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  • L’antiracisme français sous perfusion mondialiste

    Créée par Georges Soros, l’Open Society Foundations possède un fonds pour mettre un frein à la xénophobie et à la montée des discriminations en Europe [1] . Selon elle, la hausse des attitudes racistes et discriminatoires en Europe serait favorisée par la crise économique. Parmi les exemples, sont évidemment mentionnés le racisme culturel, l’antisémitisme, l’afrophobie et l’islamophobie. Rien pour le Français de souche catholique, étrangement. Sans doute un oubli. Mais si la crise économique est la cause de cette xénophobie, ne serait-il pas plus judicieux de s’attaquer en priorité à ce problème ?

    Le « Fonds d’Open Society pour arrêter la xénophobie », lancé en 2011, se propose donc d’investir dans des projets ou programmes, voire dans des associations dans une limite de 30 % de leur budget, afin de lutter contre ces graves dérives totalitaires. Il s’agit avant tout de soutenir les organismes protecteurs des minorités, la majorité ayant en démocratie toujours tort, c’est bien connu. Par contre, il n’est jamais dit en quoi ces associations représentent réellement lesdites minorités. « Toute association fera l’objet d’une attention particulière, afin de s’assurer qu’elle n’adopte pas une approche « top-down » de la représentation des intérêts des minorités », nous précise l’aperçu du programme dans une novlangue indigeste.

    En France, le CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France) a par exemple reçu entre 5 000 et 20 000 euros pour une campagne en vue d’obtenir des réparations pour l’esclavage. Le Président de la République, en citant Aimé Césaire, leur a gentiment répondu que tout l’or du monde ne mettrait pas fin à cet outrage [2]. Fin de non-recevoir pour le CRAN. Même en matière d’antiracisme, il existe donc des différences de traitement. Ce qui est bon pour les uns ne l’est pas nécessairement pour les autres. L’association a aussi reçu entre 20 000 et 75 000 euros pour la création d’un baromètre des villes dans leur lutte contre le racisme.

    Autre antenne antiraciste financée par le fonds de l’Open Society Foundations : Les Indivisibles, association fondée par Rokhaya Diallo, young leader à la French American Foundation. On se souvient de son débat sur Arte face à Éric Zemmour au cours duquel elle a nié l’existence des races, semblant ainsi ignorer la différence entre race et espèce [3] . L’objet de cette association est explicite : « Les Indivisibles sont un groupe de militants dont le but est de déconstruire, notamment grâce à l’humour et l’ironie, les préjugés ethno-raciaux et en premier lieu, celui qui nie ou dévalorise l’identité française des Français non-blancs. » Subsides obtenus afin de développer ses outils de communication.

    Le Fonds d’Open Society pour arrêter la xénophobie a aussi financé un projet de la Cimade, dotée du slogan mielleux « L’humanité passe par l’autre », en vue de favoriser l’image des immigrés auprès des populations locales. Il s’est aussi intéressé à l’association Graines de France, qui a d’autres partenaires intéressants comme l’ambassade américaine, la Fondapol (think tank français libéral) ou encore Terra Nova [4] connu pour sa réflexion sur le vote bobo [5]. Il est à noter que Will Burns, un proche d’Obama, avait accepté en 2011 d’entrer au conseil d’administration de l’association [6].

    Promouvoir l’immigration massive en période de crise économique afin de faire pression à la baisse sur les salaires des nationaux permet à la fois de rester compétitif dans une économie ouverte, où tous les instruments souverains comme la monnaie ou le budget ont disparu, mais aussi de porter atteinte à la cohésion nationale. Soutenir l’antiracisme le plus primaire, visant à culpabiliser en permanence la population d’accueil, contribue à générer l’effet inverse, à savoir plus de racisme envers des allogènes refusant de s’assimiler au nom du droit à la différence. En clair, deux buts qui n’ont rien de philanthropiques malgré les beaux principes de façade. Rien d’étonnant : lorsque Georges Soros soutient un projet, la méfiance est de mise.

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • Quand Manuel Valls porte la burka…

    Il y en a qui portent des grillages devant les yeux et la bouche : cela s’appelle une burka et c’est interdit en France. Mais il y en a d’autres qui portent des grilles, comme les politiciens (Valls en particulier), qui déforment la réalité qu’ils voient et les mots qu’ils utilisent.

    Chez notre ministre de l’Intérieur, c’est pathétique : il y a la volonté affichée de parler vrai et de ne pas nier les évidences et, aussitôt après, la burka retombe sur le visage tandis que la langue de bois socialiste énonce ses préceptes habituels. Pas une fois le mot « émeutes », à propos de Trappes, dans la bouche du ministre, remplacé par le plus politiquement correct « violences urbaines ». Il n’y aurait eu que des « tensions ». Le calme serait revenu à la suite de la mise en place d’un dispositif exceptionnel. Les mots de « violences communautaires » seraient inappropriés. A suivi une invraisemblable tirade sur ces quartiers qui veulent « faire France », à travers une aspiration à se retrouver dans l’histoire, la langue et la culture de notre grand pays…

    Plus modeste, Benoît Hamon a tenu à dire que « tous les jours, on vivait normalement à Trappes ». Manque de chance, un auditeur d’Élancourt, une autre commune touchée par les émeutes, a justement rappelé que le quotidien, c’était la provocation permanente des niqabs dans les lieux publics afin de tester, avec une agressivité latente, la capacité de la République de faire respecter ses lois. Le quotidien, c’est aussi l’économie souterraine de la drogue. Le quotidien, c’est le remplacement de la population avec « les yeux grand fermés » sur l’immigration, comme l’a montré Michèle Tribalat.

    En Île-de-France, la population d’origine étrangère est passée de 16 à 37 % entre 1968 et 2005. À Grigny, 31 % des jeunes sont issus de l’immigration. Or, non seulement on se voile la face, mais on développe un discours qui rend l’assimilation impossible et l’intégration difficile. Comment peut-on parler de laïcité et ne pas manquer une occasion de mettre en avant les rites et les spécificités de l’islam au point de renforcer inutilement le sentiment d’appartenance communautaire et même de favoriser la conversion à une religion sous son aspect le plus extrémiste ? Comment réunir les habitants de notre pays dans le culte de notre histoire en pratiquant en permanence une absurde et injuste repentance ?

    Le résultat de cette cécité idéologique et de ce discours confus et mensonger, c’est que des policiers qui ont voulu, pour une fois, appliquer la loi se sont retrouvés assiégés dans leur commissariat, comme la cavalerie dans un fort du Far West, et n’ont pu être sauvés que par l’arrivée de renforts, tandis que biens publics et privés n’étaient plus protégés. Quant à Manuel Valls, il s’est interdit de commenter la décision de justice qui a remis en liberté, sous contrôle judiciaire, le « compagnon » de la femme voilée qui avait physiquement agressé des policiers…

    Christian Vanneste dans Boulevard Voltaire  http://fr.altermedia.info

  • Les contradictions de l’Union européenne face au Hezbollah

    En désignant la branche militaire du Hezbollah comme organisation terroriste, l’Union européenne manifeste son incompréhension de la Résistance libanaise, qui n’est pas et ne veut pas devenir un parti politique, même si elle participe au jeu politique libanais. Bruxelles exprime son allégeance au bloc anglo-saxon (incluant Israël) au détriment de ses propres principes.
    C’est avec trois jours de retard que le Conseil européen a publié son relevé de décision relatif à l’inscription de la branche militaire du Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes. Contrairement aux habitudes, la nouvelle avait déjà fait le tour de la terre et le Hezbollah y avait répondu.
    Le document officiel a été accompagné d’une déclaration commune du Conseil et de la Commission soulignant que cela « n’empêche pas la poursuite du dialogue avec l’ensemble des partis politiques du Liban et n’affecte pas la fourniture d’assistance à ce pays ». Ce commentaire vise à expliciter la distinction entre branches civile et militaire du Hezbollah qui permet à l’Union européenne de discuter avec la première tout en condamnant la seconde.
    Dans la même veine, l’ambassadrice de l’Union européenne, Angelina Eichhorst, est allée rendre visite à Beyrouth au responsable des relations internationales du Hezbollah, Ammar Moussaoui, pour lui dire que cette décision ne changeait rien à leurs relations.

    Le problème, c’est que cette décision n’a aucun sens.
    Masquer l’aspiration mystique du Hezbollah
    Par essence, le Hezbollah n’est pas un parti politique, mais un réseau de résistance à l’invasion israélienne, constitué par des familles chiites sur le modèle des basidjis iraniens dont il a adopté le drapeau. Progressivement, la Résistance a incorporé des non-chiites au sein d’une structure ad hoc, et s’est substitué à la défaillance de l’État libanais aussi bien pour venir en aide aux familles de ses blessés et martyrs que pour reconstruire le Sud du pays, entièrement rasé par l’aviation israélienne. Cette évolution l’a conduit à présenter des candidats aux élections et à participer au gouvernement.
    Son secrétaire général, sayyed Hassan Nasrallah, n’a cessé d’exprimer sa réticence face à la politique qui n’est pour lui qu’une activité corruptrice. Au contraire, il a saisi toutes les occasions pour réaffirmer son idéal de mourir en martyr sur le champ de bataille, comme son fils aîné Muhammad Hadi, suivant ainsi la voie tracée par l’imam Hussein lors de la bataille de Kerbala.
    Par essence, le Hezbollah est le fruit d’une démarche mystique et ne saurait être comparé à un parti politique européen. Ses soldats n’ont rien à gagner à se battre et ont leur vie à perdre. Ils se lancent dans la guerre parce que leur cause est juste et qu’elle est une occasion de sacrifice, c’est-à-dire de développement humain. C’était le sens de la révolution de l’ayatollah Rouhollah Khomeini et c’est le leur.
    Malgré l’ambiguïté que fait surgir la traduction de son nom, Hezbollah, en « Parti de Dieu », ce réseau n’est pas une formation politique et n’entend pas le devenir. Sa dénomination, extraite du Coran, figure sur son drapeau : « Quiconque prend pour alliés Dieu, Son messager et les croyants, [réussira] car c’est le parti de Dieu qui sera victorieux ». Il faut comprendre ici l’expression « parti de Dieu » au sens eschatologique : c’est en définitive Dieu qui triomphera du Mal à la fin des temps.
    Très étrangement, les Européens —qui majoritairement considèrent comme un acquis démocratique la séparation entre pouvoirs temporel et religieux—, reprochent donc au Hezbollah son essence spirituelle et veulent le « normaliser » en parti politique. Dans leur esprit, les résistants libanais ne sont pas concernés par la colonisation de la Palestine et de la Syrie. Ils feraient mieux de s’occuper de leur carrière politique que de risquer leur vie au combat.
    La décision du Conseil européen sera de peu de portée pratique. Elle consiste surtout à interdire aux membres de la « branche militaire » de voyager dans l’Union et gèle leurs avoirs bancaires : mais on ne voit pas pourquoi des clandestins luttant contre les puissances coloniales iraient ouvrir des comptes bancaire chez elles.
    Pourquoi donc ce remue-ménage ? L’inscription du Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes est une vieille revendication de Tel-Aviv, soutenue par l’Empire anglo-saxon. C’est un effort de communication visant à affirmer que les « Bons » sont les Israéliens et les « Mauvais » ceux qui refusent de se faire voler leur terre. Elle a été présentée par le président israélien Shimon Peres aux gouvernements de l’Union, puis au Parlement européen, le 12 mars dernier. Elle a été portée au Conseil européen par les ministres britannique et français des Affaires étrangères, William Hague et Laurent Fabius. Ils ont été rejoints par leurs collègues néerlandais et autrichiens, Frans Timmermans et Michael Spindelegger, après une forte mobilisation des sionistes états-uniens, dont l’ancien gouverneur de Californie, Arnold Schwarzeneger.

    Masquer l’échec israélien en Argentine
    Il y avait urgence pour les communicants israéliens à agir. En effet, depuis 1994, ils accusent le Hezbollah et l’Iran d’avoir fait sauter l’immeuble de la mutuelle juive de Buenos Aires, faisant 85 morts. Cette version des faits est présentée comme une certitude dans de nombreuses encyclopédies et manuels scolaires. Pourtant, la justice argentine l’a remise en cause depuis des années. En janvier 2013, l’Argentine et l’Iran ont créé une commission de juristes indépendants pour faire toute la lumière. D’ores et déjà, il apparaît que l’attentat était une machination ourdie par l’ancien ministre de l’Intérieur, l’israélo-argentin Vladimir Corach.
    Puisque cette affaire ne tient pas, Tel-Aviv a accusé le Hezbollah et l’Iran d’avoir fait sauter un autobus israélien en Bulgarie, faisant sept morts (dont un kamikaze), le 18 juillet 2012. Dans un premier temps, le gouvernement de centre-droit bulgare avait relayé l’accusation, avant d’être contredit par son successeur de centre-gauche. Peu importe, pour le Conseil européen, le Hezbollah est politiquement l’auteur d’un attentat sur le territoire de l’Union à défaut de l’être judiciairement.
    D’une manière générale, Israël accuse le Hezbollah d’avoir fomenté et parfois exécuté une vingtaine d’attentats contre des civils un peu partout dans le monde, en trente ans, ce que récuse la Résistance.
    La encore, très étrangement, les Européens — qui considèrent la présomption d’innocence comme un acquis démocratique — condamnent le suspect avant même qu’il ait été jugé, ni même mis en examen.

    Masquer l’échec européen en Syrie
    Sur le fond, il n’a échappé à personne que la vraie nouveauté dans ce dossier n’y figure pas : c’est l’intervention du Hezbollah dans la guerre en Syrie. Puisque nous trahissons notre engagement de renverser le président Bachar el-Assad, apportons au moins notre soutien aux « rebelles » en condamnant le Hezbollah, pense t-on à Bruxelles. C’est cet argument qui, semble t-il, a emporté la décision du Conseil européen. A contrario, cela montre l’incapacité des Britanniques et Français à peser plus longtemps sur un conflit qu’ils ont sciemment déclenché pour s’emparer de la Syrie en brandissant le drapeau de la colonisation, qui est devenu celui de l’Armée syrienne libre.
    Surtout cette condamnation a le mérite de clarifier les camps : d’un côté la résistance à l’oppression coloniale, de l’autre les puissances colonisatrices.
    Si l’attitude britannique n’est pas étonnante, le Royaume-Uni revendiquant son statut colonial, elle l’est plus en ce qui concerne la France qui a alterné dans on histoire des périodes révolutionnaires et impériales.
    Ainsi, la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, adoptée en 1789, énonce en son article 2 quatre droits fondamentaux, dont la « résistance à l’oppression ». C’est sur cette base qu’en 1940, Charles De Gaulle s’opposa à l’armistice entre la France et le Reich nazi, prenant la tête de la Résistance.
    A l’opposé, au cours des années 1880, Jules Ferry incarna l’expansion française voulue par une faction du patronat qui y prévoyait une bien meilleure rentabilité pour ses investissements qu’en France, dans la mesure où c’était le contribuable et non lui qui payait l’armée coloniale. Pour enrégimenter le pays, Ferry rendit l’école publique gratuite et obligatoire. Les instituteurs, appelés « hussards noirs de la République » devaient convaincre les jeunes gens de servir dans les troupes coloniales. Et c’est sous les auspices de Jules Ferry que l’actuel président français, François Hollande, a placé son quinquennat.
    Si la France moderne, c’est Charles De Gaulle, elle aurait pu être Philippe Pétain ; un maréchal raisonnable qui considérait la soumission au Reich victorieux d’autant plus souhaitable qu’il y voyait un moyen d’en finir avec l’héritage de 1789. Il est certainement trop tôt pour que les élites françaises le réhabilitent, mais condamner la Résistance libanaise, c’est condamner une seconde fois à mort Charles De Gaulle pour terrorisme.
    En définitive, les idéaux qui firent la gloire de la France sont aujourd’hui mieux défendus à Beyrouth qu’à Paris.

    Thierry Meyssan http://www.voxnr.com

  • Quelques pistes pour baisser la dépense publique

     

    Lue dans 4 vérités, la chronique politique de Guillaume de Thieulloy : 

     

    "Bien après la prise de conscience des Français, la classe politico-médiati - que a enfin admis, au dé - but des années 2000, que le niveau de dépense publique de la France, son taux d’imposition et sa dette publique étaient trop élevés. Pourtant, force est de constater que le diagnostic n’a aucun impact sur la politique. Bien au contraire, la dépense publique ne cesse d’augmenter en volume, comme en part du PIB. Elle est ainsi passée de 35 % du PIB au début des années 1960 (où la France n’était tout de même pas sous-administrée!) à 56,6 % en 2010 – dont à peine 5,6 % pour l’investissement! Sans être nécessairement des gestionnaires géniaux, nous sommes tous parfaitement capables de couper dans notre budget familial. Pourquoi donc des politiciens, très largement formés à l’ENA, donc formés à la gestion des finances publiques, sont-ils incapables d’en faire autant ? À mon sens, cela tient à trois raisons essentielles.

    Tout d’abord, ces gestionnaires semblent ignorer le fonctionnement de l’économie. Oh, bien sûr, aucun politicien ne croit que l’argent pousse sur les arbres. Mais très peu savent comment « il pousse ». Regardez comment les socialistes nous ont « vendu » les 35 heures. Tout se passait comme si, dans leur esprit, le marché du travail était un gâteau de taille donnée. Auquel cas, évidemment, si la part de certains se réduisait, la part des autres pouvait augmenter. Le problème, c’est que les choses se passent tout différemment. L’économie étudie des réalités dynamiques. En l’occurrence, plus chacun travaille, plus il accumule de capital, donc plus il peut investir et créer d’emplois. Bastiat avait attiré l’attention sur le fait qu’il y avait, en économie, ce que l’on voyait et ce que l’on ne voyait pas. Un « emploi jeune » créé, cela se voit (et c’est bon pour l’élection !). Mais, sauf cas exceptionnel, cet emploi jeune détruit au moins un emploi dans le secteur marchand. Et cela ne se voit pas…

    Pour lutter contre cette première raison, il n’existe qu’une seule solution : diversifier le recrutement des politiciens et, notamment, y accueillir des entrepreneurs. Pour cela, le plus simple est d’empêcher le quasi-monopole de la fonction publique. Par exemple, en imposant aux fonctionnaires de démissionner de leur corps d’origine, au moins lorsqu’ils sont élus, et peut-être même lorsqu’ils se présentent.

    Deuxième raison, les politiciens pensent, plus ou moins consciemment, que l’argent public est illimité et que, par conséquent, on peut toujours compenser un surcoût du travail privé par une dépense publique. Il est certainement vrai, dans le cas général, qu’un État est, pour les créanciers, un débiteur d’une autre nature qu’un particulier, puisqu’il peut garantir sa dette par sa faculté à augmenter les impôts. Mais cette possibilité même n’est pas illimitée et il arrive un niveau où les créanciers commencent à s’inquiéter de l’inexistence d’une économie réelle… et aussi d’un mépris du droit de propriété. Comment prêter à un État qui considère que les richesses de ses nationaux lui appartiennent ? N’aura-t-il pas le même réflexe à l’égard des banquiers pour annuler sa dette ? Or, la France est désormais dans cette situation : il est devenu impossible de lui faire confiance, puisqu’elle viole le droit de propriété et renie sa parole fiscale très fréquemment. Pour répondre à ce deuxième motif de la hausse des dépenses publiques, il faudrait élever le niveau de la moralité publique. En particulier, il est ahurissant que des personnes condamnées par la justice puissent se représenter… et être réélues. Et il est inconcevable que l’État puisse promulguer des lois rétroactives et spoliatrices. Le niveau de dépense publique ne devrait pas pouvoir dé - passer 30 % du PIB (c’est déjà énorme!) et une réforme fiscale ne devrait pas pouvoir s’appliquer à un produit déjà existant (si le gouvernement décide de réformer la fiscalité de l’assurance-vie, cela ne devrait concerner que les assurances-vie à ouvrir et non les existantes).

    La troisième raison de la hausse des dépenses publiques est la plus grave : elle tient à la nature même du régime électif. Un homme politique cherche à être élu et un élu cherche à être réélu. Pour cela, il flatte les passions de ses électeurs. D’où la démagogie et le clientélisme que l’on constate à tous les niveaux de l’administration… Ici, je ne vois que quelques solutions simples – et maintes fois proposées dans nos colonnes –, à commencer par la prohibition de toute subvention publique à quelque organisme que ce soit (compensée par une très large défiscalisation des dons à toute organisation)".

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Réinventer l'Occident (H. El Karoui)

    Le parcours personnel d'Hakim El Karoui le désigne d'emblée comme un homme du sérail. Normalien, fils de la responsable du Master d'analyse financière à Dauphine, fondateur du club du XXIème siècle (dont le but était de promouvoir la diversité au sein des classes dirigeantes et dont fut notamment issue Rachida Dati), ancien professeur d'université devenu banquier d'affaires chez Rothschild, plume de Raffarin, c'est un homme connaissant les arcanes du pouvoir – même s'il en est temporairement écarté, après la tentative infructueuse qu'il mena avec Emmanuel Todd sous le gouvernement Villepin pour promouvoir le patriotisme économique.

    Cette appartenance au système des élites ne l'a pas empêché de prendre, dès 2006, une position originale (à cette époque) en faveur du protectionnisme économique. En 2007, il appelait à voter au second tour pour Ségolène Royal dans les tribunes du Monde, consommant sa rupture avec le camp sarkozyste, coupable à ses yeux de « dérives identitaires ». L'ouvrage « Réinventer l'Occident » permet donc d'appréhender le constat d'un homme de l'intérieur du système, demeurant  lucide quant aux retombées des politiques libérales, et aux conséquences de l'érosion de la Nation, dont il se veut le défenseur (à l'image de Todd).

    L'ouvrage marque tout d'abord une évolution. Alors que le premier essai d'Hakim el Karoui portait avant tout sur la France (« L'avenir d'une exception en 2006 »), celui-ci traite de l'Occident dans son ensemble; défini comme une réalité géographique (Europe et USA comme centres et Amérique latine, Russie comme périphéries), une altérité par rapport aux autres civilisations (notamment l'Orient), une histoire et une réalité idéologique (liberté individuelle, démocratie, etc...).

    El Karoui dresse un constat sans appel de la situation actuelle occidentale : L’Occident serait passé en quelques années d'une crise de superpuissance (dont l'invasion en Irak fut l'apogée) à une crise d'impuissance (dont la crise de 2008 serait l'un des symptômes).

    Dans le premier chapitre (La désoccidentalisation du monde), El Karoui indique que l'Occident est en train de se vider de lui-même. Cette anomie lui semble se déployer dans trois domaines:

    -Politique : pour El-Karoui, l'anomie y est provoquée par l'abandon des élites du cadre de la Nation alors que l'échelon national sert toujours de référence pour les populations.

    -Economie : L'anomie y provient d'une crise de la demande globale conjuguée à la perte de l'avance économique. Selon El Karoui, la situation de la Grèce, où une faible croissance dans un contexte de hausse des déficits publics ne peut constituer que l'amorce d'une récession sans fin, est donc appelée à se généraliser. Il considère en outre qu'une bipolarisation durable du marché du travail (entre les emplois protégés des insiders et les autres) est inévitable. Les énergies renouvelables et le développement durable ne seront pas capables de compenser ces évolutions défavorables.

    -Identité : L'éducation est ici pour l'auteur la cause  principale de l'anomie (en ceci, il reprend le schéma de pensée de Todd, en ne prenant pas en compte l'impact éventuel de l'immigration ou de la montée de l'individualisme). L'Occident a perdu les trois monopoles sur lesquels il avait bâti sa domination (histoire, instruction et avenir). L’auteur note ainsi que 39% des étudiants chinois choisissent des matières scientifiques contre seulement 5% des étudiants américains.

    El Karoui conclut donc que l'ensemble des anomies de l'Occident sont le résultat d'évolutions internes plutôt que de facteurs externes.

    Dans le deuxième chapitre, intitulé « Les musulmans ne sont pas coupables », il met en garde contre la désignation de l'islam comme ennemi de l'Occident pour masquer nos faiblesses internes, tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur.

    Sur le plan intérieur, il estime que c'est justement parce que les musulmans sont en train d'être assimilés que les enfants maghrébins suscitent de la haine, à l'image de l'affaire Dreyfus qui aurait éclaté lorsque les Juifs étaient en voie d'assimilation. Cette analyse se limite cependant uniquement aux Maghrébins et n'évoque jamais les populations arrivées plus tardivement, notamment d'Afrique noire, dans un contexte où la politique d'assimilation était en recul, et qui sont moins bien intégrées. Sa position, qui s'appuie sur des statistiques évidemment parcellaires et anciennes, demeure optimiste, et elle est sans doute très contestée au sein même de l'institution universitaire.

    Sur le plan extérieur, El-Karoui présente l'islam comme une religion en pleine crise de transition, même si celle-ci fut amorcée avec retard par rapport à l'Occident. Il récuse donc le choc des civilisations pour proposer l'expression de « choc des temporalités ». Cette approche est séduisante, même si elle repose sur une vision progressiste un peu naïve de l'histoire, assez répandue dans son milieu. Cette croyance dans le caractère unidirectionnel de la marche de l'histoire qui irait de la tradition (fermée) à la modernité (ouverte) transparaît par exemple lorsqu'il analyse un film du Maghreb qui incarnerait pour lui la modernité car il est « universel et global ».

    Afin de vaincre les présupposés à l'encontre de l'islam, El Karoui propose enfin la mise en place d'une « CECA migratoire », pour renforcer les migrations circulatoires, permettant d'éviter l'établissement des immigrés sur la durée, établissement synonyme de crispations au sein des sociétés d'accueil.

    Dans le troisième chapitre, intitulé l'aveuglement occidental face à la Chine, El Karoui témoigne de l'inquiétude grandissante des élites occidentales face à la montée de ce  pays, même s'il se montre circonspect quant à ses capacités de s'imposer comme leader de la société internationale. Récusant les théories des économistes libéraux, il démontre que la Chine se comporte absolument à l'inverse de ce que supposerait le schéma ricardien des avantages comparatifs. Elle présente trois anomalies par rapport à ce modèle : elle a connu une montée très rapide dans le haut de gamme, elle a maintenu artificiellement la faiblesse de sa demande intérieure, et elle a consolidé un protectionnisme économique par rapport aux importations occidentales.

    Pour El Karoui, la clef de la réussite de la Chine vient de son non respect de la doxa libérale qui lui permettrait d'éviter les déboires rencontrés par le Japon au début des années 90. Ceux-ci étaient en effet dus à une surévaluation du yen et à une forte inflation. Au contraire, les dirigeants chinois laissent perdurer de manière autoritaire la sous-évaluation de leur monnaie et restreignent l'inflation salariale.

    Dans le quatrième chapitre, El Karoui estime que « L'Asie n'est pas l'avenir de l'Occident ». Ce constat est renforcé par l'analyse des thèses de l'économiste Yu Yongding, actuellement très en cour à Pékin. Celui-ci remet en cause le modèle d'exportations comme moteur indispensable du développement chinois. L'avenir de la Chine ne serait donc pas à l'ouverture mais à la fermeture. Cette tendance commença d'ailleurs à se dessiner lors du plan de relance chinois mis en place pour répondre à la crise de 2008, où les entreprises occidentales furent systématiquement exclues au profit de concurrentes chinoises.

    En parallèle à cette fermeture aux exportations occidentales, la Chine cessera certainement selon El Karoui de financer l'Occident aussi largement qu'elle le fit au cours des années 2000. Ces deux facteurs laissent donc accroire que l'Occident ne profitera que faiblement de la croissance asiatique annoncée.

    El Karoui semble cependant penser que le futur de la Chine ne correspondra pas aux prévisions optimistes actuelles. Il évoque  la bulle spéculative s'y développant, et qu'il compare au modèle de Dubaï qui fit faillite en 2009. Pour l'Occident, une trop grande dépendance à l'égard de la Chine comporte donc le risque d'être entraîné dans d’éventuelles difficultés économiques additionnelles. Il est tentant d'établir un parallèle avec la transmission de la crise américaine à l'ensemble du monde en 2008...

    Sur le plan politique, l'auteur rappelle que l'idéal chinois est celui d'un monde fermé plutôt que d'un monde universel, ce dont témoigne l'érection progressive d'une « grande muraille à l'envers » en Mer de Chine, afin de constituer un glacis face à l'influence occidentale. Cette politique est d'ailleurs assez différente de celle du Japon, qui vise à constituer une zone d'influence en Asie du Sud-Est. Il semble donc illusoire de compter sur la Chine pour gérer les affaires du monde en collaboration avec les autres puissances. Elle agira en fonction de ses intérêts nationaux (analyse d’El Karoui, qui semble donc partir du principe que les USA, eux, n’agissent pas en fonction de leurs propres intérêts…).

    Enfin, le cinquième chapitre propose des pistes afin de « réinventer l'Occident ».Deux pistes principales apparaissent : une réflexion sur l’identité, une réflexion sur l’économie.

    Sur le plan de l'identité, Hakim el Karoui pose le principe selon lequel la Nation ne viendrait pas du fond des âges. Pour lui, il s'agit d'un plébiscite de tous les jours (il appuie sa démonstration sur une analyse partielle du célébrissime discours sur la Nation de Renan), et d'une invention de tous les jours. Il avance ainsi l'idée qu'il faut cesser de mettre en avant la transmission, et privilégier plutôt l'invention, pour tout ce qui touche aux valeurs et cultures nationales. Ainsi, dit-il, la nation permettra-t-elle d'atteindre une universalité métisse, propice à refonder un « lien collectif souple à l'image du PACS », comme l'appelle de ses vœux le sociologue François de Singly. Cette Nation recomposée permettrait l'émergence d'un véritable individualisme relationnel.

    Ce développement a du mal à remporter l'adhésion, notamment à la lumière de l'analyse du retour de la Chine sur l'arène internationale à laquelle s'était livrée El Karoui au chapitre précédent. Il y avait en effet démontré que c'était le retour aux vertus traditionnelles du confucianisme, légèrement réinterprétées selon les exigences de la modernité, qui avait permis aux Chinois de retrouver leur fierté millénaire. Or, le projet d'El Karoui pour la Nation occidentale repose justement sur le rejet de la tradition occidentale, qui menacerait d'enfermer les individus dans une mono-identité alors que l'identité est selon lui par définition plurielle. Alors, vérité en Chine, mensonge en Occident ?

    Sur le plan économique, la solution prônée par El Karoui demeure le protectionnisme raisonné, qu'il décrit comme une écluse. C'est un protectionnisme qui ne pourrait cependant se déployer qu'à l'échelle supra-nationale (européenne), notamment afin de réduire les risques de constitution de rentes, traditionnellement dénoncées par les économistes libéraux quand une telle mesure est évoquée. Si l'idée protectionniste est séduisante de prime abord, El Karoui ne répond qu'imparfaitement à deux problèmes qu'elle soulève :

    Au-delà de la question de la constitution des rentes (qui relève du choix politique), le vrai désavantage du protectionnisme vient plutôt du risque de décrochage technologique qu'il peut induire, selon les études empiriques d'économistes libéraux. Or, en admettant que le protectionnisme se mette en place dans le cadre européen dans un contexte où l'Asie est déjà en train de prendre l'avantage technologique, un tel décrochage est susceptible de s'en trouver accéléré.  La question peu paraître assez théorique de prime abord, puisque le décrochage semble déjà en cours dans de nombreux domaines (notamment les énergies renouvelables). En fait, elle révèle une faiblesse de l'argumentation d'El-Karoui, selon lequel il ne peut exister de protectionnisme qu'européen, au nom du maintien de la compétitivité internationale.

    Un présupposé internationaliste, assez révélateur de l'état d'esprit des élites, innerve donc la démonstration. Il semble d'ailleurs s'être accentué par rapport à l'essai précédent datant de 2006, du même auteur. Alors qu'il y détaillait un moyen de mettre en place un protectionnisme européen par la collaboration entre la France et l'Allemagne en tant que Nations, il préconise en 2010 une solution beaucoup plus « atlantiste » : pour convaincre l'Allemagne de l’intérêt du protectionnisme (vaste programme!), il faut selon lui d'abord gagner la bataille des idées en se servant d'institutions scientifiques américaines de renom. Alors que la France de 2006 était présentée comme maîtresse de son destin par la négociation, celle de 2010 semble avoir besoin d'une courroie de transmission américaine pour influencer l'Allemagne...

    La deuxième faiblesse de la solution protectionniste est donc d'ordre politique : dans le contexte actuel, la majorité des élites ont tout à perdre de mesures allant dans ce sens. Certes, El Karoui exhorte les élites allemandes mercantilistes de s'y rallier au nom de « la morale », mais cela risque de ne pas être suffisant.

    Enfin, sur le plan politique, El-Karoui estime vital l'invention d'un intérêt général européen, prélude à la formation d'une identité européenne. Il voit dans le protectionnisme l'outil pour faire émerger cette notion d’intérêt général européen, d'abord au niveau français, grâce à une campagne présidentielle portant sur la question de l'Europe. Cette proposition recoupe un discours de plus en plus répandu parmi les intellectuels de l'élite française, qui annoncent une campagne présidentielle de 2012 axée sur l'Europe (on peut penser à Jacques Sapir qui exhortait il y a déjà un an les politiques à se saisir pour la prochaine présidentielle du thème du protectionnisme européen, afin d'éviter de laisser le champ libre au Front National dans ce domaine). Mais là encore, il n'est pas certain que la volonté politique puisse l'emporter sur les logiques antérieures de la construction européenne…

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  • Monarchie et royalisme

     

    Par Aristide Leucate *

    Souvent pris l’un pour l’autre et vice et versa, monarchie et royalisme recouvrent des acceptions pourtant bien différentes, qui peuvent confluer dans le même sens lorsqu’on les conjugue ensemble. C’est l’objectif de cet article que d’en explorer les principes et les fins.

     

    La légitimité monarchique

    La monarchie est un régime politique dans lequel le pouvoir est confié et éventuellement exercé par un seul titulaire, conformément à son étymologie grecque. Le royalisme serait plutôt l’application politique de la monarchie entendue alors comme un système reposant sur l’institution royale, le roi en devenant alors la clé de voûte. Monarchie et royalisme sont indissociables (voir ci-dessous) si l’on veut que l’idée royaliste s’incarne dans le monarque. Les deux Napoléon étaient des monarques, sans pour autant que l’on qualifiât leurs régimes de royauté. D’une part, se démarquant de l’institution royale de l’Ancien régime, ils portaient le titre d’empereur, tandis que, d’autre part, leur légitimité politique prenait sa source dans un coup d’Etat, au contraire de nos rois, « oints du Seigneur », pour reprendre une ancienne expression attribuée, en l’occurrence, à l’abbé Suger qui la tirait de l’Ecriture Sainte.

    Toutefois, cette question de la légitimité royale de droit divin ne peut singulariser, à elle seule, la monarchie royale française. Il semble bien que la légitimité politique de nos anciens rois se trouve dans le cœur des lois fondamentales du royaume de France. Coutumières par essence, ces lois constituent un statut d’Etat imposé par le peuple au roi et n’établissent nullement un contrat entre gouvernants et gouvernés. Comme le rappelle l’historien Roland Mousnier, « la dévolution de la Couronne s’opère par la seule force de la coutume qui s’impose au roi » (Les institutions de la France sous la monarchie absolue, PUF, 2005). Premier serviteur du peuple ainsi qu’il le reconnaît par le serment qu’il prête devant ce dernier, il est également uni à lui par un lien indissoluble qu’un légiste comme Guy Coquille définissait comme « le corps politique et mystique dont la liaison est inséparable et une partie [du peuple] ne peut en souffrir, que l’autre partie n’en éprouve semblable douleur ». L’onction prend simplement acte de la personne sacrée du roi, alors que les lois fondamentales en régissent les attributs qui fondent sa légitimité. D’abord le royaume se confère à des mâles appelés à la succession par ordre de primogéniture. Ensuite, le double serment du sacre devant l’Eglise et devant le peuple marque l’engagement du roi de les conserver tous deux. La loi de majorité vient en outre compléter celle de l’hérédité dynastique qui exprime la continuité de l’Etat : « ce n’est plus le sacre qui fait le roi, mais la seule vocation héréditaire décidée par la coutume » souligne encore Roland Mousnier. Viennent enfin parachever l’ensemble, les règles d’inaliénabilité du domaine de la Couronne (on parlerait aujourd’hui du domaine public) et de catholicité.

    De gauche à droite : Henri VII, le dauphin Jean, son fils le prince Gaston, devant un buste de Henri VI (Photo La Couronne)

    La monarchie sans le roi

    Bien que ne pouvant se réclamer de la même légitimité, le concept de « monarque républicain » selon la Constitution gaullienne du 4 octobre 1958 n’a rien d’oxymorique si l’on considère que la réalité du pouvoir est, sinon concentrée entre les mains d’un seul (ce qui nous rapprocherait du régime présidentiel états-unien), du moins sublimée par la fonction d’arbitrage du président de la République, fonction royale par excellence. Empruntée au juriste Maurice Duverger, la formule connut des évolutions à la fois sémantiques et juridiques, le jurisconsulte ayant, dans une étude publiée à la revue Pouvoirs (n°78, 1996, p.107), pluralisé cette notion au point d’y introduire des subtilités qui l’éloignent peut-être de sa version initiale.

    Ainsi, la France aurait-elle toujours été, au fond, un régime semi-présidentiel, les trois expériences cohabitationnistes ayant entrainé une capitis diminutio de la fonction présidentielle à l’entier bénéfice du Premier ministre durant ces périodes contra legem. Dans les démocraties contemporaines, la définition « pure » du monarque républicain se retrouverait, sans conteste, dans le présidentialisme nord-américain, les régimes européens oscillant entre un semi-parlementarisme avec un chef de gouvernement élu, comme en Grande-Bretagne ou en Allemagne et un parlementarisme semi-présidentiel (hors périodes de cohabitation) à la française, voire un parlementarisme à géométrie variable, à l’instar de l’Italie. Un sort particulier doit être fait aux « présidentialismes » latino-américains et africains qui bien que formellement monarchistes, ne sont (et ne furent) ni totalement républicains, ni impériaux ou royaux (l’unique expérience, caricaturale en ce domaine, fut la Centrafrique avec l’empereur Bokassa), certains versant même dans la tyrannie, le monarque se transformant du même coup en autocrate.

    Henri VII (Photo La Couronne)

    Le royalisme comme doctrine

    On l’aura compris, la « monarchie républicaine », à l’instar de la monarchie napoléonienne (encore que la première ressortisse davantage du succédané constitutionnel et de la métaphore politique) ont évolué en toute autonomie par rapport au royalisme. C’est aux fondateurs de l’Action française, à commencer par Charles Maurras lui-même, que d’avoir fait accéder le royalisme au rang de véritable doctrine politique en intégrant les réflexions des contre-révolutionnaires. Portant à son plus haut degré théorique l’imbrication nécessaire de la monarchie et du royalisme, il signifiait ainsi que l’institution n’était rien sans l’idée royale. D’ailleurs, historiquement, la « vocation monarchique de la France », selon le titre de l’ouvrage éponyme de Pierre Ordioni (Grasset, 1938) a toujours essentiellement résidé dans cette alliance entre l’autorité monarchique et le principe royal, l’une et l’autre cimentés par une commune légitimité politique et concourant à la res publica.

    Toutefois, l’une et l’autre ne se confondent pas, même s’ils se rejoignent harmonieusement. L’institution monarchique est, par définition, pérenne et stable, quand l’idée royale est évolutive et contingente de la personne même du roi, comme des événements et des circonstances. Dans sa célèbre Enquête sur la monarchie, Charles Maurras, mettant l’accent sur l’institution qu’il pensait de « salut public, proposait une définition syncrétique de la monarchie royale entendue comme « traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée », même si, au dire d’Arnaud Guyot-Jeannin, « dans les faits, il a défendu historiquement la monarchie moderne, absolue, nationale, centralisée de Philippe Le Bel et de Louis XIV ». Quoi qu’il en soit, cette approche normative (d’aucuns diraient positiviste) du Martégal est à relier avec son nationalisme intégral qui contient l’essence du royalisme d’Action française et dont la méthode dite de l’empirisme organisateur doit se comprendre comme une heuristique politique. Ainsi, d’une part, le royalisme de Maurras se veut avant tout anthropologique dans la mesure où il se fonde sur les principes de la politique naturelle, tels que remarquablement exposés en préface de Mes idées politiques. D’autre part, partant du constat des effets délétères d’un régime républicain dont les causes historiques et idéologiques ne le sont pas moins, il estime que la restauration monarchique telle qu’il l’appelle de ses vœux, est seule à même de redonner à la France sa « constitution naturelle ». C’est dire que l’idée royale est étroitement dépendante de l’histoire, de la sociologie, voire de la géographie et qu’elle n’est pas exportable en bloc d’un pays à un autre. C’est le grand mérite de Maurras et de l’Action française que de n’avoir pas prétendu à l’universalisation ou à l’expansionnisme d’une doctrine proprement hexagonale, quand bien même aurait-elle pu inspirer ou essaimer au-delà de nos frontières (cf. l’excellent ouvrage collectif dirigé par Olivier Dard et Michel Grunewald, Charles Maurras et l’étranger, l’étranger et Charles Maurras : l’Action française - culture, politique, société II, Volume 2, Peter Lang, 2009). Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà…

    Le roi d’abord !

    Si le royalisme d’Action française, de la politique naturelle au nationalisme intégral, démontre inlassablement l’inanité du régime démocratique, il ne fait, néanmoins, que dresser un état des lieux en se bornant principalement à poser le bon diagnostic. En d’autres termes, et c’est une des raisons principales pour lesquelles il ne peut logiquement exister de « parti » royaliste (outre le fait qu’un tel parti s’inscrirait simultanément dans un jeu républicain, dont il condamne ipso facto la philosophie ; cf. notre article sur le royalisme de gauche), le royalisme n’est pas un dessein à visée programmatique. Le « marketing » politique du royalisme se heurte à une limite qui ne sera franchie que le jour où le roi recouvrera son trône. Ayons le roi, le royalisme suivra. « Vendre » l’idée de la restauration monarchique ne peut se confondre avec la démarche d’un candidat qui s’évertuerait à convaincre ses électeurs de la pertinence de son programme électoral. Amener progressivement les Français au Roi consiste surtout à leur faire prendre conscience que la démocratie est loin d’être le meilleur des régimes à l’exception de tous les autres, selon une formule idiote et éculée. Pour ce faire, les royalistes doivent éviter l’écueil de la nostalgie contre-révolutionnaire autant que celui de la description fantasmée de lendemains royaux qui chantent. En prise directe avec les réalités du terrain, les royalistes doivent susciter, par une habile maïeutique, l’envie du roi, c’est-à-dire remonter à la longue mémoire de nos pères qui avaient « ordonné et estably ung roy…par la voulenté et ordonnance du peuple ». Ejus natio, ejus regio, pourrait-on dire, tant la monarchie est aussi consubstantiellement nécessaire à la France que le cœur à l’organisme.

    aleucate@yahoo.fr

    Aristide Leucate est rédacteur à L’Action Française

    http://www.actionfrancaise.net

  • Le Hamas reconsidère ses alliances après la chute de Morsi

     

    Le Hamas reconsidère ses alliances après la chute de MorsiIl est désormais clair que le Hamas est en train de reconsidérer ses alliances, après s'être éloigné aussi bien de l'Iran que du Hezbollah, suite au déclenchement de la crise syrienne.
    Responsable du Hamas, Ahmad Youssef a révélé à la presse que son mouvement a eu des entretiens avec le Hezbollah et l'Iran pour abonnir leur relation. Youssef a déclaré que deux dirigeants du Hamas de premier plan ont rencontré des responsables iraniens à Beyrouth en présence de représentants du Hezbollah, et évoqué les relations stratégiques entre le mouvement et l'Iran.
    Ces nouvelles ont suscité beaucoup de supputations.
    "Les deux parties ont reconnu que leur ennemi commun n'est autre qu'Israël, sachant que chaque partie comprend les différences de position de l'autre", "en particulier quand il s'agit de la situation en Syrie." Il a nié que l'amélioration des relations entre Hamas et de l'Iran était de quelque façon liée à l'évolution récente de l'Egypte.
    Un témoin attentif de ces discussions a expliqué que les premières tentatives de réconciliation - après la fois la montée en puissance des Frères musulmans en Egypte comme en Tunisie et l'émergence de fortes divergences sur la crise syrienne - avaient échoué, en raison des vues d'une faction importante au sein du Hamas qui faisait un autre choix en matière d'assistance, à la fois politique et financier.
    La même source a ajouté que, pendant un très court laps de temps, il était devenu clair que les nouvelles sources d'aide se situaient en deçà des attentes. Plus grave, l'Iran avait simplement à l'époque diversifié son aide pour désunir différentes factions de la résistance à Gaza, comme le Jihad islamique, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), et un groupe armé affilié au Fatah.
    Des sources ont aussi souligné que tandis que le Hamas a insisté sur leurs divergences sur la crise syrienne, de l'autre côté il a été fait part des préoccupations au sujet de l'implication croissante du mouvement palestinien dans la montée de la Fraternité, entraînant donc une relâchement du groupe quant à son activité de résistance, ce de façon à aider les mouvements islamistes à consolider leur pouvoir.
    Il y a quelques semaines - après que l'aile militaire du Hamas ait averti des pénuries d'approvisionnement - une délégation du mouvement dirigée par Moussa Abou Marzouq venue au Liban, a participé à des réunions privées à l'ambassade d'Iran avec les responsables du Hezbollah.
    Les réunions ont donné les résultats suivants qui sont largement positifs:
    1) Reprise de l'aide financière iranienne au Hamas, même si le montant est moindre moins que celui d'avant la crise.
    2) Ouverture de canaux directs de communication entre le Hamas et le Hezbollah, en particulier sur la question de préserver les camps de réfugiés palestiniens de l'opposition entre sunnites et chiites, facteur de tensions au Liban
    3) Préparation d'une réunion entre dirigeants du Hezbollah et du Hamas, suite à la plainte de ce dernier que le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah n'avait pas reçu une délégation du Hamas de haut niveau pendant un certain temps.
    Traduit de l'anglais par la rédaction.
  • Foutage de gueule au Mali

     Dans Minute :

    "L'’élection présidentielle a donc eu lieu au Mali à la date fixée par François Hollande. Et tout s’est très très très bien déroulé, dixit Jean-Marc Ayrault, qui, depuis la Malaisie, s’est « félicité que les élections au Mali se soient passées dans de bonnes conditions » et que « le processus démocratique ait été respecté ». « Pour la France, a enchaîné le premier ministre, c’est un grand succès. Pour l’image de la France dans le monde aussi, c’est un plus considérable, qui a été perçu dans le monde entier. »

    La preuve, est-on tenté d’ajouter, c’est le candidat choisi par le pouvoir en place et par la France, Ibrahim Boubakar Keita, qui a gagné… Le succès de ce scrutin a été tel qu’on note étrangement de fortes disparités dans les taux de participation : très forte mobilisation dans la région de Bamako, la capitale, qui est « sous contrôle », et participation quasi inexistante à Kidal, au nord-est du pays, de l’ordre de 12 %. Dans ce bastion touareg, entre les morts, les exilés et les habitants terrés chez eux par peur des représailles que mènent les partisans du régime, il ne restait pas grand monde pour aller aux urnes.

    A la terreur des jihadistes, qui se sont retirés pour mieux revenir quand la France sera partie, a succédé en effet une terreur « loyaliste » qui n’a rien à lui envier. Au jour de l’élection, le 28 juillet, il restait au moins 200 000 réfugiés maliens dans les pays limitrophes ! Et près de 400 000 Maliens « déplacés » à l’intérieur du pays, qui n’ont pas pu voter non plus.

    La palme du « foutage de gueule » revient à Tiéman Coulibaly, ministre malien des Affaires étrangères, qui, tranquillou, avait assuré : « Les élections seront crédibles et transparentes dans les conditions qui sont les nôtres » ! Quand un ministre africain s’essaye à la langue de bois, c’est juste magique ! En France, où résident 200 000 Maliens – une paille… –, ceux qui ont pu voter ont eu beaucoup de chance. Les cartes d’électeurs n’étaient pas arrivées – au Mali non plus… –, les listes d’inscrits confondaient nom et prénom – et n’étaient pas classées par ordre alphabétique ! –, les urnes avaient été oubliées, le bureau de vote avait changé de place, etc.

    Pour l’anecdote, l’AFP rapporte le cas caricatural d’un Malien rencontré en banlieue parisienne et qui venait de voir le nom de sa tante sur une liste électorale : « Comment ça se fait, elle vit au Mali ! Et moi qui suis ici, je ne peux pas voter ! » Comme disait Ibrahim Boubakar Keita à deux jours du scrutin : « J’ai rarement senti une telle fusion avec le peuple du Mali, une telle communion. » Comme il se prend pour De Gaulle, on souhaite bien du plaisir aux Maliens…"

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