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France et politique française - Page 3295

  • MILITANT N° 678 – Le délitement de leur République et les nationalistes

    Les élections régionales qui se sont déroulé les 6 et 13 décembre ont renforcé les lignes de fracture qui fragilisent progressivement leur république, cinquième du nom. Plusieurs faits le montrent.

    1) A nouveau, le parti des abstentionnistes est demeuré le premier parti de France, atteignant 49,5 % au premier tour auxquels il faut joindre les quelque 5 % de bulletins blancs ou nuls relevés. Cela confirme l’indifférence d’une part croissante des Français à l’égard du régime démocratique qui ne donne que formellement la parole aux Français pour mieux les museler face à une oligarchie politique aussi prétentieuse que médiocre et soucieuse de préserver ses prébendes. Si l’abstention a baissé à 41,6 % au second tour, cela est dû à la mobilisation d’une frange de l’électorat sensibilisée par la dramatisation médiatique consécutive à la percée du Front National.

    2) Pour la première fois, au premier tour, un parti musulman, le Parti démocrate musulman, a atteint les 5 % dans certaines banlieues occupées, ce qui manifeste l’émergence d’un nouveau phénomène : le vote ethnique. Une force politique musulmane va se constituer naturellement, échappant à l’emprise des socialistes, devenant une partie prenante de poids dans les inévitables compromis qui précèdent les seconds tours électoraux …

    3) En particulier, le fait que le Front National, présenté par les media dominants comme un parti antisystème, soit parvenu à dépasser en nombre de voix les partis régimistes des gauches et de la droite libérale signale qu’un nombre croissant de Français rejette cette classe politicienne qui se partage le pouvoir depuis un demi-siècle et conduit la France à la ruine par incurie et par trahison. De même, la victoire de la coalition des séparatistes corses est venue avant tout du rejet par l’électorat insulaire des partis en place. Mais les Corses ne tarderont pas à être déçus de ce vote dans la mesure où il est apparu, à la suite de l’agression de pompiers par des musulmans, que les Siméoni et Talamoni tenaient le même discours droit de l’hommiste et anti français que les partis régimistes.

    Cependant, l’échec du Front National à gagner des élections dans lesquelles il est apparu comme la force politique principale confirme deux faits :

    – le soutien implicite qu’une majorité de Français continue à apporter à un régime dont, paradoxalement ils dénoncent l’incapacité depuis plus de trente ans à redonner sa puissance à la France : la situation n’est pas encore assez grave pour qu’ils le rejettent explicitement.

    – la capacité du régime à bien se défendre, en jouant sur la peur, en isolant le Front National face à la coalition des autres formations politiques, comme sous la IVe République avec le RPF gaulliste, en utilisant une loi électorale byzantine avec le scrutin proportionnel à deux tours.

    Surtout, cet échec qui préfigure le scénario des élections présidentielles de 2017, condamne la stratégie de dédiabolisation du Front National : il n’est jamais bénéfique de renier ses principes fondateurs ou de les affadir. Toute concession d’idée au régime que l’on est censé combattre constitue en soi une défaite annonciatrice de déconvenues toujours plus dévastatrices.

    Par ailleurs, il faut bien comprendre que le Front National est inclus dans le jeu politique actuel en tant que soupape de sûreté et tout est configuré pour qu’il ne sorte pas de ce rôle. En outre, au cas où il l’emporterait à l’occasion de circonstances exceptionnelles échappant à la vigilance du système, son républicanisme et son démocratisme fonciers feraient qu’il ne le menacerait nullement. Son seul danger est, qu’en cas de succès, il prive de leurs prébendes les actuels profiteurs du régime : c’est d’ailleurs ce qui les a le plus inquiété lors de ces élections.

    Justement, leur souci majeur est dès à présent d’emporter l’élection présidentielle de 2017. Toute action politique qui sera menée d’ici là, si rien ne vient contrarier le calendrier électoral, dépendra de ce seul objectif.

    En témoigne l’affaire de la « double nationalité ». Après les attentats islamistes du 13 novembre et l’émotion qui s’en est suivie, ayant compris que les Français (de souche) demandaient des mesures de fermeté, le gouvernement a décidé entre autres d’établir une législation sécuritaire dont nous savons qu’elle s’appliquera le cas échéant plus aux nationalistes et aux Français non reniés qu’aux Français de papier. Dans ce train de mesures, figure la déchéance de nationalité pour les « binationaux » (essentiellement musulmans) jugés dangereux. Le maintien de cette disposition par Hollande, en dépit des objurgations de la gauche de son parti, est dû au seul fait qu’il ne peut espérer être réélu qu’en donnant une image de fermeté. Or les passions que suscite cette question révèlent les contradictions des « valeurs » apatrides de leur république d’anti-France mais surtout une ligne de fracture dans la société française déjà signalée par l’émergence d’un parti musulman.

    Cette fracture procède d’un communautarisme marqué par le fait que, tout en ayant une carte d’identité française, nombre de leurs titulaires demeurent en esprit et en âme dans leur pays d’origine, non seulement pour la première génération, ce qui n’est pas anormal, mais surtout pour les générations suivantes, ce qui révèle un problème fondamental : celui de leur capacité à s’assimiler, autrement dit à se fondre dans la tradition millénaire française, véritable code génétique de la France. Or personne ne peut servir deux maîtres ; personne ne peut avoir une double allégeance : à un moment donné, il faut toujours choisir. Le problème n’est pas de déchoir de la nationalité française les binationaux jugés dangereux : le problème est d’accorder la nationalité française à des gens qui ne sont pas assimilés à la civilisation française, ne le veulent pas ou ne le peuvent pas, ne serait-ce que parce que la France, depuis 1789, rejette son cœur spirituel, le christianisme. A terme, les fictions juridiques rationalistes voleront en éclat sous la pression de la réalité d’une confrontation entre deux groupes de populations inassimilables l’un à l’autre.

    Dans cette France en délitement continu, l’action du Front national permet de sensibiliser les Français aux thèmes nationalistes. En ce sens, il aplanit le terrain au bénéfice des forces nationalistes qui refusent tout compromis et toute concession avec cette anti-France qu’est leur république, régime mortifère et par nature irréformable.

    Le temps qui nous sépare de son effondrement inéluctable doit être activement employé à se former, à s’organiser pour préparer la révolution nationale que les événements exigent.

    Éditorial de la Revue Militant, N°678, janvier 2016.

    http://www.revue-militant.fr/revue/militant-n-678-le-delitement-de-leur-republique-et-les-nationalistes.html

  • Pour une « nation forte »

    « Comment imaginer une rencontre heureuse entre un islam fort et une nation faible ? » Cette question posée par Pierre Manent dans Situation de la France (1) résume admirablement l’une des problématiques cruciales du moment. Pour autant, l’essayiste ne se fait en rien le chantre d’un identitarisme agressif. Il prône même certaines concessions sur les mœurs musulmanes, à condition toutefois que la nation soit forte. Quelle est la substance d’une « nation forte », au-delà de la dimension géopolitique et militaire, au-delà de la puissance économique ? Elle recouvre principalement trois aspects : politique, culturel et religieux.

    La nation de marque chrétienne Au plan religieux, Pierre Manent conclut son essai en affirmant que « l’avenir de la nation de marque chrétienne est un enjeu qui nous rassemble tous » (p. 173). Tous ? Vraiment ? Y compris les non-chrétiens ? Pour Manent, la réponse est positive parce que « la France n’a jamais été sans l’Église » (p. 161). L’auteur est ici particulièrement audacieux. Cela revient à dire aux Français : « Vous n’aurez pas la France sans le catholicisme. Ou alors ce sera une nation faible et désarmée face à la formidable dynamique de l’islam. » D’une certaine manière, pour les Français, la neutralité vis-à-vis de la religion n’est plus tenable. Et elle l’est encore moins, bien sûr, pour cette majorité de Français qui se déclare catholique sans vivre explicitement sa catholicité. Cela signifie peut-être que les Français gagneraient à redécouvrir le catholicisme ; et plus encore, pour ceux qui sont baptisés, à se redécouvrir catholiques.

    Sortir de la neutralité religieuse ne peut cependant pas se réduire à la redécouverte de la manifestation culturelle de la religion. Benoît XVI a démontré, lors de son discours aux Bernardins, que c’est la foi qui produit la culture ; et que sans la foi la culture se meurt. L’actuel pape émérite avait alors insisté sur ce moteur de la civilisation et de la culture que constituait la recherche de Dieu – Quaerere Deum. Il serait ainsi illusoire de penser que le retour à la religion historique conçue comme « religion identitaire » suffirait à refaire de la France une nation forte. Si l’on n’y met pas l’âme, la foi, les fondations demeureront fragiles. Voilà pourquoi nous ne devons pas hésiter à parler explicitement à nos contemporains de la question religieuse. Les Français sont peut-être placés, à ce moment de leur histoire, devant un choix crucial : ou retrouver leur baptême ; ou alors leurs enfants ou petits-enfants pourraient devenir musulmans demain, si la prophétie de Houellebecq venait à se réaliser. Le romancier défend en effet la thèse selon laquelle le vide religieux ne peut durer parce qu’il n’y a pas de société sans religion. En somme, il est essentiel pour les Français de se remettre à chercher Dieu, de retrouver le chemin de l’Église et des églises. [....]

    La suite dans La Nef

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Pour-une-nation-forte

  • JT du lundi 15 fevrier 2016 : Politique / Les Républicains : Copé déclaré

  • État, patrie, nation

    Le réel revient au grand galop. Nos politiques y sont confrontés : patrie, nation, frontières, État, voilà à quoi se rattachent les peuples.

    L’état d’urgence, décrété par François Hollande après les attentats du 13 novembre en application de la loi du 3 avril 1955, a été voté une première fois par le Parlement les 19 et 20 novembre 2015 à une quasi unanimité pour une prolongation de trois mois, soit jusqu’au 26 février 2016. Le gouvernement, au regard de la situation, se voit dans l’obligation en ce début février d’en demander encore la prorogation jusqu’à la fin mai. Il pense qu’il pourra, à ce moment là, utiliser, le cas échéant, la nouvelle règle constitutionnelle en préparation qui lui évitera les éternelles discussions de la vie démocratique. Christiane Taubira qui était opposée à cette réforme, a démissionné le 27 janvier, laissant le ministère de la Justice à Jean-Jacques Urvoas qui, lui, était déjà totalement impliqué dans la rédaction de la nouvelle loi. C’était une question de cohérence.

    L’état d’urgence

    On s’en souvient : François Hollande, lors de son discours à Versailles devant le Congrès, avait annoncé sa décision de constitutionnaliser l’état d’urgence pour en faire une arme permanente à la disposition des pouvoirs publics.

    Pour faire bonne mesure et obtenir l’approbation nécessaire de la droite à une telle réforme constitutionnelle qui exige l’accord des 3/5e du Congrès, François Hollande avait cru bon de joindre au texte concernant l’état d’urgence, un autre qui visait la déchéance de nationalité des binationaux convaincus de crime terroriste ou, selon l’expression du projet de loi aussi étrange qu’inconnue en droit pénal, « constituant une atteinte grave à la vie de la nation ». Crime ou délit, a-t-il été précisé, ce qui étend le champ des applications de la loi.

    Ce faisant, Hollande pensait se rallier une large et suffisante majorité de parlementaires et se gagner l’opinion des Français, acquis dans leur ensemble à ces deux mesures.

    Et voilà que tout se complique. Sa gauche se rebiffe une fois de plus. Taubira en sera l’égérie ! Elle l’annonce. Les magistrats et les robins de tous états font entendre un sourd grondement de protestation, car l’autorité judiciaire, à les entendre, serait bafouée dans ses prérogatives : n’est-elle pas constitutionnellement la gardienne de la liberté individuelle ? La Ligue des droits de l’Homme, le Conseil de l’Europe, l’Onu elle-même signifient leur inquiétude.

    Le problème de la déchéance de nationalité

    Enfin, des gens fort sérieux, de droite comme de gauche, ont fait savoir publiquement leur désaccord. à quoi sert l’état d’urgence, disent les uns ; il y a un arsenal de lois suffisant pour réprimer le terrorisme, sans qu’il soit besoin d’installer le pays dans un état permanent d’effervescence.

    Quant à la déchéance de nationalité, disent les autres et quelquefois les mêmes, en ne visant que les binationaux, elle créerait une discrimination inutile entre les Français selon leur origine ; elle n’aurait aucun effet dissuasif sur des criminels décidés à passer à l’acte ; et elle mettrait la France en porte-à-faux dans ses relations internationales.

    Les conseillers de l’Élysée et de Matignon, la commission des lois de l’Assemblée nationale, sous la présidence d’Urvoas, ont donc travaillé sur une rédaction qui puisse obtenir la majorité requise. La binationalité et autres questions de citoyenneté seront ainsi renvoyées à des textes d’application. Il est question de « réhabiliter » la peine d’indignité nationale, applicable à tous les citoyens, pour assurer ainsi « l’égalité devant la loi » !

    Le président et le Premier ministre sont maintenant, tous les deux, obligés de réussir leur coup. Car, au-delà de toutes ces arguties juridiques, comment ne pas soupçonner une intention électorale en vue des élections présidentielles de 2017 ? Dans tant de débats aussi discordants que superficiels, on joue avec le droit et les mots sans se soucier de la vérité politique.

    François Hollande se met à parler de patrie, mot qui lui était parfaitement étranger, à lui comme à ses pairs. Or, à aucun moment dans ses propos, il ne la désigne sous ses traits singuliers ; il est évident qu’il ne la comprend pas, qu’il ne la sent pas ; il n’en communique ni l’amour ni le respect. La patrie pour lui, c’est équivalemment la République, une abstraction, et la République en fait, c’est sa chose à lui ; il se l’est appropriée. Valls a la même conception idéologique et totalement subjective ; il suffit de l’écouter pour savoir que dans son esprit domine une équation de la simplicité radicale d’un fondamentalisme religieux : France = République = Valls !

    Ils sont tous pareils, dans le même état d’esprit, à droite, à gauche, au centre. Lisez leur bouquin à chacun, quel qu’en soit le titre : partout le même narcissisme républicain ! L’intelligence, c’est moi ; l’action, c’est moi, l’État fort, c’est moi ; la liberté, c’est moi ; la sincérité, c’est moimoi, moi, moi ! Pas des hommes d’État, des moi, tous du même acabit.

    Patrie et nation

    Or la patrie a, d’abord, une signification charnelle : elle est la terre des pères ; elle est un sol, un territoire, un paysage, un patrimoine incorporé aux lieux aimés ; elle parle des générations qui se sont succédé, d’un art de vivre, de la religion, des mœurs et du labeur de nos familles. Bref, tout ce que la République a décidé – et encore récemment – de ne plus connaître, voire de supprimer. Et la nation dit, d’abord, la naissance : c’était vrai déjà dans les acceptions du langage courant dès le XVIe siècle. La nation, avant d’être un contrat, est un fait. Nous appartenons tous à une nation et ce caractère distinctif marque à tout jamais notre origine et, sauf exception, détermine notre avenir. Il est possible, sans doute, de changer de nationalité, de s’insérer dans une autre nation ; encore faut-il le faire en respectant cette donnée de fait qu’est la nation. Il n’est pas besoin d’évoquer Taine, Renan, Barrès, Maurras ou Péguy pour adhérer d’esprit et de cœur à ces claires certitudes, le plus beau partage qui nous soit échu et qui établit en France notre communion historique. Car l’histoire est là, prégnante.

    Le grand problème de nos dirigeants, c’est qu’il y a longtemps qu’ils ont jeté cet héritage aux orties. Ils sont internationalistes, mondialistes, européistes. En même temps qu’attachés au jacobinisme d’État le plus archaïque qui justifie leurs prébendes ! D’où leur indifférence profonde pour la paysannerie qui se meurt, pour l’artisanat de chez nous, pour tous les métiers de nos pays, pour nos industries et notre écologie vraie qui est constituée de terroirs, de clochers, de traditions, de populations qui ne sauraient être submergées par l’étranger. Vendre des Rafale et des Airbus, ça ne suffit pas !

    Leurs lois s’inscrivent toutes dans la médiocrité d’une défense républicaine et non dans l’élan d’une reconquête française. Comment dans ces conditions avoir une politique intérieure de sécurité et de justice, quand tout n’est plus que clientélisme de parti et de syndicat et quand des banlieues entières, bientôt des villes, telle Calais, sont littéralement abandonnées à cause de leur incurie ? Comment opérer les réformes nécessaires quand l’esprit public est perverti ? La réforme du travail ? Allons donc, un rapport de plus pour le vieux Badinter ! Plus gravement, comment faire la guerre, la soutenir dans la durée, s’obliger au sacrifice nécessaire, quand les moyens sont continuellement rabotés ? Comment mener une politique extérieure quand on ne sait même plus ce que sont les intérêts du pays et quand on renie l’âme de la France ? Comment enfin sauver nos finances quand plus aucune décision souveraine n’est possible qui mette à l’abri des cataclysmes à venir ?

    Leur œuvre aboutit au néant, mais ils tiennent la République et sa loi. Ils sont contents ; ils sont comme des enfants gâtés. Ce sera leur joujou jusqu’au bout.  

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Marine Le Pen doit écouter les aspirations des Français

    Marine Le Pen a déclaré qu'elle allait profiter de cette année 2016 pour aller à la rencontre des Français. Les écoutera-t-elle ?
    Il y une semaine se tenait, dans l’Essonne, le séminaire du Front national. Réservée aux caciques du parti et à quelques invités comme Robert Ménard et Gilbert Collard, non encartés au FN, cette réunion devait être l’occasion d’une remise à plat de la ligne du mouvement. Tous les sujets devaient pouvoir, sans tabou, être discutés et disséqués. Nous étions plusieurs, y compris dans ces colonnes, à voir dans cette démarche novatrice une possibilité unique et historique de redynamiser le FN après ses déboires électoraux de mars et décembre 2015. C’était, pour lui, le moment de rechercher les causes de ces défaites et d’y apporter les remèdes nécessaires. Nombreux étaient ceux qui pensaient que, pour élargir la base électorale du parti, préalable indispensable à toute victoire, il fallait procéder à des ajustements sur les sujets clivants tels que la question de l’euro, les 35 heures, les retraites, le Code du travail, etc.
    Si ces sujets, d’après les échos, furent bien abordés, la présidente du FN s’employa davantage à recadrer chacun des participants afin de faire rentrer dans le rang celles et ceux qui auraient pu avoir la tentation d’en sortir. Pas question, donc, de faire bouger les lignes !

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  • J’écris ton nom… liberté

    Yannik Chauvin, docteur en droit, écrivain, compositeur.

    ♦ Le gouvernement, impuissant à agir, radicalise sa position en maniant l’interdit et fait donner ses forces de l’ordre pour appuyer ses mauvaises actions.

    Dans la période que nous vivons, riche en manifestations en tout genre, et où la sérénité n’est plus la qualité première des magistrats, l’article de Yannik Chauvin sur l’arrêt Benjamin donne largement matière à réflexion.
    Polémia

    Autrefois, nous étions protégés par l’arrêt Benjamin. L’affaire date de 1930. René Benjamin, homme de droite et violent critique de l’enseignement public, devait donner une conférence à Nevers sur le thème « Deux auteurs comiques : Courteline et Sacha Guitry ».

    Une opposition musclée avait prévu une contre-manifestation. Devant le risque de désordre, le maire de la ville a interdit la conférence par arrêté municipal.

    En 1933, le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative, saisi par René Benjamin, a annulé l’arrêté du maire sur un argument explicite : « L’éventualité de troubles, alléguée par le maire de Nevers, ne présentait pas un degré de gravité tel qu’il n’ait pu, sans interdire la conférence, maintenir l’ordre en édictant les mesures de police qu’il lui appartenait de prendre. »

    En d’autres termes, avant qu’un maire ou un préfet ou un ministre de l’Intérieur interdise une manifestation, il lui faut d’abord prendre les mesures de police adéquates. Le principe était clair : « La liberté est la règle, la restriction de police l’exception. » Nous avons vécu quatre-vingts ans sous ce régime de liberté. Aujourd’hui, c’est terminé.

    Le premier coup de massue à avoir fracassé la jurisprudence Benjamin a été porté par Manuel Valls en janvier 2014 dans l’affaire Dieudonné. Depuis que la brèche est ouverte, le même Valls étant chef du gouvernement, on ne compte plus les décisions des préfets interdisant des manifestations. Les dernières en date frappent Saint-Brieuc et Calais, là où le général Piquemal a été arrêté.

    Qu’on ne s’y trompe pas : l’état d’urgence n’a rien à voir dans l’affaire. Sinon, pourquoi autoriser les manifestations d’agriculteurs ou de taxis ? Non ! La vraie raison, la seule, c’est empêcher que s’exprime publiquement une opinion différente de la pensée officielle. Le gouvernement, impuissant à agir, radicalise sa position en maniant l’interdit et fait donner ses forces de l’ordre pour appuyer ses mauvaises actions. Le pouvoir ne se cache même plus ! Le préfet des Côtes-d’Armor a interdit la manifestation du 6 février avec l’argument suivant : « L’Europe n’est pas menacée par une islamisation rampante. Je ne suis pas en phase avec ces thèses racistes, provocatrices et xénophobes. » L’andouille ! On ne lui demande pas d’être ou de ne pas être en phase. On lui demande de prendre les moyens pour que la liberté soit assurée. C’est son boulot ! On se fiche de ses états d’âme.

    Selon Larousse, la dictature, c’est un « régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne ou par un groupe de personnes qui l’exercent sans contrôle, de façon autoritaire ». Nous n’y sommes pas encore tout à fait, mais pas loin. Les excommunications laïques des intellectuels comme Camus, Zemmour, Finkielkraut, Verdier ou Ménard participent de cette opération d’orwellisation.

    Oh ! toi, Paul Éluard, le surréaliste, le fou de liberté, le compagnon de Picasso dans le sang de Guernica, permets qu’une vingt-deuxième et dernière strophe vienne achever ton poème sublime, parachuté, pendant la guerre, pour que ceux qui se battaient alors pour la France ne perdent pas espoir.

    On y lirait, aujourd’hui, une épitaphe :

    Sur le marbre froid des stèles
    Sur la grise pierre tombale
    Sur les monuments aux morts
    J’écris ton nom
    Liberté

    Yannik Chauvin, 8/02/2016

    Source : Boulevard Voltaire.fr

    http://www.polemia.com/le-gouvernement-impuissant-a-agir-radicalise-sa-position-en-maniant-linterdit/