
Les marxistes avaient un concept-clé : l’aliénation. Être aliéné c’est devenir autre que soi-même, c’est être dépossédé de soi, c’est à la fois être privé de son identité et de sa liberté, comme le prolétaire volé de son travail par le profit du capitaliste, soumis à l’idéologie de la classe dominante et par-là même rendu étranger à sa classe. Evidemment, cette conception n’a guère résisté à l’histoire, car l’ouvrier exploité par le manufacturier ne correspond guère à la situation la plus répandue dans les pays post-industriels. Mais l’idée demeure pertinente : si on admet qu’un individu possède une identité non seulement personnelle, mais aussi collective par son éducation, son sentiment d’appartenance, la connaissance de l’histoire de sa communauté nationale ou autre, sa langue, ses modèles culturels de comportements, et finalement la conscience de ses intérêts et de ceux de son groupe, lorsqu’il perd cette identité, il est aliéné, dépossédé de lui-même, et privé de la possibilité de choisir son destin.
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