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religion - Page 88

  • Il existe en Europe et dans les pays occidentaux une réelle persécution à l’égard des chrétiens

    Monseigneur Nicolas Sawaf, archevêque grec-melkite catholique de Lattaquié, en Syrie, déclare à Christianophobie Hebdo :

    "Que dire aux chrétiens qui fuient le service pourtant indispensable pour le pays ?

    Je dois leur parler avec force et douceur ; ils sont libres et je ne peux les obliger en rien. Tous les fidèles du monde le rappellent régulièrement à leurs prêtres et évêques d’ailleurs ! Se battre est parfois nécessaire, mais pour défendre quoi ? Voilà la question qui résonne dans la tête de beaucoup de nos jeunes fidèles.

    Que craignez-vous pour ces fidèles qui partent ?

    Qu’ils perdent la foi au contact d’un Occident si déchristianisé !Ici, comme dans tout l’Orient, nous grandissons dans une ambiance religieuse, alors que le matérialisme des sociétés occidentales est un immense danger pour les âmes. Le désert spirituel de l’Europe est parfois terrifiant… Il explique d’ailleurs pourquoi certains Français de souche rejoignent même les rangs de l’État islamique : ils y ont trouvé une cause, et le relativisme les a empêchés de discerner sur la bonté ou non de cette cause. Et puis soyons honnêtes jusqu’au bout, l’Europe n’est pas un havre de paix si parfait : si la persécution des chrétiens est visible ici, elle n’est pas moins réelle chez vous.

    C’est-à-dire ?

    Les situations sont incomparables, mais il existe en Europe et dans les pays occidentaux une réelle persécution à l’égard des chrétiens. Quand on interdit les croix dans les écoles ou les hôpitaux, que l’on impose la théorie du genre, que l’on ne fête plus un « joyeux Noël », c’est une forme de persécution. Elle est religieuse, mais elle est surtout contre l’Homme. On retrouve bien l’aspiration de l’idéologie maçonnique : tuer l’Homme pour le récupérer. Mais gardons l’espérance. L’histoire du christianisme est liée à celle de la persécution des chrétiens. Pour avoir la résurrection, il nous faut passer par la Croix. Il ne faut surtout pas chercher le martyre, mais s’y attendre et s’y préparer oui."

    Michel Janva

  • Malik Bezouh, des Frères musulmans à l’amour de la France chrétienne

    En effet, les Français de confession musulmane ne peuvent évidemment pas se reconnaître dans la culture libertaire actuelle. Ils ont un rapport à la transcendance qu’ils partagent avec les chrétiens. Ils ont vocation à proposer avec eux un modèle de société plus humain, et moins aliénant. Je suis très triste de voir la déchristianisation de la France. Je suis français, et le christianisme historique a fait renaître ma francité. C’est un repère de notre culture.

    On ne peut pas reconstruire la France autour de Charlie Hebdo  : la philosophie des Lumières n’est pas neutre, elle est intolérante, et s’est construite sur la haine du religieux. Pour moi, les voltairiens ont kidnappé la philosophie, comme l’islamisme a kidnappé l’islam. Je préfère Élie Fréron, polémiste contemporain de Voltaire, qui défendait un traditionalisme ouvert. C’est ce qui devrait unir les musulmans aux chrétiens, et leur proposer un autre regard sur la France. Les hommes d’État devraient se replonger dans notre Histoire, pour prendre de la hauteur. Bref, il faudrait une psychothérapie nationale, avec l’aide de l’Histoire de France, à l’école de l’abbé de Cluny  !  » 

    EXCLUSIF MAGAZINE - La vague d’attentats de 2015 provoque un regain de patriotisme. Plus qu’un effet de mode, un réflexe de survie, quand la France est attaquée dans sa chair et sa culture. Témoignage exclusif de Malik Bezouh, Auteur de France-islam  : le choc des préjugés (Plon, 2015).

    malik-bezouh_article-5945b.jpgPhysicien de formation, Malik Bezouh s’est rapproché de la Confrérie des Frères musulmans avant de s’en éloigner. ©MEYER-TENDANCE FLOUE pour FC

    « J’avais un contentieux énorme avec la France. J’ai pu me réconcilier avec elle après un long parcours. Officiellement, j’étais français, né en France, issu de l’immigration algérienne. Mais la France, pour moi, était un hôtel, où j’étais seulement hébergé. Je souffrais d’ailleurs du racisme ordinaire envers les Maghrébins, dans ma jeunesse  : combien de fois ai-je été traité de “bougnoule”  ? Tout cela m’empêchait de me raccrocher à la France. Il faut comprendre cette faille identitaire que portent tous les Français d’origine maghrébine, si difficile à surmonter.

    C’est lorsque j’étais étudiant, à Saint-Étienne, que j’ai rencontré l’islamisme. J’ai lu cette phrase d’un penseur des Frères musulmans, Sayyid Qutub  : “La nationalité du musulman, c’est sa foi.” J’ai alors cru tout résoudre  : je ne suis ni algérien, ni français, je suis musulman  ! Je pensais avoir enfin trouvé les réponses à mes questions. J’ai embrassé l’islam porté par les Frères musulmans.

    Engagés, prosélytes, mais foncièrement légalistes, nous utilisions tous les moyens législatifs et associatifs pour faire passer le message islamique. Nous étions alors en pleine guerre de Bosnie, dans les années 1990. J’étais tenté d’accomplir le djihad contre les Serbes, mais la confrérie m’a empêché d’y aller. Les Frères musulmans sont très hiérarchisés, très structurés. C’est leur côté positif  : en cadrant les individus, et en respectant l’ordre public, ils les empêchent souvent d’être des aventuriers incontrôlables. Je pense qu’ils ont évité à l’islam de France de basculer dans le salafisme révolutionnaire. S’il n’y avait pas les Frères musulmans, combien y aurait-il eu de Mohammed Merah  ?

    J’aurais pu continuer au sein de la confrérie, comme certains de mes amis, qui sont aujourd’hui cadres de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Pourtant, j’étais malheureux chez les Frères musulmans. Je ne partageais pas leur sentiment de surpuissance envers les “Français”, ces mécréants qui pataugent dans l’ignorance et l’idolâtrie de la nouvelle Babylone. Ce sentiment de surpuissance n’était pas de l’amour, cela ne correspondait pas à mon désir profond. Je suis devenu dépressif, j’ai émis des doutes sur le Coran. J’ai fini par quitter la confrérie. Cela a été une vraie souffrance pendant plusieurs années. [....]

    La suite dans Famille Chrétienne

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Malik-Bezouh-des-Freres-musulmans

  • « Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux »

    Le philosophe et historien Marcel Gauchet revient sur les origines de la violence terroriste. Entretien avec Nicolas Truong. Le Monde 22 novembre 2015. L’intégralité de la version « abonnés ». À lire…
    Comment penser les attaques du 13 novembre et ce déferlement de haine ?
    Marcel Gauchet. Cette violence terroriste nous est spontanément impensable parce qu’elle n’entre pas dans nos grilles de lecture habituelles. Nous savons bien sûr que c’est au nom de l’islamisme que les tueurs agissent, mais notre idée de la religion est tellement éloignée de pareille conduite que nous ne prenons pas cette motivation au sérieux.
    Nous allons tout de suite chercher des causes économiques et sociales. Or celles-ci jouent tout au plus un rôle de déclencheur.
    C’est bien à un phénomène religieux que nous avons affaire. Tant que nous ne regarderons pas ce fait en face, nous ne comprendrons pas ce qui nous arrive. Il nous demande de reconsidérer complètement ce que nous mettons sous le mot de religion et ce que représente le fondamentalisme religieux, en l’occurrence le fondamentalisme islamique.
    Car, si le fondamentalisme touche toutes les traditions religieuses, il y a une forte spécificité et une virulence particulière du fondamentalisme islamique. Si le phénomène nous échappe, à nous Européens d’aujourd’hui, c’est que nous sommes sortis de cette religiosité fondamentale. Il nous faut en retrouver le sens.
    Les réactivations fondamentalistes de l’islam sont-elles paradoxalement des soubresauts d’une sortie planétaire de la religion ?
    Oui, il est possible de résumer les choses de cette façon. Il ne faut évidemment pas réduire la sortie de la religion à la croyance ou à la « décroyance » personnelle des individus. C’est un phénomène qui engage l’organisation la plus profonde des sociétés.
    La religion a organisé la vie des sociétés et l’originalité moderne est d’échapper à cette organisation. Or, la sortie de cette organisation religieuse du monde se diffuse planétairement.
    Si le fondamentalisme touche toutes les traditions religieuses, il y a une forte spécificité et une virulence particulière du fondamentalisme islamique
    D’une certaine manière, on pourrait dire que c’est le sens dernier de la mondialisation. La mondialisation est une occidentalisation culturelle du globe sous l’aspect scientifique, technique et économique, mais ces aspects sont en fait des produits de la sortie occidentale de la religion. De sorte que leur diffusion impose à l’ensemble des sociétés une rupture avec l’organisation religieuse du monde.
    On ne voit pas immédiatement le lien entre le mode de pensée économique et scientifique et la sortie de la religion, et pourtant il est direct. Aussi ne faut-il pas s’étonner que la pénétration de cette modernité soit vécue dans certains contextes comme une agression culturelle provoquant une réactivation virulente d’un fonds religieux en train de se désagréger, mais toujours suffisamment présent pour pouvoir être mobilisé. Mais attention, fondamentalisme n’est pas ipso facto synonyme de terrorisme. Ce sont deux choses qui peuvent fonctionner séparément.
    Ne pourrait-on pas voir au contraire dans ce fondamentalisme musulman un réarmement du religieux ?
    C’est une hypothèse que l’on peut parfaitement formuler. Elle me semble démentie par les faits. Les sociétés européennes sont à la pointe, pour des raisons historiques, de la sortie de la religion. Ce sont donc elles qui devraient le plus souffrir de ce manque. Or les Européens peuvent être tourmentés à titre personnel par des questions d’ordre spirituel et beaucoup le sont, mais cette recherche ne prend absolument pas la forme d’un mouvement politique. Bien au contraire.
    Le spirituel dans les sociétés européennes relève typiquement de la part la plus intime des individus. Il les éloigne de la visée d’une action sur la société. Alors que le vrai fondamentalisme est un projet politique d’inspiration révolutionnaire. Le projet de remettre la religion au pouvoir dans la vie des sociétés, dans le cadre de l’islam, est aisément symbolisé par le retour de la charia, loi embrassant tous les aspects de la vie collective.
    Le fondamentalisme est un projet radical de société et c’est là toute la différence. C’est pourquoi certains comparent le fondamentalisme à un totalitarisme, ce qui ne me paraît pas éclairant. La religion est autre chose que les idéologies totalitaires qu’on a pu voir à l’œuvre dans notre histoire.
    Il ne faut « pas faire d’amalgame », ne cesse-t-on de répéter. Or ces actes − perpétrés au cri d’« Allahou akbar » − ont-ils tout de même à voir avec l’islam et le moment historique qu’il traverse ?
    Evidemment. Pas d’amalgame signifie qu’il ne faut pas incriminer de façon indifférenciée l’islam et accuser tous les musulmans de participer à ce phénomène. Mais, dans l’autre sens, on ne peut pas dire que l’islam n’a rien à voir là-dedans.
    Je répète que le fondamentalisme n’est pas propre à l’islam, il se manifeste dans toutes les traditions religieuses du monde, sous des formes plus ou moins activistes. Toutefois, on est bien obligé de constater que le fondamentalisme islamique est particulièrement prégnant et vigoureux. C’est là que le phénomène fondamentaliste a son expression la plus forte sur la planète aujourd’hui. Il faut donc s’interroger sur ce lien entre l’islam et ses expressions fondamentalistes. C’est quelque chose que l’on ne peut pas séparer de l’état des sociétés musulmanes et de leur situation particulière, notamment dans la région moyen-orientale.
    Pourquoi l’islamisme prend-il cette forme si radicale aujourd’hui ?
    Le premier point dont il faut se souvenir pour comprendre l’islamisme, c’est la proximité de l’islam avec nos propres traditions religieuses, juive et chrétienne. Vu d’Orient, du bouddhisme et du confucianisme, l’Occident est très exotique, il est très loin, ce sont deux mondes différents.
    Vu de l’islam, il est religieusement proche, et la proximité est plus dangereuse que la distance. Dans la proximité, il y a de la rivalité et de la concurrence. Or le tronc monothéiste sur lequel se greffe l’islam le met dans une position très particulière. Il est le dernier venu des monothéismes et se pense comme la clôture de l’invention monothéiste. Il réfléchit les religions qui l’ont précédé et prétend mettre un terme à ce qu’a été le parcours de cette révélation. Cette proximité le met dans une situation spontanément agonistique vis-à-vis des religions d’Occident.
    Le spirituel dans les sociétés européennes relève de la part la plus intime des individus. Il les éloigne de la visée d’une action sur la société. Alors que le vrai fondamentalisme est un projet politique d’inspiration révolutionnaire
    Il existe un ressentiment dans la conscience musulmane par rapport à une situation qui lui est incompréhensible. La religion la meilleure est en même temps celle d’une population qui a été dominée par les Occidentaux à travers le colonialisme et qui le reste économiquement. Cette position ne colle pas avec la conscience religieuse que les musulmans ont de leur propre place dans cette histoire sacrée. Il y a une conflictualité spécifique de la relation entre l’islam et les religions occidentales.
    Pourquoi ce fondamentalisme fascine-t-il tant une partie des jeunes des cités européennes paupérisées ?
    Le message fondamentaliste prend un autre sens une fois recyclé dans la situation de nos jeunes de banlieues. Il entre en résonance avec les difficultés de l’acculturation de cette jeunesse immigrée à une culture individualiste en rupture totale avec ses repères, y compris communautaires, qui viennent de sa tradition religieuse. Une culture individualiste, qui à la fois fascine les plus ébranlés et leur fait horreur, et je pense que c’est le cœur du processus mental qui fabrique le djihadiste occidental.
    C’est un converti, qui s’approprie la religion de l’extérieur et qui reste souvent très ignorant de la religion qu’il prétend s’approprier. Son aspiration par ce premier geste de rupture est de devenir un individu au sens occidental du mot, en commençant par ce geste fondateur qu’est la foi personnelle.
    Dans une religion traditionnelle, la foi personnelle compte moins que les rites observés et ce ritualisme est essentiel dans l’islam coutumier. C’est avec ce cadre que brise l’adhésion intensément personnelle du fondamentaliste. En même temps, cette adhésion très individuelle est un moyen de se nier comme individu, puisque l’on va se mettre au service d’une cause pour laquelle on donne sa vie. Cette contradiction exprime une souffrance très particulière, liée à une situation sociale et historique très spécifique. C’est dans cette zone que se détermine la trajectoire de ces jeunes gens qui nous sont si incompréhensibles.
    Dans ces quartiers si spécifiques du Xe et XIe arrondissements de Paris, il y avait deux jeunesses qui se faisaient face…
    Oui, un premier individualisme parfaitement tranquille, sans questions et qui se vit dans une hypersocialisation, et un second qui est vécu par une jeunesse très contradictoire, à la fois très au fait de cette réalité et complètement déstabilisée par elle. Le choix des cibles est très peu politique, mais très révélateur de ce qui constitue l’enjeu existentiel de ces jeunes. Ils ont tiré sur ce qu’ils connaissent, sur ce à quoi ils aspirent tout en le refusant radicalement. Ils se détruisent de ne pas pouvoir assumer le désir qu’ils en ont.
    C’est pour cette raison que vous écrivez que « le fondamentalisme est en dépit de tout et malgré lui une voie d’entrée à reculons dans la modernité » ?
    Il ne constitue pas pour moi une menace capable de remettre en question la manière d’être de nos sociétés. Bien sûr, il peut tuer beaucoup de gens, faire des dégâts épouvantables et créer des situations atroces, mais il ne représente pas une alternative en mesure de nous submerger. Affrontons-le pour ce qu’il est, sans lui prêter une puissance qu’il n’a pas.

    Marcel Gauchet

    http://contre-regard.com :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuVEZkVZEkKVPjKHPf.shtml

  • Les Soeurs Apostoliques de Saint-Jean et leur Joie de Vivre…

    Plus d’information sur ce beau projet … C’est ICI

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Une « messe de minuit » en 1794…

    (Sont indiqués entre parenthèses les noms que portent de nos jours les villages cités)

    L’histoire d’une messe de minuit que nous allons raconter s’est passée dans les moments les plus affreux de la Grande-Guerre, alors que le monde se croyait rendu à sa fin. La terre tremblait, les éléments étaient confondus, les nations éperdues se tordaient dans l’épouvante et la consternation, les démons déchaînés entraient dans le coeur des hommes pervers, les chefs s’habillaient de peaux d’hommes, s’abreuvaient de sang et se repaissaient de chair humaine. Ces monstruosités ont été commises, ces horreurs ont été vues, ici dans cette contrée, sur cette terre qui nous porte.

     Dans ces jours d’exécrable mémoire, la paroisse de Beaufou fut tout spécialement mise à feu et à sang. Elle devait cette haine des méchants à sa grande fidélité à la religion. Elle était la seule dans tout le pays où tout le monde, sans exception, était bon chrétien ; on n’y trouvait pas un seul ennemi du bon Dieu, pas l’ombre d’un traître.

     Une des bandes infernales venait de brûler une première fois l’église, le bourg, et de commettre des atrocités dans plusieurs villages. M. le curé Jousbert était persécuté par des espions des communes voisines qui voulaient le surprendre dans ses cachettes et le dénoncer aux Bleus.

    Un nommé Pichaud, surnommé la Navette, du Grand-Luc, venait fréquemment dans le bourg pour faire jaser ; on s’en défiait. Mais ces perfidies rendaient très périlleuse la célébration des sacrements. Il était bien difficile de tenir en grand secret le lieu où, le dimanche, se disait la sainte messe. M. le Curé pouvait plus commodément baptiser, confesser, voir les malades ; mais pour la sainte messe, il fallait bien désigner un endroit et le faire savoir au monde pour qu’on pût s’y assembler. Aussi, bon nombre de personnes se voyaient tristement privées d’y assister.

    A l’approche de la grande fête de Noël, la crainte de ne pouvoir la célébrer s’empara de l’esprit de plusieurs et fit couler des pleurs. Hélas ! disaient en se lamentant ces bonnes gens, que faisons-nous donc sur la terre ? Plus rien, plus de maisons, plus de biens, plus de joie, plus de repos, plus de religion, on nous enlève le Bon Dieu … Alors ils versaient des larmes amères …, puis, prenant leur chapelet à la main et le levant vers le ciel : « Sainte bonne Vierge, venez à notre aide … »

    Il est à croire que la bonne Vierge Marie, si ardemment invoquée, entendit leur prière, car il descendit du ciel dans l’âme du curé une pieuse pensée. Pendant une longue et pénible insomnie, il pensait à ses bons paroissiens, ce bon prêtre. – Le diable est bien fort, se dit-il tout d’un coup, mais la sainte Vierge Marie est bien plus forte encore. Eh bien ! je veux donner une messe de minuit à mes paroissiens ; mais une messe de minuit solennelle, une messe de minuit comme on n’en a jamais vue. Puis il se rendormit tranquillement sur cette pensée. C’était la nuit de la fête de l’Immaculée Conception de la sainte Vierge Marie. Il était couché dans une cachette sous terre, dans un buisson du bois de la Grève, près le village de la Canterie. C’était son logis du moment.

    A son réveil, il se rappela sa pensée et se décida à la mettre immédiatement à exécution. Il avait quinze jours devant lui ; pendant cette quinzaine, il dut visiter, sans interrompre ses autres fatigues, toutes les maisons, leur confiant tout bas son dessein et confessant toutes les personnes en âge de recevoir la sainte communion.

    Pas besoin n’était de demander si on voulait se confesser, ni de faire des préambules pour décider le monde. C’est le contraire qui eût étonné. Jamais visite de M. le Curé n’avait paru aussi agréable. L’annonce d’une messe de minuit fut accueillie avec une grande reconnaissance et apporta au milieu des tribulations qui torturaient les âmes un moment de joie et de consolation sensibles. Tout le monde s’y prépara par la prière, surtout par la récitation fervente du chapelet, prière favorite, et par des invocations réitérées au Sacré-Coeur de Jésus. M. le Curé annonçait que la cérémonie de la nuit et du jour de la fête se ferait dans le Bois des Rivières, non loin du village de Limonière (l’Imonière). Le secret de la messe et du lieu fut si bien gardé qu’aucun des espions qui sillonnaient les villages n’en connut rien si ce n’est après la fête. Tout allait donc pour le mieux et au gré de tous ; la fête s’annonçait comme devant être bien belle, surtout de dévotion. On en parlait déjà comme d’un jour du Paradis échappé sur la terre, quand l’enfer faillit faire évanouir toutes ces consolantes espérances. Hélas ! avec des âmes moins fortes et moins chrétiennes, avec des coeurs aussi lâche, qu’il y en a tant aujourd’hui, c’en était bien fait de la messe de minuit et de toute la sainte fête.

    Pendant tous ces pieux préparatifs, voilà qu’une nuit, une partie d’une colonne de Bleus, campée à la Roche-sur-Yon, passant par le Poiré, vint s’abattre sur les villages de la Chanussière (la Chamussière) et de la Morelière (la Morlière) et les mettre à feu et à sang. C’était dix jours avant la fête.

    En même temps, la nouvelle vint qu’une autre colonne de Bleus partait de Montaigu pour aller renforcer ceux qui étaient campés à la Roche. Heureusement, cette bande fut arrêtée et battue à plate-couture au Quatre-Chemins de l’Oie. Sans cette défaite, tous les hommes armés de la paroisse auraient été appelés immédiatement aux armes et la messe de minuit fût devenue impossible pour les femmes et les enfants abandonnés à eux-mêmes. Un autre contre-temps menaçait encore de tout troubler. Une pluie, une pluie glaciale tombait tous les jours, et pour peu qu’elle continuât elle rendrait les chemins impraticables et la cérémonie impossible dans un bois. Tout autre que M. le Curé Jousbert eût probablement perdu courage. Il y avait de quoi, et assurément il n’en faudrait pas autant aujourd’hui pour dégoûter tout le monde. Avec de belles routes qui permettent de marcher les yeux fermés, avec une église où l’on trouve un solide abri, et toutes les aises, avec toutes les facilités possibles de recevoir les sacrements, combien qui reculent, qui ne daignent même pas bouger ? Combien qui profaneront cette sainte fête, par une criminelle absence ! Il est vrai que les chrétiens d’autrefois étaient de solides chrétiens et que la plupart des chrétiens de ce jour, ayant changé de couleur, regardent du côté des impies et n’appartiennent point au Bon Dieu.

    Les paroissiens de Beaufou imitèrent leur curé ; ils ne perdirent point confiance. La sainte Vierge Marie récompensa leur piété en leur permettant de goûter tous les délices de la messe de minuit qui leur avait été promise. Les hommes du bourg et des environs repoussèrent les bleus de la Morelière. La bande des autres ayant été vaincue aux Quatre-Chemins, les hommes de la paroisse ne furent point appelés aux armes et quatre jours avant la fête, le vent, sautant au nord, chassa la pluie ; un froid sec sécha la terre, il gela très fort et un temps tout à fait clair vint embellir la fête. D’ailleurs, tout était prêt pour la circonstance, les coeurs bien disposés et une église bâtie, voici comment :

    Plusieurs jeunes gens des environs, toujours prêts quand il s’agissait de faire une bonne chose, eurent bien vite construit cette petite église improvisée pour un jour, juste au beau milieu du Bois des Rivières. Un espace convenable pour contenir les assistants fut déblayé. Le bois était vieux. D’un arbre à l’autre on suspendit nombre de longues perches recouvertes de genêts et de bruyères. On massa de grandes branches sur les côtés pour arrêter le vent. Des bruyères hachées formaient le carrelage ; un tout petit autel fut dressé à l’extrémité, du côté du soleil levant. Une journée suffit pour élever ce petit temple dans lequel on pouvait encore attendre une bonne pluie et ne pas trop s’apercevoir du froid, mais surtout prier en tranquillité.

    Le plus difficile était d’arriver là. M. le Curé avait décidé que les deux tiers des grandes personnes assisteraient à la messe de minuit ; les autres, restant à garder les villages, viendraient à la messe du jour, étant remplacés à leur tour par une partie des assistants de la nuit ; pour éviter tout soupçons, il fallait éviter de marcher par bandes et de prendre les mêmes chemins. Les plus éloignés partirent la veille, au matin. Beaucoup firent semblant d’avoir des affaires ailleurs ; puis, quand on arrivait assez près du bois, on le contournait de façon à dérouter les traîtres, s’il y en avait eu sur le passage.

    Par une attention toute pleine d’une sage prudence, M. le Curé avait désigné une quinzaine d’hommes, postés à une certaine distance autour du bois, qui devaient avertir en cas de danger et en donner le signal en tirant des coups de fusil. Les premiers venus préparèrent des cachettes dans le bois et les buissons des champs voisins pour les personnes qui voudraient prendre un peu de repos. A dix heures, tout le monde était arrivé et l petite église entièrement remplie. Le plus grand silence régnait cependant au milieu de cette foule, ou, si l’on parlait, on le faisait discrètement et à voix basse. Il y avait tant de précautions à prendre, et l’on n’oubliait pas qu’on était à cette même heure au plus fort des orgies sanguinaires de la Révolution : que de malheurs un seul cri échappé pouvait attirer sur cette assemblée ! …

    Les étoiles scintillaient au ciel ; un petit vent froid et sec, venant du Nord, soufflait dans les branches et jetait dans les airs un murmure sonore qui portait au recueillement ; deux bouts de cierges éclairaient le petit autel et de distance en distance, au milieu de la foule, des torches de bois résineux, plantées en terre en guise d’illuminations, prêtaient leur vacillante lumière aux personnes qui lisaient des prières.

    Quel touchant spectacle offrait cette petite assemblée aux regards du ciel et de la terre ! On dit que les anges descendirent du paradis pour les contempler. C’était en effet le seul endroit en France, où pendant cette nuit sainte s’offrait l’adorable sacrifice de la messe de minuit ; le seul lieu où il était possible à des hommes d’adorer ensemble le Dieu rédempteur du monde.

    Alors que l’Europe entière était en feu, que le sol de la France bouleversé par la plus horrible tempête tremblait sous les pas, que les églises étaient brûlées, la religion proscrite, le nom du Bon Dieu profané ; alors que la prière était un crime et que de toutes parts la guillotine abattait les têtes des chrétiens, dans cette humble paroisse du Bocage, en pleine nuit, sous la rigueur d’un froid glacial, au milieu d’un bois, tout un petit peuple bravant la fusillade et les canons, à genoux devant un autel champêtre, en adoration devant son Dieu, affirmant sa foi, fortifiant ses espérances et offrant à son Sauveur des coeurs du plus fidèle amour !!! Spectacle sans précédent dans l’histoire.

    le Curé commença la cérémonie par la sainte prière aimée de tous, le chapelet, suivi d’invocations au Coeur de Jésus. Puis avec une vive émotion, il souhaita la bienvenue à ses bien-aimés paroissiens accourus si ponctuellement à sa voix ; ensuite il leur parla du grand mystère qui s’était accompli en pareille nuit, bien des siècles auparavant, dans l’étable de Béthléem.

    La Sainte Vierge Marie et saint Joseph rebutés du monde, repoussés des hommes, obligés de fuir et d’errer de porte en porte, ne trouvèrent enfin pour s’abriter qu’un pauvre réduit, une méchante étable ouverte à tous les vents. Le bon Dieu permit qu’il en fût ainsi. Joseph et Marie s’y soumirent sans murmurer. Le ciel les en récompensa en leur donnant le saint Enfant Jésus : « Vous aussi, mes chers enfants, s’écrie M. le Curé avec un élan sublime, vous êtes chassés du monde, les hommes vous rebutent, vous poursuivent. Vous errez dans les bois et les déserts. Voici que maintenant cette humble grotte vous abrite ; comme Joseph et Marie, vous n’avez pas d’autre refuge ; le bon Dieu permet qu’il en soit ainsi ; comme Joseph et Marie, acceptez avec amour les saintes dispositions de la divine Providence, et comme eux vous recevrez la même récompense : le saint Enfant Jésus vous sera donné dans cette pauvre étable ; vous allez recevoir votre Dieu. »

    On ne saurait se faire une idée de l’impression que fit sur tous les esprits ce sermon si approprié aux circonstances. Il se produisit un mouvement d’émotion tel, que M. le Curé interrompit la cérémonie pour laisser un libre cours aux élans de piété et de dévotion qu’on avait besoin de se communiquer les uns aux autres. On parlait, mais c’était pour dire ses sentiments d’amour pour le bon Dieu ; on pleurait, mais c’était des larmes de joie ; on tressaillait, mais c’était de contentement et de bonheur : pas un seul en ce moment qui eût consenti à échanger sa place pour une autre. « Oui, répétaient et répétaient toutes ces bonnes gens, malgré le monde, malgré l’enfer, vive Dieu ! Nous serons chrétiens quand même ! ».

    Le Curé chanta la messe, mais à demi-voix.

    Que de ferventes prières s’élevèrent cette nuit-là de ce petit bois vers le ciel ! Seuls, pourraient nous le dire les Anges gardiens qui les présentèrent au Seigneur au pied de son trône éternel.

    Tous les assistants, les enfants exceptés, s’approchaient de la Table sainte. Qui eût osé se trouver là sans recevoir le Bon Dieu ? Elle fut sainte cette communion ! Ils étaient purs ces coeurs d’hommes, ces coeurs de femmes, tous les coeurs de cette jeunesse accourue au pied de cet autel au prix de tant de sacrifices !

    L’histoire nous apprend que la sainte Vierge Marie, aussitôt la naissance de son divin enfant, après l’avoir pressé sur son coeur, le remit entre les bras de saint Joseph, et tandis que saint Joseph, dans les élans d’un inexprimable amour, le pressait aussi sur sa poitrine, l’adorable petit enfant passa ses petits bras autour du cou du saint patriarche et le pressa affectueusement sur son adorable petit coeur.

    Nul doute, assurément, qu’une semblable faveur n’ait été accordée en ce moment à ces généreux chrétiens. Ils en étaient dignes. Qu’il était beau de voir ces rudes visages, ces valeureux combattants se relevant de la Table sainte en laissant tomber de leurs yeux des larmes brûlantes d’amour qui descendaient s’égarer dans leur longue barbe touffue et agreste ! Que d’actes d’amour dans cette sainte et petite assemblée, dans tous ces coeurs abrités sous la sainte image du coeur adorable de Jésus.

     C’était bien l’Église catholique des premiers jours, alors que l’Esprit saint descendait en langues enflammées dans le coeur de ses fidèles.

     Le monde ne le vit pas, mais la cour céleste le contempla du haut du ciel.

    Après la messe, deux vieillards vénérables par leur âge et leurs cheveux blancs, l’un du bourg, l’autre de l’Hardouinière (l’Ardouinère de Belleville-sur-Vie), s’approchèrent de l’autel. Ils remercièrent au nom de tous M. le Curé du bonheur qu’il leur donnait dans cette nuit ; puis d’une voix fortement émue : « Monsieur le Curé, s’écrièrent-ils, maintenant laissez-nous faire. Nous avons le Bon Dieu avec nous, nous ne craignons plus rien. – Eh bien ! oui, mes amis ; répond M. le Curé : Vive le Saint-Enfant Jésus ! »

    Il fallait y être, nous dit une personne qui y était présente ; nous étions comme fous de joie et de bonheur. Nous ne craignions plus rien ; nous n’avions peur de rien. Les Bleus seraient venus que nous aurions chanté quand même. Nous chantions tous de notre plus grosse voix ; les vieux, les jeunes hommes, tout le monde, les femmes et les enfants comme les autres. Les uns étaient accroupis, les autres à genoux, d’autres debout ; on se remuait mais sans se gêner ; on chantait, mais tous ensemble : « Vive le Saint-Enfant Jésus ! … Vive le Saint-Enfant Jésus ! … » On devait nous entendre bien loin.

    Les hommes qui montaient la garde eurent tout d’abord grand peur, croyant que les Bleus étaient tombés sur nous autres. Mais quand ils comprirent nos chants ils firent comme nous et se mirent à chanter eux aussi. Oh ! qu’il y avait longtemps qu’on avait entendu chanter de cantiques dans les champs ! On chanta jusqu’à l’aurore. Alors, M. le Curé fit partir tous ceux qui devaient remplacer les autres, demeurés à garder les villages. Ceux qui avaient le bonheur de rester jusqu’au soir, s’égapillèrent dans le bois ou le long des haies des champs voisins pour s’y reposer un peu. On alluma, dans plusieurs endroits des champs, de grands feux pour se chauffer, car il faisait bien froid. Le bois ne manquait pas, les nobles dames de la Voisinière (la Vézinière) ayant permis d’en prendre à volonté.

    Au lever du soleil, dont les rayons perlaient entre les branches des arbres, M. le Curé dit une seconde messe, appelée la messe des bergers, pour les hommes qui avaient monté la garde pendant la nuit et qui étaient remplacés par d’autres, et aussi pour quelques infirmes qui, à leur grand chagrin, n’avaient pu venir pendant la nuit.

    A dix heures commença la grand’messe qui fut chantée à haute voix. On ne craignait plus rien. Les hommes chantèrent deux fois le Credo. Ils tenaient à affirmer leur foi en Dieu et à le dire bien haut. Ils auraient bien voulu, si c’eût été possible, le faire entendre à tous les Bleus, à tous les impies de France et du monde entier.

    Le monde, alors, n’entendit pas leurs voix, mais le monde sut, après, que ce petit peuple était bien, en toute vérité, un peuple chrétien, chrétien en paroles, chrétien en actions, chrétien quand même, chrétien toujours.

    Abbé FAUCHERON, La Vendée Historique – 1902

    Source : Chemins secrets

    http://www.contre-info.com/une-messe-de-minuit-en-1794#more-40403

  • 7 films à voir ou à revoir sur la Foi catholique

    "Votre saison est en croix, si je puis dire". Se rêvant très certainement en humoriste noir, à défaut d'être Président de la République, voilà ce que déclare François Hollande, en juin 2013, aux habitants de Lourdes qui ont les pieds dans l'eau peu avant le début de la saison touristique. Allez, blague un peu lourde ou Lourdes, c'est selon, dirons-nous... Lourde, de mauvais goût mais assez révélatrice d'un certain esprit. Des Pères Noël et des Saint Nicolas bannis au nom de la laïcité, des crèches interdites de construction pour ne pas choquer, des pendentifs figurant une croix catholique priés de demeurer cachés sous les vêtements, les signes ostentatoires de christianophobie s'affranchissent chaque jour de l'antichambre laïcarde. Politique, médias, finance, justice, des apôtres du Grand remplacement, il s'en trouve aisément parmi les élites prêtes à collaborer. Il s'en trouve d'ailleurs même au sein de l'Eglise : le clergé de Notre-Dame de Paris qui renonce à dresser le sapin de Noël, mais encore la Conférence des évêques si prompte à dénoncer tout graffiti islamophobe sur une mosquée, geste certes imbécile s'il en est, et si silencieuse à la découverte quasi-quotidienne de diverses profanations antichrétiennes. Un peu de peur, beaucoup de bêtise et d'asservissement. L'armée n'est plus la seule Grande muette ! Le problème, c'est que l'Eglise, on ne lui avait rien demandé... Finalement, l'Eglise, elle aussi, a accepté sa mort par substitution, le clergé se révélant de plus en plus coupé des préoccupations de ses ouailles. Au geste kamikaze d'un islamiste qui se fait sauter au Bataclan, s'oppose la passivité du catholique qui a accepté qu'on vienne lui donner la mort après avoir tendu la joue gauche au bourreau qu'il a lui-même invité à commettre son forfait. Curieux masochisme... Face à la trahison des clercs, c'est aux fidèles que revient le devoir de s'affirmer en tant que catholiques. L'avenir de la Chrétienté ne doit pas seulement résider dans sa volonté de désigner l'ennemi, pour reprendre une conception schmittienne. Il s'agit surtout de réaffirmer sa propre identité innée et positive, de manière radicale peut-être, extrémiste jamais. Laissons cela aux ennemis de la Foi et de l'intelligence. Car il n'y a pas de gloire à tuer au nom de Dieu, mais bien une immense à mourir pour Lui. Etre un martyr au sens étymologique du terme signifie porter témoignage de sa foi. Porter témoignage de sa foi..., c'est ce qu'il nous sera permis de découvrir dans chacun de ces sept films traitant de la croyance sous différents aspects, parfois à la limite de l'anticléricalisme, mais présentant une manière propre d'être chrétien. 

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    L'APÔTRE

    Film français de Cheyenne Carron (2014)

    La sœur d'un prêtre catholique est assassinée par un voisin. Malgré la douleur, le prêtre continue de vivre et exercer son ministère auprès de la famille de l'assassin, comprenant que cela les aide eux-aussi à surmonter le drame. Rien qui ne concerne Akim, jeune musulman destiné à épouser la vocation d'imam en compagnie de son frère Youssef, au caractère plus ombrageux. La pratique religieuse d'un islam modéré tient une place importante pour Akim et sa famille. Pourtant, interpellé par la force charitable du prêtre, Akim est bientôt touché par l'amour du Christ et s'engage dans le chemin de la conversion au catholicisme. Akim annonce à l'ensemble de la famille sa volonté de se faire baptiser. Youssef, ses proches et l'ensemble de la communauté musulmane s'opposent à la décision d'Akim l'apostat...

    Voilà un film qui n'est pas passé inaperçu et que, paradoxalement, presque personne n'a vu lors de sa sortie en salles. Et pour cause ! Dans le contexte des attentats de Charlie Hebdo, la couardise de la Sécurité intérieure imposa la déprogrammation de celui-ci de plusieurs salles. Aussi trouillards, nombre d'exploitants de salles préférèrent tout simplement boycotter le film. Un film que d'aucuns auraient d'ailleurs préféré qu'il ne voit jamais le jour. Surtout le Centre National du Cinéma qui refusa tout simplement de participer au financement de l'œuvre ! La conversion à l'Islam de Français autochtones est perçue comme un formidable phénomène d'intégration, mais l'inverse, pensez donc ? Il ne fut pas difficile de trouver des charrettes de vierges effarouchées athées et bien-pensantes pour voir la patte du racisme le plus islamophobe et analyser le film comme une opposition entre l'intolérance musulmane et la sagesse chrétienne. Le grand effet pervers de toute cette polémique, c'est que finalement, la parfaite maîtrise de cette œuvre bouleversante n'est jamais évoquée. Les écueils sont nombreux lorsqu'on filme un sujet tabou. C'est toute la force de Carron de tenir un propos mesuré et nuancé, mais déterminé, sur l'identité des religions catholique et musulmane. Les dialogues qui offrent une large part à l'improvisation renforcent la qualité du scénario. Comme l'indique la cinéaste dans l'interview qu'elle accorde au Cercle Non Conforme, le début du film fait clairement référence à l'assassinat, par strangulation, de la sœur du prêtre par un voisin musulman d'origine marocaine. La réalisatrice, alors âgée de 19 ans, résidait dans ce même village... Film à voir obligatoirement ! 

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    BONTE DIVINE

    Titre original : Svećenikova djeca

    Film croate de Vinko Brešan (2013)

    Don Fabijan est un jeune prêtre fraichement débarqué sur une petite île dalmatienne pour exercer son ministère dans la paroisse insulaire. Si les enterrements se succèdent, le jeune prêtre est très rapidement intrigué par le catastrophique taux de natalité au sein de sa communauté de paroissiens. L'île meurt. L'explication vient peut être du fort nombre de préservatifs vendus par Petar, le tenancier du kiosque local. Très pieux, Petar accepte la proposition peu commune du prêtre. Les deux hommes se mettent bientôt à percer finement tous les préservatifs vendus par le kiosquier. Le pharmacien s'associe à l'initiative en remplaçant les pilules contraceptives par des vitamines. Bien évidemment, les naissances inattendues, et parfois illégitimes, abondent rapidement. La télévision s'intéresse immédiatement à la vigueur procréatrice des îliens. Croyant à un miracle et venant du monde entier, une foule inattendue de couples ne parvenant pas à enfanter débarque sur l'île...

    Cinquième long-métrage du réalisateur, Brešan livre une curieuse comédie satirique sur ce père qui n'est pas avare de méthodes originales et radicales pour faire appliquer les préceptes du Vatican en matière de contraception. Qu'on ne s'y trompe pas ! Les ambitions de Brešan ne sont nullement spirituelles. Bien au contraire... Le film entend bien dénoncer le pouvoir de l'Eglise catholique de Croatie sur une population fortement teintée de sentiments xénophobes, de même que le scandale de la pédophilie au sein de l'institution. Projeté en festival dès 2013, le film ne sortit en salles en France que deux années plus tard et bénéficia du parrainage bien peu inspiré de Charlie Hebdo quelques jours avant les attentats. Un film anticlérical donc ? Le film comporte tant de faiblesses et tombe si facilement dans la caricature qu'il manque son but. Et on ne peut finalement que se prendre de sympathie pour ce jeune prêtre naïf et soucieux de relancer la natalité de son île moribonde. 

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    CRISTEROS, UN COMBAT POUR LA LIBERTE

    Titre original : For greater glory : the true story of Cristiada

    Film mexicain de Dean Wright (2012)

    1926, le peuple mexicain se soulève après la promulgation des lois anticléricales du président Plutarco Elias Callès qui interdisent la pratique de toutes les religions dans le pays. Des prêtres étrangers sont expulsés tandis que les réfractaires sont assassinés. Les Cristeros, soldats du Christ, vont bientôt rassembler des hommes et des femmes, de toutes conditions, soucieux de lutter, armes à la main, contre les mesures de persécution du gouvernement et pour leur foi catholique. A leur tête, le général Enrique Gorostieta Velarde qui commande ses combattants de la foi. Âgé de treize ans, José Sanchez del Rio est l'un des jeunes héros de cette troupe qui, pendant trois années, va mener la révolte contre les Fédéraux du sinistre Callès... Vive le Christ Roi !

    Sorti en 2012 au Mexique, le film aura mis deux années à traverser l'Atlantique et à créer la polémique, quelques mois avant L'Apôtre, au simple motif qu'il s'agit d'un film ne cachant nullement sa volonté de rendre hommage aux soldats du Christ. Cela fut suffisant pour provoquer des cris d'orfraie parmi nombre de critiques cinéma. Œuvre de propagande ratée, manichéenne, banale, révisionniste..., les qualificatifs ne manquent pas ; la palme revenant à l'amalgame entre film chrétien et crétin. Pourquoi pas après tout ! Et si Cristeros était un mauvais film ? S'il est vrai qu'il contient quelques longueurs et faiblesses dans la réalisation, Cristeros s'avère être une excellente et spectaculaire réalisation qui en fait même parfois un western trop hollywoodien ! Et le film est beaucoup plus mesuré qu'indiqué par l'intelligentsia de la critique. Wright n'omet nullement de dénoncer l'attitude ambigüe des autorités vaticanes, en même temps que l'odieux crime commis par les Cristeros qui incendièrent un train rempli de ses occupants. Et Callès est justement campé dans son personnage de président patriote de gauche sincère mais aveuglé par sa haine des religions. L'unanimité de la critique est suspecte et révélatrice d'une christianophobie rampante en France. Cristerosn'a pas à être un bon ou un mauvais film parce qu'il est catholique. Il est un bon film parce qu'il est un bon film. C'est parfois aussi simple que cela ! Peter O'Toole, enfin, est éclatant dans ce qui est son dernier rôle. 

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    DES HOMMES ET DES DIEUX

    Film français de Xavier Beauvois (2010)

    Le petit village isolé de Tibhirine, Algérie, dans les années 1990. Au milieu des montagnes de l'Atlas, une petite communauté de moines cisterciens est installée dans le monastère. Chaque jour, les huit moines mènent une vie simple et austère, rythmée par la prière et le travail de la terre. Loin de tout repli sur elle-même, la communauté cistercienne accorde toute son aide aux villageois arabes les plus démunis, en même temps qu'elle prodigue des soins aux malades. Si l'harmonie est parfaite avec les voisins, la situation se dégrade brusquement. La violence islamiste gagne progressivement les alentours. De nombreux civils sont assassinés par les intégristes. Des travailleurs croates sont bientôt retrouvés égorgés non loin du prieuré. L'armée algérienne propose à la communauté religieuse sa protection, ce que cette dernière décline. Assaillis par le doute, se pose, pour les moines, la question de partir et abandonner les villageois ou rester et risquer sa vie...

    Librement inspirée de l'assassinat des moines cisterciens de Tibhirine, Beauvois livre une œuvre d'une terrifiante beauté austère et retrace la vie quotidienne de la communauté de 1993 jusqu'à leur enlèvement trois années plus tard par le Groupe Islamique Armé. Seules les têtes décapitées de sept moines seront retrouvées un mois plus tard. Nulle trace des corps. On ne peut rester qu'ébahi devant la dignité de ces hommes de foi malgré le drame sacrificiel qui se rapproche inéluctablement. Beauvois retrace avec une force inouïe les doutes et les peurs qui ne manquèrent pas de harceler ces hommes. La scène du repas lors de laquelle les moines s'autorisent un verre d'alcool est d'une force indicible. Afin d'éviter toute vaine polémique et faire se concentrer le regard du spectateur sur la foi qui portait la communauté, le réalisateur se garde bien de filmer l'assassinat des moines. En effet, il se pourrait que l'armée algérienne n'ait pas les fesses propres... Presque vingt années plus tard, les familles des martyrs ne connaissent toujours pas l'identité des assassins, ni ce que sont devenus les corps. Et Jacques Chirac s'est montré bien timide lorsqu'il s'est agi de demander des comptes. Ce film est un chef-d'œuvre ! 

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    LEON MORIN, PRÊTRE

    Film français de Jean-Pierre Melville (1961)

    Une petite ville des Alpes sous l'Occupation. Barny, la veuve d'un soldat juif et communiste, tué en 1940, s'est réfugiée avec sa fille France dans la cité. Athée et ancienne militante marxiste, elle entreprend de pénétrer dans un confessionnal et défier l'abbé Morin sur le terrain de la foi en proclamant l'absurdité de la religion. Mais c'est elle qui est rapidement décontenancée par l'intelligence du prêtre, au point que la jeune femme songe à embrasser la religion catholique. A plus forte raison lorsqu'elle découvre que le prêtre progressiste permet à des juifs de se cacher et critique ouvertement l'embourgeoisement de sa hiérarchie. Mais cette soudaine volonté de conversion est peut être motivée par de mauvaises raisons. Barny est une jeune femme passionnée. Aussi, une amie de la veuve ouvre-t-elle ses yeux. Elle est amoureuse de l'abbé...

    Adapté du roman éponyme de Béatrix Beck, l'athée Melville réalise un film émouvant et sobre sur les thèmes de la fascination et de la tentation. Certainement, l'ambition du réalisateur n'est-elle pas de réaliser une œuvre sur la foi, reléguée progressivement au second plan au profit du jeu de séduction auquel l'abbé refuse de succomber, n'appartenant qu'à Dieu, au grand dam de la prétendante. Parfois trop bavard et monotone, les joutes idéologiques ne manquent néanmoins pas de jeter le trouble sur le spectateur. Un film didactique et dialectique, ça n'est pas si courant ! Emmanuelle Riva est très convaincante et que dire de Jean-Paul Belmondo dans ce rôle, ô combien, inattendu. Ajoutons enfin la vision très nuancée d'une société française sous occupation italienne puis allemande. 

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    MARCELIN, PAIN ET VIN

    Titre original : Marcelino, pan y vino

    Film espagnol de Ladislao Vajda (1955)

    En Espagne, après le départ des troupes napoléoniennes. Un bébé est déposé devant la porte d'une abbaye détruite par les combats et dont les moines font leur couvent. L'enfant est recueilli temporairement par les frères, chargés par le supérieur, de trouver une famille d'adoption. Mais nombre de familles refusent et celles qui acceptent ne plaisent pas aux moines. Marcelin grandira donc à l'abbaye et fait la joie de sa communauté d'adoption, même s'il se sent parfois bien seul dans cet environnement exclusivement masculin. Avec son ami imaginaire Manuel, le malicieux Marcelin brave l'interdiction faite de monter au grenier et découvre un grand Christ en croix qui l'effraie beaucoup et qu'il prend bientôt en pitié. Le Christ semble souffrir. Décidé à en faire son ami, Marcelin monte chaque jour au grenier nourrir le crucifié en croix de pain et de vin. Le miracle se produit lorsque le Christ lui accorde la réalisation d'un souhait...

    Hongrois de naissance émigré en Espagne, Vajda livre ici une réalisation forte sur la religion bien que Marcelin ne soit pas qu'une œuvre mystique. Marcelin n'est pas un faiseur de miracles, il est le miracle accordé par le Christ. La scène est d'ailleurs magnifiée par la sobriété du réalisateur et ne peut laisser insensible le spectateur. Le petit Pablito Calvo qui interprète le rôle principal offre un jeu merveilleux et fin de tendresse, d'humour et de malice. Film archétypal de la production cinématographique franquiste qui exaltait les notions de la famille, de la Nation et de la religion. Une œuvre poétique et humaniste à redécouvrir !

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    MISSION

    Titre original : The Mission

    Film américain de Roland Joffé (1986)

    En 1750 en Amérique du Sud. Le cardinal Altamirano, visiteur apostolique des missions jésuites, écrit son rapport à Sa Sainteté et décrit l'action évangélisatrice menée par le Père Gabriel dans la forêt tropicale auprès des Amérindiens Guaranis. La musique, par la création d'écoles musicales, joue un rôle primordial dans la conversion des indigènes. Accompagné par Mendoza, ancien meurtrier et trafiquant d'esclaves repenti cherchant la Rédemption, Altamirano visite plusieurs missions. Mais ce dernier est, en réalité, porteur de mauvaises nouvelles. Il est ordonné aux Jésuites de quitter ces territoires autonomes, bientôt dévolus au Portugal, à l'issue des accords signés avec les espagnols pour le partage des terres. Les Jésuites refusent d'abandonner les Guaranis et organisent la résistance...

    Joffé est un coutumier des films historiques dans lesquels le rêve aventurier s'oppose au réalisme politique. La présente réalisation est ainsi une très intéressante œuvre historique, politique et religieuse sur les missions évangéliques jésuites dont l'action est sacrifiée sur l'autel de simples considérations territoriales décidées à plusieurs milliers de kilomètres de ces territoires autonomes. Le milieu du 18ème siècle voit une action vaste être menée contre les Jésuites en France, Espagne et Portugal, allant jusqu'à leur exclusion. Tiraillé entre le respect de la hiérarchie et une croyance supérieure en la nécessité de la conversion des païens, doublée d'un intérêt sincère à l'égard des Indiens, la réalisation de Joffé sublime le sacrifice. Robert de Niro et Jeremy Irons sont parfaitement convaincants bien que le film eût pu gagner en intensité et en force. Les protagonistes peuvent parfois, en effet, sembler être de simples éléments du décor parmi le décor. Il est vrai que les paysages sont à couper le souffle. A voir !

    Virgile / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

  • « La question religieuse au XXIe siècle / Géopolitique et crise de la postmodernité » Par Georges Corm

    Quest.relig._.jpgLa question religieuse au XXIe siècle se pose à juste titre tant les événements récents sur la scène politique internationale sont marqués par la résurgence de l'islam et l'agressivité de mouvements s'en réclamant dans de nombreuses parties du Proche-Orient et de l'Afrique. L'islam s'affirme également avec fermeté dans des régions du monde où il était jusque-là inexistant. L'irruption de cette religion dans la vie politique et sociale des Etats européens et plus particulièrement en France remet à l'ordre du jour la place des religions dans nos sociétés modernes.
    De ce fait, l'ouvrage de Georges Corm, économiste, historien, consultant auprès de divers organismes internationaux mais aussi professeur d'université, suscite d'emblée l'intérêt. Hélas, non seulement l'approche de Georges Corm n'est pas à la hauteur du sujet et ne répond à aucune des questions fondamentales qui se posent aujourd'hui dans ce domaine mais glisse de façon pernicieuse vers le procès à charge de l'Occident déjà si souvent instruit par les tenants de la repentance.
    De nombreux faits historiques sont abordés par l'auteur mais l'analyse qu'il en fait manque de pertinence et ceux-ci mériteraient un développement plus poussé qui aurait apporté à l'ouvrage tout son intérêt. Son carcan idéologique l'empêche d'apprécier à leur juste mesure des faits qui sont à l'origine des changements majeurs qu'il ne parvient pas à appréhender.
    En effet, partant du constat d'un « retournement des valeurs » d'un monde sans dieu vers un « retour » du religieux, Georges Corm estime que « l'idée religieuse semble vouloir tout envelopper ». Pour lui ce « retournement » se produit dès la fin des années 1970 où, pour l'Occident, « un mouvement fort se manifeste aux Etats-Unis, sous l'impulsion du président Jimmy Carter, pour célébrer officiellement la mémoire de la “destruction des juifs d'Europe” par le nazisme ». Le besoin de commémoration conduit au retour aux « racines, à l'identité première, en bref, à la matrice religieuse ». L'auteur aurait dû développer ce point de vue qui mérite discussion et devrait comprendre que ne se trouve pas là uniquement la « matrice religieuse » mais une approche plus complexe de la tradition et de la mémoire, notamment en Europe.
    Très justement, cependant, dans son analyse du monothéisme il note que le « mécanisme intégrateur que l'Empire romain sut utiliser à la perfection se heurta à l'intransigeance du monothéisme juif d'abord, puis au refus chrétien de prêter serment à l'empereur ; il a disparu lorsque le christianisme devint religion officielle de l'Empire ». Ainsi, les religions révélées portent en elles l'intolérance. Ces religions sont totalitaires. Cette approche aurait mérité d'être approfondie mais, là encore, l'auteur reste superficiel. Plutôt que de développer ces différents thèmes Georges Corm axe son approche sur une prétendue analyse de la religion et de la violence en Occident.
    Les changements survenus durant les trente dernières années ont généré un malaise identitaire qui implique, selon lui, un retour du religieux. Ce retour au religieux serait facilité par la remise en cause du patrimoine révolutionnaire français : « C'est bien le sens du travail sur la Révolution française de François Furet et de ses disciples, qui s'efforcent de “déconstruire” les grandes mythologies républicaines à couleur jacobine dont sont issues les idéologies de la gauche française de la fin du XIXe siècle à la fin du XXe siècle » qui ouvre la voie au retour du religieux. Plus loin (p. 33), Georges Corm va plus loin et parle de « révision de l'histoire » de la part de F. Furet. Il réitère ces propos (p. 128) en évoquant « le “révisionnisme” sur les apports de la Révolution française ». Le choix de ces termes est sans équivoque. Nous savons très bien quels sont la connotation et le poids de ces termes : par là, Georges Corm cherche délibérément à discréditer toute analyse critique de la Révolution française et donc à défendre des dogmes comme l'ont fait les moines ignorants thuriféraires de l'Inquisition qu'il compte dénoncer quelques pages plus loin. Il est clair que l'auteur n'entend pas mener une analyse sur la situation actuelle et la résurgence des religions mais qu'il veut défendre un point de vue idéologique et combattre, souvent de façon maladroite, la remise en cause de ces dogmes. Si la Révolution française n'a pas le monopole de la violence et si d'autres systèmes « totalitaires » l'ont précédée (Inquisition, Guerres de religions), il n'en demeure pas moins que son système était totalitaire, sans échappatoire, que l'on était suspect en raison de ses origines (noblesse), quel que soit l'âge (des fillettes de treize ans ont été décapitées) et qu'est apparu un embryon de système concentrationnaire – parcage des suspects avant exécution.
    L'acharnement de Georges Corm à l'encontre des historiens analysant la Révolution française de façon critique, notamment contre François Furet, tourne à l'obsession. Le procès en sorcellerie n'est pas loin.
    Manifestement, le changement des mentalités et la remise en cause des idéologies de gauche dominantes révoltent l'auteur. C'est de façon pathétique et partisane qu'il tente de s'opposer à l'effondrement du monde qu'il a connu et auquel il a adhéré. Il ne parvient pas à comprendre l'évolution actuelle et à adapter son analyse. Ainsi, son raisonnement est faussé par le manque d'analyse sur des points essentiels comme « la recherche des racines », l'identité et le lien avec les ancêtres (p. 43). Il accorde une place trop importante au phénomène religieux en ce début du XXIe siècle sans pour autant mener une analyse globale approfondie. Cette recherche des racines va au-delà et reste marquée par la conception laïque du XXe siècle. De même, ne pas faire de distinction nette entre les Etats-Unis et l'Europe dans ce domaine particulier c'est manquer singulièrement de pertinence.
    La raison en est simple : l'auteur, malgré et sous le prétexte d'analyse historique, ne cherche pas à comprendre les raisons des changements mais à faire le procès de l'Occident. Sa présentation tourne au règlement de compte avec celui-ci et finit par discréditer son travail. Son parti pris antioccidental est manifeste. Là encore, le colonialisme européen est condamné sans appel, évoquer son aspect positif relevant de la provocation (aucune mention des médecins, pères blancs et autres interventions qui ont permis de sauver de très nombreuses vies parmi les populations colonisées) alors que la vision de la colonisation islamique est irénique. Il nous fait encore le coup de l'Andalousie. A se demander pourquoi les Espagnols ont voulu se libérer d'un monde aussi idyllique. De même, les massacres de Chio ne seraient-t-ils qu'une expression artistique ? L'islam serait plus tolérant… Bref, l'auteur nous ressert les mêmes poncifs.
    Les références historiques sont souvent justes mais leur analyse est toujours orientée. Certains aspects sont minimisés, d'autres exagérés, comme « le rôle de transmetteur et passeur de la culture raffinée et cosmopolite de l'Orient médiéval à l'Occident » (p. 114). Il faut dire que ce rôle de passeur est grandement exagéré depuis quelques années, et cela à des fins politiques. Il est un des fruits de cet autodénigrement de l'Occident et de survalorisation de l'autre.
    Non seulement Georges Corm tente de défendre dans cet ouvrage une vision négative de l'Occident mais il transparaît clairement qu'il s'agit également de relativiser le renouveau islamiste, son obscurantisme et ses violences en comparaison de ce qui s'est passé en Occident. De même lorsque l'auteur compare le terrorisme islamiste (à l'échelle d'une civilisation) et le terrorisme de l'I.R.A., purement national et local, c'est faire un parallèle douteux qui ne peut que générer la confusion.
    Ces constats faits, les propositions de l'auteur arrivent bien tardivement et manquent, là encore, de profondeur. Il n'y a d'ailleurs aucune idée nouvelle. Si la séparation du religieux et de l'Etat, de la primauté de la laïcité et de l'Etat républicain sont mis en avant (p. 199), où est la nouveauté ? Que ces principes soient maintenus, certes, mais de quelle façon dans ce monde en mouvement ? L'auteur n'aborde pas la question. Bref, cet ouvrage est un véritable hors-sujet. Nous n'y apprenons rien, l'approche est pauvre, l'analyse orientée. Il se résume à un pamphlet antioccidental sans intérêt. Il véhicule tous les clichés les plus éculés et dénigre les intellectuels qui, eux, apportent de nouvelles analyses : « On n'hésitait pas autrefois à désigner ce courant par la dénomination de “droite”, attachée à l'ordre et à la stabilité à tout prix, refusant de prendre acte que la Terre tourne et que les sociétés changent… » (p. 128). Ces quelques lignes en disent long sur l'auteur, sur son ouverture d'esprit et sa capacité d'analyse objective. Mais ces lignes s'appliquent aussi à son auteur : le monde change et il ne parvient pas à le comprendre et le vit très mal.
    « La question religieuse au XXIe siècle » : c'est un sujet qui mérite toujours de faire l'objet d'un ouvrage sérieux.
    Bruno Odier, 03/01/08
    Georges Corm, « La Question religieuse au XXIe siècle / Géopolitique et crise de la postmodernité », Editions de la Découverte/Poche, 2007, 214 pages.

    http://archives.polemia.com/article.php?id=1589

  • Des élus de la Ligue du Sud déposent une crèche dans la mairie de Beausoleil

    Et ils écrivent au maire le 24 décembre :

    "Permettez-moi de à quelques heures de fêter Noël, de vous déposer cette crèche symbole de la nativité, merveilleux message de joie, de paix et de tolérance. 

    Permettez-moi de vous rappeler que la laïcité prônée par tous les chantres de la république, ne doit pas être l’effacement de notre identité, l'abandon de toutes nos traditions et la coupure avec nos racines culturelles (personnellement, Monsieur le Maire, je suis Chrétien et Français avant d’être républicain ! - JJ Guitard). Nous tenons donc par ce geste, à marquer notre attachement profond à cet enracinement qui a pris naissance le 25 décembre 496, lors du baptême de Clovis, érigeant ainsi la France, en fille ainée de l’Eglise.

    Permettez-moi de vous remettre aussi cette crèche en soutien à tous les chrétiens du Monde, persécutés, torturés, déportés, crucifiés, enterrés vivants... dans l'indifférence générale. Et plus particulièrement à ceux d’Irak et de Syrie meurtris par plus de quatre ans de guerre. C'est un véritable plan d'extermination des chrétiens qui est en marche dans cette région du monde, berceau du christianisme. Nous pensons très fort à eux, à la veille de fêter Noël.

    Monsieur le Maire, comme je vous l’ai mentionné un peu plus haut, la république voudrait donc nous forcer à oublier jusqu'à l'essence même de nos fondements, de notre Culture, de notre Histoire, de nos racines et d'une de nos Traditions les plus universelle : celle de la joie d'un enfant émerveillé par les lueurs d'une petite crèche blottie sous un sapin de Noël, joie innocente qui transcende toute notion de race ou de religion ! A travers l'innocence de l'enfance, c'est toute la magie du partage, de la famille et de la réjouissance de l'humanité qui s'exprime dans un message de paix universelle, encore non-dénaturé par une quelconque perversion idéologique, politique ou communautariste. C'est pourquoi nous affirmons une nouvelle fois, tout notre attachement à cette belle tradition simple, forte et intemporelle, que nous ne renierons JAMAIS et que nous transmettrons à nos descendants à travers les âges. Nous déposons cette crèche, dans un esprit de paix et de fraternité mais surtout pour le bonheur et la joie de TOUS LES ENFANTS DU MONDE !

    Monsieur le Maire, notre identité culturelle est liée en grande partie au catholicisme, il faut arrêter de le nier ! Les crèches peuvent avoir leur place au sein de nos institutions, à l’école, comme dans la vie privée des français. Je vous demande donc pour les années futures de ne pas tenir compte des préconisations de l'Association des maires de France et de son président M. François Baroin, qui considère que la présence de crèches en mairies n’ 'est pas « compatible avec la laïcité » en demandant même une « clarification législative ».

    Monsieur le Maire, J’espère par ce geste et par ce courrier avoir attiré votre attention face au « nihilisme » qui nous entoure en ce début du XXIème siècle où Noël se réduit peu à peu à une grande fête consumériste. C’est pourquoi, je caresse l’espoir, à l’image de notre proche voisin la principauté de Monaco, qui a organisé cette année un magnifique chemin des crèches, que les Beausoleillois puissent avoir aussi la joie de découvrir l’an prochain au moins une crèche, peut-être provençale, au sein de leur mairie. Dans l’avenir, nous pourrions aussi proposer dans les écoles de notre commune, un concours des plus belles crèches… Les petits comme les grands seront ravis de cette initiative, j’en suis persuadé.

    Monsieur le Maire, permettez-moi de vous souhaiter (avec les élus de la Ligue du Sud) ainsi qu’à l’ensemble du personnel de la mairie et à tous les Beausoleillois, un joyeux Noël 2015."

    Michel Janva

  • SOS Chrétiens d’Orient : « Nous apportons un message d’espoir et de paix »

    Quatre jeunes hommes et femmes de SOS Chrétiens sont depuis quelques jours au Liban, en Syrie et en Jordanie pour soutenir les populations locales, en particulier les réfugiés chrétiens qui ont fui les combats de l’État islamique. Ils ont confié à Charlotte d’Ornellas le sens de leur mission et leurs actions concrètes sur le terrain. Un témoignage brut, poignant et sincère.

    http://www.unitenationale.fr/2015/12/29/sos-chretiens-dorient-nous-apportons-un-message-despoir-et-de-paix/#more-14322