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santé et médecine - Page 366

  • Autriche : La Croix-Rouge contrainte de s’excuser pour avoir refusé du sang musulman pour raison médicale

    LINZ (NOVOpress) – Lundi dernier, c’était la colère chez les musulmans en Autriche. La « communauté religieuse musulmane » de Linz, en Haute-Autriche voulait organiser une collecte de sang dans les mosquées et ceci avait été refusée par la Croix-Rouge. Une femme médecin avait expliqué que « les associations de personnes de religion musulmane, ou bien d’origine musulmane ou turque, ne pouvaient par principe, pour des raisons médicales, être admises à des collectes de sang ». La raison ? Le fort taux des anticorps de l’hépatite B « dans l’Europe du Sud-Est ».

    Quoique cette dernière formulation soit fort politiquement correcte, la communauté musulmane de Linz s’est immédiatement indignée contre cette intolérable discrimination.

    « Beaucoup d’Autrichiennes et d’Autrichiens de confession musulmane sont nés en Autriche, y ont grandi, et ont été constamment intégrés depuis leur naissance dans le système de santé autrichien ». « Nous avons la citoyenneté autrichienne, nous payons des impôts ici, nous y envoyons nos enfants à l’école », ont-ils fait valoir. Et les musulmans de dénoncer une contradiction par rapport aux principes de la Croix-Rouge autrichienne, qui s’est officiellement engagée « à garantir l’inclusion sociale des migrantes et des migrants, et à préserver le respect pour la diversité ».

    Face à ces protestations, complaisamment relayées par les grands médias, la Croix-Rouge n’a pas tenu bon plus de 24 heures. Dès mercredi, « une réunion de crise » a eu lieu à Linz entre le président de la communauté musulmane, Murat Baser, « le premier Imam, le Dr. [sic] Mazarweh », et la direction du centre de collecte de sang. « Les responsables du centre de collecte de sang se sont désolidarisés de toute attitude discriminatoire et se sont formellement excusés pour les propos de leur médecin » – il n’est pas précisé si celle-ci fera l’objet de sanctions. Une nouvelle réunion avec le président de la Croix-Rouge autrichienne en personne aura lieu la semaine prochaine. Le délégué musulman aux médias, Moussa Diaw, s’est félicité que soit ainsi confirmé que « à cet égard aussi, nous sommes une partie de la société » autrichienne. Les musulmans et la Croix-Rouge se sont mis d’accord pour coopérer à l’avenir et avoir « un échange sur des projets en suspens, auxquels la communauté religieuse musulmane pourrait participer et apporter son aide ».

    Sans attendre, la Croix-Rouge autrichienne a publié sur son site une mise au point du vice-secrétaire général de l’organisation, Michael Opriesnig : « Les personnes issues de l’immigration sont toujours les bienvenues chez nous comme donneurs de sang. Je regrette l’irritation qu’a causée le refus de donneurs volontaires par le centre de collecte de sang de Linz, et je présente mes excuses à tous ceux qui ont été ainsi blessés dans leurs sentiments ».

    http://fr.novopress.info/156580/autriche-croix-rouge-contrainte-sexcuser-avoir-refuse-du-sang-musulman-raison-medicale/#more-156580

  • Biologie de synthèse : Les multinationales veulent industrialiser la vie

    Thérapies plus efficaces, bactéries anti-pollution, carburants synthétiques… La biologie de synthèse nous réserverait un futur plein de promesses. Et attire les investissements des plus grands groupes mondiaux de biotechnologies, de l’énergie ou de l’agroalimentaire. Mais fabriquer artificiellement la vie, à partir d’ADN construit en laboratoire et d’usines à gènes brevetés, suscite de nombreuses interrogations.

    Alors que les premiers organismes intégralement conçus par ordinateur commencent à prendre vie, des ingénieurs rêvent déjà de planifier l’évolution et de corriger les « imperfections » de la nature. Enquête.

    « Fabriquer la vie ». Ainsi pourrait se résumer l’ambition de la biologie de synthèse. Cette branche des biotechnologies veut créer de toutes pièces des organismes vivants, inconnus à l’état naturel. Et aller plus loin encore que les OGM, qui modifient le code génétique d’un organisme pour lui donner une nouvelle fonctionnalité – croître plus vite ou résister à un pesticide.

    Avec la biologie de synthèse, nous entrons dans une autre dimension: on quitte le bricolage des gènes, pour aller vers une fabrication à grande échelle d’organismes artificiels, après modélisation et simulation informatique.

    « Un nouveau monde s’ouvre à nous », décrit le site de présentation du ministère de l’Économie. La biologie de synthèse, nouvel eldorado techno-scientifique, « pourrait apporter des thérapies plus efficaces, des médicaments moins chers, de nouveaux matériaux facilement recyclables, des biocarburants, des bactéries capables de dégrader les substances toxiques de l’environnement », s’enthousiasment les pouvoirs publics.

    Les géants de la chimie, de l’énergie, de l’agrobusiness et de la pharmacie – comme BP, Exxon Mobil, BASF ou Cargill – sont sur les rangs, mais aussi ceux de l’informatique, comme Microsoft ou Google [1]. La biologie de synthèse apporterait, selon ses promoteurs, la promesse de remplacer à terme le secteur de la chimie, avec des recettes miracles pour faire face aux pollutions et à l’épuisement des ressources.

    Briques d’ADN pour lego vivant

    Le développement de la discipline est pourtant récent. En 2010, après 15 ans de travail, une équipe de l’institut Craig Venter aux États-Unis crée une bactérie d’un genre nouveau : son unique chromosome est composé d’ADN entièrement fabriqué par les chercheurs.

    C’est le premier organisme vivant construit artificiellement. « Voici sur cette planète la première espèce capable de se reproduire ayant pour parent un ordinateur », s’enflamme son créateur, Craig Venter [2]. Même si, pour le moment, il s’agit surtout de recopier la vie, en recréant en laboratoire les composants de base du code génétique.

    Comment ça marche ? Des séquences d’ADN sont fabriquées « sur mesure », après modélisation informatique, puis reliées ensemble via des enzymes et bactéries. L’ADN ainsi synthétisé est inséré dans un châssis biologique – une bactérie ou une levure par exemple – pour pouvoir « fonctionner ».

    L’ADN synthétique est comme un logiciel, inséré dans un châssis-ordinateur. « Les gènes, les protéines, entre autres, sont à la cellule ce que les transistors, les condensateurs et les résistances sont à l’ordinateur », expliquent les chercheurs de l’université de Princeton [3]. Une sorte de lego du vivant, à base de « bio-briques » d’ADN standardisées, originales ou recopiant des briques d’ADN déjà existantes dans la nature.

    Des usines à gènes

    Les crédits de recherche dans ce domaine connaissent une croissance exponentielle depuis quelques années. Car les applications possibles seraient innombrables. Des produits arrivent déjà sur le marché : des bioplastiques issus du maïs, des tissus synthétiques à base de sucre céréalier, une saveur biosynthétique de pamplemousse ou du biodiésel.

    Les investissements se concentrent notamment sur le secteur de l’énergie, avec la production de micro-organismes ou d’algues modifiées capables de transformer de la biomasse en carburant. Les recettes de l’après-pétrole sortiront-elles des laboratoires de biologie de synthèse ?

    Le groupe pétrolier Exxon a déjà investi 100 millions de dollars pour développer un carburant à partir d’algues, en partenariat avec l’entreprise Synthetics Genomics, dirigé par Craig Venter. BP a consacré 500 millions de dollars pour le développement d’agrocarburants synthétiques, au sein de l’Energy Biosciences Institute.

    Quant à la Fondation Bill & Melinda Gates, elle finance la recherche d’applications médicales à hauteur de 43 millions de dollars… Deux types d’entreprises se partagent actuellement le marché. Celles qui fabriquent les composants de base, les gènes synthétiques : les « fonderies à gènes » comme Tech Dragon à Hong-Kong et Gene Art en Allemagne, dont le catalogue comprend des séquences génétiques du cerveau, du foie ou du cœur humain, ou DNA 2.0 aux États-Unis, qui propose aussi un logiciel gratuit pour « concevoir des séquences [d’ADN] sans être limité par ce que la nature peut offrir ».

    Ensuite, des entreprises de biotechnologies créent et commercialisent des organismes à partir de ces gènes, comme Synthetic Genomics aux États-Unis. 3000 chercheurs d’une quarantaine de pays travailleraient dans le secteur de la biologie de synthèse.

    Privatisation des ressources naturelles

    En France, quelques équipes de recherche, du Génopole d’Évry, se sont attelés à la biologie de synthèse, ainsi que sept entreprises de biotechnologie [4], selon un recensement du ministère de la Recherche. Celui-ci ambitionne de passer à la vitesse supérieure : « Il existe en France un gisement de compétences à mobiliser, permettant de viser une position mondiale de second ou troisième » [5]. En 2007 a été créé l’Institut de biologie systémique et synthétique (iSBB), qui comprend notamment la plate-forme abSYNTH, dont les équipements sont mis à disposition des entreprises et universités.

    Total a créé un département Biotech avec un axe sur la biologie de synthèse en 2009. Le groupe pétrolier est devenu un important actionnaire de la société de biotechnologie Amyris (États-Unis). Celle-ci dispose d’une plateforme de biologie de synthèse de pointe, permettant de construire très rapidement des levures, qui deviennent de « véritables usines vivantes, optimisées pour fermenter des sucres et pour produire des molécules », qui sont ensuite transformées en agrocarburants [6].

    Dans le secteur de la santé, c’est le groupe français Sanofi qui mène la danse. En 2013, Sanofi a annoncé la production à grande échelle d’artémisinine semi-synthétique, un principe actif utilisé contre le paludisme. Après dix années de recherche, financées par la Fondation Bill et Melinda Gates, un procédé a été breveté par Amyris [7], et une licence est octroyée à Sanofi.

    Vers la fin de l’agriculture « naturelle » ?

    Problème : cette production entre en concurrence avec celle d’artémisinine naturelle, dont vivent aujourd’hui des milliers d’agriculteurs. Un cas d’école concernant la biologie de synthèse, estime la Fondation Sciences citoyennes: un projet en apparence inattaquable car répondant à des enjeux de santé publique, des collusions entre scientifiques et entrepreneurs qui innovent dans les universités mais déposent des brevets via leurs start-up, puis cèdent les licences à des grandes entreprises. Avec le risque de captation de profits par des multinationales, pour des ressources génétiques également disponibles à l’état naturel [8].

    La concurrence entre production agricole et production industrielle biosynthétique pourrait concerner demain le réglisse, la vanille ou le caoutchouc : des produits de substitution, issus de la biologie de synthèse, sont déjà au point. Le fabricant de pneumatique Goodyear et le groupe DuPont ont lancé des recherches sur un micro-organisme synthétique produisant de l’isoprène utilisé pour la fabrication de pneus.

    Ce qui pourrait mettre en péril l’économie des vingt millions de familles qui dépendent aujourd’hui de la production de caoutchouc naturel. Michelin travaille sur des projets similaires avec Amyris. La biologie de synthèse permet de produire à moindre coût des produits à haute valeur ajoutée – huiles essentielles, saveurs et fragrances, composés médicinaux ou ingrédients pour cosmétiques. 

    « Des solutions de rechange synthétiques moins coûteuses qui ne dépendent pas de zones de culture, de conditions ou de producteurs spécifiques », décrit l’ONG canadienne ETC, qui a publié de nombreux rapports sur le sujet. Son émergence marquera-t-elle le début de la fin pour l’agriculture ?

    Car les brevets se multiplient. Amyris déploie beaucoup d’énergie pour faire breveter la biosynthèse des isoprénoïdes: cette classe compte plus de 55.000 composés naturels, dont le caoutchouc, l’huile de neem, l’huile de palme, le parfum de patchouli et l’huile de pin.

    Biologie de synthèse : une technologie miracle ?

    Les profits attendus sont immenses. La biologie de synthèse « apparaît comme la solution miracle qui devrait permettre de relancer la croissance, tout en préservant l’environnement, décrivent la chercheuse Bernadette Bensaude-Vincent et la journaliste Dorothée Benoit-Browaeys [9]. 

    Tout comme les nanotechnologies, ou comme la géoingénierie, elle fonctionne sur l’espoir de résoudre les problèmes posés par les technologies d’hier grâce aux technologies de demain ».

    Crise énergétique, maladies de civilisation, pollutions… La biologie de synthèse aurait réponse à tout. Après la bulle internet, voici donc la bulle « synbio » : « Mêmes mécanismes d’investissement sous-tendus par une économie de la promesse, mêmes prévisions de croissance exponentielle. »

    Les applications dans les secteurs de la santé et de l’énergie se diffusent déjà. Sans débat public sur les enjeux, sans contrôle par les autorités, sans réflexion sur l’impact sanitaire de la dissémination de ces molécules synthétisées, ou les risques pour l’environnement.

    Des organismes vivants, même artificiels, ça se reproduit. Donc ça se diffuse ! Et si la biologie de synthèse permet de produire des vaccins beaucoup plus rapidement, ces techniques peuvent aussi servir à fabriquer des virus, avec tous les risques possibles de détournements d’usage et de bioterrorisme. La législation, comme souvent, est en retard. Voire inexistante.

    Des scientifiques recommandent que les activités de recherche en biologie de synthèse se déroulent uniquement dans des laboratoires très sécurisés, de niveau de biosécurité P3 ou P4 (pour pathogène de classe 3 ou 4) où virus et bactéries sont manipulés sous haute-protection. En 2012, plus d’une centaines d’organisations internationales ont demandé un moratoire sur les usages commerciaux de la biologie de synthèse.

    Dispositif-suicide pour gérer l’incertitude

    En France, qu’en pensent les pouvoirs publics ? « La Délégation générale pour l’Armement (DGA) a réalisé une base des données des acteurs de la biologie de synthèse et a identifié les options biosécuritaires », décrit de manière lapidaire unrapport du ministère de la Recherche. Une veille sur la biologie de synthèse est organisée, ainsi qu’une « réunion interministérielle annuelle de concertation ».

    Mais, précise le rapport, « afin de ne pas pénaliser les avancées de la recherche dans ce domaine, il faut intégrer le risque nouveau avec une attitude d’incertitude positive ». Impossible de savoir ce que signifie ce principe de précaution version « positive attitude ».

    Les chercheurs planchent sur des solutions pour limiter la dissémination. Comme la possibilité que les organismes synthétiques s’autodétruisent quand ils ont terminé leur travail, grâce à un « dispositif-suicide ». Ou qu’ils ne puissent pas se reproduire, à l’image du gène « Terminator », qui rend stériles les graines OGM de seconde génération. Mais les organismes peuvent évoluer et s’adapter, suite au croisement avec d’autres organismes naturels ou modifiés, ou à des mutations spontanées.

    « On peut faire en sorte que la bestiole dépende de l’homme pour se nourrir. Mais elle peut évoluer. Dans 10-15 ans, elle aura trouvé un autre moyen de s’alimenter, par symbiose par exemple, » explique le chercheur François Kepès, de l’ISSB [10].

    Vers un nouvel « alphabet du vivant » : la xénobiologie

    Le nombre limité d’entreprises qui fabriquent les gènes synthétiques laisse penser que le secteur peut être réglementé. Les banques de séquences ADN standardisées comme BioBricks ou GenBank peuvent être soumises à des réglementations. Une autre solution est avancées par des chercheurs : le « confinement sémantique ». Pour éviter les contaminations d’ADN artificiel, il suffirait d’utiliser d’autres bases que celles existantes – les bases A (adénine), T (thymine), G (guanine) et C (cytosine), qui composent le « squelette » de l’ADN.

    Changer « l’alphabet du vivant » en quelque sorte, le langage génétique qui sous-tend toute forme de vie sur la planète. C’est ce que propose le projet Xenome, piloté par le biologiste Philippe Marlière au Génopole d’Evry, auquel participe le Commissariat à l’énergie atomique. Cette nouvelle branche de la biologie de synthèse – la xénobiologie – vise à créer, à côté de l’ADN qui existe depuis trois milliards d’années, un autre code. Plus les créatures artificielles sont éloignées de la biodiversité terrestre, moins les risques d’interférences seront importants.

    La xénobiologie empêcherait donc la contamination d’ADN. Et permettrait le développement de la biodiversité, estime Philippe Marlière [11] : « La biodiversité terrestre est étriquée et imparfaite. Elle pourra être élargie et dépassée en inventant des mondes vivants parallèles »« La biosphère rafistole ses dispositifs au fil de l’eau et bricole pour en créer de nouveaux », poursuit Philippe Marlière.

    Cette évolution par bricolage et rafistolage « révèle l’impasse faite sur une multitude d’autres assemblages chimiques qui auraient conduit à des organismes radicalement différents de ceux que nous connaissons aujourd’hui. La xénobiologie n’est rien d’autre que le projet d’engendrer cette biodiversité inédite en vue de l’explorer scientifiquement et de l’exploiter industriellement. » Une biodiversité artificielle, construite par des ingénieurs dans des labos. Des ingénieurs qui planifient la vie et son évolution…

    Biohackers et bidouille génétique « open source »

    Face aux risques de privatisation du vivant par la biologie de synthèse, un autre courant émerge, cette fois inspiré de l’open source et de l’accès libre au savoir. Le principe : pas de brevet sur les gènes. Les « biobriques », bases de la biologie de synthèse, seraient accessibles à tous, et non privatisées par des entreprises ou des labos de recherche.

    La biologie de synthèse à la portée de tous. C’est ce que défendent les « biohackers », qui bricolent du code génétique à partir d’informations disponibles sur internet et de matériel d’occasion acheté pour trois fois rien. Avec la baisse des coûts du séquençage de l’ADN, il est désormais possible de bidouiller de la génétique dans son garage.

    On peut commander à un laboratoire, qui le fabrique sur mesure, un segment d’ADN de synthèse conçu sur son ordinateur. En France, cette biologie de synthèse « Do-it-Yourself » se développe notamment autour du biohackerspace La Paillasse, un « laboratoire communautaire pour les biotechnologies citoyennes », à Vitry-sur-Seine. Des collectifs de passionnés fleurissent aux États-Unis.

    Comme le groupe DIYbio – Do-it-Yourself Biology, à San Francisco, où on apprend à extraire l’ADN de sa salive avec une pincée de sel, du liquide vaisselle, du jus de pamplemousse et du rhum. Vous vous voulez synthétiser de l’ADN humain ? Pas de panique, la recette est en ligne : il est possible de télécharger sur internet des séquences de génome humain (ici), aussi facilement qu’un film !

    Que deviennent les organismes trafiqués ?

    « Les débats sur l’open source en matière de biologie de synthèse semblent plus une diversion sur des recherches sans grand enjeu industriel ; les séquences d’ADN stratégiques sont, elles, privatisées »tranche Dorothée Benoit-Browaeys. Le bricolage d’ADN dans la chambre d’ami n’augure rien de bon du point de vue dissémination.

    Le témoignage de Josh, informaticien et biohacker californien est éloquent : « Quand je modifie mes bactéries pour qu’elles produisent de l’éthanol, j’introduis également une seconde modification qui les rend résistantes aux antibiotiques. Puis j’injecte des antibiotiques dans leur bocal pour faire le tri : seules celles sur lesquelles la modification a réussi survivent. »

    Que fait Josh avec ces stocks de bactéries génétiquement modifiées résistantes aux antibiotiques, qui« pourraient transmettre leur résistance à d’autres bactéries pathogènes, dangereuses pour l’homme » ? Mystère.

    La diffusion de la biologie de synthèse auprès d’un large public est aussi favorisée par la grande compétition IGEM (International Genetically Engineered Machine). Plus de 200 équipes étudiantes du monde entier sont invitées chaque année à inventer de nouvelles constructions en biologie de synthèse, à partir d’un répertoire d’environ 12 000 bio-briques standardisées et open source.

    Parmi les créations 2013 : la première machine à calculer bactérienne, par des étudiants de Toulouse [12], une version biologique du jeu Démineur par l’équipe de Zurich, ou une pile bactérienne que l’on peut imprimer soi-même avec une imprimante 3D… Chaque équipe étant sponsorisée par des entreprises, ici EADS, Sanofi, Novartis, Syngenta ou Sofiprotéol.

    Devenir soi-même un châssis pour ADN artificiel

    Novembre 2012. Dans l’amphithéâtre d’une école de chimie de Paris, une équipe d’étudiants présentent son projet pour le concours IGEM. De l’ADN a été injecté dans un têtard, devenu « châssis » pour biologie de synthèse. Le public interroge : quelles limites à la modification du vivant ? Quel statut pour les organismes créés ? « Un têtard, ce n’est pas vraiment un truc vivant », lâche un des étudiants.

    Certains d’entre eux portent un bracelet en plastique vert, remis lors d’un rassemblement IGEM : « Ça veut dire qu’on est d’accord pour devenir nous-mêmes des châssis », précisent-ils. De faire des tests sur eux-mêmes, donc. « Je suis étonnée de la candeur des étudiants IGEM. On les forme en leur disant que « tout est possible », dans une atmosphère joyeuse et bon enfant, décrit Catherine Bourgain, chercheuse, présidente de la Fondation sciences citoyennes et membre de l’Observatoire national de la biologie de synthèseBeaucoup de jeunes n’ont pas de recul critique, sont d’une naïveté confondante. La règle, c’est « libère ta créativité ». C’est flippant. »

    Vers où ces étudiants, futurs chercheurs en biologie de synthèse, feront-ils avancer la discipline? Quel contrôle les autorités publiques auront-elles sur les futurs développements ? Quelle formation des citoyens pour comprendre les enjeux ? « Le défi crucial est de créer les conditions pour que les avancées de la biologie de synthèse s’opèrent résolument dans un climat de confiance citoyenne et d’innovation manifestement responsable »avance le ministère de la Recherche.

    Un débat responsable, préconisé par Geneviève Fioraso, ministre de la Recherche, dans un rapport pour l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, en 2012. Notamment pour « empêcher les dérives qui ont marqué les débats sur les OGM et les nanotechnologies » (sic). Pour le moment, le « dialogue public » est au point mort. Le débat semble déjà tranché.

    Notes:

    [1] Une enquête réalisée en 2012 par l’ONG canadienne ETC Group a révélé qu’à l’échelle planétaire, « les principaux investisseurs et promoteurs reliés au domaine de la biologie synthétique comprennent six des dix plus grandes entreprises chimiques, six des dix plus grandes entreprises productrices d’énergie, six des dix plus importants négociants en grains et sept des plus grandes entreprises pharmaceutiques ».

    [2] Cette bactérie est composée d’un seul chromosome, contenant 1,155 million de paires de base. Une molécule d’ADN est formée de deux brins en forme d’hélice sur lesquels sont placés quatre types de bases complémentaires, liées deux à deux : adénine (A) et thymine (T), cytosine (C) et guanine (G).

    [3] Cités par Frédéric Gaillard, Innovation scientifreak : la biologie de synthèse, Editions L’échappée, 2013. A lire également sur le site du collectif Pièces et main d’oeuvre.

    [4] Une à Clermont-Ferrand, une à Nîmes, et cinq en Île-de-France. Source.

    [5] Ministère de la Recherche, Stratégie nationale de recherche et d’innovation, 2011. Lire ici.

    [6] Source : Total.

    [7] L’entreprise a conçu une souche de levure modifiée qui produit de l’acide artémisinique à partir du glucose. Ce composé permet ensuite la production d’artémisinine.

    [8] L’objectif de Sanofi est de « produire 35 tonnes d’artémisinine en 2013 et 50-60 tonnes en moyenne en 2014. Il permettra de satisfaire en bonne partie la demande du marché ». Source : Sanofi. Voir également la synthèse réalisée par la Fondation Sciences citoyennes sur l’artémisinine.

    [9] Bernadette Bensaude-Vincent et Dorothée Benoit-Browaeys, Fabriquer la vie, Où va la biologie de synthèse ?, Éditions du Seuil, 2011.

    [10] Intervention lors des Assises du vivant, le 30 novembre 2012, à l’Unesco.

    [11] Lire ici.

  • La Belgique légalise le meurtre des mineurs

    La Belgique est devenue ce soir le premier pays à permettre de tuer, les enfants atteints de maladie incurable, sans limite d'âge. Les Pays-Bas disposent d'une loi comparable, mais elle ne s'applique qu'aux mineurs de 12 ans et plus. Quel pays ringard.

    Seule une minorité de députés - chrétiens-démocrates, quelques libéraux et droite flamande du Vlaams Belang - ont voté contre le texte.

    L'euthanasie est légale depuis 2002 en Belgique. Il n'aura fallu que 12 ans de plus pour en arriver là. Si la France suivait le même chemin, sous la pression de l'ADMD, nul doute que les enfants y passeront un jour.

    Michel Janva

  • Maltraitance et handicap : l’Académie de Médecine réagit à l’émission « Zone Interdite »

    "Zone Interdite" a enquêté en infiltration sur des institutions d'accueil pour enfants handicapés, révélant des violences infligées aux enfants autistes, trisomiques ou polyhandicapés. Le Pr Marie-Odile Réthoré, membre de l'Académie de Médecine et travaillant à l'Institut Jérôme Lejeune lance un appel à lutter contre la violence faite aux handicapés. Nous reproduisons ici la publication de l'Académie

    "En France, près de 700.000 personnes sont porteuses d'un handicap mental. La plupart survivront à leurs parents.

    Un parcours épuisant

    A domicile, la vie de tous les jours dans les familles ayant un enfant souffrant d’une déficience mentale associée à des troubles importants du comportement est souvent une épreuve pour tous les membres de la famille, y compris la personne handicapée. Toutes les démarches administratives sont complexes, lentes et dénotent une inertie des pouvoirs publics qui s'ajoute aux difficultés de la vie quotidienne.

    Pénurie et manque de soins appropriés

    La grande pénurie de structures adaptées oblige la plupart des parents à placer leurs enfants dans des institutions très éloignées du domicile familial et, donc, de leur vigilance. Dans ces centres spécialisés, le personnel manque cruellement de formation, et, surtout, rien n'a été préparé la plupart du temps avant l'entrée dans l'établissement.

    Le silence est la première des maltraitances
    Les parents ignorent le plus souvent la réalité de certains abus, violences et maltraitances dont des milliers d'enfants seraient victimes chaque année.

    Pour une culture de la bientraitance

    Depuis mars 2007*, un plan de lutte oblige en principe les institutions, françaises et européennes, à mettre en place des mécanismes de prévention de la maltraitance. Mais, il s'avère qu'un tiers à peine des établissements se conforment à la loi et fournissent à leur Agence régionale de santé (ARS) une enquête externe faite par une structure objective.

    C'est pourquoi l'Académie nationale de médecine demande en urgence :

    • Une multiplication des « haltes temporaires » afin de permettre aux familles de disposer de moments de repos et ce, non seulement en cas de maladie de l’un des parents, mais aussi sans qu’il soit nécessaire d’engager de nouvelles démarches administratives ;
    • La promotion du diplôme interuniversitaire déjà existant pour former les médecins à des consultations spécialisées dans l’accompagnement des parents et des personnes déficientes mentales tout au long de leur vie ;
    • Une formation adaptée et conçue dans une perspective pluridisciplinaire de tout le personnel travaillant dans les centres spécialisés ;
    • Une application plus stricte de la Loi par les établissements qu’ils soient publics ou privés.

    * Décret N° 2007-293 du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance."

    Michel Janva   http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • La PMA apporte davantage de problèmes que de bénéfices

    La science vient encore confirmer la position de l'Eglise sur la PMA (Dignitas personae n°12). C’est le constat qui émerge des différentes recherches scientifiques, la dernière ayant été publiée dans le British Medical Journal, l'une des revues médico-scientifiques les plus fiables du monde :

    "De 1978 à nos jours, on estime environ  à 5 millions le nombre d'enfants nés dans le monde par le biais de la procréation assistée. Mais ces dernières années – pouvait-on lire le 5 février dernier sur ​​Tempi.it - 30% de toutes les demandes de fécondation, présentées et acceptées, émanent de personnes ayant des problèmes d’ « infertilité inexpliquée » et la plupart de ces couples conçoivent naturellement «avant de débuter les cycles ». C'est pour cette raison que les auteurs de la recherche se demandent si dans certains cas, les coûts économiques et psychologiques des traitements ne dépassent pas les «bénéfices » et si la fécondation ne serait pas administrée « sans nécessité ».

    PIls mettent en cause un facteur précis : « La fécondation s’est développée dans de nombreuses régions du monde en tant qu'industrie qui génère du profit ( ... ), qui ne s’embête pas à faire des analyses à long terme sur la santé des mères et des enfants. Cela est vrai non seulement pour les cliniques privées, mais aussi pour les institutions académiques, qui ont obtenu des gains économiques substantiels ».

    La suite de cette étude ajoute que «les enfants sains conçus par voie de fécondation sont plus susceptibles que les enfants conçus naturellement de souffrir d'hypertension artérielle, d’obésité, de niveaux anormaux de glucose et de dysfonctionnements vasculaires ». Le « manque de volonté » d’aborder ces questions, selon les spécialistes, « est en train d’entraver le progrès de la fécondation ».

    Qu’en est-il de la naissance ? Lorsque l’on fait ce choix, il y a un risque de graves complications qui est deux fois supérieur à la conception normale. Parmi ces complications, l'accouchement prématuré, le faible poids à la naissance ou pire, la mort du fœtus ou le décès néonatal. Cette affirmation provient d'une autre recherche – commentée sur le journal La Stampa du 14 Janvier - émanant de chercheurs du University’s Robinson Institute qui ont comparé les résultats de plus de 300 000 naissances en Australie du Sud, pour une période de dix-sept ans environ. Parmi elles, plus de 4300 résultaient de la procréation médicalement assistée.

    Même dans la phase de croissance du bébé, la procréation assistée présente de grands risques. On constate en effet un risque accru de cancer chez les enfants nés grâce aux diverses techniques utilisées pour stimuler les grossesses. En témoigne une vaste étude systématique effectuée par des chercheurs du Danish Cancer Society Research Center de Copenhague, sous la direction du Dr Marie Hargreave et rapportée sur Italiasalute.it .
    L’analyse comporte l’étude de 25 cas, dont le rapport est publié sur ​​Fertility and Sterility. Les données montrent que les enfants nés après un traitement de fécondation assistée présentent un risque 33 % plus élevé de développer une tumeur pédiatrique, avec une nette tendance aux tumeurs hématologiques (59 % de plus) et du système nerveux central (88 % de plus)."

    Ceci sans parler du taux d'échec de la PMA (environ 75-80%), des embryons surnuméraires mis au congélateur, de l'eugénisme inhérent à cette méthode...

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • La Russie met en place des centres d’accueil pour mères en détresse

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    Depuis cinq ans, la Russie prend régulièrement des nouvelles dispositions contre l’avortement. Exactement le contraire de la France. Toute campagne publicitaire en faveur de l’avortement est interdite dans ce pays. La motivation majeure est simple : de 143 millions en 2008, la population passera à 115 millions en 2050. La Russie deviendra un pays marginal. La Douma (Assemblée nationale russe) vient de voter une loi refusant la gratuité de l’avortement dans les établissements gérés par le gouvernement. Le consentement parental est exigé pour la pilule du lendemain. L’aide aux femmes enceintes a été augmentée de 2000 roubles (50 €) par mois. La prime à la naissance est passée à 9.000 $ (7.000 €) à partir du deuxième enfant. Cette assemblée parlementaire a renouvelé son opposition à la PMA. Conjointement, le Patriarcat de toutes les Russies a admonesté le gouvernement : « la préservation de la grossesse est une tâche prioritaire pour le médecin». Il rappelle que la grossesse pour autrui est « une mutinerie contre Dieu ». Il a rappelé qu’il était partisan de la mise en place de centres de grossesse pour « les mères seules dans des situations difficiles de la vie. »

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  • Mises à mort de personnes souffrant de maladie psychiatrique

    Voilà qui nous rappelle les heures les plus sombres (c'est l'Allemagne nazie qui exterminait les malades mentaux) :

    "42 personnes souffrant de maladies psychiatriques ont été euthanasiées l’an dernier aux Pays-Bas, selon un chiffre officiel révélé aujourd’hui par le ministre de la Santé néerlandais, Edith Schippers, en réponse à une question écrite du parlementaire travailliste Khadija Arib.

    Sur les 42 signalements d’euthanasie en cause, 31 ont déjà été passés au crible par les commissions régionales d’évaluation de l’euthanasie : ils ont tous été jugés conformes aux critères de la loi.

    C’est un chiffre en très nette augmentation puisqu’en 2011, 13 patients psychiatriques ont été euthanasiées, en en 2012, 14. Si le chiffre a ainsi triplé d’une année sur l’autre, c’est sans doute, selon le ministre, que les médecins sont davantage disposés à pratiquer l’euthanasie dans ce contexte d’absence de maladie mais de souffrances jugées « insurmontables ». Elle ajoute penser que l’approbation des 27 cas signalés en 2011 et 2012 par les commissions d’évaluation est connue des médecins ce qui a permis à leurs opinions à propos des normes légales à propos de l’euthanasie ont pu évoluer. [...]"

    Michel Janva

  • Cette pilule qui tue

    L’affaire des pilules de troisième et quatrième génération est déjà oubliée des Français. Rappelons que l’on a « découvert » ce que tous les médecins savaient, à savoir que ces produits entraînaient des phlébites et des embolies mortelles notamment sous la forme d’accidents vasculaires cérébraux. Combien les labos ont-ils payés les fonctionnaires de l’Europe pour donner l’absolution à ces produits qui en France sont de nouveau en vente libre ? Le bon peuple cependant se méfie et la chute des ventes est impressionnante. 65 % des utilisatrices ont renoncé à ce « médicament ». Une étude américaine vient leur donner raison.

    Il existe aux Etats Unis un organisme indépendant du nom d’American Heart Association (AHA). Il est la référence en toute matière concernant les maladies cardiaques, leurs origines et leurs conséquences. Il collecte toutes les données connues sur ces sujets. Ses avis sont suivis et il a organisé un symposium sur la vaste question des accidents vasculaires cérébraux et de leur prévention. La question de la pilule n’est qu’un élément parmi de multiples autres comme l’alimentation ou le mode de vie. Des conclusions sont données dans le domaine préventif.

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