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lobby - Page 1381

  • L’Etat islamique aurait infiltré de nouvelles cellules terroristes en Europe

    L’Etat islamique aurait fait entrer de nouveaux « combattants » en Europe : c’est ce qu’a affirmé Paul Van Tigchelt, patron de l’Ocam, l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace, lors d’une conférence de presse tenue ce matin. L’Ocam a pour mission, sous l’autorité du ministère belge de la Défense, « d’effectuer des évaluations stratégiques et ponctuelles sur les menaces terroristes et extrémistes à l’encontre de la Belgique ».

    Le fait que cette information soit donnée par un organisme belge ne signifie pas que les commandos de Daech aient pour mission de perpétrer des actes terroristes en Belgique comme l’ont montré les attentats de Paris, commis par des islamistes partis de Molenbeek.

    Un responsable belge de l’antiterrorisme évoque une menace permanente sur les « sites sensibles » de divers pays européens, dont la France, ainsi que sur les « soft targets », ces lieux quasiment impossibles à sécuriser qui se caractérisent par une forte densité de population à un moment donné, comme les centres commerciaux.

    Les attentats commis à Bruxelles le 22 mars dernier ont fait 32 morts. A ce jour, 44 personnes sont toujours hospitalisées, dont 24 en soins intensifs.

    http://fr.novopress.info/

  • L'islamisation est une infiltration insidieuse qui s'inscrit dans le temps long

    6a00d83451619c69e201b7c83dd660970b-120wi.jpgCéline Pina est une ex-élue PS (adjointe à la mairie de Jouy-le-Moutier dans le Val-d'Oise et conseillère régionale d'Ile-de-France). Après avoir dénoncé le salon de "la femme musulmane" de Pontoise, elle sort un livre  "Silence coupable" dans lequel elle dénonce le déni de la classe politique face à la progression rampante du salafisme mais aussi le clientélisme des élus locaux vis-à-vis des islamistes. Extrait de son interview édifiant recueilli par Marianne :

    Vous dénoncez les élus qui pactisent avec des islamistes en citant des municipalités comme Bagnolet, Cergy-Pontoise ou Aulnay-sous-Bois, mais vous n'accumulez pas de nombreux exemples. Est-ce pour ne pas jeter des noms en pâture ou parce que tout cela reste marginal ?

    D'abord, je n'ai pas mené moi-même une enquête : j'ai pris des exemples que j'ai vus ou dont on m'a parlé. Ensuite, ce n'est pas forcément intéressant de livrer des noms car c'est une logique de système. Surtout, c'est dangereux. Certaines personnes vous racontent des choses, mais ne veulent pas témoigner publiquement de peur d'être violemment attaquées. Les accusations d'islamophobie ferment encore la bouche de beaucoup de monde. Quand quelqu'un d'aussi respectable et respecté qu'Elisabeth Badinter subit de telles attaques pour avoir dit qu'il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe, vous imaginez la trouille des gens qui n'ont pas son aura.

    Dans votre livre, vous décrivez des salafistes dans une logique permanente de dissimulation…

    Ce n'est pas une invasion de barbus, c'est beaucoup plus insidieux. C'est de l'infiltration qui s'inscrit dans le temps long. Or, nous ne savons pas observer ces lentes montées en puissances, et quand elles aboutissent, nous sommes complètement décontenancés. Lorsqu'une association a voulu construire une mosquée dans la ville où j'étais élue, elle a d'abord envoyé trois gugusses sur la liste de gauche et trois autres sur la liste de droite. Ceux qui sont envoyés en première ligne sont de vieux chibanis sympas, pas du tout agressifs. Mais derrière, vous voyez souvent des jeunes, plutôt beaux gosses et sportifs, avec un look à la Tariq Ramadan. Ils ne disent jamais rien tant que les places ne sont pas prises, mais à la fin, vous vous rendez compte que ce sont eux qui tirent les ficelles.

    Concrètement, qu'avez-vous observé dans le cas des mosquées ?

    D'abord, la mairie accorde un bail emphytéotique, ce qui permet de subventionner sans le dire. Ensuite, les promoteurs de la mosquée vous demandent de construire un parking, en assurant que c'est l'intérêt général puisqu'il servira à tout le monde. Ensuite, on vous explique que ce serait bien de construire la mosquée à côté du lycée, pour que les jeunes puissent y aller au lieu de traîner dans la rue. Ensuite, on vous demande pourquoi on ne la mettrait pas dans le centre-ville. C'est un moyen de montrer sa puissance et de gagner en visibilité. On ne parle jamais de religion dans ces discussions, qui ressemblent plus à des négociations politiques qu'à une revendication légitime de gens qui veulent pratiquer leur religion dans l'enceinte privée.

    On distingue en général l'islamisme non violent du terrorisme djihadisme, mais vous écrivez que les courants islamistes quiétistes sont en réalité "les préparateurs du terrain". Pourquoi ?

    Parce qu'ils ensemencent des graines de haine, de violences, de rejet de la société et préparent ainsi le passage à l'acte, même si je suis bien consciente que tous ne basculeront pas. Que la prise du pouvoir se fasse par la violence ou la légalité, la société qu'elle installe est la même.Quelle que soit la différence entre les Qataris, l'Arabie saoudite, l'Etat islamique, etc, la finalité est identique : soumission, oppression des femmes, violence envers les homosexuels, refus d'accorder les mêmes droits à ceux qui n'ont pas la même religion… On dériverait alors vers des sociétés claniques, non démocratiques, marquées par une embolie intellectuelle (...)"

    Philippe Carhon

  • L’ensauvagement de la France : des rixes de migrants du métro parisien au harcèlement scolaire

    Ces hommes censés fuir la guerre semblent l’importer dans notre pays.
    Nous assistons à l’ensauvagement progressif de la France. Progressif à l’échelle de nos vies mortelles, fulgurant à l’échelle de l’Histoire. Sous les effets conjugués du laxisme et de l’immigration massive, la tiers-mondisation du pays n’est plus désormais le seul « fantasme » de Jean Raspail et Louis Pauwels, vilipendés en 1985 pour avoir osé jouer les Cassandre avec une certaine prescience, mais un phénomène observable sur lequel nous n’avons, pour lors, aucune influence. Les exemples prouvant cet ensauvagement sont multiples, il faudrait un véritable almanach pour les recenser. Deux d’entre eux ont attiré mon attention cette semaine ; ils sont éminemment révélateurs.

    Jeudi soir, deux « rixes » sont survenues sous la station du métro aérien Stalingrad à Paris. Depuis le début du mois de mars, des centaines de « migrants », originaires de plusieurs régions du monde (Érythrée, Soudan ou bien encore Afghanistan), campent à cet endroit. La cohabitation est difficile entre ces migrants aux origines ethnoculturelles variées, mais tout sauf européennes. Inévitablement, des tensions se font fait jour pour le contrôle du territoire, des trafics, la domination d’une communauté.

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  • Eugénie Bastié : « L’égalitarisme, c’est la mort de la littérature »

    Eugénie Bastié est journaliste au Figaro.fr. Elle dirige également la rubrique société du magazine d’écologie décroissant Limite. Aux éditions du Cerf, elle vient de publier Adieu mademoiselle, essai dans lequel elle critique les dérives du néo-féminisme. À travers l’actualité récente, elle prend aussi position sur des sujets polémiques : Cologne, la GPA, le voile…

    PHILITT : À vos yeux, le néo-féminisme, parce qu’il prône l’indifférenciation entre les sexes, aboutit à « la défaite des femmes ». Vous considérez-vous comme féministe et, si oui, quel serait votre féminisme de substitution ?

    Eugénie Bastié : Y a-t-il des « valeurs féministes devenues folles », pour reprendre le mot de Chesterton ? Faut-il trier le bon grain de l’ivraie ? Pour ma part, je crois que le mot même de « féministe » est devenu inapproprié. Tout comme on peut trouver abominable la manière dont étaient traités les ouvriers au XIXe siècle, sans pour autant adhérer au marxisme, et sa relecture de l’Histoire sous le prisme unique de la lutte des classes, on peut considérer que les femmes ont connu et connaissent parfois encore une forme de domination, sans adhérer pour autant au paradigme féministe, qui présuppose une lecture binaire des rapports humains sous le prisme dominants-dominés. Comme le marxisme prétend en finir avec le capitalisme à travers l’imposition de la dictature du prolétariat, le féminisme prétend en finir avec le patriarcat par l’abolition de la division genrée de l’humanité. Comme pour le marxisme, on peut comprendre les conditions d’émergence d’une telle idéologie, on peut trouver qu’elle a pu jouer un rôle dialectique dans l’Histoire, tout en pensant qu’elle se trompe dans ses présupposés.

    La suite sur Philitt.fr

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Eugenie-Bastie-L-egalitarisme-c

  • Insulté, expulsé par "Nuit Debout", Finkielkraut découvre l'absence de démocratie à gauche

    Il aurait pu conclure aussi sur toute réflexion ou philosophie était interdite chez les doux rêveurs qui se rassemblent et manifestent sans impunité avec la complaisance d'un gouvernement qui impose au reste du pays un état d'urgence : 

    "Il voulait rencontrer les participants du mouvement Nuit debout afin "d'écouter" leurs revendications, pourtant sa visite n'a pas été bien accueillie et Alain Finkielkraut n'est pas resté longtemps place de la République. À son arrivée, il a été insulté aux cris de "facho" et "casse-toi", lancés par les manifestants (...)

    Interrogé par des journalistes du "Cercle des volontaires", le philosophe a expliqué qu'il était venu "par curiosité, pour savoir à quoi m'en tenir sans passer par le filtre des médias". "J'ai été expulsé d'une place où doivent régner la démocratie et le pluralisme, donc cette démocratie, c'est du bobard, ce pluralisme, c'est un mensonge", conclut-il.

    "D'autant que je ne venais pour écouter et non pour intervenir", a insisté le philosophe. "On a voulu purifier la place de la République. J'ai subi cette purification, avec mon épouse", a-t-il également déploré, ajoutant que s'il n'y avait pas eu un service d'ordre, il se serait "fait lyncher".

    Lahire

  • Naïvetés (gauchisme et dialogue)

    Martin Schulz, président socialiste du Parlement européen, était ce matin l’invité de l’antenne de France Inter. Il a  profité de son passage pour mettre  de nouveau rituellement en garde contre le « populisme », le « nationalisme » le « souverainisme ». Si les dirigeants de l’UE aiment par dessus-tout donner des leçons  de maintien démocratique et progressiste au monde entier, M. Schulz ne visait pas ici les propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le dirigeant d’extrême droite vient  en effet d’annoncer dimanche  que son  gouvernement  comptait bien profiter de la guerre en Syrie pour maintenir sa présence, non reconnue par la communauté  internationale,  sur le plateau du Golan, conquis sur la Syrie par Israël en 1967 et annexé en 1981. Alors que les négociations de paix (« sur l’avenir de la Syrie ») se poursuivent à Genève, M. Netanyahu a affirmé  à la radio publique: « Il est temps que la communauté internationale reconnaisse la réalité, il est temps qu’après 50 ans elle reconnaisse enfin que le Golan restera à jamais sous souveraineté israélienne. « 

    Une souveraineté dont  la Grèce,  confrontée de surcroît à la dramatique crise migratoire que l’on sait,  ne possède plus aujourd’hui que l’apparence, et  Martin Schulz était beaucoup plus confus, embarrassé au micro de France Inter pour tenter de faire croire que ce pays était sauvé. Certes, et nous l’avons dit ici, l’UE a parfois le dos large, et il serait très malhonnête de rejeter sur les institutions bruxelloises la pleine et entière responsabilité de la faillite de l’État grec. Grecs qui  payent aujourd’hui au prix fort, des décennies de  gabegie, de  gestion fantasque, de  démagogie sous le règne du Pasok.

    Pour autant, le site de Libération rappelait ce matin (avec raison) que « la tragédie économique  dont les multiples rebondissements avaient tenu l’Europe en haleine tout au long de l’année 2015 » est toujours là. « En juillet (…) le gouvernement d’Aléxis Tsípras, élu en janvier, renonçait à 90 % de son programme électoral et capitulait en acceptant un mémorandum : une nouvelle cure de rigueur pour son pays. En échange, Athènes obtenait la promesse d’un plan d’aide de 86 milliards d’euros sur trois ans. Le nouvel accord est signé en août. Et depuis ? Rien. Toujours soumise, depuis juillet, au régime du contrôle des capitaux (les retraits individuels se limitent à 480 euros autorisés par semaine), la Grèce n’a pas touché un centime des sommes promises. Car le premier versement reste conditionné à la validation de nouvelles réformes. Or les discussions s’enlisent depuis huit mois en raison de désaccords permanents entre Athènes et ses créanciers. »

    Cette souveraineté bradée  en échange d’une aide de la Troïka (Commission européenne,  Banque centrale européenne, FMI ) était, comme le Front National l’avait prédit, un marché de dupes, ce dont vient de s’apercevoir (?) le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos. Celui-ci  a déclaré mardi à un peuple grec littéralement étranglé et paupérisé (« la Grèce survit car ses habitants se meurent, souligne l’analyste politique Georges Seferzis« ), que  « le gouvernement est souverain et c’est à lui que revient la décision sur la manière de réaliser les objectifs du mémorandum.  » « (Il)  a annoncé dans la foulée son intention de présenter cette semaine au Parlement deux projets de loi, sur la réforme de la fiscalité et sur les retraites. Sans attendre donc le feu vert des créanciers. Un véritable geste de défi, puisqu’en réalité, depuis la capitulation de Tsípras cet été, les Grecs ont abdiqué une grande partie de leur souveraineté. Une clause de l’accord signé en août place de facto le paun marché de dupes, ce dont vient de s’apercevoir (?) le miys sous tutelle, en imposant l’approbation de la (troïka)    avant d’engager toute action relative à la réalisation des objectifs de réformes économiques. »

    A la naïveté qui a conduit la gauche de la gauche grecque à donner les clés du destin de leur pays aux officines euromondialiste, répondrait celle des Français si, comme les sondages semblent l’indiquer, ils accordaient leur confiance à  Alain Juppé (le candidat chouchou des médias et de  l’oligarchie) pour redresser la France  en 2017.

    Samedi, les sondage du Parisien – Aujourd’hui en France et la dernière enquête TNS Sofres-OnePointpour Le Figaro, LCI et RTL ,  indiquaient que l’ancien ministre de Chirac et Sarkozy  serait le seul en mesure  de battre Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle, François Hollande étant donné sèchement battu dans tous les  cas de figure. Et ce n’est pas sa piètre prestation, plaidoyerpro domo (peu suivie)  jeudi soir sur France 2,  qui est de nature à changer la sentiment des Français. Preuve supplémentaire  de la mort de vieux clivage droite-gauche, remplacé depuis belle lurette par celui  opposant les  souverainistes-patriotes aux mondialistes-déclinistes, le sondage duParisien affirme  que 28% des Français souhaitent qu’Emmanuel Macron (très loin devant M.Valls et Mme Aubry) soit le  candidat socialiste en 2017. Le ministre de l’Économie n’a pourtant  jamais été  membre du PS,  mais il est certes  un clone assez parfait dans son genre, en plus jeune, de M. Juppé.

    Enfin, la naïveté est-elle aussi ce qui explique le passage de l’immortel Alain Finkielkraut   à l’endroit du rassemblement de Nuit debout, samedi soir place de la république à Paris?  Ce conglomérat citoyen  des déçus du hollandisme révolutionnaire,  phagocyté par l’ultra-gauche, les extrémistes de tous poil, les casseurs anars, les sans-frontiéristes et immigrationnistes habituels, sorte de mini mouvement soixante-huitard,  pouvait-il être sensible au dialogue (vraiment) contradictoire?

    M. Finkielkraut, qui était venu pour discuter, entendre et voir de ses propres  yeux  de quoi était fait ce rassemblement d‘indignés en a été chassé; il a été  bousculé  insulté, conspué  par des gardes rouges  et des crasseux haineux  qui n’ont pas hésité  à lui cracher dessus.  Une attitude qui n’est pas sans rappeler à Bruno Gollnisch les méthodes et la conception de la démocratie qu’il a vu à l’œuvre quand il était étudiant à la faculté de Nanterre en Mai 68,  à l’époque du gauchisme triomphant, celle-là même ou M. Finkielkraut militait dans les rangs du maoïsme…singulier retournement de l’histoire!  Quelles que soient nos divergences, est-il besoin de le préciser, jamais l’auteur de « L’identité malheureuse » n’aurait subi un traitement infâme de cette nature dans un rassemblement, un colloque  ou une manifestation  du FN. Bruno Gollnisch, homme de dialogue s’il en est,  adversaire résolu du terrorisme intellectuel, défenseur de la liberté d’expression, qui n’a jamais refusé une invitation à un débat,  n’hésiterait pas lui  à confronter ses idées et ses convictions avec  celles  M. Finkielkraut.

    http://gollnisch.com/2016/04/18/naivetes-gauchisme-et-dialogue/

  • LA GALAXIE FINANCIERE.

    Depuis quelques jours, les médias nous présentent un scandale concernant les « Paradis Fiscaux » comme si durant des décennies la fraude fiscale n’était qu’une maladie bénigne. Or certains spécialistes avaient déjà mis à jour les turpitudes des Etats et de conseillers fiscaux notamment Edouard CHAMBOST (1942-2009) dans ses recueils l’Affaire Panamag en 1978 et dans son Guide Mondial des secrets bancaires en 1981 et aussi Nicholas SHAXSON avec son livre sur les « Paradis Fiscaux » en 2012.

    Le 4 avril 2013, l’ICIJ avait déjà fait paraître une enquête sur 2,5 millions de documents (soit 100 fois supérieurs à ceux de Wikileaks en 2010) ce que l’on a appelé Offshore Leaks.

    Le 5 novembre 2014, apparaît le Luxembourg Leaks qui dévoile plus de 28.000 pages concernant des milliers d’accords fiscaux avantageux conclus entre le Luxembourg et des milliers de clients internationaux.

    En février 2015 enfin, le Swiss Leaks occupe les médias en mettant à jour des fraudes et le blanchiment d’argent noir imputés à la banque suisse HSBC pour un montant de plus de 180 milliards d’euros concernat plus de 100.000 clients et 20.000 sociétés vers 188 pays différents.

    Rien de neuf sous le soleil donc, et l’on peut se poser la question de savoir pourquoi les gouvernements persistent à tolérer une telle évasion fiscale, alors même que les instruments de contrôle existent !

    C’est pourquoi l’étude ci-dessous permet d’en comprendre les mécanismes :

    A l’heure de la crise financière et économique, les autorités fustigent à tort ou à raison certains participants aux marchés financiers non pas tant pour leur rôle que pour le risque qu’ils font peser sur le système financier mondial. Or il existe un certain nombre de sociétés financières particulièrement puissantes par le rôle qu’elles jouent dans le bon fonctionnement des mécanismes des marchés financiers. Ces institutions occupent une place privilégiée car sans elles, le système ne pourrait plus fonctionner : ce sont les infrastructures de marché.

    Clearstream

    Diagramme

    Une infrastructure de marché financier est un système multilatéral utilisé par les institutions financières incluant l’opérateur du système et utilisé à des fins d’enregistrement, de règlements des paiements, des titres, des produits dérivés et autres transactions financières. Ces infrastructures de marché peuvent être regroupées en 4 catégories :

    • Les systèmes de paiement d’importance systémique (SIPS):CLS, Target2, et les prestataires : Equens, Mastercard, SWIFT…
    • Les dépositaires centraux de titres (CSD): Euroclear, Clearstream …
    • Les chambres de compensation (CCP) : Eurex ; LCH Clearnet, CME pour les opérations standardisées sur les marchés boursiers, STET. (pour les paiements électroniques.)
    • Les référentiels centraux (TR) et fournisseurs de données financières: DTCC, Regis TR, Bloomberg, Reuters, Trioptima, Markit….

    Chacune de ces catégories est dépendante des autres et forment une pieuvre aux multiples tentacules. Quelle pourrait en être la tête ? Imaginons la disparition de l’une d’entre elle du jour au lendemain…Si une des plus importantes chambres de compensation comme EUREX cessait de fonctionner (sans pour autant faire défaut), cela détruirait il le système ? Non, il serait ralenti entraînant certainement quelques faillites, et des dommages financiers collatéraux certains, mais un effondrement du système financier pourrait être évité.

    La rupture nette et irréversible du fonctionnement des marchés doit venir d’un acteur incontournable, indispensable, sans réelle concurrence, ou un duopole. Seule une poignée de sociétés est concernée : il va sans dire que SWIFT en particulier, mais pas seulement, correspond à l’entité systémique mondiale typique. En effet, son métier se concentre autour des services de messageries standardisées de transferts interbancaires. SWIFT est LEfournisseur mondial de services de messages financiers sécurisés (« The global provider of secure financial messaging services » tel que décrit sur son site internet).

    Opérant sur toute la surface de la Planète et offrant ses services auprès de 11.000 institutions, SWIFT assure plus de 10 millions de messages journaliers portant sur des milliers de milliards !

    Son siège opérationnel se trouve dans la banlieue de Bruxelles sur la commune de La Hulpe.

    SWIFT a été utilisé à des fins politiques par le Parlement Européen en 2014 pour envisager de déconnecter la Russie du réseau SWIFT tandis que les autorités américaines ont piraté des données provenant de la société SWIFT. Cela montre l’importance à la fois des informations détenues par la société et son rôle dans le fonctionnement des transactions financières. SWIFT opère la quasi-totalité des transferts bancaires à travers le monde, notamment en tant que gestionnaire des codes IBAN. Pratiquement tous les mouvements interbancaires sont donc traçables. Il est donc d’une facilité déconcertante de retrouver n’importe quel mouvement financier grâce aux informations détenues par SWIFT.

    Le secret bancaire n’existe pas pour SWIFT : elle sait tout !

    Une autre société ayant elle aussi son siège en Belgique (coincidence ?) et occupant une place stratégique au cœur de la finance mondiale : Euroclear, l’un des deux dépositaires centraux mondiaux de titres (avec Clearstream* basé lui, au Luxembourg). Son activité ? Euroclear est le plus grand système de règlement/livraison de titres au monde, pour les opérations domestiques et internationales sur obligations et actions.

    Le montant annuel des transactions dénouées par Euroclear avoisine les 500.000 milliards de dollars. Plus de 15.000 milliards de dollars de titres sont conservés chez Euroclear pour le compte de ses clients. Travaillant main dans la main avec SWIFT (qui assure la communication des messages financiers d’Euroclear avec ses clients), Euroclear s’assure que ses clients, qui opèrent des transactions entre eux, disposent des titres et des liquidités suffisantes pour les effectuer. Chaque client dispose de comptes cash/titres ouverts chez Euroclear. Cette dernière est donc en mesure de confirmer et d’effectuer les transferts, entre ses clients, d’un compte à un autre en toute sécurité. Si pour quelle que raison que ce soit, Euroclear n’est plus en mesure d’assurer ce service (et bien d’autres connexes) le système mondial de transactions sur titres (actions, obligations, fonds…) ne pourrait plus fonctionner, il serait gelé instantanément.

    Les chambres de compensation sont des organisations financières opérant sur des marchés financiers réglementés et se portant contreparties pour chaque transaction (avec une échéance) effectuée par ses membres adhérents pour leur propre compte ou ceux de leurs clients. La chambre de compensation est donc acheteuse pour chaque opération de vente et vendeuse pour chaque opération acheteuse : son risque global de marché est donc nul. Cependant, afin d’éviter de se retrouver avec une transaction dont la contrepartie ne serait plus en mesure d’honorer son (ses) contrat (s) (la ou les transaction(s)), la chambre de compensation met en place deux mécanismes destinés à s’assurer que les opérateurs ne seront pas défaillants au moment du débouclement :

    Dès le lancement de la transaction, elle impose un déposit, aussi appelé marge initiale, qui correspond, en général, à la variation maximale tolérée en une journée sur le marché. Ce déposit sert à garantir le risque résiduel supporté par la chambre de compensation en cas de suspens (opération non dénouée).

    Quotidiennement, pendant toute la durée de l’opération, elle surveille les différences entre le prix auquel le produit a été acheté ou vendu. En cas de perte potentielle (« latente »), elle procède à un appel de marge, c’est-à-dire qu’elle demande à l’adhérent qui suit cette position perdante de verser une marge additionnelle. La somme des marges appelées auprès des adhérents est, par construction, égale à la somme des marges restituées à d’autres adhérents (wikipédia).

    Ces mécanismes financiers font intervenir en particulier SWIFT et au moins un ICSD, plusieurs CSD, et de nombreux autres prestataires de services financiers. Si l’un de ces 2 premiers intervenants vient à ne plus remplir son rôle, une partie importante (et c’est un euphémisme) des transactions opérées au travers des chambres de compensation ne pourront plus s’effectuer…maux de tête garantie pour nos autorités et instances diverses !

    Il est bon de savoir que les organisations ci-dessus n’ont pas de lien direct avec le citoyen et que si un « accroc » se produit, ce ne sont que des dommages collatéraux que le consommateur supportera : cartes de crédit indisponibles, transferts bancaires impossible, paiements électroniques bloqués. L’économie sera ralentie et les pertes commerciales importantes, comme cela c’est déjà produit durant quelques heures dans le passé, à cause d’interférences ou erreurs du système informatique.

    Mais dans l’hypothèse d’un clash imprévu et destructif, que feraient les autorités ? Il est probable que les financiers et les banquiers refuseront ou limiteront l’accès aux comptes bancaires et aux retraits de monnaie, ce qui aggraverait la situation et paralyserait l’économie nationale, européenne, voire mondiale.

    Autant savoir !

    Pieter KERSTENS.

    Article paru dans le numéro 42 de la revue « Synthèse National ».

    *A propos de Clearstream lire les ouvrages du journaliste Denis Robert « Révélations » et

    « La boîte noire », parus aux Editions Arènes

    http://www.altermedia.info/france-belgique/uncategorized/la-galaxie-financiere_158007.html#more-158007

  • 17 mai : rassemblement contre la loi Taubira

    Le SIEL appelle les Français à se rassembler à partir de 18h00 le 17 mai à Paris, aux abords de l'Assemblée nationale, pour exiger l'abrogation de la loi Taubira. Trois après, On Ne Lâche Rien !

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    Michel Janva

  • Jean-Yves Pranchère: «La tension entre droits de l’homme et droits des peuples est irréductible»

    Jean-Yves Pranchère est professeur de théorie politique à l’Université libre de Bruxelles. Spécialiste de la pensée contre-révolutionnaire, il a notamment publiéL’Autorité contre les Lumières : la philosophie de Joseph de Maistre (Droz, 2004) etLouis de Bonald, Réflexions sur l’accord des dogmes de la religion avec la raison (Éditions du Cerf, 2012). Son dernier livre Le Procès des droits de l’homme (Seuil, 2016), écrit avec Justine Lacroix, se propose d’analyser les différentes critiques formulées à l’égard de l’idéal des Lumières.

    PHILITT : L’une des critiques récurrentes formulées à l’égard des droits de l’homme soutient que ces derniers sont avant tout des droits individuels et que, en cela, ils participent au démantèlement des sociétés. Quelle est la validité et la limite de cette critique ?

    Jean-Yves Pranchère : L’un des motifs du livre que Justine Lacroix et moi avons écrit à quatre mains (il est permis de parler ainsi quand on use de claviers) tient justement à notre perplexité devant le succès contemporain de cette critique. On la réfère parfois à Tocqueville, en oubliant que celui-ci tenait la pratique des droits pour le cœur du lien social démocratique et disait que « l’idée de droits n’est pas autre chose que la vertu introduite dans le monde politique ». Le thème des « droits contre la société » remonte plutôt à Louis de Bonald, à Joseph de Maistre et à Auguste Comte, qui ont répété la critique contre-révolutionnaire de l’individualisme en lui donnant un fondement sociologique et non plus théologique. Auteurs auxquels on peut ajouter ceux qui, au XXe siècle, ont donné à cette critique des formes inattendues, néo-païennes (Maurras, Heidegger) ou catholiques-hérétiques, marcionites (Carl Schmitt1). Tous ont en commun d’avoir été des penseurs conséquents, qui ne reculaient pas devant les implications de leurs propres positions.

    Par exemple, lorsque Maistre dénonçait les droits de l’homme comme une« insurrection contre Dieu », il était autorisé à voir en eux une pièce d’un vaste démantèlement social, puisqu’il apercevait dans la Déclaration, « symbole » du processus révolutionnaire (au sens où on parle du « symbole de la foi »), un événement métaphysique qui appelait une élucidation métaphysique.

    Bonald, qui opposait de même aux droits de l’homme les « droits de Dieu » ou de la société, en concluait, avec une logique implacable, à la priorité absolue de la lutte contre la légalisation du divorce — il fit d’ailleurs voter en 1816 la loi supprimant celui-ci. Car le divorce était pour lui, par excellence, le droit qui exerce comme tel un effet de décomposition sociale en attaquant la cellule sociale primitive et essentielle. Presque aussi fondamentale était à ses yeux la question du droit d’aînesse : comme le répétera son disciple Balzac, accorder aux enfants une égalité de droit à l’héritage revient à détruire la société en remplaçant les positions et les « personnes sociales » par de purs individus indifférents à leurs rôles sociaux.

    Ceux qui reprennent aujourd’hui la critique des effets antisociaux des droits de l’homme ne sont pas prêts à assumer la charge traditionaliste ou métaphysique que cette critique avait chez Bonald et Maistre. Personne ne veut interdire le divorce et rétablir le droit d’aînesse. Personne ne prend au sérieux la religion positive de Comte — dont on ne voit que la loufoquerie et dont on oublie qu’elle est très logiquement déduite par Comte de la thèse du primat absolu des devoirs sociaux (et de l’unité spirituelle de la société) sur les droits des individus.

    D’où ce paradoxe : le thème de la contradiction entre droits individuels et unité sociale se diffuse, mais il reste un thème flottant — un thème « diffus », justement, sans contenu précis. D’une position métaphysique ou sociologique forte, celle des traditionalistes et du positivisme comtien, on est passé à une sorte de critique chagrine de l’air du temps et de la « psychologie contemporaine ».

    Mais cette critique n’a-t-elle pas sa pertinence ?

    Le délitement des droits sociaux la rend de plus en plus irréelle. Nous n’assistons pas tant à une « prolifération des droits » qu’à une précarisation généralisée, qui dégrade les droits subsistants en biens négociables et résiliables dans des échanges2. Et des années 1970 à aujourd’hui, le fait saillant est surtout le passage d’un état d’insurrection larvée, qui suscitait alors le diagnostic angoissé d’une « crise de la gouvernabilité », à une dépolitisation qui assure l’efficacité de la gouvernance par la passivité des populations.

    On pourrait évoquer ici un symptôme d’autant plus parlant qu’il fait l’objet d’un gigantesque refoulement dans la conscience collective : la disparition de ce qui a été la revendication de tous les mouvements socialistes du XIXe siècle, à commencer par le saint-simonisme, à savoir l’abolition de l’héritage. Le socialisme a tenu pour évidente l’idée que l’égalité effective des droits exigeait la suppression de l’héritage : c’était là le principe de l’identité entre socialisme et individualisme authentique, si fortement affirmée par Jaurès dans son article « Socialisme et liberté » de 1898. Inversement, le centre de la critique traditionaliste, comme on le voit chez Burke, a été la thèse que les droits de l’homme mettent en danger l’héritage. Bizarrement, le fait que le programme d’une abolition de l’héritage ait disparu de la scène politique ne calme pas les craintes conservatrices quant à la destruction individualiste des sociétés qui serait en cours.

    Aujourd’hui, les droits de l’homme semblent avoir pris le pas sur les droits du citoyen. Quel risque encourons-nous à les dissocier ?

    Le risque de les falsifier et de les annuler en les vidant de leur sens. Les droits de l’homme se sont toujours définis comme indissolublement liés à des droits du citoyen. La nature de ce lien est assurément problématique, ce pourquoi les droits de l’homme font l’objet d’un conflit permanent des interprétations. Mais il leur est essentiel que l’homme ne soit pas dissocié du citoyen, soit que les droits du citoyen soient perçus comme le prolongement des droits de l’homme (libéralisme démocratique), soit que les droits de l’homme soient pensés comme les conditions que doit se donner la citoyenneté pour être effective (démocratie égalitaire).

    La séparation des deux correspond à leur interprétation libérale étroite : cette interprétation, qui est la véritable cible de Marx dans Sur la question juive — puisqu’il s’agissait pour Marx de refuser que le « droit de l’homme de la propriété »ne prive les droits politiques du citoyen de toute « force sociale » —, est celle que défendait Burke contre les révolutionnaires français. Car Burke, défenseur de la singularité des « droits des Anglais », ne récusait pas l’idée des « droits de l’humanité », dont il se faisait au même moment le défenseur dans ses plaidoyers contre le gouverneur des Indes Hastings. Il s’en prenait aux « droits de l’homme français », c’est-à-dire à une idée des droits de l’homme exigeant partout l’égalité des droits et la démocratie politique.

    Burke, qui se disait en accord parfait avec Montesquieu et Adam Smith, refusait que les droits de l’homme puissent désigner davantage qu’une limite morale des gouvernements. Leur contenu légitime était selon lui l’idée d’une libre dignité humaine que toute société décente doit respecter — aux côtés d’autres valeurs de rang égal telles que les bonnes mœurs, les croyances religieuses, la prospérité du commerce, la majesté du parlement et du roi, etc. Mais cette dignité excluait l’égalité des droits et la souveraineté du peuple. L’ordre social, soulignait Burke, ne naît pas des volontés individuelles mais du jeu spontané de ces facteurs multiples que sont l’inégalité des héritages et des statuts, les fictions nationales, la main invisible du marché, la tradition souple de la jurisprudence. Cet ordre social, qui a pour effet d’assurer le respect des droits généraux de l’humanité, ne se construit pas sur eux à la façon dont on déduit le particulier de l’universel.

    Mais cela vaut-il encore aujourd’hui ?

    Friedrich Hayek, très pur représentant du néolibéralisme, a salué en Burke un parfait libéral. De fait, Burke fournit le modèle d’une articulation entre libéralisme du marché et conservatisme politique : les droits ne sont qu’une fonction de l’ordre économique et social, qui suppose que les libertés marchandes soient liées par leur adhésion aux fictions d’autorité d’une morale partagée.

    Le paradoxe est que certaines critiques contemporaines des droits de l’homme, qui se présentent comme des critiques du néolibéralisme, réactivent des thèmes qui sont au fond burkéens. C’est ainsi que Régis Debray, dans Que vive la République, entend défendre l’héritage jacobin au nom de la nécessité des filiations, des « mythes collectifs » et d’une sacralité nationale. Ou que Marcel Gauchet, dans son récent Comprendre le malheur français, identifie les droits de l’homme à l’idéal d’une pure société de marché, alors même que le soutien accordé à Pinochet par les Chicago boys et par Hayek n’a pas vraiment témoigné d’un « droit-de-l’hommisme » acharné.

    Il est assez étrange de voir se développer ainsi une « critique du néolibéralisme » qui mobilise en fait, contre l’ainsi nommé « droit-de-l’hommisme », les mêmes thèmes burkéens qui font florès dans la littérature néolibérale et néoconservatrice, en particulier l’idée que la « puissance de se gouverner » suppose une identité commune et un sens du dévouement que le narcissisme des droits mettrait en danger.

    Le droit naturel, sur lequel s’appuie la Déclaration des droits de l’homme, postule que certains droits sont susceptibles de convenir à l’homme en général. À cela, Maistre répond, dans une formule célèbre, qu’il a vu des Français, des Italiens et des Russes mais jamais d’homme abstrait. Dans quelle mesure peut-il y avoir tension entre les droits de l’homme et le droit des peuples ?

    La notion (polysémique) de « droit naturel » doit être utilisée avec prudence. Claude Lefort a soutenu au début des années 19803 que la Déclaration de 1789 ne relevait pas du droit naturel, malgré la présence dans le texte de « droits naturels »inaliénables — mais qui ne sont « naturels » que d’être inaliénables et n’impliquent aucune référence à un état de nature, à un contrat social ou à une nature humaine. La belle étude que Marcel Gauchet a consacré à La Révolution des droits de l’homme a confirmé cette intuition en montrant que les rédacteurs de la Déclaration avaient été constamment travaillés par l’idée que les droits qu’ils déclaraient étaient les « droits de l’homme en société ». L’opposition entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires ne recoupe donc pas une opposition simple entre « droit naturel » et « droit historique ». C’est d’ailleurs au nom d’une idée du droit naturel, c’est-à-dire de l’ordre éternel et universel de toutes les sociétés, que Bonald s’oppose à la démocratie révolutionnaire.

    Quant à la tension entre droits de l’homme et droits des peuples, elle est en un sens irréductible. C’est la tension de l’universel et de son inscription particulière : tension constitutive de ce que Hannah Arendt nomme la condition politique de la pluralité. La tension ne doit pas être réduite (il n’y a pas à céder au fantasme de l’État mondial ou de la fin de l’histoire) mais « tenue » dans sa fécondité. C’est, nous a-t-il semblé, le sens de la formule avancée par Arendt proposant de penser les droits de l’homme à partir du « droit d’avoir des droits » : formule qui lie l’universalité des droits à la pluralité des formes de leur inscription politique — et qui souligne le caractère cardinal du droit à faire partie d’une collectivité politique.

    Cela étant, la phrase de Maistre pourrait nous conduire vers une tension plus spécifique : celle qui concerne les droits individuels et les droits culturels. On sait que les politiques multiculturalistes consistent à assurer certains droits des cultures au détriment de certains droits individuels : par exemple, au Québec, le droit des individus en matière scolaire est limité par l’obligation faite aux francophones de scolariser leurs enfants dans des écoles francophones.

    Mais, là encore, la tension doit pouvoir être « tenue » par une conception politique des droits de l’homme qui inscrit ceux-ci dans le geste collectif par lequel les citoyens se reconnaissent des droits les uns aux autres. On peut noter ici que Claude Lévi-Strauss, qui est allé très loin dans la défense du droit des identités culturelles (dans un livre tardif4, il n’hésite pas à se réclamer de Gobineau pour exprimer sa peur des effets entropiques du métissage des cultures), n’a pas pour autant récusé l’idée des droits de l’homme : il a proposé de les penser comme un cas du « droit des espèces à la vie », en faisant valoir l’argument que, dans le cas des hommes, chaque individu était à lui seul une espèce et une culture5. Mais notre livre tendrait plutôt à penser les droits culturels dans leur statut et leur limite de conditions de l’exercice de l’autonomie.

    Maistre s’inquiétait des velléités impérialistes liées à l’idéologie des droits de l’homme. L’histoire ne lui donne-t-elle pas raison ? Les droits de l’homme ont servi d’arme idéologique ces dernières décennies pour mener des guerres d’intervention avec les conséquences que l’on connaît…

    La critique de l’impérialisme révolutionnaire est un des moments les plus forts de l’œuvre de Maistre — ainsi que de Burke, dont les Lettres sur une paix régicide ont été décrites par un républicain aussi convaincu que Pocock comme une critique prémonitoire du totalitarisme. On ne voit pas comment donner tort à Maistre lorsque celui-ci s’indigne de la façon dont la Convention a appliqué le statut d’émigrés aux habitants des pays annexés par la France qui avaient fui pour ne pas devenir Français. Il était aberrant de procéder à des sortes de naturalisations rétroactives, contre la volonté des individus concernés, de manière à les traiter non en étrangers mais en traîtres à une patrie qui n’avait jamais été la leur !

    Mais la thèse de Burke et de Maistre est beaucoup plus forte : elle est que la Déclaration de 1789, parce qu’elle ne reconnaît le droit d’exister qu’aux seuls États conformes à l’idée des droits de l’homme, devait déboucher sur la « guerre civile du genre humain » (Maistre). Comme le dira Péguy dans L’Argent, mais en éloge plutôt qu’en réprobation : « Il y a dans la Déclaration des droits de l’homme de quoi faire la guerre à tout le monde, pendant la durée de tout le monde. »

    Cela autorise-t-il à conclure à un lien d’essence entre droits de l’homme et impérialisme ? Il se trouve que la thèse de Maistre et de Burke a été reprise par Carl Schmitt, dans les années 20, afin d’absoudre les violations du droit international par l’Allemagne en 1914, puis, à partir de 1933, afin de justifier… l’impérialisme nazi. Force est donc de constater que l’impérialisme, qui est une possibilité de tout régime politique, est susceptible d’investir aussi bien l’universalisme (via le thème de la mission civilisatrice, de la croisade religieuse ou de l’exportation de la démocratie) que le particularisme (via les thèmes de l’espace vital, de l’affirmation nationale ou de la guerre des races).

    On peut assurément soutenir qu’une version des droits de l’homme, celle qui les lie à l’utopie d’un État mondial, est particulièrement exposée au risque de la dérive impérialiste. Mais cette version ne peut pas passer pour la vérité de l’idée elle-même. Et il est douteux que les droits de l’homme soient l’alibi le plus approprié pour les menées impériales : dans les dernières années, ils ont été un discours adopté de manière forcée plutôt qu’un véritable moteur. Pour preuve, l’invocation des droits de l’homme par George W. Bush pour justifier l’invasion de l’Irak a eu les traits grotesques et sinistres d’un mensonge patent. Une politique de prédation, qui a pour hauts faits Guantánamo et Abou Ghraib, et qui débouche sur un chaos sanglant où les libertés élémentaires sont bafouées, n’a aucun titre à se prévaloir des droits de l’homme.

    Les droits de l’homme ont subi des attaques de tous les bords politiques : libéral, réactionnaire, marxiste… Peut-on distinguer un élément commun à ces critiques qui ont des objectifs différents ?

    Un des étonnements qu’on rencontre quand on étudie les critiques des droits de l’homme, c’est le recoupement, parfois à la limite de l’indiscernabilité, entre les argumentaires d’auteurs que tout oppose politiquement. Il n’y a presque pas un argument de Burke contre les droits de l’homme qui ne se retrouve chez Bentham, lequel est pourtant un démocrate convaincu.

    Bien sûr, tout est dans le « presque » : alors que Burke critique la « métaphysique des droits » au nom d’une idée de l’utilité collective établie par l’histoire et la tradition, Bentham critique la « métaphysique des droits » au nom d’une idée de l’utilité collective établie par la raison… et récusant la tradition comme un simple résidu de la stupidité des ancêtres. Du point de vue de la « quantité textuelle », la différence est infime : elle n’occupe que quelques lignes. Mais elle signale que la quasi-identité des arguments s’insère dans des dispositifs théoriques incompatibles.

    Dès lors, il est plus intéressant de se pencher sur les dispositifs théoriques sous-jacents que sur les « éléments communs » qui risquent de faire illusion. Par exemple, l’apparence d’une proximité entre Burke et Marx (auxquels on attribue parfois un même souci de la « communauté » menacée par les droits) se défait dès lors qu’est posée la question du statut du droit de propriété chez les deux penseurs : la crainte de Burke est que les droits de l’homme ne conduisent qu’à la déstabilisation du droit de propriété qui est selon lui la pierre angulaire de tout ordre social ; la critique de Marx vise au contraire le fait que la Déclaration de 1789, en sacralisant le droit de propriété, conduit à éterniser la division des classes qui rend impossible l’égalité des droits.

    Plutôt qu’un « élément commun », il faut sans doute chercher à dégager les lignes du champ où s’inscrivent les positions en présence. C’est cette cartographie que Justine Lacroix et moi avons tenté de faire, tout en prenant position afin de nous situer dans notre carte — et de situer ainsi cette carte elle-même, pour la soumettre à la discussion critique. Refaire cette carte dans le cadre de cet entretien est impossible ; mais disons qu’un des ressorts de la configuration du champ des critiques des droits de l’homme tient dans la nature de la relation qui est faite entre l’homme et le citoyen, et dans le type d’universalité et de particularité qui est attribué à l’un et à l’autre.

    Dans votre livre, vous n’évoquez pas le cas de Simone Weil qui, dans L’Enracinement, se propose de substituer aux droits de l’homme des devoirs envers les êtres humains. Dans quelle tradition s’inscrit-elle ?

    Il y a d’autres d’auteurs encore que nous n’évoquons pas ! Par exemple Claude Lévi-Strauss, évoqué plus haut, qui est pourtant une des sources de certaines critiques « culturalistes » de « l’ethnocentrisme » des droits de l’homme. C’est que notre but n’était pas de proposer un panorama exhaustif, qui aurait demandé des milliers de pages (et il a déjà été assez difficile de faire tenir la matière que nous avions à traiter dans un nombre de pages raisonnable), mais d’établir les types des critiques qui nous semblaient les plus cohérentes et systématiques — ou, pour ainsi dire, de fixer les couleurs fondamentales à partir desquelles se compose le riche et vaste spectre historique des nuances et des couleurs intermédiaires. La généalogie vise alors à dresser des arrière-plans conceptuels qui ont leurs contraintes structurelles, mais non à reconduire les penseurs et leurs lecteurs à des traditions auxquelles ils seraient pour ainsi dire assignés : cartographier doit servir à faciliter l’invention de trajets, voire à projeter des recompositions de paysages.

    Et donc, je ne sais pas s’il faut inscrire Simone Weil dans une tradition, ou bien étudier la façon dont elle déjoue peut-être les traditions où elle s’inscrit : il faudrait la relire de près. Mais le thème de la substitution, aux droits de l’homme, des devoirs envers les êtres humains se présente d’emblée comme la reprise d’un thème commun aux socialistes d’origine saint-simonienne et aux progressistes d’ascendance traditionaliste tels que Comte. Je formulerais l’hypothèse, si vous me passez l’expression, qu’on pourrait voir dans les thèses de Simone Weil quelque chose comme la formulation d’un « socialisme bonaldien ».

    De fait, il y avait une paradoxale virtualité « socialiste » dans le catholicisme traditionaliste ; à preuve l’évolution de Lamennais, conduit par son propre traditionalisme à rompre avec le catholicisme pour rejoindre la démocratie sociale. Et Proudhon a commencé par être bonaldien ! Simone Weil, qui est restée jusqu’au bout une chrétienne sans Église, se situe sans doute dans cet espace-là. À vérifier — ou à infirmer.

    Finalement, critiquer les droits de l’homme n’est-il pas le signe d’une bonne santé intellectuelle ?

    La critique est toujours un signe de bonne santé. Et c’est justement le signe de la vitalité des droits de l’homme que leur capacité à constamment susciter la critique en vue de leur redéfinition. Comme l’avait montré Marcel Gauchet dans La Révolution des droits de l’homme, la plupart des critiques des droits de l’homme ont été formulées, dès les débats de l’été 1789, par les mêmes révolutionnaires qui ont rédigé la Déclaration dans la conscience des tensions qui la traversaient. Les droits de l’homme engagent dès leur proclamation leur propre critique ; il faut s’en réjouir et faire en sorte qu’ils soient, plutôt que la formule de notre bonne conscience, l’écharde démocratique dans la chair libérale de nos sociétés.

    Notes de bas de page

    1 Voir Tristan Storme, Carl Schmitt et le marcionisme, Paris, Cerf, 2008.

    2 Voir Antoine Garapon, « Michel Foucault visionnaire du droit contemporain »,Raisons politiques 52/2013.

    3 Voir ses articles rassemblés dans L’Invention démocratique, Paris, Fayard, 1981, et dans Essais sur le politique, Paris, Seuil, 1986.

    4 Claude Lévi-Strauss, De près et de loin, entretiens avec Didier Eribon, Paris, Odile Jacon, 1988.

  • 10 % des enfants avortés ou nés prématurément à partir de la 20e semaine naissent vivants

    Mercredi 13 avril, l’ECLJ (European center for law and justice – Le centre européen du droit et de la justice) animait, à l’invitation du groupe bioéthique du Parti populaire européen, une conférence sur les infanticides néonataux. Une manière pour Gregor Puppinck, directeur de l’ECLJ et Claire de La Hougue, chercheur associée, d’alerter les élus sur une pratique de plus en plus courante dans nos pays, mais largement méconnue du grand public. Gregor Puppinck répond à Anne Isbeth dans Présent :

    "Nous avons présenté les résultats d’une étude que nous avons publiée en décembre dernier dans la Revue générale de droit médical. Cette étude avait déjà servi, en 2015, de support à une action de l’ECLJ auprès du Conseil de l’Europe sur ce même thème de la situation des enfants soit nés prématurément naturellement, soit nés vivants à la suite d’un avortement tardif. Après avoir découvert la réalité des infanticides néonataux nous avons décidé de creuser le sujet et de rassembler des documents. Cela a été un vrai travail d’exploration qui a duré plus d’un an. Nous voulions voir ce qu’il en était vraiment : s’il existait réellement des enfants survivant à un avortement tardif et quel était leur sort. Les témoignages que nous avons récoltés ont confirmé que les infanticides néonataux existent.

    D’après des statistiques publiées en Grande-Bretagne, environ 10 % des enfants avortés ou nés prématurément à partir de la 20e semaine naissent vivants. Cela fait beaucoup.

    Tous les moyens sont bons, malheureusement pour tuer l’enfant né vivant. Dans certains cas ils reçoivent une injection létale, dans d’autres ils sont noyés ou encore abandonnés dans une pièce à l’écart, le temps qu’ils meurent.

    Nous sommes confrontés ici aux conséquences extrêmes de l’avortement.

    Juridiquement parlant, quel est l’impact de cette découverte de l’existence d’infanticides néonataux ?

    Cela met en cause un principe juridique bien établi selon lequel le droit à la vie ne commence qu’à la naissance et derrière lequel se sont réfugiés les pays qui ont toléré l’avortement. Or, dans ces cas-là, les enfants sont nés, ils respirent, voire sont viables parfois. Certains ont vécu plus de 24 heures après leur naissance. Pourtant ils ont été tués !

    Vous montrez des témoignages durant cette conférence. On y entend notamment que souvent les parents ne sont même pas mis au courant. Pensiez-vous qu’il en était ainsi ?

    Je savais qu’il y avait une part de non-dit, de mensonge. Mais à ce point, je ne le pensais pas et surtout que ce soit si systématique. Cela dit c’est logique : on peut l’expliquer, sans pour autant le justifier. La première des explications est pénale : ces actes sont interdits. D’où ce silence. Il y a aussi l’aspect psychologique : ces médecins – certains de bonne foi – veulent ainsi éviter aux parents de souffrir davantage. Enfin, au niveau administratif et prise en charge de l’enfant, il est beaucoup plus simple de le déclarer mort-né, même s’il est né vivant. [...]"

    Abominable.

    Michel Janva