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international - Page 978

  • Vers un Nouvel Ordre Mondial? Mais, il est déjà là!

     

    Ex: http://zejournal.mobi

    Poutine a exprimé le souhait d'un « nouvel ordre du monde » capable d'assurer la stabilité de la planète. Il trouve que les États-Unis abusent de leur rôle de leader mondial. Ce qui n'a pas été suffisamment signalé nulle part, c'est que les piliers de « l'ancien régime » s'écroulent depuis des années.

    Tout était pourtant si simple. Le monde était partagé en deux camps – l'Occident et le reste. Et « l'Ouest » était vraiment « the best ». Il y a 20 ans, six des économies les plus puissantes faisaient partie du camp pro-Washington.

    Le leader – les USA eux-mêmes – était si loin en tête, que son Produit Intérieur Brut (PIB) était quatre fois plus grand que celui de la Chine et valait neuf fois celui de la Russie.

    Le pays le plus peuplé du monde – l'Inde – avait presque le même revenu que la comparativement minuscule Italie et que le Royaume Uni. L'idée que cet ordre de choses allait changer aussi dramatiquement en à peine deux décennies aurait fait rire n'importe qui.

    Aux yeux des Occidentaux, la Chine et l'Inde étaient des pays arriérés, et il leur faudrait un siècle au bas mot pour devenir des rivales potentielles. La Russie, elle, était perçue comme un cas désespéré, un pays à genoux, en proie au chaos. De telles notions, dans les années 90 étaient parfaitement justifiées.

    L'économie mondiale dans les années 1990 et aujourd'hui

    Tableau des dix économies mondiales les plus importantes, ajustées selon la Parité en Pouvoir d'Achat (PPA).

    1995 ( en milliards d'US$)

    1. USA 7.664 

    2. Japon 2.880 

    3. Chine 1.838 

    4. Allemagne 1.804 

    5. France 1.236 

    6. Italie 1.178 

    7. Royaume-Uni 1.161 

    8. Inde 1.105 

    9. Brésil 1.031 

    10. Russie 955

    2015 (Prévisions du FMI)

    1. Chine 19.230 

    2. USA 18.287 

    3. Inde 7.883 

    4. Japon 4.917 

    5. Allemagne 3.742 

    6. Russie 3.643 

    7. Brésil 3.173 

    8. Indonésie 2.744 

    9. France 2.659 

    10. Royaume-Uni 2.547

    Le soleil couchant US

    Maintenant, c'est l'Occident qui fait les frais de la plaisanterie. Le Fonds Monétaire International (FMI) estime que, dès 2015, les quatre plus puissantes économies du monde seront des membres du club connu par son acronyme, BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), et la Chine sera tête de file à la place des USA. C'est même probablement déjà le cas, les chiffres, en économie, ayant tendance à traîner derrière les faits.

    L'Italie, homme malade de l'Europe, ne fait plus partie des dix du peloton de tête, et le Royaume-Uni, lanterne rouge, peine à s'y accrocher. Londres prétend toujours au titre de place financière centrale. Les seuls qui le croient encore sont les petits Anglais (« the little Englanders »). Le Royaume Uni est devenu la Julie Andrews de la géopolitique : une étoile en voie d'extinction, qui fut jadis brillante. La France est impuissante, se traînant de crise en infortune et d'infortune en crise.

    Le Président US Barak Obama et la Chancelière allemande Angela Merkel

    Il est trop tôt pour mettre les États-Unis au rebut. L'Empire ne va pas disparaître d'un jour à l'autre, mais son soleil est déjà bien bas dans le ciel. C'est moins la faute des États-Unis que celle de la déchéance croissante de ses alliés traditionnels.

    Les deux seuls qui tiennent encore debout sont l'Allemagne et le Japon, aucun des deux n'étant cependant des acteurs militaires sérieux. La Grande Bretagne et la France ont longtemps été le fer de lance des aventures martiales. En réalité, l'Allemagne n'est pas un partenaire follement enthousiaste, parce qu'une large frange de la classe politique de Berlin est extrêmement sceptique à l'égard du pouvoir US. Pour une partie très significative de l'intelligentsia allemande, c'est Moscou le partenaire naturel, pas les États-Unis.

    La montée en puissance des BRICS et d'autres économies émergentes joue un rôle majeur dans la consommation mondiale, dans le commerce mondial et dans les investissements mondiaux. D'ici 2020, le FMI estime que la Russie aura dépassé l'Allemagne et que l'Inde aura surclassé le Japon. Il prévoit également une dégringolade de l'importance mondiale des USA, de 23,7% en 2000 à 16% en 2020. En 1960, les USA représentaient 38,7% de l'économie mondiale. À l'opposé, en 1987, la Chine ne représentait que 1,6%, mais à la fin de cette décennie, elle pourra en revendiquer 20%. C'est un changement de donne sans précédent en un laps de temps aussi court.

    Importance de la stabilité

    Le discours de Poutine à Valdai n'a pas été un coup donné au pif ni à l'aveuglette, mais une évaluation très nuancée de ce qu'est actuellement l'équilibre du monde et de ce vers quoi on se dirige dans les années qui viennent.

    Le Président russe Vladimir Poutine, pendant la rencontre plénière finale de la 11e session du Club de Discussion International de Valdai, à Sotchi

    Plutôt que de se préoccuper des questions soulevées par Poutine, les médias occidentaux ont préféré shooter dans l'homme et se désintéresser de la balle. Les éditoriaux ont qualifié son discours de « diatribe » et décrété que Poutine s'en est surtout pris à la politique étrangère des États-Unis, jugée par lui anti-russe. Ils sont passés en masse à côté de la question réelle.

    Le souci principal de Poutine, c'est la stabilité et sa prévisibilité, c'est-à-dire l'exacte antithèse du libéralisme occidental moderne. En fait, la position de Poutine est plus proche de celle qu'ont eue, dans le passé, des formations comme la CDU de Konrad Adenauer en Allemagne et les Tories de Harold MacMillan en Angleterre, conservateurs européens classiques s'il en fut.

    Poutine est souvent très mal entendu en Occident. Ses déclarations publiques, destinées à une audience intérieure plutôt qu'internationale ( ? NdT) sont perçues comme agressives, voire chauvines. Mais les observateurs feraient bien de se rappeler qu'il est un maître de judo, dont les mouvements sont calculés pour déstabiliser l'adversaire. Si on le lit entre les lignes, Vladimir Poutine cherche le mariage, pas l'isolement.

    Le Président russe considère son pays comme faisant partie d'une nouvelle alternative internationale, en union étroite avec les autres nations du BRICS, pour mettre un frein aux agressions US là où c'est possible. Poutine voit cela comme un chemin vers la stabilité. Adenauer et MacMillan l'auraient parfaitement compris. Mais les dirigeants européens actuels et les Nord-Américains ne le comprennent pas. Enivrés par la domination dont ils ont joui ces vingt dernières années, l'idée que l'ordre mondial est en train de changer à toute allure n'a pas encore fait tilt dans leurs têtes.

    La réaction des États-Unis à cette nouvelle réalité constituera une question de vie ou de mort. Presque à la manière d'un dessin animé, Washington se cramponne désespérément à sa NSA, à ses gouvernements-fantômes, à son Quatrième Pouvoir pathétique à force de nullité, à sa puissance militaire dilapidée et à son terrifiant chauvinisme rampant. Son infantilisme a besoin d'un « méchant ». En une dizaine d'années ce traître de mélodrame est passé de Ben Laden, de Saddam Hussein et des « Frites de la Liberté » à la russophobie. Si la classe dirigeante américaine ne change pas de comportement, la transition vers un monde multipolaire pourrait bien ne pas se passer en douceur. C'est une crainte sérieuse, et elle est fondée.

    Bryan MacDonald

    Note :

    [ On n'a pas l'habitude, ici, de corriger les gens qu'on publie, mais, quand Bryan MacDonald assimile Vladimir Poutine à Harold MacMillan, il oublie que ce dernier a gouverné un empire colonial, et même un des pires qui soient, ce qui n'est pas, jusqu'à présent, le cas de Poutine et que rien, dans son parcours ne laisse présager. ] note du traducteur.

    - Source : Bryan MacDonald-Traduction c.l.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

     

  • Somaliland : Le pays qui n’existe pas

    Aux yeux de la communauté internationale, le Somaliland est seulement une région semi-autonome de la Corne de l’Afrique. Mais pour ses 3,5 millions d’habitants, ce territoire, doté d’un président, d’un drapeau et même d’une monnaie, est bien distinct de la Somalie.

    Autoproclamé État indépendant en 1991, le Somaliland est vu par plusieurs pays comme un îlot de stabilité dans une région complexe, ainsi qu’un partenaire solide dans la lutte contre la piraterie et les islamistes Shebab.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Djihadistes français : la grande désillusion ?

    Les voyages, non contents de former la jeunesse, sont aussi susceptibles de mettre un peu de plomb dans la tête de certains.

    L’appel du grand large a toujours été l’apanage de la jeunesse. Marius chez Marcel Pagnol ou Johnny Hallyday avec les mots de Philippe Labro dans « Mon Amérique à moi » : on rêve toujours d’un ailleurs ou d’on ne sait quelle autre « Terre promise ». Avec sa sagesse légendaire, Eddy Mitchell assurait : « L’Amérique que j’aime n’existe pas. » On ne le lui fait pas dire. Pareillement, on pourrait ajouter, en guise de codicille, que l’Espagne républicaine d’André Malraux n’était, au choix, qu’un beau rêve ou un vilain cauchemar.

    Nos djihadistes français participent finalement du même processus nostalgique. Ainsi seraient-ils de plus en plus amers et plus prompts au retour qu’ils ne l’étaient au départ. Selon rtl.fr« il ne s’agit pas d’un mouvement de masse et le flux n’est pas comparable à celui des départs, mais le phénomène met en lumière la désillusion, la fatigue ou la peur de certains Français partis faire le djihad. »

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  • Misère Valley, les laissés-pour-compte de Google & Co

    La richissime Silicon Valley a relégué ses SDF dans un immense camp, “The Jungle”. L’immobilier a explosé, chassant de chez eux les oubliés de la révolution high-tech.

    “This is America“, semble dire la bannière étoilée ondulant dans la brise automnale, plantée tout en haut d’un arbre. Perchée dans les cimes, une espèce de cabane en bois, la “demeure” la plus luxueuse de “The Jungle“, l’un des plus gros camps de SDF des États-Unis, situé à San José, dans la richissime Silicon Valley.

    Elle a été construite par Troy, ex-charpentier qui s’est retrouvé dans la rue il y a deux ans. Elle est vide depuis deux mois. Il paraît que Troy a trouvé un logement. Il reviendra peut-être. On revient toujours dans la Jungle.

    Deux mondes parallèles

    Le camp ressemble à la vision apocalyptique et désolée d’un monde après destruction atomique, tout droit sorti d’un roman de science-fiction. C’est un immense bidonville de tentes à même le sol, poussiéreux et sale. Plusieurs centaines de personnes vivent dans cette zone d’environ 25 hectares, qui s’est considérablement étendue ces deux dernières années.

    Il faut slalomer entre des montagnes de déchets s’accumulant entre les arbres. Les chiens aboient. Parfois, un pied sort d’une tente, on voit un corps, allongé sur un matelas par terre. Des silhouettes fantomatiques traînent dans les allées des chariots remplis de bric et de broc.

    Un homme déboule de Story Road, la route de San Jose qui longe le camp, se faufilant sous la glissière de sécurité avec une brouette pleine de bouts de bois : “Pour faire un feu, j’ai froid.” Comme un fantôme, il disparaît, happé par le néant. De la route on ne voit rien de ce monde parallèle, celui des damnés qui vivent là, sans eau courante, sans sanitaires, sans chauffage. Seul détail qui interpelle : les vélos. De temps à autre, des silhouettes sortent. Enfourchent une bicyclette déglinguée. Certains résidents du camp vont ainsi au travail, car ils ont parfois des jobs. Ou partent en expédition pour prendre une douche dans un club de gym des environs qui les laisse entrer.

    This is America. A quinze minutes en prenant la mythique Route 101 (la “one o one”), on arrive à Mountain View, autant dire “Google City”. L’entreprise qui, dit-on, façonne notre futur et dont la devise est “Don’t be evil“, “Ne soyez pas malveillant”. A Mountain View, on tourne la tête, et Google est partout, sur tous les immeubles, comme le mystérieux mot “Ubik”, dans le roman de Philip K. Dick. Voilà le Googleplex, le campus principal. Tous les gens semblent sortis d’un dépliant publicitaire. Ils sont jeunes, beaux, leurs dents sont blanches, bien soignées. Les dents, c’est la frontière entre les have et les have not, ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien.

    Des milliards comme s’il en pleuvait

    Au Googleplex, tout est gratuit : cafétéria avec nourriture bio, cours d’ukulélé, piscine, terrain de basket, de sorte qu’on a rarement besoin de sortir. Google, c’est finalement un peu comme la Jungle, on n’en part jamais : la compagnie est connue pour outrageusement bien payer ses salariés. Vient alors nous gifler cette image, dans un effet kaléidoscopique vertigineux. Les vélos. Google a mis des vélos gratuits à la disposition de ses salariés dans tout Mountain View, aux couleurs de l’entreprise, bleu, rouge, jaune, vert. Et toute la journée, on assiste au ballet incessant des cyclistes. Dans la Silicon Valley, les millionnaires et les miséreux vivent les uns à côté des autres sans jamais se croiser, mais ils ont un point commun : les deux-roues.

    This is America. Le long de la Route 101 s’égrènent les noms prestigieux : Google, Apple, Facebook, Yahoo !, eBay. Les 150 entreprises les plus grosses de la Valley pèsent en Bourse 2.419 milliards de dollars, à peu près le PNB de la France. Depuis deux ans, la folie a gagné – à nouveau – ce petit bout de Californie où les milliards semblent tomber du ciel, comme dans le dessin animé “Tempête de boulettes géantes”. Whatsapp et ses trente salariés se sont fait racheter presque 20 milliards de dollars par Facebook, Airbnb vaut désormais plus qu’Accor : la Silicon Valley compterait une cinquantaine de milliardaires, et une dizaine de milliers de millionnaires.

    Et de plus en plus de pauvres, aussi. Depuis deux ans, le nombre de homeless a grimpé de 8%, l’un des plus mauvais chiffres enregistrés aux États-Unis. Autour de San José, il y a une soixantaine de camps de sans-abri, cachés derrière les échangeurs d’autoroute. Sans compter les SDF qui dorment dans leur voiture, chassés de leur appartement par la hausse des loyers.

    Depuis trois ans, l’immobilier a explosé – le loyer moyen à Palo Alto est de 2.600 dollars par mois ! Les libéraux vantaient l’effet trickle down – l’effet “ruissellement” de la croissance, l’argent des riches boostant l’économie, et donc bénéficiant aux plus pauvres…

    Les “nouveaux aristocrates”

    Dans la Silicon Valley, le “ruissellement” a été radioactif, rayant progressivement la classe moyenne de la carte et aspirant les plus fragiles vers le fond. C’est l’application grandeur nature du best-seller de l’économiste Thomas Piketty “le Capital au XXIe siècle” (1), sur l’explosion des inégalités. Et l’émergence d’une classe de “super-cadres”, oligarchie dominante dans un peuple de gueux.

    Retour à l’Ancien Régime ? Il y a peu, un entrepreneur de la “tech” qui venait de vendre sa start-up 1 milliard de dollars à Microsoft a fêté ses 40 ans avec faste. Le thème de cette somptueuse soirée costumée où le rappeur Snoop Dogg était convié ? “Qu’ils mangent de la brioche”, la phrase célèbre de Marie-Antoinette…

    Alors, à quand un 1789 ? Comme les carrosses au temps jadis, les bus Google, ces bus qui transportent les riches salariés de Facebook ou Google de San Francisco vers la banlieue de la Silicon Valley, se font désormais caillasser par les activistes du mouvement Occupy. Car depuis quelques années, les “techies” ne jurent plus que par la ville de Kerouac et des hippies. Twitter, Airbnb ou Uber se sont installés dans le quartier South of Market.

    Et même ceux qui travaillent le long de la Route 101 préfèrent faire le trajet et vivre dans la capitale, en particulier dans Mission District, le quartier, jadis populaire, où Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a acheté un pied-à-terre pour la modique somme de 10 millions de dollars, en plus de sa maison princière à Palo Alto, au cœur de la Silicon Valley. Les loyers ont explosé… et les évictions se sont multipliées.

    Rebecca Solnit, écrivain, regarde avec effroi sa cité changer : “Je serai peut-être bientôt la dernière. Artistes, écrivains, musiciens : les ‘startuppeurs‘ sont en train de nous chasser. Quand je les vois s’engouffrer dans les ‘Google buses‘, ces grands bus blancs aux vitres teintées, j’ai l’impression de voir des aliens dans leur vaisseau spatial, venus nous conquérir. Ils vont gagner. Ils ont l’argent. L’arrogance. Ils sont les nouveaux aristocrates qui dirigent la ville. Nos Médicis à nous… Sauf que, hélas, on n’a pas la Renaissance qui va avec.”

    Où sont les mécènes ? Des artistes ont bien tenté d’organiser une Silicon Valley Art Fair pour tenter de séduire ces nouveaux riches. En vain.

    La manche 2.0

    Reste une autre population d’autochtones, plus encombrante. Celle des SDF Nombreux. Trop nombreux. Là aussi, les petits génies de la “tech” ont la solution. Version radicale, ça donne : Pourquoi doivent-ils être si près de nous, c’est un fardeau pour la ville ! Il faudrait les mettre ailleurs !”, commentaire d’un “startuppeur” sur Facebook.

    Version soft, ça donne The Homeless GoPro Project, qui se propose de leur prêter pendant quinze jours… une camera GoPro pour qu’ils réalisent des vidéos embarquées façon “vis ma vie de SDF”. Nous voulons augmenter l’empathie à leur égard”, assure Erika, l’une des cofondatrices, en pleine campagne de crowdfunding (financement participatif).

    Cette autre société, HandUp, les aide à mieux se vendre pour, eux aussi, comme une start-up, lever des fonds auprès des internautes : la manche 2.0. Sur le site, vous pouvez consulter une galerie de photos de pauvres à aider, classés par catégories : les familles, les vétérans de guerres, les malades. A chacun de se présenter avec le meilleur storytelling possible !

    Jef, sympathique SDF flûtiste, ne pouvait plus jouer de son instrument après avoir été agressé dans la rue et s’être fait briser les dents ? Il a réussi l’exploit de convaincre en six mois 95 donneurs, et a collecté les 3.605 dollars dont il avait besoin pour des prothèses.

    La jolie Lora, 22 ans, en foyer, a réuni 375 dollars en moins d’un mois pour acheter des couches et des habits pour son nouveau-né.

    Danny qui avoue ses problèmes de santé mentale, de drogue et d’alcool, est moins populaire. Il veut également des soins dentaires, mais n’a glané que 50 dollars en six mois.

    Les visages et les histoires défilent sur l’écran rassurant de l’ordinateur. Il suffit de cliquer sur la bannière “Faites un don maintenant”, et de remplir les références de sa carte Bleue. Surtout ne pas oublier de spécifier si on bénéficie d’un code de réduction, précise le site.

    Les “gens-voiture”

    Merveille du web ! On aimerait qu’ils soient toujours ainsi, les pauvres. Souriants et émouvants, sagement relégués dans une galerie photo interactive. Ou en tout cas discrets. Le problème, c’est quand on les remarque.

    A Palo Alto, la mairie veut promouvoir une loi pour interdire aux citoyens de dormir dans leur automobile. Une façon de chasser les SDF réfugiés dans leur voiture, une population qui a explosé.

    Carrie LeRoy avocate qui, bénévolement, s’est lancée dans une bataille contre cette loi et a obtenu sa suspension provisoire, ne décolère pas :

    A Atherton, la ville voisine où se sont installés tous les millionnaires, ils ont fait passer une loi encore plus hypocrite. Il est autorisé de dormir dans sa voiture le jour… mais pas la nuit !”

    Le petit peuple des “gens-voiture” a pourtant appris à être invisible et à ne pas se faire repérer des autres, les “gens-maison”. Je ne vous dirai pas où je me gare la nuit, c’est secret ! Je fais très attention à changer d’endroit, pour passer inaperçue”, nous explique Susan, 68 ans.

    Impossible d’imaginer que cette aimable dame, avec ses lunettes de soleil et sa mise soignée, dort depuis deux ans dans son van. Les vitres fumées de la voiture cachent en effet le bric-à-brac de sa maison ambulante : sur le siège passager, de la nourriture, derrière des couvertures, des habits, toute sa vie, quoi…

    Susan a été chassée de son appartement après une énième hausse de loyer, il y a deux ans. Avec son mari diabétique, elle a commencé à habiter dans leur voiture, attendant un hypothétique logement social. Son mari est décédé il y a quelques mois : “Je suis seule, maintenant, et, oui, j’ai peur, la nuit, dans cette voiture. J’attends que le matin se lève. Et je file à la banque, la Chase Manhattan Bank, pour consulter le solde de mon compte, je peux alors siroter un café chaud, il est offert aux clients… C’est le seul moment où j’ai l’impression de redevenir quelqu’un qui appartient à la société normale. Je tourne dans les différentes agences de la Chase Manhattan Bank pour ne pas me faire repérer.”

    Loyer à 2.200 dollars

    Fred Smith, lui, zone au McDonald’s de la rue El Camino Real car le wifi est gratuit. Il trimballe toujours son ordinateur portable. Et… il programme. Pour le plaisir. “J’étais ingénieur informaticien.” Au McDo, il croise d’autres gens-voiture comme lui, cette jeune femme, courtière en matières premières par exemple, qui y travaille tous les jours et n’a pas assez pour se payer un logement sur Palo Alto. Fred s’est installé dans la Silicon Valley dans les années 1970, quand Apple était encore dans un garage. J’ai connu l’euphorie. Il y a encore dix ans, je gagnais 150.000 dollars par an.”

    Fred a été licencié une première fois ; a retrouvé un autre job, moins bien payé. Cela devenait de plus en plus dur de payer l’appartement. Sa femme est tombée malade. Les économies ont fondu, petit à petit. Elle est morte en 2007. Fred a été à nouveau licencié. En 2010, il a rendu son appartement, incapable de payer les 2.200 dollars de loyer. Il vit désormais dans un camping-car.

    Il a aussi sa voiture, deux ordinateurs, des affaires stockées dans un hangar qu’il loue 160 dollars par mois et une carte d’abonnement à un club de gym pour aller prendre sa douche. Fred touche une retraite de 1.600 dollars par mois, il est trop riche pour prétendre à un logement social : “Et pourtant, j’ai une leucémie, mais ça ne suffit pas.” Il pourrait déménager dans le Nevada, où il trouverait des appartements avec des loyers dans ses moyens, mais il ne s’y résout pas : “J’ai 70 ans, et c’est ici que j’ai fait toute ma vie et que ma femme est enterrée. Commencer une vie ailleurs ? Je ne sais même pas si mon camping-car est assez solide pour faire la route.”

    Une vie de chien

    Faire la route ? Mama Red, dans la Jungle, n’y pense même plus.

    C’est ma maison, ici”, dit-elle en désignant sa tente misérable, où flotte le drapeau américain.

    Elle ne se rappelle plus bien sa vie d’avant, quand elle tenait son magasin de fleurs, à San Jose. Elle est sans abri depuis plus de dix ans, a écumé tous les campements de la région. Sa fille, enceinte, est venue s’installer ici elle aussi. Elle dort dans une tente à côté. La ville a décidé d’évacuer la Jungle en décembre. Mama Red s’inquiète. Elle va avoir un appartement, lui promet-on. Mais elle a quatre chiens. Ils l’ont accompagnée dans ses années d’errance. Ils ne pourront pas la suivre. Mama Red préférerait encore rester ici, dans la Jungle, avec eux.

    Chez Google, les salariés ont le droit de venir travailler avec leur chien. Comme le boulgour bio gratuit, le babyfoot ou bientôt la congélation d’ovocytes – 20.000 dollars par an – offerte par Facebook et Apple aux salariées, ça fait partie de l’imagerie de la start-up. Les chiens. La “pet tech” est le dernier segment de marché qui fait fureur : des geeks ont créé des applications pour votre toutou, tracker avec GPS, nutrition, dog-sitter. “Making the world a better place”, comme disent toutes les campagnes de pub des entreprises de la Silicon Valley. Un monde meilleur, vraiment ?

    Nouvel Obs

    http://fortune.fdesouche.com/363177-misere-valley-les-laisses-pour-compte-de-google-co#more-363177

  • Jean-Michel Vernochet sur l’Ukraine et la dynamique de guerre occidentale (video)

  • La dangereuse complaisance des médias à l’égard des candidats djihadistes…

    Plus c’est horrible, plus on en parle !

     

    L’actualité récente a été envahie par un sujet : la présence de « Français » parmi les assassins de l’« État islamique ». Que le sujet soit préoccupant est une évidence. Que la manière de le traiter soit une aberration en est une seconde plus inquiétante, peut-être, que les faits eux-mêmes. J’ai entendu un commentateur vanter les mérites, s’extasier presque, en « spécialiste » du savoir-faire de « Daesh », l’acronyme arabe utilisé pour ne pas stigmatiser l’islam. Cette « exécution » de masse de prisonniers de l’armée régulière syrienne, celle que la France aide à combattre, quel exploit médiatique !

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