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  • Religion : le manque de culture des journalistes

    Extraits d'un entretien intéressant de l'abbé Grosjean dans Le Monde des Religions, notamment sur le traitement médiatique accordé aux religions :

    [...] D’abord, je considère qu’il y a un manque évident de culture religieuse chez les journalistes, qui est le fruit de leur génération. Ce n’est pas parce qu’ils sont journalistes, c’est tout simplement qu’ils ont été beaucoup moins confrontés à la religion que leurs aînés. Le fait religieux revient en force dans la société, surtout à travers l’islam mais aussi le catholicisme, par le pape François très médiatisé depuis un an…

    Du coup, ces journalistes sont confrontés à la question religieuse, qu’ils le veuillent ou non, etils n’ont pas la culture nécessaire, la capacité de compréhension, les clés pour traiter le fait religieux.Il leur manque des outils qui leur permettraient d’éviter les contresens, qui aideraient à la compréhension de certains évènements et à leur lecture. Comme je dis souvent, vous ne pouvez pas être commentateur d’un match de foot sans en connaître les règles. Vous ne pouvez pas parler de l’Église sans savoir ce que sont un évêque, un diocèse ou sans être entré dans une église. Il ne s’agit pas d’avoir un journaliste qui soit croyant, il s’agit d’avoir des journalistes qui ont une culture religieuse.

    Il y a aussiune ignorance de la part des représentants des religions, car ils sont encore sur la défensive par rapport aux médias. Ils ne les connaissent pas, en réalité. L’enjeu pour moi, c’est qu’il y ait une rencontre de ces deux mondes, une révolution culturelle à l’image de ce qui a eu lieu avec l’armée. Il y a quelques années, l’armée était vraiment sur la défensive vis-à-vis des médias. Le journaliste était un problème en soi et il fallait s’en protéger. De leur côté, les journalistes connaissaient très peu ce milieu. C’est l’armée elle-même qui a fait sa révolution culturelle en comprenant qu’il fallait travailler avec et non pas contre les journalistes. Qu’une vraie collaboration devait exister. Il y a donc aujourd’hui, dans les grandes rédactions, un spécialiste des questions de la défense. Ce journaliste est capable de comprendre ce qui se passe et de suivre une opération militaire en sachant pourquoi il ne faut pas dévoiler telle ou telle information, tout en gardant son regard critique. Un lien de confiance s’est établi. 

    [...]Le regard extérieur d’un journaliste sur la religion ne sera jamais celui d’un croyant.Il sera toujours en deçà de ce que peut vivre le croyant lui-même. Mais ce qui a nourri la peur du croyant, c’est la façon dont ses convictions et sa foi ont été, parfois, traitées.Le problème n’est pas que le journaliste ne partage pas celles-ci, c’est la méconnaissance et le jugement porté sur leur foi qui conduisent parfois le journaliste à dire des énormités. Prenons l’exemple récent du lycée Gerson. Quand le journaliste du Nouvel Observateur parle des dérives sectaires du lycée Gerson et qu’il évoque les enfants juifs obligés de se confesser, c’est une erreur factuelle. Ce n’est pas possible. Un prêtre ne peut pas confesser un non-catholique. Cela jette un discrédit sur le reste de l’article.On se dit que le journaliste qui écrit une telle absurdité, sans prendre la peine de vérifier, n’est plus dans l’information mais dans l’idéologie.

    Quels ont été les traitements médiatiques qui vous ont vraiment choqué ?

    La première blessure a été le traitement accordé à Benoît XVI,le lynchage médiatique de ce pape qui était vraiment d’une douceur et d’une humilité incroyables. Les médias ont donné la vision d’un homme dur, qu’ils appelaient le« Panzer Cardinal »,d’un intégriste… Ces propos sont vraiment décalés par rapport à la réalité du personnage. On l’a traité de criminel en lui reprochant ses positions sur la contraception et le préservatif, etc.C’était d’une mauvaise foi lamentable. On ne prend même pas la peine de reprendre la phrase en intégralité… Encore une fois, on peut ne pas être d’accord avec ses prises de position. Mais que la vérité de ses propos ne soit pas respectée est blessant. [...]

    Les médias recherchent des religieux qui peuvent et veulent expliquer le message de l’Église avec un langage simple, qui ne soit pas un jargon ecclésiastique. Ils attendent aussi de la réactivité. Et c’est un peu le problème de notre institution : on aime prendre un temps de recul, de réflexion, une distance qui est souvent légitime, mais qui ne répond pas tout le temps à l’empressement médiatique.  Si on prend les chaînes d’information continue qui sont dans l’immédiateté et l’Église qui doit prendre son temps pour répondre, l’équation s’avère impossible. Je considère qu’il est important que l’Église apprenne à être réactive, qu’elle puisse expliquer, se positionner rapidement – surtout en cas de polémique – pour qu’aucun reproche ne puisse lui être fait.Tout en gardant cette liberté de dire« non, je ne veux pas réagir »,ou« je réagirai plus tard ».Autrement dit, sans se sentir prisonnière de la dictature du court terme.

    Vous évoquez la lenteur de l’Église à répondre, quelles sont ses autres difficultés ?

    Il existe aujourd’hui un souci d’adaptation au format médiatique.Le prêtre est habitué à prêcher pendant 10 minutes à la messe pour s’exprimer sur un sujet. Les médias lui demandent une réponse en 20 secondes. Typiquement, sur les sujets éthiques forcément complexes, là où l’Église tient un langage tout en nuances, nous devons répondre en très peu de temps, en une phrase, tout en s’assurant que le contenu ne sera pas caricaturé et cité hors de son contexte. C’est un vrai travail. Avec l’avènement des blogs catholiques, la parole se diffuse, mais elle est aussi variée. Aujourd’hui, certains blogs laïcs ont plus d’audience que les pages officielles de beaucoup de diocèses. [...]"

    Michel Janva

     
  • Libye: est-il encore possible d’empêcher la création d’un « Etat islamique d’Afrique du Nord » ?

    Lu su le blog de Bernard Lugan :

    Au point de vue militaire la situation libyenne a considérablement évolué depuis mon précédent communiqué en date du 17 août dernier:

    - A l’Est, en Cyrénaïque, l’offensive du général Haftar a été bloquée par les milices islamistes; le 22 juillet, à Benghazi, le quartier général de ses forces spéciales a même été pris d’assaut.

    - A l’Ouest, en Tripolitaine, les milices de Misrata (Frères musulmans) et les salafistes de Tripoli surarmés par le Qatar et par la Turquie, paraissent prendre peu à peu le dessus sur les milices berbères de Zenten dans la région de l’aéroport principal de Tripoli. Le second aéroport de la capitale, celui de Maïtigua, est déjà contrôlé par les islamistes d’Abdelhakim Belhaj.

    La stratégie des salafistes, desFrères musulmanset du Qatar est désormais claire: faire de la Libye une base de déstabilisation régionale. De fait, l’Egypte et l’Algérie sont directement menacées cependant que la Tunisie n’arrive pas à liquider les maquis des monts Chaambi. Quant au Maroc, il va être dans les prochains mois la cible d’un nouveau mouvement fondamentaliste baptiséUnicité et jihad au Maghreb al-Aqsa.Au Sud, le Mali, le Niger et le Tchad vont automatiquement subir la contagion de la situation libyenne.

    Le processus de déstabilisation de la Libye a été très largement pensé et supporté par le Qatar qui, dans un premier temps, a utiliséAl-Jazirapour diaboliser le régime Kadhafi. Le bras armé de cet insatiable et arrogant petit émirat fut Nicolas Sarkozy qui, subverti par BHL, imposa l’intervention internationale en reprenant à son compte les mensonges d’Al-Jaziraau sujet d’une menace inventée sur les populations de Benghazi.

    La situation étant aujourd’hui ce qu’elle est, est-il encore possible d’empêcher la création d’un « Etat islamique d’Afrique du Nord  » avec toutes les conséquences régionales qu’aurait un tel événement ?

    Les Européens n’ont comme d’habitude qu’une seule solution à proposer: encore et toujours la démocratie. Le 4 août, jour de sa première réunion à Tobrouk, ils ont ainsi reconnu la légitimité du nouveau parlement pourtant élu par à peine 10% des électeurs, et ils ont appelé ses membres à une « gouvernance démocratique »… Il est difficile d’être davantage déconnecté des réalités, d’être plus prisonnier des nuées, de l’idéologie…

    La solution réaliste comporte deux volets, l’un est militaire, l’autre politique :

    1) Comme je l’annonçais dans mon communiqué daté du 15 juillet 2014, une triple intervention de l’Egypte, de l’Algérie ( en dépit des déclarations contraires du Premier ministre Sellal) et de la France est dans les cartons.

    2) Si une telle intervention n’a pas encore débuté c’est parce qu’elle doit impérativement se faire en appui à une résistance libyenne. Or, et je viens de le dire, le général Haftar a perdu sa crédibilité. Il devient donc urgent et nécessaire de reconstruire le système d’alliances tribales qui existait du temps du colonel Kadhafi. Sans lui, il n’y aura pas d’intervention étrangère permettant d’abord de contenir, puis ensuite de réduire les salafistes d’Ansar al Charia et leurs alliés en Cyrénaïque, les résurgences du GICL (Groupe islamique combattant en Libye) en Tripolitaine et lesFrères musulmansde Misrata.

    Or, que cela plaise ou non, Seif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi, est le mieux placé pour constituer un tel rassemblement (voir à ce sujet mon communiqué du 17 août). A défaut, toutes les forces islamistes risquent d’être engerbées et coagulées dans un futur « Etat islamique d’Afrique du Nord » à l’imitation de l’EIL d’Irak.

    http://www.contre-info.com/libye-est-il-encore-possible-dempecher-la-creation-dun-etat-islamique-dafrique-du-nord#more-34249

  • L’émergence de l’État islamique déclenche un retournement géopolitique sans précédent

    Un décryptage très intéressant de Thomas Flichy de la Neuville (professeur à l'ESM de St Cyr) sur Liberté politique :

    "La brusque émergence de l’État islamique en Irak et au Levant, loin de se réduire, comme le voudraient certains commentateurs, à un simple épiphénomène, se présente comme un événement fondamental qui a d’ores et déjà entraîné un renversement géopolitique majeur.

    La liquidation du régime de Saddam Hussein par les États-Unis a entraîné un chaos interne à l’Irak qui a prioritairement bénéficié aux compagnies pétrolières chinoises. Ce sont elles qui ont raflé la mise du démantèlement de l’État irakien.

    Devant cette déroute géopolitique, les États-Unis cherchent aujourd’hui à préserver les contrats signés au sud dans la partie chiite et au nord, dans le Kurdistan.

    L’exploitation du gaz de schiste américain ne rend pas indispensable l’importation de gaz irakien. En revanche, il est important d’empêcher une mainmise totale de la Chine, devenue l’adversaire principale des États-Unis. 

    Un renversement complet

    Pour ce faire, les États-Unis ont décidé de mettre fin à la progression de l’État islamique. Armer les Kurdes ou d’autres minorités irakiennes au détriment des islamistes sunnites se présente, à l’évidence, comme un renversement complet de politique.

    En effet, le Kurdistan armé menace la Turquie, alliée traditionnelle de l’Amérique. D’autre part, il s’avère totalement illusoire de limiter l’avance djihadiste sans s’appuyer sur la Syrie de Bachar-el-Assad. Enfin, comment contenir l’essor islamiste sunnite sans le soutien de l’Iran ? Au cours des derniers mois, les États-Unis, se sont ostensiblement rapprochés de l’Iran tout en prenant leurs distances par rapport à Israël.

    Ce mouvement s’est aujourd’hui accéléré. Les États-Unis ménagent toutefois leur allié saoudien, terrorisé par la menace d’un État islamique pouvant le faire voler en éclats. Ils n’ont d’ailleurs pas émis de protestation à l'encontre des bombardements saoudiens en Libye, État destiné à devenir la métastase nord-africaine de l’EI. 

    Le choix du réalisme

    Le choix par les États-Unis d’une politique réaliste au Moyen-Orient, qui est en train de prendre de court l’ensemble des chancelleries européennes, se traduit par un nouvel équilibre dont les éléments majeurs sont les suivants :

    ♦ La Turquie, menacée à l’Est par le Kurdistan armé est fragilisée en raison de son soutien aux islamistes syriens et libyens.

    ♦ Israël, qui a le plus grand mal à stabiliser la bande de Gaza, peut tenter de jouer l’alliance avec l’Égypte afin de se présenter comme un glacis empêchant la connexion entre le Califat Irakien et son émirat Libyen.

    ♦ L’antagonisme entre le Qatar et l’Arabie Saoudite est exacerbé.

    ♦ Enfin, de nouveaux rapports vont se nouer entre les puissances géoculturelles que sont l’Iran et la Russie, qui ont misé triomphalement sur une politique réaliste du temps long, et l'Amérique de l'après État-islamique." 

    Marie Bethanie

  • A. F Communiqué du président du Comité directeur

    Réuni à l’occasion du CMRDS 2014 au château d’Ailly, dans le Roannais, le Comité directeur de l’Action française a pris deux décisions importantes : la nomination de François Bel-Ker comme Secrétaire-général du mouvement et celle de Philippe Mesnard comme rédacteur en chef de L’Action Française 2000. 

    Notre ami Olivier Perceval quitte le secrétariat-général mais continuera d’accompagner la progression du mouvement au sein du Comité directeur. François Marcilhac demeure le directeur politique et l’éditorialiste de L’AF 2000.

    L’affluence historique qu’a connue notre université d’été cette année et le développement rapide de nos sections à travers tout le pays sont les signes de la qualité du travail accompli ces dernières années. Le nouveau secrétaire-général aura à cœur de prolonger et d’amplifier ce développement.

    La crise de confiance d’une ampleur inédite qui touche non seulement l’exécutif, président de la République et gouvernement, mais plus généralement l’ensemble des partis politiques "républicains" devrait logiquement conduire à un changement de régime. Le nationalisme intégral est donc plus que jamais d’actualité. Notre tâche est d’en convaincre au plus vite les Français soucieux de l’avenir de leur patrie.

    Pour que vive la France, vive le roi !

    Stéphane Blanchonnet, Président du Comité directeur de l’Action française

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Communique-du-president-du-Comite