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  • Offensive anti-nationale : tous à la manœuvre !

    Le refus d’introduire une vraie dose de proportionnelle aux élections a toujours été  une constante au sein du RPR puis de l’UMP,  sous le règne de Chirac comme sous celui de Sarkozy. La posture sur cette question du  clan Copé comme du  clan Fillon,  n’échappe pas à cette règle, soucieux qu’ils sont de continuer à  se partager le gâteau du pouvoir avec l’aile gauche euromondialiste du Système.  Il n’est donc guère étonnant que le très anti-national Manuel Valls se soit chargé d’enterrer une promesse de campagne du candidat Hollande qui avait évoqué la possibilité de mettre en place une représentation plus équitable et démocratique des courants d’expression  dans les assemblées. Troisième force politique française, ladite proportionnelle « profiterait » bien  évidemment au premier chef au FN, ce qui reste proprement insupportable pour  les caciques tenant les rênes de notre démocratie totalitaire.

    Mercredi, devant le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur et membre du Siècle a donc informé ses amis que la proportionnelle sera écartée pour les élections cantonales, « invoquant une raison précise » rapporte Le Lab : «  le risque de voir un département basculer au FN. » A défaut d’éviter   la libanisation-babélisation de notre pays, autant empêcher les résistants nationaux d’enrayer cette spirale là…

    Totalitarisme, règne de la pensée unique, encore et toujours à l’œuvre, comme on le  constate avec l’accueil reçu par le dernier ouvrage paru sur le président du FN et le Mouvement qu’il a présidé pendant 38 ans, Jean-Marie Le Pen, une histoire française de  Pierre Péan et Philippe Cohen.

    N’ayant pas (encore) lu celui-ci nous nous garderons d’en faire le récit circonstancié, tout juste les « bonnes pages » publiées par le dernier numéro du Point empêchent a priori d’en penser globalement du bien…

    Mais les auteurs  ont été éreintés par les commentateurs du microcosme pour avoir affirmé que Jean-Marie Le Pen, comme l’avait confessé Lionel Jospin, n’est pas « Mussolini » et le FN tout sauf un mouvement fascisant.

     Le duo Péan-Cohen s’est aussi attiré les foudres des gardiens du dogme pour avoir fait justice de l’accusation bidon popularisée par d’anciens terroristes poseurs de bombes du FLN, et par leurs amis des réseaux communistes dans les médias, selon laquelle Jean-Marie Le Pen aurait pratiqué la torture en Algérie.

    Résumant  l’indignation de beaucoup de leurs confrères,  Benjamin Bonneau et Alexandre Kara,  sur le site d’Europe 1, fustigent «  une véritable entreprise de dédiabolisation, voire de banalisation, de l’homme qui a réinventé l’extrême-droite française. Une poursuite – involontaire – du travail entamé patiemment par Marine Le Pen, qui a tout fait pour redorer l’image de son Front National. »

    Ce n’est  pas avec ce genre de prose que les médias redoreront la leur, dont la cote de confiance, de crédibilité et d’impartialité auprès de nos compatriotes ne cesse de baisser année après année…

    Dans le même registre le site Novopress s’est ému à très juste titre de ce que, comme aux « grandes heures du stalinisme », sur  la photo de la cérémonie officielle du 11 novembre à Nice, diffusée par la  préfecture des Alpes-Maritimes  sur les réseaux sociaux, Jean-Marie Le Pen qui était présent, ait été purement et simplement effacé !

    Pulsion staliniennes que l’on retrouve, est-ce bien  étonnant, dans le dernier billet commis sur son blog par Alexis Corbière, le conseiller anti-FN de Jean-Luc Mélenchon.   M Corbière  affirme que c’est Marine Le Pen qui  s’est livrée à des tricheries à Hénin-Beaumont ! Il accuse en outre   les médias, voire le PS,   de «  servir de caisse de résonance aux thèses du clan Le Pen et (de) leurs amis » (sic) et de se vautrer dans l’anti-mélenchonisme primaire. Fallait oser l’écrire !

    Certes, le citoyen Corbière, se faisant ici le porte-parole de ses petits camarades,  a beaucoup de mal à se remettre de la déconfiture de son champion face à la présidente du FN lors des dernières élections législatives. Mais  il se garde bien d’affirmer que le lider maximo du Front de Gauche  aura le courage de repartir au feu contre Marine à Hénin-Beaumont si l’élection du député PS  Philippe Kémel était invalidée par le Conseil constitutionnel -voir notre article en date du 9 novembre.

    Avec un comique certainement involontaire, le mari de Raquel Garrido tente de s’en sortir par une pirouette en écrivant  «  qu’une fois la situation finement analysée, il (M. Mélenchon, NDLR) ira là où les militants du Front de Gauche lui demanderont d’aller. » Ben voyons…

    Ce genre de faux-semblant n’est pas pour nous étonner, pas plus que les accusations du  porte-flingue du Front  de Gauche, en pointe dernièrement  dans les attaques hystériques contre l’hommage (a minima) rendu au grand écrivain russe Alexandre Soljenitsyne par la mairie de Paris.

    Alexis Corbière,  «membre de la Libre-Pensée, tendance guillotineuse »,   a mené aussi récemment, à son petit niveau, l’agit-prop  contre Laurent Deutsch –-un dangereux fasciste lui aussi ?-  coupable d’avoir  publié  avec Patrick Buisson un beau livre sur le Paris de l’écrivain Céline.

    Auparavant, ce  grand fan  de Robespierre avait mené un assaut assez vain  contre un autre ouvrage (à succès) de M. Deutsch,  Le métronome,  qu’il jugeait  coupable de ne pas  succomber plus que ça  aux charmes sanglants de la Terreur révolutionnaire.

    Une Terreur qui,  dans la ville de Lyon cher au cœur de Bruno Gollnisch, et celui-ci ne s’est jamais privé de le rappeler aux autoproclamés défenseurs du peuple des partis de gauche,   écrasa aussi dans un bain de sang en 1793 la révolte  des Canuts, des ouvriers lyonnais.

     Encore des salauds d’humbles français  qui avaient le grand tort de ne pas adhérer aux lubies désatreuses  et aux mensonges des grands ancêtres de nos internationalistes actuels…

    http://www.gollnisch.com

  • Regard écologique sur le surclassement social et son lien avec l'immigration

    Frédéric Malaval, dont Polémia a déjà publié plusieurs analyses, évoque, dans le texte qui suit, les fondements scientifiques des approches politiques et montre que les scientifiques disposent de nouveaux outils d'analyse, malheureusement à son goût insuffisamment diffusés, là où ils devraient l'être, notamment à l'université. Y recourir permettrait de s'affranchir du paradigme scientifique dominant à l'origine du paradigme politique dans lequel nous évoluons et dont la conséquence la plus directe est la société que nous subissons.

    Polémia  

    En préalable

    L'article « Regard écologique sur la dette souveraine » (*) avançait la thèse que la stérilité écosystémique était à l'origine de la dette souveraine. Abordée avec une approche théorique, cette perspective nécessite un approfondissement en répondant à la question : qui génère cette stérilité écosystémique ? La réponse proposée dans cet article est : le surclassement social. Schématiquement, l'espérance du progrès social conduit au surclassement social. Ce surclassement social est rendu possible par l'immigration. Surclassement et immigration créent de la stérilité écosystémique financée par la dette. Accessoirement, cette dette finance une surartificialisation écosystémiquement stérile et écologiquement néfaste. On pollue sans contreparties avantageuses pour le cœur de l'écosystème artificiel dont on est partie. La conclusion issue de cette vision est qu'au lieu d'accuser banquiers, immigrés et tous les boucs émissaires envisageables, il faudrait que chacun de nous, comme aborigène, considère à sa juste valeur sa contribution dans le fonctionnement de l'écosystème dont nous avons hérité et qui nous permet de vivre. La notion d'écosystème étant issue de l'Ecologie, c'est par cette discipline que la notion de surclassement social sera abordée.

    Toutefois, pour ceux qui préféreraient aller à l’essentiel en contournant la partie sur l’Ecologie, il est possible d’aller directement au chapitre « Principe de Peter » et sauter les lignes suivantes.

    Ecologie et valeur écosystémique

    L'Ecologie est la science qui s'intéresse aux relations entre populations, d'une part, et à leur milieu, d'autre part. La population y est envisagée comme un ensemble d'individus semblables. S'intéressant initialement aux écosystèmes naturels, cette science de synthèse a ensuite porté son regard sur les écosystèmes artificiels, c'est-à-dire ceux créés par les humains. Incapables de vivre en situation naturelle, l'action de ces derniers introduit plus ou moins d'artefacts dans la nature pour survivre, jusqu'à l'éliminer quasi complètement comme dans les villes, par exemple.

    Assez vite, la conception de l'écosystème (Tansley, 1935) a été alimentée par une approche énergétiste. La science de l'énergie – la Thermodynamique – a contribué à envisager l'écosystème comme une structure dissipative alimentée par des flux d'énergie, d'informations et de matières, qualifiés de flux néguentropiques. La dissipation de ces flux est à l’origine d’une production d’entropie dont une partie est rejetée dans le milieu. Cette notion de structure dissipative est issue de la Thermodynamique du non-équilibre. L'équation de référence de cette branche de la Thermodynamique est l'équation du bilan entropique distinguant, dans la composante entropique de tout système en non-équilibre thermodynamique, une part réversible d'une part irréversible. C'est un peu bref, voire hermétique, mais le but de cette évocation est de montrer que de nouvelles grilles de lecture existent aujourd'hui, alors même que nous tentons de penser les enjeux contemporains avec des modèles intellectuels créés il y a plus de deux siècles. On a du mal, en France, à s’extraire du paradigme lagrangien, composante essentielle de la Modernité.

    Les interrogations, tant théoriques que pratiques, soulevées par les nouvelles dimensions de la politique n'ont pu être résolues dans le paradigme de la Modernité. Celui-ci a permis de forger un monde acquis au réductionnisme financier où tout s'achète et se vend. Il a permis une artificialisation sans précédent de l'écosphère. Il achoppe toutefois à résoudre les troubles qu'il a créés. La question de l'internalisation financière des coûts écologiques en est un exemple parmi d'autres. Ce constat a engendré de nouvelles théories alimentées par de nombreux auteurs. C'est parmi elles que les notions de valeur-ajoutée écosystémique ou de valeur écosystémique ont émergé. Tout cela est très nouveau. Le fondement de la valeur y est envisagé comme la capacité d’un artefact matériel ou immatériel à participer à l'entretien de la complexité de l'écosystème artificiel dans lequel il est enchâssé. Ce qui suit maintenant est déduit de ces approches théoriques. Schématiquement, il y a instabilité quand les flux néguentropiques dissipés dans l'écosystème artificiel en référence sont supérieurs à ce qu'il génère. Plus prosaïquement, ce que l'on consomme est supérieur à ce que l'on produit. Attention, ce raccourci pédagogique est ambigu. Il faut entendre consommation par dissipation de flux néguentropiques envisagés comme le facteur d’entretien de la complexité de l’écosystème. Le delta est fourni par des astuces politiques. L'endettement en est un. Ce que des économistes qualifient d'argent-dette permet de la financer. A un moment ou à un autre, les flux financiers créés sont alors complètement découplés des flux néguentropiques. Cela se produit lorsque cette création ne répond plus à aucune exigence écosystémique réelle. Cet argent-dette correspond à une création monétaire dont l’objet est de financer l'endettement en général. Si cet endettement n’engendre aucune contrepartie écosystémiquement utile, c’est grave. Lorsqu’il sert à financer des activités nuisibles, c’est fatal.

    Les conditions de stabilité d’un système ont été rigoureusement formalisées en physique. Sur le fondement d’une fonction mathématique de Lyapounov, les thermodynamiciens ont établi une relation entre fluctuation thermodynamique, longueur de cohérence et entropie du système. Les conditions de l’instabilité fatale sont résumées par ces approches valables pour tous systèmes, qu’ils soient en équilibre thermodynamique comme les systèmes en équilibre thermodynamique éligibles à la physique mathématique d’essence mécaniste, ou en non-équilibre thermodynamique comme les systèmes vivants, individus ou écosystèmes, éligibles à ce qu’Ilya Prigogine qualifiait de Thermodynamique du vivant. Les bases de cette approche sont dans l’Encyclopedia universalis dans les articles sur la Thermodynamique.

    Envisagé dans ce prisme, le surclassement social est la conséquence de l'inaptitude d'une personne à gérer la complexité de l'espace écosystémique dans lequel elle évolue. Mais nos sociétés s'organisent pour que cette stérilité soit solvabilisée, permettant aux protagonistes concernés de participer à une structure à laquelle ils n’apportent aucune contribution. La conséquence est qu’ils consomment et donc polluent sans contrepartie écosystémique. Voilà pourquoi un environnementaliste s'intéresse à ces choses. Son but est d'identifier tout ce qui contribuerait à diminuer sensiblement les impacts environnementaux. Accessoirement, comme aborigène, je dois contribuer à la pérennité du territoire, de la civilisation, voire de l'écosystème naturel dans lesquels ma lignée est enchâssée depuis des lustres. Je n'en ai pas d'autres et en suis consubstantiellement dépendant. Par ailleurs, je suis assez peu tenté de devenir un citoyen du monde dans une écosphère mondialisée ultra-artificialisée. C'est une posture instinctive et pas du tout raisonnée, je l’avoue ; ceci malgré le battage médiatique nous l'imposant comme notre avenir radieux. C'est comme ça.

    Principe de Pete

    Les sociologues avaient, par une autre approche, mis le doigt sur ce phénomène qu'une approche écosystémique a conforté. Le fond de la crise actuelle est le surclassement social systématique conduisant à l'incompétence dans la tâche assumée. L'écart entre le seuil de compétence, c'est-à-dire la capacité à gérer la complexité de l'espace multi-factoriel où l'on évolue, et ce qui est au-dessus de ce niveau engendre de la stérilité écosystémique. C'est ce « delta » qu'il faut financer par la dette.

    Un parallèle avec le « Principe de Peter » cher aux managers fournit un éclairage utile. Précisons cependant que celui-ci porte sur les compétences au sein de structures hiérarchisées alors que l'approche écosystémique met en relation des individus et des groupes agissant sans nécessairement se connaître, ni avoir de relations directes. Popularisé dans l'ouvrage éponyme paru en 1969 sous la signature de Laurence J. Peter et Raymond Hull, The Peter Principle établit que, dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever jusqu'à son niveau d’incompétence. La conséquence est qu'avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité.

    De ce principe découle une analyse sur le cycle de vie de toute structure hiérarchisée. Celle-ci, à un moment ou à un autre, se retrouve avec une majorité d'incompétents dont l'impéritie va l'engager vers sa fin. Relevons que ce principe empirique issu de la sociologie est en parfaite cohérence avec les conséquences du second principe de la Thermodynamique. Celui-ci établit que tout système en non-équilibre thermodynamique voit croître sa composante entropique irréversible jusqu'à atteindre un niveau l'engageant vers la déstabilisation. La stérilité écosystémique est par conséquent un processus normal irrépressible. En revanche, méconnaître sa réalité et la favoriser par la politique conduit à des prises de risques obérant sérieusement l'avenir de nos sociétés en accélérant le processus de déstabilisation. N'a-t-on pas déjà remarqué que l'immigration de peuplement coïncide avec le début de l'endettement de la Ve République ? Est-ce un hasard ? Mais alors que les chiffres sur l'endettement sont facilement accessibles, la question de l'immigration est nimbée d'un halo de contre-vérités et de contresens en tout genre. Aussi précisons ce qu'est un immigré d'un point de vue écologique.

    L'immigration en question

    A la question « Qu'est ce qu'un immigré ? », la définition la plus courante est celle issue de l'INSEE. Schématiquement, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger. Pourtant personne ne se satisfait de cette définition d'essence juridique. Les aborigènes comme les allogènes parlent d'immigrés de première, de seconde, etc., génération. Dans les quartiers populaires, il n'est pas rare d'entendre de jeunes Africains faire des différences entre Gaulois, Portugais ou autres pour désigner leurs compatriotes européens, alors même qu'ils sont tous français. Bref, c'est un peu cafouilleux. Apparemment, la conception juridique de nos dirigeants n'est pas partagée par le peuple qui, lui, s'en tient aux apparences et aux origines. Vox populi, vox dei ; doit-on sur ces questions respecter le réalisme populaire et faire fi des idéologies multi-cequevousvoulez de nos oligarchies mondialistes ? En cela ce peuple fait de l'écologie. Un lion né en Europe, issu de plusieurs générations nées en Europe, reste un animal typiquement africain, même si les spécialistes attestent qu'il en reste quelques-uns en Inde et qu'hier on le trouvait dans le sud de l'Europe, il y a… plus de 2.000 ans.

    La définition juridique de l'immigration conduit à des paradoxes cruels pour ceux qui les subissent. Ainsi, un « Italien » du Piémont francophone, passé en France dans les années 1920-1930 lors de l'italianisation mussolinienne, est désigné comme immigré. Ses enfants seraient des descendants d'immigrés. Un Suisse francophone le serait aussi. Un Belge d'Arlon aussi. Les mouvements de population ont toujours existé entre ces entités, car l'écosystème naturel de référence est plus ou moins le même. Pensons à Rousseau (Genève), Lagrange (Turin), etc., pour de grandes figures de notre Histoire. Plus globalement, évoquons les aborigènes juifs ou protestants forcés à partir : en Grande Pologne pour les premiers ; en Prusse, Pays-Bas, Angleterre pour les seconds. Une récente exposition organisée sur l'immigration à Paris mettait sur le même pied les Bretons et les Auvergnats avec les gens issus de l'Afrique ou de l'Asie. Le juridisme en cours ne correspond donc à aucune réalité biologique ou culturelle. Ces catégories apparues en un autre temps sont obsolètes. D'autres sont à inventer pour rendre compte des nouveaux particularismes. En attendant, il est nécessaire de définir l'Immigré sur des bases incontestables. L'Ecologie nous donne des pistes.

    Un des fondements de l'Ecologie est de considérer que toute forme et le comportement inné qui lui est associé sont la résultante d'une interaction avec un espace écologique naturel. Si l’on constate l'énorme diversité du vivant, c'est que les espaces écologiques associés sont, eux aussi, multiples. Il en est ainsi chez les humains comme chez les macaques, les deux espèces de primates les plus répandues sur la planète. Pourtant, il y a des Macaca fuscata, Macaca sylvanus, etc. Chaque forme et comportement sont adaptés à un milieu donné : le Japon pour les premiers ; l'Afrique du Nord pour les seconds, et ainsi de suite.

    Pour un écologue, l'immigré est donc celui qui est installé durablement en dehors de son écosystème naturel d'origine. Un Européen installé en Afrique ou un Africain installé en Europe sont des immigrés. Pour être plus précis, un immigré est quelqu'un d'installé dans un écosystème différent de celui qui l'a engendré. On pourrait les qualifier d'éco-immigrés pour préciser le fondement de cette qualification.

    Sur ces bases, combien sont-ils en France européenne ?

    Il n'y a pas de statistiques reposant sur ces distinctions en France. Des chiffres circulent pourtant sur Internet. Ainsi, en 2011 circulait sur Internet une évaluation du total des éco-immigrés installés sur son territoire européen. Le chiffre est de 10 millions. L’auteur précise sa marge d’erreur et avoue en rajouter facilement un ou deux. Si l’on intègre les métis, le chiffre de 12 millions lui paraît vraisemblable. Cela étant dit, la corrélation étant faite entre immigration et endettement, doit-on alors accuser l'immigré d'être exclusivement à l'origine de la dette ? Non.

    Avec près de 12 millions d'immigrés dans la France européenne – des gens jeunes – se pose la question des motivations à l’origine de leur présence. L'immigré est tout à la fois envisagé comme un outil de la domination sociale du peuple souche que la manifestation d'une mondialisation en achèvement. D’autres hypothèses sont envisageables. Le constat est cependant que l'immigration de peuplement a commencé avec la législation sur le regroupement familial sous la gouvernance Giscard-Chirac (1976), suivie de régularisations massives de clandestins s’ajoutant à l’immigration légale. La majorité d’entre eux a obtenu la citoyenneté française. 

    Parmi les explications de ce phénomène sans précédent, celle avancée par ces lignes est que cette immigration a permis le surclassement social des aborigènes avec, comme contrepartie, que l'une et l'autre engendrent une stérilité écosystémique à l'origine de la dette souveraine, les prélèvements obligatoires étant à leur maximum envisageable.

    Cette dynamique est à l'origine d'un cercle vicieux dont seule la rupture permettrait d'envisager le rétablissement des finances publiques et une situation politique plus viable. Le moteur du progrès social pousse en effet à accueillir chaque année de nouveaux immmigrés accompagnés de leurs familles. Cette première arrivée réunit généralement beaucoup de gens laborieux, honnêtes, fiables et bien socialisés. On les retrouve dans toutes les tâches nécessitant rigueur et force comme sur les chantiers, par exemple. Mais leurs enfants veulent la vie facile des aborigènes. Les plus chanceux occupent donc des fonctions souvent stériles. Quelques-uns animent l'espace médiatique comme artistes, sportifs ou politiciens. Beaucoup d'autres évoluent dans une marginalité prenant différentes formes allant de l'assistanat social à la délinquance. L'essence de cette dynamique reste toutefois l'espérance de progrès social qui anime les aborigènes depuis les années 1950. L'immigration n'est que la conséquence de cette posture. Le summum fut atteint avec l'ambition que 80% d'une classe d'âge obtienne le baccalauréat et s'engage dans des études supérieures, immigrés compris.

    Le progrès social par le bac pour tous

    Créé par le décret du 17 mars 1808 qui organise l’Université impériale, le bac comptait en 2008 environ 500.000 lauréats, contre seulement 31 lors de la première session. En 2012, avec 77,5% d'une tranche d'âge ayant le bac, la France atteint presque l'objectif que la loi d'orientation de 1989 avait fixé : 80% d'une tranche d'âge au niveau bac. Tous ces lauréats ont accès aux études supérieures dont l'offre n'a cessé de croître depuis la fin des années 1980. Relevons d'ailleurs que ces études qualifiées de supérieures ne sont que des études longues, la majorité des nouveaux étudiants ayant des difficultés à maîtriser ce qui caractérise des études supérieures : l’abstraction.

    Alors que les initiateurs de cette politique espéraient avoir des ouvriers bacheliers pour améliorer leurs capacités à apprendre et donc à s'adapter, tous ces impétrants ont voulu faire les métiers auxquels destinait le bac lorsque celui-ci concernait moins de 5% d'une classe d'âge. Les suites sont connues. Il n'y a plus personne pour les tâches fondamentales. Celles-ci sont assumées, à leur tour, par des individus incompétents. Exemple : le plombier qui remplace un joint sans faire cesser la fuite… après vous avoir laissé une facture TTC de 85 euros (histoire vécue). Les diplômés, eux, s'engagent dans une multitude de fonctions dont on peut relativiser l'utilité écosystémique ; enfin, pour ceux qui le peuvent. L'autre issue est que ces étudiants surformés ne puissent accéder qu'aux postes déterminés par leurs origines sociales. Exemple : une jeune fille qui, après avoir suivi le processus Erasmus, devient fleuriste comme sa maman. Il faut alors s'interroger sur le retour d'investissement de leur formation… très coûteuse. Est-ce durable ? Non. Chacun de nous est concerné. A chacun d'identifier ses fonctions stériles. Le but de cet article n'est pas de stigmatiser, mais de proposer une analyse des enjeux actuels.

    Que faire ?

    Combattre la stérilité écosystémique est donc l'unique voie pour rééquilibrer nos écosystèmes en instabilité menaçante. De nouveaux discours politiques sont donc à inventer, rompant avec le discours dominant issu de l'après-guerre obligeant chacun au progrès social. Ce dernier conduit inévitablement, comme l'ont montré les sociologues, à l'incompétence. Reclasser socialement les personnes en fonction de leurs aptitudes innées dans des espaces qu'ils contribueront à entretenir est donc vital. Précisons aussi que cette approche est découplée de la question des rémunérations, surtout quand celle-ci est envisagée dans le prisme du libéralo-capitalisme réduit à un rapport entre une offre et une demande… organisées par des cleptocrates.

    Comment faire ?

    Avant de s'engager dans des spéculations politiques, ayons présent à l'esprit ce que la Grande Catherine de Russie écrivit à Diderot : « Vous oubliez, Monsieur Diderot, dans tous vos plans de réforme, la différence de nos deux positions : vous, vous ne travaillez que sur le papier qui souffre tout […] tandis que moi, pauvre impératrice, je travaille sur la peau humaine qui est bien autrement irritable et chatouilleuse. »

    Cela étant dit, admettons qu'il y a peu de chances que les générations âgées changent. Passé 30 ans, la fossilisation guette. C'est l'âge adulte. C'est normal. En revanche, intuitivement, de plus en plus de jeunes Européens rompent avec les utopies de leurs aînés. Un artisan rencontré dans les Pyrénées fournit une piste. Dans la jeune trentaine, titulaire d'un diplôme de commerce, ce monsieur avait travaillé à Paris à réfléchir si les yaourts se vendaient mieux en paquets de six ou en paquets de douze, dans un emballage plutôt rouge ou plutôt bleu. Depuis, il s'est installé artisan au pied du col de Portet d'Aspect et fait du carrelage, de la peinture, de la plomberie, etc. C'est très bien fait. Il gagne très bien sa vie. Ils seraient de nombreux jeunes à suivre cet itinéraire, abandonnant l'ambition du progrès social pour tout simplement vivre.

    Seule la jeunesse, quelle que soit son origine, a les clés pour envisager un futur apaisé. En tant qu'ancien nous pouvons néanmoins émettre des suggestions tout en étant conscient qu'ils feront ce qu'ils voudront. Le reclassement social de la population aborigène est la première étape. La suivante est que les immigrés admettent que leur avenir est dans leurs territoires d'origine. Beaucoup déjà envisagent cette possibilité. Encore faudrait-il que la classe dirigeante française rompe avec cette posture infantilisante les envisageant comme des immatures en croissance. L'immigrationnisme n'est jamais que le prolongement du colonialisme. C'est donc aux immigrés de faire leur chemin, sans se soucier de ce que pensent les Européens. Déjà de brillantes personnalités, et nous évoquerons le remarquable Kémi Seba, diffusent une vision très pertinente des enjeux actuels.

    Et pour finir…

    Accessoirement, mais pour un écologiste c'est prioritaire, en cassant le cercle vicieux de l'endettement à l'origine d’une surartificialisation dangereuse de nos écosystèmes, on limitera les impacts environnementaux et donc l'essence de la crise écologique contemporaine. Tout est dans Tout. Cela ne servira donc à rien d'augmenter les impôts pour résorber la dette ou d’espérer une croissance salvatrice. Accuser Aron, John, Helmut, Mohamed ou Mamadou est tout aussi vain. Les pompes à endettement seront toujours là. La solution politique passe par une remise en question fondamentale de pratiques sociales installées depuis des décennies. Par défaut, le système se rééquilibrera tout de même, mais dans la violence. Quand cela risque-t-il de se produire ? Réponse : autour des années 2030. Un prochain article complétant celui-ci exposera pourquoi.

    Frédéric Malaval  http://www.polemia.com
    28/09/2012

    Note :
    (*) Regard écologique sur la dette souveraine

  • Les 27, le budget dans les chaussettes

     Rendez-vous début 2013. Au bout d’une journée et demie d’infructueux marchandages, les Vingt-Sept, réunis en sommet à Bruxelles, ont jeté l’éponge vendredi sans être parvenus à un accord sur le prochain « cadre financier » communautaire 2014-2020.

    Un échec certes annoncé, mais néanmoins inquiétant : les chefs d’État et de gouvernement ont calé sur 30 malheureux milliards d’euros, soit à peine 0,3 % du PIB européen. Après avoir écouté les doléances de chacun durant toute la journée de jeudi, Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, a maintenu à 984 milliards d’euros le plafond des futures dépenses de l’UE, une enveloppe amputée de 76 milliards par rapport à ce que réclament la Commission et le Parlement européen. Mais trois pays — la Grande-Bretagne, la Suède et les Pays-Bas — veulent une baisse supplémentaire.

    * La Grande-Bretagne, pas encore isolée ?

    Le premier ministre britannique a pu repartir tête haute, ses « lignes rouges » intactes, notamment la préservation du fameux « rabais » obtenu de haute lutte par Thatcher en 1984. Mis en demeure par les eurosceptiques de son parti d’obtenir une baisse drastique du budget européen, le conservateur David Cameron s’est réjoui, devant la presse, de voir que « la Grande-Bretagne n’a pas été seule contre tous ». L’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas, la Finlande et le Danemark, a-t-il souligné, n’étaient pas non plus satisfaits du compromis avancé la veille par Van Rompuy. En réalité, ce sont surtout Stockholm et Amsterdam qui l’ont soutenu. Un compromis que Cameron juge, en l’état, « inacceptable ». Pour lui, il est particulièrement «  insultant » qu’on ne touche pas aux salaires et aux retraites des fonctionnaires européens : « les institutions européennes doivent s’adapter au monde réel  », a-t-il grincé. Pour autant, Cameron qu’on disait remonté à bloc et prêt à dégainer son veto veut rester à bord : « nous devons reconnaitre que (...) l’appartenance à l’UE nous bénéficie », a-t-il souligné.

    * La France, entre le marteau et l’enclume ?

    Une image diffusée en salle de presse montrait, jeudi soir, François Hollande dans un coin de la salle du conseil européen pendant que la chancelière allemande papillonnait, passant d’un dirigeant à l’autre, négociant ferme. Un raccourci saisissant de la solitude française. Car Paris est coincé entre son souci de relancer la croissance alors que ses caisses sont vides et sa volonté de préserver une Politique agricole commune (PAC) hors d’âge. Comme l’a reconnu un chef de l’État peu enthousiaste : «  je ne suis pas le leader de la PAC, mais je m’inscris dans la tradition française » qui est d’éviter de se mettre le monde agricole à dos. Résultat : Paris parle de croissance, mais est prêt à couper dans les politiques de la recherche/développement, seul moyen de faire diminuer le chèque qu’il verse au budget européen… Cette position illisible explique l’absence d’axe franco-allemand, car Merkel, elle, a un objectif de guerre.

    * L’Allemagne arbitre de la négociation ?

    La chancelière a tout fait pour éviter que la Grande-Bretagne saute de l’esquif européen avant le sommet de décembre. Pour elle, c’est LE rendez-vous important : les Vingt-sept devront adopter la « feuille de route » qui doit mener à l’intégration politique et budgétaire de la zone euro. Et les dix-sept ont besoin de l’accord de Londres pour modifier les traités. Le conseiller diplomatique de Merkel a donc fait la tournée des capitales en expliquant que Berlin voulait une coupe supplémentaire dans les 984 milliards de Van Rompuy. La somme de 30 milliards a été avancée, soit pas très loin des 50 milliards que réclame Cameron. Ce qui lui a donné l’espoir de réaliser un axe Berlin-Londres sur le budget, un cauchemar pour la Commission et pour Paris. Mais, et ce n’est pas un hasard si l’échec a été consommé, ce rapprochement est un miroir aux alouettes, Londres ayant tellement multiplié les lignes rouges inacceptables pour ses partenaires (touche pas à mon chèque, taille dans la PAC et les aides régionales, coupe dans l’innovation et la recherche, diminue le salaire des eurocrates, etc.). Merkel le sait très bien comme elle sait qu’isoler Paris pourrait être mortel pour l’avenir de la zone euro qui la préoccupe bien davantage que l’avenir de Londres. C’est pourquoi, confie un diplomate européen, « nous réfléchissons à des scénarios de contournement si le prochain sommet échoue, comme l’adoption informelle d’un cadre financier à 24 et, ensuite, un vote annuel du budget européen qui, lui, se fera à la majorité qualifiée. C’est une arme nucléaire, mais si Londres nous bloque, il faudra déclencher les hostilités » . Mais son utilisation est renvoyée à l’année prochaine.

    N.B. : article cosigné avec Nathalie Dubois et paru ce matin dans Libération

    Coulisses de Bruxelles  http://www.actionfrancaise.net

  • ARENDT (Hanna) - La signification de la philosophie de Hobbes

    Il est significatif que les champions modernes du pouvoir se trouvent en accord total avec la philosophie de l'unique grand penseur qui prétendit jamais tirer le bien public des intérêts privés, et qui au nom du bien privé, imagina et échafauda l'idée d'un Commonwealth qui aurait pour base et pour fin ultime l'accumulation du pouvoir. Hobbes est en effet le seul grand philosophe que la bourgeoisie puisse revendiquer à juste titre comme exclusivement sien, même si la classe bourgeoise a mis longtemps à reconnaître ses principes. Dans son Léviathan, Hobbes exposait la seule théorie politique selon laquelle l'Etat ne se fonderait pas sur une quelconque loi constitutive – la loi divine, la loi de nature ou celle du contrat social – qui déterminerait les droits et interdits de l'intérêt individuel vis-à-vis des affaires publiques, mais sur les intérêts individuels eux-mêmes, de sorte que " l'intérêt privé est le même que l'intérêt public. "
    Il n'est pratiquement pas un seul modèle de la morale bourgeoise qui n'ait été anticipé par la magnificence hors pair de la logique de Hobbes. Il donne un portrait presque complet, non pas de l'homme mais du bourgeois, analyse qui en trois cents ans n'a été ni dépassée ni améliorée. " La Raison… n'est rien d'autre que des Comptes " ; " Sujet libre, libre Arbitre... sont des mots... vides de sens; c'est-à-dire Absurdes. " Etre privé de raison, incapable de vérité, sans libre-arbitre – c'est-à-dire incapable de responsabilité – l'homme est essentiellement une fonction de la société et sera en conséquence jugé selon " sa valeur ou [sa] fortune... son prix ; c'est-à-dire pour autant qu'il serait donné contre l'usage de son pouvoir ". Ce prix est constamment évalué et réévalué par la société, l'" estime des autres " variant selon la loi de l'offre et de la demande.
    Pour Hobbes, le pouvoir est le contrôle accumulé qui permet à l'individu de fixer les prix et de moduler l'offre et la demande de manière à ce que celles-ci favorisent son profit personnel. L'individu envisagera son profit dans un isolement complet, du point de vue d'une minorité absolue, pourrait-on dire ; il s'apercevra alors qu'il ne peut œuvrer et satisfaire à son intérêt sans l'appui d'une quelconque majorité. Par conséquent, si l'homme n'est réellement motivé que par ses seuls intérêts individuels, la soif de pouvoir doit être sa passion fondamentale. C'est elle qui fixe les relations entre individu et société, et toutes les autres ambitions, richesse, savoir et honneur, en découlent elles aussi.
    Hobbes souligne que dans la lutte pour le pouvoir comme dans leurs aptitudes innées au pouvoir, tous les hommes sont égaux ; car l'égalité des hommes entre eux a pour fondement le fait que chaque homme a par nature assez de pouvoir pour en tuer un autre. La ruse peut racheter la faiblesse. Leur égalité en tant que meurtriers en puissance place tous les hommes dans la même insécurité, d'où le besoin d'avoir un Etat. La raison d'être de l'Etat est le besoin de sécurité éprouvé par l'individu, qui se sent menacé par tous ses semblables.
    L'aspect crucial du portrait tracé par Hobbes n'est pas du tout ce pessimisme réaliste qui lui a valu tant d'éloges dans les temps modernes. Car si l'homme était vraiment la créature que Hobbes a voulu voir en lui, il serait incapable de constituer le moindre corps politique. Hobbes, en effet, ne parvient pas et d'ailleurs ne cherche pas – à faire entrer nettement cette créature dans une communauté politique. L'homme de Hobbes n'a aucun devoir de loyauté envers son pays si celui-ci est vaincu, et il est pardonné pour toutes ses trahisons si jamais il est fait prisonnier. Ceux qui vivent à l'extérieur de son Commonwealth (les esclaves, par exemple) n'ont pas davantage d'obligations envers leurs semblables, et sont au contraire autorisés à en tuer autant qu'ils peuvent ; tandis que, en revanche, " de résister au Glaive du Commonwealth afin de porter secours à un autre homme, coupable ou innocent, aucun homme n'a la Liberté ", autrement dit il n'y a ni solidarité ni responsabilité entre l'homme et son prochain. Ce qui les lie est un intérêt commun qui peut être " quelque crime Capital, pour lequel chacun d'entre eux s'attend à mourir " ; dans ce cas, ils ont le droit de " résister au Glaive du Commonwealth ", de " se rassembler, et se secourir, et se défendre l'un l'autre... Car ils ne font que défendre leurs vies ".
    Ainsi pour Hobbes, la solidarité dans telle ou telle forme de communauté est-elle une affaire temporaire et limitée qui, pour l'essentiel, ne change rien au caractère solitaire et privé de l'individu (qui ne trouve " aucun plaisir mais au contraire mille chagrins dans la fréquentation de ses semblables, nul pouvoir ne réussissant à les tenir tous en respect ") ni ne crée de liens permanents entre lui-même et ses semblables. C'est comme si le portrait de l'homme de Hobbes trahissait le propos de ce dernier, propos qui est de fournir une base pour son Commonwealth, et qu'il avançait à la place un modèle cohérent de comportements par le biais desquels toute communauté véritable puisse être facilement détruite. D'où l'instabilité inhérente et avouée du Commonwealth de Hobbes qui, dans sa conception, prévoit sa propre dissolution – " quand, à l'occasion d'une guerre (étrangère ou intestine) les ennemis emportent la Victoire finale... alors le Commonwealth est dissous et chaque homme se trouve libre de se protéger " –, instabilité d'autant plus frappante que le but primordial et répété de Hobbes était d'instaurer un maximum de sécurité et de stabilité.
    Ce serait commettre une grave injustice envers Hobbes et sa dignité de philosophe que de considérer son portrait de l'homme comme une tentative de réalisme psychologique ou de vérité philosophique. En fait, Hobbes ne s'intéresse ni à l'un ni à l'autre, son seul et unique souci étant la structure politique elle-même, et il décrit les aspects de l'homme selon les besoins du Léviathan. Au nom du raisonnement et de la persuasion, il présente son schéma politique comme s'il partait d'une analyse réaliste de l'homme, être qui " désire le pouvoir, encore plus de pouvoir ", et comme s'il s'appuyait sur cette recherche pour concevoir un corps politique idéal pour cet animal assoiffé de pouvoir. Le véritable processus, c'est-à-dire le seul processus selon lequel son concept de l'homme ait un sens et dépasse la banalité manifeste d'une méchanceté humaine reconnue, est précisément tout autre.
    Ce corps politique nouveau était conçu pour le profit de la nouvelle société bourgeoise telle qu'elle apparut au cours du dix-septième siècle, et cette peinture de l'homme est une esquisse du type d'homme nouveau qui serait apte à le constituer. Le Commonwealth a pour fondement la délégation du Pouvoir, et non des droits. Il acquiert le monopole de l'assassinat et offre en retour une garantie conditionnelle contre le risque d'être assassiné. La sécurité est assurée par la loi, qui est une émanation directe du monopole du pouvoir dont jouit l'Etat (et n'est plus établie par l'homme en vertu des valeurs humaines du bien et du mal). Et comme cette loi découle directement du Pouvoir absolu, elle représente une nécessité absolue aux yeux de l'individu qu'elle régit. En ce qui concerne la loi de l'Etat, à savoir le Pouvoir accumulé par la société et monopolisé par l'Etat, il n'est plus question de bien ou de mal, mais uniquement d'obéissance absolue, du conformisme aveugle de la société bourgeoise.
    Privé de droits politiques, l'individu, pour qui la vie publique et officielle se manifeste sous le manteau de la nécessité, acquiert un intérêt nouveau et croissant pour sa vie privée et son destin personnel. Exclu de toute participation à la conduite des affaires publiques qui concernent tous les citoyens, l'individu perd sa place légitime dans la société et son lien naturel avec ses semblables. Il ne peut désormais juger sa vie privée personnelle que par comparaison avec celle d'autrui, et ses relations avec ses semblables à l'intérieur de la société prennent la forme de la compétition. Une fois les affaires publiques réglées par l'Etat sous le couvert de la nécessité, les carrières sociales ou politiques des concurrents tombent sous l'empire du hasard. Dans une société d'individus tous pourvus par la nature d'une égale aptitude au pouvoir et semblablement protégés les uns des autres par le pouvoir, seul le hasard peut décider des vainqueurs.
    Selon les critères bourgeois, ceux à qui la chance ou le succès sont totalement refusés sont automatiquement rayés de la compétition, laquelle est la vie de la société. La bonne fortune s'identifie à l'honneur, la mauvaise au mépris. En déléguant ses droits politiques à l'Etat, l'individu lui abandonne également ses responsabilités sociales : il demande à l'Etat de le soulager du fardeau que représentent les pauvres exactement comme il demande à être protégé contre les criminels. La différence entre indigent et criminel disparaît - tous deux étant des hors-la-loi. Ceux qui n'ont pas de succès sont dépouillés de la vertu que leur avait léguée la civilisation classique ; ceux qui n'ont pas de chance ne peuvent plus en appeler à la charité chrétienne.
    Hobbes libère tous ceux qui sont bannis de la société - ceux qui n'ont pas de succès, ceux qui n'ont pas de chance, les criminels – de tous leurs devoirs envers la société et envers l'Etat si ce dernier les ignore. Ils peuvent lâcher la bride à leur soif de pouvoir et sont invités à tirer profit de leur aptitude élémentaire à tuer, restaurant ainsi cette égalité naturelle que la société ne dissimule que par opportunisme. Hobbes prévoit et justifie l'organisation des déclassés sociaux en un gang de meurtriers comme issue logique e la philosophie morale de la bourgeoisie.
    Etant donné que le pouvoir est essentiellement et exclusivement le moyen d'arriver à une fin, une communauté fondée seulement sur lui doit sombrer dans le calme de l'ordre et de la stabilité ; sa complète sécurité révèle qu'elle est construite sur du sable. C'est seulement en gagnant toujours plus de pouvoir qu'elle peut garantir le statu quo ; c'est uniquement en étendant constamment son autorité par le biais du processus d'accumulation du pouvoir qu'elle peut demeurer stable. Le Commonwealth de Hobbes est une structure vacillante qui doit sans cesse se procurer de nouveaux appuis à l'extérieur si elle ne veut pas sombrer du jour au lendemain dans l'aveugle, l'insensé chaos des intérêts privés d'où elle est issue. Pour justifier la nécessité d'accumuler le pouvoir, Hobbes s'appuie sur la théorie de l'état de nature, la " condition de guerre perpétuelle " de tous contre tous dans laquelle les divers Etats individuels demeurent encore les uns vis-à-vis des autres exactement comme J'étaient leurs sujets respectifs avant de se soumettre à l'autorité d'un Commonwealth. Cet état permanent de guerre potentielle garantit au Commonwealth une espérance de permanence parce qu'il donne à l'Etat la possibilité d'accroître son pouvoir aux dépens des autres Etats.
    Ce serait une erreur de prendre à la légère la contradiction manifeste entre le plaidoyer de Hobbes pour la sécurité de l'individu et l'instabilité fondamentale de son Commonwealth. Là encore il s'efforce de convaincre, de faire appel à certains instincts de sécurité fondamentaux dont il savait bien qu'ils ne pourraient survivre, chez les sujets du Léviathan, que sous la forme d'une soumission absolue au pouvoir qui " en impose à tous ", autrement dit à une peur omniprésente, irrépressible - ce qui n'est pas exactement le sentiment caractéristique d'un homme en sécurité. Le véritable point de départ de Hobbes est une analyse extrêmement pénétrante des besoins politiques du nouveau corps social de la bourgeoisie montante, dont la confiance fondamentale en un processus perpétuel d'accumulation des biens allait bientôt éliminer toute sécurité individuelle. Hobbes tirait les conclusions nécessaires des modèles de comportement social et économique quand il proposait ses réformes révolutionnaires en matière de constitution politique. Il esquissait le seul corps politique possible capable de répondre aux besoins et aux intérêts d'une classe nouvelle. Ce qu'il donnait, au fond, c'était le portrait de l'homme tel qu'il allait devoir devenir et tel qu'il allait devoir se comporter s'il voulait entrer dans le moule de la future société 'bourgeoise.
    L'insistance de Hobbes à vouloir trouver dans le pouvoir le moteur de toutes choses humaines et divines (car même le règne de Dieu sur les hommes est " le fait, non pas de la Création...mais de l'Irrésistible Pouvoir ") découlait de la proposition théoriquement irréfutable selon laquelle une accumulation indéfinie de 'biens doit s'appuyer sur une accumulation indéfinie de pouvoir. Le corollaire philosophique de l'instabilité fondamentale d'une communauté fondée sur le pouvoir est l'image d'un processus historique perpétuel qui, afin de demeurer en accord avec le développement constant du pouvoir, se saisit inexorablement des individus, des peuples et, finalement, de l'humanité entière, Le processus illimité d'accumulation du capital a besoin de la structure politique d' " un Pouvoir illimité ", si illimité qu'il puisse protéger la propriété grandissante en accroissant sans cesse sa puissance, Compte tenu du dynamisme fondamental de la nouvelle classe sociale, il est parfaitement exact qu'" il ne saurait s'assurer du pouvoir et des moyens de vivre bien, dont il jouit présentement, à moins d'en acquérir toujours plus ". Cette conclusion ne perd rien de sa logique même si, en trois cents ans, il ne s'est trouvé ni un roi pour " convertir cette Vérité de la Spéculation en l'Utilité de la Pratique", ni une bourgeoisie dotée d'une conscience politique et d'une maturité économique suffisantes pour adopter ouvertement la philosophie du pouvoir de Hobbes.
    Ce processus d'accumulation indéfinie du pouvoir indispensable à la protection d'une accumulation indéfinie du capital a suscité l'idéologie " progressiste " de la fin du XIXe siècle et préfiguré la montée de l'impérialisme. Ce n'est pas l'illusion naïve d'une croissance illimitée de la propriété, mais bien la claire conscience que seule l'accumulation du pouvoir pouvait garantir la stabilité des prétendues lois économiques, qui ont rendu le progrès inéluctable. La notion de progrès du XVIIIe siècle, telle que la concevait la France pré-révolutionnaire, ne faisait la critique du passé que pour mieux maîtriser le présent et contrôler l'avenir ; le progrès trouvait son apogée dans l'émancipation de l'homme. Mais cette notion restait loin du progrès sans fin de la société bourgeoise, qui non seulement s'oppose à la liberté et à l'autonomie de l'homme, mais qui, de plus, est prête à sacrifier tout et tous à des lois historiques prétendument supra humaines. " Ce que nous appelons progrès, c'est le vent... qui guide irrésistiblement [l'ange de l'histoire] jusque dans le futur auquel il tourne le dos cependant que devant lui l'amas des ruines s'élève jusqu'aux cieux. " ' C'est seulement dans le rêve de Marx d'une société sans classes qui, selon les mots de Joyce, allait secouer l'humanité du cauchemar de l'histoire, qu'une ultime - bien qu'utopique influence du concept du XVIIIe siècle apparaît encore.
    L'homme d'affaires pro-impérialiste, que les étoiles ennuyaient parce qu'il ne pouvait pas les annexer, avait vu que le pouvoir organisé au nom du pouvoir engendrait un pouvoir accru. Quand l'accumulation du capital eut atteint ses limites naturelles, nationales, la bourgeoisie comprit que ce serait seulement avec une idéologie de " l'expansion, tour est là ", et seulement avec un processus d'accumulation du pouvoir correspondant, que l'on pourrait remettre le vieux moteur en marche. Néanmoins, au moment même oÙ il semblait que le véritable principe du mouvement perpétuel venait d'être découvert, l'esprit explicitement optimiste de l'idéologie du progrès se voyait ébranlé. Non que quiconque commençât à douter du caractère inéluctable du processus lui-même ; mais beaucoup commençaient à voir ce qui avait effrayé Cecil Rhodes, à savoir que la condition humaine et les limitations du globe opposaient un sérieux obstacle à un processus qui ne pouvait ni cesser ni se stabiliser, mais seulement déclencher les unes après les autres toute une série de catastrophes destructrices une fois ces limites atteintes.
    A l'époque impérialiste, la philosophie du pouvoir devint la philosophie de l'élite qui découvrit bientôt - et fut rapidement prête à admettre - que la soif de pouvoir ne saurait être étanchée que par la destruction. Telle fut la principale raison d'être de son nihilisme (particulièrement manifeste en France au tournant du siècle, et en Allemagne dans les années 20) qui remplaçait la foi superstitieuse dans le progrès par une foi non moins superstitieuse dans la chute, et qui prêchait l'annihilation automatique avec autant d'enthousiasme qu'en avaient mis les fanatiques du progrès automatique à prêcher le caractère inéluctable des lois économiques. Il avait fallu trois siècles pour que Hobbes, ce grand adorateur du Succès, puisse enfin triompher. La Révolution française en avait été pour une part responsable, qui, avec sa conception de l'homme comme législateur et comme citoyen, avait failli réussir à empêcher la bourgeoisie de développer pleinement sa notion de l'histoire comme processus nécessaire. Cela résultait également des implications révolutionnaires du Commonwealth, de sa rupture farouche- avec la tradition occidentale, que Hobbes n'avait pas manqué de souligner.
    Tout homme, toute pensée qui n'œuvrent ni ne se conforment au but ultime d'un appareil dont le seul but est la génération et l'accumulation du pouvoir, sont dangereusement gênants. Hobbes estimait que les livres des " Grecs et des Romains de l'Antiquité " étaient aussi " nuisibles " que l'enseignement chrétien d'un " Summum bonum... tel qu'il est dit dans les Livres des vieux Moralistes ", ou que la doctrine du " quoi qu'un homme fasse contre sa conscience, est Péché ", ou que " les Lois sont les Règles du juste et de l'injuste ". La profonde méfiance de Hobbes à l'égard de toute la tradition de la pensée politique occidentale ne doit pas nous surprendre si nous nous souvenons seulement que ce qu'il souhaitait n'était ni plus ni moins que la justification de la Tyrannie qui, pour s'être exercée à plusieurs reprises au cours de l'histoire de l'Occident, n'a cependant jamais connu les honneurs d'un fondement philosophique. Hobbes est fier de reconnaître que le Léviathan se résume en fin de compte à un gouvernement permanent de la tyrannie : " le nom de Tyrannie ne signifie pas autre chose que le nom de Souveraineté... " ; " pour moi, tolérer une haine déclarée de la Tyrannie, c'est tolérer la haine du Commonwealth en général... "
    En tant que philosophe, Hobbes avait déjà pu -déceler dans l'essor de la bourgeoisie toutes les qualités anti-traditionalistes de cette classe nouvelle qui devait mettre plus de trois cents ans à arriver à maturité. Son Léviathan n'avait rien à voir avec une spéculation oiseuse sur de nouveaux principes politiques, ni avec la vieille quête de la raison telle queue gouverne la communauté des hommes ; il constituait délibérément " la renaissance des conséquences " découlant de l'essor d'une classe nouvelle dans une société fondamentalement liée à la propriété conçue comme élément dynamique générateur d'une propriété toujours nouvelle. La fameuse accumulation du capital qui a donné naissance à la bourgeoisie a changé les notions mêmes de propriété et de richesse : on ne les considérait plus désormais comme les résultats de l'accumulation et de l'acquisition, mais bien comme leurs préalables ; la richesse devenait un moyen illimité de s'enrichir. Etiqueter la bourgeoisie comme classe possédante n'est que superficiellement correct, étant donné que l'une des caractéristiques de cette classe était que quiconque pût en faire partie du moment qu'il concevait la vie comme un processus d'enrichissement perpétuel et considérait l'argent comme quelque chose de sacro-saint, qui ne saurait en aucun cas se limiter à un simple bien de consommation.
    En elle-même, la propriété est néanmoins vouée à être employée et consommée, et elle s'amenuise donc constamment. La forme de possession la plus radicale, la seule vraiment sûre est la destruction, car seules les choses que nous avons détruites sont à coup sûr et définitivement nôtres. Les possédants qui ne consomment pas mais s'acharnent à étendre leur avoir se heurtent continuellement à une limitation bien fâcheuse, à savoir que les hommes doivent mourir. La mort, voilà la véritable raison pour laquelle propriété et acquisition ne sauraient tenir lieu d'authentique principe politique. Un système social essentiellement fondé sur la propriété est incapable d'aller vers autre chose que la destruction finale de toute forme de propriété. Le caractère limité de la vie de l'individu est un obstacle aussi sérieux pour la propriété en tant que fondement de la société que le sont les limites du globe pour l'expansion en tant que fondement du corps politique. Du fait qu'elle transcende les limites de la vie humaine en misant sur une croissance automatique et continue de la richesse au-delà de tous les besoins et de toutes les possibilités de consommation personnels imaginables, la propriété individuelle est promue au rang d'affaire publique et sort du domaine de la stricte vie privée. Les intérêts privés, qui sont par nature temporaires, limités par l'espérance de vie naturelle de l'homme, peuvent désormais chercher refuge dans la sphère des affaires publiques et leur emprunter la pérennité indispensable à l'accumulation continue, Il semble ainsi se créer une société très proche de celle des fourmis et des abeilles, où " le bien Commun ne diffère pas du bien Privé ; leur nature les poussant à satisfaire leur profit personnel, elles œuvrent du même coup au profit commun ".
    Comme les hommes ne sont néanmoins ni fourmis ni abeilles, tout cela n'est qu'illusion. La vie publique prend l'aspect fallacieux d'une somme d'intérêts privés comme si ces intérêts pouvaient suffire à créer une qualité nouvelle par le simple fait de s'additionner. Tous les concepts politiques prétendument libéraux (c'est-à-dire toutes les notions politiques pré-impérialistes de la bourgeoisie) - tel celui d'une compétition illimitée réglée par quelque secret équilibre découlant mystérieusement de la somme totale des activités en compétition, celui de la quête d'un " intérêt personnel éclairé " comme juste vertu politique, ou celui d'un progrès illimité contenu dans la simple succession des événements - tous ces concepts ont un point en commun : ils mettent tout simplement bout à bout les vies privées et les modèles de comportement individuels et présentent cette somme comme lois historiques, économiques ou politiques. Les concepts libéraux, qui expriment la m& fiance instinctive et l'hostilité foncière de la bourgeoisie à l'égard des affaires publiques, ne sont toutefois qu'un compromis momentané entre les vieux principes de la culture occidentale et la foi de la classe nouvelle dans la propriété en tant que principe dynamique CH soi. Les anciennes valeurs finissent par perdre tant de terrain que la richesse et sa croissance automatique se substituent en réalité à l'action politique.
    Bien que jamais reconnu officiellement, Hobbes fut le véritable philosophe de la bourgeoisie, parce qu'il avait compris que seule la prise de pouvoir politique peut garantir l'acquisition de la richesse conçue comme processus perpétuel, car le processus d'accumulation doit tôt ou tard détruire les limites territoriales existantes. Il avait deviné qu'une société qui s'était engagée sur la voie de l'acquisition perpétuelle devait mettre sur pied une organisation politique dynamique, capable de produire à son tour un Processus perpétuel de génération du pouvoir. Il sut même, par la seule puissance de son imagination, esquisser les principaux traits psychologiques du nouveau type d'homme capable de s'adapter à une telle société et à son tyrannique cor politique. Il devina que ce nouveau type humain devrait nécessairement idolâtrer le pouvoir lui-même, qu'il se flatterait d'être traité d'animal assoiffé de pouvoir, alors qu'en fait la société le contraindrait à se démettre de toutes ses forces, vertus et vices naturels, pour faire de lui ce pauvre type qui n'a même pas le droit de s'élever contre la tyrannie et qui, loin de lutter pour le pouvoir, se soumet à n'importe quel gouvernement en place et ne bronche même pas quand son meilleur ami tombe, victime innocente, sous le coup d'une incompréhensible raison d'Etat.
    Car un Commonwealth fondé sur le pouvoir accumulé et monopolisé de tous ses membres individuels laisse nécessairement chacun impuissant, privé de ses facultés naturelles et humaines. Ce régime le laisse dégradé, simple rouage de la machine à accumuler le pouvoir ; libre à lui de se consoler avec de sublimes pensées sur le destin suprême de cette machine, construite de telle sorte qu'elle puisse dévorer le globe en obéissant simplement à sa propre loi interne.
    L'ultime objectif destructeur de ce Commonwealth est au moins indiqué par l'interprétation philosophique de l'égalité humaine comme " égalité dans l'aptitude " à tuer. Vivant avec toutes les autres nations " dans une situation de conflit perpétuel et, aux confins de l'affrontement, ses frontières en armes et ses canons de toutes parts pointés sur ses voisins ", ce Commonwealth n'a d'autre règle de conduite que celle qui " concourt le plus à son profit " et il dévorera peu à peu les structures les plus faibles jusqu'à ce qu'il en arrive à une ultime guerre " qui fixera le sort de chaque homme dans la Victoire ou dans la Mort".
    " Victoire ou Mort " : fort de cela, le Léviathan peut certes balayer toutes les protections politiques qui accompagnent l'existence des autres peuples et peut englober la terre entière dans sa tyrannie. Mais quand est venue la dernière guerre et qu'à chaque homme est échu son destin, il ne s'en instaure pas pour autant sur terre une paix ultime : la machine à accumuler le pouvoir, sans qui l'expansion continue n'aurait pu être menée à bien, a encore besoin d'une proie à dévorer dans son fonctionnement perpétuel. Si le dernier Commonwealth victorieux n'est pas en mesure de se mettre à " annexer les planètes ", il n'a plus qu'à se détruire lui-même afin de reprendre à son origine le processus perpétuel de génération du pouvoir.  (Extrait de L'impérialisme, deuxième partie des Origines du totalitarisme, éditions du Seuil, collection Points)
    Source : http://www.bibliolibertaire.org

  • 17 000 ans qui contredisent la théorie de l'effet de serre

    Entre 2000 et 2011, à partir de l'analyse des carottes glaciaires, des cycles climatiques récurrents, des variations glaciales alpines, des fluctuations du PDO ou Oscillation Décadale du Pacifique, de celles de l'ENSO (El Niño) etc... Easterbrook publia toute une série d'études démontrant l'inéluctabilité d'une évolution de notre climat vers un refroidissement plutôt qu'un réchauffement. Insistant tout particulièrement sur le fait que le premier serait bien plus dramatique pour l'ensemble des sociétés humaines que le second. Il rappelait notamment que depuis 1470 se sont succédé des cycles alternativement chauds et froids de plus ou moins 27 années qui n'avaient rien à voir avec le C0₂ anthropique. De même depuis 17 000 ans sont survenus une dizaine de changements climatiques en moyenne dix fois plus brutaux que ne le fut le petit réchauffement observé entre 1977 et 1998 (03° d'augmentation de la chaleur depuis un siècle). Ce qui tend à indiquer que les causes ayant provoqué les changements climatiques passés sont tout autant responsables du plus récent d'entre eux. En octobre 2006 Easterbrook énumérait les plus importants bouleversements survenus au cours de ces 17 000 ans pouvant expliquer les évolutions actuelles.

    1°) À la fin de la dernière grande glaciation.

    2°) Au début du Younger Dryas ( Fin du Pléistocène, il y a 12 700 ans).

    3°) A la fin du Younger Dryas ( il y a 11 500 ans).

    4°) Au début de l'Holocène ( il y a 8 200 ans).

    5°) Durant le Petit Âge Glaciaire.

    Chacune de ces périodes se traduisit par des refroidissements brutaux avec des incidences cataclysmiques sur la géographie, le climat, la faune, la flore et des ruptures sociales brutales pour les sociétés humaines pulvérisées par ces événements. Le GISP2 ice core, qui est le Groenland Ice Sheet Project 2 ou carottage en profondeur de la glace du Groenland permettant de remonter sur l'échelle du climat plusieurs millénaires en arrière, aura ainsi permit d'observer à la fin du pléistocène des chutes de températures de 8° à 12° sur une période de 20 à 100 ans. Avec les cataclysmes socio-économiques qu'on peut imaginer pour nos ancêtres.
    9100 ANNÉES DE CHALEUR
    Ces refroidissements brutaux ne représentèrent que des épiphénomènes assez courts dans le temps, s'ils furent dévastateurs. En réalité au cours des 10 000 et quelques dernières années il fit sur la terre bien plus chaud qu'actuellement, ce qui d'ailleurs permit l'émergence de toutes les grandes civilisations.
    Ainsi Easterbrook observe-t-il que l'année la plus chaude du XXe siècle aura été 1934, suivie par 1998 et peut-être 2010. Toutes les trois ayant été marquées par la présence d'un puissant El Niño, il doute fort que cela ait quelque rapport avec le C0₂ anthropique. Mais, bonhomme, il veut bien admettre tout ce que les météorologues de cour affirment. La NASA trafique-t-elle les données pour faire croire que, en réalité, 1998 aura été plus chaud que 1934, ce qui, du point de vue des gaz à effet de serre, serait plus conforme à la doxa du GIECC ? Il en sourit. Il doute même que 2010, malgré le début d'année en fanfare, réchauffé par El Niño, puisse concourir pour l'année la plus chaude. Décembre, en effet, aura été à peu près partout dans le monde le plus froid depuis un siècle. Quant aux six premiers mois de 2011, ils auront été les plus froids et les plus neigeux jamais relevés en Amérique du Nord depuis le XVe siècle. Et ce ne fut guère mieux en Europe.
    En fait, explique notre géologue de l'État de Washington, quelle importance tout cela peut-il avoir ? Et si on veut nous faire croire qu'un quelconque réchauffement actuel serait provoqué par les activités humaines, c'est vraiment nous prendre pour des imbéciles. S'appuyant sur les carottes du Groenland, dont on commence à avoir décrypté une bonne partie d'entre elles, il montre que quelles que soient les températures actuelles, elles sont considérablement plus basses que celles de la plus grande partie des 100 derniers siècles. Et on ne peut accuser les activités humaines - même si elles se distinguèrent avec les civilisations minoenne et romaine - d'en être responsables. En réalité, conclut Easterbrook, « le climat s'est réchauffé lentement depuis le Petit Âge Glaciaire mais il a un long chemin, à parcourir avant de parvenir aux niveaux de température qui étaient les siens tout au long des 10 500 dernières années ».
    Sur ces 10 500 années en effet 9 100 furent plus chaudes que 1934/1998/2010.
    R.B. Rivarol du 1er juillet 2011

  • Découvrez le numéro 112 de Politique magazine (novembre), qui vient de paraître !

    A la Une - "Etat cherche argent désespérement..."

    1. Edito : "Cacophonie ou perversité"

    "Tous les jours en voient une : une nouvelle bévue. Et si ce n’est une bévue, c’est un couac.Mais l’orchestre peut-il mieux jouer ? c’est la vraie question.

    Car, ce qui est grave, c’est la perversité fondamentale d’un système qui permet à un tel orchestre de livrer sa partition en dépit du bon sens pour le plus grand malheur de la France (...)"

    2. Analyse politique : "Le fléau des partis" par Hilaire de Crémiers

    La crise politique et financière est terrible. Mais la situation politique et morale est infiniment pire.

    " Les institutions, les pouvoirs publics, l’ensemble des mécanismes politiques, tout a été dévoré par l’esprit de parti : à tous les niveaux de la vie publique et sociale, c’est un cancer proliférant. L’ambition politique se résume en un seul axiome : être le maître d’un parti qui donne accès à la mécanique du régime pour un jour en prendre possession. Toute l’astuce du prétendu futur homme d’État consiste à tenir un appareil politicien pour ensuite partir à l’assaut du pouvoir convoité. C’est vrai pour le sommet de l’État, hélas, et de plus en plus, au point de dénaturer la fonction du chef de l’État.

    C’est vrai, pareillement, à tous les autres niveaux. De telle sorte que les institutions de la France sont doublées par les appareils partisans jusqu’au niveau municipal où, heureusement, il y a des exceptions, là où les maires font leur devoir de maire sans tenir compte de l’esprit de parti (...) "

    3. UMP, la (re)conquête, c’est vraiment maintenant ? par Jean de La Faverie

    Le prochain congrès de l’UMP qui se tient les 18 et 25 novembre, va désigner son nouveau chef.

    Les 260 000 adhérents à jour de cotisation devront choisir entre Jean-François Copé et François Fillon. Le nouveau chef de l’opposition sera-t-il pour autant le candidat naturel ? [...]

    La suite sur La Faute à Rousseau via http://www.actionfrancaise.net/

     
  • Fusion Arcelor-Mittal : Une forfaiture française et de l’Europe libérale (Màj Vidéo)

    Publié le 6 avril 2008, réemployé le 14/09/2011 dans une lettre ouverte à Arnaud Montebourg signée, Jean-Luc Mélenchon

    Arcelor : un « Airbus de l’acier » mort né

    En 1981, la gauche arrivée au pouvoir nationalise Usinor-Sacilor. Le groupe privé est au bord de la faillite. Techniquement il est dépassé. Entre 1991 et 1995, l’État injecte 60 milliards de francs pour moderniser les équipements et, aussi, pour licencier une partie des effectifs. En 1995, la droite décide de privatiser Usinor.

    Elle brade l’entreprise pour seulement 10 milliards de francs. Terrifiant gâchis ! Mais surtout, la privatisation a rendu l’entreprise vulnérable. Au point qu’en 2001, la France, la Belgique, l’Espagne et le Luxembourg décident de regrouper leurs fleurons nationaux de l’acier et de créer Arcelor. A l’époque, Arcelor est présenté comme « l’airbus de l’acier ».

    Il est le numéro un mondial du secteur et le leader technologique des aciers fins et complexes. C’était « l’Europe qui protège » dans toute sa splendeur ! « L’airbus européen de l’acier » n’aura pas vécu cinq ans.

     La fusion Arcelor-Mittal facilitée par l’Europe libérale

    C’est un épisode que Sarkozy aimerait bien faire oublier. En à peine 4 mois entre janvier et juin 2006, le groupe Mittal est parvenu à mener à bien une OPA sur le géant européen Arcelor. A l’époque, après quelques protestations médiatiques du gouvernement Villepin au nom du patriotisme économique, la plus grande fusion jamais réalisée dans l’acier obtient successivement tous les feux verts des autorités.

    Notamment ceux des autorités boursières qui autorisent l’OPA et ceux de la Commission européenne qui se borne à ne pas voir de risque majeur pour la concurrence. La direction d’Arcelor exprime pourtant les pires craintes industrielles et sociales si elle est avalée par une firme qui a la réputation d’être un vautour de l’acier.

    Faute d’harmonisation européenne en matière industrielle, Mittal profite aussi de la division des pays européens concernés par le dossier. Au début du processus, le Luxembourg, où se trouve le siège social d’Arcelor, n’a pas de législation protectrice contre les OPA et pour y remédier le parlement luxembourgeois en examine une dans l’urgence, en menaçant de bloquer ainsi la fusion.

    Mais Mittal négocie avec le premier ministre luxembourgeois Juncker qui accepte de lever ces restrictions en l’échange du maintien du siège social du nouveau groupe au Luxembourg. Pour cela, le Luxembourg avait gardé une arme décisive : une participation publique (autour de 5%) dans Arcelor, faisant de l’État luxembourgeois un actionnaire de référence du groupe, là où la France avait commis l’erreur de vendre ses dernières actions publiques en 1997 sous l’impulsion de Dominique Strauss-Kahn.

    L’ultime coup de poignard dans le dos d’Arcelor lui est enfin donné par les autorités boursières – indépendantes – qui condamnent les tentatives d’Arcelor de s’allier avec une firme russe pour faire échouer l’OPA de Mittal.

    Alors que la direction d’Arcelor a encore la confiance d’une courte majorité de ses actionnaires, les autorités boursières suspendent la cotation du titre Arcelor pour entrave à la liberté des marchés, ce qui précipite le succès de Mittal qui prend ainsi le contrôle de 95% des titres d’Arcelor.

    Sources : Parti de Gauche & Jean-Luc Mélenchon

    http://fortune.fdesouche.com

  • 26 novembre 1812 Le passage de la Bérézina

    Le 26 novembre 1812, la Grande Armée de Napoléon 1er arrive au bord de la Bérézina, un affluent du Dniepr au terme d'une anabase (*) effroyable (*).

    Dans un sursaut de la dernière chance, les débris de l'armée arrivent à franchir la rivière gelée. Napoléon et sa garde rapprochée échappent ainsi à une capture par les poursuivants russes, qui eut signifié la fin de l'Empire. Cet épisode a laissé dans le langage courant l'expression : «C'est la Bérézina !» pour désigner une entreprise vouée à l'échec. 

    Du point de vue des historiens, toutefois, le passage de la Bérézina doit être vu comme un succès de Napoléon, à défaut de victoire.

    Fabienne Manière
    La Russie, dévoreuse de la Grande Armée

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    Napoléon et la campagne de Russie (Alain Houot)Quand il franchit le Niemen avec la Grande Armée, Napoléon 1er cherche comme à son habitude le choc frontal avec l'armée ennemie. Mais, tirant parti de l'espace russe, les Russes se dérobent aux attaques et insidieusement, d'étape en étape, entraînent la Grande Armée vers l'Est...

    Pitoyable retraite

    La Grande Armée est entrée en Russie le 24 juin avec près de 700.000 soldats dont 300.000 Français. Après une campagne difficile, elle arrive à Moscou pour en être chassée presque aussitôt par l'incendie de la ville. Napoléon 1er choisit de battre en retraite par le même chemin qu'à l'aller, en profitant de qu'il est protégé de place en place par des détachements français.

    Mais ceux-ci, tout comme la Grande Armée, sont harcelés par les troupes ennemies... et les premiers froids de l'hiver. La région est d'autre part totalement dépourvue de réserves de nourriture du fait des pillages à l'aller et de la politique de la «terre brûlée» livrée par les généralissimes russes, Barclay de Tolly et son successeur Koutouzov.

    Napoléon exige au départ de Moscou que l'armée se défasse de tous les bagages inutiles. Le général Jean-Baptiste Éblé, qui commande les équipages de ponts, autrement dit le génie, insiste pour conserver les bateaux destinés à faciliter la construction de ponts. Il se heurte à un refus mais conserve néanmoins, en cachette de l'Empereur, six fourgons renfermant des outils pour le travail du bois et deux forges de campagne. Il confie par ailleurs à chacun de ses 400 pontonniers autant d'outils qu'ils peuvent en porter...

    Le maréchal Michel Ney commande l'arrière-garde et couvre de son mieux la retraite. Malgré cela, en arrivant au bord de la Bérézina, l'empereur ne dispose plus que de 49.000 combattants, non compris 40.000 retardataires.

    Le 22 novembre, Napoléon apprend que les troupes qui gardaient la ville de Borissov, sur la Bérézina, ont été chassées par les Russes. La Grande Armée ne peut plus dès lors emprunter les ponts de Borissov. Talonnée par les 70.000 hommes de Koutouzov, elle doit néanmoins traverser la rivière au plus vite. Survient alors l'épisode le plus dramatique de la retraite de Russie.

    L'ultime défi

    Le général de cavalerie légère Juvénal Corbineau est informé fortuitement par un paysan de l'existence d'un gué à 15 kilomètres au nord de Borissov, en un lieu dit Stoudianka. Il en fait part à l'Empereur. Se réjouissant que le général Éblé ait, malgré ses ordres, conservé quelques outils, Napoléon lui enjoint de construire des ponts à cet endroit.

    La glace qui recouvre habituellement la rivière en cette saison, a fondu par l'effet d'un dégel inattendu et les eaux charrient d'énormes blocs de glace. Qu'à cela ne tienne. Le 25 novembre, à la nuit tombée, dans le froid et sous la neige, au milieu des glaçons que charrie la rivière, les 400 pontonniers d'Éblé et les 600 sapeurs de Chasseloup-Laubat se mettent à l'oeuvre. Ils  édifient deux ponts de 90 mètres de long et 5 mètres de large.

    Pendant ce temps, Napoléon fait diversion pour tromper l'ennemi sur ses intentions. Il déploie artillerie et ingénieurs autour de Borissov et en aval de la ville, où il simule très ostensiblement la construction d'un autre pont.

    Le 26 novembre, à la mi-journée, les premiers corps d'armée commencent à franchir le premier pont. Le second, destiné au passage des chariots, est achevé trois heures plus tard mais il s'effondre dans la soirée. Les pontonniers plongent une nouvelle fois dans l'eau glacée et le réparent. Le 27 au matin, c'est au tour de Napoléon et de son état-major, ainsi que de la Garde impériale, de passer de la rive gauche à la rive droite.

    En soirée affluent vers les ponts 30.000 traînards, blessés et accompagnateurs divers (civils, femmes, enfants...). Ils doivent attendre le passage des derniers corps d'armée avant d'être autorisés à passer à leur tour. Hébétés de fatigue, beaucoup craignent le passage de nuit et préfèrent attendre le jour malgré les objurgations des officiers envoyés par Éblé.

    Sur la rive droite, du côté occidental, les 20.000 fantassins du maréchal Oudinot se déploient en ordre de bataille et, toute la journée du 28 novembre, repoussent l'ennemi. Le maréchal Oudinot, blessé, est évacué et remplacé par le maréchal Ney. Celui-ci, à la tête de 18.000 vétérans, dont 9.000 Polonais, fait donner ses lanciers et ses cuirassiers. Il sème la panique chez les fantassins du général russe Tchitchagov. La voie est libre...

    Au matin du 29 novembre, Éblé, qui voit les Cosaques approcher, se résout à mettre le feu à ses ouvrages. Les milliers de traînards, qui avaient cru bon d'attendre le jour pour traverser, se noient en tentant d'échapper à l'ennemi. Parmi eux des femmes et des enfants (cantinières, prostituées, épouses cachées).

    Le passage de la Bérézina aura coûté 15.000 morts et blessés aux Russes, presque autant à la Grande Armée, non compris les pertes civiles. Au sortir de la rivière, Napoléon dispose encore de 25.000 combattants et 30.000 non-combattants. 20.000 retrouveront leurs foyers. On évalue à 50.000 le nombre total de prisonniers et de déserteurs qui feront souche en Russie.

    Une grande partie des pontonniers ont péri de froid dans l'eau glaciale de la Bérézina. Six seulement survivront à la retraite et Éblé lui-même mourra d'épuisement à Königsberg.

    La retraite de Russie (gravure d'époque)

    Sauve qui peut

    La débâcle est totale en dépit du succès tactique de la Bérézina. À Saint-Pétersbourg, à la cour du tsar Alexandre 1er, on fait reproche au général  Tchitchagov d'avoir laissé échappé Napoléon et ainsi prolongé la guerre de près de trois ans mais la responsabilité de l'échec incombe avant tout au généralissime Koutouzov, timoré et lent dans ses décisions...

    L'Empereur rédige un Bulletin dramatique pour en informer l'opinion française. Ce XXIXe Bulletin de la Grande Armée est un chef-d'oeuvre de propagande. Sans mentir, il présente les événements dans une gradation habile, passant d'une «situation fâcheuse» à une «affreuse calamité» ! Il raconte les malheurs des soldats mais aussi le grand mérite de ceux qui conservent leur gaieté dans les épreuves et se termine par cette phrase, destinée à prévenir ceux qui songeraient à renverser le régime : «La santé de Sa Majesté n'a jamais été meilleure».

    Napoléon abandonne ses soldats et rejoint en toute hâte Paris, où un obscur général républicain a tenté de renverser l'Empire. Il arrive aux Tuileries le 18 décembre, deux jours après son Bulletin et à temps pour en gérer les effets.

    http://www.herodote.net

  • P. Ploncard d'Assac Entretien sur l'actualité n°1 (avec Florian Rouanet)

    merci Florian

  • Syrie : Medvedev condamne la France

     

    IRIB- À la veille de sa visite en France, le premier ministre de Vladimir Poutine répond au Figaro et à l'Agence France-Presse.

    .....

    La France est le premier des grands pays à avoir reconnu comme légitime la nouvelle opposition syrienne et évoque la possibilité de livraisons d'armes. Qu'en pensez-vous?

    Medvedev : Cela est très contestable. La France est un grand pays souverain, mais je voudrais néanmoins rappeler des principes du droit international approuvés par l'ONU en 1970. Ces derniers stipulent qu'aucun gouvernement ne doit entreprendre d'actions visant à changer, par la force, un régime politique d'un autre pays. Le problème n'est pas de savoir s'il convient de soutenir le régime d'el-Assad ou l'opposition - pour sa part, la Russie adopte une position neutre. Nous condamnons le régime syrien pour le niveau de violence qu'il admet, et également l'opposition, car cette dernière verse aussi le sang, et finalement on a une guerre ci­vile. Du point de vue du droit international, il est inadmissible de soutenir une autre force politique lorsque celle-ci se retrouve être le principal adversaire du gouvernement légitime d'un pays. Il revient au seul peuple syrien et aux forces d'opposition de décider du destin d'el-Assad et de son régime, d'une manière légale, et pas par le biais de la livraison d'armes organisée par un autre pays. Nous n'aimerions pas que la Syrie se désintègre et qu'au Proche-Orient naisse un nouveau foyer de tension, exploité par des extrémistes religieux. La désintégration de la Syrie ne profitera ni à la Russie, ni à la France.

    Pourquoi la Russie ne cesse-t-elle pas ses livraisons d'armes au gouvernement syrien ?

    Notre coopération militaire ne date pas d'hier et elle a toujours eu un caractère légal et ouvert. Nous n'avons jamais fourni à la Syrie des équipements contrevenant aux conventions internationales. Tous sont destinés à se défendre contre une agression extérieure. Nous devons par ailleurs remplir les obligations liées à nos contrats, car, en cas de cessation des livraisons, il y a un risque de sanctions internationales. Depuis que nous avons suspendu certaines livraisons d'armes à l'Iran, à la suite d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, ce pays a fait valoir ses exigences et nous sommes entrés dans un conflit juridique avec eux…

    Les gouvernements occidentaux ont vivement critiqué l'arrestation en Russie des participants aux mouvements d'opposition. Le pouvoir n'a-t-il pas réagi trop brutalement ?

    C'est une question d'appréciation. Je ne commenterai pas la manière dont réagissent les autorités européennes et ne montrerai pas du doigt tel ou tel. Je ne crois pas que la réaction d'un pouvoir est brutale lorsque l'ordre légal est violé. À l'étranger, n'importe quel manifestant levant la main sur un policier sera considéré comme un criminel et emprisonné. Les organisateurs des meetings doivent le comprendre. Je ne crois pas, contrairement à ce que vous pensez, que nous avons serré la vis. Les gouverneurs sont élus, plus de 25 partis ont pris part aux dernières élections régionales. Le pay­sage politique est différent, ce qui ne veut pas dire que la loi ne sera pas perfectionnée. Certes, notre société n'est pas la plus affûtée dans le maintien de l'ordre au cours des manifestations, mais le but de celles-ci n'est pas de provoquer des bagarres. Par ailleurs, notre loi sur les «agents de l'étranger» (qui impose aux ONG recevant des financements extérieurs de s'enregistrer comme telles, NDLR) est d'ordre technique et s'inspire des pratiques étrangères. Si l'on m'apporte des informations sur une ONG obligée de cesser son activité ou confrontée à des problèmes, cela constituera un argument essentiel. Mais ce n'est pas le cas.

    Bien que vous ayez appelé à la libération des Pussy Riot, celles-ci sont toujours en prison. Qu'est-ce qui empêche leur libération ?

    Je n'ai pas appelé à leur libération. Étant juriste de formation, je suis toujours précis dans mes jugements. J'ai dit que je n'aimais pas du tout ce qu'ont fait ces filles, notamment d'un point de vue moral. Mais étant donné qu'elles ont passé un temps considérable en détention provisoire, elles ont déjà goûté à ce qu'est la prison et il me semble qu'une peine plus longue n'est pas nécessaire. Mais il s'agit de ma position personnelle, pas de celle du tribunal. Chez nous, comme chez vous, il existe une séparation des pouvoirs.

    Estimez-vous également que Mikhaïl Khodorkovski a passé trop de temps en prison ?

    Cette question n'est pas très originale… N'importe quelle personne emprisonnée fait l'objet de pitié. Mais le tribunal a déterminé la punition en fonction de la loi et il faut respecter ce verdict. Une procédure d'appel a été engagée. Il existe également un droit de grâce mais que l'accusé n'a pas sollicité. La balle est donc dans son camp.

    Pouvez-vous décrire les émotions que vous avez ressenties en voyant les premières grandes manifestations il y a un an ?

    J'ai compris que notre société était devenue différente, beaucoup plus active. Tout le monde doit respecter la loi, y compris ceux qui n'aiment pas la ligne du pouvoir, en même temps, ce dernier doit changer et être conforme au niveau de développement de la société civile. C'est pourquoi je pense avoir trouvé une bonne réponse en changeant plusieurs bases très importantes de notre société, notamment en simplifiant la procédure d'enregistrement des partis, ce qui nous rapprochera des pratiques européennes. Ainsi, une partie des gens qui n'étaient pas contents de notre construction politique se sont calmés.

    Vous avez plusieurs fois dénoncé Staline. Pourquoi son corps repose-t-il toujours sous les murs du Kremlin ?

    Pour moi il ne fait aucun doute que, sous Staline, ont été tués et réprimés une masse considérable de gens, malgré les opinions contraires des partisans de l'idée communiste. La nostalgie des dictateurs défunts est une erreur très répandue dans l'humanité. Mais il ne faut pas oublier qu'une tombe est protégée par la loi. Si on décide de transférer celle de Staline, il faudra également penser aux autres tombes placées sous le Kremlin, à commencer par celle de Lénine. On ne peut pas dire: «Celui-là est mauvais, il faut l'enterrer ailleurs, et cet autre, il est pas mal, laissons-le là où il est!» Voilà une question éthique très compliquée. Par ailleurs, je ne souhaite pas qu'à cause de cela une partie de la société s'affronte à l'autre. Il y a vingt ans, le Parti communiste était au pouvoir, l'élite soviétique était issue des rangs du parti et une part importante de notre société continue de croire à la victoire de l'idée socialiste. N'importe quel pouvoir doit prendre cela en compte. Ce sont nos gens, nos citoyens…

    Est-il très confortable d'être le premier ministre de Vladimir Poutine ?

    S'il y a une seule personne avec qui il est confortable de travailler, c'est bien Vladimir Poutine.

    Souhaitez-vous retourner au Kremlin ?

    Si ma santé le permet et si nos gens me font confiance pour ce travail, il est évident que je n'exclus pas un tel retournement des événements. Il ne faut jamais dire jamais, d'autant plus que je me suis déjà baigné dans ce fleuve. Je peux m'y baigner une seconde fois…

    http://gaelle.hautetfort.com/