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religion - Page 86

  • Un vice-président catholique pour Taïwan

    L’élection présidentielle qui a eu lieu à Taïwan samedi a été remportée par Tsai Ing-wen, candidate du parti « démocrate progressiste », par 56% des voix, face au candidat du Kuomintang. Avec Tsai Ing-wen est élu vice-président un catholique : Philippe Chen Chien-jen, alors que moins de 1,3% des Taïwanais sont catholiques. Certes, le président sortant était lui aussi catholique. Mais il ne tenait aucun compte de son baptême et il le disait ouvertement. Tandis que Philippe Chen Chien-jen est un catholique pratiquant, et la candidate le soulignait elle-même :

    « C’est un catholique fervent, une personne à qui vous pouvez faire entièrement confiance. »

    Philippe Chen Chien-jen, épidémiologiste, ancien vice-président de l’Academia Sinica (équivalent du CNRS – il est officier des palmes académiques en France), ancien ministre de la santé et des sciences, assiste à la messe tous les jours à l’église de la Sainte-Famille de Taipei. Il est chevalier de l’Ordre du Saint Sépulcre et chevalier de l’Ordre de saint Grégoire le Grand.

    « Avant d’accepter d’être candidat j’ai prié et j’y ai pensé longtemps. J’en ai parlé à ma femme et à l’évêque. Mais maintenant je pense que je peux être une poignée de sel dans les mains de Dieu. Je peux donner plus de saveur et contribuer au bien être de mon pays. »

    Mgr John Hung Shan-chuan, archevêque de Taipei, confirme :

    « Je lui ai rappelé que le concile Vatican II avait encouragé l’engagement des fidèles en politique afin de servir la société et d’y instiller les valeurs chrétiennes. Je lui ai aussi dit que sa candidature serait un modèle pour les 270 000 catholiques de Taiwan et encouragerait de plus nombreux fidèles à entrer en politique. »

    Toutefois, il ne paraît pas très clair sur la question du mariage, au moment où se profile là-bas aussi la perspective d’une reconnaissance des unions homosexuelles (à laquelle la nouvelle présidente est favorable). Le 18 novembre, lors d’une conférence de presse, il lui a été demandé sa position sur le mariage entre personnes du même sexe, à l’étude depuis quelques mois. Chen Chien-jen avait répondu en ces termes :

    « Dieu aime tous les hommes et c’est pourquoi il aime aussi les homosexuels. Par conséquent, je crois également que les gays ont droit de chercher le bonheur et que nous devons respecter ce droit, mais, dans la mesure où le mariage entre personnes de même sexe implique un changement de société, il nécessite des discussions approfondies avant toute prise de décision à son sujet. »

    La présence d’un catholique lié au Saint-Siège est d’autre part importante vis-à-vis de la Chine communiste : le Saint-Siège est l’un des rares Etats à reconnaître Taïwan.

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/01/un-vice-pr%C3%A9sident-catholique-pour-ta%C3%AFwan.html

  • Aux idiots utiles de l’islam, un jour les musulmans vous feront regretter votre servilité

    Tunisien, Salem Ben Ammar, docteur en sciences politiques, lutte pied à pied contre l’islam et notamment contre l’islam intégriste qui a fait la ruine de son pays. Dans ce texte, il parle au nom d'Allah, à tous ceux qui font le lit de l'islamisme en favorisant l'islam :

    "« Je veux t’anéantir parce que tu es témoin de mon imposture. Ainsi il n’y aura plus personne qui peut contester ma vérité que je suis à l’origine de tout et la seule voie authentique pour l’humanité. »
    Allah est clair et cohérent avec lui-même.
    « Je veux avoir ta peau que tu croies ou pas en moi, je tue aussi bien les miens que mes détracteurs, tu finiras comme les Juifs de la Médine. » « Aujourd’hui tu voles au secours de ma cinquième colonne, sans savoir que tu es entrain de leur aiguiser les couteaux de boucher qui leur serviront de te décapiter le moment venu comme mes petits soldats de Daech le font en Irak, Syrie et Libye ». »
    Pauvre incrédule et niais que tu es, tu as beau te proclamer laïque, athée, agnostique, chrétien, juif, bouddhiste, taoïste, déiste, tu n’échapperas pas à la triste fin que je te réserve ». Tu penses bien que je ne ferai preuve de mansuétude à ton égard parce que tu as été charitable avec les miens.
    Je suis fermé à l’amour et à la compassion. Kali, Châmundâ et Thanatos sont des enfants de choeur comparé à moi.
    Je ne me compare à personne, ni Borgia, ni Dracula, ni Frankestein, ni Hitler, ni Staline, ni mon bras droit le petit bâtard en mal d’affection Mahomet, je me compare à même. Je les ai créés pour vous donner un avant-goût de ce dont je suis capable de faire. Vous n’avez pas fini avec moi, l’enfer des juifs et des chrétiens n’est pas grand’chose à côté à la Géhenne où je m’enivrerai de votre sang et je me goinfrerai de votre chair.
    Mon livre est suffisamment éloquent quant à ma haine de l’humain y compris de ces pauvres esclaves que mon lieutenant de basses besognes a roulés dans le sable en leur faisant prendre les vessies pour les lanternes. Trop idiots pour comprendre qu’ils sont les premiers dindons de la farce.
    Les promesses lubriques et graveleuses ne m’engagent rien elles n’engagent qu’eux-mêmes.
    En leur faisant miroiter le sexe et l’alcool à gogo j’ai juste voulu chercher savoir ce qu’ils ont réellement entre les jambes et tester leur degré de fiabilité morale, ils sont tombés dans le piège les deux pieds joints comme les derniers des décérébrés.
    Cupides et stupides ils ont mordu à l’hameçon, je n’y suis pour rien, s’ils ont pris mes promesses pour de l’argent comptant. Des bons à rien, des mecs qui réfléchissent avec leurs babouches et aux neurones logés dans leur paire de bourse, le jour où ils auront découvert qu’ils ont été menés sur un dos de chameau ce sera trop tard pour eux car j’aurai fini de me délecter d’eux.
    Ils ont perdu doublement la partie. Leur vie sur terre qui est la vallée de la mort et dans l’au-delà où il n’y a rien de vrai dans ce que mon escroc de messager qui voulait me faire de l’ombre, en se voulant s’élever au-dessus de mon auguste personne, leur a seriné.
    Que les âmes charitables qui jouent aux bons samaritains avec mes ouailles sachent ils n’auront rien à attendre de moi.
    Ce sera la Géhenne pour eux et ma cinquième colonne qu’ils sont en train de choyer et courtiser se chargera de les y envoyer."

    Marie Bethanie

  • Il existe en Europe et dans les pays occidentaux une réelle persécution à l’égard des chrétiens

    Monseigneur Nicolas Sawaf, archevêque grec-melkite catholique de Lattaquié, en Syrie, déclare à Christianophobie Hebdo :

    "Que dire aux chrétiens qui fuient le service pourtant indispensable pour le pays ?

    Je dois leur parler avec force et douceur ; ils sont libres et je ne peux les obliger en rien. Tous les fidèles du monde le rappellent régulièrement à leurs prêtres et évêques d’ailleurs ! Se battre est parfois nécessaire, mais pour défendre quoi ? Voilà la question qui résonne dans la tête de beaucoup de nos jeunes fidèles.

    Que craignez-vous pour ces fidèles qui partent ?

    Qu’ils perdent la foi au contact d’un Occident si déchristianisé !Ici, comme dans tout l’Orient, nous grandissons dans une ambiance religieuse, alors que le matérialisme des sociétés occidentales est un immense danger pour les âmes. Le désert spirituel de l’Europe est parfois terrifiant… Il explique d’ailleurs pourquoi certains Français de souche rejoignent même les rangs de l’État islamique : ils y ont trouvé une cause, et le relativisme les a empêchés de discerner sur la bonté ou non de cette cause. Et puis soyons honnêtes jusqu’au bout, l’Europe n’est pas un havre de paix si parfait : si la persécution des chrétiens est visible ici, elle n’est pas moins réelle chez vous.

    C’est-à-dire ?

    Les situations sont incomparables, mais il existe en Europe et dans les pays occidentaux une réelle persécution à l’égard des chrétiens. Quand on interdit les croix dans les écoles ou les hôpitaux, que l’on impose la théorie du genre, que l’on ne fête plus un « joyeux Noël », c’est une forme de persécution. Elle est religieuse, mais elle est surtout contre l’Homme. On retrouve bien l’aspiration de l’idéologie maçonnique : tuer l’Homme pour le récupérer. Mais gardons l’espérance. L’histoire du christianisme est liée à celle de la persécution des chrétiens. Pour avoir la résurrection, il nous faut passer par la Croix. Il ne faut surtout pas chercher le martyre, mais s’y attendre et s’y préparer oui."

    Michel Janva

  • Malik Bezouh, des Frères musulmans à l’amour de la France chrétienne

    En effet, les Français de confession musulmane ne peuvent évidemment pas se reconnaître dans la culture libertaire actuelle. Ils ont un rapport à la transcendance qu’ils partagent avec les chrétiens. Ils ont vocation à proposer avec eux un modèle de société plus humain, et moins aliénant. Je suis très triste de voir la déchristianisation de la France. Je suis français, et le christianisme historique a fait renaître ma francité. C’est un repère de notre culture.

    On ne peut pas reconstruire la France autour de Charlie Hebdo  : la philosophie des Lumières n’est pas neutre, elle est intolérante, et s’est construite sur la haine du religieux. Pour moi, les voltairiens ont kidnappé la philosophie, comme l’islamisme a kidnappé l’islam. Je préfère Élie Fréron, polémiste contemporain de Voltaire, qui défendait un traditionalisme ouvert. C’est ce qui devrait unir les musulmans aux chrétiens, et leur proposer un autre regard sur la France. Les hommes d’État devraient se replonger dans notre Histoire, pour prendre de la hauteur. Bref, il faudrait une psychothérapie nationale, avec l’aide de l’Histoire de France, à l’école de l’abbé de Cluny  !  » 

    EXCLUSIF MAGAZINE - La vague d’attentats de 2015 provoque un regain de patriotisme. Plus qu’un effet de mode, un réflexe de survie, quand la France est attaquée dans sa chair et sa culture. Témoignage exclusif de Malik Bezouh, Auteur de France-islam  : le choc des préjugés (Plon, 2015).

    malik-bezouh_article-5945b.jpgPhysicien de formation, Malik Bezouh s’est rapproché de la Confrérie des Frères musulmans avant de s’en éloigner. ©MEYER-TENDANCE FLOUE pour FC

    « J’avais un contentieux énorme avec la France. J’ai pu me réconcilier avec elle après un long parcours. Officiellement, j’étais français, né en France, issu de l’immigration algérienne. Mais la France, pour moi, était un hôtel, où j’étais seulement hébergé. Je souffrais d’ailleurs du racisme ordinaire envers les Maghrébins, dans ma jeunesse  : combien de fois ai-je été traité de “bougnoule”  ? Tout cela m’empêchait de me raccrocher à la France. Il faut comprendre cette faille identitaire que portent tous les Français d’origine maghrébine, si difficile à surmonter.

    C’est lorsque j’étais étudiant, à Saint-Étienne, que j’ai rencontré l’islamisme. J’ai lu cette phrase d’un penseur des Frères musulmans, Sayyid Qutub  : “La nationalité du musulman, c’est sa foi.” J’ai alors cru tout résoudre  : je ne suis ni algérien, ni français, je suis musulman  ! Je pensais avoir enfin trouvé les réponses à mes questions. J’ai embrassé l’islam porté par les Frères musulmans.

    Engagés, prosélytes, mais foncièrement légalistes, nous utilisions tous les moyens législatifs et associatifs pour faire passer le message islamique. Nous étions alors en pleine guerre de Bosnie, dans les années 1990. J’étais tenté d’accomplir le djihad contre les Serbes, mais la confrérie m’a empêché d’y aller. Les Frères musulmans sont très hiérarchisés, très structurés. C’est leur côté positif  : en cadrant les individus, et en respectant l’ordre public, ils les empêchent souvent d’être des aventuriers incontrôlables. Je pense qu’ils ont évité à l’islam de France de basculer dans le salafisme révolutionnaire. S’il n’y avait pas les Frères musulmans, combien y aurait-il eu de Mohammed Merah  ?

    J’aurais pu continuer au sein de la confrérie, comme certains de mes amis, qui sont aujourd’hui cadres de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Pourtant, j’étais malheureux chez les Frères musulmans. Je ne partageais pas leur sentiment de surpuissance envers les “Français”, ces mécréants qui pataugent dans l’ignorance et l’idolâtrie de la nouvelle Babylone. Ce sentiment de surpuissance n’était pas de l’amour, cela ne correspondait pas à mon désir profond. Je suis devenu dépressif, j’ai émis des doutes sur le Coran. J’ai fini par quitter la confrérie. Cela a été une vraie souffrance pendant plusieurs années. [....]

    La suite dans Famille Chrétienne

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Malik-Bezouh-des-Freres-musulmans

  • « Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux »

    Le philosophe et historien Marcel Gauchet revient sur les origines de la violence terroriste. Entretien avec Nicolas Truong. Le Monde 22 novembre 2015. L’intégralité de la version « abonnés ». À lire…
    Comment penser les attaques du 13 novembre et ce déferlement de haine ?
    Marcel Gauchet. Cette violence terroriste nous est spontanément impensable parce qu’elle n’entre pas dans nos grilles de lecture habituelles. Nous savons bien sûr que c’est au nom de l’islamisme que les tueurs agissent, mais notre idée de la religion est tellement éloignée de pareille conduite que nous ne prenons pas cette motivation au sérieux.
    Nous allons tout de suite chercher des causes économiques et sociales. Or celles-ci jouent tout au plus un rôle de déclencheur.
    C’est bien à un phénomène religieux que nous avons affaire. Tant que nous ne regarderons pas ce fait en face, nous ne comprendrons pas ce qui nous arrive. Il nous demande de reconsidérer complètement ce que nous mettons sous le mot de religion et ce que représente le fondamentalisme religieux, en l’occurrence le fondamentalisme islamique.
    Car, si le fondamentalisme touche toutes les traditions religieuses, il y a une forte spécificité et une virulence particulière du fondamentalisme islamique. Si le phénomène nous échappe, à nous Européens d’aujourd’hui, c’est que nous sommes sortis de cette religiosité fondamentale. Il nous faut en retrouver le sens.
    Les réactivations fondamentalistes de l’islam sont-elles paradoxalement des soubresauts d’une sortie planétaire de la religion ?
    Oui, il est possible de résumer les choses de cette façon. Il ne faut évidemment pas réduire la sortie de la religion à la croyance ou à la « décroyance » personnelle des individus. C’est un phénomène qui engage l’organisation la plus profonde des sociétés.
    La religion a organisé la vie des sociétés et l’originalité moderne est d’échapper à cette organisation. Or, la sortie de cette organisation religieuse du monde se diffuse planétairement.
    Si le fondamentalisme touche toutes les traditions religieuses, il y a une forte spécificité et une virulence particulière du fondamentalisme islamique
    D’une certaine manière, on pourrait dire que c’est le sens dernier de la mondialisation. La mondialisation est une occidentalisation culturelle du globe sous l’aspect scientifique, technique et économique, mais ces aspects sont en fait des produits de la sortie occidentale de la religion. De sorte que leur diffusion impose à l’ensemble des sociétés une rupture avec l’organisation religieuse du monde.
    On ne voit pas immédiatement le lien entre le mode de pensée économique et scientifique et la sortie de la religion, et pourtant il est direct. Aussi ne faut-il pas s’étonner que la pénétration de cette modernité soit vécue dans certains contextes comme une agression culturelle provoquant une réactivation virulente d’un fonds religieux en train de se désagréger, mais toujours suffisamment présent pour pouvoir être mobilisé. Mais attention, fondamentalisme n’est pas ipso facto synonyme de terrorisme. Ce sont deux choses qui peuvent fonctionner séparément.
    Ne pourrait-on pas voir au contraire dans ce fondamentalisme musulman un réarmement du religieux ?
    C’est une hypothèse que l’on peut parfaitement formuler. Elle me semble démentie par les faits. Les sociétés européennes sont à la pointe, pour des raisons historiques, de la sortie de la religion. Ce sont donc elles qui devraient le plus souffrir de ce manque. Or les Européens peuvent être tourmentés à titre personnel par des questions d’ordre spirituel et beaucoup le sont, mais cette recherche ne prend absolument pas la forme d’un mouvement politique. Bien au contraire.
    Le spirituel dans les sociétés européennes relève typiquement de la part la plus intime des individus. Il les éloigne de la visée d’une action sur la société. Alors que le vrai fondamentalisme est un projet politique d’inspiration révolutionnaire. Le projet de remettre la religion au pouvoir dans la vie des sociétés, dans le cadre de l’islam, est aisément symbolisé par le retour de la charia, loi embrassant tous les aspects de la vie collective.
    Le fondamentalisme est un projet radical de société et c’est là toute la différence. C’est pourquoi certains comparent le fondamentalisme à un totalitarisme, ce qui ne me paraît pas éclairant. La religion est autre chose que les idéologies totalitaires qu’on a pu voir à l’œuvre dans notre histoire.
    Il ne faut « pas faire d’amalgame », ne cesse-t-on de répéter. Or ces actes − perpétrés au cri d’« Allahou akbar » − ont-ils tout de même à voir avec l’islam et le moment historique qu’il traverse ?
    Evidemment. Pas d’amalgame signifie qu’il ne faut pas incriminer de façon indifférenciée l’islam et accuser tous les musulmans de participer à ce phénomène. Mais, dans l’autre sens, on ne peut pas dire que l’islam n’a rien à voir là-dedans.
    Je répète que le fondamentalisme n’est pas propre à l’islam, il se manifeste dans toutes les traditions religieuses du monde, sous des formes plus ou moins activistes. Toutefois, on est bien obligé de constater que le fondamentalisme islamique est particulièrement prégnant et vigoureux. C’est là que le phénomène fondamentaliste a son expression la plus forte sur la planète aujourd’hui. Il faut donc s’interroger sur ce lien entre l’islam et ses expressions fondamentalistes. C’est quelque chose que l’on ne peut pas séparer de l’état des sociétés musulmanes et de leur situation particulière, notamment dans la région moyen-orientale.
    Pourquoi l’islamisme prend-il cette forme si radicale aujourd’hui ?
    Le premier point dont il faut se souvenir pour comprendre l’islamisme, c’est la proximité de l’islam avec nos propres traditions religieuses, juive et chrétienne. Vu d’Orient, du bouddhisme et du confucianisme, l’Occident est très exotique, il est très loin, ce sont deux mondes différents.
    Vu de l’islam, il est religieusement proche, et la proximité est plus dangereuse que la distance. Dans la proximité, il y a de la rivalité et de la concurrence. Or le tronc monothéiste sur lequel se greffe l’islam le met dans une position très particulière. Il est le dernier venu des monothéismes et se pense comme la clôture de l’invention monothéiste. Il réfléchit les religions qui l’ont précédé et prétend mettre un terme à ce qu’a été le parcours de cette révélation. Cette proximité le met dans une situation spontanément agonistique vis-à-vis des religions d’Occident.
    Le spirituel dans les sociétés européennes relève de la part la plus intime des individus. Il les éloigne de la visée d’une action sur la société. Alors que le vrai fondamentalisme est un projet politique d’inspiration révolutionnaire
    Il existe un ressentiment dans la conscience musulmane par rapport à une situation qui lui est incompréhensible. La religion la meilleure est en même temps celle d’une population qui a été dominée par les Occidentaux à travers le colonialisme et qui le reste économiquement. Cette position ne colle pas avec la conscience religieuse que les musulmans ont de leur propre place dans cette histoire sacrée. Il y a une conflictualité spécifique de la relation entre l’islam et les religions occidentales.
    Pourquoi ce fondamentalisme fascine-t-il tant une partie des jeunes des cités européennes paupérisées ?
    Le message fondamentaliste prend un autre sens une fois recyclé dans la situation de nos jeunes de banlieues. Il entre en résonance avec les difficultés de l’acculturation de cette jeunesse immigrée à une culture individualiste en rupture totale avec ses repères, y compris communautaires, qui viennent de sa tradition religieuse. Une culture individualiste, qui à la fois fascine les plus ébranlés et leur fait horreur, et je pense que c’est le cœur du processus mental qui fabrique le djihadiste occidental.
    C’est un converti, qui s’approprie la religion de l’extérieur et qui reste souvent très ignorant de la religion qu’il prétend s’approprier. Son aspiration par ce premier geste de rupture est de devenir un individu au sens occidental du mot, en commençant par ce geste fondateur qu’est la foi personnelle.
    Dans une religion traditionnelle, la foi personnelle compte moins que les rites observés et ce ritualisme est essentiel dans l’islam coutumier. C’est avec ce cadre que brise l’adhésion intensément personnelle du fondamentaliste. En même temps, cette adhésion très individuelle est un moyen de se nier comme individu, puisque l’on va se mettre au service d’une cause pour laquelle on donne sa vie. Cette contradiction exprime une souffrance très particulière, liée à une situation sociale et historique très spécifique. C’est dans cette zone que se détermine la trajectoire de ces jeunes gens qui nous sont si incompréhensibles.
    Dans ces quartiers si spécifiques du Xe et XIe arrondissements de Paris, il y avait deux jeunesses qui se faisaient face…
    Oui, un premier individualisme parfaitement tranquille, sans questions et qui se vit dans une hypersocialisation, et un second qui est vécu par une jeunesse très contradictoire, à la fois très au fait de cette réalité et complètement déstabilisée par elle. Le choix des cibles est très peu politique, mais très révélateur de ce qui constitue l’enjeu existentiel de ces jeunes. Ils ont tiré sur ce qu’ils connaissent, sur ce à quoi ils aspirent tout en le refusant radicalement. Ils se détruisent de ne pas pouvoir assumer le désir qu’ils en ont.
    C’est pour cette raison que vous écrivez que « le fondamentalisme est en dépit de tout et malgré lui une voie d’entrée à reculons dans la modernité » ?
    Il ne constitue pas pour moi une menace capable de remettre en question la manière d’être de nos sociétés. Bien sûr, il peut tuer beaucoup de gens, faire des dégâts épouvantables et créer des situations atroces, mais il ne représente pas une alternative en mesure de nous submerger. Affrontons-le pour ce qu’il est, sans lui prêter une puissance qu’il n’a pas.

    Marcel Gauchet

    http://contre-regard.com :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuVEZkVZEkKVPjKHPf.shtml

  • Les Soeurs Apostoliques de Saint-Jean et leur Joie de Vivre…

    Plus d’information sur ce beau projet … C’est ICI

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Une « messe de minuit » en 1794…

    (Sont indiqués entre parenthèses les noms que portent de nos jours les villages cités)

    L’histoire d’une messe de minuit que nous allons raconter s’est passée dans les moments les plus affreux de la Grande-Guerre, alors que le monde se croyait rendu à sa fin. La terre tremblait, les éléments étaient confondus, les nations éperdues se tordaient dans l’épouvante et la consternation, les démons déchaînés entraient dans le coeur des hommes pervers, les chefs s’habillaient de peaux d’hommes, s’abreuvaient de sang et se repaissaient de chair humaine. Ces monstruosités ont été commises, ces horreurs ont été vues, ici dans cette contrée, sur cette terre qui nous porte.

     Dans ces jours d’exécrable mémoire, la paroisse de Beaufou fut tout spécialement mise à feu et à sang. Elle devait cette haine des méchants à sa grande fidélité à la religion. Elle était la seule dans tout le pays où tout le monde, sans exception, était bon chrétien ; on n’y trouvait pas un seul ennemi du bon Dieu, pas l’ombre d’un traître.

     Une des bandes infernales venait de brûler une première fois l’église, le bourg, et de commettre des atrocités dans plusieurs villages. M. le curé Jousbert était persécuté par des espions des communes voisines qui voulaient le surprendre dans ses cachettes et le dénoncer aux Bleus.

    Un nommé Pichaud, surnommé la Navette, du Grand-Luc, venait fréquemment dans le bourg pour faire jaser ; on s’en défiait. Mais ces perfidies rendaient très périlleuse la célébration des sacrements. Il était bien difficile de tenir en grand secret le lieu où, le dimanche, se disait la sainte messe. M. le Curé pouvait plus commodément baptiser, confesser, voir les malades ; mais pour la sainte messe, il fallait bien désigner un endroit et le faire savoir au monde pour qu’on pût s’y assembler. Aussi, bon nombre de personnes se voyaient tristement privées d’y assister.

    A l’approche de la grande fête de Noël, la crainte de ne pouvoir la célébrer s’empara de l’esprit de plusieurs et fit couler des pleurs. Hélas ! disaient en se lamentant ces bonnes gens, que faisons-nous donc sur la terre ? Plus rien, plus de maisons, plus de biens, plus de joie, plus de repos, plus de religion, on nous enlève le Bon Dieu … Alors ils versaient des larmes amères …, puis, prenant leur chapelet à la main et le levant vers le ciel : « Sainte bonne Vierge, venez à notre aide … »

    Il est à croire que la bonne Vierge Marie, si ardemment invoquée, entendit leur prière, car il descendit du ciel dans l’âme du curé une pieuse pensée. Pendant une longue et pénible insomnie, il pensait à ses bons paroissiens, ce bon prêtre. – Le diable est bien fort, se dit-il tout d’un coup, mais la sainte Vierge Marie est bien plus forte encore. Eh bien ! je veux donner une messe de minuit à mes paroissiens ; mais une messe de minuit solennelle, une messe de minuit comme on n’en a jamais vue. Puis il se rendormit tranquillement sur cette pensée. C’était la nuit de la fête de l’Immaculée Conception de la sainte Vierge Marie. Il était couché dans une cachette sous terre, dans un buisson du bois de la Grève, près le village de la Canterie. C’était son logis du moment.

    A son réveil, il se rappela sa pensée et se décida à la mettre immédiatement à exécution. Il avait quinze jours devant lui ; pendant cette quinzaine, il dut visiter, sans interrompre ses autres fatigues, toutes les maisons, leur confiant tout bas son dessein et confessant toutes les personnes en âge de recevoir la sainte communion.

    Pas besoin n’était de demander si on voulait se confesser, ni de faire des préambules pour décider le monde. C’est le contraire qui eût étonné. Jamais visite de M. le Curé n’avait paru aussi agréable. L’annonce d’une messe de minuit fut accueillie avec une grande reconnaissance et apporta au milieu des tribulations qui torturaient les âmes un moment de joie et de consolation sensibles. Tout le monde s’y prépara par la prière, surtout par la récitation fervente du chapelet, prière favorite, et par des invocations réitérées au Sacré-Coeur de Jésus. M. le Curé annonçait que la cérémonie de la nuit et du jour de la fête se ferait dans le Bois des Rivières, non loin du village de Limonière (l’Imonière). Le secret de la messe et du lieu fut si bien gardé qu’aucun des espions qui sillonnaient les villages n’en connut rien si ce n’est après la fête. Tout allait donc pour le mieux et au gré de tous ; la fête s’annonçait comme devant être bien belle, surtout de dévotion. On en parlait déjà comme d’un jour du Paradis échappé sur la terre, quand l’enfer faillit faire évanouir toutes ces consolantes espérances. Hélas ! avec des âmes moins fortes et moins chrétiennes, avec des coeurs aussi lâche, qu’il y en a tant aujourd’hui, c’en était bien fait de la messe de minuit et de toute la sainte fête.

    Pendant tous ces pieux préparatifs, voilà qu’une nuit, une partie d’une colonne de Bleus, campée à la Roche-sur-Yon, passant par le Poiré, vint s’abattre sur les villages de la Chanussière (la Chamussière) et de la Morelière (la Morlière) et les mettre à feu et à sang. C’était dix jours avant la fête.

    En même temps, la nouvelle vint qu’une autre colonne de Bleus partait de Montaigu pour aller renforcer ceux qui étaient campés à la Roche. Heureusement, cette bande fut arrêtée et battue à plate-couture au Quatre-Chemins de l’Oie. Sans cette défaite, tous les hommes armés de la paroisse auraient été appelés immédiatement aux armes et la messe de minuit fût devenue impossible pour les femmes et les enfants abandonnés à eux-mêmes. Un autre contre-temps menaçait encore de tout troubler. Une pluie, une pluie glaciale tombait tous les jours, et pour peu qu’elle continuât elle rendrait les chemins impraticables et la cérémonie impossible dans un bois. Tout autre que M. le Curé Jousbert eût probablement perdu courage. Il y avait de quoi, et assurément il n’en faudrait pas autant aujourd’hui pour dégoûter tout le monde. Avec de belles routes qui permettent de marcher les yeux fermés, avec une église où l’on trouve un solide abri, et toutes les aises, avec toutes les facilités possibles de recevoir les sacrements, combien qui reculent, qui ne daignent même pas bouger ? Combien qui profaneront cette sainte fête, par une criminelle absence ! Il est vrai que les chrétiens d’autrefois étaient de solides chrétiens et que la plupart des chrétiens de ce jour, ayant changé de couleur, regardent du côté des impies et n’appartiennent point au Bon Dieu.

    Les paroissiens de Beaufou imitèrent leur curé ; ils ne perdirent point confiance. La sainte Vierge Marie récompensa leur piété en leur permettant de goûter tous les délices de la messe de minuit qui leur avait été promise. Les hommes du bourg et des environs repoussèrent les bleus de la Morelière. La bande des autres ayant été vaincue aux Quatre-Chemins, les hommes de la paroisse ne furent point appelés aux armes et quatre jours avant la fête, le vent, sautant au nord, chassa la pluie ; un froid sec sécha la terre, il gela très fort et un temps tout à fait clair vint embellir la fête. D’ailleurs, tout était prêt pour la circonstance, les coeurs bien disposés et une église bâtie, voici comment :

    Plusieurs jeunes gens des environs, toujours prêts quand il s’agissait de faire une bonne chose, eurent bien vite construit cette petite église improvisée pour un jour, juste au beau milieu du Bois des Rivières. Un espace convenable pour contenir les assistants fut déblayé. Le bois était vieux. D’un arbre à l’autre on suspendit nombre de longues perches recouvertes de genêts et de bruyères. On massa de grandes branches sur les côtés pour arrêter le vent. Des bruyères hachées formaient le carrelage ; un tout petit autel fut dressé à l’extrémité, du côté du soleil levant. Une journée suffit pour élever ce petit temple dans lequel on pouvait encore attendre une bonne pluie et ne pas trop s’apercevoir du froid, mais surtout prier en tranquillité.

    Le plus difficile était d’arriver là. M. le Curé avait décidé que les deux tiers des grandes personnes assisteraient à la messe de minuit ; les autres, restant à garder les villages, viendraient à la messe du jour, étant remplacés à leur tour par une partie des assistants de la nuit ; pour éviter tout soupçons, il fallait éviter de marcher par bandes et de prendre les mêmes chemins. Les plus éloignés partirent la veille, au matin. Beaucoup firent semblant d’avoir des affaires ailleurs ; puis, quand on arrivait assez près du bois, on le contournait de façon à dérouter les traîtres, s’il y en avait eu sur le passage.

    Par une attention toute pleine d’une sage prudence, M. le Curé avait désigné une quinzaine d’hommes, postés à une certaine distance autour du bois, qui devaient avertir en cas de danger et en donner le signal en tirant des coups de fusil. Les premiers venus préparèrent des cachettes dans le bois et les buissons des champs voisins pour les personnes qui voudraient prendre un peu de repos. A dix heures, tout le monde était arrivé et l petite église entièrement remplie. Le plus grand silence régnait cependant au milieu de cette foule, ou, si l’on parlait, on le faisait discrètement et à voix basse. Il y avait tant de précautions à prendre, et l’on n’oubliait pas qu’on était à cette même heure au plus fort des orgies sanguinaires de la Révolution : que de malheurs un seul cri échappé pouvait attirer sur cette assemblée ! …

    Les étoiles scintillaient au ciel ; un petit vent froid et sec, venant du Nord, soufflait dans les branches et jetait dans les airs un murmure sonore qui portait au recueillement ; deux bouts de cierges éclairaient le petit autel et de distance en distance, au milieu de la foule, des torches de bois résineux, plantées en terre en guise d’illuminations, prêtaient leur vacillante lumière aux personnes qui lisaient des prières.

    Quel touchant spectacle offrait cette petite assemblée aux regards du ciel et de la terre ! On dit que les anges descendirent du paradis pour les contempler. C’était en effet le seul endroit en France, où pendant cette nuit sainte s’offrait l’adorable sacrifice de la messe de minuit ; le seul lieu où il était possible à des hommes d’adorer ensemble le Dieu rédempteur du monde.

    Alors que l’Europe entière était en feu, que le sol de la France bouleversé par la plus horrible tempête tremblait sous les pas, que les églises étaient brûlées, la religion proscrite, le nom du Bon Dieu profané ; alors que la prière était un crime et que de toutes parts la guillotine abattait les têtes des chrétiens, dans cette humble paroisse du Bocage, en pleine nuit, sous la rigueur d’un froid glacial, au milieu d’un bois, tout un petit peuple bravant la fusillade et les canons, à genoux devant un autel champêtre, en adoration devant son Dieu, affirmant sa foi, fortifiant ses espérances et offrant à son Sauveur des coeurs du plus fidèle amour !!! Spectacle sans précédent dans l’histoire.

    le Curé commença la cérémonie par la sainte prière aimée de tous, le chapelet, suivi d’invocations au Coeur de Jésus. Puis avec une vive émotion, il souhaita la bienvenue à ses bien-aimés paroissiens accourus si ponctuellement à sa voix ; ensuite il leur parla du grand mystère qui s’était accompli en pareille nuit, bien des siècles auparavant, dans l’étable de Béthléem.

    La Sainte Vierge Marie et saint Joseph rebutés du monde, repoussés des hommes, obligés de fuir et d’errer de porte en porte, ne trouvèrent enfin pour s’abriter qu’un pauvre réduit, une méchante étable ouverte à tous les vents. Le bon Dieu permit qu’il en fût ainsi. Joseph et Marie s’y soumirent sans murmurer. Le ciel les en récompensa en leur donnant le saint Enfant Jésus : « Vous aussi, mes chers enfants, s’écrie M. le Curé avec un élan sublime, vous êtes chassés du monde, les hommes vous rebutent, vous poursuivent. Vous errez dans les bois et les déserts. Voici que maintenant cette humble grotte vous abrite ; comme Joseph et Marie, vous n’avez pas d’autre refuge ; le bon Dieu permet qu’il en soit ainsi ; comme Joseph et Marie, acceptez avec amour les saintes dispositions de la divine Providence, et comme eux vous recevrez la même récompense : le saint Enfant Jésus vous sera donné dans cette pauvre étable ; vous allez recevoir votre Dieu. »

    On ne saurait se faire une idée de l’impression que fit sur tous les esprits ce sermon si approprié aux circonstances. Il se produisit un mouvement d’émotion tel, que M. le Curé interrompit la cérémonie pour laisser un libre cours aux élans de piété et de dévotion qu’on avait besoin de se communiquer les uns aux autres. On parlait, mais c’était pour dire ses sentiments d’amour pour le bon Dieu ; on pleurait, mais c’était des larmes de joie ; on tressaillait, mais c’était de contentement et de bonheur : pas un seul en ce moment qui eût consenti à échanger sa place pour une autre. « Oui, répétaient et répétaient toutes ces bonnes gens, malgré le monde, malgré l’enfer, vive Dieu ! Nous serons chrétiens quand même ! ».

    Le Curé chanta la messe, mais à demi-voix.

    Que de ferventes prières s’élevèrent cette nuit-là de ce petit bois vers le ciel ! Seuls, pourraient nous le dire les Anges gardiens qui les présentèrent au Seigneur au pied de son trône éternel.

    Tous les assistants, les enfants exceptés, s’approchaient de la Table sainte. Qui eût osé se trouver là sans recevoir le Bon Dieu ? Elle fut sainte cette communion ! Ils étaient purs ces coeurs d’hommes, ces coeurs de femmes, tous les coeurs de cette jeunesse accourue au pied de cet autel au prix de tant de sacrifices !

    L’histoire nous apprend que la sainte Vierge Marie, aussitôt la naissance de son divin enfant, après l’avoir pressé sur son coeur, le remit entre les bras de saint Joseph, et tandis que saint Joseph, dans les élans d’un inexprimable amour, le pressait aussi sur sa poitrine, l’adorable petit enfant passa ses petits bras autour du cou du saint patriarche et le pressa affectueusement sur son adorable petit coeur.

    Nul doute, assurément, qu’une semblable faveur n’ait été accordée en ce moment à ces généreux chrétiens. Ils en étaient dignes. Qu’il était beau de voir ces rudes visages, ces valeureux combattants se relevant de la Table sainte en laissant tomber de leurs yeux des larmes brûlantes d’amour qui descendaient s’égarer dans leur longue barbe touffue et agreste ! Que d’actes d’amour dans cette sainte et petite assemblée, dans tous ces coeurs abrités sous la sainte image du coeur adorable de Jésus.

     C’était bien l’Église catholique des premiers jours, alors que l’Esprit saint descendait en langues enflammées dans le coeur de ses fidèles.

     Le monde ne le vit pas, mais la cour céleste le contempla du haut du ciel.

    Après la messe, deux vieillards vénérables par leur âge et leurs cheveux blancs, l’un du bourg, l’autre de l’Hardouinière (l’Ardouinère de Belleville-sur-Vie), s’approchèrent de l’autel. Ils remercièrent au nom de tous M. le Curé du bonheur qu’il leur donnait dans cette nuit ; puis d’une voix fortement émue : « Monsieur le Curé, s’écrièrent-ils, maintenant laissez-nous faire. Nous avons le Bon Dieu avec nous, nous ne craignons plus rien. – Eh bien ! oui, mes amis ; répond M. le Curé : Vive le Saint-Enfant Jésus ! »

    Il fallait y être, nous dit une personne qui y était présente ; nous étions comme fous de joie et de bonheur. Nous ne craignions plus rien ; nous n’avions peur de rien. Les Bleus seraient venus que nous aurions chanté quand même. Nous chantions tous de notre plus grosse voix ; les vieux, les jeunes hommes, tout le monde, les femmes et les enfants comme les autres. Les uns étaient accroupis, les autres à genoux, d’autres debout ; on se remuait mais sans se gêner ; on chantait, mais tous ensemble : « Vive le Saint-Enfant Jésus ! … Vive le Saint-Enfant Jésus ! … » On devait nous entendre bien loin.

    Les hommes qui montaient la garde eurent tout d’abord grand peur, croyant que les Bleus étaient tombés sur nous autres. Mais quand ils comprirent nos chants ils firent comme nous et se mirent à chanter eux aussi. Oh ! qu’il y avait longtemps qu’on avait entendu chanter de cantiques dans les champs ! On chanta jusqu’à l’aurore. Alors, M. le Curé fit partir tous ceux qui devaient remplacer les autres, demeurés à garder les villages. Ceux qui avaient le bonheur de rester jusqu’au soir, s’égapillèrent dans le bois ou le long des haies des champs voisins pour s’y reposer un peu. On alluma, dans plusieurs endroits des champs, de grands feux pour se chauffer, car il faisait bien froid. Le bois ne manquait pas, les nobles dames de la Voisinière (la Vézinière) ayant permis d’en prendre à volonté.

    Au lever du soleil, dont les rayons perlaient entre les branches des arbres, M. le Curé dit une seconde messe, appelée la messe des bergers, pour les hommes qui avaient monté la garde pendant la nuit et qui étaient remplacés par d’autres, et aussi pour quelques infirmes qui, à leur grand chagrin, n’avaient pu venir pendant la nuit.

    A dix heures commença la grand’messe qui fut chantée à haute voix. On ne craignait plus rien. Les hommes chantèrent deux fois le Credo. Ils tenaient à affirmer leur foi en Dieu et à le dire bien haut. Ils auraient bien voulu, si c’eût été possible, le faire entendre à tous les Bleus, à tous les impies de France et du monde entier.

    Le monde, alors, n’entendit pas leurs voix, mais le monde sut, après, que ce petit peuple était bien, en toute vérité, un peuple chrétien, chrétien en paroles, chrétien en actions, chrétien quand même, chrétien toujours.

    Abbé FAUCHERON, La Vendée Historique – 1902

    Source : Chemins secrets

    http://www.contre-info.com/une-messe-de-minuit-en-1794#more-40403