Tout comme le génie français, l’écologie prend sa source dans une maison. Elle n’a pas toujours été nommée en tant que telle, mais ses racines embaumaient depuis longtemps l’air que nous respirons : oikos - maison - et logos - discours. Elle est le fruit dun long dialogue, qui n’exclut pas les lois pour que tout pousse, croisse, grandisse et nourrisse les hommes en en bon ordre : pas d’angélisme !
En 1414, le Grand Traité des Pêches citait une lettre patente de Louis le Jeune, relative au hareng salé, qui remontait à 1170. En août 1681, dans le souci de veiller à la pérennité de cette pêche, ô combien nourricière, une ordonnance de Louis XIV fixa les mailles des filets (rets) à un pouce carré, et imposa aux bateaux de pêche d’avoir deux lumières... Sinon, gare ! Cinquante livres d’amende !
Notre histoire est riche d’enseignements. Pourtant, nous lui tournons le dos. Ces lois, qui sont le fruit d’un dialogue entre les chefs de maison, sont à l’opposé des pratiques du temps présent, où l’on a failli mettre l’ortie à l’index…
À maints égards, la royauté apparaît comme le meilleur des régimes politiques. Sa capacité à sauvegarder les conditions de survie de l’espèce humaine tient, notamment, à la longueur de pensée et au sentiment d’appartenance qu’elle encourage.
Longueur de pensée
Lors d’une conférence internationale sur les dérèglements atmosphériques (en mars 1989 à Paris), après avoir dénoncé la tendance technocratique qui pousse aux décisions « de courte vue formulées par des hommes du court terme », Michel Serre déclarait :
« Il existe une pollution matérielle, certes, technique et industrielle, qui met en danger le temps au sens climatique de la pluie et du vent, mais il en existe une deuxième, invisible, qui met en danger le temps qui passe et coule, pollution culturelle que nous avons fait subir aux pensées longues, ces gardiennes de la terre, des hommes et des choses elles-mêmes. Sans lutter contre la seconde, nous échouerons dans le combat contre la première ! »
L’absence de sens du long terme est évidemment surproducteur d’aberrations de toutes sortes, politiques comme écologiques.
Le sentiment d’appartenance à l’environnement détermine des attitudes respectueuses des éléments (terre, eau, air) et des autres espèces, ainsi que des pratiques économes des ressources naturelles. À l’opposé, le sentiment d’être au-dessus, à part, sans attache, absolument libre, tend à faire de l’homme un maître totalitaire de la planète, un propriétaire abusif, inconséquent et dispendieux.
Appliquons ces deux critères - repères - longueur de pensée et sentiment d’appartenance - à quelques systèmes idéologiques, religieux, politiques, afin d’évaluer leur compatibilité avec la préservation, non pas de la planète, qui n’est pas en péril, mais des équilibres compliqués et fragiles qui permirent l’apparition et la perpétuation des mammifères.
L’animisme intégré
Les civilisations animistes cultivent des traditions garantes de stabilité dans le temps, et un fort sentiment d’appartenance. En témoignent ces paroles d’un chef indien : « Le lakota était empli d’amour pour la nature... S’asseoir ou s’allonger à même le sol lui permettait de contempler avec une plus grande clarté les mystères de la vie, et de se sentir plus proche de toutes les forces vivantes qui l’entouraient. »
Il ne s’agit pas de tomber dans le mythe du bon sauvage. Simplement, l’animiste, ne s’abstrayant pas de la biosphère, la ménage. Intégré à l’immense ensemble qui le nourrit et le constitue, il prend soin de n’en pas déranger l’ordonnance et entretient avec lui des relations attentives, subtiles. Ne séparant guère création et créateur, matière et esprit, l’animiste sacralise les œuvres de la divinité, et vit dans le respect des esprits des arbres, des fontaines, des rochers, des monts, des vents. Sa finalité n’est pas le progrès mais l’harmonie. On comprend qu’il soit en voie de disparition...
La chrétienté réfrénée
Le christianisme distingue l’homme du reste de la création, d’une façon que certains ont pu juger radicale, voire imbue d’un sentiment d’extrême supériorité... Une telle distinction peut induire une domination illimitée, démesurée, sur toute chose. Toutefois des reliquats d’animisme dans les monothéismes, très visibles dans le catholicisme, modérèrent longtemps les abus humains. Et la soumission à un Dieu créateur de l’univers freinait l’ambition prométhéenne de transformer Sa Création à notre gré.
La Révolution effrénée
La Révolution jeta cette ultime limitation obscurantiste par-dessus les étoiles. Vive Prométhée ! Un certain respect pour un ordre divin a disparu au nom du dieu Progrès et, sans rire, dans le dessein d’une régénération de l’humanité elle-même.
Dans les colonnes du Monde, André Fontaine a défini la Révolution française comme l’issue d’une logique de rupture de la Raison avec l’expérience, du Progrès avec l’ordre existant, du Bonheur terrestre avec le Paradis. L’équation Raison-Progrès-Bonheur devait conduire à l’émergence d’une société parfaite en faisant table rase de l’Ancien Régime.
Hélas, la rigueur scientifique escomptée ne sest pas appliquée à la régulation des délires industrialistes. Chercheurs, savants et ingénieurs ont cédé à la techno-frénésie sans se soucier des conséquences à moyen et long terme.
Révolution et écologie incompatibles ?
On nous serine assez que le monde actuel et ses progrès sont enfants de la Révolution française. Soit, mais alors il faut admettre que les pollutions gigantesques, la croissance des probabilités de catastrophes, l’atteinte à l’espérance de vie de la biosphère, sont aussi au nombre de ses descendants.
Avec elle on quitte pensée longue et sentiment d’appartenance, au profit d’une logique de rupture, coûte que coûte, vis-à-vis du temps et de la nature. Avec pour conséquences la mode écervelée de la modernité, l’obsession du changement pour le changement et le bougisme, qui sont contraires au développement durable.
Capitalisme , communisme, mêmes dégâts !
Tous les capitalistes n’ont pas une courte vue, et toutes leurs réalisations ne sont pas de courte vie, mais l’inclination avérée du système est la suivante : le plus de profits possibles, le plus vite possible.
Le capitalisme n’a cure des traditions et des cultures enracinées dans l’histoire qu’elles véhiculent ; la société de consommation qu’il promeut les détruit plus sûrement qu’une révolution culturelle à la Mao. Quant au sentiment d’appartenance, la frénésie de l’appropriation le remplace totalement. En principe a-écologiste, mais anti en pratique, le capitalisme ne s’occupe de l’avenir qu’à la Bourse.
Le communisme, lui, ne manque pas de longueur de pensée, mais il est si univoque et rigide qu’il ne supporte pas la complexité de ce qui vit. Et son révolutionnarisme l’entraîne à tout bouleverser « knout que knout ». Son productivisme mégalomaniaque a engendré des records de pollution, de la Caspienne à Tchernobyl. En Chine, au Vietnam, au Cambodge surtout, la politique de la désappartenance, de l’arrachage des racines culturelles jusque dans les têtes, a conduit aux pires massacres et à la destruction du patrimoine.
La démocratie polluée
En théorie, rien n’empêche les dirigeants d’une démocratie d’entretenir des pensées longues et un vif sentiment d’appartenance à la biosphère. Hélas, leur soumission aux jeux électoraux réduit leur horizon au prochain scrutin. De plus la précarité de leur position les rend, pour être élus et réélus, particulièrement dépendants des oligarchies financières, donc de capitalistes.
Ce n’est pas un hasard si les quelques démocraties tout de même un peu écologistes sont (Suisse exceptée) des démocraties couronnées.
Un régime bio
La monarchie dynastique est championne en développement durable. Son mode de transmission du pouvoir lui assure une maîtrise relative du temps. En tout cas, aucun régime n’a, au cours de notre histoire, démontré un tel sens du long terme. Seule une patience, une persévérance et un soin d’alchimiste pouvaient aboutir à ce grand chef d’œuvre, la France. Quant au sentiment d’appartenance, la royauté en est l’expression politique par essence.
Régime analogique plutôt qu’idéologique, biologique d’avantage que logique, il reproduit au sommet de l’État les grands moments communs à chaque existence, de la naissance à la mort, dépassée aussitôt par le cri magique : le roi est mort, vive le roi !
Enraciné par sa lignée dans le passé et promis par elle au futur, évoluant donc, sans table rase, d’avenir en avenir, le Souverain épouse et le temps, et le territoire.
Aucun régime ne s’inspire autant de faits de nature. Sa légitimité, il ne la tient pas de l’isoloir, mais de l’alcôve. Quel régime est plus incarné, plus sexué que le royal ? Il n’en est pas de plus habile dans l’art d’entrelacer le spirituel et le charnel. D’où son charme, d’où sa poésie. La royauté est une artiste !
Bernard L’hôte et Marc Van de Sande L’Action Française 2000 du 1er au 14 février 2007
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De l’écologie, royale par essence !
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Les dicos en version papier, c’est fini… Requiescat in pace !
Petit souvenir personnel. Mon père, assis derrière son bureau : « Voilà ce que je te laisse en héritage de plus important… Tu n’auras besoin de certains d’entre eux qu’une fois par an seulement, mais ce jour-là, il te faudra l’avoir. »
Il me désignait alors du bras un pan entier de son impressionnante bibliothèque, soit un mur complet de la pièce… Environ une centaine de volumes : les 21 volumes de la Grande Encyclopédie Larousse, les 20 tomes de l’Encyclopædia Universalis, les 4 du Littré, et tant d’autres encore… que j’ai pieusement conservés partout où j’ai vécu, trimballés de déménagement en déménagement, puis finalement de cave en cave en attendant le jour où… mais ce jour n’est jamais venu. Il y en eut un autre, au début du siècle, où quelques clics sur Internet m’ont fait me demander ce que j’allais bien pouvoir faire de cet héritage tellement encombrant. J’ai finalement davantage « imposé » qu’offert à la nourrice d’un de mes enfants les 21 énormes volumes Larousse, « abandonné » ceux de l’Encyclopædia Universalis aux bons soins d’un locataire malchanceux de m’avoir succédé… et dois sans doute posséder encore quelques pièces de « mon héritage le plus important » dans une malle oubliée je ne sais plus où depuis quinze ans maintenant.
Grandeurs et misères des éditions papier de tous les glorieux dictionnaires et encyclopédies dont le prestige, comme le bon vin, n’aura pourtant cessé de s’améliorer, épargné des outrages du temps, mais pas du progrès !
Le « support papier », manipulé à satiété par des générations et des générations successives de 7 à 77 ans, pour rechercher, découvrir ou vérifier tout sur tout, n’est plus adapté à notre vie ; les uns après les autres, ils s’éditent en numérique, où naissent et se développent directement en ligne, telle la désormais incontournable Wikipédia : « Encyclopédie participative lancée en 2001 dont la version française compte aujourd’hui plus de 1,2 million d’articles continuellement mis à jour par plus de 5.000 contributeurs bénévoles », rapportait Le Figaro en mars dernier.
La nouvelle édition du Grand Robert, à son tour, n’est plus que numérique, elle aussi, depuis le 24 octobre dernier. Après le Quid en 2007, après l’Encyclopædia Universalis l’année dernière… et à l’étranger, après Britannica, la plus ancienne encyclopédie en langue anglaise, en 2010.
Certes, les nostalgiques d’une époque que les moins de quinze ans n’auront jamais connue le regretteront. Mais devront s’y mettre, eux aussi, à moins de résister avec leurs anciennes éditions, au fin fond de leur bibliothèque, mais sans plus accéder aux mises à jour…
Certains, butés, s’en passeront… D’autres, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, iront aussi consulter les nouvelles éditions sur le Net, comme la majorité de leurs contemporains, au risque, un jour, d’être à leur tour happés par la Toile… et d’oublier leurs « trésors en papier », simple héritage qui s’avérera alors si encombrant pour leurs enfants.Philippe Randa http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EFlFuVllpltAHXLDda.shtml -
« Réseau Identités-Ligue Francilienne » Apéro-débat, dimanche 10 novembre, 18h, Paris
« QUI SOMMES NOUS ET QUE VOULONS NOUS ? »
Je vous invite à nous retrouver autour d’un « Apéro-débat entre patriotes » le dimanche 10 novembre à 18 heures dans un de nos cafés parisiens et pour une consommation à 6 euros…
Ce sera ainsi l’occasion d’échanger en toute transparence avec certains de nos représentants responsables politiques et militants. Ainsi, seront présents Serge Ayoub, Pierre Cassen, Christine Tasin, Roland Hélie et Richard Roudier, président du Réseau identités.
Il s’agit de conjuguer aujourd’hui nos forces et nos moyens.
Pour vous permettre de participer à cette soirée, merci d’envoyer un e-mail à contact@reseau-identites.org ou par téléphone au 06.74.57.76.20
En retour, vous recevrez les informations nécessaires.Cordialement,
Hugues Bouchu
« Réseau Identités-Ligue Francilienne » -
Friedrich Nietzsche "Ainsi parlait Zarathoustra/Par-delà bien et mal" (1885-1886)
S’il existe bien une philosophie capable de former des personnalités libres au détriment des simples individus, autrement dit de ces unités interchangeables et malléables qui plaisent tant à notre conception du monde et dont la somme de ceux-ci constitue l’appareil étatique par excellence selon Rousseau ; s’il y a bien une philosophie en mesure de disloquer cette vérité déjà trop usée pour des précurseurs, et qui serait capable d’en précéder une nouvelle, il s’agit bien de la philosophie Nietzschéenne.
J’ai voulu présenter « Ainsi parlait Zarathoustra » et « Par-delà bien et mal » ensemble car ces deux livres se marient bien ; mais en sachant que Nietzsche qualifie le second de commentaire du premier, il est préférable d’entreprendre d’abord la lecture de celui-ci. Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, le mode de pensée communément admis est sévèrement bousculé, seule varie la forme avec pour l’un la prépondérance esthétique, métaphorique, poétique tandis que l’autre reprend la forme aphoristique, en tout cas le but reste le même : transmutation générale des valeurs. De plus, étant donné la complexité, sinon l’impossibilité d’interpréter les métaphores du Zarathoustra sans laisser transparaître l’indélicatesse de ma personnalité, il m’a semblé plus approprié d’en faire un commentaire lié au « Par-delà bien et mal ».
« Ainsi parlait Zarathoustra » fut pour moi une fulguration disait Vial dans « une terre, un peuple ». « Leçon d’exigence, d’intransigeance, ce livre est destiné aux hommes qui, refusant les miasmes des basses terres, veulent respirer à haute altitude ».
Vers le Surhumain
Nietzsche estime qu’il appartient à celles et ceux que la nature a doté d’esprit suffisamment élevé de gravir les pentes escarpées du destin, sans relâchement, avec vigueur, en tournant tout à son avantage s’il le faut, quoi qu’il en soit avec la volonté de l’homme libre, détaché du troupeau que le « progrès » mène vers le contraire du Surhumain à travers un monde de « Tchândâla ». Si la volonté est capable de pénétrer les déterminismes, ce ne peut être que par une volonté de domination, et non celle-là même d’un monde décadent inféodé à la morale et à une échelle de valeurs de nivellement. Cependant, il ne faut pas confondre cette volonté avec l’anthropocentrisme : bien trop de maux découlent de cette erreur jusqu’aux doctrines les plus décadentes de l’humanisme, du positivisme, de l’égalitarisme, du féminisme etc. C’est pour cela qu’il est impératif, avant tout, de détruire toutes les tables de valeurs anciennes afin de conquérir le plus de puissance possible sur les choses, et de déterminer la vie non plus à travers le bien et le mal mais plutôt à travers une échelle de puissance, à travers ce qui élève la personnalité, ce qui ennoblie, en tant que l’homme est une puissance parmi d’autres. Que tout ce qui élève soit aujourd’hui systématiquement rabaissé est une chose - tant mieux, dirait Nietzsche, cela forme et entretient la bonne santé ! - mais le Surhumain cherche la vie et les hautes cimes, il est comme un arbre qui a besoin d’enfoncer ses racines dans les ténèbres pour faire fructifier la vie ; en tout cas le pont qui mène au Surhumain n’a que faire de la bonne convenance, car il est l’éducateur de la vertu à venir ; et qu’on le considère comme un pont diabolique fait de feu et de flammes n’a rien de surprenant. « Le bien est toujours la transformation d’un mal ; tout dieu a pour père un diable ».
Il appartient au méchant de créer car il est le véritable créateur – le bon et le juste, même avec toute la bonne volonté du monde, ne sont à l’origine d’aucune véritable création ; et si celui considéré comme mauvais par le troupeau aspire au Surhumain, il se fera éducateur des peuples. Encore faut-il qu’il trouve la vérité ! Cela tombe bien… Zarathoustra est le maître de la métaphore dont l’instinct de chacun se charge d’en débusquer la véracité, pourvue qu’elle soit un facteur d’élévation. De là, il appartient à la volonté et à elle seule de déterminer le chemin propice non à la généralisation éthique, chose appréciée du nihiliste qui vit dans un désert fait de son seul fardeau, mais plutôt à celui du solitaire où le désert se transforme en force de dépassement, c’est-à-dire à travers ce que Nietzsche appelle la métamorphose du lion à l’enfant, de l’affranchissement de l’attachement à « l’innocence et l’oubli », au « commencement nouveau et au premier mobile ». « Ainsi parlait Zarathoustra » est l’œuvre par excellence du solitaire, et si Zarathoustra se veut moralisateur, c’est pour démolir le fardeau de la généralisation. En vérité, le Surhumain exige le contraire en partant de l’homme seul face à la nature et non immergé dans la foule que la raison pousse vers des convenances certes de préservations mais fatalement aussi de dégénérescences. Ainsi, il n’y a rien de surprenant à ce que Zarathoustra ne soit pas compris. « Les voilà qui rient ; ils ne me comprennent point, je ne suis pas la bouche qui convient à ces oreilles. Faut-il que je leur crève le tympan pour qu’ils apprennent à entendre avec les yeux ? Faut-il battre des cymbales et hurler comme les prédicateurs de carême ? Ou ne croient-ils qu’aux propos des bafouilleurs ? »
Soit ! Zarathoustra a lancé sa flèche empoisonnée sur les corps et il a semé ses plus jolies graines. Tout cela ne demande plus qu’à murir patiemment ; il peut se retirer et ne revenir qu’une fois le travail intérieur accompli. En attendant, le moi dont est si fier l’homme sera passé au Soi car « ce que pressent l’intelligence, ce que connaît l’esprit n’a jamais sa fin en soi. » Il y a quelque chose de plus grand. « Intelligence et esprit ne sont qu’instruments et jouets. » Le Soi oriente et la pensée dispose. Que le Soi dise au Moi : « Jouis à présent ! Et le Moi ressent de la joie et se demande comment faire pour goûter souvent encore de la joie ».
Alors dans une telle disposition de l’esprit, non seulement une nouvelle évaluation de valeurs est possible mais elle est même primordiale pour se libérer du joug - et peu importe lequel - afin d’établir une demeure. Et c’est le vouloir dominateur du solitaire qui aura triomphé seul de la multitude et installé ces voyageurs dans la barque après les avoir décorés de parures et de noms ronflants - car le commun ne répond qu’aux règles préétablies et à rien d’autre. A cela, qu’importe si certains se brisent ! Poussons-les ! Ils retardent le mouvement. La somnolence n’est plus d’actualité. L’homme est une chose qui doit être dépassée, il doit se faire pont, se dépasser, autrement dit ne pas se ménager ni ménager son prochain, trouver la véritable noblesse qui « n’attend rien pour rien », et, « en règle générale, ne veut pas le plaisir » ; en fait, tout le contraire du boutiquier avec de l’or mercantile et du quémandeur éternellement insatisfait. Que la vie soit la plus dure, la plus contraignante qui soit ! Que les souffrances continues façonnent les esprits les mieux faits ! En eux se trouvera le réconfort des convalescents et des médiocres. Mais où se dirigent ces esprits biens faits ? Vers le midi ? La perfection ? Pourvu qu’ils ne s’endorment jamais…
Par-delà bien et mal
Nietzsche ne cherche pas du tout à rendre l’humanité meilleure. Meilleure en quoi d’ailleurs ? Cela laisse bien trop de place aux préjugés moraux qui sont une tare pour la véritable élévation, celle de la puissance. En vérité, cette déformation humaine a laissé place à l’idéal, sinon à un « monde-vérité » favorisant l’avènement constant de nouvelles idoles. Mais « l’humanité elle-même, à force de se pénétrer de ce mensonge, a été faussée et falsifiée jusque dans ses instincts les plus profonds, jusqu’à l’adoration de valeurs opposées à celles qui garantiraient le développement, l’avenir, le droit supérieur de l’avenir ». Au-delà de l’idéal, l’homme qui cherche la vérité doit fatalement dépasser toutes les convenances, être pour cela immoral, en tout cas ne plus être la bête de troupeau agglutinée au pied des statues « trop humaines », voire extrahumaines, au-delà du monde.
Une chose est certaine, c’est que les oppositions populaires du vrai et du faux, du bien et du mal, de l’agréable et du désagréable etc. auxquelles les métaphysiciens ont apposé leur sceau sont déjà des appréciations arriérées, ou tout du moins des appréciations vues sous un angle particulier, « peut-être de bas en haut, dans une perspective de grenouille », c’est-à-dire étriqué. Nietzsche conçoit plutôt ces oppositions comme des complémentarités s’inscrivant sur une échelle de puissance, servant par conséquent la puissance et rien d’autre. Que l’homme croit, en tant qu’elles sont moyens de préservation de l’espèce, à l’opposition dans ces dualités est une chose ; en revanche, le fait qu’il pense être « mesure des choses » lui enlève toute crédibilité. Pourtant, même une telle falsification est nécessaire pour la vie ; ce qui d’emblée, par le fait même de cette perspective mono-forme, autorise une philosophie à se placer par-delà bien et mal. Car l’hémiplégie de la vertu, autrement dit la façon dont ce mécanisme a d’amputé systématiquement ce qu’on pourrait qualifier d’antagonisme né d’une même essence, relève d’une tartuferie de la connaissance – ou de la demi-connaissance ; de même que le stoïcisme qui consiste en une indifférence grossière vis-à-vis de la mesure – Nietzsche dit que le stoïcisme, c’est la tyrannie de soi.
A vrai dire, ce n’est pas que le stoïcisme mais toutes les philosophies antérieures à Nietzsche qui se sont basées sur des préjugés réducteurs. La décadence des organes politiques et la dégénérescence des peuples n’est en fin de compte que le résultat normal du conditionnement préétabli par des systèmes de pensée hémiplégiques. De même que ce constat produit en retour des formes de pensée novatrices, en tout cas singulières. Et on en revient alors à notre méchant créateur que l’instinct pousse à reconsidérer les tables de valeurs ; et pour ce faire, il tend à déprécier la crédibilité de l’apparence sensible. En fait, l’instinct pousse la volonté à créer une nouvelle « métaphore de langage » sur laquelle la société puisse trouver le terreau propice non seulement à sa préservation, mais aussi de son élévation.
Il faut dire que jusqu’à présent, la névrose religieuse et toutes ses niaiseries furent le rempart à un véritable terreau propice à l’élévation, ainsi qu’à tout « déploiement d’une spiritualité claire, méchante qui pourrait embrasser du haut en bas, ordonner, réduire en formule cette nuée d’expériences vécues dangereuses et douloureuses ». La prosternation constante face à des symboles ne doit être conservable qu’à partir du moment où l’on est une partie du symbole. Cela me semble en tout cas être la vocation de l’homme robuste qui ne peut s’autoriser l’engrenage d’une machination, car « à considérer le monde en profondeur, on devine sans peine quelle sagesse contient le fait que les hommes soient superficiels. C’est leur instinct conservateur qui leur apprend à être inconstants, léger et faux. »
Je terminerai par la maxime suivante : « Ce qui se fait par amour s’accomplit toujours par-delà bien et mal. » Toutes les passions agissent ainsi, quand nous voulons changer le monde aussi bien que dans le fait de succomber au charme d’une personne, par un travail ou une activité acharnée ou dans le tact, la délicatesse et la retenue de l’homme de belle vertu. Oui la nature est immorale, et avec elle doit l’être celui qui ne veut pas être absorbé par une obéissance subtile. Si, quoi qu’il en soit, nous sommes enserrés dans la « camisole du devoir », nous devons nous faire « homme du devoir » et laisser les balourds et autres laquais à leurs labeurs. Ne nous leurrons pas, « toute élévation du type « homme » fut jusqu’à présent l’œuvre d’une société aristocratique – et il ne cessera d’en être ainsi : en ce qu’elle est une société qui croit à une vaste échelle hiérarchique ainsi qu’à une différence de valeurs entre l’homme et l’homme, et qui a besoin de l’esclavage en quelque sens ».
Nicolas -
27 novembre : colloque "nouvelles guerres froides : incidences sur les chrétiens"
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Violente contre-attaque pro-vie à l’ONU
Depuis plusieurs années les défenseurs de la vie ont été sur la défensive au plan international. Ils ont toutefois repoussé avec succès au fur et à mesure toutes les tentatives menées notamment par l’Amérique, la France, le Canada et un certain nombre de pays occidentaux pour faire reconnaître l’avortement et l’homosexualité comme un droit. Le nouveau est que forts des défaites que viennent de subir les tenants de la culture de mort, ils passent à la contre-offensive. (Voir notre article précédent intitulé ONU : l’échec mondial des gays).A l’ONU, lors d’une réunion diligentée par le quartier général de la Communication, la Russie, l’Ethiopie, la Pologne suivis par un groupe de pays africains, ont fait une déclaration tonitruante pour dire que l’avortement et l’homosexualité ne faisaient pas partie des « droits humains ». Ils ont accusé l’Organisation d’être sous la dépendance d’obsédés de soi-disant droits allégués par LGTB. La Russie n’y a pas été de main morte en accusant le Haut Commissariat des Droits humains de se faire manipuler par LGTB ; lequel considère comme « digne de l’asile » une catégorie humaine au prétexte qu’elle refuse la promotion du mariage gay sur le plan mondial ; « ce qui aboutit inexorablement au viol des droits de l’enfant ». L’importance du sujet tenant à l’orientation sexuelle est sans proportion avec l’ensemble des problèmes lié mondialement à l’enfance. C’est avec impudeur que le lobby gay essaye de boycotter les jeux olympiques qui doivent se dérouler à Sochi en Russie. « Ces gens-là n’ont pas leur place dans les discussions sur les droits humains ».Il serait possible de superposer ces affirmations avec ce qui se passe en France où Hollande s’occupe en priorité des gays tout en délaissant les problèmes économiques et prônant le « mariage pour tous » sauf pour lui.Lien permanent Catégories : actualité, avortement et euthanasie, international, tradition 0 commentaire -
Rendez-vous patriotique du 11 novembre.
En ces temps troublés que traverse notre pays, il faut se rappeler que la France, même au plus bas, a toujours suscité des héros. Ce fut le cas pendant la Grande guerre et de façon différente, aussi durant le dernier conflit mondial.Tant qu’un patriote vivra, il y aura toujours de l’espoir pour notre patrie. C’est pourquoi il est formellement interdit de désespérer.
Les gens d’Action française savent ce qu’il faut penser avec le maître de Martigues, du désespoir en politique.
Le 11 novembre 1940, alors que tout semblait perdu, des lycéens et des étudiants montrèrent au peuple de France, en bravant l’interdit de l’occupant, leur détermination à honorer les morts de la Grande guerre. Les Champs-Elysées furent envahis par des jeunes gens, amoureux de leur patrie et entrainés par des chefs dont plusieurs étaient d’Action française. Ils se retrouvèrent face aux soldats allemands qui exercèrent une répression d’autant plus dure qu’ils se sentirent un moment débordés. Ceux qui ont manifesté au printemps dernier face aux CRS peuvent se faire une idée de la violence qu’une telle situation peut susciter.
Nos militants et nos sympathisants jeunes et moins jeunes doivent aujourd’hui à leur tour rendre hommage à ces résistants de la première heure.
Nous donnons rendez-vous aux patriotes français le 11 novembre 2013 à 19 heures devant la plaque commémorative qui rappelle cet événement, en haut des Champs-Elysées devant la sortie du RER.
Nous entourerons notre ami André Pertuzzio, l’un des organisateurs de la manifestation de 1940, quand il était lui même président de la Corpo de droit.
N’oublions jamais ceux qui nous ont précédés dans le combat pour la France. Vive la France, Vive le Roi.
Olivier Perceval, secrétaire général de l’Action française
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Rendez-vous-patriotique-du-11 -
Un de nous : plus de 1,7 million de signatures
La collecte des signatures est terminée depuis le 1er novembre 2013. Le comptage des dernières signatures reçues sur papier est en cours. Un chiffre plus précis sera communiqué le lundi 4 novembre.
Déjà plus de 1,7 million de signatures ont été récoltées (1) en Europe pour protéger l’embryon. 20 Etats membres ont atteint leur quota imposé par la Commission européenne quand 7 étaient nécessaires. La barre des 100 000 signatures a été dépassée en France.
1er objectif atteint pour passer à la seconde phase : présenter l’Initiative contre le financement des programmes qui conduisent à la destruction d’embryons devant la Commission européenne et le Parlement européen dans les prochains mois.
Michel Janva
1) http://www.undenous.fr/ -
Nouvelle atteinte à la liberté hier soir à Paris
Témoignage d'une Sentinelle (1) concernant la soirée d'hier, 2 novembre :
"Nous étions hier soir une bonne vingtaine de Sentinelles devant le domicile présidentiel rue Cauchy (22h40), en réel mode "sentinelle" c'est-à-dire espacés les uns des autres, sans slogan ni trouble à l'ordre public. Nous sommes arrivées par vagues successives ; il y avait outre les deux policiers en civil, une fourgonnette de police déjà sur place.
Nous étions espacés, silencieux. Il est vrai que quatre d'entre nous avaient un bonnet rouge, et on devinait un sweat LMPT, mais ce ne sont que des vêtements (!) il n'y avait ni inscription écrite ni revendication exprimée.
Moins de dix minutes après notre arrivée un escadron de Gendarmerie Mobile et une Cie de CRS (environ 100 hommes au total) nous ont regroupés sur un seul trottoir, bien serrés et nous ont parqués 100 m plus loin. Refus d'explications, refus de contrôler nos identités. Attente... Un commissaire arrive. Je lui présente mes papiers. Il fait relever mon identité, me dit que je vais pouvoir partir, puis après un échange à la radio se ravise. Fait contrôler TOUTES les identités.
Veut un "volontaire pour se désigner responsable et être auditionné". Refus collectif. Alors nous serons tous auditionnés (!) Au commissariat, nouveau contrôle de TOUTES les ID plus d'une heure après interpellation. Il nous relâchent vers 1h00 du matin, sauf deux en GAV. Sommes en train de préparer plainte collective avec avocat".
Michel Janva
http://www.lesalonbeige.blogs.com/
1) https://www.facebook.com/photo.php?fbid=640690915977668&set=a.608244232555670.1073741835.603529186360508&type=1 -
Bardèche et l’Europe
Subvertie par l’idéologie victorieuse de 1945, par son tropisme marchand, multiculturaliste, démocratique, l’Europe est devenue dystopique – elle est l’Aneurope.
Pour que l’Europe soit à nouveau dans l’Europe, Maurice Bardèche, à partir du Congrès de Malmö et de la création du Mouvement Social Européen en 1951, puis dès 1952 dans la revue Défense de l’Occident, propose tout un corpus, tant analytique que critique, dont Georges Feltin-Tracol synthétise ici les axes.
La promotion de l’État, qui seul permet une souveraineté politique, qui seul traduit l’âme d’un peuple – et dans le cadre national(iste) duquel les léthifères influences étrangères peuvent être systématiquement éliminées. L’État n’est toutefois nationaliste et politique que pour être mieux dépasser, que pour s’accomplir dans un bloc continental : soit une Europe supra-nationale permettant de lutter contre les enjeux de la modernité comme de défendre efficacement d’autres espaces nationaux. Il ne s’agit toutefois pas d’un cadre bureaucratique promulguant des lois rigides mais d’orientations données, éventuellement régaliennes, dans le respect des traditions européennes.
« L’Europe cuirassée », qui accordera le primat au militaire pour mieux affirmer son indépendance, pour mieux affirmer ensuite une économie de puissance : économie fermée, autarcique, tournée sur le seul marché européen, proscrivant produits et affairismes cosmopolites, rompant avec le paradigme libéral. Il s’agit d’une Europe sanctuaire, d’une mystique nouvelle (« fascisme rectifié »), dont le dessein est l’avènement d’une troisième civilisation – de cette fameuse Troisième Voie, où l’homme et la vie ne seront plus assujettis aux décrets démocratiques et (contexte de l’époque) communistes.
Avec la rigueur qu’on lui sait, Georges Feltin-Tracol montre dans Maurice Bardèche et l’Europe, combien l’auteur de Sparte et les sudistes est encore d’actualité, dont la géopolitique est des plus pertinentes pour lutter contre l’Europe atlantiste, autant que pour en purger l’aliénante décadence.
Pierre Pyrmont http://www.europemaxima.com/
• Georges Feltin-Tracol, Bardèche et l’Europe. Son combat pour une Europe « nationale, libérée et indépendante », Les Bouquins de Synthèse Nationale, 2013, 110 p., 18 €.