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tradition - Page 152

  • Lectures Françaises

    Toute la mouvance contrerévolutionnaire connait Lectures Françaises, revue mensuelle de la politique française fondée en 1957 par Henri Coston, et toujours animée par l'équipe infatigable de Chiré-en-Montreuil, connue aussi sous le nom de DPF, diffusion de la pensée française.

    Lectures Françaises a désormais (enfin diront certains) un site Internet de très belle facture, auquel nous invitons tous les lecteurs du Salon Beige à faire le meilleur accueil possible. C'est par ici !

    Paula Corbulon

  • 17 mai : rassemblement contre la loi Taubira

    Le SIEL appelle les Français à se rassembler à partir de 18h00 le 17 mai à Paris, aux abords de l'Assemblée nationale, pour exiger l'abrogation de la loi Taubira. Trois après, On Ne Lâche Rien !

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    Michel Janva

  • Depuis trois ans, les Veilleurs luttent contre l’assoupissement des consciences

    Ils étaient une cinquantaine ce mardi soir devant la préfecture de Montpellier, assis dans le calme, sur la place des Martyrs de la Résistance. Ces gens là n’appartiennent pas au mouvement « Nuit Debout » ultra-médiatisé depuis quelques jours, mais sont pourtant en résistance face à la politique du gouvernement socialiste. Si les deux mouvements n’ont pas grand chose en commun, les « Veilleurs » peuvent se prévaloir d’être les initiateurs de ce mode de contestation.

    Les veilleurs, une résistance philosophique

    Mouvement né lors des grandes manifestations populaire contre la loi Taubira, ouvrant le mariage aux couples homosexuels au printemps 2013, les « Veilleurs » se rassemblent dans toute la France depuis trois ans. Des rassemblements pacifiques qui se sont multipliés dans toute la France. En tout, ils ont été présents dans une centaine de ville. A Montpellier, ces rassemblements ont lieu tous les deuxièmes mardi du mois.

    Veilleurs Montpellier

    Le principe ? Lorsqu’ils se réunissent, les veilleurs passent leur soirée à lire des textes philosophiques entrecoupés de quelques chants de tradition. « Nous nous appuyons sur la culture face à la démission de la pensée, à l’assoupissement des consciences et au délitement progressif du sens de l’homme », déclare une montpelliéraine qui participe à ces rassemblements depuis le début, « les Veilleurs ont choisi de demeurer vigilants pour réveiller l’âme du peuple auquel ils appartiennent ». A chaque veillée son thème, ainsi mardi soir, les veilleurs de Montpellier ont échangé autour d’une citation d’Alphonse de Lamartine : « Un grand peuple sans âme est une vaste foule ».

    Les veilleurs, être et durer ?

    Une démarche militante et intellectuelle qui n’a pas toujours été vue d’un bon œil par certains. A Montpellier, ville du premier mariage gay de France, le mouvement a connu dès ses premières heures une forte opposition de la part de l’extrême gauche et du lobby LGBT. Une opposition aussi virulente que succincte. Depuis deux ans, les veillées se déroulent sans aucune opposition. Un motif de satisfaction pour les organisateurs qui ont démontré leur capacité à être et à durer dans le temp

    Rendez -vous le mardi 10 mai à 20h30 devant la préfecture, pour la prochaine veillée à Montpellier.

    Photos : Lengadoc Info

    http://www.lengadoc-info.com/3370/societe/3370-veilleurs-montpellier/

  • Du néo-paganisme… outre-Atlantique par Donatien NON-CONFORME

    Qu’il est dur d’être païen ! Ou plus exactement « néo-païen ». Qu’est-ce que cela peut bien dire d’ailleurs « néo-païen » ? Peut-on être culturellement et/ou cultuellement « néo-païen » ? Et surtout à quoi cela peut-il « servir » d’être ou de se proclamer du paganisme en général ?

    La nébuleuse « néo-païenne » en Europe et aux États-Unis d’Amérique recouvre un ensemble d’individus, de groupes et d’organisations les plus différentes les unes des autres, dont les conceptions et la praxisdiffèrent toutes autant. Ne parlons même pas de l’identité spirituelle du « néo-paganisme » : Grecque ? Germanico-nordique ? Celte, voir même indo-aryen ? En ce qui nous concerne, l’identité spirituelle du « néo-paganisme » devrait se référer au triumvirat BodenBlutGeist (Terre – sang – esprit) « ordonné évidemment du supérieur à l’inférieur et en accord avec l’être particulier de chacun ».

    Néanmoins, et en admettant que l’on a trouvé son identité spirituelle « néo-païenne », c’est-à-dire sa propre « paganité », il est somme toute difficile, pour certaines personnes se réclamant du (néo) paganisme, d’agir contre la vacuité spirituelle qu’ils ressentent en eux. En effet point de praxis religieuse établie officiellement; d’expériences de communion avec les dieux, seul ou en groupe; de corpus de textes sacrés et considérés comme tels ou même d’épisodes recensés de théophanie par exemple. Enfin, une psyché modelée par des siècles et des siècles de christianisme, même sécularisé dans diverses idéologies modernes (laïcité issue des Lumières et marxisme principalement) est indéniablement un frein à la redécouverte puis à l’incarnation de notre « paganité ». En conséquence il n’est pas rare dans notre vaste milieu politique de voir certains se convertir au catholicisme. L’appel aux dieux. Essais sur le paganisme dans un monde oublié de Dieu de l’auteur américain Collin Cleary pourrait bien marquer les esprits ou plutôt les ouvrir aux dieux.

    Fondateur du journal TYR (Myth – Culture – Tradition) aux côtés de Joshua Buckley et Michael Moynihan, Collin Cleary est également membre de la Rune-Gild. Le lecteur aura l’occasion d’en savoir plus sur l’auteurvia l’introduction. Il serait plus parlant de citer les influences de Collin Cleary et elles sont nombreuses : Julius Evola, Hegel, Lao-Tseu, Heidegger, Alain Danièlou et Alain de Benoist, Platon et Aristote ainsi que son ami Edred Thorsson. Cleary fait preuve d’une véritable maîtrise des concepts développés par les philosophes précités et, quant à sa connaissance des doctrines orientales, elle impose également le respect. Bref, vous l’aurez compris, nous avons affaire en la personne de Collin Cleary à un érudit. Tout simplement. 

    Les Éditions du Lore ont eu l’excellente idée de faire traduire certains essais de Cleary et de les rassembler dans le présent recueil. Celui-ci est divisé en trois grandes parties : « Néo-paganisme », « Paganisme nordique » et « Parmi les ruines ». Nous nous concentrerons principalement sur la partie intitulée « Néo-paganisme » car elle recèle deux essais, « Connaître les dieux »  et  « L’appel aux dieux », qui sont fondamentaux et fondateur de la pensée de Collin Cleary. Par ailleurs, une critique intitulée « Paganisme sans dieux : Alain de Benoist et Comment peut-on être païen ? » entrera en résonance avec les interrogations exprimées plus haut dans mon introduction. Les deux autres parties seront naturellement évoquées et commentées. 

    I. Connaître les dieux

    Dans cet essai paru en 2002 dans le premier volume de la revue TYR (Myth – Culture – Tradition), Collin Cleary expose la théorie de base de ce qui deviendra son système de pensée. En premier lieu, une mise au point salutaire quant au concept de « l’ouverture aux dieux » s’impose. En effet cette dernière est le plus souvent biaisée, faisant même office de simulacre car envisagée uniquement d’un point de vue moderne, c’est-à-dire, dans ce cas précis, rationaliste, alors que « l’ouverture au divin est rendue possible par un point de vue plus fondamental : l’ouverture à l’être des choses elles-mêmes », soit un parti pris heideggerien. La compréhension du divin passe donc belle et bien par une ouverture, mais une ouverture au sensible, véritablement naturelle pour les hommes, et non pas par une ouverture rationnelle.  On comprend ainsi que c’est notre fermeture qui n’est pas naturelle. Le premier pas vers une réouverture consiste en un « changement radical dans notre manière de nous orienter vis-à-vis des êtres, et ceci doit commencer par une critique radicale et impitoyable de tous les aspects de notre monde moderne. »

    Selon Collin Cleary les hommes sont naturellement prédisposés à « l’ouverture à l’être » mais aussi à se fermer : « La nature humaine, comme vie réelle en présence de ce qui est “ supérieur ” (le surnaturel, le divin, le transcendant, l’idéal), existe dans une tension constante entre deux impulsions jumelles : l’impulsion à s’ouvrir au supérieur, et l’impulsion à se fermer à lui. L’une est l’impulsion à atteindre une chose plus grande que nous-mêmes, la laissant nous diriger et (littéralement) nous inspirer. L’autre est l’impulsion à nous fermer à elle et à nous élever nous-mêmes au-dessus de tout. Par manque d’un meilleur mot, je désignerai cette dernière tendance par le mot de Volonté. Les deux tendances – ouverture et Volonté – sont présentes dans tous les hommes. Elles expliquent la grandeur des hommes, ainsi que leur coté obscur. » 

    Cette notion centrale de « Volonté », que l’on pourrait comparer à « l’esprit faustien » décrit en son temps par Oswald Spengler, bien que « naturelle et nécessaire à la nature humaine » doit être canalisée. Effectivement, si elle n’est pas bridée, la Volonté devient irrémédiablement un « humanisme titanique » dont le principe serait de « faire de l’homme la mesure, d’exalter l’homme comme le but et la fin de toute l’existence, de plier toutes les choses aux désirs humains ». Cette impulsion à l’arrière-goût d’hubrisrésonne en nous d’une manière tragique car on comprend que la Volonté est la « pneuma », le souffle vital de toutes les philosophies issues des Lumières. Cleary confirme cette impression : « L’âge moderne est l’Âge de la Volonté, l’âge de l’humanisme titanique. La modernité est unique dans l’histoire humaine, parce qu’à aucune autre époque la Volonté n’a aussi complètement triomphé de l’ouverture. » 

    Cette fermeture au divin est progressive. La première étape est une séparation entre les hommes et la nature, osmose qui est capitale si l’on veut connaître les Dieux : « L’ouverture à la nature […] rend possible l’ouverture à un autre monde de forces et de pouvoirs – un monde qui contient et qui pourtant transcende la nature. C’est le monde des dieux. Nous fermer au monde naturel signifie inévitablement nous fermer au divin. » Nos ancêtres avaient en effet un lien direct avec la nature, condition sine qua non pour expérimenter les dieux. Le rapport « hommes – nature » était évidemment différent. De facto, la nature apparaissait autrefois comme une force coercitive, indomptée, qui inspirait à la fois respect et crainte. Et cette césure c’est la « Volonté » qui, via son avatar, « l’esprit faustien », va en être responsable. Elle opéra à un véritable bouleversement qui se réalisa, dans le cas qui nous intéresse ici, de deux manières. Premièrement, une « césure technique » qui va d’abord permettre aux hommes de se protéger de la nature avant de dévier vers une maîtrise, puis vers une domination. Dès lors on comprend que l’homme moderne, du fait de son mode de vie éminemment bourgeois, rien que par sa quête du confort absolu qui l’induit dans un doux cocon hédonisto-matérialiste, est ontologiquement un être fermé. Deuxièmement, la « Volonté » opère à une « césure métaphysique et spirituel » prométhéenne qui s’accomplit elle aussi de deux façons distinctes : «  La première est la manière que j’ai déjà décrite : l’homme peut rejeter le divin, déclarer qu’il n’a pas besoin de lui »; soit le meurtre de Dieu conceptualisé par Friedrich Nietzsche, envisagé en tant qu’acte de naissance, en quelque sorte, du rationalisme et du scientisme modernes. « La seconde manière est de tenter de concevoir une méthode spéciale de combler le gouffre séparant l’homme du divin, sans nier la réalité de ce dernier. Cette méthode est appelée mysticisme. Les mystiques pensent qu’ils s’élèvent jusqu’à l’union avec le divin. Ils ne voient pas que ce processus pourrait aussi bien être décrit dans l’autre sens : l’abaissement de Dieu au niveau de l’homme. La divinisation de l’homme et l’anthropomorphisation de Dieu sont la même chose. » 

    Mais alors comment réaliser l’ouverture aux dieux ? Pour commencer Cleary préconise de créer un « espace », une « clairière » selon les mots du philosophe allemand Heidegger, pour accueillir les dieux. Comme nous l’avons vu précédemment, il est impératif de modifier en profondeur notre relation à la spiritualité, à la religion et au divin en éradiquant : « L’approche moderne pour comprendre la religion [qui] consiste à la traiter comme l’une des nombreuses activités auxquelles les hommes participent […]. La vérité, cependant, est que c’est dans la religion que l’on trouve l’être même de l’homme. » Et pour conclure cette entrée en matière, l’auteur émet quelques suggestions, développées plus en détail dans un appendice inédit, pour parachever cette fameuse ouverture. Ces suggestions, nous préférons ne pas les dévoiler et laisser le lecteur les découvrir par lui-même. Elles ne font pas figure de lois mais de pistes, sans doute perfectibles, voire discutables. Nous conclurons en citant Collin Cleary : « Les dieux se trouvent aux limites extérieures de notre perception de la réalité, définissant le réel pour nous. L’explication prend place seulement à l’intérieur de ces limites. » 

    II. L’appel aux dieux, la phénoménologie de la présence divine 

    Ce second essai qui, à l’instar du premier, fut publié dans la revue TYR (Myth – Culture – Tradition) est une continuation de « Connaître les dieux », texte pionnier dans la démarche spirituelle de Cleary et faisant également office de « mindset ». Après un bref rappel des causes de notre  « fermeture aux dieux » (« pour les modernes, la nature n’a essentiellement pas d’Être : elle attend que les humains lui confèrent une identité » et « en nous fermant à l’être de la nature, nous nous fermons simultanément à l’être des dieux »), l’auteur rentre dans le vif en exprimant sa thèse : « Notre émerveillement devant l’être de choses particulières est l’intuition d’un dieu, ou d’un être divin. » 

    À travers un développement où se côtoient Platon, mais aussi les études linguistiques indo-européennes, Heidegger ou l’alchimie taoïste, Collin Cleary apporte une perspective nouvelle et originale de notre relation et de notre compréhension du divin, a fortiori d’une manière intelligible. Mais une fois de plus, nous pensons qu’il n’est pas de notre rôle de faire découvrir les observations et conclusions de l’auteur. En un sens cela briserait la « magie » et priverait l’auteur de déployer son talent envers son tout nouveau public francophone. Toutefois nous nous devons d’apporter quelques précisions. 

    Primo : Les conceptions du divin polythéistes et monothéistes sont essentiellement dissemblables. Dès lors le lecteur devra faire attention à ne pas user (involontairement ou non) de réflexes trompeurs issus d’une culture monothéiste, même sécularisée. Pour autant il n’est pas non plus nécessaire de faire partie d’un « coven » de Wicca pour comprendre la Weltanschauung polythéiste. 

    Deuxio : Il serait maladroit d’utiliser le terme de paganisme. En effet le terme paganisme vient du latinpaganus communément traduit par « paysan ». Il est donc question dans ce cas-là d’un ancrage territorial, en l’occurrence la ruralité, avec ses particularismes, notamment ses lieux de cultes (les sources par exemple) et ses genii loci. Hors, Cleary ne parle pas de nature en tant que Bios mais comme l’en-soi ainsi (ensemble de forces, en particulier de la vie, ou principe supérieur, considéré comme à l’origine des choses du monde, de son organisation). En bon lecteur de Julius Evola, il s’orienterait plutôt vers une spiritualité solaire et ouranienne telle qu’elle fut défendue par l’auteur de Révolte contre le monde moderne

    Tercio : Il ne faut  pas s’attendre à un déballage de modus operandi pour faire apparaître Thor, Lug ou Hécate dans votre salon comme si quelconque formes de théophanie pouvaient être commandées et livrées chez vous comme une vulgaire pizza. Les réflexions de Collin Cleary appartiennent plus au domaine métaphysique, au sens « évolien » du terme. Mais pas de méprise : L’appel aux dieux n’est pas un essai pompeux et abscons. Malgré moultes références mythologiques et philosophiques, Cleary réussit avec brio à rendre son sujet accessible grâce des exemples clairs. 

    Quartio : Le lecteur ne sera peut-être pas d’accord avec l’auteur. Soit car sa vision et son expérience du divin sont différentes, soit car le rationalisme avec lequel nous sommes nourris depuis notre plus jeune âge est encore trop présent. Vouloir expliquer le divin par la raison ne fut pas toujours une réussite (comme détaillé dans l’essai « Connaître les dieux »). 

    III. Paganisme sans dieux : Alain de Benoist et Comment peut-on être païen ? 

    Dans la quatrième remarque au sujet du texte précédent, nous mettions en évidence que le lecteur ne sera pas forcément en phase avec la vision du polythéisme de Cleary. Il est justement question ici d’une confrontation de visions entre celle de l’auteur et celle d’Alain de Benoist, plus précisément le Alain de Benoist de l’époque de Comment peut-on être païen ? (1). Bien que l’on sente le respect de Cleary envers le chantre historique de la Nouvelle Droite française, il décoche néanmoins des flèches aiguisées comme des lames de rasoir : « Essentiellement, ce que Benoist nous présente est un humanisme athée qui se réapproprie certaines attitudes et des valeurs des anciens païens, mais qui évite leur religion. » 

    Effectivement, nombre d’entre nous furent plus que surpris lors de la lecture du livre d’Alain de Benoist. Pour commencer le titre a de quoi  induire en erreur et aurait plutôt dû être Comment ne pas être monothéiste ? Alors certes, les critiques envers les religions abrahamiques sont valides et pertinentes mais demeurent prépondérantes par rapport au développement de la « paganité ». Nous y voyons, comme le souligne Collin Cleary, l’influence capitale de Nietzsche sur de Benoist : «  L’approche de Benoist dansComment peut-on être païen ? est, du début à la fin, nietzschéenne. Il ne fait aucune tentative pour le dissimuler : Nietzsche est cité à de nombreuses reprises dans tout le livre. En fait, un commentaire peu charitable sur la position de Benoist dans cet ouvrage serait de dire que c’est un humanisme nietzschéen déguisé en paganisme. » 

    Le « paganisme faustien » défendu par Alain de Benoist a forcément de quoi déplaire à Collin Cleary car, qui dit « paganisme faustien » dit « esprit faustien », soit une forme paroxystique de la « Volonté », concept défini par l’auteur dans Connaître les dieux. C’est ce qui fait dire à Cleary qu’Alain de Benoist se réapproprie maladroitement le concept nietzschéen d’Übermenschen (« Surhommes ») pour caractériser ontologiquement nos ancêtres païens; « l’anthropocentrisme […] est l’essence du nouveau paganisme de Benoist », c’est-à-dire une erreur primordiale quant à la compréhension du polythéisme pratiqué par nos ancêtres. 

    Pour Alain de Benoist les dieux seraient des créations humaines dont le substantif consisterait en des valeurs anthropomorphisées, ce qui confirmerait la thèse d’un humanisme athée d’essence nietzschéenne et paganisant. Là se situe la divergence première entre Alain de Benoist et Collin Cleary : « Sa position est fondamentalement athée ; la mienne théiste. » D’où un questionnement légitime quant à la notion objective de vérité (religieuse), et encore une fois l’auteur de Comment peut-on être païen ?, au même titre que Nietzsche, se complaît dans un relativisme moral qui « découle de son engagement en faveur d’un relativisme général concernant la vérité en tant que telle ». « Là se trouve le problème-clé avec l’approche de Benoist concernant la vérité et les valeurs : il a simplement accepté la prémisse du monothéisme, selon laquelle le seul standard d’objectivité devrait se trouver à l’extérieur du monde. Rejetant l’idée qu’il existe un tel standard transcendant, il en tire la conclusion que l’objectivité est donc impossible ». Et, en conclusion, « le relativisme de Benoist concernant la vérité et les valeurs semble être tout à fait étranger au paganisme » si bien que « ces difficultés philosophiques avec cette position sont très graves, et probablement insurmontables ». 

    Quiconque espérait un développement théiste de la « paganité » fut assez déçu de constater que cette dernière se résumait, dans le livre d’Alain de Benoist, à une Weltanschauung ainsi qu’à l’affirmation d’une pseudo-« paganité » à travers l’opposition radicale et viscérale aux monothéismes abrahamiques. Du même coup, la Weltanschauung exprimée par Alain de Benoist est sujette à caution. On peut en conclure que trop de Nietzsche tue le païen. Collin Cleary se réfère comme nous l’avons vu à Heidegger ainsi qu’à Aristote. Sa « paganité » n’est pas figée dans le passé, d’autant plus qu’elle est évolutive. Bref, la brillante critique théiste qu’il fait remet les pendules à l’heure, pour ne pas dire les idées à l’endroit… 

    IV. « Paganisme nordique » et « Parmi les ruines » 

    Bien que nous ayons préféré nous attarder sur la première partie du recueil, les deux autres sont loin, très loin d’être dépourvues d’intérêt. Une fois de plus Collin Cleary s’affirme comme un érudit et un penseur brillant. De nature spéculative pour la plupart, ces essais sont, au même titre que les deux premiers textes présents dans L’appel aux dieux, des portes d’entrée vers de nouveaux espaces : libre au lecteur de scruter l’horizon à travers ces portes entrouvertes ou bien de franchir le pas. 

    Les textes de la partie intitulée « Paganisme nordique » démontrent les connaissances de l’auteur pour les théogonies germano-nordiques, « indiennes », la tradition indo-européenne et la Tradition au sens où l’entendirent René Guenon et Julius Evola. Il faut en outre saluer la sagesse acquise par Cleary via sa pratique et ses études personnelles sur le Zen, le tantrisme, le yoga ou encore le taoïsme. Ce cocktaildétonnant ne doit aucunement dérouter le lecteur, bien qu’à première vue cela puisse être compréhensible : quel rapport y a-t-il entre la tradition scandinave et la tradition indo-aryenne des Vedas ? Pour Collin, ces doctrines et ces mythologies contiennent des morceaux de ce que put être la Tradition. Evola la décrivait en ces termes : « Au-delà de chaque tradition, plus profondément que chacune d’elles, il y a la Tradition – un corpus d’enseignements de caractère métaphysiques, donc totalement indépendant des contingences humaines et temporelles » (2). 

    L’interpénétration des philosophies grecques et allemandes, des mythes européens et des doctrines orientales et ce, malgré leurs différences de nature, s’avère particulièrement efficiente. C’est l’un des points forts de l’auteur. Les essais « Quel dieu Odin adorait-il ? » et « Notes philosophiques sur les runes » sont les travaux les plus intrigants de cette partie. Le premier aborde le thème de l’obtention de la connaissance runique par Wotan/Odin, déité primordiale de la théogonie nordique mise en perspective avec une autre déité, du panthéon indien celle-ci : Rudra/Shiva. Le deuxième essai, quant à lui, traite de la runologie d’un point de vue philosophique en usant de la tripartition hégélienne. Cette association a priori farfelue est pourtant cohérente. Mais n’étant (malheureusement) pas spécialiste des runes, nous nous garderons de proclamer cette démarche comme probante. 

    Enfin la dernière partie, « Parmi les ruines » est plutôt surprenante car elle analyse, sous la forme de deux textes, la cultissime série Le Prisonnier, puis l’autobiographie du cinéaste Alejandro Jodorowsky. Le premier est plus « politique » que le deuxième qui cherche à démontrer le caractère tantrique des expériences du réalisateur d’El Topo. Les arguments se tiennent, comme toujours chez Collin Cleary mais cette dernière partie est peut-être moins exaltante que le reste de l’ouvrage à défaut d’être originale. 

    À la fin de l’essai « Le voyage spirituel d’Alejandro Jodorowsky », Cleary pose une question cruciale : « Mais comment revenir aux dieux, ou les faire revenir vers nous ? C’est la question qui tenaille les traditionalistes radicaux et les néo-païens. Comment pouvons-nous faire cela alors que toutes les forces culturelles sont déployées contre nous, et alors que nous sommes tous – pour dire la vérité – des enfants de la modernité ? » Nous citerons une fois de plus Julius Evola, car la réponse de Collin Cleary est une paraphrase du premier : « Dans une époque de dissolution générale, la seule voie que l’on peut essayer de suivre, c’est justement la Voie de la Main Gauche, malgré tous les risques que cela comporte » (3). La Voie de la Main Gauche est ni plus ni moins, si on l’envisage de façon imagée, la faculté à devenir imperméable à la dissolution du Kali Yuga. C’est opérer à une mithridatisation dont le monde moderne est, en totalité, le poison. Pour ceux qui sont éclairés par la Lux Evoliana cela fait office de simple rappel; cela sera sans doute pour d’autres une occasion de découvrir l’œuvre d’Evola.

    L’appel aux dieux, essai sur le paganisme dans un monde oublié de dieu est un appel à ceux qui aspirent à incarner « l’homme contre le temps » de Savitri Devi, c’est-à-dire à l’être qui va inlassablement à contre-courant, le courant étant, vous l’aurez compris, le monde moderne. L’un de ses attributs, le plus néfaste, à coup sûr, est la désacralisation et la dé-spiritualisation absolues; le remède est par conséquent la réouverture au divin prôné par Collin Cleary. Nous lui sommes redevables de mettre en lumière de nouvelles perspectives et de nouvelles possibilités pour cette réouverture. Une chose appréciable demeure dans le fait qu’à aucun moment il n’y a distanciation entre lui et nous. Pas de ton ex cathedra mais une honnêteté, un sentiment de simplicité qui mettent en confiance et qui pondèrent une impressionnante connaissance philosophique et mythologique. 

    En conclusion, L’appel aux dieux. Essais sur le paganisme dans un monde oublié de dieu est, selon nous, un ouvrage capital et assurément un futur classique. Nonobstant les nombreuses références philosophiques et théogoniques, le message qui sous-tend l’ouvrage est limpide. En conséquence, ces références ne doivent nullement rebuter le néophyte. Ce recueil s’adresse aux néo-païens et aux tenants de la Tradition primordiale quel que soit leur niveau ou leur approche de la spiritualité. Dans l’introduction de Julius Evola, le visionnaire foudroyé (4), Jean Mabire déclarait à propos du penseur du haut des cimes que « ceux qu’il a éveillés ne pourront plus jamais se rendormir ». Nous espérons qu’il en sera de même pour Collin Cleary et son œuvre. 

    Donatien Non-Conforme 

    Notes bibliographiques 

    1 : Alain de Benoist, Comment peut-on être païen ?, Albin Michel, 1981. 

    2 : Julius Evola, Impérialisme païen, Éditions Pardès, 2004. 

    3 : Julius Evola, Le Chemin du Cinabre, Éditions Archè, 1983. 

    4 : Collectif, Julius Evola, le visionnaire foudroyé, Éditions Copernic, 1977. 

    • Collin Cleary, L’appel aux dieux. Essais sur le paganisme dans un monde oublié de Dieu, Les Éditions du Lore, 2016, 226 p., 25 €, à commander sur www.ladiffusiondulore.fr. 

    • D’abord mis en ligne sur Cercle non conforme, le 6 avril 2016.

    http://www.europemaxima.com/

  • Pèlerinage Paris-Chartres 2016

    Chers Camarades,

    Chaque année, pour la Pentecôte, Notre-Dame de Chrétienté organise un Pèlerinage de Notre-Dame de Paris jusqu’à Notre-Dame de Chartres dans un esprit traditionnel français.

    Comme chaque année, l’Action Française propose à ses membres animés par la Foi Catholique de participer au Pèlerinage au sein du Chapitre Sainte Jehanne de France(seconde fille de Louis XI et fondatrice de l’Ordre de l’Annonciation de la Vierge Marie). Ce Chapitre est l’un des plus anciens du Pèlerinage de Chartres et est entièrement géré par l’AF.

    Le pèlerinage se déroulera du samedi 14 au lundi 16 mai (semaine juste après la fête de Sainte Jeanne d’Arc).

    INSCRIPTIONS :

    Ouverture aujourd’hui (20 mars)
    - Région "PARIS EST +77"
    - Chapitre "SAINTE JEHANNE DE FRANCE"
    - LIEN INSCRIPTION

    PRIX :
    - Entre 54€ et 38€ jusqu’au 15 avril (en fonction de votre lieu de résidence)
    - Entre 68€ et 50€ après cette date (en fonction de votre lieu de résidence) S’inscrire en famille permet de limiter les frais (tarifs dégressifs)

    INFOS PRATIQUES :
    - Départ le samedi 14 très tôt en matinée (arrivée à Paris conseillée le vendredi 13 au soir)
    - Possibilité de rejoindre le pèlerinage en cours de route le samedi et le dimanche.
    - Arrivée à Chartres le lundi 16 en fin d’après midi.
    - Retour à Paris le lundi 16 vers 20h

    SECRÉTARIAT DU CHAPITRE :

    Antoine Berth - chapitresaintejehanne@gmail.com - https://twitter.com/berth_antoine

    Amitiés d’AF,

    Luigi Chef de Chapitre & Antoine

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Pelerinage-Paris-Chartres-2016

  • Tribune libre – Les mythes fondateurs de la civilisation européenne, par Vincent Revel

    De plus en plus, nous subissons l’uniformisation des sociétés par le biais de la mondialisation. Cette dynamique, encouragée par nos dirigeants, devient même un absolu. En dehors de ce chemin, balisé par notre élite corrompue, il n’existerait aucune autre alternative. La pensée égalitariste, qui défend l’idée du multiculturalisme, nous laisse croire en une harmonie nouvelle construite sur les cendres de notre héritage et de notre identité.

    Malheureusement, cette utopie nous mène vers une impasse. Ceux qui prennent le risque de dénoncer la fragilité extrême de ce modèle de société et la dérive communautariste qui en découle sont systématiquement caricaturés, insultés et ostracisés. Cette méthode est implacable ! Comme nous le dit l’écrivain-historienLuc Mary, dans l’Antiquité grecque, l’ostracisme « signifiait la perte des droits civiques de l’accusé et l’exclusion temporaire de la société ». Avec cette censure d’un nouveau genre, appliquée au nom de la pensée unique, nous sommes sous la menace de « l’asservissement des consciences ».

    C’est dans une situation aussi tendue et déstructurante qu’il est intéressant de questionner nos anciens mythes fondateurs. Celui de la tour de Babel est plus qu’évocateur ! Selon le professeur émérite des Universités Claude-Gilbert Dubois, « la tour de Babel résume un symbole politique, celui du grand empire, fortement centralisé, étroitement et massivement organisé, unifié, à forte hiérarchie et à visées conquérantes… où il n’y a ni marginaux ni exclus ni laissés pour compte. » « Les principes d’organisation de cette société fictive sont l’unitarisme et le totalitarisme. Uniformisme, puisque tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et totalitarisme, puisque tous participent à la même tâche constructive. » Le résultat tend au conformisme « car chaque individu se fond dans cette masse appelée les hommes et n’a plus d’existence propre. » L’objectif poursuivi est celui de « la conquête du ciel ». Face à cet égarement et à cette prétention, ce mythe nous apprend que Dieu, dans une posture paternaliste, souhaitait préserver « le maintien d’un pluralisme qui assure à chaque peuple une identité et une part d’autonomie. » Cette utopie de la démesure propre à l’homme a précipité la chute de cette société qui prenait le risque de rompre l’harmonie « d’un monde régulé ».

    Ce texte biblique rejoint, d’une certaine façon, le mythe prométhéen et ses divers avatars comme « les mythes du surhomme, de la race supérieure, les mythes communistes de la parfaite répartition des biens, de la cité idéalement égalitaire, les mythes capitalistes du libéralisme généralisé engendrant soi-disant l’harmonie » et le concept nouveau de se définir comme « citoyen du monde ». Avec cette tour de Babel, nous voyons déjà la condamnation du melting-pot et des agglomérations démesurément grandes, pour défendre l’idée d’un aménagement raisonné et harmonieux de notre environnement où chaque peuple aurait droit à son territoire. Ceci s’appelle la vraie diversité des cultures et des civilisations, à l’opposé de ce que nous proposent les « intellos-bobos » avec l’uniformisation des esprits.

    Un autre mythe, développé avec intensité dans la tragédie de Sophocle, nous raconte l’épopée thébaine et l’histoire d’Œdipe. Au-delà du supposé complexe développé par Freud nous expliquant « l’ensemble des relations d’amour et de rejet de l’enfant à l’égard de ses parents », c’est la question de l’identité qui nous est présenté. Les questions que nous renvoie ce mythe sont : qui sommes-nous et d’où venons-nous ? « Le mythe d’Œdipe raconte la période préhistorique de l’histoire future de la conscience de soi. » Il nous introduit « de plain-pied dans l’histoire et les secrets de la vie de l’individu. » Le mythe de Cassandre est encore plus parlant. « Elle prévoit le futur mais elle a beau le dire en termes clairs, on ne l’écoute pas. On ne pense à elle que lorsque la prédiction s’est réalisée. Il est toujours trop tard. » De ce fait, elle ne put éviter la destruction de Troie et sa fin tragique ainsi que celle du roi Agamemnon.

    Tout ça pour dire, qu’en cette période d’incertitude, où de faux rebelles et de pseudo-indignés se rassemblent autour de concepts creux comme celui de « Nuit debout », où nos « belles âmes » ne cessent de déconstruire les valeurs et les principes de notre civilisation occidentale, il serait judicieux de nous référer plus souvent à ces vieux mythes qui peuvent parfois nous paraître désuets, étranges, violents, barbares ou tout simplement farfelus car le futur appartient toujours à celui « qui a la plus longue mémoire » et ceci nous éviterait peut-être de connaître un nouveau Ragnarök sans y être préparés !

    Vincent Revel

    http://fr.novopress.info/200280/tribune-libre-les-mythes-fondateurs-de-la-civilisation-europeenne-par-vincent-revel/

  • France, lève-toi et marche ! Appel à participer au défilé de Jeanne d’Arc le 8 mai 2016 (abbé de La Rocque)

    Civitas vient de publier l’appel de l’abbé Patrick de La Rocque, curé de Saint-Nicolas du Chardonnet, à participer au défilé Sainte Jeanne d’Arc du 8 mai 2016.

    France, lève-toi et marche !

    Appel à participer au défilé de Jeanne d’Arc le 8 mai 2016

    abbe-de-la-rocque-2.jpg

    France, lève-toi et marche, parce que tu es à terre, exsangue.

    Exsangue tu l’es, car depuis trop longtemps tu tues tes enfants par l’avortement, 230 000 par an, le taux le plus important d’Europe.

    Exsangue tu l’es, car non contente de tuer tes enfants, voici que maintenant tu mets à mort tes anciens par la sédation profonde, mot censé être pudique pour cacher celui d’euthanasie.

    Exsangue tu l’es, car tu ne t’appartiens plus, pour t’être soumis aux dictats d’un mondialisme organisé par les loges maçonniques.

    Exsangue tu l’es, car tu subis sans mot dire ce qui est sans doute l’invasion la plus grande de ton histoire.

    Exsangue tu l’es, car sous le fallacieux prétexte d’une loi travail, tu entends introduire en toutes tes entreprises des lieux de culte où l’on s’adresse à un faux dieu, qui n’est que démoniaque (Psaume 95, 5). Combien de tes enfants doivent-ils être encore massacrés, en France comme en Orient, pour qu’enfin tu le réalises ?

    Exsangue tu l’es tout simplement, parce que tu as oublié que « c’est par la justice que les nations s’élèvent, tandis que le péché réduit les peuples à la misère » (Proverbes, 14, 34). Oui, tu l’as oublié, « un Français ne peut abdiquer sa foi sans répudier tout le passé, sans sacrifier tout l’avenir de son pays » (Cardinal Pie).

    France, tu es exsangue, mais tu n’es pas morte. Tu n’es pas morte, car je te vois vivante dans l’âme de nombre de tes membres, désireux de renouer avec tes racines chrétiennes, celles desquelles se lèvera la seule sève capable de te revivifier et de t’assurer un avenir.

    C’est à tous ceux-là et à chacun d’eux que j’en appelle, pour leur dire : « Lève-toi et marche ! »

    Au nom de la France et par amour pour elle, rejoignez celle que notre pays reconnait encore officiellement pour patronne, sainte Jeanne d’Arc (loi du 10 juillet 1920, non abrogée). En cette année 2016, la libératrice d’Orléans est revenue parmi nous à travers la seule relique qui reste d’elle, son anneau.Rejoignez-là, venez gonfler ses rangs.

    Comme elle l’apprenait à ses troupes, commencez par plier le genou devant Dieu justement irrité, pour implorer sa clémence en faveur de la France. Venez assister à la messe solennelle de sainte Jeanne d’Arc, qui sera célébrée ce 8 mai 2016 à 10 H 30 pour la France, en l’église Saint-Nicolas du Chardonnet(Paris V°).

    Puis levez-vous et marchez. Rejoignez les rangs de la grande marche qu’organise l’Institut Civitas. Il vous donne rendez-vous place Saint-Augustin, à partir de 12 H 30.

    Ainsi vous hâterez le jour où ce ne seront plus mes pauvres mots, mais la parole toute puissante du Christ qui dira à notre France meurtrie : « Lève-toi et marche » (Jean 5, 8). 

    Abbé Patrick de LA ROCQUE,

    Curé de Saint-Nicolas du Chardonnet

    http://www.medias-presse.info/france-leve-toi-et-marche-appel-a-participer-au-defile-de-jeanne-darc-le-8-mai-2016-abbe-de-la-rocque/52371

  • Chronique de livre: Collin Cleary "L’appel aux dieux"

    Collin Cleary, L’appel aux dieux, essai sur le paganisme dans un monde oublié de dieu (Les Editions du Lore, 2016)

    2867709874.jpgQu’il est dur d’être païen ! Ou plus exactement « néo-païen ». Qu’est-ce que cela peut bien dire d’ailleurs « néo-païen » ? Peut-on être culturellement et/ou cultuellement « néo-païen » ? Et surtout à quoi cela peut-il « servir » d’être ou de se proclamer du paganisme en général ?

    La nébuleuse « néo-païenne » en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique recouvre un ensemble d’individus, de groupes et d’organisations les plus différentes les unes des autres, dont les conceptions et la praxis diffèrent toutes autant. Ne parlons même pas de l’identité spirituelle du « néo-paganisme » : Grecque ? Germanico-nordique ? Celte, voir même Indo-aryen ? En ce qui nous concerne,l’identité spirituelle du « néo-paganisme » devrait se référer au triumvirat Boden – Blut – Geist  (Terre, sang, esprit) "ordonné évidemment du supérieur à l'inférieur et en accord avec l’être particulier de chacun."

    Néanmoins,et en admettant que l’on a trouvé son identité spirituelle « néo-païenne », c’est-à-dire sa propre « paganité », il est somme toute difficile, pour certaines personnes se réclamant du (néo) paganisme, d’agir contre la vacuité spirituelle qu’ils ressentent en eux. En effet point de praxis religieuse établie officiellement ; d’expériences de communion avec les dieux, seul ou en groupe ; de corpus de textes sacrés et considérés comme tels ou même d’épisodes recensés de théophanie par exemple. Enfin, une psyché modelée par des siècles et des siècles de christianisme, même sécularisé dans diverses idéologies modernes (laïcité issue des lumières et marxisme principalement) est indéniablement un frein à la redécouverte puis à l’incarnation de notre « paganité ». En conséquence il n’est pas rare dans notre vaste milieu politique de voir certains se convertir au catholicisme. L’appel aux dieux, essai sur le paganisme dans un monde oublié de dieu de l’auteur américain Collin Cleary pourrait bien marquer les esprits ou plutôt les ouvrir aux dieux.

    Fondateur du journal TYR – Myth- Culture – Tradition aux cotés de Joshua Buckley et Michael Moynihan, Collin Cleary est également membre de la Rune-Gild. Le lecteur aura l’occasion d’en savoir plus sur l’auteur via l’introduction. Il serait plus parlant de citer les influences de Collin Cleary et elles sont nombreuses : Julius Evola, Hegel, Lao-Tseu, Heidegger, Alain Danièlou et Alain de Benoist, Platon et Aristote ainsi que son ami Edred Thorsson. Cleary fait preuve d’une véritable maitrise des concepts développés par les philosophes précités et, quant à sa connaissance des doctrines orientales, elle impose également le respect. Bref, vous l’aurez compris, nous avons affaire en la personne de Collin Cleary à un érudit. Tout simplement.

    Les Editions du Lore ont eu l’excellente idée de faire traduire certains essais de Cleary et de les rassembler dans le présent recueil. Celui-ci est divisé en trois grandes parties : « Néo-paganisme », « Paganisme nordique » et « Parmi les ruines ». Nous nous concentrerons principalement sur la partie intitulée « Néo-paganisme » car elle recèle deux essais, Connaître les dieux  et  L’appel aux dieux qui sont fondamentaux et fondateur de la pensée de Collin Cleary.Par ailleurs, une critique intitulée Paganisme sans dieux : Alain de Benoist et Comment peut-on être païen ? entrera en résonance avec les interrogations exprimées plus haut dans mon introduction. Les deux autres parties seront naturellement évoquées et commentées.

    « Néo-Paganisme »

    I. Connaître les Dieux

    Dans cet essai paru en 2002 dans le premier volume de la revue TYR : Myth – Culture – Tradition, Collin Cleary expose la théorie de base de ce qui deviendra son système de pensée. En premier lieu, une mise au point salutaire quant au concept de « l’ouverture aux dieux » s’impose. En effet cette dernière est le plus souvent biaisée, faisant même office de simulacre car envisagée uniquement d’un point de vue moderne, c’est-à-dire, dans ce cas précis, rationaliste, alors que « l’ouverture au divin est rendue possible par un point de vue plus fondamental : l’ouverture à l’être des choses elles-mêmes », soit un parti pris heideggerien . La compréhension du divin passe donc belle et bien par une ouverture, mais une ouverture au sensible, véritablement naturelle pour les hommes, et non pas par une ouverture rationnelle.  On comprend ainsi que c’est notre fermeture qui n’est pas naturelle. Le premier pas vers une réouverture consiste en un « changement radical dans notre manière de nous orienter vis-à-vis des êtres, et ceci doit commencer par une critique radicale et impitoyable de tous les aspects de notre monde moderne. »

    Selon Collin Cleary les hommes sont naturellement prédisposés à « l’ouverture à l’être » mais aussi à se fermer : « La nature humaine, comme vie réelle en présence de ce qui est «supérieur » (le surnaturel, le divin, le transcendant, l’idéal), existe dans une tension constante entre deux impulsions jumelles : l’impulsion à s’ouvrir au supérieur, et l’impulsion à se fermer à lui. L’une est l’impulsion à atteindre une chose plus grande que nous-mêmes, la laissant nous diriger et (littéralement) nous inspirer. L’autre est l’impulsion à nous fermer à elle et à nous élever nous-mêmes au-dessus de tout. Par manque d’un meilleur mot, je désignerai cette dernière tendance par le mot de Volonté. Les deux tendances – ouverture et Volonté – sont présentes dans tous les hommes. Elles expliquent la grandeur des hommes, ainsi que leur coté obscur. »

    Cette notion centrale de « Volonté », que l’on pourrait comparer à « l’esprit Faustien » décrit en son temps par Oswald Spengler, bien que « naturelle et nécessaire à la nature humaine » doit être canalisée. Effectivement, si elle n’est pas bridée, la Volonté devient irrémédiablement un « humanisme titanique » dont le principe serait de « faire de l’homme la mesure, d’exalter l’homme comme le but et la fin de toute l’existence, de plier toutes les choses aux désirs humains. »  Cette impulsion à l’arrière-gout d’hubris résonne en nous d’une manière tragique car on comprend que la Volonté est la « pneuma », le souffle vital de toutes les philosophies issues des Lumières. Cleary confirme cette impression : « l’âge moderne est l’Âge de la Volonté, l’âge de l’Humanisme Titanique. La modernité est unique dans l’histoire humaine, parce qu’à aucune autre époque la Volonté n’a aussi complètement triomphé de l’ouverture. »

    Cette fermeture au divin est progressive. La première étape est une séparation entre les hommes et la nature, osmose qui est capitale si l’on veut connaître les Dieux : « L’ouverture à la nature […] rend possible l’ouverture à un autre monde de forces et de pouvoirs – un monde qui contient et qui pourtant transcende la nature. C’est le monde des dieux. Nous fermer au monde naturel signifie inévitablement nous fermer au divin. » Nos ancêtres avaient en effet un lien direct avec la nature, condition sine qua non pour expérimenter les dieux. Le rapport « hommes - nature » était évidemment différent. De facto, La nature apparaissait autrefois comme une force coercitive, indomptée, qui inspirait à la fois respect et crainte. Et cette césure c’est la « Volonté » qui, via son avatar, « l’esprit faustien », va en être responsable. Elle opéra à un véritable bouleversement qui se réalisa, dans le cas qui nous intéresse ici, de deux manières. Premièrement, une « césure technique » qui va d’abord permettre aux hommes de se protéger de la nature avant de dévier vers une maitrise, puis vers une domination. Dès lors on comprend que l’homme moderne, du fait de son mode de vie éminemment bourgeois, rien que par sa quête du confort absolu qui l’induit dans un doux cocon hédonisto-matérialiste, est ontologiquement un être fermé. Deuxièmement, la « Volonté » opère à une « césure métaphysique et spirituel » prométhéenne qui s’accomplit elle aussi de deux façons distinctes : «  La première est la manière que j’ai déjà décrite : l’homme peut rejeter le divin, déclarer qu’il n’a pas besoin de lui » ; soit le meurtre de Dieu conceptualisé par Friedrich Nietzsche, envisagé en tant qu’acte de naissance, en quelque sorte,  du rationalisme et du scientisme modernes. « La seconde manière est de tenter de concevoir une méthode spéciale de combler le gouffre séparant l’homme du divin, sans nier la réalité de ce dernier. Cette méthode est appelée mysticisme. Les mystiques pensent qu’ils s’élèvent jusqu’à l’union avec le divin. Ils ne voient pas que ce processus pourrait aussi bien être décrit dans l’autre sens : l’abaissement de Dieu au niveau de l’homme. La divinisation de l’homme et l’anthropomorphisation de Dieu sont la même chose ».

    Mais alors comment réaliser l’ouverture aux dieux ? Pour commencer Cleary préconise de créer un « espace », une « clairière » selon les mots du philosophe allemand Heidegger, pour accueillir les dieux. Comme nous l’avons vu précédemment, il est impératif de modifier en profondeur notre relation à la spiritualité, à la religion et au divin en éradiquant : « l’approche moderne pour comprendre la religion [qui] consiste à la traiter comme l’une des nombreuses activités auxquelles les hommes participent […]. La vérité, cependant, est que c’est dans la religion que l’on trouve l’être même de l’homme. ».  Et pour conclure cette entrée en matière, l'auteur émet quelques suggestions, développées plus en détail dans un appendice inédit, pour parachever cette fameuse ouverture. Ces suggestions, nous préférons ne pas les dévoiler et laisser le lecteur les découvrir par lui-même. Elles ne font pas figure de lois mais de pistes, sans doute perfectibles, voir discutables. Nous conclurons en citant Collin Cleary : « Les dieux se trouvent aux limites extérieures de notre perception de la réalité, définissant le réel pour nous. L’explication prend place seulement à l’intérieur de ces limites ».

    II. L’appel aux Dieux, la phénoménologie de la présence divine

    Ce second essai qui, à l’instar du premier, fut publié dans la revue TYR : Myth – Culture – Tradition est une continuation de Connaitre les dieux ; texte pionnier dans la démarche spirituelle de Cleary et faisant également office de « mindset ». Après un bref rappel des causes de notre  « fermeture aux dieux » (« pour les modernes, la nature n’a essentiellement pas d’Être : elle attend que les humains lui confèrent une identité » et « en nous fermant à l’être de la nature, nous nous fermons simultanément à l’être des dieux. ») l’auteur rentre dans le vif en exprimant sa thèse : « notre émerveillement devant l’être de choses particulières est l’intuition d’un dieu, ou d’un être divin. »

    A travers un développement où se côtoient Platon, mais aussi les études linguistiques indo-européennes, Heidegger ou l’alchimie taoïste, Collin Cleary apporte une perspective nouvelle et originale de notre relation et de notre compréhension du divin, a fortiori d’une manière intelligible. Mais une fois de plus, nous pensons qu’il n’est pas de notre rôle de faire découvrir les observations et conclusions de l’auteur. En un sens cela briserait la « magie » et priverait l’auteur de déployer son talent envers son tout nouveau public francophone. Toutefois nous nous devons d’apporter quelques précisions :

    Primo : les conceptions du divin polythéistes et monothéistes sont essentiellement dissemblables. Dès lors le lecteur devra faire attention à ne pas user (involontairement ou non) de réflexes trompeurs issus d’une culture monothéiste, même sécularisée. Pour autant il n’est pas non plus nécessaire de faire partie d’un « coven » de Wiccas pour comprendre la weltanschauung polythéiste.

    Deuxio : Il serait maladroit d’utiliser le terme de paganisme. En effet le terme paganisme vient du latin paganismus/paganus communément traduit par « paysan ». Il est donc question dans ce cas-là d’un ancrage territorial, en l’occurrence la ruralité, avec ses particularismes, notamment ses lieux de cultes (les sources par exemple) et ses geniiloci. Hors, Cleary ne parle pas de nature en tant que Bios mais comme l’en soi ainsi (ensemble de forces, en particulier de la vie, ou principe supérieur, considéré comme à l'origine des choses du monde, de son organisation)En bon lecteur de Julius Evola, il s’orienterait plutôt vers une spiritualité solaire et ouranienne telle qu’elle fut défendue par l’auteur de Révolte contre le monde moderne.

    Tercio : Il ne faut  pas s’attendre à un déballage de Modus Operandi pour faire apparaître Thor, Lugh ou Hekate dans votre salon comme si quelconque formes de théophanie pouvaient être commandées et livrées chez vous comme une vulgaire pizza. Les réflexions de Collin Cleary appartiennent plus au domaine métaphysique, au sens « Evolien » du terme. Mais pas de méprise : L’appel aux dieux n’est pas un essai pompeux et abscons. Malgré moultes références mythologiques et philosophiques, Cleary réussit avec brio à rendre son sujet accessible grâce des exemples clairs.

    Quartio : le lecteur ne sera peut-être pas d’accord avec l’auteur. Soit car sa vision et son expérience du divin sont différentes, soit car le rationalisme avec lequel nous sommes nourris depuis notre plus jeune âge est encore trop présent. Vouloir expliquer le divin par la raison ne fut pas toujours une réussite (comme détaillé dans l’essai Connaître les dieux).

    III. Paganisme sans dieux : Alain de Benoist et Comment peut-on être païen ?

    Dans la quatrième remarque au sujet du texte précédent, nous mettions en évidence que le lecteur ne sera pas forcément en phase avec la vision du polythéisme de Cleary. Il est justement question ici d’une confrontation de visions entre celle de l’auteur et celle d’Alain de Benoist, plus précisément le Alain de Benoist de l’époque de Comment peut-on être païen ? (1). Bien que l’on sente le respect de Cleary envers le chantre historique de la Nouvelle Droite Française, il décoche néanmoins des flèches aiguisées comme des lames de rasoir : « Essentiellement, ce que Benoist nous présente est un humanisme athée qui se réapproprie certaines attitudes et des valeurs des anciens païens, mais qui évite leur religion ».

    Effectivement, nombre d’entre nous furent plus que surpris lors de la lecture du livre d’Alain de Benoist. Pour commencer le titre a de quoi  induire en erreur et aurait plutôt dû être Comment ne pas être monothéiste ? Alors certes, les critiques envers les religions abrahamiques sont valides et pertinentes mais demeurent prépondérantes par rapport au développement de la « paganité ». Nous y voyons, comme le souligne Collin Cleary,  l’influence capitale de Nietzsche sur de Benoist : «  l’approche de Benoist dans Comment peut-on être païen ? est, du début à la fin, nietzschéenne. Il ne fait aucune tentative pour le dissimuler : Nietzsche est cité à de nombreuses reprises dans tout le livre. En fait, un commentaire peu charitable sur la position de Benoist dans cet ouvrage serait de dire que c’est un humanisme nietzschéen déguisé en paganisme ».

    Le « paganisme faustien » défendu par Alain de Benoist a forcément de quoi déplaire à Collin Cleary car, qui dit « paganisme faustien » dit « esprit faustien », soit une forme paroxystique de la « Volonté » concept défini par l’auteur dans Connaître les dieux. C’est ce qui fait dire à Cleary qu’Alain de Benoist se réapproprie maladroitement le concept nietzschéen d’Übermenschen(surhommes) pour caractériser ontologiquement nos ancêtres païens ; « l’anthropocentrisme […] est l’essence du nouveau paganisme de Benoist », c’est-à-dire une erreur primordiale quant à la compréhension du polythéisme pratiqué par nos ancêtres.

    Pour Alain de Benoist les dieux seraient des créations humaines dont le substantif consisterait en des valeurs anthropomorphisées, ce qui confirmerait la thèse d’un humanisme athée d’essence nietzschéenne et paganisant. Là se situe la divergence première entre Alain de Benoist et Collin Cleary : « Sa position est fondamentalement athée ; la mienne théiste ». D’où un questionnement légitime quant à la notion objective de vérité (religieuse), et encore une fois l’auteur deComment peut-on être païen ?, au même titre que Nietzche, se complait dans un relativisme moral qui « découle de son engagement en faveur d’un relativisme général concernant la vérité en tant que telle ». « Là se trouve le problème-clé avec l’approche de Benoist concernant la vérité et les valeurs : il a simplement accepté la prémisse du monothéisme, selon laquelle le seul standard d’objectivité devrait se trouver à l’extérieur du monde. Rejetant l’idée qu’il existe un tel standard transcendant, il en tire la conclusion que l’objectivité est donc impossible ». Et en conclusion « le relativisme de Benoist concernant la vérité et les valeurs semble être tout à fait étranger au paganisme » si bien que « ces difficultés philosophiques avec cette position sont très graves, et probablement insurmontables ».

    Quiconque espérait un développement théiste de la « paganité » fut assez déçu de constater que cette dernière se résumait, dans le livre d’Alain de Benoist, à une Weltanschauung ainsi qu’à l’affirmation d’une pseudo « paganité » à travers l’opposition radicale et viscérale aux monothéismes abrahamiques. Du même coup, la Weltanschauung exprimée par Alain de Benoist est sujette à caution. On peut en conclure que trop de Nietzsche tue le païen. Collin Cleary se réfère comme nous l’avons vu à Heidegger ainsi qu’à Aristote. Sa « paganité » n’est pas figée dans le passé, d’autant plus qu’elle est évolutive. Bref, la brillante critique théiste qu'il fait remet les pendules à l’heure, pour ne pas dire les idées à l’endroit…

    « Paganisme nordique » et « Parmi les ruines »

    Bien que nous ayons préféré nous attarder sur la première partie du recueil, les deux autres sont loin, très loin d’être dépourvues d’intérêt. Une fois de plus Collin Cleary s’affirme comme un érudit et un penseur brillant. De nature spéculative pour la plupart, ces essais sont, au même titre que les deux premiers textes présents dans L’appel aux dieux, des portes d’entrée vers de nouveaux espaces : libre au lecteur de scruter l’horizon à travers ces portes entrouvertes ou bien de franchir le pas.

    Les textes de la partie intitulée « Paganisme nordique » démontrent les connaissances de l’auteur pour les théogonies germano-nordiques, « indiennes », la tradition indo-européenne et la Tradition au sens où l’entendirent René Guenon et Julius Evola. Il faut en outre saluer la sagesse acquise par Cleary via sa pratique et ses études personnelles sur le Zen, le tantrisme, le yoga ou encore le taoïsme. Ce cocktail détonnant ne doit aucunement dérouter le lecteur, bien qu’à première vue cela puisse être compréhensible : Quel rapport y a-t-il entre la tradition scandinave et la tradition indo-aryenne des Vedas ? Pour Collin, ces doctrines et ces mythologies contiennent des morceaux de ce que put être la Tradition. Evola la décrivait en ces termes : « au-delà de chaque tradition, plus profondément que chacune d’elles, il y a la Tradition – un corpus d’enseignements de caractère métaphysiques, donc totalement indépendant des contingences humaines et temporelles » (2).

    L’interpénétration des philosophies grecques et allemandes, des mythes européens et des doctrines orientales et ce, malgré leurs différences de nature, s’avère particulièrement efficiente. C’est l’un des points forts de l’auteur. Les essais Quel dieu Odin adorait-il ? et Notes philosophiques sur les runes sont les travaux les plus intrigants de cette partie. Le premier aborde le thème de l’obtention de la connaissance runique par Wotan/Odin, déité primordiale de la théogonie nordique mise en perspective avec une autre déité, du panthéon indien celle-ci : Rudra/Shiva. Le deuxième essai, quant à lui, traite de la runologie d’un point de vue philosophique en usant de la tripartition hégélienne. Cette association a priori farfelue est pourtant cohérente. Mais n’étant (malheureusement) pas spécialiste des runes, nous nous garderons de proclamer cette démarche comme probante.

    Enfin la dernière partie, « Parmi les ruines » est plutôt surprenante car elle analyse, sous la forme de deux textes, la cultissime série Le Prisonnier, puis l’autobiographie du cinéaste Alejandro Jodorowsky. Le premier est plus « politique » que le deuxième qui cherche à démontrer le caractère tantrique des expériences du réalisateur d’El Topo. Les arguments se tiennent, comme toujours chez Collin Cleary mais cette dernière partie est peut-être moins exaltante que le reste de l’ouvrage à défaut d’être originale.

    A la fin de l’essai Le voyage spirituel d’Alejandro Jodorowsky, Cleary pose une question cruciale : « Mais comment revenir aux dieux, ou les faire revenir vers nous ? C’est la question qui tenaille les Traditionalistes radicaux et les neo-païens. Comment pouvons-nous faire cela alors que toutes les forces culturelles sont déployées contre nous, et alors que nous sommes tous – pour dire la vérité – des enfants de la modernité ? ». Nous citerons une fois de plus Julius Evola, car la réponse de Collin Cleary est une paraphrase du premier : « Dans une époque de dissolution générale, la seule voie que l’on peut essayer de suivre, c’est justement La Voie de la Main Gauche, malgré tous les risques que cela comporte » (3). La Voie de la Main Gauche est ni plus ni moins, si on l’envisage de façon imagée, la faculté à devenir imperméable à la dissolution du Kali Yuga. C’est opérer à une mithridatisation dont le monde moderne est, en totalité, le poison. Pour ceux qui sont éclairés par la Lux Evoliana cela fait office de simple rappel ; cela sera sans doute pour d’autres une occasion de découvrir l’œuvre d’Evola.

    L’appel aux dieux, essai sur le paganisme dans un monde oublié de dieu est un appel à ceux qui aspirent à incarner « l’homme contre le temps »de Savitri Devi, c’est-à-dire à l’être qui va inlassablement à contre-courant, le courant étant, vous l’aurez compris, le monde moderne. L’un de ses attributs, le plus néfaste à coup sûr, est la désacralisation et la dé-spiritualisation absolues ; le remède est par conséquent la réouverture au divin prôné par Collin Cleary. Nous lui sommes redevables de mettre en lumière de nouvelles perspectives et de nouvelles possibilités pour cette réouverture. Une chose appréciable demeure dans le fait qu’à aucun moment il n'y a distanciation entre lui et nous. Pas de ton ex cathedramais une honnêteté, un sentiment de simplicité qui mettent en confiance et qui pondèrent une impressionnante connaissance philosophique et mythologique.

    En conclusion, L’appel aux dieux, essai sur le paganisme dans un monde oublié de dieu est, selon nous, un ouvrage capital et assurément un futur classique. Nonobstant les nombreuses références philosophiques et théogoniques, le message qui sous-tend l’ouvrage est limpide. En conséquence, ces références ne doivent nullement rebuter le néophyte. Ce recueil s’adresse aux néo-païens et aux tenants de la Tradition Primordiale quel que soit leur niveau ou leur approche de la spiritualité. Dans l’introduction de Julius Evola, le visionnaire foudroyé(4), Jean Mabire déclarait à propos du penseur du haut des cimes que « Ceux qu’il a éveillés ne pourront plus jamais se rendormir ». Nous espérons qu’il en sera de même pour Collin Cleary et son œuvre.

    Donatien/C.N.C.

    Notes :

    • Alain de Benoist,Comment peut-on être païen?, Albin Michel, 1981.
    • Julius Evola, Impérialisme Païen, Éditions Pardès, 2004.
    • Julius Evola, Le Chemin du Cinabre, Éditions Archè, 1983.
    • Collectif, Julius Evola, le visionnaire foudroyé, Editions Copernic, 1977

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2016/04/06/chronique-de-livre-collin-cleary-l-appel-aux-dieux-5784905.html

  • Lettre d’un émigré. La culture cow-boy, la culture révolutionnaire et la culture traditionnelle

    Certains traits intéressants, composant chacun une certaine culture, peuvent ressortir de la contemplation attentive des groupements d’hommes qui travaillent, nommés communémententreprises,  dans trois pays différents que sont les États-Unis, la France et le Japon.  Trois cultures d’entreprise qui dessinent dans chacun de ces pays une conception différente de la société. Les réalités particulières peuvent contredire le schéma que je me propose de composer, la réalité étant toujours mixte, mais les traits généraux ressortent néanmoins, et peuvent servir de critères, voire de caractères, plus ou moins prononcés et applicables dans chaque cas particulier.

    Le premier caractère serait celui des entreprises américaines, dont le premier objectif serait de faire du fric, qui devient l’équivalent numérique du talent, de la réussite et de l’excellence, dans un individualisme affirmé et assumé. Cette culture cow-boy est quelque peu barbare, et dessine une sorte de féodalité sans structure verticale, un corps sans os qui se développe dans tous les sens, absorbe les coups facilement, mais reste inconsistant et sans cohérence. Dans ce monde assumé de réussite individuelle, il est admis que lebon réussisse et le mauvais soit viré. L’entreprise américaine promeut rapidement les talents et exclut tout aussi rapidement les inadaptés à la compétition. La vie est dure, mais comme cette loi de la jungle est assumée, les défaits et les petits vivotent, chacun tenu par le désir de réussir, et assuré que, s’ils n’ont pas le talent, du moins, seule leur vie deviendra dure, mais ils ne seront pas non plus méprisés pour ce qu’ils sont. Ce caractère individualiste et révolutionnaire, mais sans ossature que seule la longue histoire peut donner, uniformise les comportements dans l’entreprise, mais exclut une bonne partie de gens moyens, qui n’ont plus qu’à survivre, laissés pour compte et devant se débrouiller. Cettemarge qui évolue assez librement, telle des électrons libres, qui peuvent se défendre avec des armes, et possèdent leur terre complétement, joue contre l’élément socialiste totalitaire qui se remarque dans nos sociétés européennes possédant une histoire, donc une ossature solide.

    Le second caractère serait celui de trop d’entreprises françaises, sorte de goulag d’un nouveau genre, alliant l’étroite définition individualiste et pécuniaire américaine, avec un idéal inversé et pervers provenant de la révolution et de sa démesure sans limite. Ici, la société use encore et terriblement desformes traditionnelles qui ont perdu tout leur esprit premier et ne sont plus que des outils de malheur : une hiérarchie de fer sans aucune tendresse ni sollicitude, des classes multiples qui, comme dans la plus pure réalisation des théories marxistes – et là est le drame-, s’exploitent les unes et les autres, se détestent et s’opposent, avec du mépris et de l’envie à tous les niveaux, et cela de façon toujours plus prononcée à mesure que l’on se rapproche du centre révolutionnaire parisien. L’ossature solide issue des âges, et la belle figure des anciens temps, bien amochis par les derniers siècles, pourraient  se reconnaître entre les rides et les miasmes nocifs de la république, à y regarder de près et en détails, mais l’esprit est trop souvent mort. L’ancienne ossature, et la belle constitution de notre royaume sont manipulées par une tête corrompue qui insuffle partout le diable, la démesure et ses folies. Ici socialisme et totalitarisme sont proches, car, à la différence de l’outre-Atlantique où tout est mou et sans formes ni idées, la carcasse sans âme ici contraint, et possède encore la trop grande efficacitéd’une tradition pervertie. La diversité et la spontanéité sont autrement plus difficiles que là-bas, puisque tout est figé, ainsi que la féodalisation de la société, empêché par l’assistanat et la police idéologie et légale, féodalisation qui  permettrait au moins à certaines parties de rester saine – seules quelques poches, quelques bulles, parviennent à s’extraire des  étaux et maintenir leur liberté. Un symptôme flagrant de ce caractère révolutionnaire est que, à la différence de l’Outre-Atlantique, les inadaptés de la folie individualiste et quantitative de la recherche à tout prix –c’est le cas de le dire- des profits démesurés ne sont pas comme là-bas laissés à leur sort, à moitié crevés dans les cas où les liens ne sont pas là pour aider, mais sont assistés, les enclavant et les enfermant dans une situation d’avilissement bien pire encore que la pauvreté, de laquelle  rien de bon ne sort, dans laquelle le lien s’atrophie, dans laquelle le diable use du confort, du laxisme, du laisser-aller pour corrompre profondément les cœurs et détruire les volontés. La charité se fait inverser par le diable en solidarité. Les esclaves d’entreprise sont tout aussi mal lotis, dans un asservissement aussi peu glorieux que celui des assistés, à la merci du haut despote, dans une compétition larvée et sans fins et des mépris croisés incessants. Le haut despote lui-même est un avili esclave, et plus personne dans ce cercle infernal ne peut être libre, chacun étant esclave des autres et de la logique révolutionnaire.

    Le dernier caractère, qui s’approche de nos anciennes corporations, concerne les entreprises nipponnes, qui, dans la pratique, restent des sociétés féodales assez indépendantes où les liens restent traditionnels. Ici, l’entreprise-corporation est dirigée vers les hommes, et admet inconsciemment la transcendance, l’au-delà, l’œuvre derrière le travail – en témoignent les sanctuaires d’usine, les autels pour les morts illustres de l’entreprise, etc. C’est une grande famille, où il ne saurait être question d’exclure certains, puisque le lien familial ne peut se rompre. Les forts restent humbles, et usent de leur force pour aider le faible. Ainsi, un excellent élève progressera en entreprises bien plus lentement que son alter-ego américain et français, mais le laisser-pour compte américain ou l’assisté français est ici un travailleur comme un autre, qui a sa place, et qui peut ainsi vivre sa vie sans mépris, sans être coincé dans un mauvais lien, ou pire, se retrouver sans lien, mais pouvant cultiver le bon lien, en réalisant des œuvres tout aussi estimables que d’autres, bien que leur nature soit parfois différentes peut-être, et rarement quantitavisable. Le résultat de ce caractère traditionnel donne une société plus harmonieuse, où le lien de la famille corporative permet de renforcer et soutenir les autres liens - de famille, de la terre, du pays, de la nation, etc.

    Outre-Atlantique, un amas informe sans ossature, en Europe, une carcasse pourrissante sans Roi, à l’Extrême Est un corps à la constitution, certes affaibli, mais encore solide, avec une belle figure de Roi qui relie au divin, tire vers la bonne direction et permet au corps de se défendre contre les exhalaisons méphitiques révolutionnaires.

    Heureusement, cette carcasse penaude possède encore sa tête et ne demande que sa restauration par le sacre qui le reliera à son corps. De plus, nous tous, partie de ce corps, pouvons-nous relier à la tête, et ouvrir des foyers de sainteté dans le corps pour préparer une fusion nouvelle harmonieuse. La constitution d'un pays comme un corps est une métaphore intéressante mais a ceci d'insuffisant qu'elle oublie que chaque personne est entière et peut en elle-même se relier au Roi et à Dieu sans attendre le reste des entiers.

    Que la multitude d'entiers composant notre France prenne conscience et se tourne vers sa tête, et demande son Sacre pour enfin réunir en volonté ce qui n'aurait jamais dû être éloigné – mais qui ne fut non séparé au fond puisque le Roi pense à la France, des Français pensent au Roi et le Roi en France ne meurt jamais – et nous relier ainsi au Ciel. De carcasse purulente, de République révolutionnaire, oui, notre beau pays peut se restaurer en belle figure divine et belle, la France royale, pléonasme fondateur.

    Paul de Beaulias

    http://www.vexilla-galliae.fr/royaute/idees/1902-lettre-d-un-emigre-la-culture-cow-boy-la-culture-revolutionnaire-et-la-culture-traditionnelle

  • Puy du Fou : le Dernier Panache sera joué pour la première fois le 2 avril

    En 2016, une salle de spectacle incroyable vous attend pour vous présenter la nouvelle création originale du Puy du Fou : Le Dernier Panache ! A cette occasion, le Puy Du Fou a imaginé une salle de spectacle sur-mesure : Le Théâtre des Géants. Cette salle tournoyante de 7 500 m² vous embarque au cœur de l'action pour un spectacle à 360° inspiré de faits réels.

    Dans ce nouveau spectacle 100% Puy Du Fou, vous découvrirez les héros du XVIIIème siècle, de la Guerre d'Amérique à la Révolution Française. Vous suivrez le destin glorieux de « Charette », ce petit garçon effrayé par la mer qui se lance dans une folle aventure pour devenir héros de la Guerre d'Indépendance Américaine. Destiné par son père à un grand avenir dans la Marine Royale, il devient officier de marine Français et part pour de grandes batailles. Pendant la Révolution Française, il voit sa vie va basculer en 1793 dans un ultime combat pour la liberté !

    P

    La musique et les décors vous projetteront dans les plus grandes batailles navales de la Guerre d'Amérique aux côtés de Lafayette et de l'Amiral de la Motte-Piquet. Les grands moments de la vie du héros se succèdent ainsi dans une multitude de décors réels et de vidéo projection grâce à 30 acteurs dont 2 enfants formés à l'Académie Junior du Puy du Fou. En quelques mots, un spectacle de grande envergure, haletant et émouvant, servi par une mise en scène unique au monde !

    Michel Janva