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  • Face à la résurgence de la "bête immonde", le GODF demande l’aide de François Hollande

    Lu ici :

    "S’inquiétant de "la résurgence de la bête immonde", José Gulino, Grand Maître du Grand Orient de France, aurait saisi le chef de l’Etat pour l’alerter "sur la montée de l’anti-maçonnisme et des violences d’extrême droite". Le Grand Maître cite notamment des manifestations du Printemps français devant son siège, des dégradations sur des locaux, une stèle profanée et des arbres vandalisés…

    Non, ce n’est pas possible ! le chef de file des franc-maçons demande officiellement le soutien du socialiste François Hollande ?

    Au premier degré, cela semble une blague, tant les franc-maçons ont toujours su au fil des siècles faire avancer les idées de gauche et surfer d’une révolution à l’autre…

    Au second degré, la question est plutôt de savoir qui est la "bête immonde" ;
    Le petit pois au milieu de sa Macédonie, ou la représentation d’une bête à pieds fourchus rappelant curieusement certaines figures de l’anti-christiannisme ? Mais alors, les franc-maçons, auraient-ils peur du grand Satan, eux qui de tous temps ont combattu Dieu et la religion ? Peut-être François Hollande pourrait-il aider les franc-maçons à chercher la réponse du côté des fils de la Veuve et de leur dévotion au Grand Architecte de l’univers ? Non, il ne s’agit pas d’un nouvel Etre suprême glorifié dans les temples maçonniques mais bien d’une conception de la laïcité dressée en divinité depuis longtemps.

    Au 33 ème degré, José Gulino m’aura bien fait sourire ; Que Dieu veille sur lui…"

    Télécharger la lettre.

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Comment la France est devenue moche

    Échangeurs, lotissements, zones commerciales, alignements de ronds-points… Depuis les années 60, la ville s’est mise à dévorer la campagne. Une fatalité ? Non : le résultat de choix politiques et économiques. Historique illustré de ces métastases périurbaines.

    L’urbanisme raconte ce que nous sommes. Le Moyen Age a eu ses villes fortifiées et ses cathédrales, le XIXe siècle ses boulevards et ses lycées. Nous avons nos hangars commerciaux et nos lotissements. Les pare-brise de nos voitures sont des écrans de télévision, et nos villes ressemblent à une soirée sur TF1 : un long tunnel de publicité (la zone commerciale et ses pancartes) suivi d’une émission guimauve (le centre muséifié).

    Avec un formidable coup d’accélérateur depuis les années 1982-1983 et les lois de décentralisation Defferre. Partout, la même trilogie – infrastructures routières, zones commerciales, lotissements – concourt à l’étalement urbain le plus spectaculaire d’Europe : tous les dix ans, l’équivalent d’un département français disparaît sous le béton, le bitume, les panneaux, la tôle.

    Cette périurbanisation vorace s’opère en silence – les revues d’architecture l’ignorent. Elle a été peu visitée par le roman, le documentaire ou la fiction.

    Un gros bourg et des fermes perdues dans le bocage, des murs de granit, des toits d’ardoise, des tas de foin, des vaches… Et pour rejoindre Brest, à quelques kilomètres au sud, une bonne route départementale goudronnée.

    C’était ça, Gouesnou, pendant des décennies, un paysage quasi immuable. Jean-Marc voit le jour dans la ferme de ses parents en 1963. Il a 5 ans lorsqu’un gars de Brest, Jean Cam, a l’idée bizarre d’installer en plein champ un drôle de magasin en parpaing et en tôle qu’il appelle Rallye.

    Quatre ans plus tard, les élus créent un peu plus au nord, à Kergaradec, un prototype, une ZAC, « zone d’aménagement concerté » : les hangars y poussent un par un. Un hypermarché Leclerc s’installe au bout de la nouvelle voie express qui se construit par tronçons entre Brest et Rennes. Puis viennent La Hutte, Conforama et les meubles Jean Richou… 300 hectares de terre fertile disparaissent sous le bitume des parkings et des rocades. Quelques maisons se retrouvent enclavées çà et là. La départementale devient une belle quatre-voies sur laquelle filent à vive allure R16, 504 et Ami 8. Un quartier chic voit le jour, toujours en pleine nature, qui porte un nom de rêve : la Vallée verte…

    C’est à ce moment-là que ça s’est compliqué pour les parents de Jean-Marc. Avec l’élargissement de la départementale, ils sont expropriés d’un bon bout de terrain et ne peuvent plus emmener leurs vaches de l’autre côté de la quatre-voies. Ils s’adaptent tant bien que mal, confectionnent des produits laitiers pour le centre Leclerc, avant de se reconvertir : la jolie ferme Quentel est aujourd’hui une des salles de réception les plus courues de Bretagne. Les fermes voisines deviennent gîte rural ou centre équestre.

    La Vallée verte, elle, se retrouve cernée de rangées de pavillons moins chics : « Nous, on a eu de la chance, grâce à la proximité de l’aéroport, les terres tout autour de la ferme sont restées inconstructibles. » Aujourd’hui, quand il quitte son bout de verdure préservé pour aller à Brest, Jean-Marc contourne juste la zone de Kergaradec, tellement il trouve ça moche : « C’est à qui fera le plus grand panneau, rajoutera le plus de fanions. Comme si tout le monde hurlait en même temps ses messages publicitaires. »

    Ça s’est passé près de chez Jean-Marc, à Brest, mais aussi près de chez nous, près de chez vous, à Marseille, Toulouse, Lyon, Metz ou Lille, puis aux abords des villes moyennes, et désormais des plus petites.

    Il n’y a rien à comprendre, a-t-on jugé pendant des années, juste à prendre acte de la modernité à l’œuvre, une sorte de chaos naturel et spontané, prix à payer pour la « croissance » de notre bien-être matériel. Les élites intellectuelles de ce pays oscillent entre répulsion (« c’est moche, les entrées de ville »), fascination (« vive le chaos, ça fait Wim Wenders ! ») et indifférence : elles habitent en centre-ville…

    Rien à comprendre, vraiment ? En 2003, l’architecte urbaniste David Mangin prend le temps d’y réfléchir quelques mois et sort un an plus tard son formidable bouquin, La Ville franchisée, qui reste l’analyse la plus pertinente des métastases périurbaines. Il faut en finir, dit Mangin, avec l’idée que ce « chaos sort de terre tout seul ». Il résulte au contraire « de rapports de forces politiques, de visions idéologiques, de cultures techniques ».

    Lorsque apparaissent les premiers supermarchés, au début des années 60, la France ne compte que 200 kilomètres d’autoroutes, un morceau de périphérique parisien, aucune autre rocade, pas le moindre rond-point… et un architecte-urbaniste visionnaire, Le Corbusier !

    Celui-ci a compris très tôt l’hégémonie à venir de la voiture, à laquelle il est favorable. Dès 1933, avec des confrères qu’il a réunis à Athènes, il a imaginé de découper les villes de façon rationnelle, en quatre zones correspondant à quatre « fonctions » : la vie, le travail, les loisirs et les infrastructures routières. L’État s’empare de l’idée, on entre dans l’ère des « zones », ZUP, ZAC, etc. (1) Et puis il faut « rattraper » l’Allemagne et son insolent réseau d’autoroutes ! Du pain bénit pour notre illustre corps d’ingénieurs des Ponts et Chaussées.

    La France inscrit dans la loi (loi Pasqua, 1998) que tout citoyen doit se trouver à moins de quarante-cinq minutes d’une entrée ou d’une sortie d’autoroute ! Des itinéraires de contournement des villes sont construits, le territoire se couvre d’échangeurs, de bretelles et de rocades. Vingt ans plus tard, les enfilades de ronds-points à l’anglaise, trop nombreux et trop grands, parachèvent le travail : ils jouent, constate Mangin, « le rôle de diffuseurs de l’étalement dans le nouveau Meccano urbain qui se met en place ».

    L’empire du hangar

    Ceux qui ont vite compris le potentiel que leur offrait ce quadrillage de bitume – foncier pas cher et abondant, accessibilité et visibilité formidables –, ce sont les nouveaux opérateurs du commerce. Ils s’appellent Leclerc en Bretagne, Auchan dans le Nord, Casino dans la région stéphanoise. Leur stratégie : se faire connaître sur leur terroir d’origine, saturer un territoire pour étouffer la concurrence, puis s’étendre à d’autres régions. « Localisations et accès sont repérés et négociés en amont, explique Mangin, auprès des propriétaires privés, des élus, des aménageurs de ZAC et des directions départementales de l’Equipement. » Conçus à l’américaine – « no parking, no business » –, les hypermarchés raisonnent en termes de « flux » de voitures et de « zones de chalandise » : ils commencent par aspirer les consommateurs des centres-villes en attendant que les lotissements viennent boucher les trous du maillage routier… Aujourd’hui, la France, championne mondiale de la grande distribution – elle exporte son glorieux modèle jusqu’en Chine – compte 1 400 hypermarchés (de plus de 2 500 mètres carrés) et 8 000 supermarchés… Et pour quel bilan !

    « En cassant les prix sur quelques rares mais symboliques produits, les grandes surfaces se sont enrichies en ruinant les pompes à essence, les commerces de bouche, les drogueries, les quincailleries, des milliers de commerces indépendants spécialisés ou de proximité, des milliers d’artisans, et même des milliers de producteurs et fournisseurs. Les résultats sont objectivement inacceptables. Avec, en plus, des prix supérieurs à ceux de nos voisins européens ! »

    Ce n’est pas un dangereux contestataire qui dresse ce constat, mais Jean-Paul Charié, député UMP du Loiret (décédé en novembre dernier), dans un rapport sur l’urbanisme commercial rédigé en mars 2009. La logique des grandes surfaces a vidé les centres-villes de leurs commerces, a favorisé la malbouffe, contraint de nombreuses entreprises à délocaliser. Elle a fabriqué des emplois précaires et des chômeurs. C’est une spécificité très française – 70 % du chiffre d’affaires commercial est réalisé en périphérie des villes, contre 30 % en Allemagne.

    L’homme le plus riche de France ? Gérard Mulliez, fondateur du groupe familial Auchan. Une nébuleuse d’entreprises dont le poids estimé en fait le premier annonceur publicitaire et le troisième employeur du pays. Difficile de résister à son influence, ou à celle des Leclerc, Carrefour, Intermarché, aménageurs en chef de l’Hexagone. Jusqu’à la loi de modernisation de l’économie votée en 2008, l’implantation des grandes surfaces n’était d’ailleurs pas soumise au droit de l’urbanisme, mais au seul droit commercial. Aucune règle n’était édictée quant à la forme ou à l’aspect des bâtiments, seule la surface comptait, donnant lieu à des marchandages peu reluisants avec les élus : laisse-moi construire mon supermarché, je financerai ton club sportif…

    « L’aménagement du territoire soumis aux puissances financières débouche toujours sur des effets pervers», poursuit le rapport Charié. « Comment un élu peut-il facilement refuser un projet parasite si c’est par ailleurs une source de financement pour le budget communal ? »

    A fortiori s’il est maire d’une petite ville, désormais en première ligne. Car l’hypermarché de première génération s’est « fractionné ». Decathlon, Norauto, Leroy-Merlin, Kiabi, Cultura… c’est aussi le groupe Auchan ! Autant de MSS (moyennes surfaces spécialisées) qui investissent de nouvelles petites ZAC, où McDonald’s côtoie désormais Biocoop…

    Pas un bourg qui n’accueille le visiteur par un bazar bariolé : « C’est partout le même alignement de cubes et de parallélépipèdes en tôle ondulée, le même pullulement de pancartes et d’enseignes », se désole Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste du même Loiret, qui a déposé une proposition de loi à l’automne dernier. Son objectif : que « tous les documents d’urbanisme assurent la qualité urbaine, architecturale et paysagère des entrées de ville ». Plein de bonnes idées, le texte a été adopté il y a deux mois par la majorité sénatoriale UMP, qui l’a vidé de sa substance – plus aucune mesure contraignante.

    Le rêve pavillonnaire

    Tandis que nos compatriotes s’accoutumaient à naviguer le week-end d’un parking à l’autre, les quartiers pavillonnaires ont fleuri. Il faut dire qu’ils n’ont pas vraiment eu d’autre choix, les Français, face à une crise du logement qui sévit depuis la Seconde Guerre mondiale. Alors que la population du pays était stable depuis le milieu du XIXe siècle – 40 millions d’habitants –, le baby-boom, l’accélération de l’exode rural, le recours à l’immigration puis l’arrivée des rapatriés d’Algérie changent la donne : il faut construire, vite, pour éradiquer les taudis urbains. Ce sera, pendant vingt ans, la politique des grands ensembles, à laquelle la circulaire Guichard de 1973 met brutalement fin. Place au rêve pavillonnaire !

    Certes, dans les années 20, les débuts de l’exode rural avaient donné naissance aux premiers lotissements – les fameux pavillons Loucheur des faubourgs parisiens. Mais cette fois, on change d’échelle. Rêve de tous les Français, le pavillon ? C’est ce que serinent, depuis Valéry Giscard d’Estaing, tous les gouvernements, qui appuient leur politique sur le rejet des grands ensembles et sur « notre mémoire rurale » – souvenons-nous de l’affiche bucolique de François Mitterrand en 1981, la force tranquille du clocher.

    « Pourtant, le pavillon, c’est avant tout un choix contraint », constate David Mangin. Les centres-villes étant devenus inabordables, les familles pas très riches – elles sont la grande majorité – sont condamnées à l’exil périurbain. Et elles le resteront tant que manquera une bonne offre résidentielle collective. Alors, comme l’a observé l’urbaniste Bruno Fortier, « on tartine du lotissement au kilomètre », c’est facile et pas cher.

    Conçue par un promoteur-constructeur, la maison est un « produit », à commander sur catalogue. Où que l’on aille, le marché ne sait fournir que des lotissements avec des rues « en raquette », des parcelles de même taille, des maisons posées sur leur sous-sol de béton ; tant pis pour le raccord visuel avec la ville ancienne. Les plantes des jardins sont achetées en promotion à la jardinerie du coin ; tant pis pour la flore locale et le paysage.

    La puissance publique y met du sien : incapable d’assurer la continuité urbaine, elle croit compenser en imposant les règles draconiennes des Plans locaux d’urbanisme (PLU). Les Directions départementales de l’Equipement (DDE) imposent leurs normes, et les architectes des Bâtiments de France (ABF) homogénéisent à coups de pastiches régionalistes. Allez essayer de construire une maison en bois ou un peu personnalisée dans un lotissement ! « Les gens qui essaient se font flinguer, dit David Mangin. Ils doivent s’expliquer avec le maire, déposer trois permis, il y a des recours… Ils sont découragés. »

    Les dégâts de la décentralisation

    « Pendant très longtemps l’urbanisme a été une affaire d’État en France », rappelle Thierry Paquot, philosophe de l’urbain et éditeur de la revue Urbanisme. Mais, à partir des années 80, les gouvernements, de droite ou de gauche, ont délégué à d’autres la fabrication de la ville. L’État s’est mis au service du privé : « Le meilleur exemple, c’est Laurent Fabius, qui “offre” à Eurodisney une ligne de RER que les habitants de Marne-la-Vallée réclamaient sans succès depuis des années ! »

    En 1983, les lois de décentralisation donnent tout pouvoir aux maires en matière de permis de construire « et la catastrophe commence, estime Thierry Paquot. La plupart des élus sont totalement incompétents en matière d’urbanisme, et de plus ont un goût exécrable ». Ils se reposent sur les promoteurs pour produire du clés en main. « L’habitat se banalise et conduit à cette France moche qui nie totalement l’esprit des lieux. »

    Frédéric Bonnet, architecte-conseil de l’État en Haute-Vienne, confirme : « Dans un rayon de 40 kilomètres autour de Limoges, tous les villages ont construit dix, quinze, vingt maisons pour des habitants qui ne se rendent jamais dans le centre-bourg, puisqu’ils travaillent tous… à Limoges. »

    Le mécanisme est simple : pour lutter contre l’exode rural, pour éviter la fermeture de l’école, la commune fait construire un lotissement, qui amène de nouveaux arrivants. Mais les enfants scolarisés grandissent et s’en vont. Il faut créer un second lotissement pour attirer de nouvelles familles. C’est la fuite en avant. Le mitage du paysage est renforcé par la spéculation foncière. Difficile pour le maire d’une petite commune de refuser à des voisins agriculteurs la constructibilité sachant que le prix du terrain à lotir est alors multiplié par dix ou vingt. Et voilà comment la France consomme pour son « urbanisation » deux fois plus de terres agricoles que l’Allemagne : « Il faut en finir avec la politique urbaine coordonnée au niveau de la commune, ce n’est pas la bonne échelle », conclut Frédéric Bonnet.

    Un développement pas durable

    En France, il manque un Balzac contemporain pour décrire la comédie urbaine. « La ville n’est pas objet de débat, analyse Annie Fourcaut, historienne de la vie citadine. On débat de l’école, pas de la ville, sans voir que la seconde conditionne la première. Peut-être parce que les Français ne sont pas un peuple urbain. Il a fallu attendre 1931 pour que la population des villes égale celle des campagnes, des décennies après les Anglais et les Allemands. »

    Alors, il n’y aurait pas d’autre modèle de vie que celui qui consiste à prendre sa voiture tous les matins pour faire des kilomètres jusqu’à son travail, par des routes saturées et des ronds-points engorgés, pour revenir le soir dans sa maison après être allé faire le plein chez Carrefour ?

    « L’inflexion, sur le plan des idées, a commencé, se réjouit Bruno Fortier. Depuis trois ou quatre ans, tout le monde dit : on arrête les conneries, on se calme, on redensifie, on réurbanise intelligemment, on cesse de dévorer les terrains agricoles… Mais fabriquer un urbanisme plus évolué, avec un rapport à la nature plus riche, comme ce que l’on voit aux Pays-Bas, au Danemark ou en Allemagne, ça va coûter un peu plus cher ! »

    L’impératif écologique supplantera-t-il l’impéritie politique ? Durant l’été 2008, quand le prix de l’essence s’est envolé, le chiffre d’affaires de certaines zones commerciales s’est effondré. Affolés, les habitants des lotissements ont réclamé des lignes de bus à leur maire. « Depuis la fin des grands ensembles, la France n’avait plus de projet urbain collectif, rappelle Annie Fourcaut. Le développement durable pourrait en constituer un. »

    Alors rêvons un instant à ce que pourrait être une « ville passante », comme l’appelle David Mangin, une ville désintoxiquée de la voiture, désenclavée, oublieuse des artères qui segmentent et des zones privatisées et sécurisées, une ville de faubourgs dont les fonctions – habitat, travail, commerce, loisirs – seraient à nouveau mélangées, une ville hybride, métissée, où chacun mettrait un peu du sien… Trop tard ?

    Le pavillon, un choix ?

    Sur la carte du Comité du tourisme de la Haute-Vienne, les villages dessinés ressemblent tous à celui de l’affiche du candidat Mitterrand en 1981. Et en vrai ? Au sud-ouest de Limoges, au-delà de la zone commerciale, Boisseuil s’est couvert de lotissements. L’un d’eux se termine. Des dizaines de pavillons bas, parfois pas loin du cabanon amélioré. Il est loin « l’éco-quartier », dernière marotte de nos élus. C’est la France qui se lève tôt, qui fait des heures sup, mais n’a pas de quoi s’offrir plus.

    A 5 kilomètres de là, à Pierre-Buffière, vieux bourg de 1 200 habitants, on tombe sur 21 parcelles, au bord des champs. Anne, « nounou », et son mari, fonctionnaire, sont venus « pour la qualité de vie ». De toute façon, « Limoges, c’était bien trop cher ». Bien sûr, « 80 % des gens qui habitent ici travaillent à Limoges. Il faut tout faire en voiture ». Même son de cloche à Eybouleuf, 400 habitants à peine, à 16 kilomètres au nord. Le manque d’argent, toujours…

    « Avec la crise, les gens sont mutés et obligés de revendre », dit Louis, ancien routier. « Construire, c’est meilleur marché que de louer », explique quand même Fernand, retraité des abattoirs, qui a eu sa maison dès 1982. Depuis, combien ont poussé autour ? « Une, deux… neuf ! » Et d’autres plus loin. Tous les commerces ont coulé. « Les campagnes, maintenant, c’est des dortoirs. Mais les gens y sont plus heureux qu’en ville.»

    http://fortune.fdesouche.com/

    Notes :

    (1) La ZUP (zone à urbaniser en priorité), procédure d’urbanisme créée en 1959 , a permis la construction des grands ensembles. La ZAC (zone d’aménagement concerté) s’est substituée à la ZUP en 1967, pour faciliter la concertation entre collectivités publiques et promoteurs privés.

    (2) Reprenant les attributions des Ponts et Chaussées (réseaux routiers, règlements d’urbanisme, etc.), les Directions départementales de l’Equipement (DDE) ont été créées en 1967. Depuis les lois de décentralisation, elles relèvent des conseils généraux. Le 1er janvier, elles ont fusionné avec les Directions départementales de l’Agriculture et de la Forêt, devenant DDT (Directions départementale des territoires). Elles sont donc désormais censées se préoccuper de développement durable…

    Télérama (Xavier de Jarcy et Vincent Remy – Photos Patrick Messina – Télérama n°3135 – février 2010)

  • Emeute à Orléans pour soutenir l’auteur d’un feu de poubelle

    Emeute à Orléans pour soutenir l’auteur d’un feu de poubelle

    ORLEANS (NOVOpress) – Comme à Trappes il y a deux semaines, l’utopie du « vivre ensemble » sent le brûlé à Orléans (Loiret). Un adolescent de 15 ans est entre la vie et la mort après avoir tenté de mettre le feu à un conteneur de poubelles dans le quartier de La Source. Il a été retrouvé inanimé devant le conteneur, enterré dans le sol et en partie éventré par une explosion. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’ado aurait tenté de mettre le feu au conteneur à l’aide d’un produit inflammable.

     

    Après l’incident, des groupes d’individus – prétextant que l’adolescent avait été malmené par la police lors d’un contrôle au cours duquel il avait tenté de s’enfuir, deux heures avant l’incendie de poubelle – ont manifesté devant l’hôpital où il avait été conduit, puis devant le commissariat. Dans la nuit de jeudi à vendredi, deux voitures et une caravane stationnées ont été incendiées. Deux voyous ont été interpellés alors qu’ils venaient de mettre le feu à des détritus. D’autres délinquants ont également tenté d’incendier un véhicule de police stationné aux abords du commissariat.

    Crédit photo : Kmeron, via Flickr, (cc). http://fr.novopress.info

  • Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend

    Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi tranquillement proférée.
    Cet article est erroné sur le fond (on s’en doute) et dans plusieurs détails.
    Depuis, par le truchement d’amis communs et via des contacts directs (mails, coups de téléphone) avec le directeur de publication de Charlie Hebdo (Charb) et l’auteur de l’article (Eric Simon), nous avons tenté d’obtenir, non pas un « droit de réponse », mais un simple correctif, afin qu’une meute sans morale qui s’acharne sur LGS depuis le mois de mars 2011 ne puisse se prévaloir de Charlie Hebdo pour poursuivre sa cabale diffamatoire accompagnée d’actions pour nous empêcher de participer à des salons du livre ou de donner des conférences, sous peine de « coups de manche de pioche.
    Après 15 jours de réflexion, un discret entrefilet (22 août, p. 3) de Charlie Hebdo qualifie l’accusation infamante de simple mise « en cause » qui « n’était pas une attaque » contre les deux administrateurs du GS, mais une simple « mise en garde contre la porosité qui existe trop souvent entre les sites fachos et les sites de gauche ».
    Bref, l’accusation de rouge-brunisme n’est pas retirée, les informations erronées de l’article d’Eric Simon sont validées et l’adjudant auto-chargé de la revue de détail invite LGS à faire « le ménage ». Cette corvée étant « parfois difficile » nous bénéficierons du renfort (non sollicité) d’une escouade. En effet, nous avons appris par ailleurs que M. Propre (Eric Simon) a monté à Charlie Hebdo une équipe (diplômée es-plumeaux et balayettes) renforcée d’éléments extérieurs « en France et à l’étranger » (sic) pour continuer à débusquer la poussière sous les tapis du GS.
    C’est d’autant plus inutile que, dans un mail à un des administrateurs diffamés, Eric Simon ne voit plus en LGS un site rouge-brun : « Pour le moment, j’en reste au confusionnisme. », dit-il, contredisant (en privé) ses écrits ( publics).
    Dans ce contexte de « confusionnisme » avéré de Charlie Hebdo, il nous est malheureusement impossible de différer plus longtemps notre propre mise au point.
    L’article que vous allez lire est le premier d’une série qui vise, non pas à entretenir une querelle de cour de récréation, mais (au-delà même de Charlie Hebdo) :
    - à poser des questions de fond, relatives au droit à publier sur Internet des analyses sur l’impérialisme,
    - à défendre notre liberté d’expression qui ne peut, n’en déplaise aux modernes Torquemada, être plus limitée pour nous que pour l’ensemble des autres médias et en premier lieu que celle des incultes politiques qui nous dénigrent.
    Au passage, nos assaillants apprendront que nous ne comptons pas nous cantonner dans une posture de défense, mais que nous sommes fondés à jeter un oeil dans leurs poubelles.
    LGS
    Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend
    Charlie Hebdo, c’est comme les couches-culottes : à une certaine époque de sa vie, on trouve ça bien et on est content que ça existe.
    Rappel historique
    Mais je me souviens qu’en juin 2002, le rédacteur en chef du journal satirique français Charlie Hebdo nous expliquait comment la gauche pouvait s’en sortir. Dans un article fleuve publié en plusieurs parties et intitulé « Pour aller à gauche, c’est par où ? », Philippe Val avait décidé dans la deuxième partie de s’en prendre à Noam Chomsky. Ici, les contre-vérités se sont enchainées au rythme d’un scandale boursier à New York. Chomsky y fut qualifié « d’amoureux des sectes », « il est gaga, (...) il empoisonne la réflexion de gauche en nourrissant une théorie du complot ne flattant que les instincts fascistes et visant à faire porter à un ’Autre’ les responsabilités des malheurs du monde ». Ou encore « il est évident que jamais, contrairement à ce que pense Chomsky, les citoyens n’ont disposé d’autant d’informations ». Pas mal. Sauf que Chomsky est, et dit, à peu près tout le contraire. Sans oublier ce bijou : « le style (de Chomsky) est à l’usage des enfants du CM2 ». Pas mal pour le rédacteur en chef d’un journal qui fait dans le pipi-caca-prout.
    En septembre 2007, dans sa chronique radiophonique sur France-Inter, Philippe Val – sous l’emprise de la jalousie ? – revient encore à l’attaque et lance « Chomsky-Ben Laden, même combat ! ». Non, ce n’était pas de l’humour.
    Participant à un colloque du patronat en 2007, il se défendra en proférant ce Voltairisme à l’usage des enfants de CM2 : « dialoguer ou débattre, ce n’est en aucun cas être complice », et que l’essence même du dialogue était de réunir deux interlocuteurs de points de vue différents. (cf Wikipedia). On en pleurerait, tellement c’est beau.
    Voilà tout le style de Philippe Val : pondre des articles supposés étaler une connaissance encyclopédique mais qui ne font en réalité que clapoter dans un jacuzzi.
    Défenseur ardent de toutes les guerres de l’OTAN, toutes, il a quand même fini par être récompensé pour sa fidélité légendaire. Et c’est ainsi qu’il fut promu en mai 2009 (« bombardé » aurais-je envie de dire...) à la direction de France-Inter. Car ce n’est pas le tout que d’être un vendu, encore faut-il savoir se vendre.
    Deux heures après sa nomination à France Inter, il renvoyait Frédéric Pommier qui faisait la revue de presse. En juin 2010, les humoristes Stéphane Guillon et Didier Porte sont licenciés de France Inter. Quatre mois plus tard, l’humoriste Gérald Dahan est licencié à son tour, au lendemain d’une chronique critique envers Michèle Alliot-Marie.
    France-Inter est donc actuellement dirigée par un type capable de balancer à la fois « Chomsky-Ben Laden, même combat » et les derniers intervenants qui présentaient un quelconque intérêt sur cette radio (à l’exception de l’émission Là-bas si j’y suis, évidemment). Comment la situation pourraient-elle être pire que ça ?
    Philippe Val a dirigé Charlie Hebdo de 1992 à 2009, soit 17 ans. 17 ans de propagande gaucho-impérialiste. 17 ans de complicités avec toutes les opérations d’assassinat à ciel ouvert de l’OTAN. 17 ans qui n’ont apparemment pas gêné plus que ça le reste de cette joyeuse équipe de soudards (à quelques rares exceptions près).
    Mais Charlie Hebdo, c’est comme les couches-culottes : à une certaine époque de sa vie, on trouve ça bien et on est content que ça existe. Puis un jour on grandit et on est plutôt content de s’en passer.
    Retour au présent
    Pourquoi parler de Charlie Hebdo ? Dans le numéro daté du 8 août 2012, un article intitulé « Les soutiens bruns de Damas », annoncé en couverture (« Syrie. Cette extrême droite qui soutient Damas ») et signé Eric Simon, nous refait le coup de désigner Le Grand Soir, et nommément ses deux administrateurs, comme des relais de l’extrême-droite.
    Sont également citées « des personnalités » telles que Michel Collon (salut Michel, ça va ? Qu’est qu’on rigole, non ?) qui, « avec l’intellectuel Jean Bricmont se sont fourvoyées à tel point que la CGT les a interdit de conférence à Paris en novembre 2011. »
    Voilà une technique que l’on reconnaît immédiatement : le "petit" mensonge qui vient se glisser, ni vu ni connu. Bricmont n’a jamais été "interdit", et Michel Collon, qui devait donner une conférence à la Bourse de Travail de Paris, en fut empêché suite à une campagne d’affiches émanant de milieux "anarchistes". On commence déjà à deviner les sources d’inspiration de Charlie Hebdo. Avec Ornella Guyet, les anticonspis-truc et Rudy Machin-chose, et maintenant Charlie Hebdo, ce n’est même plus une technique, c’est devenu un style.
    « Si l’analyse anti-impérialiste permet de débusquer les raisons cachées des guerres « justes » ou « humanitaires » du camp occidental, elle peut facilement dérailler si elle défend l’innommable commis par le camp d’en face. Si, en outre, elle laisse reprendre ses thèses par les sites d’extrême-droite, jusqu’à finir par s’inviter les uns chez les autres, la messe est dite. C’est ce qui est arrivé à des sites comme legrandsoir.info de Maxime Vivas et Victor (sic) Dedaj, qui publient aussi bien des articles d’Infosyrie que des (sic) contributions de Ginette Skandrani (…) voire des discours de Kadhafi ou Bachar el-Assad... »
    Le journaliste de Charlie Hebdo n’a même pas su orthographier correctement mon prénom, c’est vous dire si son enquête fut méticuleuse. Même pour calomnier ? Surtout pour calomnier, tu rigoles ou quoi ? Mais faire du copier/coller, Eric, c’est pas bien, même pour un journaliste de Charlie Hebdo. Si vous pouviez faire corriger la coquille à ceux (et celle) qui vous ont inspiré, merci d’avance.
    Figure imposée : la vérité, rien que la vérité
    LGS n’a jamais défendu « l’innommable commis par le camp d’en face ». A l’heure où le camp occidental n’avait pas sifflé le signal de l’hallali, à l’heure où Bashir Al Assad jouissait de la considération de notre gouvernement (et donc de notre presse), LGS dénonçait un deal « innommable » passé entre les USA et les tortionnaires au pouvoir en Syrie.
    Par ailleurs, LGS « laisse reprendre ses thèses par les sites d’extrême-droite » ? Oui, et par des sites inconnus de divers pays et par pas mal de sites de la vraie gauche. Charlie Hebdo sait comment interdire la reproduction d’articles en copyleft ? Est-ce qu’Eric Simon ne serait pas en train de nous dire : « Taisez-vous et faites taire » ?
    Alors voyons-voir : le nombre phénoménal d’articles d’Infosyrie repris par le Grand Soir s’élève à 2 (si j’ai bien compté) et dont le contenu est irréprochable – à mes yeux. Les (ah, un pluriel ?) contributions de Mme Skandrani s’élèvent à... 1 (au contenu irréprochable - oui, oui, nous sommes au courant maintenant, merci). Quant aux « discours de Kadhafi ou Bachar el-Assad », réunis il doit y en avoir 3 ou 4 (en comptant les interviews). Ces « discours » n’ont pas été publiés « comme ça », pour le fun, mais en pleine période d’agression militaire ouverte contre la Libye et la Syrie. Charlie Hebdo voudrait que l’on s’abstienne de donner la parole aux dirigeants en exercice de pays en proie à une agression militaire, ou de reprendre des informations qui contre-balanceraient un tant soit peu le rouleau-compresseur médiatique. Où est la surprise pour un hebdomadaire qui a soutenu toutes les guerres de l’OTAN ?
    Charlie Hebdo ne dit rien sur les articles repris par Le Grand Soir (et qui se sont révélés plus exacts que pas, soit-dit en passant), mais nous sert un laïus sur l’administrateur du site Infosyrie. Ancien du GUD (« ancien », c’est bien, non ?) et autres affirmations qui demanderaient toutes à être vérifiées, vu la qualité et la précision habituelle de ce genre d’article. Mais tout ça au final pour dire quoi ? Rien. Aucun commentaire sur le contenu, sinon que le patron, ben il est pas de « notre bord » (en ce qui concerne l’anti-impérialisme, il me semble que Charlie Hebdo non plus n’est pas de « notre bord », en tous cas pas du mien). Mais Charlie annonce quand même une bonne nouvelle : Le Grand Soir et l’extrême-droite « s’invitent les uns chez les autres ». C’est une bonne nouvelle parce que ça voudrait dire que l’ « extrême-droite » se gauchise au contact du Grand Soir. Sacré service que nous rendons à l’humanité, qui en sera certainement reconnaissante, et Charlie avec sans doute.
    Pardon, on me souffle dans l’oreillette que c’est forcément le contraire. Mince, la contagion à sens unique (je parle évidemment d’une poignée d’articles sur une dizaine de milliers, mais quitte à jouer à ce petit jeu, jouons le jusqu’au bout...).
    Et par la grâce de ces mêmes lois mystérieuses, Charlie Hebdo, soutien indéfectible à toutes les guerres impérialistes et violations du droit international, ne saurait être, et en aucun cas, taxé de passerelle avec les fascistes néoconservateurs américains, parce que là, ça ferait « confusionniste ».
    Si tu cherches de l’eau dans un désert, il te faut marcher jusqu’au puits (dicton arabe, mais pas vraiment parce que je viens de l’inventer)
    Les lecteurs (vous comme moi) n’auraient donc pas le droit de savoir ce que pourraient bien avoir à répondre les dirigeants des pays bombardés par nos forces militaires « humanitaires ». Donner à lire une intervention d’un responsable syrien ou libyen est « rouge-brun ». Pour ne pas être rouge-brun, il faut donc s’abstenir de donner à lire. Et pour celui qui « oserait » le faire (car on en est là...), il y a une punition à la clé.
    La situation est donc celle-ci : lorsque l’Occident attaque ou menace d’attaquer un pays dirigé par un salaud, toute information émanant peu ou prou du pays en question sera interprété comme un signe de ralliement au salaud en question et, par association, fera de vous un salaud. Donc un rouge-brun. Donc un antisémite. Donc une cible. Bonjour l’ambiance « USA post 11/9 ».
    Encore un peu, et Charlie Hebdo dira qu’on est des mauvais Français et nous reprochera notre manque de patriotisme. Philippe Val n’est plus à la tête de Charlie Hebdo, mais son esprit rôde encore dans les locaux. Suis-je le seul à ressentir des frissons ?
    Énoncée à voix haute, claire et intelligible, voilà ce que ça donne :
    1) Lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, il est interdit de donner la parole aux agressés.
    2) Lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, il faut imposer un black-out sur toutes les informations ou interventions en provenance du pays ciblé – sauf celles qui vont dans le sens ou servent le discours dominant.
    3) Lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, le seules « informations » issues du pays sont celles qui seront sélectionnées, filtrées, charcutées et commentées par les commentateurs officiels et attitrés du pays agresseur.
    4) Lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, toute tentative de relayer in extenso, sans tripatouillages ou coupures, des informations provenant du pays agressé ou toute tentative de contre-balancer a minima la campagne de propagande sera qualifiée de rouge-brunisme (en attendant le jour où ils emploieront le mot « trahison »).
    5) Pour toutes les raisons qui précèdent, lorsqu’un pays est attaqué par l’Occident, toute la presse – y compris « rebelle », « anar », etc. – s’alignera.
    Check-list : Irak, Afghanistan, Libye, Syrie... oui, ça marche et ça se vérifie à tous les coups. En une seule formule : 1) + 2) + 3) + 4) + 5) = propagande.
    Voilà : nous ne sommes même plus dans une situation où un journal nie faire de la propagande (ce qui est de "bonne guerre", ha, ha !), mais dans une situation où il la réclame, l’exige, tape du pied et se roule par terre devant ceux qui refusent de s’y plier.
    Suis-je le seul à ressentir des frissons ?
    Faites ce que je fais, pas ce que je dis que je fais
    Le plus cocasse est que tous ces donneurs de leçons et moralistes n’ont et n’auraient - allez, soyons honnêtes - n’oseraient rien dire si le Monde ou Libération ou tout autre média appartenant à un grand groupe capitaliste hyper-soucieux du pluralisme publiaient des interventions de Kadhafi ou Bashir el-Assad ou Dieu sait qui. Non, non : eux seuls sont habilités à le faire, à décider lesquelles, à décider quels extraits, à commenter des phrases choisies sorties du contexte et à décider quand et où... Oui, on connaît la musique. Mais pas nous et pas vous. Pourquoi ? Parce que. Parce que quoi ? Parce que, quoi.
    Alors, Charlie Hebdo : votre conception effarante et effrayante de "l’information", gardez-la pour vous, roulez-la en forme de suppositoire et mettez-la où vous voulez.
    Guerre humanitaire : une éruption soudaine, inattendue et violente de bonté ?
    Sans oublier une certaine loi de la nature : dans tout conflit, c’est plutôt l’agresseur qui recourt au mensonge. Pourquoi ? Parce que l’agresseur veut la guerre et cherchera donc des raisons pour la faire, quitte à les inventer. En réalité, l’agresseur est pratiquement obligé de les inventer. Pourquoi ? Et bien parce que les justifications pour une guerre d’agression – selon le Tribunal de Nuremberg et selon le droit international – sont au nombre d’un chiffre très très proche de zéro. Et lorsque la loi ne convient pas, il y a pas trente-six solutions : il faut la respecter, la changer ou la violer. L’Occident, en particulier, est un adepte de la troisième.
    Oui, je sais : il y a la « guerre humanitaire ». On ferait des guerres « humanitaires ». Comme d’autres feraient de la « torture thérapeutique » ?. Risible, bien-sûr, mais pour la beauté du débat, admettons un instant ce concept de « guerre humanitaire ».
    Par conséquent : Il existerait un espace-temps (ici et maintenant apparemment) où des pouvoirs politiques seraient « forcés » par des événements « particulièrement tragiques » à faire une guerre pour des « raisons humanitaires ». La cavalerie légère volant au secours de la veuve et de l’orphelin. Le petit garçon au fond de moi aime bien cette image. L’adulte, lui, lève un sourcil en entendant que les responsables politiques actuels seraient prêts à commettre le « crime des crimes » (toujours selon Nuremberg et le droit international) pour venir au secours d’une population (« étrangère » qui plus est) dont jusqu’à présent ils se fichaient éperdument.
    Etrange « charge émotionnelle » et « application de principes » de la part de dirigeants politiques qui sont par ailleurs incapables de prendre la moindre mesure « humanitaire » lorsqu’il s’agit des sans papiers, des Palestiniens, des personnes âgées, de qui vous voulez. Ils sont pourtant là, sous leurs fenêtres, ou pas très loin. Ces mêmes responsables politiques qui pourraient sauver pour des raisons « humanitaires » les 10.000 enfants qui meurent de faim par jour et pour un prix inférieur à un seul missile de croisière. Nan, trop compliqué. Allons plutôt bombarder un pays pour montrer toute l’étendue de notre « bonté ».
    En résumé : les salopards qui nous gouvernent auraient des crises d’humanisme tellement fortes qu’ils sont capables de tout, y compris de commettre l’irréparable, pour accomplir le bien. Elle est étrange, cette détermination - si soudaine, si inattendue, une véritable révélation - qui n’apparaît que lorsqu’il s’agit de faire la guerre, loin de préférence, dans un rapport de forces totalement déséquilibré de préférence (parce qu’il y a des limites chez eux, même aux principes), là où personne ne peut vraiment contrôler ce qui se passe, et qu’on ne retrouve jamais en temps de paix...
    Oui, soudain, les voilà qui sont « bons », et « attentionnés », et « inflexibles », et « soucieux » du bien-être d’une population. Tellement soucieux qui si un membre de la population se présente à la frontière pour un bout de pain, ils le renverront chez lui avec ces mots d’encouragement : « rentrez chez vous, on va bientôt vous envoyer des secours » (sur la gueule).
    Oui, soudain, dans toutes les tribunes, les mots « intolérables » et « inadmissibles » leur sortent de la bouche, comme des colombes de la manche d’un prestidigitateur.
    Oui, une véritable métamorphose. Mais qui ne dure, hélas, que le temps d’une guerre. Et qui disparaît, comme par enchantement, une fois la bête repue. A croire que toute leur posture n’aura été créée et tenue que pour la circonstance.
    Mon Dieu que je suis mauvaise langue !
    Le tout par des gens qui vous expliqueront avec tout le sérieux du monde et la main sur le coeur - de préférence autour d’un dîner bien arrosé - combien ils sont contre la peine de mort, critiquant au passage les pays qui l’appliquent encore (jusqu’à là, tout va bien) et qui enchaînent aussitôt qu’il faut faire la guerre, c’est-à-dire appliquer la peine de mort à une échelle industrielle, mais cette fois-ci sans procès, sans jugements, sans discrimination, contre une population très majoritairement innocente de tout crime.
    Mon Dieu que je suis pinailleur !
    Soutenir le fascisme suprême au nom d’un antifascisme de salon
    Le Grand Soir ferait trop dans l’anti-impérialisme ? Comme peut-on être trop contre le crime des crimes ? Comment peut-on être trop contre « le stade suprême du capitalisme » ?
    Le gant de velours du marché ne marchera jamais sans une main de fer derrière - McDonald ne peut prospérer sans McDonnell Douglas, le fabricant (de l’avion de guerre) F15. - Thomas L. Friedman "A Manifesto for a fast World" - New York Times Magazine, 28 Mars, 1999
    Je croyais que la guerre était plutôt de droite et la paix plutôt de gauche. Je croyais que le respect du droit (y compris international) était plutôt de gauche et sa violation plutôt de droite. Je croyais que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes était plutôt de gauche et l’ingérence plutôt de droite. Je croyais que la censure était plutôt de droite et la liberté d’expression plutôt de gauche. Je croyais que l’aveuglement idéologique était plutôt de droite et l’ouverture d’esprit plutôt de gauche. Je croyais que c’étaient nos actes et nos prises de position qui définissaient notre positionnement politique. Je croyais que s’endormir dans son lit et se réveiller dans un monde où toutes les valeurs étaient étrangement inversées n’arrivait que dans les romans de science-fiction.
    Je trouve même totalement indécent que l’on n’ait rien d’autre à nous opposer, sinon que le président syrien ne serait pas l’Abbé Pierre (comme si nous ne le savions pas. Comme si n’avions pas nous-même rappelé que la Syrie, il y a encore peu, servait de centre de torture décentralisé pour les Etats-Unis - pas très reconnaissants, comme à leur habitude) ou que le responsable de tel site ne serait pas du même bord politique. Remarquez, ça pourrait être une autre bonne nouvelle parce que si ce n’est que ça, on va arranger ça ici et maintenant : « Le président de la Syrie est un salaud et le patron d’Infosyrie pue de la gueule. » Ca vous va ? Tout le monde est content ? On peut aller à la manifestation maintenant et tenter d’arrêter le massacre - où allez-vous encore nous trouver une autre excuse à la con ? Genre : l’ancien du GUD a l’haleine fraîche. Eric Simon pourra trancher puisqu’il se vante d’avoir discuté avec lui (il a le droit ! Pourquoi ? Parce que la Sainte Inquisition a tranché ainsi : à Charlie Hebdo, on peut, au Grand Soir, ce serait sacrilège).
    L’extrême-droite ferait de l’entrisme ? De l’entrisme dans quoi ? Le désert laissé par la gauche ? Et ce serait la faute du Grand Soir ? On entre dans une salle d’autant plus facilement qu’elle est vide. C’est plus difficile lorsqu’elle est pleine à craquer.
    En réalité, ce n’est pas le Grand Soir qui alimente des « passerelles vers l’extrême-droite », mais des journaux comme Charlie qui se la jouent « contestataires/libertaires » à longueur de semaine et qui, au moment le plus crucial, tombent - presque « naturellement » - du côté le plus sombre, laissant le champ libre, et même ouvrant la voie, à d’autres. Charlie Hebdo fait partie de cette presse, à l’instar de Libération, qui est devenu au fil du temps une véritable fabrique de « gauche réactionnaire » et qui fait dire à un de ses journalistes (conversation téléphonique avec un des administrateurs du Grand Soir) : « l’anti-impérialisme me fait gerber ».
    Heureusement que le Grand Soir est là pour sauver (un peu) l’honneur de la gauche française. Mais nous ne sommes pas seuls. Nous avons avec nous la quasi-totalité de la gauche latino-américaine, nord-américaine, asiatique et africaine. Alors, être « isolés » au sein de la gauche française, appelons ça « une position pas très confortable », mais sans plus.
    Ce qui me fait penser à ce qu’Ignacio Ramonet (que j’apprécie beaucoup) avait écrit lors de la guerre contre la Libye – intervention qu’il a soutenue (eh oui...). En référence à l’opposition de la gauche latino-américaine à cette intervention, il a écrit que cette dernière avait commis « une erreur historique ». Curieux qu’il ne se soit pas demandé si, a contrario, ce n’était pas la gauche française, et lui avec, qui avait commis l’erreur historique en question.
    Lorsque Charlie Hebdo se promène la braguette ouverte
    Mais revenons à nos moutons (sic) de Charlie Hebdo : Charlie Hebdo, n’a apparemment rien à dire sur le fond de ce que nous publions et serait bien incapable de trouver un seul texte, une seule ligne, qui aille à l’encontre de notre ligne rédactionnelle – qui est ce qu’elle est, que ça plaise ou non. Nous, nous parlons de guerre et de paix, eux nous parlent du slip d’untel ou untel qui dépasserait alors qu’eux-mêmes se promènent la braguette grande ouverte. Exemples ?
    Acrimed rappelle que (extraits) :
    Une brève du 18 avril 2007 signale que « sur 38 collaborateurs de Charlie Hebdo : 18 votent Royal , 9 votent Voynet, 3 votent Buffet, 3 votent Besancenot, 3 votent Bayrou , 1 vote Bové, 1 vote blanc. » Soient 21 collaborateurs qui votent à « droite » et 16 à gauche. Charlie Hebdo, de droite ? Oui, si l’on en croit Philippe Val lui-même, puisque ce dernier, en juin 1998 écrivait que « la vraie droite aujourd’hui, c’est le PS. » Neuf ans plus tard, le 9 février 2007, il lâche chez Pascale Clark sur Canal+ (« en aparté ») : « Je voterai pour le candidat de gauche le mieux placé. » Le mieux placé ? Comprendre Ségolène Royal.
    (...) Sur les principales questions internationales, Charlie hebdo reproduit peu à peu les positions dominantes. Ainsi sur le Kosovo. Alors que dans les années 70, Cabu s’insurgeait « contre toutes les guerres » et collectionnait les procès intentés par l’armée, en 1999, il soutient, avec toute l’équipe de Charlie Hebdo, exception faite de Siné et Charb, l’intervention militaire de l’OTAN au Kosovo. Dans le n°361 de Charlie Hebdo (19 mai 1999), en lieu et place de la chronique de Charb, un texte de Riss (qui n’écrit pas d’ordinaire) reproche même aux pacifistes d’être des collabos ! De même sur le traité constitutionnel européen : si d’autres voix que celle de Philippe Val se font entendre, c’est lui qui conduit une campagne véhémente et caricaturale contre les partisans du « non » au référendum.
    (...)
    Ce glissement politique de gauche à droite, de la paix vers la guerre, de la subversion vers l’orthodoxie, s’est fait progressivement, mais sûrement. On voit ainsi disparaître, dans le silence quasi-général, des signatures talentueuses (Cyran, Camé, Boujut,…) au profit de plumes conventionnelles et/ou médiatiquement plus « reluisantes » : le dessinateur Joan Sfar, l’ex-patron de France Inter Jean-Luc Hees, le sociologue médiatique Philippe Corcuff (lui même acculé à démissionner [16]), Renaud Dély venant de Libération, Philippe Lançon du même, Anne Jouan du Figaro, etc.
    (...)
    ...l’évolution conjointe des positions politiques et du positionnement médiatique n’a pas été sans effet sur les pratiques journalistiques de l’hebdomadaire, et, au premier chef, de Philippe Val lui même : calomnies et mensonges (notamment sur Noam Chomsky), fausses rumeurs (par exemple sur le Forum social européen), diffamations de membres de l’Observatoire français des médias, refus des droits de réponse, que nous avons plusieurs fois relevés ici-même ...
    (...)
    Charb a estimé, le 16 juillet 2008, que Siné avait porté – c’est un comble - « atteinte » aux « valeurs essentielles » de Charlie Hebdo. Et c’est pourtant le même Charb qui dans sa chronique « Charb n’aime pas les gens » datée du 30 juillet 2008 écrit : « Personne n’a dit que Siné était antisémite (…) parce que ça n’a jamais été le sujet du débat. Aurait-on travaillé durant seize ans avec un antisémite ? Moi, non. » Si cela n’a jamais été le sujet du débat, alors pourquoi Philippe Val, dans son éditorial du même jour se pose la question et ressort une affaire vieille de 26 ans ? « Antisémite, Siné ? Ce n’est pas à moi d’en juger. Mais au lendemain de l’attentat de la rue des Rosiers, en 1982, c’est lui-même qui déclarait sur la radio Carbone 14 : "Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs… Je veux que chaque juif vive dans la peur, sauf s’il est pro palestinien. Qu’ils meurent." »
    (...)
    Une histoire de Charlie Hebdo http://www.acrimed.org/article2960.html
    Etc.
    Lorsque le dessinateur "de gauche" Plantu touche officiellement un chèque de 10.000 euros de la dictature brune-brune islamiste du Qatar, tout le showbiz, chasseurs de rouges-bruns et Charlie Hebdo réunis regardent ailleurs. Vous appelez ça de la pudeur, de la honte ou de la complicité ?
    (Tiens, et soudain je pense à cet autre ancien dessinateur vedette du journal le Monde, Konk, qui a fini par rejoindre l’extrême-droite.)
    Lorsque Charlie "de gauche" Hebdo publie à trois reprises et interviewe à domicile une des sommités du "rouge-brunisme" en France, membre du FN qui plus est à l’époque, vous appelez ça du journalisme, de l’autisme ou de j’aurais-mieux-fait-de-fermer-ma-gueule-isme ?
    Et on trouve tout ça sans même vraiment chercher.
    Le problème, Charlie, c’est que vous ne savez même plus où vous en êtes pour venir faire les marioles autour de Grand Soir. On en rirait si ce n’était pas aussi pathétique. Alors le jour où Le Grand Soir examinera à la loupe certains médias comme ces derniers aiment tant le faire pour nous, il va y avoir de sacrées surprises. En attendant, Charlie Hebdo a bien fait de ne pas employer le mot « confusionnisme » parce que là, ils auraient eu l’air vraiment ballots...
    Eh oui, Charlie Hebdo, c’est comme les couches-culottes : à une certaine époque de sa vie, on trouve ça bien et on est content que ça existe. Puis un jour on grandit et on est plutôt content de s’en passer. Et avec le recul, même si on n’en a pas honte, on n’en est pas forcément fiers pour autant.
    « alors, on rajoute une couche ou on en reste là ? »

    Viktor Dedaj  http://www.voxnr.com

    Source : Le Grand soir :: lien

  • Léon Bloy et la catastrophe de la vie littéraire

    L’immense quantité de livres fait qu’on ne lit plus.

    Bonald (en 1817)

    Bloy est peut-être un réactionnaire en politique et religion (encore qu’il n’y ait rien de plus révolutionnaire que le christianisme, mais bon...), mais il est certainement un critique d’avant-garde et un vrai contemporain des littérateurs du futur. A l’époque où l’on peut encore reconnaître quelque chose, il reconnaît immédiatement le génie de Lautréamont, célèbre le Verlaine de "Sagesse", il est l’ami de Huysmans et de Mirbeau (un grand auteur vraiment méconnu, lui, essayez un peu de lire "La 628-E8" pour voir !), il répugne à l’appréciation bourgeoise et scolaire de l’art ; mais en même temps il voit le contenu méphitique de cette célébrité industrielle naissante, la faiblesse souvent de son inspiration et l’obsédant gâchis de la ligne. Dans le chapitre VI de "Belluaires et Porchers"(1), il s’en prend à la figure renommée de Goncourt, qui donnera son vain nom à la non moins vaine académie que l’on sait, et il dénonce ce déluge de phrases qui marque notre monde sans fin, sans dignité et sans projet :

    « Le Messie ne s’appellera plus le Verbe, il se nomme désormais la Phrase. C’est la caricature de l’Infini, c’est l’infécondité même déclarant son antagonisme à la Parole Initiale qui fit éclater les douves de l’ancien chaos. »

    Ici Bloy touche une de ses intuitions fortes : l’industrialisation de tout permet de tout parodier, comme l’Ascension même est parodiée dans l’escalade de la tour Eiffel... la célébrité devient une usine comme le voyage. La fin du dix-neuvième siècle très critiquée aussi par Tolstoï dans son exceptionnel essai sur l’art produit une quantité d’écoles, de chefs d’oeuvres, de génies, de grands esprits, de critiques d’art, de tout cela. Mirbeau en parle dans un article célèbre qu’il a consacré à la peinture. J’en cite les phrases les plus goûteuses si j’ose dire :

    « De toutes parts, le flot de peinture arrive, vomi on ne sait d’où, roulant on ne sait quoi. Et cela monte, s’enfle, déborde, déferle tumultueusement. Nous nageons dans l’huile diluvienne ; nous nous noyons dans des vagues de cadmium, nous nous précipitons dans des cataractes d’outre-mer, nous tournoyons emportés comme des maelströms de laque garance. Où donc est l’arche qui nous recueillera et nous sauvera de ces cataclysmes ? »

    C’est ce qu’on appellera le règne de la quantité ! Et l’on ne payait pas encore cent ou deux cents millions pour un tableau !

    Bloy s’en prend lui à Goncourt et au culte du roman manufacturé qui l’entoure :

    « C’est ainsi que M. Edmond entend la confection du roman moderne, et ce n’est pas autrement, sans doute, que les produits de la maison Goncourt frères et Compagnie ont toujours été manufacturés. En suivant la doctrine de cette école, on peut se mettre à vingt, cent ou même à dix mille pour un même roman. C’est la collaboration infinie. »

    Bloy, on le voit, constate sur le tarmac la domination de facto des ateliers d’écriture

    Puis il s’en prend avec véhémence à la célébrité qui entoure le prisé Goncourt :

    « Je n’avais en vue que l’Idolâtrie littéraire dont ce vieillard est le somnambule pontife et j’estime que ce culte est la plus évidente manifestation diabolique. »

    Ici sa remarque vaudrait un développement : Virgile lui-même soutient la dimension diabolique de Fama, la Renommée, dans "l’Enéide" (Fama, malum qua non aliud uelocius ullum, IV, 174).

    Le culte de l’écrivain ou du livre évoque bien sûr Mallarmé, auteur tout au plus de quatre ou cinq sonnets convenables, et son académie de cuistres. Ce n’est pas pour rien que la poésie devient impossible à écrire au vingtième siècle et un comte Tolstoï exaspéré constate déjà les dégâts à l’époque des décadents ou du symbolisme. Mais Bloy s’en tient à Goncourt et son académie à naître :

    « Maintenant, c’est une Ecole et même une Académie, l’Académie des Concourt ! Satan tient enfin ce qu’il a mendié dix-neuf siècles : une sortable contrefaçon du Verbe incarné que pût adorer en conscience et propager de gaîté de coeur, l’adolescente oligarchie de nos mandarins !... »

    Si la célébrité est profanée, la parole l’est aussi. Il ajoute plus sobrement, mais tout aussi densément :

    « Ce n’est pas d’hier qu’on abuse de la parole ou de l’écriture pour l’extermination de la pensée. »

    Le culte du génie littéraire va empoisonner tout son siècle, et précipiter des affrontements non plus littéraires d’ailleurs. Il accompagne la futilité de la célébrité, et bien entendu le phénomène démocratique si bien caricaturé par Villiers aussi, dans ses si drôles "Contes cruels" : voyez l’affichage céleste ou la machine à applaudir. Bloy ne cesse on s’en doute de vociférer contre la démocratie parlementaire ; et cela donne :

    « Et ce cortège est contemplé par un peuple immense, mais si prodigieusement imbécile qu’on peut lui casser les dents à coups de maillet et l’émasculer avec des tenailles de forgeur de fer, avant qu’il s’aperçoive seulement qu’il a des maîtres, - les épouvantables maîtres qu’il tolère et qu’il s’est choisis. »

    L’humanité ne se lasse pas d’être médiocre ; il lui suffit de ne pas se rendre compte de ce qui lui arrive, et c’est comme cela qu’elle revote pour les socialistes qui dominent déjà cette époque. A l’époque de Bloy un savant politologue russe étudie le phénomène démocratique en Amérique et toutes ses avanies. Le résultat est extraordinaire, tant il est accablant pour les élections, les bosses, les trafics électoraux et la dénonciation de l’apathie des masses manipulées. Ici encore l’industrie s’applique à formater la masse et la pensée. Le travail de Moïse Ostrogorski(2) sera décisif dans l’évolution de la pensée d’Augustin Cochin.

    On termine par le jugement de Bloy(3) sur Renan qui vaut son pesant de pépites :

    « Toutes les formes imaginables de l’imprécation ou du sarcasme furent appliquées inutilement à cet Achille du mensonge qu’on supposait invulnérable, et qui avait fini par décourager le Mépris. »

    Appliquez-le à qui vous voudrez !


    (1) "Belluaires et Porchers" est mon livre préféré de Léon Bloy. Tous les livres de Léon Bloy sont mes préférés et chacune de ses sentences vaut une dissertation sur l’honneur.

    (2) "Democracy and the party system", 1902
    (3) On peut télécharger gratuitement tous les livres de Léon Bloy sur <archive.org>, et en français s’il vous plaît. 
  • La question raciale est aujourd’hui centrale

    Raymond Cartier et le problème noir
    Raymond Cartier est surtout connu pour avoir laissé son nom au « cartiérisme », doctrine selon laquelle il ne faut pas gaspiller l’argent public pour les pays du tiers monde : « Plutôt Corrèze que Zambèze ». Mais ce grand journaliste avait aussi publié, dans les années soixante, plusieurs articles prophétiques pour alerter les Français sur le problème noir dont il observait les prémices dans notre pays.
    Hélas, Raymond Cartier n’a pas été écouté ! Au contraire, en 1972, nous avons eu la loi Pleven, loi liberticide expressément conçue pour étouffer les voix hostiles à l’immigration. Et nous avons assisté à l’explosion démographique, en France, des populations noires issues d’Afrique et des Antilles.
    Cartier craignait que la République fût ébranlée par les coups de boutoir du communautarisme. Nous y sommes : les activistes du CRAN revendiquent un régime de faveur pour les noirs au nom de la prétendue discrimination « positive » chère à Sarkozy. Aujourd’hui, la question raciale est devenue centrale.
    Mais Cartier n’avait pas prévu que le cosmopolitisme deviendrait l’idéologie dominante. Il ne pouvait imaginer que les gens n’oseraient pas contester les dogmes destructeurs de l’antiracisme officiel. Comment peut-on régler un problème que l’on n’a même pas le droit de désigner ?

    Le fonds génétique, socle de l’identité
    Or, l’existence des races est un fait. Rappelons l’essentiel de la question raciale, telle qu’elle se présente generaliter.
    1. L’espèce humaine est divisée en cinq grandes races : la race blanche (caucasoïdes), la race jaune (mongoloïdes), la race noire (négroïdes), plus deux autres qu’il faut distinguer de la précédente, la race hottentote (khoïsanoïdes, en Afrique du sud) et la race australienne (australoïdes, en Océanie et Asie du sud). Ces cinq races se sont séparées il y a au moins un million d’années, selon la théorie polycentrique (énoncée, avec des variantes, par Weidenreich, Coon et Wolpoff).
    2. Les sociétés sont des systèmes bioculturels, en sorte que le fonds génétique des peuples, donc, en particulier, la race des hommes qui les composent, est le socle de leur identité (Voir, à cet égard, le livre du Club de l’Horloge, La Politique du vivant).
    3. Si des hommes d’une autre race arrivent en masse dans le territoire d’un peuple, les conséquences sont toujours dramatiques. Première hypothèse : les immigrés sont absorbés par métissage : le peuple d’accueil tombe alors en décadence et perd son identité. Seconde hypothèse : les immigrés ne se mélangent pas avec les indigènes (il s’agit de nous, en l’occurrence…) ; les antagonismes raciaux se développent alors inéluctablement au sein de cette société multicommunautaire. Troisième hypothèse : une partie des immigrés se mélange avec les indigènes, qui perdent peu à peu leur identité, avec leur homogénéité ; une autre partie des immigrés forme une ou plusieurs communautés séparées et hostiles.

    L’inversion des flux migratoires
    Ce dernier scénario, qui cumule les inconvénients, est celui qui se dessine en France. Pour sauver notre patrie, il faut s’employer à remplacer les dirigeants politiques actuels, indignes des responsabilités qu’ils exercent. L’étape suivante consistera à inverser les flux migratoires pour que la proportion des noirs diminue dans notre pays. Répétons après le général de Gaulle : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. »
    Henry de Lesquen
    Président de Voix des Français-Renaissance 95
    12 Mai 2009 http://www.polemia.com/

  • Le culte du VENT chez les Indo-Européens

     

    Il y a quelques ressemblances entre les dieux du vent et ceux du feu. Tous deux sont changeants, insaisissables, tous deux sont inspirateurs et bons artisans. De même qu'on lisait l'avenir dans le foyer, on le devinait dans la chanson des vents. De même que les flammes de l'âtre sont des âmes, le vent emporte les âmes à travers l'espace. Un méchant vent les amène, une aimable brise les éloigne (1). Il est l'ami du feu qu'il attire et dans lequel les âmes également se réfugient. Si la flamme est destructrice et bienfaisante à la fois, il en est de même du vent qui apporte la vie ou la mort, la maladie ou la prospérité. Le feu est la vie qui circule dans les arbres, les plantes, les hommes. Le vent, d'après une conception fort étendue, fertilise les champs et répand partout la fécondité. 

    D'autre part, le vent est le compagnon de l'orage et des eaux. Il vient d'une caverne, celle des eaux. Les dieux des vents ou de l'orage sont les compagnons de celui des eaux. La tempête se complique d'éclairs et de lueurs diverses. Le vent est donc “fauve”, comme on dit dans l'Inde. Il a ses flèches comme l'orage. Son chant est une musique. Il “inspire” les hommes, notamment dans les assemblées, mais il est capricieux et comme l'esprit, il souffle où il lui plaît.

    Tels sont les caractères que l'on rencontre chez les dieux du vent et chez les divinités, soit issues des génies du vent, soit contaminées avec eux.

    Dans l'Inde, il est Vâyu ou Vâta (mots tirés de la même racine que le néerl. waaien, “venter”), l'inséparable compagnon d'Indra et de Parjanya. Il allume des lueurs fauves. Il est, lui-même, fauve et traverse à toute vitesse le ciel sur des coursiers fauves “rapides comme la pensée” et munis de “cent yeux”. Il accorde la gloire, les enfants et la richesse. Il se porte capricieusement où il lui plaît. Son souffle est celui des dieux.

    Rudra et les Maruts 

    À côté de lui il y a les Maruts et il y a Rudra. Les premiers sont pour l'Inde ce que les nains et les géants de l'orage et des vents sont pour les Grecs et les Germains. Ce sont des êtres collectifs, plutôt effrayants que rassurants, formant une sorte de cortège aux dieux de l'orage. Ils apparaissent dans l'éclair, se font entendre dans le tonnerre. Le mugissement des vents est leur chant. Ils sont “les chantres du ciel”. Ce sont eux qui entonnent un hymne triomphal quand le dragon est touché. Ils sont “fauves”. Ils roulent sur des chars comme Vâyu. Ils font pleuvoir, et comme tels, ainsi que les Centaures, ils peuvent être bienfaisants et généreux mais ils sont capricieux et envoient leurs flèches où il leur plaît. Ils sont les fils de la “vache”, c'est-à-dire, de la nuée.

    Rudra réunit en lui la plupart des traits des Maruts. On l'appelle le “rouge” ou le “bruyant”. Comme les Maruts et comme les orages, il s'attarde dans les montagnes. On insiste particulièrement sur sa qualité d'archer. Ses flèches sont rapides et terribles. Il fait ce qu'il veut, envoie la mort et la maladie ou sauve et guérit ceux qu'il protège. Il est le maître du bétail animal ou humain. Malheur à ceux sur qui il envoie ses chiens hurleurs avec lesquels il rallie sa troupe. On le rencontre dans les carrefours et dans les lieux déserts. Par euphémisme et pour l'engager à se montrer sous un aspect favorable, on lui donne déjà dans le Veda le surnom de çiva (propice), sous lequel il deviendra dans l'Inde brahmanique un dieu très important.

    Il est impossible de ne pas être frappé par l'existence de nombreux traits communs entre Rudra et le dieu grec Apollon, sous sa forme la plus ancienne (2). Certes, ce dernier est beaucoup plus anthropomorphisé et il réunit dans sa personne des attributs d'origines diverses, de sorte que l'on a pu voir en lui un dieu solaire (ce qu'il fut postérieurement), un dieu du feu (3), un génie du bétail, etc. Il est vraisemblable, du reste, que des influences non grecques ont contribué à la formation de ce dieu si important de l'antiquité. Quoiqu'il en soit, dans l'appréciation de son caractère, on ne devrait jamais perdre de vue son association étroite avec Artemis. De même que celle-ci reçoit l'épithète de hekâte sous laquelle elle est parfois honorée comme une déesse spéciale, très puissante, lui, Apollon est hekatos, hekaergos, hekatêbolos.  On a longtemps, à tort, traduit ces expressions par “qui agit au loin, qui atteint au loin”.

    VentLeur sens étymologique — “qui frappe à volonté, agit comme il lui plaît” — est encore clairement conservé dans l'Hymne à Hekatê, enchâssé dans la Théogonie d'Hésiode (*). Le poète nous dit qu'Hekatê inspire dans l'assemblée “qui elle veut”, qu'elle donne gloire et victoire à “qui elle veut”, qu'elle assure bonne chasse à “qui elle veut”, qu'elle intervient dans les courses de chevaux “comme elle le veut”, qu'elle fait prospérer les troupeaux, “si elle le veut” (4). Artemis et Hekatê, comme Apollon, protègent du trépas ou envoient la mort et la maladie de leurs flèches. Ils accordent leur pardon ou le refusent. Tous trois sont invoqués pour la fécondité des troupeaux et des familles. Artemis et Hekatê mènent des troupeaux d'âmes à travers les carrefours, les forêts et les montagnes. Elles apparaissent soudainement et causent des terreurs dans les lieux solitaires. Elles parcourent les solitudes la torche à la main. Elles aiment le clair de lune et ont fini par être traitées comme des divinités lunaires, tandis qu'Apollon devint un dieu solaire. Les 3 aspects d'Hekatê, généralement interprétés comme se rapportant aux phases de la lune, sont peut-être plus anciens. On peut les comparer aux 3 naissances de Rudra, ce dieu qui a tant de points communs avec ces déesses et avec Apollon. 

    [ci-dessus : Triple Hécate, période romaine, Louvre]

    La caractéristique de ces divinités est donc d'agir “capricieusement”, comme il leur plaît, où il leur plaît. C'est là, évidemment, un trait indo-européen. Il convient particulièrement bien aux divinités des vents, surtout si l'on tient compte de ce que ces dernières donnent l'inspiration et apportent la maladie ou la prospérité. 

    Les Muses, déesses du vent

    Apollon a, comme Rudra et Vâyu, un cortège de chantres. Ce sont les Mousai (Muses), filles de « Zeus, le dieu du tonnerre, qui se réjouit de la douce voix de ces déesses, quand elle se répand du haut de l'Olympe » (5). Les Muses, dont le nom signifie “tourbillon, tourmente”, apparaissent dans ces vers comme des déesses du vent. L'agitation de l'esprit au moment de l'inspiration ou de la divination, est comparée à celle du vent. Apollon, comme les dieux du vent, est, par excellence, en Grèce, le dieu de la divination. Son nom est fermement attaché à l'oracle de Delphes. Quant à ce nom même, il a beaucoup intrigué les étymologistes. L'explication la plus probable est celle qui le rattache à apella (assemblée, troupe). Apollon est donc comme Teutates, Ty, etc., le dieu des assemblées. Il est celui qui inspire ceux qui délibèrent, celui qui emporte la décision. Le mot doit, sans doute, aussi se comprendre — et c'est apparemment la signification la plus ancienne — en ce sens que Apollon est non seulement le conducteur des Muses, mais aussi celui des âmes, comme Artemis et la plupart des dieux du vent. Si Apollon apparaît quelquefois comme “loup”, c'est à ce même titre, et là encore il y a une ressemblance avec Rudra et ses chiens hurleurs (6). Si Apollon est également “dauphin”, c'est peut-être par contamination avec les dieux du feu (voyez ci-dessus) ; mais c'est peut-être aussi en tant que dieu du vent favorable qui mène les marins au port, car le dauphin était connu des anciens comme annonçant le beau temps. C'est, sans doute, aussi pour cela que toutes les fêtes d'Apollon se célèbrent en été et qu'il reçoit le surnom de Phoibos, “clair”.

    Hermês 

    Un dieu jeune qui n'a pas mal de traits communs avec Apollon, c'est Hermês. Les mythologues ont longtemps soutenu qu'il était un dieu du vent. La plupart d'entre eux tendent plutôt aujourd'hui à le considérer comme un dieu local d'Arcadie, génie des troupeaux, esprit de la fécondité ou peut-être démon des bornes ou des tas de pierres. Il serait d'autant plus vain d'entrer dans une discussion à ce sujet que le caractère d'Hermês, tel que nous le connaissons, comme celui d'Apollon, est d'origine complexe. Bien des dieux locaux, souvent d'origine préhellénique, ont évidemment été absorbés par ces deux divinités au fur et à mesure que leur popularité s'affirmait. Ce qui est certain en tout cas, c'est que beaucoup d'attributs caractéristiques des dieux du vent se rencontrent chez Hermês. Il est le dieu rapide par excellence. Il parcourt sans cesse les routes, sur lesquelles il exerce son pouvoir souverain, ce pourquoi il est le guide des voyageurs et le protecteur du commerce. Il est, par excellence, le conducteur d'âmes (psychopompos), et celui qui rassemble les troupeaux sur lesquels il exerce une garde spéciale. C'est lui, comme Apollon, qui donne le succès dans la palestre. Certains mythes démontrent son origine atmosphérique. Il a capturé, le jour de sa naissance, 50 bœufs blancs aux cornes d'or et les a cachés dans une caverne. Il est argeïphontês (plein d'éclat). Il a dérobé à Apollon ses flèches. Il est inventeur de la flûte, ce qui nous rappelle que tous les dieux du vent sont chanteurs et musiciens. S'il est en même temps dieu terrestre et souterrain, cela s'explique par des contaminations. 

    Mercurius romain, Esus gaulois 

    Les Romains ont identifié Hermês avec Mercurius, un simple “dieu occasionnel”, protecteur des marchés. Ils ont ensuite appliqué ce nom à des dieux celtiques et germaniques très importants, offrant certaines ressemblances avec Hermês, en même temps que de notables différences. Le Mercure gaulois s'appelle Esus, “seigneur”. Il était un des membres de la fameuse triade mentionnée par Lucain et, au témoignage de plusieurs auteurs, son culte était le plus important en Gaule. Ses épithètes nous font deviner qu'il était un dieu généreux (Vellaunos, “le très bon”, Adsmerios, “le distributeur”) et fécondant (Magniacos, “qui fait prospérer”). Il régnait sur les chemins (Cimiacinos) (7) ? César affirme qu'il était le protecteur du commerce et l'inventeur des arts.

    Wodan 

    Le Mercure germanique est Wodan, dont le nom traduit celui du dieu romain dans angl., Wednesday ; néerl., Woensdag ; fr., Mercredi ; lat., Mercuri diem. Ce nom est parent du lat., vates, divin inspiré, et de l'all., Wut, fureur. L'inspiration, la divination sont en lui, comme chez les dieux du vent et chez les Muses, un aspect de l'impétuosité de son souffle. Wodan est un grand voyageur (Mercurius viator indefessus) et un conducteur d'âmes. Son cortège circule bruyamment dans le ciel pendant les nuits de tempête. Les éclairs nocturnes sont ses regards. Il est accompagné de deux loups et d'un cortège de corbeaux (les âmes). Comme Hermês, Wodan a un grand chapeau, que l'on interprète généralement comme représentant les nuages entourant les sommets avant un ouragan. Comme le dieu grec, il a aussi un bâton à la main. Il circule dans les airs sur un grand cheval blanc (ou noir), enveloppé dans un manteau noir. Comme Esus, il donne un vent favorable aux marins et protège le commerce. Wodan donne la richesse à ses adorateurs. D'autre part, il est le dieu de l'inspiration, de la poésie, de l'intelligence, celui qui connaît tous les secrets. Il accorde la fertilité aux champs, en raison de la croyance populaire allemande que “beau vent donne belle moisson”. Aux îles Feroë, on pense que Wodan, de son souffle, peut faire croître la moisson en une nuit (8). Comme les autres dieux du vent, il donne la victoire “à qui il lui plaît”.

    Wodan a remplacé graduellement en Germanie Ty, le dieu suprême, dans beaucoup de ses attributs. Il joue dans la lutte contre les géants le rôle de Zeus dans la Théogonie

    Prof. Albert Carnoy, Combat païen n°32, avril 1993. http://www.archiveseroe.eu

    (ex : Les Indo-Européens : Préhistoire des langues, des mœurs et des croyances de l'Europe, Vromant, Bruxelles, 1921, pp. 208-214)

    ♦ Notes :

    • 1) F. Krauss, Volksglaube der Süd-Slawen, p. 41.
    • 2) Louis de La Vallée-Poussin, Le védisme (1909), p. 100.
    • 3) Leopold von Schroeder, Arische Religion (1914).
    • 4) Théogonie, v. 425 à 445.
    • 5) Théogonie, v. 40-45.
    • 6) Çiva (autre nom de Rudra) s'appelle aussi Ganeça, “chef des troupes”, comme Apollon.
    • 7) Dottin, Manuel pour servir à l'étude de l'Antiquité celtique, 2ème éd., 1915, p. 304.
    • 8) Eugen Mogk, Germanische Mythologie (1907), éd. Göschen, p. 51.

    ♦ note en sus :

    * : « L'Hymne à Hécate, inséré dans l'œuvre attribuée à Hésiode, et qui est, on l'a dès longtemps remarqué, une interpolation orphique, témoigne de ce fait intéressant. D'après l'auteur de cet hymne, le domaine d'Hécate comprend à la fois la terre, la mer et le ciel étoilé : son pouvoir sans bornes s'étend à toutes les conditions et à toutes les fonctions de la vie humaine. Elle est donc une des grandes divinités de l'orphisme » (Mythologie de la Grèce antique, Paul Decharme, 1886, p. 140). Si Hécate est « la seule divinité de la Théogonie (...) en relation si directe avec les hommes » (Aurore Petrilli, « Trouver et nommer Hécate » , in Ephesia Grammatia n°2, 2008), il ne faudrait pourtant point négliger, selon Pietro Pucci, que ce passage parmi d'autres « vise plusieurs narrataires différents (...) Après les louanges à la déesse, le texte donne la liste de ceux qui reçoivent ses dons et tirent profit de sa bienveillance. Du vers 428 au vers 439, il s'agit seulement des nobles : les rois (basileis) que la déesse aide dans l'administration de la justice ou dans la guerre, les champions des agônes, et les chevaliers (hippeis) ; du vers 440 au vers 449, suit la liste des artisans et autres travailleurs : marins, pêcheurs, agriculteurs, éleveurs, etc. La distinction entre nobles et non nobles est précise et absolue, et l'accent de sincérité et de foi que les lecteurs décèlent dans cet “hymne” vient en partie de cet aspect tout à fait vivant de vraie prière, adressé pour et par des hommes réels » (« Auteur et destinataires dans les Travaux d'Hésiode », in : Le métier du mythe - Lectures d'Hésiode, Presses du Septentrion, 1996, p. 203). 

  • La fierté autrichienne arch 2010

    Après le déchaînement médiatique haineux qui s'est déclenché, les Autrichiens n'ont bien sûr, absolument pas tenu compte des pressions. Et ils ont raison. Les montagnards, peuples de l'enracinement ne se laissent jamais dicter leur loi.
    C'est une véritable gifle aux mondialistes, aux forces anti-souverainistes et aux commissaires de Bruxelles qui veulent maintenant dicter ce qu'il est permis de voter.
    Quel est donc ce petit pays qui résiste encore ? Comment le comprendre dans toute son historicité ?
    L'Autriche est le résidu germanophone et germanique de l'Empire austro-hongrois qui, immanquablement comme tout ce qui a disparu suscite la nostalgie, état d'âme qui donne de la spiritualité au souvenir. On imagine encore son armée composée d'uniformes à vestes blanches, bleues ou rouges avec des boutons d'or et des galons dorés.
    Il semble évident pour toute personne avertie que cet ensemble appartient totalement à l'ensemble germanique.
    D'ailleurs avant le démembrement de l'Empire, on appelait les habitants de l'Autriche actuelle, les Allemands d'Autriche ou les Autrichiens allemands. Cette coupure actuelle est donc artificielle et les forces alliées du capitalisme et du communisme, opposées au monde germain, à sa spiritualité et sa vision du monde, l'ont créé pour que les germains ne constituent pas un ensemble trop puissant au coeur de l'Europe. Il a donc fallu créer une Constitution (inspirée par l'étranger) qui empêche cette réunification.
    S'il fallait vraiment différencier l'Autriche du sud de l'Allemagne, on pourrait dire qu'il y souffle une influence italienne comme dans la musique de Mozart.
    Il faut être allé au Tyrol pour comprendre ce que cette phrase veut dire :
    « Que la montagne est belle ! », et aussi par la même occasion admirer les belles Tyroliennes d'Innsbrück. En allant à Vienne où existent encore les palais de l'Empire, lorsque l'on aura vu les chevaux blancs (lipizzans) de l'école espagnole, danser au son de la valse, on comprendra le raffinement que l'homme européen a pu atteindre.
    Mais l'Autriche n'est pas seulement un paysage qui sert de motif pour les boîtes de chocolats ou de bonbons avec ses clochers à bulbe et ses vaches à clochettes (et qui ronronnait depuis des décennies en étant géré par des sociaux-démocrates).
    Ce pays est sans aucun doute le coeur spirituel, culturel et même racial de l'Europe, ce qu'on peut généraliser à l'Allemagne du sud au sens large. Les Autrichiens sont essentiellement composés de Germains, de Celtes et de Slaves qui sont les descendants de l'Empire austro-hongrois, habitant surtout à Vienne. Oter l'Autriche de l'Europe, pays de Mozart, Strauss, Schubert, Schrödinger et Musil semble invraisemblable.
    Ceci a été proposé par l'Européen  africain et député européen Fodé Sylla, ce qui a pour le moins choqué Otto de Habsbourg, le descendant de la prestigieuse dynastie.
    On veut sans doute pour compenser faire entrer la Turquie...
    L'Autriche a souvent été accusée d'être la patrie du nazisme.
    Certaines explications ont été données. Les habitants de l'Autriche germanique se sont toujours sentis menacés du temps de l'Empire austro-hongrois par la pression démographique slave et des juifs nombreux de l'Est. Ceci peut-être une raison même si ce n'est évidemment pas la seule (peuple enraciné dans un paysage envoûtant composé de lacs, de montagnes et de forêts).
    Mais le nazisme a été essentiellement une attitude conflictuelle dans une situation de menace, idée que l'on retrouve chez Spengler dans le déclin de l'Occident. Tout centre d'un Empire finit par se sentir menacé par les populations de son Empire ou ex-Empire et finit par avoir peur de devenir la colonie de ses ex-colonies. Actuellement on retrouve cette menace venant de l'Est avec en plus, comme pour tous les pays européens, la menace du tiers-monde. Les Autrichiens sont donc les premiers Européens à se réveiller contre le nivellement et l'uniformisation qui sont les conséquences du libéralisme sous sa forme mondialisée. Ils s'opposent au dicktat de Bruxelles et aux lobbies mondialistes. Ils défendent crânement leur pays, leur façon d'être et ne veulent pas être remplacés par d'autres populations comme l'a par exemple récemment prôné un rapport de l'ONU (et que les Français ont accepté avec une jouissance mortifère).
    Cette attitude en annoncent d'autres pour les pays d'Europe. Et quel que soit le jugement qu'on peut avoir sur la personnalité d'Haïder et de ses successeurs.
    « GRÜSS GOTT HERR AÏDER »   AUSTRIAE EST IMPERARE ORBI UNIVERSO (A.E.I.0.U.)
    (il revient à l'Autriche de commander la terre entière).
    Alles Ordreich ist Osterreich Untertan
    Patrice GROS-SUAUDEAU Statisticien-économiste 

  • Répression policière : les Veilleurs debout traînés au sol ce soir place Beauvau

    Veill
    Comme hier :

    Et avant-hier :

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/