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religion - Page 87

  • 7 films à voir ou à revoir sur la Foi catholique

    "Votre saison est en croix, si je puis dire". Se rêvant très certainement en humoriste noir, à défaut d'être Président de la République, voilà ce que déclare François Hollande, en juin 2013, aux habitants de Lourdes qui ont les pieds dans l'eau peu avant le début de la saison touristique. Allez, blague un peu lourde ou Lourdes, c'est selon, dirons-nous... Lourde, de mauvais goût mais assez révélatrice d'un certain esprit. Des Pères Noël et des Saint Nicolas bannis au nom de la laïcité, des crèches interdites de construction pour ne pas choquer, des pendentifs figurant une croix catholique priés de demeurer cachés sous les vêtements, les signes ostentatoires de christianophobie s'affranchissent chaque jour de l'antichambre laïcarde. Politique, médias, finance, justice, des apôtres du Grand remplacement, il s'en trouve aisément parmi les élites prêtes à collaborer. Il s'en trouve d'ailleurs même au sein de l'Eglise : le clergé de Notre-Dame de Paris qui renonce à dresser le sapin de Noël, mais encore la Conférence des évêques si prompte à dénoncer tout graffiti islamophobe sur une mosquée, geste certes imbécile s'il en est, et si silencieuse à la découverte quasi-quotidienne de diverses profanations antichrétiennes. Un peu de peur, beaucoup de bêtise et d'asservissement. L'armée n'est plus la seule Grande muette ! Le problème, c'est que l'Eglise, on ne lui avait rien demandé... Finalement, l'Eglise, elle aussi, a accepté sa mort par substitution, le clergé se révélant de plus en plus coupé des préoccupations de ses ouailles. Au geste kamikaze d'un islamiste qui se fait sauter au Bataclan, s'oppose la passivité du catholique qui a accepté qu'on vienne lui donner la mort après avoir tendu la joue gauche au bourreau qu'il a lui-même invité à commettre son forfait. Curieux masochisme... Face à la trahison des clercs, c'est aux fidèles que revient le devoir de s'affirmer en tant que catholiques. L'avenir de la Chrétienté ne doit pas seulement résider dans sa volonté de désigner l'ennemi, pour reprendre une conception schmittienne. Il s'agit surtout de réaffirmer sa propre identité innée et positive, de manière radicale peut-être, extrémiste jamais. Laissons cela aux ennemis de la Foi et de l'intelligence. Car il n'y a pas de gloire à tuer au nom de Dieu, mais bien une immense à mourir pour Lui. Etre un martyr au sens étymologique du terme signifie porter témoignage de sa foi. Porter témoignage de sa foi..., c'est ce qu'il nous sera permis de découvrir dans chacun de ces sept films traitant de la croyance sous différents aspects, parfois à la limite de l'anticléricalisme, mais présentant une manière propre d'être chrétien. 

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    L'APÔTRE

    Film français de Cheyenne Carron (2014)

    La sœur d'un prêtre catholique est assassinée par un voisin. Malgré la douleur, le prêtre continue de vivre et exercer son ministère auprès de la famille de l'assassin, comprenant que cela les aide eux-aussi à surmonter le drame. Rien qui ne concerne Akim, jeune musulman destiné à épouser la vocation d'imam en compagnie de son frère Youssef, au caractère plus ombrageux. La pratique religieuse d'un islam modéré tient une place importante pour Akim et sa famille. Pourtant, interpellé par la force charitable du prêtre, Akim est bientôt touché par l'amour du Christ et s'engage dans le chemin de la conversion au catholicisme. Akim annonce à l'ensemble de la famille sa volonté de se faire baptiser. Youssef, ses proches et l'ensemble de la communauté musulmane s'opposent à la décision d'Akim l'apostat...

    Voilà un film qui n'est pas passé inaperçu et que, paradoxalement, presque personne n'a vu lors de sa sortie en salles. Et pour cause ! Dans le contexte des attentats de Charlie Hebdo, la couardise de la Sécurité intérieure imposa la déprogrammation de celui-ci de plusieurs salles. Aussi trouillards, nombre d'exploitants de salles préférèrent tout simplement boycotter le film. Un film que d'aucuns auraient d'ailleurs préféré qu'il ne voit jamais le jour. Surtout le Centre National du Cinéma qui refusa tout simplement de participer au financement de l'œuvre ! La conversion à l'Islam de Français autochtones est perçue comme un formidable phénomène d'intégration, mais l'inverse, pensez donc ? Il ne fut pas difficile de trouver des charrettes de vierges effarouchées athées et bien-pensantes pour voir la patte du racisme le plus islamophobe et analyser le film comme une opposition entre l'intolérance musulmane et la sagesse chrétienne. Le grand effet pervers de toute cette polémique, c'est que finalement, la parfaite maîtrise de cette œuvre bouleversante n'est jamais évoquée. Les écueils sont nombreux lorsqu'on filme un sujet tabou. C'est toute la force de Carron de tenir un propos mesuré et nuancé, mais déterminé, sur l'identité des religions catholique et musulmane. Les dialogues qui offrent une large part à l'improvisation renforcent la qualité du scénario. Comme l'indique la cinéaste dans l'interview qu'elle accorde au Cercle Non Conforme, le début du film fait clairement référence à l'assassinat, par strangulation, de la sœur du prêtre par un voisin musulman d'origine marocaine. La réalisatrice, alors âgée de 19 ans, résidait dans ce même village... Film à voir obligatoirement ! 

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    BONTE DIVINE

    Titre original : Svećenikova djeca

    Film croate de Vinko Brešan (2013)

    Don Fabijan est un jeune prêtre fraichement débarqué sur une petite île dalmatienne pour exercer son ministère dans la paroisse insulaire. Si les enterrements se succèdent, le jeune prêtre est très rapidement intrigué par le catastrophique taux de natalité au sein de sa communauté de paroissiens. L'île meurt. L'explication vient peut être du fort nombre de préservatifs vendus par Petar, le tenancier du kiosque local. Très pieux, Petar accepte la proposition peu commune du prêtre. Les deux hommes se mettent bientôt à percer finement tous les préservatifs vendus par le kiosquier. Le pharmacien s'associe à l'initiative en remplaçant les pilules contraceptives par des vitamines. Bien évidemment, les naissances inattendues, et parfois illégitimes, abondent rapidement. La télévision s'intéresse immédiatement à la vigueur procréatrice des îliens. Croyant à un miracle et venant du monde entier, une foule inattendue de couples ne parvenant pas à enfanter débarque sur l'île...

    Cinquième long-métrage du réalisateur, Brešan livre une curieuse comédie satirique sur ce père qui n'est pas avare de méthodes originales et radicales pour faire appliquer les préceptes du Vatican en matière de contraception. Qu'on ne s'y trompe pas ! Les ambitions de Brešan ne sont nullement spirituelles. Bien au contraire... Le film entend bien dénoncer le pouvoir de l'Eglise catholique de Croatie sur une population fortement teintée de sentiments xénophobes, de même que le scandale de la pédophilie au sein de l'institution. Projeté en festival dès 2013, le film ne sortit en salles en France que deux années plus tard et bénéficia du parrainage bien peu inspiré de Charlie Hebdo quelques jours avant les attentats. Un film anticlérical donc ? Le film comporte tant de faiblesses et tombe si facilement dans la caricature qu'il manque son but. Et on ne peut finalement que se prendre de sympathie pour ce jeune prêtre naïf et soucieux de relancer la natalité de son île moribonde. 

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    CRISTEROS, UN COMBAT POUR LA LIBERTE

    Titre original : For greater glory : the true story of Cristiada

    Film mexicain de Dean Wright (2012)

    1926, le peuple mexicain se soulève après la promulgation des lois anticléricales du président Plutarco Elias Callès qui interdisent la pratique de toutes les religions dans le pays. Des prêtres étrangers sont expulsés tandis que les réfractaires sont assassinés. Les Cristeros, soldats du Christ, vont bientôt rassembler des hommes et des femmes, de toutes conditions, soucieux de lutter, armes à la main, contre les mesures de persécution du gouvernement et pour leur foi catholique. A leur tête, le général Enrique Gorostieta Velarde qui commande ses combattants de la foi. Âgé de treize ans, José Sanchez del Rio est l'un des jeunes héros de cette troupe qui, pendant trois années, va mener la révolte contre les Fédéraux du sinistre Callès... Vive le Christ Roi !

    Sorti en 2012 au Mexique, le film aura mis deux années à traverser l'Atlantique et à créer la polémique, quelques mois avant L'Apôtre, au simple motif qu'il s'agit d'un film ne cachant nullement sa volonté de rendre hommage aux soldats du Christ. Cela fut suffisant pour provoquer des cris d'orfraie parmi nombre de critiques cinéma. Œuvre de propagande ratée, manichéenne, banale, révisionniste..., les qualificatifs ne manquent pas ; la palme revenant à l'amalgame entre film chrétien et crétin. Pourquoi pas après tout ! Et si Cristeros était un mauvais film ? S'il est vrai qu'il contient quelques longueurs et faiblesses dans la réalisation, Cristeros s'avère être une excellente et spectaculaire réalisation qui en fait même parfois un western trop hollywoodien ! Et le film est beaucoup plus mesuré qu'indiqué par l'intelligentsia de la critique. Wright n'omet nullement de dénoncer l'attitude ambigüe des autorités vaticanes, en même temps que l'odieux crime commis par les Cristeros qui incendièrent un train rempli de ses occupants. Et Callès est justement campé dans son personnage de président patriote de gauche sincère mais aveuglé par sa haine des religions. L'unanimité de la critique est suspecte et révélatrice d'une christianophobie rampante en France. Cristerosn'a pas à être un bon ou un mauvais film parce qu'il est catholique. Il est un bon film parce qu'il est un bon film. C'est parfois aussi simple que cela ! Peter O'Toole, enfin, est éclatant dans ce qui est son dernier rôle. 

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    DES HOMMES ET DES DIEUX

    Film français de Xavier Beauvois (2010)

    Le petit village isolé de Tibhirine, Algérie, dans les années 1990. Au milieu des montagnes de l'Atlas, une petite communauté de moines cisterciens est installée dans le monastère. Chaque jour, les huit moines mènent une vie simple et austère, rythmée par la prière et le travail de la terre. Loin de tout repli sur elle-même, la communauté cistercienne accorde toute son aide aux villageois arabes les plus démunis, en même temps qu'elle prodigue des soins aux malades. Si l'harmonie est parfaite avec les voisins, la situation se dégrade brusquement. La violence islamiste gagne progressivement les alentours. De nombreux civils sont assassinés par les intégristes. Des travailleurs croates sont bientôt retrouvés égorgés non loin du prieuré. L'armée algérienne propose à la communauté religieuse sa protection, ce que cette dernière décline. Assaillis par le doute, se pose, pour les moines, la question de partir et abandonner les villageois ou rester et risquer sa vie...

    Librement inspirée de l'assassinat des moines cisterciens de Tibhirine, Beauvois livre une œuvre d'une terrifiante beauté austère et retrace la vie quotidienne de la communauté de 1993 jusqu'à leur enlèvement trois années plus tard par le Groupe Islamique Armé. Seules les têtes décapitées de sept moines seront retrouvées un mois plus tard. Nulle trace des corps. On ne peut rester qu'ébahi devant la dignité de ces hommes de foi malgré le drame sacrificiel qui se rapproche inéluctablement. Beauvois retrace avec une force inouïe les doutes et les peurs qui ne manquèrent pas de harceler ces hommes. La scène du repas lors de laquelle les moines s'autorisent un verre d'alcool est d'une force indicible. Afin d'éviter toute vaine polémique et faire se concentrer le regard du spectateur sur la foi qui portait la communauté, le réalisateur se garde bien de filmer l'assassinat des moines. En effet, il se pourrait que l'armée algérienne n'ait pas les fesses propres... Presque vingt années plus tard, les familles des martyrs ne connaissent toujours pas l'identité des assassins, ni ce que sont devenus les corps. Et Jacques Chirac s'est montré bien timide lorsqu'il s'est agi de demander des comptes. Ce film est un chef-d'œuvre ! 

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    LEON MORIN, PRÊTRE

    Film français de Jean-Pierre Melville (1961)

    Une petite ville des Alpes sous l'Occupation. Barny, la veuve d'un soldat juif et communiste, tué en 1940, s'est réfugiée avec sa fille France dans la cité. Athée et ancienne militante marxiste, elle entreprend de pénétrer dans un confessionnal et défier l'abbé Morin sur le terrain de la foi en proclamant l'absurdité de la religion. Mais c'est elle qui est rapidement décontenancée par l'intelligence du prêtre, au point que la jeune femme songe à embrasser la religion catholique. A plus forte raison lorsqu'elle découvre que le prêtre progressiste permet à des juifs de se cacher et critique ouvertement l'embourgeoisement de sa hiérarchie. Mais cette soudaine volonté de conversion est peut être motivée par de mauvaises raisons. Barny est une jeune femme passionnée. Aussi, une amie de la veuve ouvre-t-elle ses yeux. Elle est amoureuse de l'abbé...

    Adapté du roman éponyme de Béatrix Beck, l'athée Melville réalise un film émouvant et sobre sur les thèmes de la fascination et de la tentation. Certainement, l'ambition du réalisateur n'est-elle pas de réaliser une œuvre sur la foi, reléguée progressivement au second plan au profit du jeu de séduction auquel l'abbé refuse de succomber, n'appartenant qu'à Dieu, au grand dam de la prétendante. Parfois trop bavard et monotone, les joutes idéologiques ne manquent néanmoins pas de jeter le trouble sur le spectateur. Un film didactique et dialectique, ça n'est pas si courant ! Emmanuelle Riva est très convaincante et que dire de Jean-Paul Belmondo dans ce rôle, ô combien, inattendu. Ajoutons enfin la vision très nuancée d'une société française sous occupation italienne puis allemande. 

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    MARCELIN, PAIN ET VIN

    Titre original : Marcelino, pan y vino

    Film espagnol de Ladislao Vajda (1955)

    En Espagne, après le départ des troupes napoléoniennes. Un bébé est déposé devant la porte d'une abbaye détruite par les combats et dont les moines font leur couvent. L'enfant est recueilli temporairement par les frères, chargés par le supérieur, de trouver une famille d'adoption. Mais nombre de familles refusent et celles qui acceptent ne plaisent pas aux moines. Marcelin grandira donc à l'abbaye et fait la joie de sa communauté d'adoption, même s'il se sent parfois bien seul dans cet environnement exclusivement masculin. Avec son ami imaginaire Manuel, le malicieux Marcelin brave l'interdiction faite de monter au grenier et découvre un grand Christ en croix qui l'effraie beaucoup et qu'il prend bientôt en pitié. Le Christ semble souffrir. Décidé à en faire son ami, Marcelin monte chaque jour au grenier nourrir le crucifié en croix de pain et de vin. Le miracle se produit lorsque le Christ lui accorde la réalisation d'un souhait...

    Hongrois de naissance émigré en Espagne, Vajda livre ici une réalisation forte sur la religion bien que Marcelin ne soit pas qu'une œuvre mystique. Marcelin n'est pas un faiseur de miracles, il est le miracle accordé par le Christ. La scène est d'ailleurs magnifiée par la sobriété du réalisateur et ne peut laisser insensible le spectateur. Le petit Pablito Calvo qui interprète le rôle principal offre un jeu merveilleux et fin de tendresse, d'humour et de malice. Film archétypal de la production cinématographique franquiste qui exaltait les notions de la famille, de la Nation et de la religion. Une œuvre poétique et humaniste à redécouvrir !

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    MISSION

    Titre original : The Mission

    Film américain de Roland Joffé (1986)

    En 1750 en Amérique du Sud. Le cardinal Altamirano, visiteur apostolique des missions jésuites, écrit son rapport à Sa Sainteté et décrit l'action évangélisatrice menée par le Père Gabriel dans la forêt tropicale auprès des Amérindiens Guaranis. La musique, par la création d'écoles musicales, joue un rôle primordial dans la conversion des indigènes. Accompagné par Mendoza, ancien meurtrier et trafiquant d'esclaves repenti cherchant la Rédemption, Altamirano visite plusieurs missions. Mais ce dernier est, en réalité, porteur de mauvaises nouvelles. Il est ordonné aux Jésuites de quitter ces territoires autonomes, bientôt dévolus au Portugal, à l'issue des accords signés avec les espagnols pour le partage des terres. Les Jésuites refusent d'abandonner les Guaranis et organisent la résistance...

    Joffé est un coutumier des films historiques dans lesquels le rêve aventurier s'oppose au réalisme politique. La présente réalisation est ainsi une très intéressante œuvre historique, politique et religieuse sur les missions évangéliques jésuites dont l'action est sacrifiée sur l'autel de simples considérations territoriales décidées à plusieurs milliers de kilomètres de ces territoires autonomes. Le milieu du 18ème siècle voit une action vaste être menée contre les Jésuites en France, Espagne et Portugal, allant jusqu'à leur exclusion. Tiraillé entre le respect de la hiérarchie et une croyance supérieure en la nécessité de la conversion des païens, doublée d'un intérêt sincère à l'égard des Indiens, la réalisation de Joffé sublime le sacrifice. Robert de Niro et Jeremy Irons sont parfaitement convaincants bien que le film eût pu gagner en intensité et en force. Les protagonistes peuvent parfois, en effet, sembler être de simples éléments du décor parmi le décor. Il est vrai que les paysages sont à couper le souffle. A voir !

    Virgile / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

  • « La question religieuse au XXIe siècle / Géopolitique et crise de la postmodernité » Par Georges Corm

    Quest.relig._.jpgLa question religieuse au XXIe siècle se pose à juste titre tant les événements récents sur la scène politique internationale sont marqués par la résurgence de l'islam et l'agressivité de mouvements s'en réclamant dans de nombreuses parties du Proche-Orient et de l'Afrique. L'islam s'affirme également avec fermeté dans des régions du monde où il était jusque-là inexistant. L'irruption de cette religion dans la vie politique et sociale des Etats européens et plus particulièrement en France remet à l'ordre du jour la place des religions dans nos sociétés modernes.
    De ce fait, l'ouvrage de Georges Corm, économiste, historien, consultant auprès de divers organismes internationaux mais aussi professeur d'université, suscite d'emblée l'intérêt. Hélas, non seulement l'approche de Georges Corm n'est pas à la hauteur du sujet et ne répond à aucune des questions fondamentales qui se posent aujourd'hui dans ce domaine mais glisse de façon pernicieuse vers le procès à charge de l'Occident déjà si souvent instruit par les tenants de la repentance.
    De nombreux faits historiques sont abordés par l'auteur mais l'analyse qu'il en fait manque de pertinence et ceux-ci mériteraient un développement plus poussé qui aurait apporté à l'ouvrage tout son intérêt. Son carcan idéologique l'empêche d'apprécier à leur juste mesure des faits qui sont à l'origine des changements majeurs qu'il ne parvient pas à appréhender.
    En effet, partant du constat d'un « retournement des valeurs » d'un monde sans dieu vers un « retour » du religieux, Georges Corm estime que « l'idée religieuse semble vouloir tout envelopper ». Pour lui ce « retournement » se produit dès la fin des années 1970 où, pour l'Occident, « un mouvement fort se manifeste aux Etats-Unis, sous l'impulsion du président Jimmy Carter, pour célébrer officiellement la mémoire de la “destruction des juifs d'Europe” par le nazisme ». Le besoin de commémoration conduit au retour aux « racines, à l'identité première, en bref, à la matrice religieuse ». L'auteur aurait dû développer ce point de vue qui mérite discussion et devrait comprendre que ne se trouve pas là uniquement la « matrice religieuse » mais une approche plus complexe de la tradition et de la mémoire, notamment en Europe.
    Très justement, cependant, dans son analyse du monothéisme il note que le « mécanisme intégrateur que l'Empire romain sut utiliser à la perfection se heurta à l'intransigeance du monothéisme juif d'abord, puis au refus chrétien de prêter serment à l'empereur ; il a disparu lorsque le christianisme devint religion officielle de l'Empire ». Ainsi, les religions révélées portent en elles l'intolérance. Ces religions sont totalitaires. Cette approche aurait mérité d'être approfondie mais, là encore, l'auteur reste superficiel. Plutôt que de développer ces différents thèmes Georges Corm axe son approche sur une prétendue analyse de la religion et de la violence en Occident.
    Les changements survenus durant les trente dernières années ont généré un malaise identitaire qui implique, selon lui, un retour du religieux. Ce retour au religieux serait facilité par la remise en cause du patrimoine révolutionnaire français : « C'est bien le sens du travail sur la Révolution française de François Furet et de ses disciples, qui s'efforcent de “déconstruire” les grandes mythologies républicaines à couleur jacobine dont sont issues les idéologies de la gauche française de la fin du XIXe siècle à la fin du XXe siècle » qui ouvre la voie au retour du religieux. Plus loin (p. 33), Georges Corm va plus loin et parle de « révision de l'histoire » de la part de F. Furet. Il réitère ces propos (p. 128) en évoquant « le “révisionnisme” sur les apports de la Révolution française ». Le choix de ces termes est sans équivoque. Nous savons très bien quels sont la connotation et le poids de ces termes : par là, Georges Corm cherche délibérément à discréditer toute analyse critique de la Révolution française et donc à défendre des dogmes comme l'ont fait les moines ignorants thuriféraires de l'Inquisition qu'il compte dénoncer quelques pages plus loin. Il est clair que l'auteur n'entend pas mener une analyse sur la situation actuelle et la résurgence des religions mais qu'il veut défendre un point de vue idéologique et combattre, souvent de façon maladroite, la remise en cause de ces dogmes. Si la Révolution française n'a pas le monopole de la violence et si d'autres systèmes « totalitaires » l'ont précédée (Inquisition, Guerres de religions), il n'en demeure pas moins que son système était totalitaire, sans échappatoire, que l'on était suspect en raison de ses origines (noblesse), quel que soit l'âge (des fillettes de treize ans ont été décapitées) et qu'est apparu un embryon de système concentrationnaire – parcage des suspects avant exécution.
    L'acharnement de Georges Corm à l'encontre des historiens analysant la Révolution française de façon critique, notamment contre François Furet, tourne à l'obsession. Le procès en sorcellerie n'est pas loin.
    Manifestement, le changement des mentalités et la remise en cause des idéologies de gauche dominantes révoltent l'auteur. C'est de façon pathétique et partisane qu'il tente de s'opposer à l'effondrement du monde qu'il a connu et auquel il a adhéré. Il ne parvient pas à comprendre l'évolution actuelle et à adapter son analyse. Ainsi, son raisonnement est faussé par le manque d'analyse sur des points essentiels comme « la recherche des racines », l'identité et le lien avec les ancêtres (p. 43). Il accorde une place trop importante au phénomène religieux en ce début du XXIe siècle sans pour autant mener une analyse globale approfondie. Cette recherche des racines va au-delà et reste marquée par la conception laïque du XXe siècle. De même, ne pas faire de distinction nette entre les Etats-Unis et l'Europe dans ce domaine particulier c'est manquer singulièrement de pertinence.
    La raison en est simple : l'auteur, malgré et sous le prétexte d'analyse historique, ne cherche pas à comprendre les raisons des changements mais à faire le procès de l'Occident. Sa présentation tourne au règlement de compte avec celui-ci et finit par discréditer son travail. Son parti pris antioccidental est manifeste. Là encore, le colonialisme européen est condamné sans appel, évoquer son aspect positif relevant de la provocation (aucune mention des médecins, pères blancs et autres interventions qui ont permis de sauver de très nombreuses vies parmi les populations colonisées) alors que la vision de la colonisation islamique est irénique. Il nous fait encore le coup de l'Andalousie. A se demander pourquoi les Espagnols ont voulu se libérer d'un monde aussi idyllique. De même, les massacres de Chio ne seraient-t-ils qu'une expression artistique ? L'islam serait plus tolérant… Bref, l'auteur nous ressert les mêmes poncifs.
    Les références historiques sont souvent justes mais leur analyse est toujours orientée. Certains aspects sont minimisés, d'autres exagérés, comme « le rôle de transmetteur et passeur de la culture raffinée et cosmopolite de l'Orient médiéval à l'Occident » (p. 114). Il faut dire que ce rôle de passeur est grandement exagéré depuis quelques années, et cela à des fins politiques. Il est un des fruits de cet autodénigrement de l'Occident et de survalorisation de l'autre.
    Non seulement Georges Corm tente de défendre dans cet ouvrage une vision négative de l'Occident mais il transparaît clairement qu'il s'agit également de relativiser le renouveau islamiste, son obscurantisme et ses violences en comparaison de ce qui s'est passé en Occident. De même lorsque l'auteur compare le terrorisme islamiste (à l'échelle d'une civilisation) et le terrorisme de l'I.R.A., purement national et local, c'est faire un parallèle douteux qui ne peut que générer la confusion.
    Ces constats faits, les propositions de l'auteur arrivent bien tardivement et manquent, là encore, de profondeur. Il n'y a d'ailleurs aucune idée nouvelle. Si la séparation du religieux et de l'Etat, de la primauté de la laïcité et de l'Etat républicain sont mis en avant (p. 199), où est la nouveauté ? Que ces principes soient maintenus, certes, mais de quelle façon dans ce monde en mouvement ? L'auteur n'aborde pas la question. Bref, cet ouvrage est un véritable hors-sujet. Nous n'y apprenons rien, l'approche est pauvre, l'analyse orientée. Il se résume à un pamphlet antioccidental sans intérêt. Il véhicule tous les clichés les plus éculés et dénigre les intellectuels qui, eux, apportent de nouvelles analyses : « On n'hésitait pas autrefois à désigner ce courant par la dénomination de “droite”, attachée à l'ordre et à la stabilité à tout prix, refusant de prendre acte que la Terre tourne et que les sociétés changent… » (p. 128). Ces quelques lignes en disent long sur l'auteur, sur son ouverture d'esprit et sa capacité d'analyse objective. Mais ces lignes s'appliquent aussi à son auteur : le monde change et il ne parvient pas à le comprendre et le vit très mal.
    « La question religieuse au XXIe siècle » : c'est un sujet qui mérite toujours de faire l'objet d'un ouvrage sérieux.
    Bruno Odier, 03/01/08
    Georges Corm, « La Question religieuse au XXIe siècle / Géopolitique et crise de la postmodernité », Editions de la Découverte/Poche, 2007, 214 pages.

    http://archives.polemia.com/article.php?id=1589

  • Des élus de la Ligue du Sud déposent une crèche dans la mairie de Beausoleil

    Et ils écrivent au maire le 24 décembre :

    "Permettez-moi de à quelques heures de fêter Noël, de vous déposer cette crèche symbole de la nativité, merveilleux message de joie, de paix et de tolérance. 

    Permettez-moi de vous rappeler que la laïcité prônée par tous les chantres de la république, ne doit pas être l’effacement de notre identité, l'abandon de toutes nos traditions et la coupure avec nos racines culturelles (personnellement, Monsieur le Maire, je suis Chrétien et Français avant d’être républicain ! - JJ Guitard). Nous tenons donc par ce geste, à marquer notre attachement profond à cet enracinement qui a pris naissance le 25 décembre 496, lors du baptême de Clovis, érigeant ainsi la France, en fille ainée de l’Eglise.

    Permettez-moi de vous remettre aussi cette crèche en soutien à tous les chrétiens du Monde, persécutés, torturés, déportés, crucifiés, enterrés vivants... dans l'indifférence générale. Et plus particulièrement à ceux d’Irak et de Syrie meurtris par plus de quatre ans de guerre. C'est un véritable plan d'extermination des chrétiens qui est en marche dans cette région du monde, berceau du christianisme. Nous pensons très fort à eux, à la veille de fêter Noël.

    Monsieur le Maire, comme je vous l’ai mentionné un peu plus haut, la république voudrait donc nous forcer à oublier jusqu'à l'essence même de nos fondements, de notre Culture, de notre Histoire, de nos racines et d'une de nos Traditions les plus universelle : celle de la joie d'un enfant émerveillé par les lueurs d'une petite crèche blottie sous un sapin de Noël, joie innocente qui transcende toute notion de race ou de religion ! A travers l'innocence de l'enfance, c'est toute la magie du partage, de la famille et de la réjouissance de l'humanité qui s'exprime dans un message de paix universelle, encore non-dénaturé par une quelconque perversion idéologique, politique ou communautariste. C'est pourquoi nous affirmons une nouvelle fois, tout notre attachement à cette belle tradition simple, forte et intemporelle, que nous ne renierons JAMAIS et que nous transmettrons à nos descendants à travers les âges. Nous déposons cette crèche, dans un esprit de paix et de fraternité mais surtout pour le bonheur et la joie de TOUS LES ENFANTS DU MONDE !

    Monsieur le Maire, notre identité culturelle est liée en grande partie au catholicisme, il faut arrêter de le nier ! Les crèches peuvent avoir leur place au sein de nos institutions, à l’école, comme dans la vie privée des français. Je vous demande donc pour les années futures de ne pas tenir compte des préconisations de l'Association des maires de France et de son président M. François Baroin, qui considère que la présence de crèches en mairies n’ 'est pas « compatible avec la laïcité » en demandant même une « clarification législative ».

    Monsieur le Maire, J’espère par ce geste et par ce courrier avoir attiré votre attention face au « nihilisme » qui nous entoure en ce début du XXIème siècle où Noël se réduit peu à peu à une grande fête consumériste. C’est pourquoi, je caresse l’espoir, à l’image de notre proche voisin la principauté de Monaco, qui a organisé cette année un magnifique chemin des crèches, que les Beausoleillois puissent avoir aussi la joie de découvrir l’an prochain au moins une crèche, peut-être provençale, au sein de leur mairie. Dans l’avenir, nous pourrions aussi proposer dans les écoles de notre commune, un concours des plus belles crèches… Les petits comme les grands seront ravis de cette initiative, j’en suis persuadé.

    Monsieur le Maire, permettez-moi de vous souhaiter (avec les élus de la Ligue du Sud) ainsi qu’à l’ensemble du personnel de la mairie et à tous les Beausoleillois, un joyeux Noël 2015."

    Michel Janva

  • SOS Chrétiens d’Orient : « Nous apportons un message d’espoir et de paix »

    Quatre jeunes hommes et femmes de SOS Chrétiens sont depuis quelques jours au Liban, en Syrie et en Jordanie pour soutenir les populations locales, en particulier les réfugiés chrétiens qui ont fui les combats de l’État islamique. Ils ont confié à Charlotte d’Ornellas le sens de leur mission et leurs actions concrètes sur le terrain. Un témoignage brut, poignant et sincère.

    http://www.unitenationale.fr/2015/12/29/sos-chretiens-dorient-nous-apportons-un-message-despoir-et-de-paix/#more-14322

  • Un système financier propre à l'Eglise orthodoxe russe?

    Ex: http://www.europesolidaire.eu

    ll y a vingt ans, pendant l'ère Eltsine, alors que la Russie était soumise à une hyperinflation provoquée par les contraintes du FMI et la multiplication d'initiatives spéculatives provenant autant des oligarques russes que de divers intérêts financiers siégeant à Wall Street, l'Église orthodoxe russe avait présenté une proposition visant à la mise en place sous son égide de services bancaires sans intérêts.
     
    En janvier 2015, au plus profond de la crise financière, avec un rouble valant la moitié de ce qu'il valait quelques mois plus tôt et des prix du pétrole en chute libre, le Patriarcat de Moscou avait réitéré sa proposition.

    Son conseiller juridique Dmitri Lubomudrov avait déclaré à l'époque qu'au nom de la Russie toute entière, l'Eglise orthodoxe voulait échapper à la domination du système financier occidental, en instaurant son propre système. Celui-ci reposerait, comme celui de la banque dite islamique s'étant auto-instaurée parallèlement dans les pays musulmans pour réinvestir les pétro-dollars, sur la moralité orthodoxe et les contributions que peuvent y trouver les hommes d'affaires en quête de sécurité. Parmi ses caractéristiques, il y aurait l'émission de crédit sans intérêt et l'interdiction des investissements dans les casinos ou dans des activités allant à l'encontre des valeurs morales de l'Eglise.

    Il faut rappeler qu'en Russie, celle-ci est de plus en plus présente et recrute un nombre croissant de fidèles. On peut les estimer à 70 % de la population, les athées proclamés ne dépassant pas les 10%, les musulmans pratiquant étant estimés à 20%. De plus, comme cela n'a échappé à personne, Vladimir Poutine et ceux qui se rassemblent derrière lui pour redresser la Russie, n'hésitent jamais à faire appel aux valeurs de l'Eglise orthodoxe pour cimenter l'identité de la société russe. Il n'hésite pas lui même à manifester des signes de pitié. Il est vrai que ses homologues aux Etats-Unis ont toujours fait de même concernant leur propre religion. En Europe et notamment en France, le principe de laïcité interdit de telles invocations.

    La Chambre de commerce et d'industrie russe

    Tout récemment, le projet d'un système bancaire orthodoxe a reçu le soutien de Sergei Katyrin, à la tête de la Chambre de commerce et d'industrie russe. Il s'est dit prêt à en discuter de façon plus approfondie. L'initiative visant à mettre en place des prêts sans intérêts présente pour lui une possibilité de réduire la dépendance de la Russie au système bancaire américano-européen, machine de guerre, a-t-il dit pour obliger la Russie à choisir le camp occidental.

    Tout comme les modèles bancaires islamiques ont interdit l'usure, le système financier orthodoxe ne permettrait pas d'intérêts sur ses prêts. Les participants à ces systèmes partagent les risques, les profits et les pertes. Tout comportement spéculatif est interdit, ainsi que comme indiqué ci-dessus, les investissements dans le jeu, la drogue et d'autres entreprises qui ne respectent pas les valeurs chrétiennes orthodoxes.

    Il conviendrait pour cela de créer une nouvelle banque réservant ses crédits aux opérations à faible risque, de façon à ne pas mettre en danger les fonds qui lui seraient confiés par les institutions et les épargnants privés. Cette banque viserait en priorité le financement d'opérations dans le secteur dit « réel » de l'économie, de préférence aux investissements financiers dits virtuels. Les investissements recommandés par le gouvernement bénéficieraient en premier lieu de ces financements.

    Il s'agirait dans une certaine mesure de la mise en place d'une banque de dépôts finançant des dépenses constructives, se distinguant d'une banque spéculative à risque intervenant sur le marché spéculatif international. Ainsi serait recréée la distinction entre banques de dépôts et banques d'investissements à risque, que le système bancaire et financier international s'est toujours refusé à remettre en vigueur depuis l'abrogation aux Etats-Unis en 1999 du Glass-Stegall Act de 1933 imposant cette distinction.

    Un certain scepticisme

    Malgré la sympathie qu'elle recueille, la proposition de Finance orthodoxe éveille en Russie même beaucoup de réserves. Ne donnerait-elle pas un poids excessif à cette Eglise, au risque d'en faire le moment venu un acteur essentiel pour s'opposer à Vladimir Poutine et aux modernistes. Ceci d'autant plus qu'interpréter au regard de la morale de l'Eglise orthodoxe tous les investissements scientifiques et technologies futurs de la Russie compromettrait le rôle que celle-ci veut se donner au sein du Brics et de l'Organisation de Shanghai. Par ailleurs, le financement de grands projets par les institutions financières actuellement en cours de mise en place, notamment par l'AIIB, pourrait être jugé « non-orthodoxe ». L'exemple du détournement au profit des mouvements terroristes de beaucoup d'investissements financés par la Banque islamiste n'a rien de rassurant.

    La volonté d'échapper à la tyrannie de Wall Street et à la domination du monde par les intérêts financiers transnationaux, si elle était véritablement assumée par les autorités russes, supposerait cependant que des structures bancaires et financières nouvelles soient mise en place. La tentative actuelle de créer un réseau interbancaire alternatif à Swift dominé par les intérêts anglo-saxon en fournit un exemple. Mais pour cela il faut ne pas se limiter à la seule Russie, mais intéresser un grand nombre de nations, non seulement celles du Brics mais d'autres qui dans le monde veulent s'affranchir de la domination américaine.

    Ce projet pourrait alors en cas de succès intéresser un certain nombre de pays européens voulant échapper au malthusianisme imposé par l'euro ou l'Union européenne afin de retrouver un minimum de souveraineté. Nous avons ici même plusieurs fois proposé à l'initiative d'un de nos experts le projet d'un fonds européen d'investissements stratégiques capables de faire appel à l'épargne européenne sous forme d'Obligations à Durée Indéterminée. Un tel projet pourrait certainement converger avec des initiatives russes analogues. Mais en Europe la référence au Patriarcat de Moscou et de toute la Russie, selon le nom qu'il se donne, pourrait inquiéter beaucoup de petits et moyens épargnants dont les valeurs morales ne seraient pas pour autant discutables au regard d'une conception plus universelle de ce que pourrait être la morale.

  • Que cache la polémique des crèches ?

    Libre Journal des Débats du 23 décembre 2015, dirigé par Charles de Meyer surRadio courtoisie présenté par Charles de Meyer avait pour thème :

    "Que cache la polémique des crèches ? De la laïcité à la haine se soi."

    Invités :

    • Charlotte d'Ornellas (Boulevard Voltaire)
    • Hubert Champrun (Monde & Vie)
    • Michel Janva

    Pour (ré)écouter l'émission :

    Libre journal des débats 23.12.15

    Michel Janva

  • À propos du "catholicisme avancé" - faits et hypothèses

    Il existe incontestablement un "style", un "ton", une atmosphère "catholique avancé", on pourrait aussi parler de "nouvelle culture catholique".

    Je vais proposer quelques pistes pour situer l'histoire et l'actualité de ce "nouveau catholicisme". Les éléments que je présente ne prétendent évidemment pas épuiser le sujet : ils sont à croiser avec beaucoup d'autres acquis pour tenter d'obtenir un schéma explicatif complet de l'histoire récente de l'Eglise.

    Je vais d'abord exposer quelques faits, qui pourront peut être apparaître assez disparates. J'essaierai ensuite de montrer que l'on peut proposer une théorisation permettant d'expliquer ces différents constats. 

    1 - Le dialogue et la réconciliation comme méthodes

    René Rémond, ancien dirigeant national de la JEC, président de l'Université de Nanterre et du Centre catholique des intellectuels français : « Le Centre des intellectuels catholiques a d'emblée été conçu comme un lieu de rencontre, un trait d'union entre les chrétiens et les incroyants, l'intelligence et la foi. La perspective initiale était celle du dialogue, d'une confrontation qui permette de formuler le contenu de la foi en termes recevables pour des exigences intellectuelles et, inversement, de transmettre à l'Eglise les questions que les progrès de la réflexion -par exemple le développement des sciences de l'homme- peuvent poser à l'intelligence de la foi. L'intelligence devait tenir dans la culture chrétienne de chacun et dans la vie de l'Eglise une place importante (...) il ne devait pas y avoir de contradiction entre la foi et le mouvement des idées ; il fallait travailler à les rapprocher, à les réconcilier si d'aventure les hasards de l'histoire les avaient séparés ou rendus antagonistes »

    2 - Un exemple : le dialogue avec la psychanalyse

    L'Eglise ne pouvait par exemple rester indifférente face à l'apparition et au développement de la psychanalyse. C'est un cas complexe : 

         -la psychanalyse met en ordre et "rationalise" dans une certaine mesure des connaissances empiriques autour du psychisme (refoulement, sublimation), ce que les directeurs de conscience ne peuvent négliger ; 

         -mais elle se pose aussi en quelque sorte en "concurrente" vis à vis de la direction de conscience ; 

         -elle prend par ailleurs des formes mondaines et dilettantes peu défendables ; 

         -enfin elle envahit la vie quotidienne (médecine scolaire, médecine du travail, vulgarisation par les médias), son usage est alors parfois purement idéologique (les problèmes les plus divers sont transmutés en "complexes" ou en "problèmes personnels"). 

    Effectivement, l'Eglise va approcher très tôt, dès le début de son institutionnalisation en France, le monde de la psychanalyse. Des religieux prédisposés par leur formation (psychologie ou médecine) à aborder ce domaine participeront à des colloques, séminaires, revues de psychanalyse. Un espace de dialogue très étroit (cela concerne peut être une trentaine de personnes) entre le catholicisme et la psychanalyse va se constituer. Une sorte de petite avant garde de la nouvelle cure des âmes, si l'on ose dire.

    Quels vont être les résultats de ce "dialogue" entre l'Eglise et la psychanalyse ? C'est particulièrement difficile à estimer, car c'est très "impalpable". Il convient de distinguer les deux faces du problème : l'influence de la psychanalyse sur l'Eglise, l'influence de l'Eglise sur le monde de la psychanalyse.

    1 - Il est notoire que les acquis de la psychanalyse sont mis en oeuvre depuis longtemps pour le discernement des vocations, notamment le repérage des personnalités "névrotiques".

    Question beaucoup plus délicate : la morale catholique est-elle désormais teintée de psychanalyse ? On sait que les notions de faute, de culpabilité et de pêché ont été largement liquidées, du moins dans la pastorale sinon dans les textes. Il est certain que la psychanalyse a apporté une caution "scientifique" à cette liquidation et à l'aggiornamento de la morale catholique : une certaine lecture "scientifique" des actes autrefois condamnés moralement a contribué implicitement à dissoudre les prescriptions morales de l'Eglise traditionnelle.

    2 - Un aspect moins évident est tout aussi important : certains groupes de psychanalystes d'avant garde ont été amenés à considérer à nouveaux frais la place de la religion dans l'histoire et à s'interroger sur les limites d'un certain scientisme. De nombreux travaux de tendance spiritualiste témoignent de cet intérêt des psychanalystes pour les religions.

    3 - Le prophétisme des trente glorieuses

    C'est un aspect très méconnu mais sans doute essentiel du "dialogue catholique" des trente glorieuses. Dans certains cercles de militants catholiques avancés, à l'intersection du discours économique et technocratique très optimiste des aterrennées 1960 et du syncrétisme teilhardien va se constituer une sorte de "prophétisme théologico-économique", une sorte d'apologie naïve de l'économie capitaliste et de la technocratie dont nous subissons peut être encore les effets.

    Il convient cependant de préciser que les grands commis de l'Etat qui ont écrit sur ces sujets vers 1960 glorifiaient un capitalisme réglementé voire planifié et non le libéralisme mondialiste sans freins qui n'apparaîtra en France qu'avec l'arrivée au pouvoir des "cathos de gauche", c'est à dire après 1981.

    Cette apologie de l'économie capitaliste et de la technocratie constitue-t-elle une étape fondatrice de ce qui deviendra quelques décennies plus tard un prophétisme économique mondialiste généralisé au sein duquel l'Eglise jouera une partition importante ? Je n'ai pas trouvé de travaux évoquant cet éventuel enchaînement, et laisse donc cette question en suspens, tout en soulignant qu'elle me semble fondamentale.

    Dans le monde rural, la JAC adhérera également dès les années 1950 à un prophétisme progressiste et activiste du plus mauvais aloi. Mise en place de l'horreur de l'élevage industriel, remembrement frénétique, recherche débridée de la productivité, et donc indifférence à la souffrance animale et à la destruction de la nature : la rupture avec l'histoire organique qui sous-tendait le monde paysan et le tissu paroissial rural français va être totale. Et le monde rural ne survivra pas à cet activisme qui semble bien "branché" là encore sur l'économie mondialisé en cours d'installation...

    4 - Un anticléricalisme spécifique dans l'Eglise

    A l'intérieur de l'Eglise on trouve un étrange anticléricalisme rampant développé par des "laïcs avancés" qui rêvent de dicter leur conception de l'Eglise et de la place respective des clercs et des laïcs à la hiérarchie catholique.

    On sait que depuis 1960 environ des "militants" laïcs ont mené une longue lutte contre l'ancienne hiérarchie catholique. Une lutte au cours de laquelle ils ont engagé tous leurs nouveaux savoirs religieux, mêlant théologie et sciences humaines. 

    Aujourd'hui, ces prétendants à un nouveau genre de service religieux sont confortés dans leur volonté de changement par les multiples formations à la théologie qui sont désormais proposées aux laïcs. Suite à l'effondrement des vocations à la prêtrise, de nombreuses institutions catholiques forment en effet les laïcs aux sciences religieuses. Certains ont donc développé, à l'intérieur de l'Eglise et avec les moyens de l'Eglise (formation, cours du soir) un anticléricalisme savant, un anticléricalisme "fondé" : ils alignent imperturbablement textes et références bibliques, exégétiques, herméneutiques... 

    Toutes ces virtuosités théologiques, liturgiques, esthétiques sont évidemment des formes discrètes de manipulation douce de l'Eglise "ancien style" et donc des fidèles "naïfs". 

    Ce qu'il est donc important de relever, c'est que cet anticléricalisme savant est totalement différent de l'ancien anticléricalisme "laïque". C'est de l'intérieur de l'Eglise et au nom d'une religion plus pure et plus savante que les fonctions cléricales classiques sont "interrogées", "mises en question"...

    5 - Un énorme paradoxe du nouveau catholicisme

    Le discours des nouveaux catholiques ne manque jamais d'évoquer le dépouillement, la simplicité, le retour aux origines. l'absence d'ostentation. Un peu comme si une nouvelle ère de reconquête des âmes inspirée par l'époque apostolique allait s'ouvrir.

    Visiblement, cela n'a pas marché. Par exemple en France entre 1980 et 1990, 70 % des pratiquants (70 % ! ) quittent l'Eglise. Mais ce discours était-il fait pour "marcher" et pour "retrouver" réellement la ferveur et la "simplicité" de l'Eglise des origines ? Evidemment non. Sous cette rhétorique se mettait en place bien au contraire un nouveau catholicisme élitiste, anti-populaire, hautain et méprisant.

    Rien n'est plus élitiste que cette littérature croisant la théologie et les sciences humaines, rien n'est plus anti-populaire que cette relégation des ornements et du décorum "sulpiciens" et leur remplacement par du mobilier design et des oeuvres d'art contemporain, rien n'est plus brutal que cette suppression des dévotions les plus traditionnelles que les croyants "simples" aimaient.

    On sait que le nouveau style adopté dans l'Eglise tend à estomper l'opposition entre clercs et laïcs. Certes, mais à l'inverse il met très nettement en place de nouvelles barrières apparaissant pour le moins incongrues dans l'Eglise catholique : des barrières entre initiés et non initiés aux nouveaux cultes, à la nouvelle esthétique, à la nouvelle morale. On aboutit donc, dans les cas extrêmes, à constituer des églises de militants, pour ne pas dire de complices, desquelles le croyant "ordinaire", celui qui n'est pas un "chrétien en recherche" et qui ne connait pas les codes, est implicitement exclu...

    6 - Les cathos de gauche contre le catholicisme populaire, et contre le Parti communiste

    Après leur prise de pouvoir en 1981 les cathos de gauche, les bobos se sont empressés d'infiltrer et de détruire le Parti communiste. Pourquoi ?

    Examinons d'un peu près l'argumentation développée par les "chrétiens de gauche" contre le communisme. C'est la même que celle qu'ils développent contre l'Eglise : critique des "appareils" et de la "bureaucratie" !  Ceci confirme donc que ces groupes développent une sorte de "nouvelle morale" anti-institutionnelle et surtout anti-populaire, qu'ils appliquent partout...

    Et à ce propos, on doit considérer ceci : en France, les militants de base du Parti communiste, et même une bonne partie des cadres, n'ont jamais donné dans l'athéisme militant, ni même dans l'anticléricalisme.  

    Et ce sont bel et bien les "cathos de gauche" qui vont détruire le catholicisme populaire, qui n'avait jamais été sérieusement mis à mal par les communistes...

    L'avant garde qui a détruit l'Eglise en France n'est pas du tout teintée de marxisme comme on l'affirme très souvent sans considérer la réalité des faits : cette même avant garde s'est en effet précipitée pour détruire aussi le Parti communiste : une avant garde qui détruit à la fois le catholicisme populaire et le communisme présente inévitablement des dispositions mentales et sociales spécifiques qu'il faudrait identifier si l'on voulait vraiment commencer à comprendre sérieusement l'histoire récente.   

    7 - La base "catho de gauche" dépassée par l'intellectualisation

    Georges Montaron, directeur de Témoignage chrétien, ancien dirigeant fédéral de la JOC : " Il est temps de s'opposer à l'intellectualisation de l'Eglise. Quand l'Eglise catholique transforme sa liturgie pour la rendre plus proche du peuple, j'applaudis. Je n'oublie pas que j'ai dû subir, pendant près de quarante ans, la dictature du latin, langue dont j'ignorais tout et qui m'était parfaitement étrangère (...). En revanche, quand j'assiste à certaines cérémonies d'aujourd'hui où le prêtre multiplie les lectures, les commentaires, exégèses, gloses, paraphrases et autres explications de textes, dans des églises aussi dépouillées que des tombeaux, et où chacun, sans mot ni geste, s'abîme dans les réflexions les plus profondes et les cogitations les plus interminables, je me demande si l'on peut encore partager sa foi sans avoir une licence de théologie dogmatique."

    8 - Saturation d'intellectualisme et retour à la tradition

    On commence à saisir que, dans le nouveau catholicisme, la volonté de se distinguer des croyants ordinaires peut prendre les formes les plus paradoxales et les plus inattendues. C'est ainsi que saturés d'intellectualisation certains "croyants avancés", jusqu'alors non pratiquants ou "pratiquants distanciés" pourront se tourner, toujours par recherche d'originalité vers...le catholicisme le plus traditionnel et le plus orthodoxe. On jettera aux orties tout ce qu'on a lu sur l’exégèse, l'herméneutique, l'anthropologie religieuse et l'on retrouvera la tradition catholique. Pour un temps tout au moins, peut être jusqu'à une prochaine lubie spirituelle... 

    9 - Catholicisme, moralisme confus et politique

    Il est certainement inexact d'affirmer que le catholicisme est exclu du monde du pouvoir en France. On peut penser au contraire qu'il est très présent. Mais sous des formes très spécifiques, essentiellement ce qu'on nomme le "catholicisme de gauche". Catholicisme activiste, volontariste, progressiste, faussement naïf. On sait que de très nombreux élus sont issus de l'Action catholique spécialisée

    On doit considérer que ce catholicisme militant qui d'ailleurs ne s'avance pas toujours sous sa véritable identité, imbibe des milieux très différents. Mais est-ce encore le catholicisme ? C'est un activisme, c'est un moralisme, ce n'est peut être plus une religion, ce n'est peut être plus qu'un discours moral fabriqué, avec des fragments de christianisme, mais pas seulement des fragments de christianisme, ce n'est peut être qu'une sorte de magma moral constitué de bric et de broc. Mais évidemment tout à fait adapté au capitalisme mondialisé.

    A ce propos il est pathétique de constater que le moralisme de plomb que nous subissons, omniprésent, confus et insaisissable n'a guère été étudié sérieusement et n'a pas même reçu de dénomination claire et univoque. On gémit beaucoup sous le joug de ce moralisme fabriqué par le mondialisme, mais on ne cherche guère à l'étudier, à saisir son origine et ses caractéristiques.

    10 - De l'école catho à l'école catho branchée 

    Il convient de ne pas confondre l'école catholique et l'école catholique avancée

    L'école catholique avancée s'oppose à la fois à l'école catholique attardée (vous savez celle où l'on apprenait le catéchisme) et à l'école laïque républicaine banale. Comment expliquer cela ? C'est que, pour le catholique avancé, l'école catholique et l'école laïque sont l'une et l'autre "dépassées", "ringardes", "vieux jeu".

    Soyons attentifs : l'école laïque, républicaine et obligatoire a-t-elle bonne presse dans les groupes dominants ? Pas du tout ! Elle est implicitement raillée et moquée pour son moralisme d'un autre âge, son scientisme daté. Seuls de vieux instituteurs osent peut être encore avouer publiquement leur nostalgie de "la laïque". L'école laïque est raillée de même qu'est raillée et moquée l'école catholique "à l'ancienne".

    Que se passe-t-il donc ? Les catholiques avancés, en compagnie d'autres groupes, sont à la recherche de l'école et de la morale adaptées au mondialisme et renvoient l'école catholique et l'école laïque à leur provincialisme, à leur passéisme, à leur moralisme naïf. On est passé à un schéma comportant trois acteurs :

         -l'école catholique traditionnelle

         -l'école laïque 

         -la nouvelle école catholique avancée, l'école "cathos de gauche" 

    L'école catholique et l'école laïque "du passé" se trouvent ainsi surplombées par un autre type d'école, par de nouvelles conceptions éthiques et esthétiques répondant aux exigences du capitalisme mondialisé. La nouvelle classe mondialisée trahit à la fois la religion et la "laïcité" "à l'ancienne" en inventant de nouvelles donnes, dans l'ordre esthétique surtout. 

    11 - L'espace de l'Eglise d'avant garde

    Il faudrait étudier comment cette appropriation de l'Eglise par des groupes sociaux acquis au mondialisme transforme, consciemment ou inconsciemment, la vision du monde de la hiérarchie catholique. 

    On peut penser que les campagnes des pays européens n'intéressent déjà plus une Eglise acquise au prophétisme mondialiste : à quoi bon envoyer à nouveau des missionnaires dans ces régions où ne survivent que des ploucs ruinés et désespérés, blancs et perspicaces de surcroît. Les villes "culturelles" d'importance mondiale retiennent au contraire toute son attention, ce sont les véritables "nefs" de l'Eglise branchée. Mais le plus intéressant à relever, ce sont les nouveaux lieux de culte de l'Eglise mondialiste en représentation, les nouveaux "choeurs" de l'Eglise : les tribunes des grands institutions internationales.

    12 - Une tentative d'explication

    Nous avons réuni un certain nombre de faits, il faut tenter d'avancer maintenant un schéma explicatif général.

    La "nouvelle Eglise" semble issue de la rencontre, dès avant 1950, entre une "avant garde intellectuelle" du bas-clergé, inquiète et mal placée, surtout constituée d’aumôniers des mouvements d'Action catholique, cherchant à adapter la fonction cléricale aux nouvelles donnes de la société et des groupes sociaux ayant des dispositions mentales analogues, "avancées". Clercs et laïcs "avancés" vont confronter leurs visions critiques de l'Eglise et leurs revendications et les nouvelles conceptions du catholicisme vont émerger de ces rencontres. 

    1 - L'Eglise deviendra d'abord dans les années 1950 une église de militants. De militants activistes méprisant les "attardés". On n'insistera jamais assez sur ce point. Les militants de l'Action catholique vont "foncer" avec un optimisme déroutant dans les domaines les plus divers, rompant en quelques années avec toute la tradition donnant la primauté à la contemplation et à la voie mystique... La rupture fondamentale est sans doute là. Faut-il ajouter qu"ils vont foncer sous les ordres du capitalisme mondialiste en cours d'installation ? J'aurais tendance à le penser.

    2 - En ce qui concerne le sommet de la hiérarchie de l'Eglise, les intellectuels issus de la mouvance personnaliste vont occuper après Vatican II les positions essentielles dans l'Eglise et dans le monde des médias, de la presse et de l'édition catholiques. 

    3- Mais cette "ancienne avant garde" consacrée par l'Eglise installée va se trouver à son tour rapidement dépassée et "ringardisée". L'ancienne avant garde personnaliste a investi l'Eglise, mais dès que ses exigences sont devenues la norme, d'autres revendications se sont profilées à l'horizon, en particulier dans le domaine esthétique. 

    L'activisme ayant joué son rôle, l"éradication du catholicisme rural et populaire, l'Eglise a été quasiment accaparée par un nouveau groupe social.

    En un mot, on pourrait dire que l'on est passé après 1980 de l'activisme et du personnalisme à l'esthétisme.

    Les mentalités étranges qui sont alors apparues dans l'Eglise vers 1980 chez nombre de croyants des grandes villes et chez beaucoup de prêtres ne les croisent-on pas aussi hors de l'Eglise ? Ne sont-elles pas spécifiques de certaines populations urbaines qui, précisément, se disent et se pensent "avancées " ?

    Mais oui : les mentalités des "nouveaux catholiques" actuels évoquent irrésistiblement les mentalités développées dans le monde "arty" et "bourgeois bohème". Ce sont les mêmes dispositions mentales qui sont investies là dans la religion, ici dans l'art : refus du commun, recherche de l'originalité, calculée et stratégique, goût pour la "provocation", mépris des gens simples.

    C'est donc bel et bien l'apparition d'un nouveau groupe social, d'une "nouvelle bourgeoisie" qui explique ce processus de distanciation appliqué au catholicisme, mais aussi à d'innombrables domaines, en fait à tous les domaines. Les "nouveaux bourgeois" ne réservent pas leur attitude sceptique et distante au catholicisme : ils la mettent en oeuvre aussi dans les domaines dans l'art, dans leur style de vie, dans la politique... 

    Cette nouvelle mentalité n'est pas facile à décrire en quelques mots : c'est un mélange inédit d'assurance, d'opportunisme, d'hypocrisie, de masochisme, de mépris des classes populaires... Distanciation, esthétisation, ironisation, dilettantisme, provocations... Ces jeux autour et "au dessus" du catholicisme seront sans fin, le refus du sérieux étant constitutif de la mentalité de cette classe.

    4 - Un processus de prises de distances avec l'Eglise traditionnelle semble donc irrémédiablement installé. 

    Ce processus de distanciation est un processus de fond qui touche tous les domaines de la vie religieuse et qui prend toujours plus d'ampleur, on ne peut donc essayer de le schématiser en quelques lignes. On peut seulement évoquer quelques grands faits évidents :

         -la distanciation face aux pratiques de dévotion "populaires" (récitation du chapelet, pratique des ex-voto) ;    

         -la distanciation face à la littérature édifiante ou hagiographique (ouvrages de piété, vies de saints "naïves") ; 

         -la distanciation face à l'esthétique traditionnelle de l'Eglise (ornements, mobilier d'église) ;

         -l'intégration des sciences humaines aux données traditionnelles de la foi : 

                 -d'abord le personnalisme,

                 -puis les disciplines universitaires, les sciences humaines proprement dites (anthropologie, sociologie, linguistique, psychanalyse).

    On voit que l'on a ainsi une sorte d'arborescence de nouvelles conceptions de la foi et de nouvelles pratiques religieuses à partir du fond historique du catholicisme, un développement de nouvelles conceptions du catholicisme en ombelle à partir de sa tige historique, si l'on préfère cette autre image botanique.

    C'est donc l'apparition d'un nouveau groupe social développant des dispositions mentales très spécifiques (vision distanciée, sceptique, ironique, blasée du monde), parfaitement adaptées au fonctionnement du marché mondial, qui explique en grande partie l'histoire récente de l'Eglise. L'apparition de ce groupe et la généralisation de ces dispositions mentales ont évidemment elles-mêmes des causes profondes. Mais il s'agit là d'un autre sujet.

    Jacques-Yves Rossignol

  • Baroin et l'AMF : le renforcement d'un anti catholicisme primaire, une mauvaise réponse à l'islamisme violent

    Le père Matthieu Rougé,curé de Saint-Ferdinand-des-Ternes à Paris et ancien responsable du service pastoral d'études politiques, répond aux questions du Figaro

    "Que penser de la polémique suscitée par le vade-mecum de l'association de l'Association des maires de France qui estimait en novembre dernier que «la présence de crèches de Noël dans l'enceinte des mairies [n'était] pas compatible avec la laïcité»? On a l'impression que ce débat revient chaque année…

    Il y a une dizaine d'années, on s'en était pris aux sapins de Noël. Mais certains esprits éclairés ayant expliqué qu'ils constituaient la rémanence de cultes druidiques, ils avaient perdu en quelques jours leur caractère attentatoire à la République! Comme si le culte druidique, en tant que culte, était moins contraire à la laïcité que le culte chrétien…

    Beaucoup de responsables publics semblent en fait ne pas concevoir d'autre réponse à l'islamisme violent que le renforcement d'un anti catholicisme primaire. C'est pour le moins une erreur d'appréciation sur notre culture et sur le cœur de l'homme. Dans l'espace public, les crèches disent sur un mode accessible à tous, et qui n'est pas immédiatement confessionnel, la beauté de la vie et de l'accueil, réalités salutaires dans un temps de violence et d'exclusion. Dans le «vademecum» de l'AMF, il y a une recommandation encore plus choquante: la consigne stricte pour les élus de ne jamais manifester leur foi, par quelque geste que ce soit, dans le cadre public.

    En quoi la neutralité de l'Etat serait-elle remise en cause par le fait que certains élus soient sereinement et ouvertement croyants, à partir du moment où ils prennent soin de tous avec équité? Une telle idéologie antireligieuse est en réalité d'une grande violence. J'ai célébré en novembre les obsèques d'un jeune homme assassiné au Bataclan. Le jour de son enterrement, le maire local, catholique mais très attentif aux différentes communautés religieuses de sa commune, a participé à l'émotion et à la prière de tous avec ferveur et simplicité. Pendant que nous chantions le Notre Père de tout notre cœur, je me suis dit: «faut-il avoir l'esprit épais et le cœur sec pour penser qu'il y aurait là une atteinte à la juste laïcité».

    Lahire

  • Exclusif Salon Beige : les voeux de Noël de Hollande et Valls aux Français

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    Le Premier ministre britannique a moins de complexe :

    "[...] nous célébrons la naissance du Fils unique de Dieu, Jésus Christ - le Prince de la Paix. Comme un pays chrétien, nous devons nous rappeler ce que représente sa naissance: la paix, la miséricorde, la bonne volonté et, surtout, l'espérance. Je crois quenous devrions également réfléchir sur le fait que c'est grâce à cesimportantes racines religieuses et ces valeurs chrétiennes que la Grande-Bretagne a eu un tel succès chez les personnes de toutes confessions et rien d'autre. [...]"

    Michel Janva