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  • Aide médicale aux étrangers: la facture explose

    INFOGRAPHIE - Les dépenses prévues en 2013 dépasseront les 800 millions d'euros, en hausse de 16,4 %, selon un rapport parlementaire qui appelle à tout réformer.

     

    Des dépenses de santé pour les étrangers les plus démunis, chaque jour plus nombreux, qui cheminent vers le milliard d'euros annuel. «Le système actuel de l'aide médicale de l'État (AME) est totalement à bout de souffle. Des adaptations marginales ne suffiront pas ; il convient de repenser globalement le dispositif en s'interrogeant sur sa philosophie même.» Connu pour son franc-parler, le député UMP de Paris, Claude Goasguen, jette un sérieux pavé dans la mare au détour de son rapport sur le projet de loi de finances pour 2014 relatif à la santé. Ce document, dont Le Figaro a eu connaissance, décrit notamment la folle dérive de l'AME accordée aux personnes étrangères résidant en France depuis plus de trois mois. En voici les points clés:

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  • Hérodote : Léonidas et la bataille des Thermopyles

     Les forces grecques 

    (202). Voici les gens postés là pour attendre l'assaut du Perse : il y avait trois cents hoplites de Sparte, mille de Tégée et de Mantinée (cinq cents de chacune des deux villes), cent vingt d'Orchomène en Arcadie, et mille du reste de la région ; c'est tout pour l'Arcadie. Corinthe avait envoyé quatre cents hommes, Phlionte deux cents, et Mycènes quatre-vingts. Voilà les forces qui venaient du Péloponnèse. De Béotie venaient sept cents Thespiens et quatre cents Thébains. 

    (203). Appelés à la rescousse, les Locriens d'Oponte avaient envoyé toutes leurs forces, et les Phocidiens mille hommes. Les Grecs les avaient d'eux-mêmes invités à les rejoindre : ils formaient l'avant-garde des confédérés, leur avaient-ils fait dire, et ils attendaient d'un jour à l'autre la venue du reste des alliés ; la mer était bien gardée, surveillée par les Athéniens, les Éginètes et les autres membres de leurs forces navales, et il n'y avait rien à redouter, car la Grèce n'avait pas devant elle un dieu, mais un homme, et jamais on n'avait vu, jamais on ne verrait d'homme qui, du jour de sa naissance, n'eût le malheur mêlé à son destin, — et plus grand l'homme, était mortel, devait lui aussi connaître un jour l'échec. Ces arguments avaient décidé les Locriens et les Phocidiens à leur envoyer des secours à Trachis.

    (204). Les Grecs de chaque cité obéissaient à leurs propres généraux, mais l'homme le plus remarquable, le chef chargé du commandement suprême, était un Lacédémonien, Léonidas, fils d'Anaxandride, qui, par ses aïeux Léon, Eurycratidès, Anaxandros, Eurycratès, Polydoros, Alcaménès, Téléclos, Archélaos, Hégésilaos, Doryssos, Léobotès, Echestratos, Agis, Eurysthénès, Aristodèmos, Aristomachos, Cléodaios et Hyllos, remontait à Héraclès, et qui devait au hasard son titre de roi de Sparte.

    (205). Comme il avait deux frères plus âgés que lui, Cléomène et Dorieus, il était bien loin de penser au trône ; mais Cléomène mourut sans laisser d'enfant mâle, et Dorieus avait déjà disparu, frappé lui aussi par la mort, en Sicile : le trône échut donc à Léonidas parce qu'il était né avant Cléombrotos (le plus jeune fils d'Anaxandride), mais aussi parce qu'il avait épousé la fille de Cléomène. C'est lui qui vint alors aux Thermopyles, avec les trois cents hommes qui lui étaient assignés, et qui avaient des fils. Il avait avec lui des Thébains (que j'ai indiqués tout à l'heure en dénombrant les forces des Grecs) sous les ordres de Léontiadès fils d'Eurymaque. La raison qui le fit insister pour avoir des Thébains avec lui, entre tous les Grecs, c'est qu'on accusait nettement leur cité de pencher du côté des Mèdes ; et Léonidas leur demanda de partir en guerre avec lui pour savoir s'ils lui enverraient des hommes ou s'ils se détacheraient ouvertement du bloc hellénique. Ils lui envoyèrent bien des renforts, mais leurs intentions étaient tout autres.

    (206). Léonidas et ses hommes formaient un premier contingent expédié par Sparte pour décider les autres alliés à marcher eux aussi en les voyant, et pour les empêcher de passer du côté des Mèdes à la nouvelle que Sparte temporisait ; les Spartiates comptaient plus tard (car la fête des Carnéia les arrêtait pour l'instant) laisser, les cérémonies terminées, une garnison dans Sparte et courir aux Thermopyles avec toutes leurs forces. Les autres alliés faisaient de leur côté les mêmes projets, car les fêtes d'Olympie tombaient à ce moment-là ; comme ils pensaient que rien ne se déciderait là-bas de sitôt, ils avaient envoyé de simples corps d'avant-garde aux Thermopyles.

    (207). Tels étaient leurs projets ; mais aux Thermopyles les Grecs furent saisis de frayeur quand le Perse approcha du passage, et ils parlèrent de se retirer. Les Péloponnésiens étaient d'avis presque tous de regagner le Péloponnèse et de garder l'Isthme, mais cette idée provoqua l'indignation des Phocidiens et des Locriens, et Léonidas fit voter qu'on resterait sur place et qu'on enverrait demander du secours à toutes les villes en leur rappelant qu'ils n'étaient pas assez nombreux pour repousser l'armée des Mèdes.

    (208). Pendant qu'ils discutaient, Xerxès envoya en reconnaissance un cavalier pour voir combien étaient les ennemis et ce qu'ils faisaient. On l'avait informé, quand il se trouvait encore en Thessalie, qu'il y avait quelques troupes en ce lieu, peu nombreuses, et qu'elles étaient menées par des Lacédémoniens avec Léonidas, un descendant d'Héraclès. Le cavalier s'approcha du camp et regarda, sans tout découvrir, car les hommes postés derrière le mur relevé par les Grecs qui le défendaient échappaient à sa vue ; mais il put observer les soldats placés devant le mur, et leurs armes disposées au pied du rempart. Or le hasard fit que les Lacédémoniens occupaient ce poste pour l'instant ; l'homme les vit occupés les uns à faire de la gymnastique, les autres à peigner leur chevelure : il les regarda faire avec surprise et prit note de leur nombre, puis, après avoir tout examiné soigneusement, il se retira en toute tranquillité personne ne le poursuivit et personne ne fit même attention à lui. De retour auprès de Xerxès, il lui rendit compte de ce qu'il avait vu.

    (209). Xerxès en l'entendant ne pouvait concevoir la vérité, comprendre que ces hommes se préparaient à mourir et à tuer de leur mieux : leur attitude lui semblait risible ; aussi fit-il appeler Démarate fils d'Ariston, qui était dans son camp : il vint, et Xerxès l'interrogea sur tout ce qu'on lui avait rapporté, car il désirait comprendre le comportement des Lacédémoniens. Démarate lui dit ceci : "Tu m'as déjà entendu parler de ce peuple, au moment où nous entrions en guerre contre la Grèce ; et tu as ri quand je t'ai dit comment, à mes yeux, finirait ton entreprise. Soutenir la vérité devant toi, seigneur, voilà qui est bien difficile; cependant, écoute-moi encore. Ces hommes sont ici pour nous barrer le passage, ils se préparent à le faire, car ils ont cette coutume : c'est lorsqu'ils vont risquer leur vie qu'ils ornent leur tête. Au reste, sache-le bien : si tu l'emportes sur ces hommes et ce qu'il en reste dans Sparte, il n'est pas d'autre peuple au monde, seigneur, qui puisse s'opposer à toi par les armes ; aujourd'hui, tu marches contre le royaume le plus fier, contre les hommes les plus vaillants qu'il y ait en Grèce." Xerxès jugeait ces propos parfaitement incroyables, et il lui demanda de nouveau comment des gens si peu nombreux pensaient lutter contre son armée. Démarate lui répondit : "Seigneur, traite-moi d'imposteur si tout ne se passe pas comme je te le dis."

    (210). Mais il ne put convaincre le roi. D'abord Xerxès attendit quatre jours, dans l'espoir que les Grecs s'enfuiraient d'un instant à l'autre ; le cinquième jour, les Grecs toujours là lui parurent des gens d'une insolence et d'une témérité coupables ; il s'en irrita et lança contre eux des Mèdes et des Cissiens, avec ordre de les lui amener vivants. Les Mèdes se jetèrent sur les Grecs ; beaucoup tombèrent, d'autres prenaient leur place et, si maltraités qu'ils fussent, ils ne rompaient pas le contact ; mais ils ne pouvaient déloger l'adversaire malgré leurs efforts. Et ils firent bien voir à tout le monde, à commencer par le roi, qu'il y avait là une foule d'individus, mais bien peu d'hommes. La rencontre dura toute la journée.

    (211). Les Mèdes, fort malmenés, se retirèrent alors et les Perses les remplacèrent, ceux que le roi nommait les Immortels, avec Hydarnès à leur tête ; ceux-là pensaient vaincre sans peine, mais, lorsqu'ils furent à leur tour aux prises avec les Grecs, ils ne furent pas plus heureux que les soldats mèdes, car ils combattaient dans un endroit resserré, avec des lances plus courtes que celles des Grecs et sans pouvoir profiter de leur supériorité numérique. Les Lacédémoniens firent preuve d'une valeur mémorable et montrèrent leur science achevée de la guerre, devant des hommes qui n'en avaient aucune ; en particulier ils tournaient le dos à l'ennemi en ébauchant un mouvement de fuite, sans se débander, et, lorsque les Barbares qui les voyaient fuir se jetaient à leur poursuite en désordre avec des cris de triomphe, au moment d'être rejoints ils faisaient volte-face et revenaient sur leurs pas en abattant une foule de Perses ; des Spartiates tombaient aussi, mais en petit nombre. Enfin, comme ils n'arrivaient pas à forcer le passage malgré leurs attaques, en masse ou autrement, les Perses se replièrent.

    (212). Tandis que la bataille se déroulait, Xerxès, dit-on, regardait la scène et trois fois il bondit de son siège, craignant pour son armée. Voilà comment ils luttèrent ce jour-là. Le lendemain, les Barbares ne furent pas plus heureux ; comme leurs adversaires n'étaient pas nombreux, ils les supposaient accablés par leurs blessures, incapables de leur résister encore, et ils reprirent la lutte ; mais les Grecs, rangés en bataillons et par cités, venaient à tour de rôle au combat, sauf les Phocidiens chargés de surveiller le sentier dans la montagne. Les Perses constatèrent que la situation ne leur offrait rien de nouveau par rapport à la veille, et ils se replièrent.

    (213). Xerxès se demandait comment sortir de cet embarras lorsqu'un Malien, Éphialte fils d'Eurydèmos, vint le trouver dans l'espoir d'une forte récompense : il lui indiqua le sentier qui par la montagne rejoint les Thermopyles, et causa la mort des Grecs qui demeurèrent à leur poste. Par la suite Ephialte craignit la vengeance des Lacédémoniens et s'enfuit en Thessalie ; mais, bien qu'il se fût exilé, lorsque les Amphictyons se réunirent aux Thermopyles, les Pylagores mirent sa tête à prix ; plus tard il revint à Anticyre où il trouva la mort de la main d'un Trachinien, Athénadès ; cet Athénadès le tua d'ailleurs pour une tout autre, mais il n'en fut pas moins récompensé par les Lacédémoniens. Telle fut, plus tard, la fin d'Éphialte.

    (214). Cependant une autre tradition veut qu'Onétès de Carystos, fils de Phanagoras, et Corydallos d'Anticyre aient renseigné le roi et permis aux Perses de tourner la montagne, — tradition sans valeur à mon avis : une première raison, c'est que les Pylagores n'ont pas mis à prix les têtes d'Onétès et de Corydallos, mais celle d'Éphialte de Trachis, et ils devaient être bien informés ; ensuite nous savons qu'Éphialte a pris la fuite à cause de cette accusation car, sans être Malien, Onétès pouvait bien connaître l'existence du sentier s'il avait circulé dans le pays, mais l'homme qui a guidé les Perses par la sente en question, c'est Ephialte, c'est lui que j'accuse de ce crime.

    (215). Xerxès apprécia fort l'offre d'Éphialte et, tout heureux, fit aussitôt partir Hydarnès et ses hommes ; vers l'heure où il faut allumer les lampes, ils étaient en route. Le sentier avait été découvert par les gens des environs, les Maliens, qui l'avaient alors indiqué aux Thessaliens pour leur permettre d'attaquer les Phocidiens, à l'époque où ce peuple, en élevant le mur qui fermait la passe, s'était mis à l'abri de leurs incursions ; depuis ces temps lointains les Maliens l'avaient jugé sans intérêt pour eux.

    (216). Il se présente ainsi : il part de l'Asopos qui coule dans cette gorge ; la montagne et le sentier portent tous les deux le nom d'Anopée. La sente Anopée franchit la crête de la montagne pour aboutir à la ville d'Alpènes, première ville de Locride du côté des Maliens, en passant par la roche qu'on appelle Mélampyge — Fesse Noire — et la demeure des Cercopes, sa partie la plus étroite.

    (217). C'est par ce chemin, si malaisé qu'il fût, que passèrent les Perses après avoir franchi l'Asopos ; ils marchèrent toute la nuit, avec les contreforts de l'Œta sur leur droite et les montagnes de Trachis sur leur gauche. Aux premières lueurs du jour, ils arrivèrent au sommet de la montagne ; là se trouvaient postés, comme je l'ai dit plus haut, mille hoplites phocidiens qui défendaient leur propre sol tout en gardant le sentier ; car au pied de la montagne le passage était gardé par les Grecs indiqués tout à l'heure, tandis que les Phocidiens s'étaient spontanément offerts à Léonidas pour garder le sentier de la montagne.

    (218). Les Phocidiens furent avertis de l'arrivée des Perses grâce au fait suivant : en gravissant la montagne, l'ennemi leur demeurait caché par les chênes qui ta couvraient, mais, sans qu'il y eût de vent, le bruissement des feuilles les trahit, car le sol en était jonché et, naturellement, elles craquaient sous leurs pieds ; les Phocidiens coururent donc prendre leurs armes et les Barbares, au même instant, leur apparurent. Quand les Perses virent devant eux des soldats qui s'armaient, ils s'arrêtèrent, déconcertés : ils comptaient n'avoir aucun obstacle sur leur route, et ils se heurtaient à des combattants. Hydarnès craignit d'avoir affaire à des Lacédémoniens et s'enquit auprès d'Ephialte de la nationalité de ces hommes ; renseigné sur ce point, il rangea les Perses en bataille. Mais les Phocidiens lâchèrent pied sous la grêle de leurs flèches et se réfugièrent sur la cime de la montagne. Ils se croyaient spécialement visés par cette attaque, et ils acceptaient la mort ; telle était leur résolution, mais les Perses que menaient Éphialte et Hydarnès ne s'occupèrent pas d'eux et se hâtèrent de descendre la montagne.

    (219). Les Grecs qui défendaient les Thermopyles apprirent du devin Mégistias, d'abord, que la mort leur viendrait avec le jour : il l'avait vu dans les entrailles des victimes. Ensuite il y eut des transfuges qui leur annoncèrent que les Perses tournaient leurs positions ; ceux-ci les alertèrent dans le courant de la nuit. Le troisième avertissement leur vint des sentinelles qui, des hauteurs, accoururent les prévenir aux premières lueurs du jour. Alors les Grecs tinrent conseil et leurs avis différèrent, car les uns refusaient tout abandon de poste, et les autres étaient de l'avis opposé. Ils se séparèrent donc, et les uns se retirèrent et s'en retournèrent dans leur pays, les autres, avec Léonidas, se déclarèrent prêts à rester sur place.

    (220). On dit encore que Léonidas, de lui-même, les renvoya parce qu'il tenait à sauver leurs vies ; pour lui et pour les Spartiates qui l'accompagnaient, l'honneur ne leur permettait pas d'abandonner le poste qu'ils étaient justement venus garder. Voici d'ailleurs l'opinion que j'adopte de préférence, et pleinement quand Léonidas vit ses alliés si peu enthousiastes, si Peu disposés à rester jusqu'au bout avec lui, il les fit partir, je pense, mais jugea déshonorant pour lui de quitter son poste ; à demeurer sur place, il laissait une gloire immense après lui, et la fortune de Sparte n'en était pas diminuée. En effet les Spartiates avaient consulté l'oracle sur cette guerre au moment même où elle commençait, et la Pythie leur avait déclaré que Lacédémone devait tomber sous les coups des Barbares, ou que son roi devait périr. Voici la réponse qu'elle leur fit, en vers hexamètres : 

    Pour vous, citoyens de la vaste Sparte,

    Votre grande cité glorieuse ou bien sous les coups des Perséides

    Tombe, ou bien elle demeure ; mais sur la race d'Héraclès,

    Sur un roi défunt alors pleurera la terre de Lacédémone

    Son ennemi, la force des taureaux ne l'arrêtera pas ni celle des lions,

    Quand il viendra : sa force est celle de Zeus. Non, je te le dis,

    Il ne s'arrêtera pas avant d'avoir reçu sa proie, ou l'une ou l'autre.

    Léonidas pensait sans doute à cet oracle, il voulait la gloire pour les Spartiates seuls, et il renvoya ses alliés; voilà ce qui dut se passer, plutôt qu'une désertion de contingents rebelles, en désaccord avec leur chef.

    (221). D'ailleurs, voici qui prouve, je pense, assez clairement ce que j'avance : le devin qui suivait l'expédition, Mégistias d'Acarnanie, un descendant, disait-on, de Mélampous et l'homme qui vit dans les entrailles des victimes et dit aux Grecs le sort qui les attendait, était lui aussi congédié, c'est certain, par Léonidas qui voulait le soustraire à la mort ; mais il refusa de s'éloigner et fit seulement partir son fils, qui l'avait accompagné dans cette expédition et qui était son seul enfant.

    (222). Les alliés renvoyés par Léonidas se retirèrent donc, sur son ordre, et seuls les Thespiens et les Thébains restèrent aux côtés des Lacédémoniens. Les Thébains restaient par force et contre leur gré, car Léonidas les gardait en guise d'otages ; mais les Thespiens demeurèrent librement et de leur plein gré : ils se refusaient, dirent-ils, à laisser derrière eux Léonidas et ses compagnons ; ils restèrent donc et partagèrent leur sort. Ils avaient à leur tête Démophilos fils de Diadromès.

    (223). Au lever du soleil Xerxès fit des libations, puis il attendit, pour attaquer, l'heure où le marché bat son plein, — ceci sur les indications d'Éphialte, car pour descendre de la montagne il faut moins de temps et il y a moins de chemin que pour la contourner et monter jusqu'à son sommet. Donc, Xerxès et les Barbares attaquèrent, et les Grecs avec Léonidas, en route pour la mort, s'avancèrent, bien plus qu'à la première rencontre, en terrain découvert. Ils avaient d'abord gardé le mur qui leur servait de rempart et, les jours précédents, ils combattaient retranchés dans le défilé ; mais ce jour-là ils engagèrent la mêlée hors du passage et les Barbares tombèrent en foule, car en arrière des lignes leurs chefs, armés de fouets, les poussaient en avant à force de coups. Beaucoup d'entre eux furent précipités à la mer et se noyèrent, d'autres plus nombreux encore, vivants, se piétinèrent et s'écrasèrent mutuellement et nul ne se souciait de qui tombait. Les Grecs qui savaient leur mort toute proche, par les Perses qui tournaient la montagne, firent appel à toute leur valeur contre les Barbares et prodiguèrent leur vie, avec fureur.

    (224). Leurs lances furent bientôt brisées presque toutes, mais avec leurs glaives ils continuèrent à massacrer les Perses. Léonidas tomba en héros dans cette action, et d'autres Spartiates illustres avec lui parce qu'ils furent des hommes de coeur, j'ai voulu savoir leurs noms, et j'ai voulu connaître aussi ceux des Trois Cents. Les Perses en cette journée perdirent aussi bien des hommes illustres, et parmi eux deux fils de Darius, Abrocomès et Hypéranthès, nés de la fille d'Artanès, Phratagune (Artanès était frère du roi Darius et fils d'Hystaspe, fils d'Arsamès ; il avait donné sa fille à Darius avec, en dot, tous ses biens, car il n'avait pas d'autre enfant).

    (225). Donc deux frères de Xerxès tombèrent dans la bataille, et Perses et Lacédémoniens se disputèrent farouchement le corps de Léonidas, mais enfin les Grecs, à force de vaillance, le ramenèrent dans leurs rangs et repoussèrent quatre fois leurs adversaires. La mêlée se prolongea jusqu'au moment où survinrent les Perses avec Éphialte. Lorsque les Grecs surent qu'ils étaient là, dès cet instant le combat changea de face ils se replièrent sur la partie la plus étroite du défilé, passèrent de l'autre côté du mur et se postèrent tous ensemble, sauf les Thébains, sur la butte qui est là (cette butte se trouve dans le défilé, à l'endroit où l'on voit maintenant le lion de marbre élevé à la mémoire de Léonidas. Là, tandis qu'ils luttaient encore, avec leurs coutelas s'il leur en restait un, avec leurs mains nues, avec leurs dents, les Barbares les accablèrent de leurs traits : les uns, qui les avaient suivis en renversant le mur qui les protégeait, les attaquaient de front, les autres les avaient tournés et les cernaient de toutes part.

    (226). Si les Lacédémoniens et les Thespiens ont montré un pareil courage, l'homme brave entre tous fut, dit-on, le Spartiate Diénécès dont on rapporte ce mot qu'il prononça juste avant la bataille : il entendait un homme de Trachis affirmer que, lorsque les Barbares décochaient leurs flèches, la masse de leurs traits cachait le soleil, tant ils étaient nombreux ; nullement ému le Spartiate répliqua, sans attacher d'importance au nombre immense des Perses, que cet homme leur apportait une nouvelle excellente : si les Mèdes cachaient le ciel, ils combattraient donc à l'ombre au lieu d'être en plein soleil. Cette réplique et d'autres mots de la même veine perpétuent, dit-on, le souvenir du Spartiate Diénécès.

    (227). Après lui les plus braves furent, dit-on, deux frères, des Lacédémoniens, Alphéos et Macon, les fils d'Orsiphantos. Le Thespien qui s'illustra tout particulièrement s'appelait Dithyrarnbos fils d'Harmatidès.

    (228). Les morts furent ensevelis à l'endroit même où ils avaient péri, avec les soldats tombés avant le départ des alliés renvoyés par Léonidas ; sur leur tombe une inscription porte ces mots :

    Ici, contre trois millions d'hommes ont lutté jadis

    Quatre mille hommes venus du Péloponnèse.

    Cette inscription célèbre tous les morts, mais les Spartiates ont une épitaphe spéciale :

    Étranger, va dire à Sparte qu'ici

    Nous gisons, dociles à ses ordres. 

    Voilà l'épitaphe des Lacédémoniens, et voici celle du devin Mégistias :

    Ici repose l'illustre Mégistias, que les Mèdes 

    Ont tué lorsqu'ils franchirent le Sperchios ; 

    Devin, il savait bien que la Mort était là, 

    Mais il n'accepta pas de quitter le chef de Sparte.

    Les stèles et les épitaphes, sauf celle de Mégistias, sont le tribut aux morts des Amphictyons ; celle du devin Mégistias fut faite par Simonide fils de Léoprépès, qui avait avec lui des relations d'hospitalité.

    (229). Deux des trois cents Spartiates, Eurytos et Aristodèmos, pouvaient, dit-on, prendre tous les deux le même parti, et soit sauver leur vie en s'en retournant à Sparte (car Léonidas les avait autorisés à quitter le camp et tous deux gisaient dans Alpènes, atteints d'une très grave ophtalmie), soit, s'ils ne voulaient pas rentrer chez eux, mourir avec leurs camarades ; ils pouvaient faire l'un ou l'autre, mais ils ne parvinrent pas à s'entendre et décidèrent chacun pour soi. Dès qu'Eurytos apprit la manoeuvre des Perses, il demanda ses armes, les revêtit, et se fit conduire par son hilote au lieu du combat ; arrivés là, son guide prit la fuite et lui se jeta dans la mêlée où il trouva la mort ; Aristodèmos manqua, lui, de courage et resta en arrière. Or, si Aristodèmos était seul rentré dans Sparte en raison de sa maladie, ou s'ils étaient revenus tous les deux ensemble, les Spartiates, je pense, ne s'en seraient pas indignés ; mais l'un était mort et l'autre, placé dans la même situation que lui, n'avait pas accepté de mourir, et les Spartiates ne pouvaient pas ne pas s'en irriter vivement contre Aristodèmos.

    (230). Voilà, selon les uns, comment Aristodèmos évita la mort et revint à Sparte, en invoquant cette excuse ; pour d'autres il fut chargé de porter un message hors du camp, mais il se garda bien de revenir à temps pour la bataille, comme il le pouvait il traîna en route pour sauver sa vie, tandis que son collègue revint se battre et succomba.

    (231). De retour à Sparte Aristodèmos y vécut accablé d'outrages et déshonoré ; il avait à supporter certains affronts, et, par exemple, pas un Spartiate ne consentait à lui procurer du feu ni à lui adresser la parole, et il avait la honte de s'entendre appeler "Aristodèmos le Poltron". Cependant, à la bataille de Platées, sa conduite effaça tous les soupçons qui pesaient sur lui.

    (232). Un autre Spartiate, dit-on, chargé lui aussi de porter un message, s'était rendu en Thessalie et survécut aux Trois Cents ; il s'appelait Pantitès et, de retour à Sparte, il se vit déshonoré, et se pendit.

    (233). Les Thébains qui étaient sous les ordres de Léontiadès combattirent, par force, les soldats du Grand Roi tant qu'ils furent encadrés par les Grecs ; quand ils virent que les Perses prenaient l'avantage, ils s'écartèrent de Léonidas et des Grecs au moment où ceux-ci se repliaient en hâte sur leur butte, et ils s'approchèrent des Barbares en leur tendant les mains et en protestant, ce qui était parfaitement exact, qu'ils étaient du parti des Mèdes, qu'ils avaient été des premiers à céder au Grand Roi la terre et l'eau, qu'ils étaient venus par force aux Thermopyles et n'étaient pour rien dans l'échec qu'il avait essuyé. Ces paroles leur valurent la vie sauve, car ils avaient pour les confirmer le témoignage des Thessaliens ; mais ils n'eurent pas à s'en réjouir entièrement, car, lorsqu'ils vinrent se rendre aux Barbares, ceux-ci en tuèrent quelques-uns au moment où ils s'approchaient d'eux et, sur l'ordre de Xerxès, ils en marquèrent le plus grand nombre du chiffre royal, à commencer par leur chef Léontiadès, — dont les Platéens tuèrent plus tard le fils, Eurymaque, qui, avec quatre cents Thébains, s'était emparé de leur ville.

    (234). Voilà comment luttèrent les Grecs des Thermopyles ; Xerxès alors fit venir Démarate et lui posa d'abord cette question : "Démarate, tu es un homme honnête, je le vois en vérité, car tout ce que tu m'as annoncé s'est accompli. Maintenant, dis-moi, combien reste-t-il de Lacédémoniens et combien sont-ils à être aussi vaillants ? Ou bien le sont-ils tous également ? — Seigneur, répondit Démarate, les Lacédémoniens for. ment un peuple nombreux, tous ensemble, et ils ont beaucoup de cités ; mais tu vas savoir ce qui t'intéresse. Il y a dans leur pays une cité, Sparte, d'environ huit mille hommes : ceux-là sont tous les égaux des soldats qui se sont battus ici. Les autres Lacédémoniens ne les égalent certes pas, mais ils sont braves. — Démarate, reprit Xerxès, comment ferons-nous pour vaincre ces gens sans trop de peine ? Allons, ne me cache rien, car tu sais bien ce qu'ils ont dans l'esprit, toi qui fus leur roi."

    (235). Démarate lui répondit : "Seigneur, si tu tiens si fort à mes conseils, il est juste que je t'indique le parti le meilleur : tu devrais envoyer trois cents navires de ta flotte sur les côtes de la Laconie. Il y a dans ces parages une île nommée Cythère, dont le plus sage de nos compatriotes, Chilon, a dit que l'intérêt des Spartiates était qu'elle fût au fond de la nier plutôt qu'à la surface, parce qu'il s'attendait toujours à la voir utilisée justement pour le genre d'opération que je t'indique, — non pas qu'il eût prévu ton expédition, mais il craignait toute expédition éventuelle. Que tes hommes, basés sur cette île, inquiètent les Lacédémoniens : comme la guerre menacera leurs foyers, ils ne risqueront pas d'aller au secours du reste de la Grèce quand tes forces terrestres l'attaqueront ; et, quand le reste de la Grèce aura passé entre tes mains, la Laconie reste seule, trop faible désormais pour te résister. Si tu n'adoptes pas mon plan, voici ce qui t'attendra : un isthme étroit donne accès au Péloponnèse ; là, comme tous les Péloponnésiens se seront ligués contre toi, compte que tu auras à livrer de nouvelles batailles, plus rudes que celles d'hier. Si tu l'appliques, il n'y aura pas de bataille et l'Isthme, ainsi que toutes les cités, tombera en ton pouvoir."

    (236). Après lui ce fut Achéménès, le frère de Xerxès et le chef de ses forces navales, qui parla ; présent à l'entretien, il craignait de voir Xerxès adopter ce projet. "Seigneur, lui dit-il, je te vois prêter l'oreille aux propos d'un homme qui est jaloux de tes succès, qui peut-être même trahit ta cause ; ces procédés sont d'ailleurs chers aux Grecs : tout succès soulève leur jalousie, toute supériorité leur haine. Dans notre position, si tu ôtes trois cents navires à ta flotte, qui en a déjà perdu quatre cents dans la tempête, pour les envoyer sur les côtes du Péloponnèse, tes adversaires deviennent aussi forts que toi ; rassemblée, notre flotte est invincible pour eux et, de prime abord, ils ne seront pas de taille à te résister. De plus la flotte entière appuiera l'armée, qui l'appuiera de son côté si elles marchent ensemble ; si tu les sépares, tu ne pourras pas être utile à tes forces navales, qui ne pourront pas non plus t'aider. Veille à tes propres intérêts, et sois bien résolu à ne pas te soucier des projets de tes ennemis ; ne cherche pas sur quel point ils porteront leurs armes, ce qu'ils feront, combien ils sont. Ils sont assez grands pour s'occuper de leurs propres affaires, occupons-nous des nôtres. Si les Lacédémoniens viennent livrer bataille aux Perses, ils ne guériront pas la blessure qu'ils viennent de recevoir."

    (237). Xerxès lui répliqua : "Achéménès, ton avis me semble juste et je le suivrai. De son côté, Démarate indique le plan qu'il pense être le meilleur pour moi, quoique le tien l'emporte : car je n'admettrai jamais qu'il ne me soit point dévoué, — à en juger par les propos qu'il m'a tenus jusqu'ici, et par un fait certain : un homme peut être jaloux des succès d'un concitoyen et garder à son égard un silence hostile ; il s'abstiendra même, si l'autre le consulte, de lui donner le conseil à son avis le meilleur, à moins d'être fort avancé dans le chemin de la vertu, et les gens de cette espèce sont rares. Mais un hôte se réjouit par-dessus tout de la prospérité de son hôte et ne peut que lui donner les meilleurs conseils, s'il le consulte. Ainsi donc, j'entends qu'à l'avenir on se garde de calomnier Démarate, qui est mon hôte."

    (238). Après cet entretien Xerxès traversa le champ de bataille, au milieu des cadavres ; comme il avait appris que Léonidas était le roi et k chef des Lacédémoniens, il fit décapiter son corps et fixer la t celle-ci, que Léonidas, de son vivant, avait été le principal objet du courroux de Xerxès ; sinon le roi n'aurait jamais infligé cet outrage à son corps puisque, de tous les peuples que je connais, les Perses accordent le plus d'honneur aux soldats courageux. Il en fut donc fait comme le roi l'avait ordonné.

    (239). Je dois maintenant revenir sur un point où mon récit présente une lacune. Les Lacédémoniens avaient appris les premiers que le Grand Roi préparait une expédition contre la Grèce ; ils avaient, dans la circonstance, envoyé consulter l'oracle de Delphes et reçu la réponse que j'ai citée un peu plus haut. Ce renseignement leur était parvenu de curieuse manière. Démarate fils d'Ariston s'était exilé chez les Mèdes, il devait avoir pour les Lacédémoniens (la vraisemblance vient ici corroborer mon opinion) des sentiments peu bienveillants, et l'on peut se demander s'il fut guidé par la sympathie ou par la malignité. En tout cas, lorsque Xerxès décida d'envahir la Grèce, Démarate, qui était à Suse, connut ses projets et voulut en avertir les Lacédémoniens. Il ne pouvait pas le faire directement, car il risquait d'être surpris ; il eut donc recours à un subterfuge : il prit une tablette double, en gratta la cire, puis écrivit sur le bois même les projets de Xerxès ; ensuite il recouvrit de cire son message : ainsi le porteur d'une tablette vierge ne risquerait pas d'ennuis du côté des gardiens des routes. La tablette parvint à Lacédémone et personne n'y comprenait rien, lorsque enfin, suivant mes renseignements, Gorgo, la fille de Cléomène et la femme de Léonidas, eut une idée et comprit l'astuce ; elle dit à ses concitoyens de gratter la cire : ils trouveraient un message inscrit sur le bois. Ils le firent, déchiffrèrent le message et le communiquèrent à toute la Grèce. Voilà ce que l'on raconte.  http://www.theatrum-belli.com

    Hérodote, In L'Enquête, Livres V à IX  Folio Classique

  • Alliance VITA refuse le fatalisme sur l’avortement

    Communiqué d'Alliance Vita :

    "Un rapport public, commandité par la ministre du droit des Femmes et remis aujourd’hui, prône des évolutions législatives radicales en matière d’IVG. Alliance VITA, dont le service d’écoute SOS Bébé aide chaque année 1500 femmes ou couples confrontés à des problématiques liées à la grossesse, s’interroge sur la profonde méconnaissance de la réalité vécue par les femmes que manifestent ces préconisations – particulièrement la suppression du critère de détresse et du délai de réflexion d’une semaine, prévus par la loi.

    Pour Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute de VITA : « Les femmes que nous aidons ont besoin d’être respectées dans ce qu’elles vivent et ressentent. Or, ces propositions sont en profond décalage avec la réalité : l’IVG est une expérience qui demeure difficile  pour beaucoup de femmes. Les femmes confrontées à une grossesse imprévue nous disent souvent qu’elles ont eu besoin de temps, d’écoute et de soutien pour dépasser la panique et la précipitation ; et pour résister aux pressions, souvent masculines. Plutôt que de se soumettre à l’avis univoque de structures telles que le Planning familial qui ose prétendre que l’IVG ferait « partie du parcours des femmes » et qu’il ne faut « pas en faire un drame », le gouvernement devrait travailler à une véritable prévention de l’avortement, à l’aide aux femmes enceintes en difficulté et à l’écoute de celles qui vivent douloureusement les suites de l’IVG.  

    Alliance VITA conteste la légitimité du Mouvement français pour le planning familial (MFPF), organisme auquel le gouvernement semble avoir délégué sa politique sur l’IVG, alors que cette association militante ne cesse de prôner l’avortement comme solution à toute grossesse imprévue ou difficile, y compris par des filières clandestines d’avortement hors délai à l’étranger.

    Rappelant que le MFPF ne gère heureusement qu’une minorité des centres de planification et des services d’accueil des femmes enceintes, VITA demande qu’avant toute évolution de la législation sur ce sujet de société majeur :

    -soit organisé un réel débat qui ne soit pas confisqué par les « experts » liés au MFPF ;

    -soient publiquement auditionnées les responsables de son service d’aide aux femmes SOS Bébé.

    Pour mémoire, le sondage IFOP commandité par VITA auprès de 1000 femmes montre à quel point les préconisations du rapport sont en décalage avec leurs attentes."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Jacqueries, rébellions, révolution : quelle forme finira par prendre la révolte des Français ?

    Par Serge Federbusch

    C’est une révolte ? Non sire, c’est une ralbolution !“. Si l’écotaxe cristallise tous les mécontentements, les vraies raisons de la révolte grandissante des Français sont plus profondes.

    1 – C’est une révolte ? Non sire, c’est une ralbolution !

    L’écotaxe n’est évidemment qu’un abcès de fixation. Les vraies raisons de la révolte grandissante des Français ont pour noms récents la Redoute, Fagor, Cristal d’Arques, Alcatel, Michelin, Fralib, Electrolux et Gad. Altares, société spécialisée dans la collecte d’informations sur les entreprises, a recensé au troisième trimestre 13 140 procédures collectives (sauvegardes, redressements et liquidations judiciaires d’entreprises) avec 52.700 emplois directs menacés.

    Mieux vaut ne pas parler de leur impact indirect, sur le commerce, les revenus des familles, etc. Et il s’agit de vrais emplois, pas des cataplasmes dont Mou-Président espère une cosmétique et purement transitoire “inversion de la courbe du chômage“. Cette incantation a du reste tendance à se faire discrète ces derniers temps dans les services de communication du pouvoir. Les jobs bidons et subventionnés ne sont même pas capables de faire illusion quelques semaines !

    La vraie question est donc : quel chemin prendra la rébellion qui vient ?

    Les échauffourées bretonnes font pour le moment penser aux jacqueries médiévales qui perdurèrent jusqu’au 18ème siècle. Elles ont un caractère régional, sont plutôt ancrées dans les zones rurales et dirigées contre la cherté de la vie, la difficulté à joindre les deux bouts, la noblesse protégée – sous sa forme actuelle c’est à dire la fonction publique et les élus à vie – et, surtout, les impôts et octrois mis en place par l’État.

    L’écotaxe est le nouveau nom de la gabelle. Les foules défilantes en ont d’ailleurs conscience lorsqu’elles revêtent le bonnet rouge qu’arborèrent leurs lointains prédécesseurs. La France que l’Enfumeur(*) nous prédisait apaisée est en pleine régression historique et sociale, conséquence de son déclin économique.

    Pour que la jacquerie devienne révolte, il faut qu’elle se “nationalise”, qu’elle se transforme en contestation générale du pouvoir.

    Des premiers bonnets rouges ont été signalés en région parisienne, signe d’un début de contagion. Les portiques d’Ecomouv risquent de devenir les portes d’entrée de la maladie, comme on dit en épidémiologie. Un d’entre eux a été incendié dans les Landes. La révolte en progression doit également, pour peser, fédérer des intérêts divers, ne pas se limiter aux agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et autres petits entrepreneurs.

    Elle se nourrira quoi qu’il arrive du discrédit de la classe dirigeante. La grande jacquerie de 1358 fut attisée par les déboires de la noblesse d’épée, après les défaites de Crécy en 1346 et de Poitiers en 1356. La sourde colère actuelle est le fruit des défaites de Maastricht (1992) et Lisbonne (2007) qui ont ouvert les marchés français au grand vent de la concurrence internationale tout en leur imposant une monnaie, l’euro, qui les handicape gravement par sa surévaluation. La classe dirigeante française a failli à ces deux occasions. Elle commence à en payer le prix.

    Mais ces accès de brutalité populaire, qui voient les équipements publics vandalisés et les représentants locaux du pouvoir malmenés, peuvent-ils se transformer en une révolution en bonne et due forme ?

    Ce qui caractérise le processus révolutionnaire, par rapport aux jacqueries et révoltes ordinaires, est d’abord qu’il est précédé d’un travail idéologique, d’un soubassement théorique dont l’ambition est d’offrir une véritable alternative au pouvoir en place, un ordre nouveau en quelque sorte. Ce fut le rôle des philosophes des Lumières dans la France du 18ème siècle ou des marxistes cent ans plus tard.

    L’opposition est encore aux balbutiements de cette entreprise intellectuelle. Elle est tiraillée entre critiques libérales de l’État, mots d’ordre protectionnistes et réflexes conservateurs. Que l’économie française ne puisse s’abriter plus de deux ou trois ans derrière de nouvelles barrières sans sombrer dans la sous productivité et l’inflation galopante est certes problématique. Mais l’essentiel n’est pas d’être convaincant, c’est d’être fédérateur. Les victimes de l’ordre européen sont en passe d’être majoritaires en France. D’une manière ou d’une autre, ce mouvement trouvera sa traduction idéologique, probablement dans la contestation de la représentation politique et l’exigence de démocratie directe.

    Il manquera alors un dernier ingrédient, indispensable à toute révolution : que les forces protestataires se fédèrent, d’où qu’elles viennent, contre les maîtres du moment. Que, comme sur la barricade peinte par Delacroix, le peuple, l’étudiant, l’artisan se retrouvent. C’est là que le bât révolutionnaire blesse encore.

    Pour l’heure, la “ralbolution” progresse en ordre dispersé. Le meilleur allié du pouvoir s’appelle Jean-Luc Mélenchon. Il ne peut s’empêcher de ressortir le préchi-précha gauchiste sur le fait que la révolte bretonne serait téléguidée par un petit patronat revanchard. Il défile dans son coin, fustigeant les chouans et leurs croyances. Il est isolé mais il divise, jouant le rôle d’idiot utile du hollandisme qu’il avait déjà incarné lors de la dernière élection présidentielle. On peut également faire confiance à Sa Normalité élyséenne pour tenter d’affaiblir le mouvement de contestation en le noyant dans les méandres des tables rondes et autres processus de concertation, usines à parlote dont le parti socialiste détient les brevets.

    Cependant, la persistance de la crise économique et des difficultés budgétaires peut finalement coaliser les forces de contestation, comme elles le firent sous Louis XVI et Necker. Le pouvoir n’ayant plus la moindre marge de manœuvre pour augmenter les impôts et n’ayant pas le courage de s’attaquer aux dépenses, est frappé de tétanie. Après l’écotaxe, dans quelques semaines, quelques mois, un prétexte quelconque, une mesure vénielle mettra à nouveau le feu aux poudres. Si ce n’est, à plus long terme, l’euro qui ne finisse par s’effondrer, semant le chaos dans l’économie.

    Faisons confiance à François Hollande : il finira bien par trouver l’équivalent de la convocation des États généraux pour précipiter la fin du nouvel ancien régime…

    2 – L’horizon fuyant du déficit

    La Commission de Bruxelles, qui préfère ne pas voir que la hausse actuelle de l’euro va anéantir le timide début de reprise en Europe, est en tout cas pessimiste sur les chances de la France de passer en dessous des 3% de déficit public en 2015. Il sera selon elle d’au moins 4,1% du PIB cette année, 3,8% l’an prochain et 3,7% en 2015, très éloigné donc du chant des sirènes entendu depuis le pédalo présidentiel.

    Dans ces conditions, la remontée des taux d’intérêt deviendra insupportable et la croissance de la dette publique ingérable. Tout ce qu’il faut pour justifier que la Commission, forte des nouveaux pouvoirs qui lui ont été conférés, demande au gouvernement français de réécrire son budget. Le grand problème de cette forme d’Europe est qu’elle ne parvient à étendre son pouvoir que sur les décombres des États membres.

    3 – Senatus Consulte

    100 % des sénateurs ont voté contre un projet de loi du gouvernement socialiste et pas le moindre puisqu’il s’agit de la réforme des retraites ! Comment disait-il déjà ? Une démarche d’écoute, consensuelle et apaisante.

    Après tout, l’unanimité contre soi, c’est une façon de faire consensus. Il faut dire qu’au Sénat, on prend sa retraite très tard.

    Atlantico.fr

    (*) Titre du livre de Serge Federbusch (Ixelles éditions, 2013).

    http://fortune.fdesouche.com/332163-jacqueries-rebellions-revolution-quelle-forme-finira-par-prendre-la-revolte-des-francais

  • Les collabos donnent de la voix

    chassealhomme.jpgL’extrême gauche manifestait hier en fin d’après-midi à Champigny (Val-de-Marne) aux abords de la salle où  un Jean-Marie Le Pen en grande forme était  venu soutenir le lancement de la campagne de la liste municipale menée par Jean-Marie Rougier. Le PC, le Parti de Gauche, le NPA, la CGT,  Solidaires et Snuipp avaient raclé les fonds de tiroir pour réunir péniblement environ 200 de leurs salariés, permanents et cadres  pour  beugler des slogans haineux, dénier aux Français le droit de voter pour l’opposition nationale. Le sénateur et président communiste du conseil général,  Christian Favier, élu dans la ville de Champigny, a pris la parole pour se féliciter  à cette occasion de la  poursuite de l’immigration à haut débit  et exiger   «la régularisation de tous les sans-papiers (clandestins) ». Au moins les choses sont claires…

    Une extrême gauche qui tente de se refaire une santé électorale en tentant de capitaliser sur la campagne anti FN menée actuellement par le gouvernement et l’UMPS.  Avec le soutien  des médias qui se saisissent  de quelques faits divers  et de propos bien  évidemment condamnables pour manier l’amalgame,  culpabiliser les Français en assénant que la volonté de défendre son identité et le refus de la submersion migratoire participent d’un insupportable racismeRien de nouveau sous le soleil, « ils » nous font le coup  régulièrement depuis trente ans,  à chaque fois le Front National  est porté par une dynamique importante. 

    Un racisme nous l’avons  dit, dont les  premières victimes dans notre pays, dans l’indifférence quasi  générale de nos élites négationnistes, sont bien  pourtant,   et dans leur écrasante majorité,  les Français de souche européenne. Ces derniers sont pourtant invités à faire profil bas.

    Invité hier soir de l’émission C dans l’air sur France 5  consacrée au débat du moment - »la France est-elle raciste?- »le très contesté et contestable Patrick  Lozés, ancien président du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires) avant d’en être écarté -voir notre article en date du 30 novembre 2011-  en a fait l’aveu implicite. Il a ainsi suggéré d’en finir avec ce qu »‘il appelle la »catho-laïcité » , à savoir dans son esprit la prééminence culturelle qui est (encore) accordée au catholicisme dans la société française. Au nom de la lutte contre les discriminations bien sûr…

    Soucieux de se rappeler au bon souvenir (?) des Français, l’ex ministre centriste de la Défense,  Hervé Morin , qui a rallié avec  sa coquille ville Nouveau Centre,    l ‘UDI  de Jean-Louis Borloo,  a tenu à apporter sa contribution  au lynchage médiatique des Français qui se tournent vers le Front National.

    Jusqu’alors le très opportuniste  M. Morin ne s’était guère signalé que par ses appels à voter en faveur de la gauche contre les candidats nationaux lors des derniers scrutins. Son seul  autre titre de gloire  constate Bruno Gollnisch,  fut d’avoir prestement obéi  aux ordres du lobby atlantiste qui,  en 2009,  demanda et obtint  la tête du   géopoliticien Aymeric Chauprade, enseignant au Collège Interarmées de Défense (CID) , car  coupable d’avoir énoncé un certain nombre de vérités sur « l’allié américain », ses objectifs et ses méthodes…

     Hier,  Hervé Morin  a donc fait un petit coup marketing en expliquant sur RFI que la « proposition politique » du Front National est   »folle » et « nationale-socialiste. C’est-à-dire plus collectiviste que Mélenchon et d’un patriotisme mortel ». Comme on soulignait qu’il évoquait  clairement le parti nazi, Morin, a insisté : « oui, c’est un parti national-socialiste ».

    M.  Morin  ne se grandit  pas  en  diffamant  effrontément le FN,  ses électeurs  et en mettant ces pas  dans ceux des agités du bocal  les plus extrémistes du combat contre l’opposition nationale. Sur son blog  Ivan Rioufol,  note avec raison que ce dernier « chausse de vieux sabots » et   »surtout laisse voir son désarroi« . « Si le FN est un parti nazi comme il le suggère alors il faut l’interdire. » Et il le serait depuis belle lurette si tel était le cas!

    L’éditorialiste du Figaro relève plus largement que « la campagne antiraciste menée par le gouvernement  suggère une généralisation (du racisme, NDLR) or cet amalgame ne peut être perçu que comme une insulte par le nouvel (et ancien! NDLR)  électorat frontiste »;  » rien ne permet de dire a priori qu’il est plus raciste qu’un autre ». « Les grandes âmes sont les meilleures alliées de Marine Le Pen qui par leur négation des évidences laissent apparaître (Marine) comme celle qui dit des vérités interdites »,   » comme une victime du sectarisme ». « Il n’est pas sain conclut-il,  de laisser le FN sans concurrents répondre au désarroi des gens ». Il n’est surtout pas sain de banaliser un totalitarisme mort et enterré depuis longtemps pour maintenir à  flot les gamellards du Système,  les collabos du  totalitarisme mondialiste, vaste machine  à tuer les peuples.

    http://www.gollnisch.com/2013/11/08/les-collabos-donnent-de-la-voix/

  • Mieux vaut porter un niqab qu'un sweat de la Manif pour tous

    Trois nuits d'émeutes à Trappes, dans les Yvelines, en juillet. A l'origine, un jeune homme, Michaël Khiri, s'oppose violemment au contrôle d'identité de sa femme, qui est intrégalement voilée (ce que la loi interdit dans l'espace public). Il aurait été jusqu'à tenter d'étrangler l'un des policiers. Le tribunal correctionnel de Versailles vient de le condamner à trois mois de prison avec sursis et 1 000 euros d'amende.

    Michaël Khiri n'est pas Nicolas Bernard-Buss, arrêté arbitrairement après avoir participé à l'accueil de François Hollande devant M6. Ce dernier avait été condamné en première instance à 4 mois de prison dont 2 fermes, avec mandat de dépôt. En appel, après avoir croupi 20 jours à Fleury-Mérogis, il a écopé de 3 000 euros d'amende, la moitié avec sursis. Sans qu'aucune infraction n'ait été prouvée.

    Addendum :

    Une information judiciaire pour "incitation à la haine et à la discrimination raciale" a été ouverte contre l'un des policiers qui a participé à l'arrestation de Michaël Khiri. Le motif ? Il aurait posté sur son compte Facebook une photo représentant une femme en niqab devant une mosquée, sous un ciel éclatant, le tout agrémenté du logo de Trappes et de ces mots : "la douceur de vivre". La photo viendrait du groupe "les femmes blanches sont les plus belles".

    Harry Roselmack et Christiane Taubira veulent nous prouver que le racisme progresse en France ? Nous voilà convaincus.

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • [Éditorial de L'AF 2873] CRISE DE RÉGIME

     

    « La France, spontanément, n’aime pas la démocratie. Elle ne se complaît que dans l’autorité tempérée par l’anarchie. De nouveau les grenouilles demandent un roi. Voilà deux cents ans que cela dure. » Ce n’est pas nous qui le disons, mais Jacques Julliard, dans son éditorial du dernier Marianne [1].

     

    Certes, comme s’il avait peur de la vérité très maurrassienne qu’il venait de formuler, il lui fallait bien la tempérer par un jugement hautain sur ses compatriotes — De Gaulle les traitait bien de « veaux ». Qu’importe ? Ce n’est pas en se retranchant de ses concitoyens pour mieux les mépriser qu’on devient La Fontaine, et l’aveu lui a bel et bien échappé : la France, depuis le « suicide » (Ernest Renan) du 21 janvier 1793, n’a toujours pas résolu le problème du pouvoir et les Français n’ont toujours pas fait leur deuil du roi. C’est un aveu d’une violence et d’une panique inouïes si on veut bien considérer qu’il sort de la bouche d’une de ces icônes journalistiques qui ont l’habitude de verser, chaque semaine, à leurs lecteurs des soupes tièdes de lieux communs politiquement corrects visant à les désespérer de tout changement possible. Du reste, on ne se refait pas, puisqu’il considère toujours «  François Hollande comme le meilleur compromis politique et social qui se puisse trouver dans un pays confronté à la plus grave dépression nerveuse qu’il ait traversé depuis 1940 ». Comme si un pays qui se trouve dans une telle situation pouvait trouver remède dans un « compromis social et historique » qui n’est que la cote mal taillée de différents courants politiciens. Pourtant le constat est juste : oui, « il n’y a plus de gouvernement en France ».

    Maurrassien, Jacques Julliard ? Ses propos, en tout cas, le sont et peu importe que ce soit à son corps défendant : ils n’en sont que plus percutants. Certes, la formule « l’autorité tempérée par l’anarchie » n’est, on le sait, textuellement pas plus de Maurras que « la monarchie, c’est l’anarchie plus un », qu’on lui prête souvent. Mais ces deux formules traduisent maladroitement cette vérité politique conforme à mille ans de monarchie capétienne et qui fut au fondement du rejet par Maurras de l’imposture de la démocratie représentative : « l’autorité en haut, les libertés en bas ». D’un côté, non pas l’anarchie, effectivement, qui se termine toujours en tyrannie, mais les libertés les plus larges laissées au pays réel, appelé à se gouverner lui-même pour ce qui le regarde directement, et, de l’autre, une autorité régalienne absolue, au sens d’indépendante, de non soluble dans les intérêts privés, dans l’oligarchie, et dont l’objet est le bien commun. Or, aujourd’hui, à qui les Français ont-ils affaire, alors même qu’ils se trouvent dépossédés de leur autonomie par le Moloch européen comme jamais ils ne l’avaient été par la république jacobine elle-même ? A personne, justement, si ce n’est à un semble-roi qui n’a même plus la dignité de faire semblant de régner.

    Le roi, le semble-roi de la république est nu, désormais. Le peuple a enfin compris que Monsieur Bricolage est pieds et poings liés à une oligarchie dont il n’est que le courtier honteux : comment le leur cacherait-il, après avoir ouvertement trahi ses promesses de maîtriser une « finance » qu’il n’a fait profession électorale de haïr que pour mieux la servir, une fois arrivé aux affaires — quelle loi bancaire adoptée ? Le peuple a enfin compris que son président normal n’imposera aucune politique de croissance ni à une Europe autiste ni à une Allemagne triomphante, parce qu’il partage avec toute la classe politique française le même syndrome munichois de soumission aux faux dogmes du libre-échange absolu, que l’Europe est la seule à pratiquer, et de la monnaie unique salvatrice — quelle renégociation du traité budgétaire ? Le peuple a enfin compris que cet éternel premier secrétaire, qui dirige l’Etat comme il dirigeait naguère le parti socialiste, est plus à même d’imposer manu militari, sous le diktat de lobbies, des ruptures anthropologiques à un pays qui n’en veut pas que de préparer les réformes sociales, économiques ou éducatives dont les Français ont besoin — de l’école aux retraites, en passant par la réindustrialisation du pays, quelles mesures d’ampleur ?

    Le rejet justifié de Sarkozy avait été celui d’un président cynique, vulgaire et brouillon, aussi servile envers les intérêts étrangers, notamment américains, que menteur ou incompétent en matière de chômage, de sécurité ou d’immigration. C’est pourquoi si, pour nos compatriotes, Hollande représentait un pis-aller, pour le pays légal il était l’une des dernières chances de faire avaler aux Français que le système demeure le cadre incontournable de la résolution de leurs problèmes. Or nos compatriotes perçoivent de plus en plus que la vérité de la démocratie a toujours été l’oligarchie, c’est-à-dire le règne arrogant d’un argent apatride et décomplexé, et que cette oligarchie en est arrivée à une étape décisive de sa tentative d’asservissement des peuples : après les avoir privés de leur indépendance nationale et de leur souveraineté politique, monétaire et budgétaire, les livrer à un précarité structurelle sur les plans économique, social, familial et culturel, qui les rend dépendants de politiques d’assistance, les privent de leur dignité et de leurs repères et les détournent de toute citoyenneté réelle. Il en est ainsi d’une politique immigrationniste qui vise à la fois à peser sur les salaires et à dissoudre les nations historiques dans un magma communautariste qui les livre déjà à la violence interethnique — l’attaque récurrente contre les fêtes chrétiennes n’est pas innocente —, ou de la déstructuration anthropologique de la société. Oui, la civilisation est bien engagée dans cette lutte à mort contre l’oligarchie universelle que Maurras prédisait peu avant de mourir.

    Le climat est malsain pour le pays légal. Changer de personnels ne servirait à rien : les maux se nomment Europe supranationale, oligarchie apatride, règne des partis. Faut-il se réjouir de cette crise de régime qui se dessine de plus en plus précisément à l’horizon ? Il faut surtout préparer l’avenir. Tous les patriotes doivent taire leurs divergences, dont la futilité criminelle éclate devant la gravité des enjeux. Ne manquons pas les premiers grondements de la révolte qui sourd. Le sursaut breton — bientôt national ? — contre l’écotaxe n’est qu’un des plus bruyants symptômes du refus de plus en plus radical d’un Etat aussi impuissant à résoudre les problèmes que spoliateur. Les Français n’en peuvent plus. Il faut se tenir prêt à donner un sens à leur colère légitime.

    François Marcilhac - L’AF 2873

    [1] Marianne n°863 du 2 au 8 novembre 2013

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Editorial-de-L-AF-2873-CRISE-DE

  • Révoltes populaires au Moyen-Age

    Les révoltes populaires constituent un phénomène qui reste encore mal connu, aussi bien dans leur forme populaire qu’insurrectionnelle. Cela tient aux sources qui proviennent presque exclusivement des autorités et qui ne donnent que le point de vue des pouvoirs en place et des couches sociales dominantes. Les historiens ont certes étendu le champ de leur approche en complétant les chroniques par des sources judiciaires ou comptables. Mais ils restent tributaires du langage de la répression.

     

    Ainsi, pour désigner les révoltés du Bassin parisien en 1358, les chroniqueurs, appartenant au milieu clérical ou nobiliaire, les appellent « Jacques », de l’appellation « Jacques bonhomme » qui leur avait été donnée pour les tourner en dérision, et le chroniqueur Jean Froissart parle à leur sujet de « méchantes gens ». D’autres traitent les révoltés de Gand, en 1380, de « ribauds, chétifs et merdailles ». Dans tous les cas, ces jugements de valeur font référence aux populares, aux populaires, que les textes appellent aussi « le commun », le « peuple », « les menus » (contre les « gros »), ou encore, chez ceux qui s’inspirent d’Aristote, les « gens mécaniques ». Ces termes sont assez vagues, mais ils désignent les catégories inférieures de la société, par opposition à ceux que la fortune, le pouvoir, la notoriété sociale placent en position hiérarchiquement supérieure. Le problème consiste à situer la limite de cette stratigraphie sociale. Par exemple, parmi les révoltés de 1381, en Angleterre, on compte de nombreux membres du clergé, tel John Ball. Peut-on les considérer comme partie prenante du peuple, voire du petit peuple ? Si leur absence de fortune les place bien dans cette catégorie, ils font néanmoins partie du clergé et bénéficient d’un prestige qui les détache du peuple. A l’inverse, faut-il créer un fâcheux amalgame entre les populaires et les miséreux, ou encore les mendiants, et les englober tous dans le groupe des marginaux ? Le fait que les révoltes populaires soient, avant tout, aux yeux des contemporains, des troubles qui remettent en cause la hiérarchie sociale, ne doit pas dispenser d’une analyse fine des acteurs qui les animent. Quant à la révolte elle-même, les mots sont variés et ambigus. Elle commence avec le « murmure », lequel, dans les textes, se démarque mal de la rumeur. Le terme « effroi » ou celui de « commotion » sont employés dans un second temps pour montrer la peur et le choc que fait naître l’insurrection. Christine de Pizan et le récit anonyme du Bourgeois de Paris emplie aussi le mot « fureur » pour désigner les révoltes parisiennes de 1413 (Cabochiens) et de 1418. Les textes peuvent parler de conjuration, d’alliances ou de complots, mettant l’accent sur le serment et les contrats qui unissent les insurgés, ainsi que sur le caractère secret et inquiétant de la préparation. Enfin, l’emploi des termes « rébellion » ou « sédition » met l’accent sur l’infraction politique que commettent les insurgés par rapport aux pouvoirs établis et, du même coup, sur sa condamnation. Il est significatif que ces expressions politiques apparaissent surtout aux deux derniers siècles du Moyen Age, au moment où les pouvoirs étatiques s’affirment et où, sous l’influence du droit romain, se met en place le crime de lèse-majesté. Le vocabulaire reste donc ambigu, mais il donne quelques aperçus de la diffusion possible de la révolte par la rumeur, de sa structuration par la foi jurée, de son impact traumatisant et institutionnel. Saisir la révolte populaire est d’autant plus difficile qu’elle se confond parfois avec des manifestations hérétiques ou des dénonciations de l’hérésie, surtout pour les périodes les plus anciennes du Moyen Age. Il en est ainsi des Patarins de Milan (littéralement, ceux qui sont vêtus de chiffons) qui, entre 1045 et 1085, sont en lutte contre l’archevêque de la ville et dénoncent à la fois la simonie et le concubinage des prêtres. Ces insurgés sont en fait des fanatiques de la réforme grégorienne que leurs adversaires traitent d’hérétiques. Si leur mouvement donne aussi naissance à des revendications sociales, les Patarins ne rassemblent pas l’ensemble du petit peuple. D’autres insurrections à cette époque dans les villes du nord de la France, vont dans le même sens. De façon générale, le lien que l’hérésie entretient avec un idéal de pauvreté exacerbé facilite l’amalgame.

     

     

     

    Les révoltes populaires connaissent deux temps forts, l’un au XIIe s., l’autre aux XIVe-XVe s. Cela ne veut pas dire que des révoltes n’ont pas eu lieu en dehors de ces périodes et que, à l’inverse, ces temps forts puissent être considérés comme des « révolutions ». Le premier temps fort, celui du XIIe s., est lié à l’obtention des chartes de franchises. Il a été particulièrement violent dans le Nord où les affrontements ont opposé les bourgeois, soutenus par le peuple, aux seigneurs pour obtenir un certain nombre de privilèges, économiques, judiciaires et politiques. Mais l’Italie a aussi connu ses révoltes pour que puissent s’y développer les libertés urbaines, cette fois face à l’empereur et au Pape. La forme communale que prend le mouvement implique un serment entre les insurgés qui est, en lui-même, un acte répréhensible, puisqu’il lie des égaux, les bourgeois, et crée entre eux une alliance scellée devant Dieu. C’est l’une des raisons qui poussent certains clercs à condamner le mouvement, tel l’abbé Guibert de Nogent qui, à propos de la commune de Laon en 1115, parle de « commune » comme d’un mot « nouveau et détestable ». Les privilèges obtenus par les insurgés ne sont pas minces, tels l’abonnement à la taille, la codification des amendes, la réglementation des marchés, et une liberté personnelle qui restreint la servitude. Le second temps fort des révoltes médiévales consiste en un véritable cycle à l’échelon européen entre 1350 et 1420 environ, qui a pour cadre les villes, mais aussi les campagnes. Ces deux grandes vagues ne doivent pas faire oublier l’existence d’une violence latente. Dans le cadre de la seigneurie, des affrontements violents peuvent se produire de façon ponctuelle entre le seigneur banal et ses dépendants. C’est le cas en Catalogne (P. Bonnassie), mais aussi en France du Nord où, entre 1050 et 1150, on a pu repérer une douzaine de cas où des révoltes se terminent par la mort du seigneur (R. Jacobs). Des révoltes peuvent aussi opposer les serfs à leur seigneur, surtout à partir du milieu du XIIIe s., quand les communautés serviles œuvrent pour acheter leur liberté, par exemple dans le Bassin parisien. D’autres révoltes, surtout au XIIIe s., opposent le peuple des villes aux patriciens qui détiennent et monopolisent le pouvoir. C’est le cas en Flandre, dans les villes où la laine se transforme en drap. La société et l’économie y opposent les gens de métiers au patriciat, et, au sein des gens de métier, les tisserands, détenteurs d’outils chers et perfectionnés, aux foulons et aux teinturiers, les « ongles bleus », dont le corps est le seul outil de travail. Dès 1245, des grèves ou « takehans » éclatent à Douai et s’étendent à Gand et à Liège. A partir de 1275, la Flandre subit de plein fouet l’arrêt des importations de laine anglaise. Dans les principales villes, la population au chômage réclame une enquête sur la gestion des échevins, d’autant que le poids de la fiscalité urbaine s’accompagne de malversations. Les artisans du textile, tisserands et foulons, s’unissent pour mener les insurrections. Onze échevins sur seize sont assassinés à Douai ; le beffroi de Bruges est incendié ; de nombreuses archives urbaines sont saccagées. Le comte de Flandre, d’abord favorable aux insurgés pour mieux contrer les échevins, se range du côté de la répression et les gens de métier sont sévèrement punis. A des châtiments individuels sévères – pendaisons, décapitations et bannissements – s’ajoutèrent de lourdes amendes. En même temps, le comte profite de la situation pour réduire le pouvoir des échevins. Les révoltes de la période 1350-1420 sont les mieux connues. Elles ont un caractère européen et touchent surtout les villes, mais aussi les campagnes. Leur simultanéité interdit de les traiter comme des phénomènes isolés. Par exemple, il apparaît bien que la Jacquerie qui embrase le Bassin parisien en mai-juin 1358 a des liens étroits avec le mouvement insurrectionnel d’Etienne Marcel à Paris et sans doute avec les mouvements qui agitent les villes de Flandre, en particulier Gand. L’information circule par le biais des lettres officielles, des contacts commerciaux et de la simple rumeur. C’est un véhicule puissant de la révolte. Il en est de même dans toute l’Europe à partir de 1378, au moment où s’ouvre à Florence, avec la révolte des Ciompi, un cycle de violences qui dure jusqu’en 1391 en Espagne. Chaque ville a certes une révolte spécifique, mais les liens entre les lieux sont étroits, par exemple entre Paris où sévissent les révoltés en deux vagues successives, l’une en 1380, l’autre en 1382 connue sous le nom de révolte des Maillotins, et Rouen qui connaît une Harelle en 1382. De la même façon, le réseau des insurrections est trop compact en Languedoc et en Catalogne pour que la révolte ne se soit pas répandue de façon exemplaire.

     

    Les historiens sont de moins en moins convaincus du lien direct qui existerait entre misère et révolte. L’exemple le plus net est celui de la Jacquerie de 1358 où les acteurs sont des paysans cossus des terres riches du Bassin parisien ou des gens de métier recrutés dans les villes. Certains ont même acquis une certaine culture qui les situe parmi les élites paysannes (c’est le cas du meneur, Guillaume Cale). Les conditions que peut réunir une crise économique ne sont pas non plus suffisantes. On a pu montrer que si l’insurrection des Ciompi avait été liée au prix du pain, elle aurait éclaté dès 1375, au moment où se fait sentir une forte poussée du prix des denrées de première nécessité, qui a débuté en 1370 et chute en 1376-1377 (Ch. De La Roncière). Florence avait déjà connu une forte poussée de ce type entre 1335 et 1350, mais aucune révolte comparable à celle de 1378. Sur les quarante-trois émeutes qui se sont déclenchées à Florence entre 1343 et 1385, dans un seul cas, en 1368, le prix du pain est en question. Ce sont plutôt l’instabilité de la monnaie, les « remuements monétaires », les excès de la fiscalité et les évènements militaires qui suscitent les révoltes.

     

    La place de l’impôt dans ces mouvements de la fin du Moyen Age est essentielle, si bien qu’on peut lier les révoltes à la croissance du système étatique, à un moment où le prélèvement fiscal doit encore être consenti par les populations. Dans cette perspective, il est normal que les révoltés soient d’abord ceux qui ne sont pas privilégiés et qui ne sont pas considérés comme assez misérables pour être exclus des rôles de taille. Pour eux, l’impôt est lourd. Il est normal aussi que les insurgés se recrutent parmi ceux qui, à l’échelle de leur village ou de leur paroisse, ont pris par ailleurs l’habitude d’appliquer un certains nombre d’idées démocratiques en votant l’impôt, le guet et la garde. Ceux qui se classent dans le noyau des fortunes moyennes prennent l’initiative. A Paris, en mars 1382, le cri de révolte est venu d’une marchande de cresson, donc d’une femme ayant un métier, modeste certes, mais a l’abri de la misère. La horde des exclus ne fait que suivre le mouvement, comme à Paris en 1418. Les marginaux, qui font tant peur, ne prennent pas l’initiative de la révolte. Pourtant, les chroniqueurs ont raison : ce sont les pauvres qui jouent de la violence contre les riches. Et il est probable qu’en 1380, les Tuchins, dans le Midi de la France, ont crié « Tuons, tuons tous les riches », utilisant le vocabulaire de la vengeance qui conduit à la guerre privée. Si les révoltés s’opposent d’abord aux collecteurs d’impôts, ce sont rapidement les riches qui sont visés, ce qui montre la force des antagonismes sociaux sur lesquels sont construites les hiérarchies. Le critère de fortune est insuffisant. Il faut tenir compte du degré d’acculturation, de l’accès aux soins médicaux et à l’hygiène, de la qualité du logement et de la valorisation du métier exercé. Par exemple, les bouchers sont des gens fortunés, mais ils exercent un métier déprécié, d’où leur rôle dans la révolte parisienne de 1413. A Florence, les travailleurs de la laine sont au bas de l’échelle sociale, mais avec des nuances qui placent les fileuses et les tisserandes derrière les hommes : être Ciompa est pire que d’être Ciompo (A. Stella). Face aux riches qui dominent la ville, que valent ces nuances? A Florence, les foyers des Bardi qui résident dans la Scala concentrent entre 20 et 30% des fortunes et pèsent d’un poids énorme. On peut alors se demander si une ville comme Florence (environ 70.000 habitants en 1378) est capable de sécréter des liens d’unité entre ses groupes sociaux ou si, au contraire, les hiérachies sont à vif au point de secréter des oppositions irréductibles, prêtes à éclater quand les circonstances politiques ou économiques sont favorables. Sur l’ensemble de la population, un tiers des ménages est déclaré « misérable ». L’occupation de plus de la moitié des travailleurs est un simple gagne-pain, un travail sans honneur. Le paysage urbain porte les marques des ségrégations sociales: au centre sont les magnats ou les membres du Popolo qui ont exercé le pouvoir pendant le XIVè s., tandis que la périphérie est occupée par les pauvres ou les miséreux. Il y a bien deux villes dans la ville, à Florence comme à Milan et à Lyon où la Rebeyne de 1436 est venue des faubourgs. La muraille urbaine est aussi une fracture de chair et de sang. Les révoltés sont nées de ce dialogue devenu impossible entre les menus et les gros, parce que les menus sont des sortes d’étrangers dans leur cité, à un moment où l’esprit l’esprit civique et le sentiment d’identité urbaine se développent, partagés par tous. Il est tout à fait significatif que les révoltés tournent aussi leur violence contre les étrangers et les juifs. Les dettes et l’usure ne sont pas les seules en cause. La xénophobie s’assortit d’une sorte de croisade religieuse et les Ciompi ne revendiquent pas de s’appeler Popolo Grasso, mais Popolo di Dio. Ils défendent l’idée d’un territoire que souille la présence des juifs et des étrangers, d’un territoire dont ils doivent assurer la défense en désignant à leur tour des exclus, selon un processus qui leur fait retrouver l’identité que les riches leur ont confisquée.

     

    Les engagements de ces populations dans la révolte aboutissent rapidement à un échec et d’ailleurs, l’insurrection se déroule elle-même dans un temps court, de l’ordre de la journée, au maximum de quelques semaines. Pourquoi ? La première explication tient à la rapidité de la répression, à armes inégales. Les Jacques ont des armes de fortune, au mieux des piques, et Charles de Navarre, qui les vainc à Mello le 10 juin 1358, est armé en chevalier. Les mouvements sont aussi morts d’une absence de programme politique de remplacement. Les insurgés n’imaginent pas d’autres modes de gouvernement que celui qui est en place, en particulier dans le royaume. Ils ne remettent pas en cause la personne du roi. Ils chargent ses officiers de toutes les fautes. Quand il existe l’amorce d’un programme politique, il est le fait de meneurs appartenant à d’autres couches sociales, te le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, à Paris en 1413 et en 1418. Il existe une idéologie millénariste qui peut servir de toile de fond à ces révoltés qui rêvent d’une société sans impôts, sans contrainte, sans nobles. Ainsi, la violence des Travailleurs anglais, en 1381, se teinte de millénarisme avec la fameuse prédication de John Ball : « Quand Adam bêchait et Eve filait, où était le gentilhomme? » La violence devient alors purificatrice, déviant vers des thèses considérées comme hérétiques (Wycliff, Hus) et c’est une des causes de son échec, car elle se manifeste par flambées d’où le mysticisme n’est pas exclu et elle débouche sur un rêve à la fois passéiste et sécurisant. Il reste cependant à comprendre pourquoi la violence se met alors à flamber et à s’éteindre aussitôt. La révolte entretient avec la fête un certain nombre de points communs qui caractérisent les rites collectifs. Les dates choisies sont significatives, quand elles sont en rapport  avec le Carême et le Carnaval qui sont à la fois des temps de réformation et d’explosion sociale, comme c’est le cas à Rouen ou à Paris en 1382. Le temps de la révolte connaît aussi un déroulement inversé, puisque les révoltés commencent souvent à Vêpres et poursuivent leur action de nuit, ce qui signe un effet diabolique. Les sonneries des églises ou du beffroi deviennent anarchiques et le tumultes des Ciompi est aussi celui des petites cloches de la périphérie en discordance avec celles du palais. ce brouillage du temps, correspond celui de l’espace. Les portes de la ville sont fermées, des chaînes sont tendues dans les rues et, à l’inverse, les prisons sont ouvertes, un acte que seul peut se permettre le pouvoir souverain. Il est impossible que ces repères vacillent longtemps dans une société marquée  par des codifications rituelles très fortes comme l’est la société médiévale. Enfin, quand la violence se développe au point de transformer la révolte en massacre, il peut exister des points de non-retour que perçoivent les révoltés eux-mêmes. A Paris, en 1418, la révolte s’arrête et se retourne contre son chef, le bourreau Capeluche, quand celui-ci, enfreignant les tabous, met à mort une femme enceinte. La violence a ici transgressé plus que l’ordre social : elle a atteint les fondements de l’ordre culturel, c’est-à-dire des valeurs que partagent tous les acteurs, qu’ils soient pauvres ou exclus. La révolte trouve là ses propres limites parce que les lois de l’honneur qui unissent les hommes sont finalement encore plus fortes que les clivages sociaux.

     

    Les révoltes populaires sont un échec, mais leur répétition, en particulier à la fin du Moyen Age, a entretenu une psychose de peur. Non seulement les insurgés sont présentés comme des criminels, mais le peuple tout entier gagne en laideur, donc en mépris et en rejet. A terme il est probable que la répétition des révoltes populaire a finalement servi le développement des pouvoirs centralisés et a conforté la place des privilèges.

     

    Claude Gauvard In Dictionnaire du Moyen Age

    http://theatrum-belli.org/revoltes-populaires-au-moyen-age/