Les lecteurs d’Éléments connaissent Gérard Conio. Ce grand érudit, traducteur du polonais et du russe, a imprimé sa marque sur les éditions l’Âge d’homme aux côtés de Vladimir Dimitrijevic. Aujourd’hui, le professeur émérite à l’Université Nancy-2 publie une version augmentée et mise à jour de La Russie et son double (Perspectives libres 2024) grâce aux bons soins de Pierre-Yves Rougeyron. Dans cette réflexion entamée peu après la chute de l’URSS, Conio interroge les racines profondes de l’histoire russe, les rapports du peuple à l’État et les tiraillements entre Russie et Occident qui caractérisent encore la Russie de Poutine.
REVUE ÉLÉMENTS. Commençons par l’actualité la plus brûlante. Vous avez rédigé plusieurs chapitres de La Russie et son double à Kiev au cours des années 2010. Malgré votre critique de l’OTAN et des nationalistes ukrainiens, reconnaissez-vous quelque responsabilité à la Russie de Vladimir Poutine dans l’enchaînement d’événements qui a abouti à l’invasion de 2022 ?