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géopolitique - Page 896

  • Subversion / Oranges bruns : les Britanniques préparent de nouveaux coups d’Etat en Ukraine, en Géorgie et en Moldavie

    Les Britanniques prédisent de nouvelles révolutions en Ukraine et n’excluent pas une telle éventualité pour la Moldavie et la Géorgie, selon le pronostic des auteurs d’un compte rendu de l’Institut royal britannique des relations internationales. A leur avis, à l’issue des révolutions, la société ne s’est pas mise à participer plus activement à la politique, ce qui entraîne la corruption, le mécontentement vis-à-vis des autorités, et de ce fait, les révolutions sont inachevées.

    Les auteurs du compte rendu « Comment terminer la révolution : la société civile et la démocratie en Géorgie, en Moldavie et en Ukraine » sont convaincus que tôt ou tard la société explosera pour « achever » ces processus. La révolution des roses géorgienne en 2003, la révolution « orange » en Ukraine en 2004 et la relève du pouvoir en Moldavie en 2009 ont montré que les citoyens de ces pays aspiraient à des changements. Cependant, ces événements accentuent la corruption, le mécontentement dans le contexte de l’accès limité des citoyens à la vie publique. Pout « achever » les révolutions les chercheurs britanniques conseillent aux organisations non commerciales d’entraîner plus activement les citoyens dans les protestations, de coopérer plus étroitement avec les médias et sur les réseaux sociaux ».

    NPI

  • Henri Guaino (UMP) / printemps arabes : « Nous avons peut-être tous fait une erreur de jugement »

    Le député Henri Guaino (UMP), ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a évoqué une possible « erreur de jugement » sur les printemps arabes.

    « Tout cela a ouvert grand la porte aux mouvements islamistes »

    « Nous avons peut-être tous fait une erreur de jugement, en jugeant trop vite les printemps arabes qui ont déstabilisé » les pays, a concédé l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy sur Radio Classique. « La suite de l’histoire n’est pas aussi belle qu’on pouvait le penser à l’époque ».

    « Ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, en Syrie contribue évidemment à alimenter les mouvements jihadistes, à alimenter le désordre, déstructurer la lutte contre le terrorisme dans toute cette région. Tout cela a ouvert grand la porte aux mouvements islamistes », selon le député UMP des Yvelines.

    A propos de la Libye, M. Guaino a jugé que le pays était déjà « désagrégé bien avant que la France n’intervienne parce que c’est un Etat qui reposait sur des bases tribales et qu’une partie du pays, notamment du côté de Benghazi » faisait sécession, influencé par l’ »onde de choc » des révolutions tunisienne et égyptienne.

    Le Figaro

    NB : L’historien Bernard Lugan :
    « Ceux qui ont lancé la guerre contre le colonel Kadhafi étaient des irresponsables et je n’ai cessé de le dire depuis le premier jour. Outre qu’ils ont provoqué une réaction déstabilisatrice en chaîne, ils ont armé les jihadistes. Il faut en effet savoir que certaines des armes aujourd’hui utilisées contre nos soldats proviennent de nos propres arsenaux et qu’elles furent généreusement parachutées aux « démocrates » libyens chers à BHL. »

    Publié dans Maghreb, Monde, Politique, Proche-Orient, UMP 88 réponses

    Prise d’otages en Algérie : au moins 30 otages et 18 islamistes tués

    Addendum 18/01/13

    - Les forces de sécurité ont affirmé à l’AFP que « 18 terroristes », sur une trentaine, « ont été tués ». L’opération militaire se poursuit actuellement.

    - Féroce caricature dans « La Tribune de Genève » :

    Addendum 17/01/13

    Un Français parmi les activistes tués :
    Selon Reuters qui cite une source de sécurité algérienne, au moins onze activistes ont été tués dans l’assaut de l’armée algérienne, parmi lesquels figure un Français. Le Figaro

    - Au moins 30 otages auraient péri durant l’assaut, parmi lesquels 8 Algériens, 2 Japonais, 2 Britanniques, et 1 Français, selon une source algérienne citée par Reuters.

    - Parmi les 11 islamistes tués figurent 3 Égyptiens, 2 Algériens, 2 Tunisiens, 2 Libyens, 1 Français et 1 Malien, toujours d’après la même source. France 24

    - Fin octobre, depuis l’Elysée, François Hollande assurait :
    « En aucun cas, la France n’interviendra, elle-même, au Mali ».

    - « Nous tuerons les infidèles », disent les ravisseurs
    Les islamistes qui retiennent en otage depuis mercredi matin les employés d’un site gazier dans le Sahara algérien ont indiqué au personnel local qu’ils ne s’en prendraient pas aux musulmans mais qu’ils tueraient les otages « chrétiens et infidèles », raconte un Algérien ayant réussi à s’échapper. [...] Le Figaro

    - « Le groupe terroriste venait des frontières libyennes. » Ministre de l’Intérieur algérien

    - Alger critiqué après son assaut
    La Maison-Blanche est « inquiète », Londres regrette de ne pas avoir été prévenu et le Japon demande la fin de l’opération militaire. Le Monde

    - La prise d’otages se dénoue « dans des conditions dramatiques », déclare Hollande (i>Télé)

    - Impair du Quai d’Orsay ?
    La prise d’otage en Algérie serait potentiellement la conséquence d’un impair commis par le Quai d’Orsay . Pour des raisons de politique intérieure (sécurité), l’Algérie ne souhaitait pas que soit rendue publique l’autorisation de survol.

    - Un drone américain sur place
    Selon David Martin, correspondant de CBS News, un drone américain a survolé le complexe, donnant ainsi aux autorités américaines un aperçu de la situation.

    - Explosion entendue sur place
    La chaîne britannique Skynews évoque une importante explosion de gaz sur le site il y a environ une demi-heure. La cause n’est pas connue. Algérie360

    - 600 otages algériens libérés par l’armée (agence). APS / Le Figaro

    - 7 otages étrangers restaient vivants après l’assaut de l’armée selon ANI.

    - 4 otages étrangers ont été libérés par l’armée algérienne

    L’armée algérienne affirme avoir libéré quatre otages étrangers à la suite de son assaut, affirme l’agence officielle APS. Après l’assaut, l’armée contrôle totalement le site. Algérie360

    Hollande fait toute confiance à Alger

    François Hollande a confirmé jeudi la présence de Français sur le site algérien où des islamistes retiennent des otages, disant avoir toute confiance en Alger « pour trouver les solutions les meilleures ». Libération
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    34 des otages retenus sur le site gazier d’In Amenas par des islamistes et 15 preneurs d’otages ont été tués dans les frappes de l’aviation algérienne, affirme l’agence de presse mauritanienne ANI. Reuters / Le Figaro

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  • Mali-Algérie : point de situation et éléments de réflexion

     

    Analyse de Bernard Lugan - 17 janvier 2012

    L’intervention française au Mali conduit à quatre grandes réflexions :

    1) Compte tenu des réalités frontalières, l’action de la France ne peut réussir que si l’Algérie la soutient.

     

    Or, la prise d’otages d’In Amenas, site stratégique hautement protégé, montre soit qu’Alger ne contrôle pas son territoire, soit que les islamistes ont des complicités au plus haut niveau de l’appareil sécuritaire d’Etat. Dans les deux cas, les conséquences pour l’opération Serval sont de la plus haute importance.

    2) Nous payons aujourd’hui au prix fort la politique de désengagement initiée sous Jacques Chirac puis amplifiée sous Nicolas Sarkozy à savoir, fermeture de bases et abandon de ces irremplaçables implantations qui étaient nos yeux et nos oreilles.

    3) La place laissée libre par la France fut prise par les Etats-Unis qui investirent de gros moyens, notamment au Mali. Ignorant la tectonique ethno-raciale sahélienne, ils y formèrent des cadres qui désertèrent au mois de janvier 2012 et contre lesquels nos soldats sont aujourd’hui engagés.

    4) Ceux qui ont lancé la guerre contre le colonel Kadhafi étaient des irresponsables et je n’ai cessé de le dire depuis le premier jour. Outre qu’ils ont provoqué une réaction déstabilisatrice en chaîne, ils ont armé les jihadistes. Il faut en effet savoir que certaines des armes aujourd’hui utilisées contre nos soldats proviennent de nos propres arsenaux et qu’elles furent généreusement parachutées aux « démocrates » libyens chers à BHL.

    Ceci étant, quelle est la réalité de la situation ?

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  • Coordination pour la souveraineté de la Syrie et contre l’ingérence étrangère

    Une coordination d’associations françaises anti-impérialistes vient de se constituer à Paris pour s’opposer à l’intervention française en Syrie. Dans son manifeste, elle affirme son attachement au « droit inaliénable du peuple syrien à donner lui-même une solution nationale et souveraine à la crise » et souligne l’identité du combat pour la souveraineté de la Syrie et pour celle de la France. Le Réseau Voltaire France s'associe résolument à cette initiative essentielle.

    Depuis près de deux ans, la Syrie souveraine, est l’objet d’une agression extérieure.

    Cette guerre pour le contrôle du pétrole et du gaz ainsi que pour des objectifs géopolitiques, est initiée par l’impérialisme, les gouvernements des États-Unis et Israël avec leurs auxiliaires occidentaux, alliés aux forces les plus rétrogrades de l’islam, takfiriste et wahhabiste, s’appuyant sur les factions dominantes des États esclavagistes du Qatar et de l’Arabie saoudite. Ceux-ci financent et soutiennent les mercenaires terroristes qu’ils introduisent notamment depuis la Turquie et par dizaines de milliers en Syrie, pour semer mort et désolation.

    Dans cette coalition qui entend susciter une guerre civile de nature interconfessionnelle, la France officielle joue un rôle particulièrement belliciste, symbolisé par les déclarations provocatrices de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de notre pays.

    Dans le contexte contradictoire du « Printemps arabe » dont les aspirations légitimes ont été dévoyées par la manipulation occidentale, un mouvement populaire est apparu en Syrie développant des revendications pour plus de libertés démocratiques et dénonçant même l’essor de l’influence néolibérale du FMI qui entravait toujours plus, le progrès économique et social. Les revendications démocratiques ont été depuis largement acceptées sous l’impulsion du Président el-Assad, y compris l’abolition de l’état d’urgence.

    Très vite ce mouvement pacifique a été supplanté par la violence armée au service de l’étranger. La crise est essentiellement devenue militaire. Elle a été prise en main par les pays de l’OTAN, du Qatar et de l’Arabie saoudite qui ont financé des mercenaires qui ont massivement entrepris d’envahir la Syrie. L’intervention étrangère présente dès le début de la crise en est devenu l’élément dominant.

    L’ingérence étrangère systématique crée un risque d’extension et de généralisation régionale du conflit pouvant conduire à une guerre contre l’Iran, et une généralisation du conflit avec la Russie et la Chine visées à travers l’aventure syrienne.

    Cette politique est en contradiction fondamentale avec la stratégie équilibrée que représentait la politique arabe de la France conçue par le Général De Gaulle. Les dirigeants occidentaux, dont ceux de France, fournissent des aides multiples aux mercenaires étrangers, notamment des armes qui tombent nécessairement aux mains des forces d’Al-Qaïda .

    Elle est en outre contraire à tous les usages diplomatiques qui veulent qu’on ne prononce pas de jugement irrévocable sur une situation et qu’on respecte les positions des autres puissances même si on ne les partage pas. Les déclarations bassement injurieuses sur les dirigeants syriens et russes sont indignes et entachent le renom de la France dans le monde.

    Une solution négociée de la crise paraît aujourd’hui possible grâce à la médiation russe et aux pressions de certaines forces réalistes étasuniennes. Dans ce cas, notre diplomatie se sera mise d’elle-même même dans une impasse qui l’empêchera de peser sur le règlement.

    Au lieu de prendre part, avec ou sans réticences, à des aventures qui peuvent conduire au pire, une France digne de ses valeurs républicaines devrait donner l’exemple d’une politique de détente, d’entente et de coopération et fournir à toute l’Asie du Sud-Ouest les moyens d’une paix par le développement mutuel, qui constitue l’alternative à la guerre de tous contre tous.

    Les Français sont l’objet d’une politique de désinformation systématique, massive et généralisée afin de neutraliser leurs réactions et faciliter les manœuvres bellicistes du gouvernement. La conséquence de cette véritable guerre idéologique relayée de façon contre nature, par des forces politiques et syndicales inattendues, se traduit par un développement insuffisant de la solidarité militante envers l’État–nation et le peuple de la Syrie souveraine.

    La question de savoir qui gouverne en Syrie revient au peuple syrien et à lui seul.

     

    Résidant en France, nous n’avons pas à prendre partie sur les questions intérieures à la société syrienne, mais nous nous opposons fondamentalement aux interventions extérieures.

    C’est pourquoi un groupe d’associations et de militants venus d’horizons divers ont pris l’initiative de créer une structure liaison et de coordination républicaine pour la solidarité avec la Syrie souveraine qui prend le nom de : Coordination pour la souveraineté de la Syrie et contre l’ingérence étrangère. Cette Coordination soutient le droit inaliénable du peuple syrien à donner lui-même une solution nationale et souveraine à la crise.

    L’objectif de cette coordination est de promouvoir des initiatives diverses dans cette perspective.

    Premières signatures

    Comité Valmy 
    Collectif pas en notre nom 
    Solidarité et Progrès 
    Collectif Résistance et Renouveau Gaullien 
    Réseau Voltaire France 
    Cercles des volontaires 
    Planète Non–violence 
    L’Appel Franco-Arabe 
    Association Afamia 
    Union des Patriotes Syriens

    Réseau Voltaire France (son site)

  • Tartarin de Brégançon

    Dans son film satirique Des hommes d’influence, Barry Levinson met en scène un président impopulaire qui lance son pays dans une guerre montée de toutes pièces – qui ressemble fort à celle du Kossovo – pour essayer de regagner les faveurs de l’opinion en vue des prochaines élections.
    Dans le film, le président est américain. Mais en France la réalité dépasse la fiction cinématographique ! M.G. 

    Francois Hollande est enfin populaire !

     

    Voilà en effet François Hollande, le plus impopulaire des présidents de la Ve République, saisi à son tour par la fureur guerrière : les opérations au Mali contre les « islamistes » ont opportunément été déclenchées au moment où près de 1 million de personnes descendaient dans la rue contre le mariage des homosexuels. Un pur hasard évidemment.

     

    Et puis les médias s’empressent de nous dire que depuis cette initiative, François Hollande deviendrait très populaire… à Bamako (par exemple LeMonde.fr du 15 novembre 2013), et qu’il va rebondir bientôt. Il paraît même qu’une majorité de nos concitoyens approuveraient cette intervention militaire. En particulier à Montreuil, où il y a beaucoup de… Maliens.

     

    Mais de qui se moque-t-on ?

     

    C’est une intervention ? Non : une gesticulation

     

    Sur le fond il faut sans aucun doute combattre l’islamisme. Mais encore faudrait-il le combattre aussi à Londres, à Madrid, à Toulouse, à Marseille ou en Seine-St Denis. On ne peut pas dire que les initiatives des socialistes aillent dans ce sens.

     

    Et puis cette intervention au Mali ne s’attaque pas aux racines de l’islamisme ni à ses soutiens réels au Pakistan ou dans les pétro-monarchies, par exemple, que l’on ne cesse au contraire de courtiser. Sans parler de l’effet des révolutions arabes sur la promotion d’un islam radical. Il faut redouter malheureusement que cette intervention militaire ne soit qu’une tartarinade de peu d’effet durable.

     

    En outre, les gesticulations militaires françaises au quatre coins du monde masquent le piètre état réel des forces armées françaises et la nullité de la prétendue défense européenne.

     

    La France fait croire qu’elle joue encore dans la cour des grands, alors qu’elle engage en réalité une très grande part de ses maigres ressources militaires dans des opérations à l’utilité stratégique douteuse, voire, dans le cas du Kossovo, à la nocivité certaine. Nos avions de transport sont à bout de souffle. En Afghanistan, au début, nos militaires achetaient des téléphones portables pour communiquer : plus efficaces que les moyens militaires ! Et les opérations aériennes en Libye ont vite épuisé notre stock de missiles. Sans parler du choc auquel sont confrontés nos matériels et nos soldats, propulsés dans une vraie guerre face à de vrais combattants : dur apprentissage, comme en attestent, hélas, le nombre de nos morts.

     

    Mais en réalité tout cela importe peu aux politiciens.

     

    Honni soit qui Mali pense !

     

    Comme disait Tocqueville dans une formule célèbre, « Les démocraties ne règlent guère les questions du dehors que pour les raisons du dedans. »

     

    En France les mauvaises nouvelles s’accumulent et l’image du gouvernement et du président socialistes ne cesse de se dégrader. Elle atteint un niveau de défiance inégalé sous la Ve République. Le projet de mariage homosexuel a en outre dressé la France réelle contre l’oligarchie. Et ce n’est pas fini car la crise économique continue et plus rien ne marche vraiment dans notre pays.

     

    Ces opérations viennent à point nommé pour détourner l’attention sur une réalité française peu brillante et pour faire croire aux Français qu’ils ont encore un chef d’Etat.
    Comme dans le film de Barry Levinson, nos stratèges en communication ont sans doute pensé qu’en faisant voler une fois encore nos Mirages et nos Rafales, nos gouvernants auraient quelque répit bienvenu.
    Certains rêvent même d’une union nationale autour de Flanby, devenu dieu de la guerre. Il suffit de voir les premières pages du Monde, de Libération ou du Parisien, ou d’écouter la télévision ces derniers jours, pour comprendre quel jeu cynique certains jouent.

     

    Mais ils prennent leurs désirs pour des réalités. Le Mali passera comme le reste : mais le chômage, les petits boulots précaires, les impôts, la délinquance, l’immigration, les initiatives « sociétales » farfelues de nos édiles ne passeront pas mieux.

     

    Le Monde écrit : « L’offensive française sauve un pouvoir en pleine déroute » (leMonde.fr du 15 janvier 2013), mais, hélas, pas au second degré : le journal évoque le Mali, pas le gouvernement français…

     

    Michel Geoffroy , 15/01/2013

     

    Correspondance Polémia – 17/01/2013

  • Tribune libre : Démystifier le "choc des civilisations"

    Des événements tels que la parution des caricatures du prophète publiées par Charlie Hebdo et le film L’Innocence des Musulmans relancent régulièrement le débat sur un potentiel "choc des civilisations". Celui-ci tend souvent à être réduit à un simple affrontement entre un Occident sécularisé et un monde musulman tenté par le fanatisme religieux.

    Pourtant, la pensée du créateur du concept, Samuel Huntington (1), s’avère être beaucoup plus complexe : il n’a nullement la volonté de réduire les relations internationales à ce simple phénomène et ne prophétise en aucun cas un inéluctable affrontement entre ces civilisations. L’auteur lui-même invitait donc à relativiser son propre concept et les presque deux décennies qui se sont écoulées depuis sa parution confirment d’ailleurs que ses prévisions se sont révélées en grande partie aléatoires. 

    Pour Samuel Huntington, le choc des idéologies (nazisme, communisme, capitalisme) a été un accident dans l’histoire : les civilisations sont condamnées à s’affronter et le concept de choc des civilisations explique la majeure partie des relations internationales. Il le définit cependant comme un paradigme permettant de simplifier les relations internationales pour se raccrocher à un modèle mais, comme il l’affirme lui-même, ce modèle n’a pas vocation à tout expliquer. Un parallèle peut être fait avec le concept de guerre froide : la majeure partie des relations internationales se sont inscrites dans ce concept de 1945 à 1989 mais de nombreux éléments, par exemple les décolonisations, ne s’y inscrivent que partiellement ou même pas du tout.

    En outre, l’ouvrage de Samuel Huntington ne se limite en aucun cas à une dichotomie entre Occident et monde musulman. S’il définit neuf civilisations différentes, de manière d’ailleurs relativement douteuse puisqu’il se borne au critère religieux, les potentialités conflictuelles entre la Chine et les Etats-Unis sont selon lui bien plus préoccupantes.

    Ainsi, réduire toute question relative aux relations entre l’Occident et le monde arabe, voire à l’ensemble des relations internationales, uniquement au choc des civilisations revient à une réduction simplificatrice de la pensée de l’auteur du concept

    Par ailleurs, le choc des civilisations n’a nullement le caractère belliqueux qu’on tend abusivement à lui prêter. Samuel Huntington appelait ainsi les Occidentaux à se méfier de leurs tendances à l’universalisme : "La croyance occidentale dans la vocation universelle de sa culture a trois défauts majeurs : elle est fausse, elle est immorale et elle est dangereuse". C’est pourquoi, logiquement, la meilleure façon selon lui d’éviter ce choc des civilisations était de pratiquer une politique de non-ingérence dans les autres civilisations. On est là bien loin du "wilsonisme botté" des néoconservateurs américains ! 

    En dehors de la nécessaire relativité à prendre suite à la lecture de l’ouvrage d’Huntington, on peut également s’apercevoir que 16 ans après sa parution, nombre de ses prévisions se sont révélées hasardeuses.

    Ainsi, Samuel Huntington estimait que l’explosion démographique du monde musulman génèrerait un stress social lui-même facteur d’accroissement de l’emprise de la religion sur les sociétés. Si effectivement la plupart des pays musulmans disposent encore d’une population jeune, ils sont cependant en passe de réaliser leur transition démographique (par exemple, le taux de fécondité de l’Iran est largement inférieur à celui des Etats-Unis).  Et, comme le souligne Emmanuel Todd (2), c’est peut-être justement cette transition démographique, entrainant une émancipation des femmes et un accroissement de l’éducation des plus jeunes, qui génère un stress interne aux sociétés musulmanes dans lesquelles, en conséquence, les pouvoirs traditionnels et religieux se retrouvent confrontés à une érosion de leur influence. Ce phénomène s’en trouve démultiplié par ce qu’Amin Maalouf (3) décrivait en 2009 comme étant une crise de légitimité interne liée à l’autoritarisme des régimes politiques en place, conduisant par la suite au fameux Printemps arabe. Car finalement, cette "crise" est bien plus interne à ces sociétés que tournée contre l’Occident : les victimes du fanatisme religieux sont bien plus nombreuses chez les musulmans que chez les occidentaux tandis que l’immense majorité des musulmans établis dans des pays occidentaux adhère massivement à la sécularisation de la société. 

    Ainsi, le "choc des civilisations" ne peut être considéré, au mieux, que comme un paradigme permettant de donner une clé de compréhension partielle et imparfaite des relations internationales. Il ne saurait être considéré comme un concept absolu, d’autant plus que dans ce cadre il pourrait bien prendre un aspect auto-constructiviste (4). Le sage conseil d’Amin Maalouf prend alors tous son sens : "Toute théorie de l’Histoire est fille de son temps ; pour comprendre le présent, elle est fort instructive ; appliquée au passé elle se révèle approximative, et partiale ; projetée vers l’avenir, elle devient hasardeuse, et quelques fois destructrice." (5)

     Cdt Alain MESSAGER http://www.theatrum-belli.com

    Ancien stagiaire de l’Ecole de guerre (2011-2012), le commandant Alain Messager suit actuellement une formation de master spécialisé "management de la maintenance" à l’Ecole nationale supérieure des Arts & Métiers dans le cadre de l’enseignement militaire supérieur scientifique et technique (EMSST). Il s’exprime ici à titre personnel. 

    NOTES : 

    (1) Samuel Huntington, Le Choc des civilisations, Odile Jacob 1996.

    (2) Emmanuel Todd, Après l’empire, Folio 2004.

    (3) Amin Maalouf, Le Dérèglement du monde¸ Le Livre de poche 2009.

    (4) Cf. Tzetan Todorov, La peur des barbares,

    (5) Amin Maalouf, Ibid., page 269.

  • Mali, Diabaly, les renforts français arrivent… lentement et les jihadistes s’accrochent

    Depuis hier soir, les accrochages aux alentours et dans la petite ville de Diabaly sont montés en puissance au point de se transformer en un affrontement majeur depuis bientôt 12 heures. Débordée, l’armée malienne a dû une fois de plus faire appel aux troupes françaises : ce sont d’abord les commandos du COS (1re RPIMa) qui sont intervenus en reconnaissance offensive, suivis d’une compagnie de marsouins, d’un escadron du 1er RHP, peut-être d’éléments de la Légion (REC), avec appui aérien massif. Les combats, très durs, parfois même au corps à corps, durent encore (1). Comme nous l’écrivions précédemment, c’est maison par maison qu’il faut déloger l’ennemi jihadiste terré dans Diabaly.

    VAB des marsouins à Markala cet après-midi (photo : Céline Martelet - RMC- journaliste embarquée)

    A 15 heures (heure de Paris), des journalistes sur place signalaient la montée en ligne d’éléments du 21e RIMa partis renforcer les forces spéciales au contact avec les islamistes à Diabaly. Un appui héliporté a été aussi signalé, sans pour autant savoir s’il s’agit d’hélicoptères maliens (Mi-24D) ou français (Gazelle).

    Toute communication a été coupée depuis 10h00 ce matin avec la bourgade. Il pourrait s’agir d’une conséquence des frappes aériennes françaises. Ainsi, la ville de San, à l’est de Ségou et hors zone de combat, a connu toute la journée plusieurs coupures d’électricité. Dans le nord, il n’y aurait plus de courant à Gao.

    Peu d’éléments ont filtré quant au déroulement des combats sur Diabaly. On évoque maintenant la présence de plus d’un millier de combattants islamistes sur le secteur de la bourgade malienne ; et des renforts pourraient arriver dans le courant de la nuit. Dans l’après-midi, de source militaire malienne et française, on apprenait que les forces françaises auraient affronté « des enfants-soldats, certains âgés de 12 ans » et que le islamistes utilisaient « les populations comme boucliers ». C’est possible, mais cela reste à vérifier puisqu’aucun observateur indépendant n’est en mesure de confirmer cette information.

    Cette carte anglophone est très utile pour comprendre la position stratégique de Diabaly

    Apparemment, ces derniers jours, ce sont les combattants arabes, de la nébuleuse que l’on désigne commodément sous le dénominatif d’AQMI, qui ont renforcé les Touaregs islamistes d’Ansar Dine ; des jihadistes encore plus aguerris et d’une résistance notable face au feu français, ce qui a étonné jusqu’à l’état-major à Paris. Si on ajoute que ces bandes armées sont familiarisées depuis longtemps avec le terrain sur lequel elles évoluent, sans oublier leur souplesse d’engagement, on peut mesurer le degré de difficulté que rencontrent en ce moment nos troupes à leur contact, sans hélicoptères d’assaut Tigre, ni drones, ni appui d’artillerie tactique de type mortiers de 120.

    Les frappes aériennes n’ont pas cessé de la journée. Guidée par un Bréguet Atlantique-II (comme les troupes au sol), l’aviation française a détruit des « véhicules blindés », dans la nuit et ce matin, dans le « fuseau Ouest » (nord de Diabaly). Il s’agit pour l’essentiel de matériels récupérés par les combattants islamistes à Gao ou dans une autre ville de garnison capturée à partir d’avril dernier, parmi lesquels des BRDM-2 et des BTR-60PB. Plusieurs pick-up surmontés de lance-roquettes multiples de 122 et 107 mm bricolés par les ex-insurgés libyens figurent aussi au tableau de chasse des pilotes de Rafale et Mirage 2000D.

    Plus en arrière de Diabaly, le bourg de Markala, juste au nord de Ségou, a été transformé en base logistique avancée pour les troupes au sol, avec un poste de secours (VAB sanitaire). Pour l’heure, on ne nous signale aucune perte du côté français.

    Les hélicoptères Tigre sont à Bamako, ils devraient être opérationnels au plus tôt demain ou après-demain, comme les drones de surveillance Harfang. Devant la situation plus difficile que prévue, des renforts en troupes seraient attendus de métropole pour les prochains jours, si le ministère de la Défense leur déniche assez de transports aériens.

    L’info sur place continue d’être verrouillée : l’accès aux abords de la ligne de front est toujours interdit à la presse internationale. Pour des raisons de sécurité, affirme-t-on sur place… En fait, Paris comme Bamako tentent de minimiser le fait que cette ligne de front est fluctuante et sans doute encore très perméable à d’éventuelles infiltrations de katiba jihadistes. Et sans doute cherchent-ils à contrôler l’information au maximum. De nombreux check-points ont été mis en place entre Ségou et Mopti-Sévaré, avec contrôle des véhicules et des personnes par l’armée malienne. A défaut de pouvoir se battre avec efficacité, les militaires maliens savent faire la police sur ordre de… Paris !

    http://www.nationspresse.info

    (1) Information démentie, ce soir, par le ministère de la Défense à Paris. Au lecteur de juger par lui-même la valeur de ce type de démenti tardif…

  • Otages français en Algérie : Najat contredit François !

     

    Pas sûr que Najat soit vraiment à sa place...

    Que se passe-t-il au niveau de la com’ gouvernementale ? Après les multiples cafouillages concernant le Mali, voilà que pour la crise des otages en Algérie, la porte-parole du gouvernement n’a pas hésité à contredire le président de la République. Alors que François Hollande confirmait la présence de Français sur le site gazier d’In Anemas lors d’un point-presse, Najat Vallaud-Belkacem affirmait exactement le contraire…

    8 h 30 – « Pas de confirmation de Français ». La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem affirme qu’il n’y a pas de confirmation de la présence de Français parmi les 41 otages retenus sur place depuis 24 heures.

    Source

  • La Grèce assiégée

     

    La crise économique et sociale ne s’apaise pas en Grèce. Autour du Premier ministre Antonis Samaras on entend littéralement siffler les balles. La veille le siège du parti au pouvoir Démocratie nouvelle a essuyé des tirs au pistolet-mitrailleur, l’une des balles ayant touché le bureau du chef du gouvernement.

     

    Le thème est repris par notre observateur Piotr Iskenderov.

    Si les tirs contre les locaux du parti au pouvoir sont le fait d’un groupe de type anarchiste, des centaines de hauts fonctionnaires sont menacés par la Justice. Selon des organes judiciaires grecs, durant l’année 2012 la totalité de l’endettement fiscal dans le pays représente 53 milliards d’euros, soit environ un quart du PIB, et dépasse l’importance de la tranche du crédit de l’UE et du FMI, octroyé au prix de tant d’efforts à Athènes à la fin de l’année dernière. Il est vrai, ces efforts ne parviennent pas pour le moment à atténuer le mécontentement social visant les oligarques, mais aussi le gouvernement.

    Les événements en Grèce sont porteurs d’une menace de déstabilisation politique interne, même si les Grecs se sont pour une large part défoulés lors des campagnes électorales de 2012, a remarqué dans un entretien avec notre correspondant l’expert à l’Institut de l’Europe auprès de l’Académie russe des sciences Vladislav Bélov :

    « L’évolution ultérieure de la situation en Grèce dépendra de l’aptitude des Grecs disposés radicalement à digérer leur propre populisme. Autrement le pays risque de plonger sinon dans une guerre civile, du moins dans des troubles politiques et sociaux quasi permanents ».

    Bruxelles met de toute manière en relief le fait que les tranches du crédit sont octroyées à la Grèce pour une large part sur le gage de futures recettes d’une privatisation d’ampleur permettant ainsi de consolider son budget d’ici à 2015 autour de près de 19 milliards d’€. Mais d’ores et déjà le premier gros projet dans ce domaine s’est heurté à l’opposition de l’UE et des Etats-Unis. Selon le journal The Financial Times, les créanciers occidentaux de la Grèce sont irrités par la participation à l’appel d’offres des compagnies gazières russes Gazprom et Synthèse, ayant proposé aux Grecs plus d’argent. Or les Etats-Unis et l’UE ont exigé du gouvernement grec de ne pas ouvrir le marché gazier national aux compagnies et aux intérêts russes. Paradoxalement, ni les sociétés américaines, ni européennes n’ont manifesté leur intérêt pour la privatisation de la société grecque DEPA. Les intérêts géopolitiques de l’Occident ont, après tout, la priorité, même dans les cas où ils contredisent une logique économique et financière évidente.

    La voix de la Russie

  • Livre BIanc : Renseignement et Forces Spéciales

    Le 20e anniversaire de la création du COS (Commandement des opérations spéciales) vient de donner lieu à une nouvelle présentation en trompe-l’œil du prochain Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité. Hormis son bornage budgétaire déjà posé avant même que ne débute sa mise en chantier, cet exercice important de pensée et de prospective stratégique risque, à nouveau, de recycler quelques vieilles lunes alors que le nouveau contexte international réclame une nécessaire révolution copernicienne.

    Par Eric Denécé (1) et Richard Labévière (2) – Le 01-01-2013.

    La fin de la Guerre froide a produit nombre d’illusions dont celle d’une victoire totale du « monde libre » et de ses conceptions économiques et politiques.

    La démocratie parlementaire allait s’imposer partout et les délices du libre-échange mettre fin aux conflits interétatiques. D’aucuns – dont Samuel Huntington, Francis Fukuyama et leurs suiveurs européens -, annoncèrent un peu vite la « fin de l’histoire » et l’avenir radieux d’une simple administration des richesses et des hommes.

    Un « nouvel ordre international » semblait à portée de main d’une humanité enfin réconciliée avant que la Somalie, les Balkans et le Rwanda n’apportent un cinglant démenti à ce rêve parousiaque. Les attentats du 11 septembre 2001 finirent de condamner cette mauvaise lecture de Hegel tout en générant de nouveaux malentendus.

    Mal inspiré de celui d’ « hyperpuissance », le concept creux d’ « hyper-terrorisme » prenait les mots pour les choses, confondant l’hyper-médiatisation (l’effet) avec la menace réelle (la cause). Laissant entendre que cet événement était aussi important que la chute du mur de Berlin, cette approche servait de justification idéologique à la « guerre globale contre la terreur ». Suivirent tous les mirages de la « sécurité globale » instaurant un continuum rectiligne entre la « défense extérieure » et la « sécurité intérieure » allant jusqu’à la confusion et l’indétermination générale. Joyeuseté post-moderne : tout était dans tout et réciproquement…

    Une troisième mutation ajoute exponentiellement de la confusion aux deux précédentes : la révolution de l’information et ses conséquences opérationnelles. Dans le sillage de la RAM (révolution dans les affaires militaires), s’imposent ainsi de nouveaux mythes :

    plus forte que la réalité des champs de bataille, la technologie prométhéenne peut tout faire et même réduire la nature, l’espace, le temps et le nombre.

    Ainsi, il suffirait de disposer de moyens de renseignement capables d’anticiper les menaces, de forces aériennes suffisantes pour en frapper les cœurs opérationnels et de forces spéciales pour en neutraliser les donneurs d’ordres et leurs entourages…

    Cette pensée stratégique unique qui « fétichise » conjointement le renseignement et les forces spéciales est dangereuse.

    Non seulement, elle sert d’alibi aux réductions drastiques de nos forces conventionnelles, mais elle méconnait dramatiquement les contraintes de nos outils de défense. Un renseignement optimum et diversifié ne s’est jamais substitué aux attributs classiques de la puissance et de l’action comme il n’a que très rarement pu assurer la conquête des cœurs et des esprits des populations et des territoires de l’ennemi. Chaque stagiaire de l’École de guerre sait parfaitement que :

    des forces spéciales efficaces et modulables ont un besoin impératif de la profondeur démographique et humaine des armées conventionnelles et qu’elles ne peuvent, en aucun cas, se substituer à leurs missions traditionnelles et incompressibles de dissuasion, de cohésion nationale et de maillage de l’espace et du temps.  

    Ce discours est en réalité un écran de fumée. Si, depuis leur édification dans un commandement dédié en 1992, les forces spéciales bénéficient d’un début de reconnaissance et de moyens adaptés à leurs missions, il reste encore du travail de conviction à faire auprès de certains décideurs militaires, toujours méfiants ou opposés à ces guerriers d’élite, à ces unités particulières et privilégiées qui drainent les meilleurs éléments des régiments et sont souvent accusées de s’approprier une partie des missions des forces conventionnelles.

     Par ailleurs, le renseignement, qui occupe une place notable dans le discours sécuritaire, reste le parent pauvre de la défense, comme de la sécurité intérieure. Les trois services relevant du ministère de la Défense (DSGE, DRM, DPSD), ne représente guère qu’1% du budget de ce ministère, lui même en forte décroissance. Avec des effectifs et des budgets significativement inférieurs à ceux du Royaume-Uni et de l’Allemagne – alors même que nos responsabilités internationales sont similaires ou supérieures à celles de nos voisins -, notre communauté de renseignement reste sous-dimensionnée face aux défis à relever.

    Nous avons en fait inventé, avant les autres, le renseignement Low Cost, qui marche tant que la situation ne s’aggrave pas. Mais comment pourrait-il être la pierre d’achoppement de notre sécurité ? Son évocation comme solution d’avenir est donc purement idéologique.

     Malgré ces évidences et en dépit des revers militaires essuyés en Irak et en Afghanistan et de la faillite de la ligne Maginot informatique illustrée par les nombreuses cyberattaques d’hackers plus ou moins anonymes,

    cette confiance immodérée dans nos capacités technologiques, n’est-elle pas en train de nous faire perdre la vraie mesure des évolutions de notre monde globalisé ?

    Le triomphe de cette pensée unique d’un « Small is Beautiful opérationnel » n’occulte-t-elle pas les tendances lourdes du chambardement stratégique en acte ? Celui-ci détermine pourtant sous nos yeux les défis des prochaines décennies : implosions étatiques, recentrage asiatique et reconfiguration de l’arc arabo-islamique du Maroc à l’Indonésie.

    Face à la progression impressionnante du budget militaire de la Chine, qui vient de lancer son premier porte-avions et aux efforts de défense de la Russie et des pays émergés, dont l’Inde et le Brésil, qui peut sérieusement affirmer aujourd’hui que les conflits conventionnels sont derrière nous ?

    La crise des économies occidentales et particulièrement celles de la vieille Europe ne nous fait-elle pas prendre des vessies pour des lanternes ?Et plutôt que de réduire nos visions stratégiques à des contraintes budgétaires de très court terme, ne devrions-nous pas renouer avec le courage de choix politiques ambitieux, assumés, expliqués et partagés ?

    A trop vouloir coller à notre « allié » américain dont nous partageons de moins en moins les intérêts économiques, les pays européens, sinon la France, devraient retrouver la voie d’une certaine indépendance d’esprit et d’action.

     Cette révolution copernicienne pourrait s’organiser autour du constat central, malheureusement passé trop inaperçu, de l’excellent rapport du Sénat présenté le 17 juillet dernier[3]. Ce constat est double : la globalisation du monde se poursuit à travers une « maritimisation » croissante des économies et des enjeux stratégiques ;

    dans cette perspective nos efforts de défense ne constituent pas des dépenses mais plutôt des investissements qui pourraient se transformer en autant de nouvelles perspectives de croissance et de redressement productif. 

    En attendant, l’armée « échantillonnaire » – selon l’expression du général Desportes – dont nous disposons dorénavant n’est plus à la hauteur de nos ambitions, ni digne de notre rang.

    • [1] Directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Dernier ouvrage paru : Les services secrets français sont-ils nuls ?, Ellipses, Paris, 2012.
    • [2] Rédacteur en chef du site Espritcors@aire. Dernier ouvrage paru : Vérités et mythologies du 11 septembre 2001, Éditions Nouveau Monde, septembre 2011.
    • [3] Maritimisation : la France face à la nouvelle géopolitique des océans. Rapport d’information de Jeanny Lorgeoux et André Trillard, fait au nom de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées n° 674 (2011-2012) – 17 juillet 2012.

    CF2R  via http://fortune.fdesouche.com