Un ministère de la Culture, ça ne devrait exister qu'en URSS ! Cette réflexion de bon sens est celle de Marc Fumaroli, professeur au Collège de France, dans un livre où il règle son compte à cette plaie spécifiquement française : la culture d'Etat, inaugurée par Malraux et érigée par Jack Lang et François Mitterrand en arme de gouvernement.
En 1959, André Malraux dévient le premier ministre des Affaires culturelles, un lot de consolation que lui accorde le général de Gaulle. La France aura bientôt perdu son empire, mais, qu'on se rassure, Malraux va lui rendre son prestige. De quoi s'agit-il ? Tout simplement d'élever « les cathédrales du XX' siècle » les maisons de la culture. Bref, les Français apprennent avec stupeur qu'ils sont culturellement sous-développés. On va donc démocratiser la culture, grâce à l'agitation vibrionnaire d'un homme qui se prend pour un artiste après s'être pris pour un aventurier, et avec le concours de la puissance rénovée de l'Etat.