« On ne voit pas un seul médecin à Alger ni dans le reste du royaume. Les bigots mahométans en censurent l'usage. Ils prétendent que c'est tenter Dieu que de prendre dans les maladies internes des remèdes prescrits par l'art de l'homme. J'ai vu le dey Baba Hali emporté par une fièvre violente sans qu'on pût l'engager à prendre aucun remède : quoi qu'un habile chirurgien françois, qui était son esclave, lui promît guérison, il rejeta tout secours sous prétexte que le nombre de ses jours était fixé par les décrets éternels. » (Laugier de Tassy op. cit.)
(…) « Il est facile de concevoir que la médecine n'est pas à Alger dans un état brillant. On donne aux docteurs le nom de thibid et toute leur science est tirée d'une traduction espagnole de Dioscoride. Leur étude favorite est celle de l'alchimie. Leur manière de traiter les malades paraîtrait singulière à un praticien d'Europe. Ils versent du beurre fondu sur les blessures nouvelles ; dans des cas de rhumatismes, ils font des piqûres avec la lancette sur les jointures les plus affectées ils appliquent le feu à un ulcère obstiné dans les inflammations, ils couvrent la tête du malade de feuilles de certaines plantes médicales et pour les morsures de scorpions ou de serpents, ils emploient de l'ail ou des oignons mâchés. En Barbarie, un professeur de médecine n'a de confiance qu'aux remèdes extérieurs. » (Pananti, op. cit.)