Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

international - Page 876

  • Aux sources du capitalisme indien

    Aujourd’hui la 10e puissance mondiale en termes de valeur nominale du PIB, l’Inde reste largement absente des travaux comparatifs sur les variétés du capitalisme contemporain. L’historien de l’économie Claude Markovits revient ici sur le rôle du colonialisme, de la diaspora ou encore de la caste sur l’évolution de l’industrie et du capitalisme en Inde.

    Quel a été l’impact de la période coloniale britannique sur le développement de l’industrie et l’expansion du capitalisme après l’indépendance ?

    Claude Markovits: C’est une idée fort répandue en Inde que l’héritage de la période coloniale a pesé lourd sur le développement industriel et l’expansion du capitalisme après l’indépendance. Mais, quand on cherche à définir plus précisément les aspects négatifs de l’héritage colonial, on se heurte à certaines difficultés.

    La vulgate nationaliste indienne associe la période coloniale à un processus de «désindustrialisation », qui renvoie surtout au déclin de certaines productions artisanales, en particulier dans le textile. Cette question a fait l’objet de nombreux débats dans les années 1980, mais la notion de désindustrialisation a été contestée plus récemment par Tirthankar Roy (Roy, Traditional Industry in the Economy of Colonial India, Cambridge UP, 1999), qui a souligné la résilience de certains secteurs artisanaux.

    Par ailleurs une assez puissante industrie moderne s’est développée en Inde à partir du milieu du XIXe siècle, d’abord dans le textile, puis dans d’autres branches (sidérurgie avec les usines Tata inaugurées en 1911, cimenteries, sucreries). Bien que les capitaux britanniques aient joué un rôle dominant dans certains secteurs comme l’industrie du jute, c’est le capital indien qui a été le moteur principal de ce processus de développement industriel colonial, et la période 1860-1947 a vu la naissance d’un certain nombre de grands groupes capitalistes, dont les deux plus connus sont Tata et Birla.

    Capitalisme et domination coloniale

    À l’indépendance donc l’Inde était le seul parmi les pays coloniaux à disposer d’une certaine infrastructure industrielle et d’une classe d’entrepreneurs déjà ancienne.

    Cependant cette avance apparente masquait des déséquilibres profonds, dont le poids allait se faire sentir de façon durable. L’Inde restait un pays agraire, et l’archaïsme des structures agraires mises en place pendant la période coloniale constituait un formidable obstacle au développement d’une économie moderne.

    L’industrie, après des débuts difficiles, s’était largement édifiée à partir de 1918 à l’abri de barrières douanières, et était donc peu compétitive au niveau international. Par ailleurs la plupart des branches avaient une structure fortement oligopolistique, qui faisait obstacle à l’entrée de nouveaux venus.

    Enfin le secteur industriel était largement aux mains de firmes qui opéraient selon une logique plus financière qu’industrielle, et le secteur bancaire, pour sa part, encore dominé par des intérêts étrangers, n’était pas du tout orienté vers le soutien à l’industrie. Donc la nature même du secteur capitaliste privé qui s’était édifié pendant la période coloniale le rendait peu à même d’enclencher un processus de développement rapide.

    D’où la nécessité d’une intervention importante de l’État dans l’économie, à laquelle la plupart des capitalistes eux-mêmes s’étaient ralliés, comme en témoigne le « plan de Bombay » (voir ci-dessous) publié par les plus grands d’entre eux en 1944, qui se prononçait pour un modèle d’économie mixte.

    Dans quelle mesure les institutions, réseaux et structures du capitalisme indien ont-ils été forgés par le contact prolongé avec le modèle britannique ?

    Claude Markovits : La réponse à cette question ne peut être que nuancée. L’Inde pré-coloniale avait une forte tradition marchande, et se caractérisait par l’existence pluriséculaire de puissants réseaux commerciaux et financiers dont les ramifications s’étendaient d’ailleurs bien au-delà du sous-continent, allant des côtes de l’Afrique orientale jusqu’au détroit de Malacca, sans parler d’une pénétration jusqu’au fin fond de l’Asie Centrale.

    Ces réseaux utilisaient un instrument de crédit, le hundi, sorte de lettre de change, qui permettait la circulation de fonds sur de très grandes distances, et ils étaient au fait des techniques financières les plus avancées comme la comptabilité en partie double. Cependant on remarquait dans cet univers l’absence d’une lex mercatoria comparable à celle qui s’était développée en Europe.

    Dans la mesure où les transactions ponctuelles (« spot transactions ») prédominaient, une législation réglementant les contrats ne paraissait pas nécessaire, et les disputes se réglaient en général dans le cadre de guildes fortement auto-régulées.

    Dans ce domaine, la principale innovation coloniale fut l’introduction graduelle du droit commercial britannique, en particulier les lois sur les sociétés par actions (« joint-stock companies »). Cependant elle eut des aspects pervers, car le capitalisme indien resta familial, et l’existence d’une entité juridique appelée la « Hindu joint family », qui bénéficiait d’une forte protection légale permettait en fait aux capitalistes, qui étaient en grande majorité Hindous, de s’émanciper largement des stipulations du droit commercial en matière de transmission d’héritage, de faillite, etc.

    Donc on vit se mettre en place un système hybride dans lequel des firmes familiales purent profiter des innovations institutionnelles introduites par les Britanniques, sans avoir à se soumettre aux obligations de transparence induites par la législation sur les sociétés.

    Par ailleurs la sphère financière fut réglementée dans le but de limiter l’importance des instruments financiers comme les hundi et de favoriser le développement d’un système bancaire moderne. Ce ne fut qu’un demi-succès, et le système financier « informel », connu maintenant en général sous le terme de hawala, demeure important en Inde, en particulier pour le financement des petites et moyennes entreprises, et pour le transfert des fonds des émigrés de l’étranger vers l’Inde.

    Cependant, certaines institutions introduites par les Britanniques ont eu une influence durable sur la structure du capitalisme indien. Je pense en particulier à la « managing agency », un système de gestion qui permettait à quelques individus de gérer de nombreuses sociétés sans posséder nécessairement la majorité du capital, par le biais d’un contrat de gestion qui leur donnait de facto le contrôle de l’entreprise en les dispensant de demander l’avis des actionnaires.

    Créé au départ en raison du déséquilibre entre le petit nombre de managers britanniques compétents présents en Inde, et le grand nombre de sociétés à gérer, ce système fit l’objet d’une appropriation par les capitalistes indiens, qui l’utilisèrent en particulier pour la gestion des usines textiles à Bombay. Il donna lieu à de nombreux abus, les managers recevant en général une rémunération fixe, indépendante de la performance, ce qui favorisait des formes d’ « asset-stripping », mais il ne fut aboli qu’en 1970.

    Combiné avec la « joint Hindu family », il favorisa une concentration du capital entre les mains d’opérateurs qui n’étaient pas nécessairement les plus compétents, et pour qui la prospérité des actionnaires était souvent le dernier des soucis. Donc, plutôt que de l’influence d’un « modèle » britannique importé de la métropole, il faudrait parler d’une hybridation entre des formes de capitalisme indigène et des institutions de type britannique adaptées au climat indien des affaires.

    Peut-on parler d’un « capitalisme nehruvien » et quelles en seraient les caractéristiques ?

    L’expression paraît presque un oxymore, dans la mesure où l’on associe plutôt généralement la figure de Jawaharlal Nehru, premier ministre de l’Inde de 1947 à sa mort en 1964, au développement du « socialisme à l’indienne », qui devint à partir de 1955 la doctrine officielle du Parti du Congrès.

    Cependant elle n’est pas dépourvue de pertinence, et un auteur comme Charles Bettelheim, dans l’Inde indépendante (Paris, Armand Colin, 1962) n’est pas loin de la reprendre à son compte. Bettelheim insistait en effet sur le fait que, malgré l’adhésion formelle du Congrès à une forme de socialisme, l’Inde était clairement un pays capitaliste.

    Le capitalisme indien dans l’Inde indépendante

    Le capitalisme de l’ère Nehru présentait cependant certaines spécificités par rapport d’une part au capitalisme de l’ère coloniale qui le précédait et d’autre part par rapport aux formes de capitalisme plus libéral qui se développèrent en Inde à partir du début des années 1980.

    C’était un capitalisme dans lequel l’État jouait un rôle important, mais en conjonction étroite avec un secteur privé resté puissant. Les origines de ce système original remontent à 1938 quand le parti du Congrès a créé un National Planning Committee dans le but de coordonner les politiques économiques des différents gouvernements provinciaux qu’il contrôlait depuis les élections de 1937 (tenues dans le cadre d’une nouvelle constitution coloniale introduite en 1935), et de jeter les bases d’une planification de l’économie d’une future Inde indépendante.

    Au sein de ce comité, des dirigeants nationalistes, en particulier Nehru, se retrouvaient avec des représentants des principaux groupes capitalistes indiens. Le comité suspendit ses travaux à la fin de 1939 quand les gouvernements congressistes provinciaux démissionnèrent, mais les principaux capitalistes publièrent en 1944 une esquisse de plan, connu sous le nom de « Bombay Plan », qui servit en fait de projet (« blueprint ») pour l’élaboration du premier plan quinquennal indien (1951-55).

    Ce plan, aux objectifs de croissance relativement modestes, prévoyait une étroite collaboration entre secteur public et secteur privé, en particulier dans le secteur industriel. Il optait pour une forme de « planification indicative » à la française plutôt qu’une « planification impérative » à la soviétique. Il définissait quelques objectifs généraux en termes de croissance (qui ne furent d’ailleurs pas atteints), mais ne cherchait pas à orienter plus décisivement l’action des agents économiques.

    Une étape décisive dans l’histoire de la planification indienne fut l’adoption du second plan (1956-60), dont l’inspirateur fut le Professeur P. C. Mahalanobis, directeur de l’Indian Statistical Institute. Cependant, comme Bettelheim le montre dans son livre, la première version (« draft ») de Mahalanobis, qui donnait la priorité, sur le modèle des plans soviétiques, à l’industrie lourde, fut en partie modifié pour inclure des allocations plus importantes aux industries de biens de consommation et au secteur des transports.

    Ses objectifs étaient nettement plus ambitieux que ceux du premier plan, et, bien qu’ils n’aient pu être entièrement réalisés, la croissance économique de l’Inde s’accéléra nettement au cours de cette période. Les réalisations les plus importantes et les plus spectaculaires concernaient le secteur public avec l’édification, en coopération avec différents pays étrangers, dont l’Union Soviétique, de complexes sidérurgiques et de grands barrages et centrales hydroélectriques.

    Cependant le secteur privé connut aussi une expansion non négligeable, bénéficiant en particulier de mesures douanières qui, en 1957, aboutirent à restreindre considérablement l’importation de biens de consommation. Un certain nombre d’importateurs se convertirent alors en industriels.

    Par ailleurs, même dans le secteur de l’industrie lourde, les Tatas furent en mesure d’accroître la production de leurs installations de Jamshedpur. On se dirigeait donc vers une sorte de division du travail entre secteur privé et secteur public qui était avantageuse pour le premier.

    L’État prenait en effet largement à sa charge l’investissement dans les industries de base, dont la rentabilité à court terme était faible ou nulle, et fournissait au secteur privé travaillant surtout dans l’industrie des biens de consommation les « inputs » de base à des prix avantageux, permettant à ce dernier de dégager des marges confortables.

    Ce système connut cependant une crise en 1962 quand l’éclatement du conflit frontalier avec la Chine obligea à réviser les objectifs du troisième plan (1961-65) pour tenir compte des impératifs de la défense.

    Le système se perpétua largement, après la mort de Nehru, jusqu’à la fin du règne d’Indira Gandhi (1966-1977), mais avec un « gauchissement », dont témoigna en 1969 la nationalisation des banques et des assurances, qui renforça considérablement le poids de l’État dans l’économie aux dépens de celui du secteur privé.

    En même temps ce dernier était soumis à une réglementation plus stricte : ce fut ce qu’on appelle le « licence permit raj », qui ne fut véritablement démantelé qu’à partir de 1991. Cependant ce système représentait un développement largement postérieur à l’ère Nehru, et le « capitalisme nehruvien » ne doit pas être, comme c’est parfois le cas, confondu avec ces développements ultérieurs de la période Indira Gandhi.

    Comment s’organisent les réseaux marchands indiens transnationaux ? Ont-ils été affectés par les transformations de l’économie après l’indépendance ?

    Claude Markovits : L’Inde a été depuis la période médiévale le berceau de réseaux marchands opérant bien au-delà du sous-continent. Formés essentiellement d’originaires d’Inde de l’Ouest, avant tout Gujarati mais aussi Sindhi, mais comprenant aussi des Tamouls ainsi que des Punjabi et des Marwari du Rajasthan, ces réseaux ont connu une importante expansion pendant la période coloniale, surtout en direction de l’Afrique orientale et de l’Asie du sud-est (Birmanie).

    Ils reposaient sur la circulation d’individus, en grande majorité des hommes, entre des localités situées en Inde, où se trouvaient les sièges des firmes, et des localités à l’étranger, où elles avaient des filiales. Ces firmes avaient en général une structure familiale, mais, si elles atteignaient une certaine dimension, étaient obligées de recruter des employés en dehors du cercle de la famille.

    Le recrutement se faisait cependant en général localement, souvent dans le cadre d’une caste ou d’une communauté particulière. Ce n’est que rarement que les propriétaires des firmes s’installaient pour de bon à l’étranger, surtout quand des mesures de restriction de l’immigration rendaient plus difficile une circulation régulière entre l’Inde et l’étranger.

    Un capitalisme encastré dans des réseaux familiaux et communautaires

    Ces réseaux, souvent peu visibles, car leurs membres adoptaient généralement un profil bas, jouaient un certain rôle dans les échanges extérieurs de l’Inde avec l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie orientale et l’Asie du sud-est, bien que leur part soit difficile à quantifier avec précision.

    Mais ils avaient souvent aussi une position forte, voire quasi-dominante, dans la vie économique interne de certains territoires coloniaux de l’empire britannique (Ouganda, Kenya, Birmanie). Enfin certains s’étaient taillé une place dans des circuits internationaux sans liens directs avec l’Inde.

    Ainsi des commerçants sindhi d’Hyderabad (Sind) vendaient-ils des tissus japonais en Afrique occidentale britannique dans les années 1930. Leurs liens avec les capitalistes installés en Inde étaient variables : certains commerçants gujarati d’Ouganda approvisionnaient les usines textiles de Bombay en coton ougandais, et des commerçants tamouls en Asie du Sud-Est achetaient des produits textiles auprès des producteurs artisanaux d’Inde du Sud.

    Mais, plus généralement, les réseaux transnationaux d’origine indienne étaient relativement indépendants du grand capitalisme indien travaillant avant tout pour le marché domestique. La plupart opéraient dans le cadre impérial britannique et jouaient sur le fait que les Indiens, après 1858, étaient en droit sujets britanniques, même si dans les faits ils se heurtaient, dans de nombreux territoires de l’empire, à des discriminations.

    L’indépendance de l’Inde créa pour ces réseaux, formés en partie de musulmans, de sérieux problèmes. Certains de ces musulmans de l’extérieur optèrent pour la nationalité pakistanaise, et ceux, musulmans comme Hindous, qui choisirent la nationalité indienne, ne bénéficièrent guère de ce choix, car l’Inde, sous l’impulsion de Nehru, leur fit savoir très rapidement qu’elle n’entendait pas leur accorder une protection particulière.

    Ainsi quand la junte militaire birmane prit en 1962 des mesures de nationalisation qui aboutirent à un départ massif de commerçants indiens, New Delhi ne prit aucune mesure pour les aider.

    Avec la vague des indépendances africaines le gouvernement indien conseilla à ses ressortissants en Afrique d’adopter la nationalité du pays de résidence, un choix qui n’était pas toujours possible, comme en témoigne l’expulsion des « Asians » d’Ouganda par Idi Amin Dada en 1972.

    L’Inde de Nehru, concentrée sur un développement économique largement auto-centré, ne considérait pas sa diaspora comme une chance, mais plutôt comme un fardeau. C’est seulement avec la libéralisation d’après 1991 que l’Inde a tenté de renouer avec sa diaspora dans l’espoir de renforcer ses liens avec l’économie mondiale.

    Quel rôle joue la caste dans le fonctionnement du capitalisme indien ?

    Claude Markovits : C’est là une question délicate et controversée. Une vue répandue du système des castes est qu’il fixe de façon rigide la structure professionnelle. D’après cette théorie, les capitalistes devraient tous appartenir à la caste des bania ou plutôt à différentes sous-castes de cette caste. Dans les faits, outre la présence importante de non-Hindous dans les rangs des capitalistes (Parsis, Jains, musulmans, voire chrétiens), l’adéquation est loin d’être parfaite.

    Ainsi trouve-t-on d’assez nombreux brahmanes dans les rangs des entrepreneurs, surtout dans le secteur des hautes technologies, et a-t-on assisté récemment à l’apparition de quelques capitalistes issus de rangs des Dalits (ex-intouchables). Cependant, globalement, le monde du grand capital indien reste dominé par des groupes familiaux le plus souvent issus du milieu des castes marchandes hindoues (et jaïnes).

    Ils sont le plus souvent originaires de quelques régions du sous-continent, avant tout du Gujarat (Gujaratis hindous, jaïns et musulmans) et du Rajasthan (Marwaris hindous et jaïns). Cette prédominance globale des castes marchandes a des racines dans la période pré-coloniale, mais paradoxalement elle a eu tendance à se renforcer pendant la période coloniale.

    Les causes en sont complexes. Il y a des raisons avant tout politiques, le fait que les groupes qui combinaient commerce et métier des armes, comme les caravaniers Banjara ou les « ascètes » Gosain ont été victimes de la volonté de l’État colonial d’établir son monopole sur l’usage de la violence armée. Au contraire les castes marchandes non armées (et en particulier les Jaïns, dont la religion est non-violente) se sont vu privilégiées par le nouveau pouvoir, qui leur a confié en particulier l’approvisionnement de ses propres armées.

    D’autre part la mise en place d’institutions financières modernes essentiellement contrôlées par des Britanniques (banques d’État ou privées) s’est souvent accompagnée d’une politique restrictive en matière d’avances aux capitalistes indigènes, jugés constituer un trop gros risque.

    Ainsi, pour financer leurs entreprises, les capitalistes indiens ont-ils dû avoir souvent recours à leur réseau de parenté, mais aussi, dans la mesure où ce dernier était insuffisamment efficace, à leur réseau de caste. La caste en est venue parfois à constituer un véritable « resource group », jouant un rôle de substitut à des institutions financières inexistantes ou trop faibles. Le rôle de la caste a pu cependant varier suivant les lieux et les circonstances.

    Un anthropologue américain, David Rudner, à partir d’une étude portant sur des banquiers tamouls appartenant à la sous-caste des Nattukottai Chettiars (Rudner, Caste and Capitalism in Colonial India, University of California Press, 1994) a conclu à l’existence d’un véritable « capitalisme de caste » chez ces banquiers, opérant surtout en Birmanie, qui utilisaient leurs temples de caste comme des « clearing houses » pour des transactions considérables qui concernaient exclusivement des membres de la caste.

    Cependant ce modèle était loin d’être universel, et mes propres travaux sur des réseaux marchands du Sind (Markovits, The Global World of Indian Merchants, Cambridge UP, 2000) voient la localité plutôt que la caste comme le principe de base d’organisation des réseaux.

    Au-delà de ces études portant sur l’histoire du capitalisme indien, la question qui se pose est celle de savoir si dans la phase néo-libérale actuelle, le rôle de la caste va en diminuant, comme il serait logique qu’il le fasse. Il y a des indications qui vont dans ce sens, comme l’origine assez variée des entrepreneurs du secteur des hautes technologies, mais il est trop tôt pour affirmer qu’il s’agit d’une tendance lourde et irréversible.

    Notes:

    Claude Markovits est Directeur de Recherche Émérite au CNRS, rattaché au Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles sur l’histoire économique de l’Inde coloniale. Parmi ses publications : Indian Business and Nationalist Politics 1931-39 : The indigenous capitalist class and the rise of the Congress Party (Cambridge University Press, 1985), The Global World of Indian Merchants c. 1750-1947 : Traders of Sind from Bukhara to Panama (Cambridge University Press, 2 000), Merchants, Traders, Entrepreneurs : Indian Business in the Colonial Era (Palgrave Macmillan, 2008).” The Colonised as Global Traders : Indian Trading Networks in the Global Economy”, in C. Dejung, N.P. Petersson (eds), The Foundations of Worldwide Economic Integration : Power, Institutions and Global markets, 1850-1930 (Cambridge University Press, 2013).

    La Vie des Idées

    http://www.fdesouche.com/608453-aux-sources-du-capitalisme-indien#more-351469

  • Déroute de l’Etat islamique au Sinaï et désinformation des médias internationaux

    Nouvelles de France a obtenu l’aimable autorisation d’Eric Denécé, directeur du site du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) de reproduire l’excellente tribune du géopolitologue Chérif Amir sur la répression efficace du Président Égyptien Abdel Fattah al-Sissi contre le terrorisme islamiste.

     

    Le 1 er juillet 2015, au nord du Sinaï, les forces armées égyptiennes ont littéralement écrasé les terroristes de l’organisation « Etat islamique », soutenus par le Hamas, tuant 241 islamistes qui rêvaient de répéter le scénario de l’humiliation des armées irakienne et syrienne sur la terre des pharaons. Ils ont cru pouvoir créer une enclave islamique à Al-Arish et dans tout le nord du Sinaï, en attaquant simultanément quinze check points militaires à 06h55. Les terroristes, montés sur plusieurs dizaines de des de pick-up et de motos, étaient lourdement armés (mortiers, RPG, canons anti-aériens, etc.)

    Mais leur rêve s’est transformé en cauchemar grâce à la férocité de la seule armée encore debout au Proche-Orient, dont les pertes à l’occasion de cet affrontement se sont élevées à vingt-quatre hommes seulement. Ils ont pour l’essentiel trouvé la mort en arrêtant l’avancée des véhicules 4×4 piégés qui devaient ouvrir la route aux terroristes et infliger de nombreuses pertes à l’armée égyptienne.

    Pourtant, les médias internationaux – Al-Jazeera, AFP, BBC, Euronews – ont donné une version totalement faussée de ces événements, qu’il s’agisse de mensonges ou d’approximations dans la relation des faits, parlant de plus de 70 tués parmi les militaires et de la chute de nombreuses villes du Sinaï aux mains de l’organisation « Etat islamique ».

    La situation a été en effet bien différente. Les nombreuses vidéos réalisées montrent les terroristes tentant – en vain – de fuir le champ de bataille face à l’infernale puissance de feu de l’armée égyptienne ; on y voit au moins trois pick-up remplis des cadavres de membres de l’Etat islamique.

    L’armée égyptienne a également intercepté les SOS lancés par les terroristes sur les ondes : « Sauvez nous ! Sauvez nous ! Nous sommes blessés ! ». Ces appels, en dialecte palestinien et dans d’autres dialectes arabes, décrivaient la puissance de feu de l’armée égyptienne comme l’enfer, frappant sans arrêt, sur tous les points de l’attaque. [....]

    La suite sur Nouvelles de France

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Deroute-de-l-Etat-islamique-au

  • La Maison Blanche aux petits soins du planning familial

    Et on vous dit que le lobbying n'existe pas : 

    "La Maison Blanche a menacé d'opposer le veto présidentiel à toute initiative républicaine visant à réduire le budget alloué à la plus importante organisation de planning familial des Etats-Unis, qui réalise notamment des avortements. Le porte-parole de l'exécutif américain Josh Earnest a indiqué que tout projet fiscal, "guidé idéologiquement", prévoyant de réduire les financements de l'organisation à but non lucratif Planned parenthood "serait certainement quelque chose qui se heurterait au veto présidentiel".

    Planned parenthood est depuis longtemps la bête noire des militants conservateurs américains.  Un groupe d'opposants a récemment diffusé des vidéos enregistrées en caméra cachée, supposées montrer des employés de l'organisation proposant de vendre des tissus de foetus".

    Lahire

  • Le Département d’Etat américain empêche les chrétiens d’Orient de témoigner des persécutions musulmanes, dont ils sont les victimes

    Source : résistance républicaine
    Alors que les persécutions des chrétiens d’Orient par les musulmans atteignent un niveau de brutalité sans précédent, le Département d’État américain a dévoilé sa politique de double standard à l’encontre des minorités chrétiennes persécutées.

    Soeur Diana, une influente Responsable chrétienne irakienne, qui devait se rendre aux USA en mai dernier, afin de plaider la cause des chrétiens persécutés au Moyen-Orient, se vit refuser son visa par le Département d’État américain, malgré le fait qu’elle ait visité les USA précédemment, notamment en 2012.
    Elle devait faire partie d’une délégation de leaders religieux d’Irak, en compagnie, entre autres, de sunnites, de chiites, et de yézidis, invités à Washington D.C. pour parler de la situation de leur communauté respective.
    Chaque responsable religieux reçut un visa, à l’exception de la seule représentante chrétienne du groupe : Sœur Diana.
    Lorsque ce refus fut de notoriété publique, de nombreux Américains protestèrent et certains écrivirent à leurs. députés.
    Ainsi, l’ancien président de la Chambre, Newt Gingrich, se référant au refus d’octroyer un visa à Sœur Diana, déclara :

    Cette administration ne semble jamais trouver une bonne raison pour aider les chrétiens, mais trouve toujours une excuse pour disculper les terroristes… Comme ce refus injustifié attire l’attention, j’espère que le Secrétaire Kerry inversera la situation. Dans le cas contraire, le Congrès devra mener une enquête et virer la personne, responsable de cette décision.

    Le Département d’État accorda finalement le visa à Sœur Diana.

    Ce n’est pas la première fois que le Département d’État américain refuse d’octroyer un visa à un Leader chrétien, en provenance d’une région musulmane. L’année dernière, alors que l’Institut américain pour la Paix invita tous les gouverneurs des Etats du Nord du Nigéria, à majorité musulmane, à une conférence aux USA, le Département d’État bloqua le visa du seul gouverneur chrétien de la région : Jonah David Jang.
    Selon un avocat nigérian, défenseur des Droits de l’Homme, basé à Washington D.C., le problème de visa du gouverneur chrétien, était tout simplement dû à la politique discriminatoire antichrétienne du gouvernement américain.
    Les USA insistent sur le fait que les musulmans sont les premières victimes de Boko Haram ! Ils affirment également que ce sont les chrétiens, qui discriminent les musulmans de l’État du Plateau, l’un des rares États du Nord à majorité chrétienne.

    http://fr.novopress.info/

  • Condamner le terrorisme et dérouler le tapis rouge pour le roi d’Arabie

    Source : Boulevard Voltaire

    Nous avançons avec dans une main la Déclaration des droits de l’homme et dans l’autre une liasse de contrats d’armement destinés à des pays qui se soucient des droits de l’homme, et encore plus de ceux de la femme, comme de leur dernière djellaba.

    C’est entendu, SOUS le sable de l’Arabie saoudite, il y a beaucoup de pétrole, plus que partout ailleurs, et donc énormément d’argent. Chacun sait qu’en France, à défaut de pétrole, on a des idées. L’idée, ici, consiste à faire venir le pétrole et son argent, en l’occurrence, le roi d’Arabie, SUR le sable, celui de la plage de la Mirandole à Vallauris, ce qui n’a pas manqué de déclencher un pic de protestations.

    On conçoit le mécontentement des vacanciers habitués à cette plage et le dérangement des riverains. Mais, plus que l’abandon de nos principes au nom de nos intérêts et de nos alliances, cet accueil est l’aveu sidérant des contradictions auxquelles conduisent le déclin du pays et l’effondrement des hommes qui le dirigent. La première est d’ordre économique et politique. La France est le pays du luxe, et les entreprises sur ce marché entretiennent des savoir-faire et des emplois dont le pays a plus que jamais besoin. Mais c’est aussi le pays où le souci de l’égalité dans les discours politiques tourne à l’obsession. Ce qui rend ce paradoxe ridicule ou odieux, c’est qu’il produit une préférence étrangère et un désavantage pour les nationaux. Si les étrangers puissants et riches sont les bienvenus, est-il intelligent de faire fuir au-delà de nos frontières les Français fortunés qui se mettent à l’abri d’une fiscalité délirante et surtout d’un impôt sur la fortune, cette exception française absurde, maintenue par la démagogie de gauche et la couardise de droite ? Il est probable que le séjour en France, en permanence, des exilés fiscaux aurait des retombées économiques plus importantes que les trois semaines du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud.

     

    La seconde contradiction est celle dans laquelle se vautrent l’Occident tout entier, et la France en particulier, en politique internationale. Nous avançons avec dans une main la Déclaration des droits de l’homme et dans l’autre une liasse de contrats d’armement destinés à des pays qui se soucient des droits de l’homme, et encore plus de ceux de la femme, comme de leur dernière djellaba. La France suit les États-Unis avec une telle précipitation qu’elle semble même parfois les dépasser. L’indépendance nationale et l’intérêt supérieur de la patrie déterminent logiquement un réalisme politique sur la scène internationale. Mais la contradiction du donneur de leçon de morale entre son discours et ses actes est une insulte envers ceux qui sont ses électeurs. Il n’y a pas de pays plus éloigné des valeurs républicaines que l’Arabie saoudite.

    Il est vrai qu’au-delà d’un certain poids, les pays supportent mal les leçons. Obama peut bien suggérer « fortement » aux Africains d’accepter le mariage unisexe, il s’abstiendra de le faire auprès de ses alliés saoudiens. Car le problème est là : les « démocraties » occidentales sont alliées à des pays qui sont leur antithèse et dont ils dépendent économiquement.

    Au temps où la France était un grand pays, elle soutenait Méhémet Ali, le vice-Roi d’Égypte dont l’armée écrasa une première offensive wahhabite déjà dirigée par les Saoud, qui s’étaient emparés des villes saintes. Sous la pression des Anglais, la France dut abandonner cette alliance. Poursuivant son déclin, elle en est aujourd’hui à flatter les Saoud, les grands alliés des Américains, dont les rapports avec le djihadisme sont moins clairs que leur hostilité à l’Iran. Peut-on à la fois condamner le terrorisme et dérouler un tel tapis sous les pieds du salafisme ?

     

    Christian Vanneste

    http://fr.novopress.info/191137/condamner-terrorisme-derouler-tapis-rouge-roi-darabie/#more-191137

  • La propagande de L’UE pour lutter contre l’opposition grandissante au TAFTA

    « Je n’ai toujours aucune idée de ce qu’est le TTIP après avoir regardé cette vidéo… Pure propagande » : tel est l’un des commentaires figurant sous les vidéos postées sur YouTube par la Commission européenne pour défendre le traité transatlantique (TAFTA, ou TTIP), qui rencontre une hostilité croissante partout en Europe. Pour chaque vidéo de la Commission européenne qui vante les mérites d’un accord négocié dans le plus grand secret, des dizaines d’internautes mettent en gardent contre les conséquences terribles du traité transatlantique. Si l’adoption finale des traités de libre-échange ne fait guère de doute, la Commission européenne aura sans doute bien du mal à rencontrer l’assentiment des peuples. Aussi un phénomène émerge-t-il : les mondialistes se lancent désormais dans la propagande pour promouvoir leur idéologie de plus en plus massivement rejetée par les peuples.

    La Commission européenne tente de lutter contre l’opposition grandissante au traité transatlantique

    Au début de l’année 2013, le président américain Barack Obama appelait à un accord commercial entre les Etats-Unis et l’Union européenne : dès cet instant, Bruxelles voyait fleurir des tags « NO TAFTA, NO TTIP » dans ses rues. Plus de deux ans après, les graffitis sont toujours là, et l’opposition ne cesse de croître.

    C’est la raison pour laquelle les bureaucrates bruxellois ont décidé de prendre les armes de leurs adversaires pour tenter de convaincre les peuples des bienfaits de ce traité transatlantique, dont les bénéfices sont tels que les négociations sont entourées d’un secret absolu.

    « Nous savons très peu parler aux gens ordinaires », a commenté un officiel de l’Union européenne engagé dans l’équipe de communication pro-TAFTA de la Commission. L’aveu mérite d’être relevé mais pendant ce temps d’autres, qui savent parler aux « gens ordinaires », ont activement milité contre le traité transatlantique et recueilli les fruits de leur militantisme. 39 % des Allemands et 50 % des Français seulement sont favorables à cet accord, selon une récente étude de l’organisme de sondage américain Pew Research.

    La propagande de la Commission européenne pour convaincre les opposants au TAFTA – TTIP

    Alors l’Union européenne redouble d’efforts et utilise des prospectus, des fiches d’informations, des brochures et des vidéos pour « casser le mythe », sans convaincre grand monde pour l’instant.

    Les critiques se focalisent sur l’appauvrissement de l’Europe, ou l’ouverture des règlementations en matière de sécurité ou d’environnement. Un groupe d’activistes européens intitulé « STOP TTIP », soutenu par l’extrême-gauche et les écologistes, a finalement été rejoint par un grand nombre d’Européens qui s’inquiètent des impacts d’un tel accord sur les emplois, la sécurité alimentaire ou le pouvoir des multinationales… La grogne s’amplifie.

    Alors les officiels de Bruxelles parcourent l’Europe, rencontrent des étudiants pour leur dire tout le bien qu’il faut penser de cet accord. Ils reçoivent peu de soutien des gouvernements européens alors même que la Commission européenne attend d’eux, des parlements et des autorités des différents pays concernés qu’ils tentent de convaincre leurs citoyens.

    Il sans doute trop tard pour s’opposer à cette nouvelle étape de l’intégration mondialiste : les moyens de l’Union européenne sont trop puissants et la propagande pourrait s’intensifier… Jusqu’à convaincre ? Est-ce encore nécessaire ? Nos démocraties avancées peuvent maintenant de passer de l’avis des peuples. Les Grecs nous n’ont récemment rappelé et les Français se souviennent avoir rejeté la Constitution européenne. Seul compte le discours médiatique qui reconstruit le réel et norme le politiquement correct.

    En attendant, il faut noter qu’une propagande aussi manifeste pour l’idéologie mondialiste est un phénomène nouveau, qui pourrait rapidement devenir envahissant…

    Béatrice Romée pour Reinformation.tv

    http://www.contre-info.com/la-propagande-de-lue-pour-lutter-contre-lopposition-grandissante-au-tafta#more-38919

  • Scandale de la vente d'organes de foetus avortés : ce n'est pas terminé

    Ce sont déjà 3 vidéos révélant les pratiques abominables du Planning familial qui ont été diffusées dans la presse. L'affaire est résumée ici.

    David Daleiden, le fondateur du Centre Pour le Progrès Médical (CMP), a révéléqu'il y a encore neuf vidéos qui révèlent les opérations du Planning familial.

    "Nous avons près de 300 heures de vidéos filmées en caméra cachée, rassemblée par des journalistes d'investigation au cours de 30 mois, montrant comment le Planning familial vend les parties du corps des bébés qu'ils tuent".

    Le planning familial a loué les services d'une société de gestion de crise pour traiter les retombées de cette affaire. Soit actuellement 10 enquêtes et une proposition de loi pour supprimer les subventions.

    Et cette enquête a été faite dans les règles de l'art. A la question de savoir si des lois d'enregistrement locales pourraient nuire à CMP, Daleiden a répondu que

    "Chaque enregistrement sur bande que nous avons fait pendant ce projet a été fait dans le respect intégral des lois d'enregistrement locales. La vidéo spécifique du laboratoire de pathologie à la clinique de Planning familial qui a été révélée aujourd'hui [mardi], et qui a été faite à Denver, dans le Colorado, a été réalisée avec le consentement des participants."

    Michel Janva

  • La stratégie d’Erdogan pourrait mener son pays au chaos…

    C’est l’attentat de Suruç (jamais revendiqué par l’EI) qui fut le prétexte invoqué par Ankara pour déclencher une opération militaire de grande envergure visant à anéantir le PKK et accessoirement à repousser Daesh loin de ses frontières. Depuis une semaine le PKK se venge violemment de l’agression turque et l’État Islamique ne s’est pas encore lancé dans la bataille…

    Rien qu’aujourd’hui, 3 policiers morts en Turquie.