Encore un sondage déroutant, paradoxal, qui donnera du grain à moudre – c’est d’ailleurs fait pour ça, les sondages – à beaucoup, hommes politiques et commentateurs. Devant l’impopularité calcifiée d’Emmanuel Macron, l’hebdomadaire a eu l’idée de prendre sa lanterne et de rechercher, avec Ipsos, « qui ferait mieux que lui ». Louable intention. Qui est aussi celle des 70-75 % de Français qui refusent de se laisser embarquer dans de nouvelles aventures, au vu de la réussite des deux dernières années passées en sa compagnie…
Le sondeur a donc testé pas moins de 23 hypothèses alternatives ! En fouillant dans tous les tiroirs et les recoins de la vie politique française : Hulot, Bertrand, Hollande, Sarkozy, Marine le Pen, Marion Maréchal, Ségolène et j’en passe ! Vous aviez donc droit à trois réponses : « il ou elle ferait mieux » ou « pire » ou « ni mieux ni pire ». Et même en allant chercher dans son propre camp (Édouard Philippe ou Le Drian), ou chez ses rivaux de gauche ou de droite, aucune de ces 23 personnalités ne ferait mieux qu’Emmanuel Macron. À l’Élysée, nul doute qu’on sabre le champagne. Après une non-défaite annoncée aux municipales car, en fait, les candidats LREM ne s’y présentent pas, voici la non-défaite à la présidentielle car personne ne ferait mieux que lui. Victoire par l’absence, victoire par défaut : le nouveau monde est extraordinaire et orwellien en diable. Vous me direz, pour quelqu’un qui nous dit qu’un père n’est pas un mâle… Ce sondage et cette une du Point accréditeront l’idée qu’il est incontournable, imbattable, et en effet, on entend souvent : « de toute façon, qui ? » La question en dit long sur l’état de lassitude et de fatalisme de l’opinion, de ses inquiétudes.