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social - Page 479

  • Remise à plat fiscale : un miroir aux alouettes de plus.

    par Jean-Marc Ferrand

    Dans la longue cohorte des polémiques déclenchées par les actions, intentions ou omissions de l’actuel gouvernement de la France s’est invité un nouveau débat : la réforme de deux impôts fondamentaux, la Contribution sociale généralisée (CSG) et l’impôt sur le revenu (IR).

    La manière dont le sujet a été lancé est un débat à elle seule : Jean-Marc Ayrault a annoncé la réforme à venir dans une entrevue au quotidien Les Echos (peu connu pour être l’organe de liaison de la gauche prolétarienne), et sans en avoir préalablement informé le titulaire de Bercy, Pierre Moscovici, quelque peu concerné par ce projet. Un court-circuitage en règle que n’aurait pas renié Nicolas Sarkozy, orfèvre en la matière. Certes, la fusion de la CSG et de l’IR faisait partie des soixante engagements de campagne de « Moi, président… », mais il est difficile de ne pas voir dans ce coup d’éclat (réussi) une tentative désespérée, voire pathétique, de reprise en main des affaires de l’Etat par un premier ministre singulièrement démonétisé, entraîné dans la débâcle opinionesque de son président, qui a lui définitivement endossé le costume d’un président de conseil général entré par erreur à l’Elysée et n’en trouvant pas la sortie. Spangh’Ayrault joue son va-tout sur cette réforme : un cafouillage de plus le mettrait personnellement dans une situation difficilement tenable aux yeux du public et de son propre camp. L’avenir nous dira si le Nantais s’est révélé fin stratège ou tête brûlée.

    Le fond du dossier, quant à lui, ne manque pas d’intérêt. La CSG et l’IR sont en effet deux impôts que tout oppose : le premier, qui rapportera cette année 90 milliards d’euros, est prélevé à la source, l’année de la perception des revenus, universel et à taux unique quel que soit le revenu du contribuant (tout comme la TVA, soit dit en passant). Le second, qui rapportera quant à lui 70 milliards d’euros, fait l’objet d’un paiement différé d’un an, n’est payé que par un Français sur deux, est progressif, et est pollué par une multitude d’exemptions (« niches »), certaines justifiées (politique familiale), d’autres plus ou moins fantaisistes (investissements dans les DOM-TOM, dans le cinéma…). Le projet du premier ministre comporte deux volets principaux : la fusion de ces deux impôts, d’une part, et la progressivité de la CSG d’autre part, de manière à ce que « les ménages les plus aisés » paient un taux supérieur. Ce second point est une ritournelle bien connue, et nous sommes d’accord sur le principe. Mais, pour le gouvernement socialiste, à partir de quel revenu devient-on un « ménage aisé » ? Toute la question est là. Les réformes précédentes ont montré que ce seuil ne correspondait pas vraiment au train de vie de Mme Bettencourt. Il est à craindre (loin de nous tout procès d’intention) que les classes dites moyennes seront une fois de plus lourdement mises à contribution, et ce d’autant plus qu’elles n’ont jusqu’à présent guère manifesté leur mécontentement, sans doute faute de prise de conscience.

    La fusion de ces deux impôts posera quant à elle une foultitude de problèmes dont on doute que l’équipe actuelle (au vu de ses performances) soit en mesure de les résoudre. Le nouvel impôt sera-t-il prélevé cette année ou l’année prochaine ? Le quotient familial, non pris en compte dans le calcul de la CSG, comme des impôts locaux, sera-t-il maintenu ? Par ailleurs, l’impôt étant collecté par l’employeur, celui-ci peut-il espérer bénéficier d’une ristourne au regard du gain de productivité généré au sein de l’administration fiscale ? Est-il normal qu’un employeur ait accès à la déclaration de revenu d’un de ses salariés (voire de sa parentèle) ? Enfin, la CSG étant à l’origine destinée au financement des dépenses sociales (santé, vieillesse, famille…), est-il opportun de la mêler à l’IR, qui est normalement destiné au budget gouvernemental, et à son premier poste, le service de la dette ? Le conseil constitutionnel serait avisé de se prononcer sur ce qui nous apparaît comme un détournement de fond. Faute de réponse concrète et précise à ces questions, nous sommes contraints de manifester notre scepticisme envers ces projets de réforme. Depuis quelques semaines se font connaître dans le pays diverses contestations anti-fiscalistes : agriculteurs d’Ile de France, Bonnets rouges, chauffeurs routiers… Il n’est pas dans notre ligne d’appuyer telle ou telle revendication régionaliste ou professionnelle. Toutefois, notre gouvernement (qu’on n’ose plus appeler « pouvoir ») a si bien montré son incapacité à entendre la voix de la foule qu’il nous semble qu’une leçon supplémentaire lui serait bénéfique. Un peu de charité que diable ! Nous invitons tous nos lecteurs, sympathisants, amis plus ou moins lointains à prendre part aux initiatives d’opposition à la politique hollandienne. La cravate de travers, le pays à l’envers, ça suffit !

    Qu’on se le dise.

    L’AF 2875

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Remise-a-plat-fiscale-un-miroir

  • Logement social : une politique sans moyens au détriment des communes

     

    Site de Marion Marechal Le Pen deputee FN du VaucluseQuestions écrites au gouvernement par Marion Maréchal – Le Pen députée Front National du Vaucluse, au sujet de la loi SRU

    Question n° 50-00196  du 11/12/2013

    Mme Marion Maréchal-Le Pen attire l’attention de Mme la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement sur les conséquences de la loi N° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains.

    En application de cette loi, la commune de Pernes-les-Fontaines (84) a vendu, courant 2009, une parcelle à un bailleur social, Vaucluse Logement, afin d’y faire construire des logements sociaux.

    Aujourd’hui, le bailleur social rétorque à la commune qu’il ne peut avancer dans les travaux faute de soutien financier de l’État. La commune continue, quant à elle, de payer la pénalité relative à ces logements manquants. Il lui est demandé quelles dispositions législatives elle envisage de mettre en œuvre pour mettre un terme à cette situation qui obère lourdement les finances publiques des nombreuses communes concernées.

    Découvrir le site de Marion Maréchal – Le Pen

    Source  http://www.nationspresse.info/social/logement/logement-social-une-politique-sans-moyens-au-detriment-des-communes

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Éboueurs de Marseille (envahie par les rats) : 15 heures payées 35, qui dit mieux ?

    « Sur Causeur, Jean-Paul Brighelli se plaint de la prolifération des rats à Marseille. Fort bien, mais allons jusqu’au bout.

    S’il y a des rats, si nos rues sont si sales, c’est parce que les ordures jonchent les trottoirs et si les ordures prolifèrent, c’est parce que les camions-bennes qui sont supposés les ramasser ne le font pas. C’est le fameux fini-parti, maintes fois dénoncé, notamment par la Cour des Comptes, qui permet à nos sympathiques « agents de surface » de rentrer chez eux quand ils estiment avoir accompli leur tâche. En pratique, cela signifie qu’ils ne ramassent qu’une poubelle sur deux – quand ils ne sont pas en grève, bien sûr – et bouclent leurs tournées en 3h30 au lieu des 7h00 sur la base desquelles ils sont payés (chiffre de la Chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d’Azur pour 2007).

    Saviez-vous que la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) dont s’acquittent les Marseillais est la plus élevée de France ? En 2011, à Lyon, s’était 70 euros la tonne par habitant tandis qu’à Marseille c’était 149 euros ; 5 euros de plus qu’à Paris ; plus du triple de ce que payaient les Brestois.

     

    L’origine de cette peste, c’est le système Defferre. Né en 1953 lorsque « Gastounet », qui n’aimait pas les communistes de la CGT, a donné les clés de la ville à la toute nouvelle CGT-FO, Force Ouvrière, le syndicat majoritaire qui fait la pluie et le beau temps à Marseille.

    Ce ne sont pas les rongeurs qui coulent la ville ; c’est une toute autre espèce de nuisibles qui a pris le pouvoir à tel point que Gaudin, comme Vigouroux avant lui, n’imaginent même pas les défier et que les frères Guérini en ont fait les chevilles ouvrières de leurs petits systèmes. Voilà les véritables rats ! Ils se cachent encore moins que les rongeurs ; ils défilent même régulièrement au grand jour en chantant l’hymne de la justice sociale et de l’intérêt général.

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    Via Thomas Joly

  • Salaires : 500.000 smicards de plus en un an

    3,1 millions de salariés, soit 13% des salariés, étaient rémunérés au Smic au 1er janvier 2013, soit un demi-million de plus qu'un an plus tôt.

    Selon cette estimation publiée mercredi par le ministère du Travail, ils étaient au 1er janvier 2013 environ 1,9 million dans les entreprises privées, 540.000 dans l'administration, 340.000 dans les associations ou encore 100.000 dans l'intérim. Depuis le début de l'année, le Smic horaire s'élève à 9,43 euros, soit 1 430,22 euros bruts mensuels (autour de 1 100 euros nets) pour les salariés aux 35 heures.

    La Dares, chargée des statistiques du ministère, précise que cette estimation du nombre des salariés rémunérés au Smic est à prendre "avec prudence", compte tenu notamment de la "fragilité de la méthode d'estimation".

    Ouest-France

  • Machine arrière sur le jour de carence dans la fonction publique !

    Pourquoi faire machine arrière alors que la loi était votée, l’impopularité de la chose endossée par un autre gouvernement, la pilule avalée ?

    C’est le site Internet des Échos qui vient de le révéler : en 2012, l’absentéisme a diminué de 43,2 % dans les collectivités territoriales et de 40,6 % dans les établissements de santé. Pour la première fois depuis 6 ans, le nombre d’arrêts-maladie a diminué, une baisse liée, de toute évidence, à l’instauration, début 2012, par le gouvernement Fillon, du jour de carence dans la fonction publique. Une tendance qui devrait être confirmée en 2013… avant de s’inverser en 2014, puisqu’à partir du 1er janvier, ce premier jour d’arrêt-maladie non rémunéré ne sera plus qu’un souvenir. Le gouvernement a en effet décidé, il y a quelques mois, de le supprimer.

    Pour justifier cette abrogation, le ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, avait parlé d’une mesure « injuste, inutile, et inefficace ». « Inutile et inefficace »… Oui, tout de suite, on voit, c’est vraiment très clair, ça vous saute à la figure. Quant au caractère injuste de ce jour non rémunéré, nul n’en disconvient : la moindre des équités aurait été d’imposer non pas un, mais trois jours de carence, comme dans le secteur privé.

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  • Il a quitté la Sécurité Sociale et nous en parle !

    Avoir la possibilité de quitter la sécurité sociale est un de ces sujets qui subit une certaine omerta médiatique en France. Laurent C. est un de ces Français qui a fait le grand saut en janvier 2013 et qui raconte son aventure sur son blog : http://jequittelasecu.blogspot.fr/ . Médias-Presse-Info l’a contacté pour en savoir plus sur ses motivations qui l’ont amené à faire une telle démarche, les procédures et ce phénomène des Français qui quittent la Sécurité Sociale…

    La décision de Laurent C. ne date pas d’aujourd’hui : « J’avais déjà vu ça au début des années 2000 mais à l’époque j’étais salarié. C’était plus compliqué. » Après avoir monté sa propre société, sa réflexion fait son chemin avec la hausse des cotisations sur les professions libérales sans prestations supplémentaires voir moins. Il se dit que c’est peut-être l’occasion d’entamer la procédure. Il contacte alors le MLPS (mouvement pour la liberté de la protection sociale) qui lui renvoie le courrier-type. C’est parti. A la question sur la gravité d’une telle décision à prendre, Laurent C. répond que : « bien sûr, il faut être convaincu. L’idée de la démarche, c’est d’aller jusqu’au bout, jusque devant la Cour Européenne s’il le faut après avoir épuisé toutes les procédures. » Il souligne aussi l’importance du soutien de la famille. Sa femme et ses enfants sont toujours à la sécurité sociale car il ne prend pour l’instant le risque que pour lui. Subit-il des pressions ? « Non pas spécialement. Pour l’instant le RSSI, l’URSSAF et bientôt la CIPAV me considèrent comme un mauvais payeur. Ce n’est que la procédure habituelle pour le recouvrement de factures impayées. »

    Mais d’où vient donc cette possibilité ? « En 92, une directive européenne permet aux citoyens de choisir une assurance maladie au sein de l’UE sauf si l’Etat a un monopole légal. Au sens européen, cela veut dire que ça s’applique à tout le monde de la même manière. Si c’est différent, c’est alors concurrentiel. Or on a la sécu pour les salariés, les agriculteurs etc… Ce sont donc bien des régimes différents. » Mais bien sûr, il y a toujours l’obligation d’être assuré. Il faut donc s’assurer à l’étranger et présenter un certificat d’adhésion.  En 90, il y avait seulement trois sociétés d’assurance européenne qui prenaient en charge les Français : IHI, DKV et Amariz. En 95-96, elles vont subir de grosses pressions pour cesser leur activité envers les Français.

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  • Elle saute par la fenêtre pour fuir l'avortement

    L'avortement, un choix ? Pas vraiment. A l'entrée d'une clinique en Grande Bretagne, une mère est abordée par des personnes pro-vie qui dialoguent succinctement avec elle et lui donnent un prospectus. Elle leur confie qu'elle est forcée à avorter. Son entourage familial invective les pro-vie et la font entrer dans l'établissement.

    Les pro-vie décident de se mettre tous ensemble à prier. Quelques minutes plus tard, la mère les appelle par téléphone de l'intérieur de la clinique et les supplie de l'aider. Ils appellent donc la police qui en arrivant interroge sa famille. La mère profite de cette diversion pour se sauver par la fenêtre au rez-de-chaussée, et courir vers les Pro-vie qui l'amènent dans leur centre d'accueil à proximité et prennent soin d'elle.

    Il n'y a pas qu'en Chine qu'il y a des avortements forcés.

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Paris : Des SDF au coeur du temple de l’art contemporain

     Alors que la gentrification galopante du centre de Paris repousse toujours plus loin les classes populaires, et que certains espaces publics comme la gare du Nord sont volontairement aménagés dans le but de chasser les SDF, les sans-abris se mélangent paisiblement aux étudiants et aux chercheurs entre les rayonnages de la bibliothèque publique d’information (BPI).

    Ils sont une cinquantaine au moins. Peut-être deux fois plus. Ils viennent au centre Pompidou quasiment tous les jours, comme de nombreux chômeurs ou retraités précaires. Pourquoi ici ? Pour quoi faire ? Reportage au cœur d’un des derniers bastions de la mixité sociale dans la capitale. La pluie tombe à gouttes épaisses sur le pavé parisien. L’humidité redouble les morsures du vent. Je traverse en trottant la place Georges-Pompidou, contourne le musée, m’engouffre sous les tuyauteries multicolores, et prends place dans la petite file qui se forme déjà devant l’entrée de la bibliothèque.

    Nous sommes une vingtaine à faire le pied de grue: étudiants, sans-abris, chômeurs… tous regroupés dans l’ombre, pareillement morts de froid. L’horloge indique 11h. Les portes ouvrent à midi. L’attente risque d’être longue. Pas de quoi décourager le premier dans la queue, champion invétéré de la pole position. Lui est arrivé à « 10h07 » pétantes. « Et le week-end, faut carrément arriver à 8h pour rentrer. Y a un monde ! » lâche-t-il en soufflant dans ses paumes pour tenter de les réchauffer.

    Baskets brunies par la crasse, jean râpé, manteau sale. L’homme aux cheveux grisonnants porte sur ses vêtements les stigmates de la rue. Pourtant, il ne dort pas dehors, mais dans un foyer Adoma. Il travaille un peu. Pas souvent. Sur des marchés où il transporte des caisses de légumes. Ça rapporte juste assez pour se payer un toit et pas crever la faim.
    Acheter de nouvelles fringues, c’est le luxe. Il vient à la BPI « tous les jours depuis six ans », parce qu’il « a besoin de sortir », qu’il ne supporte pas de « rester enfermé » toute la journée au foyer. Son dada : lire des biographies de gangsters. Son héros: Mesrine. Les seules choses qu’il n’aime pas ici, ce sont les gardiens « fainéants » et le café « dégueulasse » de la cafétéria.

    Au bout d’une demi-heure, je lui serre la main et lui donne mon prénom. J’espère avoir le sien, mais il ne le dit pas. Puisqu’il n’enlève jamais son manteau rouge et noir, je le surnomme *Stendhal.

    Tandis que nous discutons, la file grossit à vue d’œil. Les derniers arrivés commencent à faire la queue au-delà des limites prévues par la bibliothèque. Au fil de la journée, 5 500 personnes en moyenne emprunteront le même chemin. Débarque un toxico, titubant et hagard. Je l’appelle *Doudoune à cause de son blouson qui fait deux fois sa taille. Seul à se promener de l’autre côté de la barrière, il erre dans le no man’s land qui s’étend entre ceux qui attendent et l’enceinte de verre.

    Il s’approche des étudiants proprets, demande un peu de monnaie, obtient d’un type avec un sandwich de lui laisser la fin. Son butin à la main, le pauvre bougre part d’une démarche traînante se cacher derrière un pilier. Là, à l’abri des regards, il mange une à une les tomates, la salade et les petits bouts de pain, qu’il porte lentement à sa bouche édentée, puis déglutit en réprimant une grimace douloureuse. Je le recroiserai plus tard, dans la cafétéria.

    Ni portable ni monnaie à sortir de ses poches

    « Et voilà ! 12h01 ! Tous les jours c’est comme ça. Hier, ils ont ouvert avec deux minutes de retard ! » grogne *Stendhal, l’air de se demander où va le monde. L’heure semble être chez lui un grand sujet de préoccupation. Il l’a commentée régulièrement pendant notre discussion, ponctuant nos échanges de son compte à rebours : « Plus que vingt-cinq minutes… Un quart d’heure… cinq minutes s’ils ouvrent à l’heure, mais ça… » Un agent de sécurité vient finalement ouvrir les portes.

    Pour me remercier de lui avoir tenu compagnie, *Stendhal m’invite à le rejoindre. « Allez, passe. Je te donne le visa ! » plaisante-t-il en écartant les cordes métalliques qui nous séparent. Je passe derrière lui dans les portes tournantes, en sentant dans mon dos la foule méprisante. Mon nouvel ami passe en un éclair les détecteurs de métaux. Il n’a ni portable ni monnaie à sortir de ses poches. Pendant qu’il va s’asseoir à un poste internet pour regarder des sketches de Bill Cosby, je reste avec l’un des gardes.

    Aki travaille à la BPI depuis plus de trois ans. Il connaît parfaitement les SDF qui fréquentent la bibliothèque. « Ce sont toujours les mêmes. Ils sont souvent au premier étage, là où il y a les télés. Ils cherchent de la chaleur, un peu de présence humaine. Ils savent que les gens laissent des restes de nourriture à la cafétéria, donc ils trouvent aussi à manger. »

    Pointant l’index vers le salon de lecture du rez-de-chaussée, où s’entassent mangas et bandes-dessinées, l’agent désigne des poufs vert fluo : « Vous voyez ? Ils viennent là, ils s’allongent, et ils dorment. Personne ne vient les déranger ici. » Comme c’est un lieu public et que l’accès est gratuit, tout le monde a le droit d’entrer, ou presque : « Tant qu’ils sont propres et qu’ils sentent pas mauvais, on les laisse. Par contre, on refuse ceux qui sont en état d’ébriété. Ça nous arrive d’intervenir pour des bagarres, du chahut ou des cas de racket. Mais c’est rare. Globalement, ils ne posent pas beaucoup de problèmes. »

    « La bibliothèque de Beaubourg constitue un espace de résistance collective sur un principe d’égalité citoyenne. » Serge Paugam

    Je prends l’escalator, direction le premier étage. L’espace « TV du monde » et sa dizaine d’écrans vieillots est le coin favori des marginaux de la BPI. Il suffit de compter le nombre de sacs en plastiques au sol pour constater que de nombreux SDF viennent tuer le temps ici. Loin de l’ambiance studieuse du reste du bâtiment, le carré télé prend parfois des allures de cour de récré.

    Comme aujourd’hui, avec ce bonhomme qui gesticule dans tous les sens au milieu de ses camarades. Je l’observe se lever, aller à l’oreille d’une personne, s’esclaffer en faisant des moulinets avec les bras, puis repartir s’asseoir. Il répète ce manège pendant cinq bonnes minutes avant que je me décide à aller le voir. Je prends place à côté de lui, et lui montre la télé devant laquelle nous sommes assis. Une pancarte est accrochée sur l’écran : « hors-service ». Devant mon air perplexe, il gargouille dans un mélange de français, d’italien, et d’espagnol : « C’est ouna tévé espécial ! »

    Puis il mime le bruit d’un avion, s’agrippe tout à coup à un volant imaginaire comme s’il se retrouvait au milieu d’une course-poursuite, et se trémousse sur sa chaise en émettant des borborygmes loufoques. Quand il se tourne vers moi, il éclate de rire, très content de sa blague. Je rentre dans son jeu.

    On communique tant bien que mal, dans un sabir mélangeant toutes les langues qui nous passent par la tête. J’arrive tout de même à comprendre qu’il a bossé dans le bâtiment quand il était plus jeune, qu’il est maintenant retraité et n’a pas de papier. Il ajoute être venu en France à bord d’un sous-marin. Mais son sourire me dit qu’il me mène en bateau. Puisqu’il faut lui trouver un nom, ce sera *Zavatta.

    Les 400 coups

    « Hé, tu joues au tiercé ? », me lance-t-il sans prévenir. Je lui réponds que non. À nouveau il se marre, et se met à héler tous les gens de l’espace télé en braillant : « Il joue pas au tiercééé ! Il joue pas au tiercééé ! » Tout le monde me regarde. *Zavatta est debout, il me montre du doigt. Arrive une documentaliste avec un air sévère. Le trublion est prié de faire moins de bruit. Je profite de la diversion pour trouver une nouvelle place.

    J’atterris à côté d’Abdel, qui connaît bien le clown : « C’est un type simple. On le voit pas souvent. Mais quand il vient, il parle toujours à tout le monde. C’est bien, ça met un peu d’ambiance. » Abdel est un habitué. Il fréquente la bibliothèque depuis son adolescence. Après avoir fait les 400 coups ici avec ses potes, il y a trouvé refuge quand il était SDF.

    C’était il y a longtemps, mais la bibliothèque reste une source de réconfort pour lui, maintenant qu’il est au chômage. Comme *Stendhal, il préfère passer ses journées à la BPI plutôt que d’être seul à la maison. « Ça me change les idées, ça m’aère un peu l’esprit », dit-il en embrassant du regard ses compagnons assoupis.

    Changement de décor. Dans la cafétéria, *Doudoune inspecte les tables dans l’espoir de trouver des miettes de biscuits. Ses yeux fouillent le sol à la recherche de l’éclat d’une pièce de monnaie tombée à côté des distributeurs. Quand il a assez d’argent, il s’achète un Fanta. Entre chacune de ses rondes, *Doudoune parle dans le vide. Mes tentatives pour l’amadouer avec un café ou une clope ne prennent pas sur lui. Trop sauvage. Mais elles me valent de faire la connaissance de Jean, un vieil homme au crâne dégarni et à la barbe épaisse.

    Il le dit sans détour : « Je suis un SDF. Je dors sur le trottoir. » Bien qu’il n’en soit pas fier, il n’en a pas honte non plus. Bientôt sexagénaire, Jean est à la rue depuis presque cinq ans. Cet ancien employé des postes a accepté de quitter son travail contre une prime de départ. Quand sa petite retraite n’a plus suffit à payer le loyer, il s’est retrouvé sans abris. Sa demande de logement social a selon lui peu de chances d’aboutir : « Je suis au bout de la liste. La priorité est donnée aux familles avec enfants, puis aux couples, et enfin aux personnes handicapées. Alors quand on est célibataire et qu’on a la santé… »

    Une quinte de toux secoue son corps malingre. Pour se maintenir à flot, Jean investit son énergie dans une association. Il est directeur d’une bagagerie dans le centre de Paris. Réservée aux SDF, elle propose des casiers à ceux qui veulent y laisser leurs affaires : « La nuit, il ne vaut mieux pas garder ses papiers importants sur soi. On risque de se les faire voler. Et puis c’est plus facile de se déplacer sans avoir à traîner ses sacs. » Fidèle à ce principe, Jean voyage léger. Son sac de sport fatigué contient le casse-croûte, des stylos et un carnet. Rien d’autre.

    « Saviez-vous que l’Inde compte 300 000 avocats ? »

    Ses activités de directeur lui laissant du temps libre, Jean vient « quatre à cinq fois par semaine » à la bibliothèque. Il commence souvent la journée par la lecture de la presse. Les journaux lui permettent de rester au contact de la réalité, de se sentir partie prenante du monde : « Autrement, on a vite fait de décrocher. » Il aime également regarder des films au deuxième étage, mais se plaint de « tout connaître par cœur ». « Ils pourraient renouveler leur stock plus souvent », note-t-il avec une pointe de reproche. Enfin, plusieurs heures par jour, Jean utilise les postes d’autoformation qui se trouvent au premier étage pour apprendre à manier Excel. Notre café terminé, chacun retourne à ses occupations.

    « Il faut faire attention quand on manipule les lettres, parce qu’un jour, leur ayant droit naturel viendra réclamer son dû, flanqué d’un bataillon de juristes indiens. »

    Sur une table où sont alignés plusieurs ordinateurs, un type en veste et bonnet beiges copie-colle compulsivement des phrases dans un document Word. Ses yeux écarquillés semblent vouloir absorber le flot d’informations qui défile à l’écran. D’un ton docte et pénétré, il explique effectuer des recherches sur l’ADN. Il parle « processus biochimique », « chaîne protéique », « enzymes » et « liaison amide ». De ses longs ongles jaunis, il peigne sa barbe hirsute tout en administrant sa leçon pseudo-scientifique.

    Le *Savant passe du coq à l’âne, jongle simultanément avec toutes les idées qui lui traversent l’esprit. Sa maison est bourrée d’écrans tactiles. Bientôt il publiera un livre sur la philatélie. « Saviez-vous que l’Inde compte 300 000 avocats ? Il faut faire attention quand on manipule les lettres, parce qu’un jour, leur ayant droit naturel viendra réclamer son dû, flanqué d’un bataillon de juristes indiens, et il vaudra mieux ne pas être dans les parages quand cela arrivera. »

    Les mots se dressent entre nous comme un écran de fumée. Impossible de voir qui se cache derrière. Protégé par une carapace mythomane, le *Savant parle de tout sauf de lui. La conversation tourne court lorsqu’il me quitte brusquement au milieu d’une phrase.

    Gare du Nord : terminus pour les SDF

    Si la BPI offre l’un des derniers refuges des clochards parisiens, c’est que le mobilier urbain dissuasif a peu à peu gagné chaque centimètre carré de l’espace public. L’agencement de la gare du Nord témoigne de cette politique de l’inconfort urbain. Ouvert à tous, mais « à certains plus qu’à d’autres », dirait Orwell, l’espace public n’est pas un choix mais une réalité imposée pour les clochards qui arpentent encore le lino glacé de la gare.

    Et ce, en plein cœur de ce temple de la mobilité. Gare du nord, lieu de passage, début ou fin d’un voyage. Tout en son ventre incite à circuler : impossible de se coucher sur ces bancs entravés par des barres de fer ; pas de repos possible non plus sur le parvis, où des piques hérissent chaque recoin et empêchent les SDF de venir s’y blottir ; on ne peut poser son fessier plus de cinq minutes sur les barrières, toutes trop inconfortables ; et 504 caméras de vidéosurveillance pèsent d’un œil inquisiteur sur celui qui rêverait de solitude apaisante.

    Certains trouvent alors des parades dérisoires. Comme cette vieille dame qui chaque jour fait la manche assise sur sa propre chaise en plastique, dans le couloir du métro. Pour ceux qu’on appelle « les toxicos », qui vivent dans la rue à quelques encablures de là, les toilettes de la gare étaient autrefois « un haut-lieu de la piquouze » aux dires de Natacha, agent de la sûreté SNCF. Depuis qu’ils sont devenus payants, 70 centimes le passage sur le trône, la dame pipi assure qu’elle trouve « beaucoup moins de seringues à la fin de la journée ».

    Toute cette froideur urbaine glace peu à peu les habitants marginaux de la gare. Depuis une vingtaine d’années, la SNCF a développé un plan de « lutte contre l’errance » dans 80 gares en France. Des travailleurs sociaux sont chargés de réorienter les personnes à la rue vers des lieux où dormir pour la nuit. Sophie, agent commercial, est passée des files de clients aux gens à la rue en intégrant le service « Solidarités » de la SNCF. Mais pour la solidarité, on repassera.

    Chaque soir, elle arpente les rames assoupies et propose aux clochards de les accompagner jusqu’aux centres d’hébergements les plus proches. « Enfin ça, c’est quand il y a de la place », soupire-t-elle. Parce qu’ils sont encore nombreux à rester à quai chaque soir gare du Nord.

    Otis Redding, Aretha Franklin et le King

    Avant de repartir, il me reste un dernier endroit à aller visiter. Le deuxième étage de la BPI abrite lui aussi un haut-lieu de ralliement pour les SDF, connu sous le nom d’ « espace musique ». Préposé au guichet Économie, Aleksander analyse : « Cet espace attire essentiellement un public précaire. De nos jours, on trouve la musique partout gratuitement, alors pourquoi venir l’écouter à la bibliothèque ? Seuls les gens qui n’ont pas d’ordinateur et pas d’internet vont là-bas. »

    En chemin, j’aperçois un immigré albanais qui recharge son téléphone à côté des escalators. Tête posée sur son sac à dos, il lit tranquillement ses textos, sans payer attention au mouvement incessant des gens qui vont et viennent.

    Le coin musique est séparé physiquement du reste de l’étage par de hautes vitrines, contrairement à celui des télévisions. Des silhouettes avachies se dessinent entre les autocollants qui décorent les parois. Casques sur les oreilles, les SDF se laissent bercer par les mélodies stockées sur les serveurs de la bibliothèque. Sophie tient le guichet.

    Parmi les auditeurs, elle observe « les mêmes profils chez les personnes précaires que chez le reste du public : les érudits et ceux qui viennent sans trop savoir ce qu’ils cherchent. » Parmi les premiers, elle connait un clochard qui vient ici depuis dix ans pour écouter exclusivement du rock. « C’est merveilleux de le voir passer en revue les pochettes de CD. Il te dit : ce groupe, je l’ai vu en 96, celui là en 98. Il connait tout. Il a tout vu », piaffe-t-elle.

    Au bout d’une rangée de cabines, une vieille connaissance fait son apparition. *Stendhal monte ici pour se rincer les oreilles à grands renforts de soul. Il écoute du Otis Redding, des chansons d’Aretha Franklin. Dans un autre registre, il voue un culte sans borne au King Elvis. Alors quand les hauts-parleurs grésillants se mettent à diffuser l’annonce de la fermeture imminente de la bibliothèque, *Stendhal ne cache pas sa déception. Jetant un coup d’œil à l’horloge, il bougonne : « Ahhh, ça ! Quand il s’agit de fermer, ils sont toujours à l’heure ! »

    * Les noms marqués d’une astérisque sont des surnoms inventés

    Notes 

    Rage Mag

    http://fortune.fdesouche.com/336799-paris-des-sdf-au-coeur-du-temple-de-lart-contemporain#more-336799

  • Les clandestins pourront prétendre au droit au logement

    Alors que le Gouvernement, reconnaissant lui-même une carence de logements pour les actuels ayant-droit, a lancé une utopique et coûteuse politique du logement, un amendement veut élargir ce droit au logement aux futurs clandestins...

    "C’est le député UMP du Loiret Claude de Ganay qui a levé le lièvre : le projet de loi de Cécile Duflot pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) permettra aux immigrés clandestins non européens d’obtenir une attestation d’élection de domicile permettant de faire valoir le droit opposable au logement. À l’origine de ce qui constitue, selon le député, « une bombe économique et sociale » aux« conséquences dramatiques sur l’engorgement des demandes de logements sociaux », un amendement « adopté en catimini », le 14 octobre, au Sénat, sur proposition de l’écologiste Aline Archimbaud, élargissant les possibilités de domiciliation aux droits civils (dont le droit au logement), alors que le texte de Cécile Duflot prévoyait de le limiter aux droits communs (aide juridictionnelle, etc.)".

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/12/les-clandestins-pourront-pr%C3%A9tendre-au-droit-au-logement.html

  • Les Bonnets Rouges Belgique ont mené leur première action

    Medias Presse Info évoquait, il y a quelques jours, l’apparition de Bonnets Rouges en Belgique. Ils ont mené ce matin leur première action à Charleroi. Ils étaient une petit centaine. Ils semblaient satisfait du nombre pour une première fois et ils prévoient déjà d’autres actions.

    bonnets rouges belgique10

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