 contre les Turcs dans le Sinaï » [Robert Fisk The Independent 8 décembre 2012]. Un bon exemple à suivre ?
    PROTOCOLE DE DOHA
    Ce dont nos média si moraux ne parlent jamais est bien de savoir à quelle sauce sera mangée la Syrie. Pour cela il suffit de se reporter à la « feuille de route » en treize points connue sous le doux nom de « Protocole de Doha » adoptée en marge de la 18e Conférence internationale sur le climat [Alger - L'Expression 6 décembre 2012]. Cela sous le parrainage de l'Émir du Qatar, Cheikh Hamad bin Jassim bin Jaber al-Thani, de toute évidence l'homme fort de la Péninsule arabique et l'interlocuteur privilégié de la superpuissance euratlantique.
    La finalité ? Elle est fort simple. Sous couvert d'évincer le "clan Assad" au pouvoir - la famille Assad s'est imposée à l'origine contre d'autres composantes alaouites - il s'agit de faire disparaître la Syrie en tant qu'Etat national souverain, comme ce fut le cas pour la Fédération yougoslave, l'Afghanistan, l'Irak, la Libye... Ceci par le truchement de forces mercenaires et de fanatiques « venus de nombreux pays arabes, d'Afghanistan, de Somalie ou du Pakistan, bien armées qui déciment la population civile syrienne et se battent contre l'armée aux côtés d'une poignée de déserteurs ». À Doha donc, après avoir restructuré l'opposition syrienne en la dotant d'un semblant d'unité et de visibilité - opposition créée de toutes pièces à Istambul le 1er octobre 2011 par la France, le Qatar, les États-Unis et la Turquie - il s'est agi de tracer sa ligne de conduite. Autrement dit l'encadrer et pour ce faire établir un cahier des charges afin de fixer ses objectifs... assignés en fonction des attentes lancinantes et des besoins pressants de ses commanditaires et bailleurs de fonds. À savoir : à l'issue du processus démocratique l'armée syrienne devra avoir disparu, avoir été réduite à la portion congrue, c'est-à-dire à moins de 50 000 personnels (l'équivalent de l'armée française bonne à tout faire !) ; la Syrie s'engage à ne faire valoir ses droits sur le Golan que par des moyens exclusivement politiques, les deux parties, israélienne et syrienne, devant parvenir (à la Saint Glinglin ?) à la signature d'accords de paix sous l'égide des États-Unis et du Qatar ; en outre, la Syrie détruira, sous la supervision des États-Unis, la totalité de ses armes chimiques, bactériologiques et de ses missiles ; renoncement définitif au profit de la Turquie du Sandjak d'Alexandrette et de certains villages turkmènes dans les provinces d'Alep et d'Idlib ; le Parti des travailleurs du Kurdistan étant inscrit au nombre des organisations terroristes, expulsion de tous les membres du PKK, parmi lesquels ceux qui font l'objet de poursuites seront livrés au bras séculier turc ; annulation de tout accord et convention signés avec la Russie et la Chine dans les domaines de la recherche ou l'exploitation des hydrocarbures et de l'armement ; autorisation du passage à travers le territoire syrien d'un gazoduc qatari à destination de la Turquie et de l'Europe ; de la même façon permettre le transit des aqueducs provenant du barrage Atatürk au profit d'Israël ; exclusivité des chantiers de reconstruction de la Syrie dévastée accordée au Qatar et aux Émirats arabes unis qui détiendront également le monopole de l'exploitation des gisements de pétrole et de gaz syriens ; gel immédiat des relations avec l'Iran, la Russie et la Chine ; rupture des relations avec le Hezbollah et les mouvements de résistance palestinienne ; le nouveau  régime   syrien   sera  islamique modéré et non "islamiste"...   Protocole devant entrer en vigueur dès la prise du pouvoir par l'opposition adoubée par son Excellence Jaber al-Thani.
    En tout état de cause, nous avons là un résumé assez saisissant des raisons et motifs, géoéconomiques et géopolitiques, de l'acharnement des  puissances  coalisées contre la malheureuse Syrie. Puissances qui se comportent comme des bandits de grands chemins sous l'ahurissant et ignominieux prétexte de la "morale" et des « droits humains ». On comprend d'ailleurs que ce type d'information sorte prioritairement dans la presse d'un pays comme l'Algérie auquel un tel catalogue - à quelques détails géographiques près ! - pourrait finalement s'appliquer. De sombres nuées ne sont-elles pas en train de s'accumuler au sud du Sahara, au Mali par exemple ? Orage islamiste qui pourrait bien déferler quelque jour sur le nord. Alger serre les fesses, et ajuste titre !
    LE DÉPEÇAGE DE LA SYRIE
    Encore qu'avant de vendre la peau de l'ours faut-il déjà l'avoir tué. La détermination et le sang froid d'el-Assad laissent augurer que la chose ne sera pas facile. En juin dernier le Jérusalem Post évoquait avec précision un "agenda" - un plan - secret israélo-américain se donnant pour objet le démantèlement territorial de la Syrie (1). Une réédition en quelque sorte des accords Sykes-Picot signés le 16 mai 1916 par Londres et Paris avec l'assentiment de Rome et de Moscou en vue d'un partage de l'Empire ottoman à la fin des hostilités. Le texte de ces accords sera transmis en janvier 1918 à la Sublime Porte par les bons soins des révolutionnaires bolcheviques qui se sont aussitôt saisis des archives diplomatiques tsaristes.
    Par une singulière coïncidence c'est justement le 16 mai 2012, dans un article signé par un certain Jonathan Spyer (2) - toujours dans le Jérusalem Post mais un siècle moins quatre ans plus tard — qu': « un politicien kurde chevronné en appelle à Israël pour soutenir l'éclatement de la Syrie » ! Sherkoh Abbas, président de l'Assemblée Nationale Kurde de Syrie - ANK - dont le siège se trouve aux États-Unis, sollicite en effet l'État hébreu afin qu'il soutienne un processus de partition de la Syrie sur une base ethnoconfessionnelle... ceci aboutissant à la formation d'entités politiques relativement autonomes, sunnites, alaouites, kurdes et druzes. Écoutons Michel Chossudovsky : « La balkanisation de la République Arabe Syrienne doit être menée à bien en soutenant des divisions sectaires qui conduiront éventuellement à une guerre civile sur le modèle de l'ancienne Yougoslavie ». Vaste programme !
    À ce propos, encore selon Chossudovsky, des entretiens auraient eu lieu en mai 2012 au Département d'État entre des représentants du Conseil National Kurde, Robert Stephen Ford, dernier ambassadeur américain en poste à Damas, et Jeffrey Feltman, Secrétaire d'État adjoint pour le Proche-Orient. Les trois hommes jouent ou ont joué un rôle déterminant dans l'aide à la rébellion et entretiennent des liens soutenus avec l'Armée Syrienne Libre (ASL) et le Conseil National Syrien, créé par ses bons soins le 15 septembre 2011, CNS qui, en raison de son impotence, devait se fondre le 11 novembre dernier à Doha au sein d'une Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution... et ce de manière très opportune afin de lui faire avaliser le fameux "Protocole" susmentionné.
    Notons que les positions adoptées par Sherkoh Abbas sont loin de refléter ou de représenter les vues des quatre ou cinq cent mille Kurdes que compte la Syrie. Lesquels s'efforcent jusqu'à présent de se tenir à l'écart des combats, quand ils n'interviennent pas eux-mêmes aux côtés des forces loyalistes. Un « Grand Kurdistan » est un rêve immémorial pour les Kurdes qui l'ont historiquement laissé à plusieurs reprises s'échapper de leurs mains, notamment quand le Kurde Salâh ad-Dîn - Saladin - eut les moyens au XIIe siècle leur donner ce royaume tant désiré. Au demeurant, lorsque l'ont veut diriger les hommes, il faut savoir à bon escient manier leurs rêves et leurs espoirs. Or si l'Administration américaine fait miroiter une part de rêve aux Kurdes compradores, en réalité, elle se bat l'œil des aspirations d'indépendance de la Nation kurde, ce qu'elle veut c'est « aider l'opposition kurde à construire une opposition plus cohérente contre Assad ». Là est le fin mot : faire tomber le régime !
    Si donc « Grand Kurdistan » il devait y avoir, ce serait à l'évidence au détriment premier de la Turquie. Même si nul n'en parle mais le sujet est à l'étude et depuis de longues années, mais il n'est pas la priorité. Un projet qu'il faut resituer dans un ensemble plus vaste, celui du remodelage général de l'Orient islamique. Ce plan se nomme « Initiative Greater Middle East » et nous le voyons en ce moment même se réaliser sous nos yeux, étape après étape, pays après pays, guerre après guerre. Le résultat n'étant malgré tout guère convaincant - des champs de ruines, des nations et des économies dévastées ! - sauf peut-être pour l'État hébreu qui voit son périmètre de sécurité s'élargir à chaque fois que les missiles et les bombardiers de Washington sèment le chaos. Reste que ce Grand Kurdistan n'est pas vraiment à l'ordre du jour, d'abord la chute de Damas, il sera bien temps de voir après la victoire sur l'Axe du Mal. Un concept non encore abrogé?!
    ESCALADE ET GUERRE ÉLARGIE AU PROCHE-ORIENT
    Le 14 décembre 2012, Léon Panetta, Secrétaire américain à la Défense, signait l'ordre de déploiement au sud de la Turquie de S-400 servant de deux systèmes sol-air Patriot. « Les États-Unis doivent aider la Turquie à se défendre contre des frappes syriennes et l'extension des combats entre le gouvernement et les rebelles en territoire turc [CNN] ... Le but de ce déploiement est de manifester clairement que les États-Unis, en collaboration étroite avec nos alliés de l'Otan, défendront la Turquie en toutes circonstances » [site officiel de l'US Air Force 14 décembre]. Ajoutons que d'autres batteries de missiles - allemandes et hollandaises - viendront compléter un dispositif opérationnel en principe vers la fin janvier. La déclaration officielle du Pentagone ne mentionne pas bien entendu que cette concentration de missiles anti-missiles ne cible pas uniquement la Syrie, mais vise à établir une ligne de défense avancée du territoire israélien en cas de conflit régional comme le suggère le prépositionnement depuis 2010 au Koweït, au Qatar, aux Émirats arabes unis et au Bahreïn de "Patriot" ciblant l'Iran. Peu à peu l'échiquier de la guerre régionale se met ainsi en place. Notons à ce propos que ces déploiements, spécifiquement en Turquie, font face - ou font pièce - aux systèmes anti-aériens servis pas des conseillers russes en Syrie. Ce n'est pas le lieu de revenir ici sur le bouclier anti-missile que les États-Unis installent en Europe orientale et en Mer Baltique (ligne de guerre balistique à laquelle le président Hollande a cru bon d'associer la France, merci à lui !), cependant chacun conviendra que les différentes pièces du puzzle ne prennent sens que considérées simultanément, toutes ensemble.
    Si les Russes ont effectivement (?) déployé de leur côté des missiles d'interception hyper-sonniques S300 en Syrie (3), l'on comprendra aisément que nous assistons à une réelle escalade à bas bruit. Les États-Unis - au pied de leur vertigineuse falaise d'endettement de quelque 20 mille milliards de dollars - trouvent apparemment encore les moyens de préparer de rudes confrontations... parce qu'inéluctablement, au poker, vient un moment où, volens nolens, il faut abattre ses cartes ! La guerre de Syrie est depuis le départ une guerre de l'Otan, soit une guerre occidentaliste destinée à battre en brèche les dernières positions de l'ex-Union soviétique ou en tout état de cause, d'empêcher la nouvelle Russie de retrouver les positions perdues. Las le régime syrien ne s'est pas effondré comme il eût dû le faire, le temps passe et sauf à choisir l'issue d'une sortie négociée de cette crise, les semaines et les mois font inéluctablement, mécaniquement monter les enjeux et les risques.
    Les déploiements de "Patriot", mais pas seulement, le prolongement du conflit syrien, la menace du recours à la guerre chimique, entraînent en effet une surenchère et une militarisation croissante de la Région : des troupes américaines et leurs postes de commandement sont maintenant établis en Jordanie et en Israël et se trouvent étroitement coordonnés avec les dispositifs militaire encerclant l'Iran... et avec ceux de l'Armée de Défense d'Israël comme cela a été révélé en octobre 2012 à l'occasion des manœuvres anti-balistiques israélo-américaines conduite dans le désert du Néguev(4). Chacun aura compris au bout du compte que les moyens de défense sont d'usage biunivoque et par conséquent sont autant défensifs qu'offensifs.
    Réaliste, le chef d'état-major général des forces armées iraniennes, le général Hassan Firouzabadi, déclarait le 15 décembre [Irna/AFP] que la présence de batteries antimissiles aux frontières de la Turquie et de la Syrie préparait « le terrain à une guerre mondiale »... « Les pays occidentaux, en cherchant à installer des Patriot à la frontière turco-syrienne, ourdissent des plans pour une Guerre mondiale. C'est extrêmement dangereux pour l'humanité et même pour l'Europe ». À bon entendeur salut ! Alors que faut-il penser des déclarations rassurantes faites à l'Université de Haïfa, le 26 décembre 2012, par Amos Yadlin, ancien patron d'Aman - le Service de renseignements de Tsahal - jugeant que « la politique de dissuasion d'Israël à l'égard de l'Iran fonctionnant parfaitement bien... la probabilité d'un conflit impliquant Israël en 2013 est de sorte très faible » ?
    Léon CAMUS. Rivarol du 11janvier 2013
    ❄ Les deux blocs en guerre perpétuelle dans le 1984 de George Orwell. Oceania désigne clairement l'empire des Mers, soit la thalassocratie anglo-américaine, et Eurasia, la puissance continentale. Ici d'un côté, le Bloc constitué par l'Alliance euratlantique, la Ligue arabe et la Turquie, lequel "confronte" en Syrie le Bloc Russie, Chine... et virtuellement l'Inde.
    1. Michel Chossudovsky, professeur à la faculté des Sciences sociales de l'Université d'Ottawa « Hidden US-Israeli Military Agenda : Break Syria into Pièces » Global Research 16 juin 2012.
    2. Jonathan Spyer « Vétéran Kurdish politician calls on Israël to support the break-up of Syria » The Jérusalem Post, 16 mai 2012.
    3.    En réaction au déploiement de missiles "Patriot", Moscou se serait décidé à livrer à la Syrie des missiles balistiques Iskander (Alexandre le Grand), à courte portée (50 à 450 km) mais d'une extrême précision et susceptibles d'emporter à la vitesse de Mach 6 ou 7 une charge utile de 680 kg, conventionnelle ou nucléaire. Par ailleurs, la Russie a doté la Syrie du système de défense anti-aérienne multicibles Pechora-2M dont l'efficacité s'étend aujourd'hui aux missiles de croisière.
    4.    « Tsahal à Berlin » suivant des « sources extrêmement fiables » : « un poste de commandement conjoint israélo-américain est en cours de mise en place sur la base américaine de Patch Barracks à Stuttgart en Allemagne », base qui abrite l'État-Major des forces yankees en Europe. À cela s'ajouteraient « des dizaines d'ingénieurs français et américains arrivés en Israël ces dernières semaines ». < http://jssnews.com/2012/01/07/des-preparations-majeures-en-cours-dans-tout-le-proche-orient-sources-extremement-fiables/ >.