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  • « King of California » par André WAROCH

    En 2007, il y a cinq ans déjà, sortait, dans l’anonymat le plus complet, un film dont je n’eus vent ni de la naissance, ni du voyage final vers l’Avallon des films morts avant d’avoir vécu. Je le découvris quatre ans plus tard, alors que je furetais au hasard dans les allées virtuelles d’une chaîne de vidéos à la demande.

     

    Il est des films qui changent la vie. Et s’ils ne changent pas votre vie, du moins peuvent-ils changer la façon que vous avez de la voir. En général, ces films-là arrivent à l’adolescence, comme l’acné et les histoires d’amour. En général.

     

    Mais le plus étrange, c’est quand un de ces films qui vous foudroient, qui vous frappent comme une révélation, a été massacré par le public et la critique, et que, alors même que vous le voyez pour la première fois, il a déjà depuis longtemps disparu dans les limbes du box office, sans même l’aumône d’un succès d’estime.

     

    Pourtant, comme pour contredire le récit du destin banal d’un film à petit budget lancé sans promotion (ou avec une bande-annonce qui présente le film comme il fut finalement jugé, c’est-à-dire « une-petite-comédie-sans-prétention ») et oublié de tous un mois après sa sortie, l’acteur à qui on a confié le premier rôle n’est autre que Michael Douglas, méconnaissable.

     

    L’histoire : Charlie, un rescapé de l’hôpital psychiatrique, exalté barbu aux yeux fous, relâché après plusieurs années d’internement, retrouve pour toute famille sa fille Miranda (Evan Rachel Wood), laissée seule, encore enfant, dans la maison familiale, et qu’il retrouve âgée de dix-sept ans, travaillant dans un fast food, gérant sa propre vie tant bien que mal après avoir échappé par miracle aux services sociaux.

     

    Entre Charlie et sa fille, le courant ne passe pas, ou plus. Obligée de gérer les lubies et l’irresponsabilité de son père en plus des affaires courantes, Miranda apparaît finalement comme l’adulte responsable du duo. Car Charlie est sorti de l’hôpital avec une nouvelle idée fixe : il prétend savoir comment retrouver un trésor enterré au XVIIe siècle dans ce coin de Californie par des explorateurs espagnols, grâce au journal du père Torrès, qui relate l’expédition dont il faisait partie, journal dont Charlie est persuadé être le seul à avoir pu décrypter le message qui y serait selon lui caché, et qui permettrait de trouver l’emplacement des doublons d’or.

     

    Cette fois, il en est persuadé : ce n’est pas une nouvelle idée farfelue comme toutes celles qui avaient pu germer dans sa tête auparavant, qui avaient fini par faire partir sa femme et à le conduire à l’asile. Il tient là quelque chose d’énorme. Il va finalement décider sa fille à l’aider dans ses recherches à travers une Californie dévastée par les autoroutes, les constructions immobilières anarchiques et les centres commerciaux, à travers une nature mutilée, envahie et souillée par l’urbanisation. Il va finalement, du moins le croît-il, localiser l’emplacement exact du trésor : sous deux mètres cinquante de béton, au beau milieu d’un magasin de bricolage.

     

    Miranda semble avoir perdu toute faculté d’émerveillement. Ses rêves mêmes paraissent se limiter à l’acquisition d’un lave-vaisselle. Ses perspectives d’avenir se limitent à un plan de carrière minable dans un fast food. Sérieuse, responsable, intelligente, volontaire, elle est néanmoins mentalement diminuée. Son horizon s’est rétréci impitoyablement. Voir la scène où, partant au travail, elle croise dans la résidence un attroupement formé de quelques-uns des nouveaux arrivants, pour la plupart issus du Tiers Monde, en train de célébrer, à l’occasion d’une fête officielle, l’installation de la millième famille dans la résidence, famille qui reçoit son prix sous les applaudissements. Une banderole tendue entre deux poteaux annonce l’événement. Aux grillages sont accrochées quelques grappes de ballons. Alentours, de nouveaux chantiers s’ouvrent sans cesse, finissant de garnir les collines et les plaines de maisons, de routes et de ronds-points.

     

    Assis sur leur terrasse, un soir, Charlie et Miranda, en contemplant la vallée couverte de maisons préfabriquées, discutent :

     

    « — Avant, quand on s’asseyait ici, on voyait une, peut-être deux lumières. Ta mère passait son temps à se plaindre parce qu’on habitait un trou perdu au milieu de nulle part.

     

    — C’est toujours au milieu de nulle part. Seulement, il y a plein de gens maintenant. »

     

    Le père, en embringuant sa fille dans une équipée qu’elle juge grotesque et dérisoire, va la mettre au bord d’un autre chemin. Il sait, lui, qu’il y a autre chose derrière le rideau gris de cette sordide réalité. Charlie entretient un rêve fou, immense, aux antipodes des ambitions étriquées de Miranda. Contrairement à elle, il n’accepte pas le monde tel qu’il est.

     

    Philippe Murray nous avait prévenu : « La rumeur voudrait que nous ayons désormais tout vu, tout raconté, tout écrit, que nous ayons même perdu cette fameuse santé de l’imaginaire qui accompagne le sens de l’épique, de l’aventure, des grands espaces, de l’urgence du récit et de l’inspiration […]. Or, de deux choses l’une : ou bien, en effet, les “ grandes aventures ” et les “ grands espaces ” existent encore, ainsi que le veut la formulation publicitaire globale, et nous en avons perdu le sens : ou bien tout cela a disparu (ou s’est transformé d’une façon très subtile), et ce qui serait ridicule serait : premièrement de ne pas nous rendre compte de cette disparition en continuant à raconter comme si de rien n’était des histoires pleines des grands espaces d’autrefois : deuxièmement de disparaître avec cette disparition au lieu de trouver le mode de narration qui soit synchrone au mouvement même de la disparition de tout. Mais trouver ce mode de narration implique qu’on sache exactement ce qu’est la réalité ici et à présent. »

     

    Mike Cahill n’aime pas notre monde. Mais il le regarde, puisqu’il est là. Il y a un hiatus entre ce qui est filmé et la façon dont cela est filmé. Comme si le fantôme de l’Amérique du Nord précolombienne, et particulièrement celui de ce finisterre californien, apparaissait en transparence sur le tableau terrifiant d’un paysage sans fin d’autoroutes, de grandes surfaces, de chaînes de restaurants et de cités-dortoirs. Comme si le merveilleux pouvait survivre même à l’horreur du quotidien de ce monde cauchemardesque tout droit sorti d’un film d’anticipation des années soixante-dix. Cahill s’attache à ce qui reste de l’ancien monde : les arbres, le ciel, les collines, la foi de Charlie, l’envie d’y croire de Miranda, le journal du père Torrès rapportant une histoire vieille de trois siècles. Et l’amour non-dit qui unit le père à sa fille, et qui semble baigner ce monde atroce d’une lumière presque palpable.

     

    La majorité des critiques semble ne s’être même rendu compte que Mike Cahill n’avait pas essayé simplement de réaliser « une gentille petite comédie ». Il est vrai que le scénariste-réalisateur ne leur a pas mâché le travail. Il n’a pas voulu donner à son histoire les couleurs glauques et prétentieuses d’un film « intellectuel » à l’européenne. King of California est un film léger, lumineux, transfiguré à chaque instant par une bande originale qui mélange les musiques additionnelles au ukulélé de David Robbins et des morceaux pop dénichés on ne sait où (avec en point d’orgue le sublissime Flood of dreams écrit pour l’occasion par Robbins et interprété par Jolie Holland).

     

    Cahill semble avoir trouvé (comme le romancier Olivier Maulin avec son livre Les évangiles du lac, sorti – signe des temps ? – juste quelques mois plus tard) ce nouveau mode de narration réclamé par Muray. Contrairement par exemple à Michel Houellebecq, prisonnier résigné de ce monde moderne (mais qui, peut-être le premier, osa le montrer tel qu’il est), il a préféré, à partir de cette réalité crûment photographiée, porter son regard vers l’horizon, vers la frontière, vers les anciens grands espaces, vers cet inconnu depuis longtemps défriché, mais qu’on peut toujours faire resurgir de sa mémoire.

     

    Mais encore une fois, il serait faux de qualifier cette œuvre de film « intellectuel » ou « philosophique ». Ce film est ce qu’on pourrait nommer, cinématographiquement parlant, un thyrse : mot désignant une sorte de bâton de cérémonie des religions antiques autour duquel venaient s’enrouler lierre, fleurs et pampres. King of California est l’histoire d’un amour tardif, crépusculaire, celui d’un père pour sa fille, sur laquelle vient se greffer cette description du monde actuel, qui aurait pu être un discours critique affaiblissant l’œuvre dans son ensemble en en faisant un « film engagé », si Cahill n’avait pas choisi, littéralement, de reléguer ce discours à l’arrière-plan. De noyer ce qui n’aurait pu être qu’une énième « dénonciation », dans le bleu des yeux d’Evan Rachel Wood.

     

    Dans Le spleen de Paris, dans son poème en prose intitulé simplement Le thyrse, Baudelaire délivrait cette sentence en forme de question : « Et quel est, cependant, le mortel imprudent qui osera décider si les fleurs et les pampres ont été faits pour le bâton, ou si le bâton n’est que le prétexte pour montrer la beauté des pampres et des fleurs ? ».

     

    André Waroch http://www.europemaxima.com/

     

    King of California, film étatsunien de Michael Cahill, 2007, projeté en ouverture du Festival de Deauville de 2007, durée de 93 mn, en couleurs.

  • Aux origines de la cathophobie (archive 2010)

    L'hostilité de la société moderne à l’Église catholique ne date pas d’aujourd’hui. Au-delà de ses aspects les plus démonstratifs, ses raisons sont liées à la vocation même de l’Église.
    Simple aperçu sur une réalité mal connue : selon une note de la direction générale de la gendarmerie nationale, publiée par Le Figaro le 22 septembre dernier, il se commet en France une profanation antichrétienne tous les deux jours. Encore ce chiffre paraît-il minoré si l'on se réfère aux indications que Brice Hortefeux a fournies le 4 novembre au Conseil de l'Europe, dans lesquelles le ministre de l'Intérieur évoque 410 dégradations de sites chrétiens (cimetières et lieux de culte) entre le 1er janvier et le 30 septembre 2010 , soit plus d'une par jour. En regard, 40 sites musulmans et 35 sites israélites ont été vandalisés au cours de la même période.
    En outre, ces agressions se multiplient puisqu'en 2009, la Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les mouvements sectaires (Miviludes) n'avait dénombré « que » 226 actes de profanation, à 95 % antichrétiens comme le soulignait Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, au lendemain de la profanation du tabernacle de l'église Saint-Laurent de Billère, le 29 octobre dernier. « À cet égard, observait-il, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur la responsabilité morale de certains médias qui entretiennent dans la société française, un climat d'anticatholicisme particulièrement malsain, et passent quasiment sous silence les actes de profanation ou de vandalisme lorsque ceux-ci n'ont pas pour cible nos frères juifs ou musulmans ». La cathophobie est en effet bien partagée au sein de la société française, comme on l'a vu à de nombreuses reprises sous les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Citons entre autres le faux procès intenté à Pie XII, la publicité faite au Da Vinci Code, la polémique montée autour de la levée d'excommunication des évêques lefebvristes et les déclarations de Mgr Williamson, celle organisée autour des propos de Benoît XVI sur le préservatif lors de sa visite en Afrique, les dessins du caricaturiste Plantu figurant le pape ou les évêques en pédophiles...
    Rien de neuf sous le soleil du Bon Dieu : depuis les attaques des hommes des Lumières à celles des franc-maçons et rad-socs de la Ille, en passant par la persécution révolutionnaire, l'Église en a vu d'autres. Reste à comprendre les raisons de cette hostilité aussi ancienne que notre modernité - englobant la période qui s'étend de la Réforme jusqu'à aujourd'hui.
    La Vérité en débat
    Les raisons du conflit, religieuses avant d'être historiques, se nouent d'abord sur la querelle autour de la Vérité : s'opposant au relativisme ambiant, l’Église témoigne d'une vérité transcendante et intangible, qui n'est pas une opinion parmi d'autres. Pour être moderne, cette dispute n'est pas nouvelle, elle apparaît déjà dans le dialogue entre Pilate et Jésus : « Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité », dit le Christ ; « Qu'est-ce que la vérité ? », répond le sceptique procurateur.
    Le débat est crucial et dans cette optique, Veritatis Splendor, fut sans doute l'encyclique la plus importante publiée par Jean-Paul II. Pour nos sociétés démocratiques, fondées sur l'individualisme et qui réduisent le vrai à l'opinion, la prétention de l’Église catholique à avoir reçu en partage le dépôt de la vérité révélée est inacceptable. Elle aboutit à remettre en cause, sinon la forme démocratique du pouvoir tel qu'il est conçu dans nos sociétés occidentales, du moins l'absolutisme de la démocratie : « Dans certains courants de la pensée moderne, écrit Jean-Paul II, on en est arrivé à exalter la liberté au point d'en faire un absolu qui serait la source des valeurs. »
    Par ces mots, le pape polonais caractérise le conflit entre le catholicisme et le libéralisme. Les tenants de cette idéologie ne le lui envoient pas dire : ce n'est pas par hasard qu'Alain Peyrefitte, par exemple, oppose dans Le Mal français, aux nations latines et catholiques dont il annonce le déclin, les sociétés anglo-saxonnes individualistes, habitées par l'esprit de la Réforme. Le protestantisme aurait préparé l'avènement du capitalisme, à l'esprit duquel l’Église catholique demeure étrangère. C'est donc comme un corps étranger que celle-ci subsiste au cœur de la société moderne. Et les défenses immunitaires de ladite société la traitent logiquement comme une menace.
    Certes, l’Église s'est ralliée à la démocratie - mais il subsiste une grosse ambiguïté dans le contenu qui est de part et d'autre donné à ce terme, ambiguïté qui apparaît pleinement lorsque Benoît XVI en appelle à la loi naturelle, « norme écrite par le Créateur dans le cœur de l'homme », comme antidote au relativisme éthique : « Une conception positiviste du droit semble dominer chez de nombreux penseurs aujourd'hui, constate-t-il. Selon eux, l'humanité, ou la société, ou en fait la majorité des citoyens, devient la source ultime de la loi civile. Le problème qui se pose n'est donc pas la recherche du bien mais celle du pouvoir, ou plutôt de l'équilibre des pouvoirs. À la racine de cette tendance se trouve le relativisme éthique, dans lequel certains voient même l'une des principales conditions de la démocratie, car le relativisme garantirait la tolérance et le respect réciproque des personnes. Mais s'il en était ainsi, la majorité d'un instant deviendrait la source ultime du droit. L'histoire montre très clairement que les majorités peuvent se tromper. La vraie rationalité n'est pas garantie par le consensus d'un grand nombre, mais uniquement par la transparence de la raison humaine à la Raison créatrice et l'écoute commune de cette Source de notre rationalité ».
    On est prié de laisser sa foi au vestiaire
    Au nom de cette loi naturelle fondée par Dieu, l’Église fait entendre sa voix, souvent discordante, en développant une anthropologie inconciliable avec le matérialisme, sous ses différents aspects. C'est au nom de cette conception de l'homme quelle est entrée en conflit, tant avec le libéralisme qu'avec le socialisme - puisqu'elle répudie la lutte des classes et prétend faire évoluer la société par la charité plutôt que par la révolution -, mais aussi avec l'hédonisme qui imprègne les sociétés occidentales, et même aujourd'hui avec une certaine forme d’écologisme qui considère l'homme comme un nuisible. En somme, avec à peu près toutes les idéologies qui ont marqué ces cinquante dernières années.
    Ça fait beaucoup de monde et beaucoup d'intérêts. Or, parce qu'elle est plus visible, structurée et hiérarchisée qu'aucune autre religion, l’Église catholique possède les moyens de faire entendre sa voix. Cette visibilité et cette structuration fournissent d'ailleurs un argument de plus contre elle : « Vous pouvez accepter Dieu au nom de la liberté de conscience, mais à condition de refuser toute organisation par derrière, susceptible de limiter la liberté absolue de penser par soi-même », écrivait le professeur Claude Nicolet dans un dossier élaboré par la Ligue française de l'Enseignement en janvier 1989.
    Ceux qui ne partagent pas la foi catholique pourraient hausser les épaules : après tout, qu'importe ce que le pape pense de l'homosexualité ou de l'avortement ? Pourtant, ceux-là même qui dénoncent l'intolérance de l'Eglise ne supportent pas qu'elle tienne un autre langage que celui du « politiquement correct » et contredise le prêt-à-penser médiatique.
    Pour la faire taire, ses adversaires ont ressorti du vieux placard rad-soc la défroque laïciste, remise à neuf, dont l'argument principal n'est pas recevable pour les catholiques : la religion se cantonnerait au domaine privé et ne saurait s'immiscer dans les affaires publiques. On est prié de laisser sa foi au vestiaire. L'accepter, pour l’Église catholique et apostolique, reviendrait à renoncer à la mission que lui a confiée le Christ. On aurait alors affaire à des catholiques schizophrènes, à la Bayrou.
    Pour l'y contraindre, les attaques médiatiques se succèdent, avec le risque d'entretenir le climat d'hostilité dont parle Mgr Aillet, et dont le vandalisme et les profanations ne sont que la partie la plus spectaculaire.
    Hervé Bizien LE CHOC DU MOIS novembre 2010

  • La Gauche populaire, la roue de secours anti-FN du PS

    La Gauche populaire, la roue de secours anti-FN du PS Il y avait la Droite populaire, il y a maintenant la Gauche populaire… Paradoxalement, bien qu’aux antipodes du spectre politique, ces deux structures, l’une interne à l’UMP, l’autre au PS, ont une même fonction : tenter de faire barrage au ralliement total des couches sociales les plus défavorisées au Front national.

    Cela étant écrit, si le but de ces courants à prétention faussement populaire est exécrable, les analyses qu’ils portent sur leur propre famille sont souvent justifiées. De ce point de vue, force est d’admettre que celles de la Gauche populaire, dont l’encadrement est composé d’universitaires agissant dans le secteur des sciences politiques et de la sociologie, sont d’un niveau conceptuel sans commune mesure avec celles des amis de Lionnel Luca et Thierry Mariani.
    Que dénonce la Gauche populaire ? Ce que l’on peut nommer la « ligne Terra Nova » (du nom du réservoir d’idée d’Olivier Ferrand récemment décédé) soit l’abandon des classes populaires comme cible électorale principale et leur remplacement par une nouvelle clientèle issue de l’addition de plusieurs cibles électorales minoritaire : la partie supérieure de la classe moyenne, les immigrés, les musulmans, les surdiplômés, les LGBT (à savoir : lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels...), les bobos, etc. En d’autres termes, c’est la transformation de la gauche sociale en gauche sociétale.
    Ce faisant, le Parti socialiste commet aux yeux de la Gauche populaire un certain nombre d’erreurs : « la préférence immigrée », c’est à dire le fait de se préoccuper du sort des immigrés plutôt que de défendre le prolétariat « petit blanc » ; le choix d’être le parti des assistés et de délaisser les couches populaires et moyennes qui travaillent, paient des impôts et ne bénéficient pas, ou très peu, de la redistribution ; l’absence de réponse convaincante apportée aux électeurs que la mondialisation, l’immigration et les transformations du mode de vie inquiètent ; la conviction qu’une partie des « couches populaires » est irrémédiablement devenue lepeniste doublée d’une « prolophobie », d’un mépris de leurs goûts culturels et d’une tendance à ne voir le peuple que comme des Grolandais .
    En luttant contre ces erreurs, la Gauche populaire entend « ramener la gauche au peuple », « remettre la gauche d’aplomb, une gauche populaire devant adopter une ligne politique claire : le commun plutôt que les identités, le social avant le sociétal, l’émancipation collective plus que l’extension infinie des droits individuels ». In fine, il s’agit bien évidemment de ramener dans le giron de la gauche un électorat populaire passé au Front national ou ayant choisi l’abstention.
    Mais, en définitive, la Gauche populaire pourrait bien n’être qu’un réservoir d’idée totalement inutile, voire contre-productif, et ses propositions relever de ce fait du vœux pieu. En effet, la « ligne Terra nova » est opérante et fertile en nombre de suffrages, de surcroît elle est en phase avec la composition sociologique de l’appareil socialiste. Alors, pour quelle raison le PS devrait-il renoncer à caresser dans le sens du poil un électorat qui lui est acquis (minorités sociétales, immigrés ayant le droit de vote, fonctionnaires moyens et supérieurs, bobos, etc.) pour retourner au peuple ? Il n’y en a aucune… Cela explique les attaques très vives que subit depuis sa création la Gauche populaire dénoncée comme étant d’inspiration « rose-brune », ayant un «surmoi lepéniste» et « reprenant à son compte les idées de la droite la plus extrême »… À moyen ou court terme, il ne serait donc pas outre mesure surprenant que ses animateurs se taisent, se rallient aux positions dominantes ou soient mis à la porte du Parti socialiste.

    Documents annexes
    Quand un journaliste du Nouvel Obs est lucide sur l’immigration

    Journaliste au Nouvel Observateur et référence des animateurs de la Gauche populaire, Hervé Algalarrondo est incontestablement … de gauche !
    Cela donne une saveur toute particulière à ses analyses sur l’immigration publiées il y a un an aux Éditions Plon sous le titre fort réaliste : La Gauche et la préférence immigrée.
    Ainsi il n’hésite pas à y écrire en toutes lettres : « L’immigration à gogo, c’est un credo de bobos ».
    Et comment ne pas partager les détails de son analyse ? Comment ne pas être d’accord avec lui quand il écrit qu’« admettre toujours plus d’étrangers, sans réel contrôle, est irresponsable » ? Car, explique-t-il : si « les nouveaux arrivants trouvent un travail, parfois très pénible, (...) c’est souvent au détriment de postulants hexagonaux sans formation particulière » . Ainsi, nous dit-il : « réclamer la régularisation de tous les sans-papiers est un mot d’ordre anti-ouvriers ». Et de souligner que les meilleurs partisans de l’ouverture des frontières sont ceux qui ont les postes les plus à l’abri de la concurrence des immigrés car il « exercent souvent des métiers – fonctionnaires, médecins, avocats – qui sont loin d’être complètement ouverts. Ils sont protégés de la concurrence étrangère » et vivent dans des quartiers où le prix de l’immobilier les ferme à toute population immigrée.
    Si l’on ajoute à cela qu’Algalarrondo insiste sur le fait que le meilleur supporter de l’ouverture des frontières est le MEDEF ravi d’avoir à disposition une main d’œuvre moins chère et non syndiquée, et qu’il souligne qu’il est risible de voir la gauche partager les même vues que le grand patronat, on ne peut qu’en tirer une conclusion : comment l’auteur de La Gauche et la préférence immigrée, à moins qu’il ne soit éminemment masochiste, fait-il pour continuer de militer … à gauche ?.

    Les bobos de gauche tirent profit de l’immigration

    Dans son livre Fractures françaises, paru il y a peu aux éditions François Bourin, le géographe Christophe Guilluy, un des inspirateurs de la Gauche populaire fait une analyse percutante de la raison pour laquelle les bobos sont favorables à l’immigration : tout simplement parce qu’ils y trouve un intérêt financier immédiat !
    En effet, la main-d’œuvre immigrée, surtout quand elle est illégale et de ce fait extrêmement mal rémunérée, répond fort bien aux besoins de certains secteurs économiques.
    On a l’habitude de relever, avec raison, que l’immigration présente un intérêt évident pour le patronat (dumping social, pression à la baisse des salaires, affaissement de la protection sociale), mais ce n’est pas tout. Tout l’intérêt de l’analyse de Christophe Guilluy est de souligner un autre aspect, totalement méconnu, de cette immigration : elle permet d’offrir un train de vie « bourgeois » aux nouvelles couches supérieures sans en payer véritablement le prix. C’est ainsi que la nounou et la femme de ménage immigrées ne ponctionnent que marginalement le budget des cadres. De la même manière, c’est bien grâce à l’exploitation en cuisine des immigrés que le bobo peut continuer à fréquenter assidûment les restaurants pour une note assez modique. Etc.

  • De tout et de rien

    La semaine de Pierre Lanoe (3)

    Sur Gaza

    Gaza me pose problème…
    Bien sûr, la solidarité contre l’agression israélienne s’impose.
    Mais mon enthousiasme d’hier pour la résistance de ce petit territoire s’est bien amoindrie.
    Entre temps le Hamas a pris partie en faveur des assassins qui sont à l’œuvre en Syrie et a été chercher ses soutiens au Qatar, en Égypte et en Arabie saoudite…
    D’où cette situation étrange de voir s’affronter à Gaza deux camps qui ont le même allié et qui sont ailleurs des alliés objectifs.
    Si l’on doit se mobiliser et se battre pour faire connaître une résistance populaire, incontestablement ce n’est plus celle de Gaza qui doit avoir prioritairement nos suffrages, mais celle du peuple syrien regroupé derrière son gouvernement légitime.

    Tarek Oubrou

    Le recteur de la mosquée de Bordeaux a acordé à L’Express un entretien des plus intéressant.
    Il n’est pas inutile d’en citer quelques extraits :
    « En partant des réalités concrètes qui l'entoure. Il faut que les musulmans puissent accorder leurs gestes à leur foi sans perturber le fonctionnement de la société par des revendications outrancières, quitte à renoncer à une certaine visibilité. Le "tout ou rien" est néfaste et aboutit à une voie sans issue, qui alimente la peur chez les non-musulmans. On est musulman lorsqu'on a la foi; c'est la grâce de Dieu qui sauve. Les pratiques cultuelles, elles, sont aménageables. Les prières peuvent être effectuées après le travail, par exemple, ou le jeûne du ramadan reporté en cas de maladie. Le vrai problème concerne les comportements qui relèvent de l'éthique personnelle et qui sont devenus des marqueurs pour beaucoup de musulmans: manger halal, porter le voile... Avec le halal, nous ne sommes pas dans le sacré. Le fidèle a seulement pour obligation d'alléger au maximum la souffrance de l'animal. Quant au voile, je n'ai trouvé aucun texte qui oblige la femme à se couvrir la chevelure. Le combat que les musulmans ont mené pour le port du voile me désole, parce qu'il donne une image négative de la façon dont l'islam perçoit la femme. Cette tendance à tout ritualiser conduit certains fidèles à parler plus de la pratique que de Dieu lui-même! »  (…)

    Les imams sont malheureusement souvent les ventriloques des associations qui les salarient et qui sont tenues le plus souvent par des migrants de la première génération. Ces associations ne veulent pas d'imams intellectuels mais des imams venus du bled, qui ne leur coûte pas cher, ne font pas de vagues, et qui maintiennent le statu quo théologique. » (…)

    « L'engagement dans la société: voilà l'antidote à l'esprit de victimisation si répandu dans la communauté musulmane. » (…)

    « Il n'existe pas d'islam de France, mais un islam maghrébin de France. »

    Décès de Pino Rauti

    A l’âge de 86 ans, Pino Rauti s’est éteint le 2 novembre dernier à son domicile romain. Si en Italie, le décès à fait le une de tous les quoitidiens et si sa mémoire a été honorée par toute les familles de la droite italienne (même Gianfranco Fini qui le combattit pourtant pendant de longues années lui a rendu hommage), en France la nouvelle est passée inaperçue ou presque. Pourtant, Rauti eut dans notre pays, durant les années 1960/1980, une influence intellectuelle non négligeable et son combat servit d’exemple à bien des militants français (ainsi, par exemple, Ordre nouveau, le fameux mouvement nationaliste des années 1970, emprunta son nom à l’organisation extra-parlementaire Ordine nuovo qu’il dirigeait alors).

    Le lendemain de sa mort le quotidien La Republica a écrit qu’il « représentait le fascisme de gauche qui s’opposait au fascisme de droite incarné par Giorgio Almirante, puis par Gianfranco Fini. Idéologiquement, il prônait la socialisation des grandes entreprises et il se revendiquait d’un anticapitalisme et d’un tiers-mondisme issus de sa conception du fascisme. » Même si elle n’est pas tout à fait exacte (Rauti affirmant clairement qu’il ne se « sentait pas néofasciste car le fascisme est mort, il appartient à l’histoire et ne peut être ressuscité »), cette présentation permet de comprendre le Pino Rauti des années 1970/1990 qui fut le leader d’une version italienne du nationalisme-révolutionnaire européen. Mais l’homme était complexe et sa vision du monde traditionaliste fit qu’il fut aussi, paradoxalement, un grand réactionnaire… et que sa longue vie politique et militante connut plusieurs retournements.

    Le FMI craint une révolution sociale

    Dans une note rédigée pour le récent sommet du G20, les experts du FMI expriment leurs doutes sur l’efficacité de l’action de la BCE en Grèce face au « risque que l’austérité ne devienne politiquement et socialement intenable ».

    Une même crainte est apparue dans le journal La Tribune qui, faisant sa une sur « l’Euro est sauvé… et alors ? » explique que, au vu des manifestations qui se multiplient en Espagne, au Portugal, en Grèce, « le danger d’une révolte sociale et politique ne doit pas être pris à la légère ».

    Si seulement c’était vrai ! http://www.voxnr.com

  • Souveraineté populaire… : une règle d’or ?

    Les medias relatent aujourd’hui les tensions au sein de la majorité avec des écolo-gauchistes hurlant à la mort à la suite des propos d’Arnaud Montebourg, qui a reçu l’appui de Manuel Valls, vantant l’avenir de la filière nucléaire. La presse s’attarde aussi sur l’entrée en campagne officielle hier de Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP, lors d’une réunion publique tenue à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône). Un choix géographique qui ne doit rien au hasard puisque Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, au coude-à-coude, y ont réuni chacun 30% des voix au premier tour de la présidentielle. Vox populi vox dei ?

    Pour l’occasion, M. Copé a joué sans surprise la partition droitière censée mettre ko le rival François Fillon, stratégie élaborée avec son conseiller ex FN, ex Villiériste Guillaume Peletier. Une phrase de Charles Péguy sur Jeanne d’Arc ; un tacle contre le politiquement correct de « Saint-Germain des Près » auquel il ne se soumettra pas ; un appel à la raison à « ses amis qui votent FN » ( !), les invitant à voter utile, à ne plus faire le jeu d’une gauche donneuse de leçon qui fricote avec l’extrême gauche…

    Mais d’Europe-Ecologie à l’UMP, l’esprit progressiste de Saint-Germain des Près fait tout de même autorité dans un domaine essentiel, à avoir celui de la mainmise des instances bruxelloises sur notre souveraineté.

    En témoigne le consensus au sein des partis du Système sur le traité européen signé le 30 janvier par 25 des 27 pays européens (à l’exception de la Grande Bretagne et de la Tchéquie) qui impose l’inscription de la « règle d’or »dans les constitutions des pays signataires, laquelle limite à 0,5% du PIB le déficit public.

    Le 9 août, la plupart des commentateurs ont retenu que le Conseil constitutionnel a validé ladite règle d’or, qui instaure pourtant « une camisole budgétaire pour les Etats de la zone euro » et « met largement à mal la souveraineté budgétaire de notre pays » (E&R). Et ce, sans juger nécessaire une révision constitutionnelle contrairement à ce qui fut fait pour les traités de Maastricht (1992), d’Amsterdam (1997), de Lisbonne (2007) ou pour l’adoption de la Constitution européenne (2005).

    Le 13 août,  sur le site de Marianne, l’universitaire et juriste Anne-Marie Le Pourhiet, nuançait le propos en soulignant plus finement que  le Conseil constitutionnel a plus subtilement « interprété le pacte budgétaire comme offrant aux États une alternative dont une branche, contraignante pour les finances publiques, nécessiterait une révision constitutionnelle, tandis que l’autre branche, non contraignante, n’impliquerait pas de révision. C’est ce que l’on appelle, dans le jargon des juristes, une interprétation neutralisante (…) ».

    « Le Conseil constitutionnel juge donc que si le gouvernement français retient la première option hard il faudra réviser la Constitution française, mais que s’il retient, en revanche, la seconde version soft ce ne sera pas nécessaire. Le traité nous laisserait donc, en quelque sorte, le choix entre Docteur Jekyll et Mr Hyde. »

    L’auteur de l’article souligne que « la stratégie poursuivie par le Conseil » est « fort claire »: « il s’agit évidemment de faciliter une ratification rapide d’un traité signé par Nicolas Sarkozy et confirmé à la virgule près par François Hollande (…). »

    « Il reste donc au Gouvernement français, s’il choisit l’option soft comme on peut s’y attendre, à préparer un projet de loi organique qui devra théoriquement s’inspirer des conditions définies par le Conseil constitutionnel, qui sont si peu précises et claires il dispose en réalité d’une grande liberté pour réaliser notre mise au pas de l’oie budgétaire. »

     Et Anne-Marie Le Pouhriet de citer le professeur allemand Dietrich Murswiek qui dans une conférence-débat au parlement européen le 7 février 2012 indiquait : «Le pacte budgétaire est un projet allemand. Le ministre des finances Schäuble et la chancelière Merkel ont eu l’ambition d’utiliser la crise de l’euro pour transformer l’union monétaire en union budgétaire complète.  C’est bientôt chose faite. ».

    Marie-France Garaud a relevé pour sa part que ce texte, « Conçu à l’initiative de l’Allemagne, », « a été signé par Nicolas Sarkozy avant l’élection présidentielle sous la seule invocation, inlassablement répétée, d’une vertueuse règle d’or propre à nous protéger de coupables dérives financières. Rares furent donc les hommes et femmes politiques assez lucides, libres et courageux pour dénoncer, au cours de la campagne présidentielle, les mécanismes vicieux d’un texte resté quasi secret. »

    « François Hollande, candidat, avait cependant marqué très vite et sans hésitation apparente sa volonté de renégocier ce traité castrateur : l’espoir renaissait, on allait voir ce que l’on allait voir ! On a vu. Mme Merkel accepta du bout des lèvres quelques dispositions en faveur de la croissance, mais de renégociation, point. »

    Quant aux membres du Conseil constitutionnel, ils « viennent de décider (…) de jouer les Ponce Pilate. Leur décision constate juste que le traité sur lequel ils sont consultés ne comportant aucune clause contraire à la Constitution , ils ne jugent pas nécessaire de modifier celle-ci préalablement au vote, par le Parlement, d’une loi en autorisant la ratification ».

    « Or, il s’agit bien d’un traité contraire à la Constitution » estime Mme Garaud qui souligne que « le cœur du traité atteint bien plus profondément la souveraineté du peuple français et le fonctionnement de la République que l’adoption d’une simple règle d’or. Non seulement il détermine pour les Etats membres des exigences rigoureuses d’équilibre budgétaire dans les conditions fixées par la Commission européenne, mais il en enserre l’application dans des mécanismes de correction automatiques fixés par la Commission. Pire, il organise un contrôle étroit des parties contractantes par la Cour de justice européenne »,

    Bref, formulant un constat déjà opéré notamment par Bruno Gollnisch, « Ce n’est plus une incitation à la vertu, c’est une ceinture de chasteté faite de contraintes rigides et aliénantes qui n’existent sans doute dans aucun Etat fédéral. Elles sont proprement inacceptables. Les citoyens le savent, ils le sentent, ils ne veulent pas des contraintes dont ils ne perçoivent aucunement la finalité, mais ils constatent en même temps que, lors des choix déterminant leur destin, toute expression de leur souveraineté leur est interdite. »

    Et pourtant, le peuple français réclame haut et fort l’exercice de sa souveraineté souligne Bruno Gollnisch. Selon un sondage CSA pour l’Humanité paru aujourd’hui, 72% des personnes interrogées déclarent souhaiter l’organisation d’un référendum sur le traité européen instituant la règle d’or.

  • Marine Le Pen invitée des « 4 vérités » sur France 2

    Marine Le Pen, Présidente du Front National, était l’invitée politique des « 4 vérités » sur France 2.

  • «Les Années Sarkozy» d’Yves-Marie Laulan

      « Nicolas Sarkozy veut furieusement prendre sa revanche sur le destin qui l’a privé d’un second mandat où son immense talent aurait pu s’épanouir à loisir… sur les Français, ingrats, qui ne l’ont pas réélu… et surtout sur ses « amis de l’UMP » qui ne l’ont pas assez soutenu. »

    Entretien avec Yves-Marie Laulan
    Votre livre est un véritable réquisitoire contre Nicolas Sarkozy…
    Il a fait croire aux Français qu’il allait redresser notre pays alors qu’il l’enfonçait encore davantage. Il n’a vécu que par et pour l’image, les « coups » médiatiques et les sondages. Il a été un magicien de l’illusion médiatique, vivant dans l’instant, sans vision d’ensemble ni projet de long terme. Était-il vraiment fait pour être président de la République ? Il incarne malheureusement à la perfection tous les travers de l’homme politique de notre temps.
    Vous dressez un constat radical des « années Sarkozy »… N’y a-t-il rien eu de positif durant celles-ci ?
    Tout a été en trompe-l’œil : la réforme de l’université ? « À côté de la plaque » : le vrai problème est celui de leur gestion beaucoup plus que le « faux nez » de leur indépendance… La sécurité ? L’affaire Neyret, les ripoux de la police marseillaise, le serial-killer Mérah ou encore l’islamisme radical ont mûri sous le mandat Sarkozy… La réforme de la justice ? Parfaitement inutile au point d’en être dérisoire, tout en laissant de côté les vrais problèmes de la justice en France, injuste et partiale, comme jamais au cours de notre histoire… La réforme de l’école ? Toujours en chantier, avec inchangés le collège unique et la méthode globale, d’où en grande partie l’échec scolaire… Les 35 heures ? Malgré un replâtrage, fiscalement coûteux, elles ont été pieusement conservées… La pénible réforme des retraites laissée en jachère ? Il va falloir la reprendre très bientôt sous peine de faillite… Celle de la Sécurité Sociale ? À peine effleurée… Et ne parlons pas, cerise sur le gâteau, de l’immigration clandestine qui déferle toujours…
    Le chantier des réformes Sarkozy ressemble à s’y méprendre à ces friches industrielles du régime soviétique : jonchées d’équipements laissés à l’abandon sous le soleil et la pluie. Oui, Nicolas Sarkozy aura été le champion toutes catégories des innombrables réformes en trompe-l’œil, toujours entreprises, jamais achevées, mais médiatiquement présentées devant l’opinion comme de grandes victoires de l’ex-président. En d’autres termes, il nous a fait prendre des vessies pour des lanternes. J’en apporte la démonstration, preuves à l’appui.
    Aura-t-il été pire que ses prédécesseurs… et que son successeur François Hollande ?
    Oui, pire ! Parce qu’il nous a fait perdre 5 années qui ne se rattraperont pas… Dans peu d’années, l’immigration massive et intense – au rythme infernal de 250 000 entrées par an –remettra en cause, et pour toujours, la survie de la France, de son histoire, dont elle va être dépouillée, de son identité, de ses traditions et de ses valeurs… C’est un crime majeur, impardonnable ! Car un pays peut se relever d’une guerre perdue, on l’a fait ; d’une crise économique, on l’a vu. Il ne se relève jamais d’une guerre démographique perdue. Et nous sommes en train de la perdre, largement en raison de l’ineptie, et des mensonges de Nicolas Sarkozy, lequel passera devant l’histoire comme un des principaux fossoyeurs de notre Patrie.
    Un retour de Nicolas Sarkozy vous semble-t-il envisageable ?
    Par lui-même, certainement. Il ne va vivre que pour cela. Et ceux qui soutiennent le contraire n’ont rigoureusement rien compris au personnage. Il voudra furieusement prendre sa revanche sur le destin qui l’a privé d’un second mandat où son immense talent aurait pu s’épanouir à loisir… sur les Français, ingrats, qui ne l’ont pas réélu… et surtout sur ses « amis de l’UMP » qui ne l’ont pas assez soutenu…
    Une des pierres d’achoppement pouvait provenir de l’UMP elle-même qui se cabrerait contre le chef déchu dans lequel elle ne croirait plus et déciderait que « cela suffit comme cela » pour regarder ailleurs. C’est ce qui est arrivé à Valéry Giscard d’Estaing avec l'UDF… À moins que l’UMP n’existe bientôt plus…

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  • (Clubs et Cercles) Les Maître de l'ombre

    Aussi sélects que des clubs de bridge, aussi fermés que des cercles de jeux, il existe en France toute une série de comités, clubs, cercles, fondations ou commissions dont la quantité des effectifs est inversement proportionnelle à l'influence intellectuelle ou économique qu'ils exercent. Les réseaux qu'ils constituent sont ceux du vrai pouvoir.

    Un pouvoir social-démocrate.

    Le cercle d'influence ne doit pas être confondu avec le club politique. Certes, quelques-uns de ces derniers comme le club Vauban de Simone et Antoine Veil - du nom du domicile parisien du couple, place Vauban - réunissent de manière informelle des personnalités du monde politique en dehors des clivages traditionnels. Le discours pro-cohabitationniste que tenait Simone Veil dès 1985, et qu'elle reprend aujourd'hui, est étoffé par les contacts permanents qu'elle entretient, en son salon, avec les figures politiques du centrisme de Jacques Barrot à Lionel Stoleru, d'Olivier Stirn à Didier Bariani. « Travailler ensemble », envisager de possibles « coalitions » transcourants - la coalition conçue comme l'institutionnalisation de la cohabitation -, autant de thèmes récurrents issus de discussions en petits comités qui ne doivent rien à l'expression de la volonté populaire.

    ✑ Le pouvoir des medias

    La Fondation Saint-Simon est au contraire l'exemple type de ces sociétés de pensée efficaces et discrètes - seules de (rares) indiscrétions permettent de prendre connaissance des participants. Alain Minc est l'un d'eux. Il brasse les chiffres et les mots. Il dirige d'importantes sociétés, et écrit des livres. Il manage, et il pense. Roi de l'OPA, il conceptualise à tour de bras la nécessaire social-démocratisation du capitalisme. Minc est ce qu'on appelle un auteur à succès, surtout télévisé. Ses livres, La Machine égalitaire, L'Avenir en face, La Vengeance des nations, sont autant de titres dont tout le monde a entendu parler et que quelques-uns ont feuilletés ; rares sont ceux qui en ont pris réellement connaissance. Peu importe : sa médiatisation à outrance suffit à faire passer ses idées. Une médiatisation qui doit plus à ses réseaux qu'à l'originalité de son propos.

    Dans sa copieuse notice du Who's Who, Minc ne mentionne pas son appartenance à la Fondation Saint-Simon. L'homme d'extrême centre y joue pourtant un rôle prépondérant.

    Qui y rencontre-t-il ? Roger Fauroux, le p.d.g. de Saint-Gobain, Georges Kiejman, le ministre ami de Mitterrand, Serge July, le directeur de Libération, ou encore Jean-Claude Casanova, conseiller de Raymond Barre. Ensemble, il refont le monde. Comme tout un chacun dans les conversations de bistrot ? Pas exactement.

    Quand, en 1984, la France « découvre la crise », télévision et journaux s'emparent du thème pour le retourner : cela donne Vive la Crise, un supplément de Libération et une émission de grande écoute avec Yves Montand destinés à expliquer aux Français que la crise que connaît le pays peut être tout à fait profitable en ce sens qu'elle est l'occasion d'une remise en question du système, et qu'avec de la volonté et de la solidarité, chacun en sortira plus fort et meilleur. Ce nouveau concept qui appelle à une sorte de rédemption et va relancer la machine capitaliste pour son plus grand profit est issu des

    réflexions saint-simoniennes, ainsi que du Siècle, club concurrent mais aux idées proches. Deux espèces de franc-maçonnerie sans rite initiatique, mais où les conditions d'admission sont liées au statut social (élevé : financiers, directeurs de journaux, sociologues) et au pouvoir médiatique dont ils bénéficient, ainsi qu'à de « fermes » convictions social-démocrates et malthusiennes.

    ✑ Les maîtres du monde

    Ces cercles cependant, par leur action uniquement hexagonale, ne peuvent prétendre à contrôler l'ensemble de la planète. Cette ambition démente et est celle de la commission Trilatérale, fondée en 1973 par David Rockfeller.

    « Une organisation de la sagesse au niveau international », dira Raymond Barre, membre dès sa création de cette organisation regroupant environ trois cents personnes : banquiers, hommes d'affaires, universitaires ou politiques d'Europe, des États-Unis et du Japon définis comme « les trois régions (sic) à économie de marché » qui ont pour projet commun... de devenir maîtres du monde. L'expression est-elle exagérée, pour une organisation qui prétend vouloir « harmoniser les relations politiques, économiques, sociales et culturelles entre [ces] trois régions » ? Et les exemples abondent de réussites fulgurantes et surprenantes.

    Le cas de Raymond Barre est le plus étonnant. En 1973, il adhère à la Commission. L'année suivante, il est l'une des cinq personnes qui, au niveau international, organisent le premier sommet des pays industrialisés, qui va devenir le fameux G7 grand ordonnateur de l'économie mondiale. Et en 1976, il est nommé à la stupéfaction générale Premier ministre de la France, tandis que Jimmy Carter, lui aussi « trilatéraliste », accède à la présidence des États-Unis. Comme le dit Barre lui-même : « Tous ses membres [de la Trilatérale] ont eu des responsabilités avant, pendant ou après leur participation. Ils en ont tous tiré un grand profit. »

    On pourrait encore citer le Bilderberg Group, organisation jumelle de la Trilatérale - Barre, Rocard, Stoleru, Attali ou Rothschild s'y côtoient -, ou le séminaire annuel de Davos, qui ont également pour fonction de réunir le top niveau de la politique et de la finance internationale, par-delà des frontières que la mondialisation de l'économie aurait rendues obsolètes, et loin du regard des peuples auxquels il n'est décidément pas possible de laisser le pouvoir de trancher des problèmes aussi complexes.

    « Je ne crois pas, expliquait Raymond Barre, que les grandes conférences apportent des solutions aux problèmes économiques de notre monde. A moins qu'elles n'aient été préparées de longue date, et qu'on n'ait déjà pris toutes les décisions. » C'est tellement mieux quand c'est expliqué clairement.

    ✍ Philippe Gurson Le Choc du Mois. Décembre 1992

  • Comte de Paris : «La France n'a pas à rougir, ni à avoir honte de son passé.»

    Quelle Repentance ? Au XVIII° Siècle, Alger comme Tunis étaient des repaires de brigands qui, à l'instar de la Somalie actuelle, pillaient, rançonnaient et emmenaient en esclavage les habitants de la côte nord de la Méditerranée.
    Pour mettre fin à la traite des blancs, la France entreprit, dès 1830, la conquête en Afrique du Nord de ce qui n'était pas encore l'Algérie. Mon arrière grand Oncle, le Duc d'Aumale, s'empara de la Smala de l'Émir Abd-El-Kader qui se rendit peu de temps après. Prisonnier au château d'Amboise, il fut traité avec tous les honneurs dus à son  rang et plusieurs de ses compagnons morts de vieillesse ou de langueur y sont enterrés.
    La Fondation Saint Louis a érigé depuis  quelques années, dans les jardins du château, un cimetière musulman, selon les règles islamiques. Leurs descendants viennent y prier régulièrement. Comme tant de Français du contingent ou rappelés, j'ai participé à la guerre en Algérie, elle se camouflait sous le vocable de  pacification. J'y étais volontaire, puis officier d'Active. Tous nous  y accomplissions notre devoir envers la France.
    C'est au nom de mon frère François et de tous mes frères d'Armes morts pour la France que je prends la plume aujourd'hui.
    C'est au nom  des Harkis qui ont servi la France et furent massacrés de façon ignominieuse après les accords d'Évian.
    C'est au nom des Pieds-Noirs qui ont construit des écoles, des routes, des hôpitaux et qui ont rendu la richesse à cette terre.
    C'est au nom de tous ceux, quel que soit leur camp, qui y reposent éternellement, que la France n'a pas à rougir, ni à avoir honte de son passé, encore moins à demander pardon.
    Pour qu'il y ait pardon, il faut que celui qui pardonne soit irréprochable. Or dans toute guerre, les tueries et les atrocités  sont toujours partagées, ce n'est pas beau mais c'est ainsi car la  guerre est détestable. Nous sommes actuellement dans une autre ère. J'espère que la raison y prévaudra contre tout intégrisme politique ou religieux. "Mare Nostrum" doit pouvoir devenir le trait d'union entre le Nord et le Sud afin que les plaies puissent être refermées.
    C'est dans le  respect des âmes mortes, celles de ces valeureux combattants des deux bords que l'on peut offrir cette prière: Écartez de notre pensée le faux repentir, source d'aigreur. Écartez l'acte humiliant et  inopérant des "bourgeois de Calais". Afin que nos deux peuples  puissent vivre dans une harmonie nécessaire à une amitié naissante.

    Lafautearousseau