L'année 2011 a été particulièrement riche en publications sur Charles Maurras une petite introduction, en collection Pardès. Bon point : l'auteur, Tony Kunter, maîtrise parfaitement la littérature secondaire. Pour les amoureux de la pensée maurrassienne, ils ne peuvent pas passer à côté du splendide volume des Cahiers de l'Herne consacré à Maurras et paru en 2011. Citons encore la nouvelle édition en livre de poche (collection Tempus) de L'Action Française, par François Huguenin. Enfin, on reliera avec émotion la nouvelle partiellement autobiographique intitulée La Bonne mort, dans laquelle on découvre que le réactionnaire Maurras a toujours voulu sauver l'humanité de l'homme.
Qu'est-ce qui peut encore nous séduire chez Maurras ? Hervé Bizien a noté ici son culte latin pour la vie. c'est l'essentiel. Maurras, contrairement aux fascistes italiens et français, ne parvient pas à être fasciné par la mort. C'est un maître de vie, aux antipodes de toute idéologie. On peut lui reprocher des colères. Jamais de cruauté. Il veut vivre, apprendre à vivre, donner des raisons pour vivre, célébrer la vie. Son style est parfois nerveux et précis dans la polémique, mais le plus souvent lorsqu'il se laisse aller, il est lyrique. Maurras est un des rares lyriques français : voilà qui le distingue dans la République des Lettres où Gide et sa sécheresse, Giraudoux et son ironie semblaient avoir le dessus. Lisez Corps glorieux (dans Les vergers sur la mer), lisez Le conseil de Dante ou tout simplement Anthinéa, et vous aurez une idée de cette esthétique de la célébration qui est le cœur de Maurras écrivain. « Ce qui m’étonne, écrit-il à l'attention de tous les ronchons et de tous les peine-à-jouir, ce n’est pas le désordre, c'est l'ordre ». Voilà une excellente philosophie de l'existence !
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