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  • Le gouvernement des amateurs

    D’après une étude, d’ici à 2025 les emplois de trois millions de salariés français auront été remplacés par des robots. Peut-être feraient-ils aussi de meilleurs ministres ?   

    Glissé en douce dans le cadre du budget de la Sécurité sociale, l’amendement aurait pu passer inaperçu. Son objectif : assujettir les dividendes des sociétés anonymes aux cotisations sociales et les taxer ainsi jusqu’à 60 %. Colère des chefs d’entreprise. Deux ans après la bronca des Pigeons, le gouvernement semble de nouveau s’acharner sur les TPE et PME et pénaliser la prise de risque au lieu de la soutenir, sous prétexte de lutter contre certains abus.

    « Une fois de plus, on freine le développement des entreprises et on dissuade les énergies », s’emporte le député UDI Jean-Christophe Fromentin, tandis que le secrétaire général de la CGPME voit là une « entreprise de démolition des travailleurs indépendants déjà surtaxés ».

    Embarrassé, Michel Sapin promet de demander le retrait de cette disposition. Parallèlement, un autre rétropédalage se profile sur le décret Hamon, qui instaure l’obligation d’informer les employés deux mois à l’avance en cas de cession de PME. Une idée contre-productive propre à décourager les repreneurs et nuisant à la confidentialité des tractations.

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  • FN, la petite bête qui monte, qui monte

    A plus de deux ans et demi du premier tour de la présidentielle,  il faudrait être bien sots ou naïfs  pour tirer des conclusions définitives des sondages concernant les probables acteurs majeurs de la course à l’Elysée en 2017. Tout juste peut-on  sentir, quand on en discute avec les Français, ce que les enquêtes d’opinions indiquent aussi, à savoir que Nicolas Sarkozy n’est pas attendu comme le messie. A l’image d’un Chirac affublé avant lui du surnom de « Super menteur», décrit en 2002 par Lionel Jospin  comme «usé, fatigué et vieilli », ce qui certes n’avait pas empêché le Premier ministre socialiste de mordre la poussière, le mari de Carla Bruni ne fait pas (plus) rêver le peuple de droite. Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien publié samedi, 75 % des personnes interrogées jugent que son retour en politique est «raté», constat partagé par 57 % des sympathisants de droite (contre 41 %) et même 48 % des sympathisants de l’UMP. 77 % des sondés estiment aussi qu’il n’a fait aucune proposition intéressante pour la France, dont 58 %  des sympathisants de droite et une majorité encore plus écrasante des sympathisants du FN et de l’UDI. Seuls 54% des sympathisants de l’UMP sont d’un avis contraire alors qu’ Alain Juppé  voit sa cote de confiance se confirmer au détriment de M. Sarkozy(45 %, soit + 2 points par rapport à il y a un mois, contre 24 %, soit – 4 points).

    Les partisans de Nicolas Sarkozy se plaisent à imaginer qu’Alain  Juppé connaitra au final le sort d’un Edouard Balladur face à Chirac en 1995. Pour autant,  les sondages en hausse dont jouit l’ex calamiteux  Premier ministre et tout aussi médiocre ancien ministre des Affaires étrangères (« le meilleur d’entre  nous » , sic), révèle en creux la désaffection vis-à-vis de Sarkozy. Il apparait au fil de ses réunions rongé par les tics, les mauvais gimmicks, utilisant des formules attrape-tout déjà  testées  en 2007 et 2012 avec l’insincérité que l’on sait. Il est devenu sa propre caricature et cela les Français le perçoivent.

     A contrario, signe que nos idées sont en phase avec les attentes de nos compatriotes, qu’elles sont clairement perçues comme une alternative à la pensée unique et bien évidemment preuve du grand talent de la présidente du FN, selon un sondage Ifop pour le JDD, 60% des Français estiment que Marine Le Pen est la personnalité qui s’oppose le plus à François Hollande.

     Cette enquête pointe surtout l’écart entre Marine et ses adversaires pour incarner ladite alternative au socialomondialisme. Car à cette même question «parmi les personnalités suivantes de droite, laquelle s’oppose le plus selon vous dans ses propos et ses actions à François Hollande? », Nicolas Sarkozy ne recueille que  21%, Alain Juppé 8%, François Bayrou et François Fillon 4%…

     Tout aussi révélateur de ce clivage qui ne cesse de se creuser entre le peuple  de droite et ceux qui affirment en être les représentants légitimes, parmi les sympathisants de l’UMP, ils sont 59% à avoir cité Marine Le Pen, 25% Nicolas Sarkozy et 10% Alain Juppé. Un véritable coup de massue dont les effets ne vont pas manquer de se faire sentir dans les rangs de la droite courbe…

     A gauche c’est Jean-Luc Mélenchon qui est cité comme premier opposant au hollandisme , devant  Martine Aubry (22%), Arnaud Montebourg (14%), Cécile Duflot (12%) et Benoît Hamon (5%).

     Dans un entretien donné au JDD, Marine constate qu’ «aujourd’hui, il n’y a plus de président de la République en France. Son prédécesseur faisait en sorte que cela se voit moins, mais c’est la même chose ». Elle pointe la «fracture entre le peuple et l’exécutif» et en  en appelle une nouvelle fois  à la «dissolution de l’Assemblée nationale, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen » et parce qu’il faut « purger le malentendu gigantesque né de la mise en œuvre d’une politique rejetée par une majorité de Français ».

     Faut-il s’étonner dans ces conditions de la chute colossale du nombre d’adhérents au PS ? Le site d’Europe 1 indique qu’au 31 juillet, le Parti socialiste avait enregistré 60 % de déperdition du montant de ses recettes d’adhésion. Et ce, « avant le remaniement, et avant l’affaire Thévenoud ».

     « A titre d’exemple Europe1 a sondé une quinzaine de fédérations socialistes. Résultat : il y a des pertes partout. Dans « la fédération du Nord, l’une des plus importantes», «dans certaines sections», notamment «à Dunkerque (…), on a perdu la moitié des adhérents».

     « En Charente-Maritime, sur les 1 000 militants, à ce jour, 500 participent effectivement à la vie du parti. En Gironde, certaines sources évoquent un effondrement de 4 000 à 2 000 cartes. Dans le Rhône, on prévoit 500 adhérents perdus sur 4 000. Et dans l’Isère, ce sont 1 000 adhérents sur 2 000 qui n’ont pas repris leur carte. Et la liste est loin d’être exhaustive ».

     Une érosion très nette aussi à l’UMP.  Les adhérents trahis, tapés au portefeuille par  le Sarkothon, écœurés par l’affaire Bygmalion, les salaires  somptuaires des apparatchiks , la guerre des chefs, l’absence de ligne politique claire devraient aussi être extrêmement nombreux à ne pas renouveler leur cotisation. Une réalité déjà avouée par les dirigeants de ce parti lorsque le scandale Bygmalion a éclaté.

     Officiellement l’UMP comptait 300 000 adhérents en 2007 et  encore un peu plus de 268 000 adhérents actuellement. Un chiffre totalement bidonné. Le 16 juin dernier L’Express citait « une source à l’UMP» qui faisait état de «125 000 adhérents à jour de cotisation», plus de deux  fois moins que le chiffre avancé aujourd’hui par la direction de ce parti !

     Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, indiquait au lendemain de la déculotté des européennes que son parti avait perdu «25 000 adhérents» en deux ans. En 2012 le site internet du PS revendiquait encore  «plus de 200 000 adhérents»…mais seulement 160 000 adhérents à jour il ya  quelques mois . Un nombre qui apparait encore bien trop  élevé pour être honnête, mais il est vrai qu’il y a trois ans le MoDem revendiquait 35 000 adhérents,  EELV 16 000 et le PC «70.000 à jour de cotisation»…

     Le Front National lui, a pendant longtemps pratiqué la discrétion sur le nombre de ses adhérents. Au motif que les partis du Système gonflant indûment le chiffre de leurs encartés, l’opposition nationale n’entendait pas entrer dans cette surenchère  mensongère.

     Juste avant la terrible scission mégrétise de décembre 1998, le FN comptait  environ 50 000 adhérents,  chiffre tombé à 6000-7000 en 2000. En janvier, pour le  congrès de Tours,  le FN comptait 22 000 adhérents à jour de cotisation.  En janvier 2012, le secrétaire général Steeve Briois  indiquait le chiffre de  40 000 .

     Fin 2012 indique le Huffington Post qui vient de consacrer un article à la progression fulgurante du nombre des adhérents frontistes, «en pleine crise interne de l’UMP, Marion Maréchal-Le Pen assurait que le FN enregistrait une explosion des adhésions« avec près de 600 adhésions jour. Entre le premier tour de l’élection présidentielle, qui a dopé les ralliements, et le psychodrame de l’UMP, le Front National affirmait être passé de 50.000 à 61 000 adhérents.»

     « Selon les informations du Huffington Post est-il écrit, le parti de Marine Le Pen compterait à ce jour 83 000 adhérents. Un chiffre qui correspond à quelques centaines près au corps électoral qui sera habilité à voter lors du prochain congrès de la fin novembre, indique une source frontiste au site d’information ».

     Prenons à titre d’exemple le département du Var. Le journal Var matin qui consacrait un article à la visite  de Marion Maréchal-Le Pen au sénateur-maire  David Rachline et au SD du FN 83 Frédéric Boccaletti,  cite celui-ci. Le  département compte en effet « près de 4 200 adhérents à jour de cotisation », alors qu’ils étaient «moins de 500 en 2010». Une dynamique qui renforce l’enracinement local: « après le lancement récent d’un journal», d’un «nouveau site Internet dans quelques semaines »,  « de nouveaux bureaux vont par ailleurs être ouverts à Hyères », ville où s’est présentée Bruno Gollnish aux  élections municipales et législatives.

     Il existe bien sûr une corrélation entre le poids politique d’un parti et son  nombre d’encartés. Le cercle vertueux adhésion-implantation-développement que l’on voit se confirmer peut être en effet perçu comme le  suggère un article du Figaro comme un effet de «vase-communicant», le résultat de la désaffection d’ex adhérents et électeurs de l’UMPS.  Tout cela est de très bon augure pour les futures échéances électorales note Bruno Gollnisch. Mais nous le savons aussi, notre accession au pouvoir est aussi grandement conditionnée par notre faculté à attirer à nous dans les urnes la grande masse des abstentionnistes qui ne croient plus depuis longtemps en la capacité d’une formation politique, quelle qu’elle soit, à sortir notre pays de l’ornière. C’est aussi à eux que nous devons nous adresser prioritairement.

    http://gollnisch.com/2014/11/03/fn-petite-bete-monte-monte/

  • Lucien Cerise " Ingénierie sociale du conflit identitaire"

  • Culbuto et Sarko clowns méchants

    sarko_hollande_mpiVenue des films américains, la mode funeste, étrange et maléfique des clowns méchants se répand, semant une terreur incrédule.

    Deux d’entre eux sont particulièrement dangereux, Culbuto et Sarko.

    Il ne faut pas se fier aux apparences : Culbuto avec son air bonhomme tout rond et conciliant, la voix un peu plaintive, n’est pas si différent de Sarko le petit nerveux, arrogant, autoritaire et agressif.

    Faux Louis Philippe et faux Napoléon, tout deux « faux-nez », outrageusement fardés pour masquer leur noir dessein, leur duo prête à rire, mais ils ne font pas rire longtemps : rivaux dans les trahisons et les transgressions, ils participent au même spectacle et ont le même promoteur. Ils deviennent vite, chacun à leur tour, insupportables pour ceux-là même qu’ils avaient séduits. Mais il est à chaque fois trop tard  : ils ont reçu les clés de la maison, et achèvent de la dévaster et de la ruiner en la livrant aux prédateurs, et en transformant la Toussaint en Halloween.

    Sûrement il nous faudrait pour s’en débarrasser,

    Une vraie courageuse et énergique fée !

    Toute ressemblance avec des personnes réelles devra être considérée comme le fruit d’une libre interprétation.

    Patrick Malvezin

    http://www.medias-presse.info/culbuto-et-sarko-clowns-mechants/17414

  • [PARIS] Vendredi 07 novembre 2014 : PIERRE DE LA COSTE AU CERCLE DE FLORE

    A Paris, vendredi 07 NOVEMBRE à 20h00, ne manquez pas le nouveau Cercle de Flore.

    Pierre de la Coste, écrivain, viendra présenter son dernier ouvrage "L’Apocalypse du progrès "

     

    VENEZ NOMBREUX À CETTE SOIRÉE EXCEPTIONNELLE !

    Vendredi 07 novembre 2014, à 20h00

    10 rue Croix des Petits Champs 75001 Paris, Escalier A, 2 ème étage

    M° Palais-Royal

    PAF : 3€ , gratuité pour les adhérents.

    Renseignement : cercledeflore@actionfrancaise.net

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?PARIS-Vendredi-07-novembre-2014

  • Euthanasie : « une mauvaise réponse à une question qui ne se pose pas »

    Lu sur Gènéthique :

    "Dans une tribune proposée dans le magasine Valeurs actuelles, Damien le Gay, membre du comité scientifique de la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs) constate que l’accablant rapport Sicard de 2012 sur la fin de vie n’a été suivi d’aucun effet : « Les français redoutent de mourir à l’hôpital, ils craignent l’indignité constatée et sont certains qu’ils n’auront alors plus leur mot à dire. Ils souhaitent plus de confort, plus d’écoute, plus de soins palliatifs. Et comme tout se fait attendre toujours et encore, ils disent vouloir l’euthanasie – de guerre lasse, sans enthousiasme, résignés qu’ils sont. Plutôt que d'entendre les doléances, on ne retient que la mauvaise solution. »"

    Michel Janva

  • Ukraine : l’Europe à la remorque des Américains

    Le comportement chaotique et ambigu de la diplomatie des membres de l’Union européenne traduit l’absence totale de vision géopolitique de celle-ci.   

    Le conflit qui se déroule depuis plusieurs mois en Ukraine est une parfaite illustration d’une constante de la géopolitique anglo-saxonne : s’opposer par tous les moyens à la constitution d’un bloc continental euro-russe.

    Cette stratégie très ancienne – elle remonte, en effet, au XVIIIe siècle, a été théorisée dès 1904 par H.J. Mackinder et complétée, beaucoup plus tard, par N. Spykman – s’est manifestée dans la politique de « containment » (« endiguement »), définie pendant la guerre froide par John Foster Dulles et appliquée sans interruption depuis lors. Elle est sous-jacente dans la pensée de Zbigniew Brzeziński telle qu’elle est exprimée dans Le Grand Échiquier. C’est elle qui inspire également le récent article de George Soros publié dans la presse européenne le 24 octobre dernier et qui présente l’Union européenne, selon ses propres termes, comme « de facto en guerre ». L’arrimage de l’Ukraine à l’Occident, son intégration dans l’OTAN et dans l’Union européenne sont alors conçus comme des moyens de déstabilisation et, à terme, de dislocation de la Russie.

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  • Manifestations à Toulouse et Nantes : cinq blessés et une trentaine d’interpellations

     

    Trente-quatre personnes ont été interpellées, samedi 1er novembre, à Nantes et Toulouse, après que de violents heurts ont éclaté entre manifestants et policiers. Dans ces deux villes, plusieurs centaines protestataires participaient à des défilés « contre les violences policières », à l’appel de mouvances anti-capitalistes, six jours après le décès du militant écologiste, Rémi Fraisse, tué par l’explosion d’une grenade offensive lancée par un gendarme sur le site du barrage de Sivens.

    Dès leur arrivée dans les centres-villes de Toulouse et Nantes, en début d’après-midi, les centaines manifestants ont fait face aux policiers, venus en nombre pour encadrer les éventuels débordements. La situation a dégénéré après que certains manifestants ont jeté des projectiles en direction des forces de l’ordre, lesquelles ont répondu à coups de gaz lacrymogènes.

    Au moins cinq personnes ont été blessées à Nantes et des bouteilles d’acide ont été lancées par des protestataires contre les policiers, selon le préfet de Loire-Atlantique. A Toulouse, de nombreuses dégradations sont à déplorer dans le centre-ville.

    Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a assuré samedi soir que 21 personnes avaient été interpellées à Nantes et 13 à Toulouse. Plusieurs politiques ont exprimé leur indignation.

    Le collectif du Testet, qui lutte contre la construction du barrage à Sivens, où Rémi Fraisse a trouvé la mort, a également condamné les violences. « La colère légitime contre les méthodes inacceptables des forces de l’ordre ne peut justifier la violence et les dégradations des biens », explique le collectif dans un communiqué. 7

    Dans la soirée un calme précaire régnait à Toulouse et Nantes.

    Des bouteilles « remplies d’acide » lancées sur les forces de l’ordre à Nantes

    La manifestation a commencé à dégénérer dans l’artère principale de Nantes, le cours des 50-Otages. Un protestataire a été atteint par un coup de matraque dans la tempe et deux autres ont été touchés aux jambes par des éclats de grenades de désencerclement. Deux membres de forces de l’ordre ont été légèrement blessés.[....]

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    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Manifestations-a-Toulouse-et

  • Propos sur la littérature, la connaissance de soi et des autres par Pierre LE VIGAN

    Laurence Sterne, l’auteur de Tristram Shandy (1767) explique que pour « les habitants de cette terre, les âmes ne brillent pas à travers le corps, mais sont entourées d’une épaisse couverture de sang et de chair opaque. » C’est aussi le sens de  la remarque que le fabuliste Momus faisait à Vulcain dans la mythologie grecque : dans l’homme conçu comme une statue d’argile, on ne voit pas le cœur humain.  C’est sans doute pour cela qu’a été inventée la littérature : pour mieux comprendre les autres et le monde des autres. Lévinas appelle cela « être gardien de son frère ». Être humain, c’est savoir se mettre à la place de l’autre. La littérature participe ainsi d’un processus de nettoyage : se désidentifier un temps, s’oublier un temps pour se mettre à la place de l’autre. Baudelaire écrit ainsi : « - hypocrite lecteur, – mon semblable, – mon frère (Les fleurs du mal, 1857). »  Victor Hugo a des mots d’une totale justesse sur cette question : « Une destinée est écrite là jour à jour. Ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis; la destinée est une. Prenez donc ce miroir, et regardez-vous-y. On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi ! (Les contemplations, 1856) »

     

    Paul Ricoeur remarque : « L’appropriation des propositions de monde offertes par le texte passe par la désappropriation de soi (Soi-même comme un autre, Seuil, 1990). » Tout lecteur fait cela, il s’oublie pour se mettre à la place de l’autre. Parce que l’autre est bien souvent une autre possibilité de lui-même. C’est pourquoi ne pas pouvoir lire de romans aboutit exactement à devenir fou, et seul au monde, et fou car seul au monde. Ne pas pouvoir lire de roman, c’est ne pas pouvoir envisager autrui mais qu’est-ce qu’autrui dans ce cas ? C’est une figure du changement de soi. Ne pas pouvoir lire de roman, c’est donc ne pas pouvoir envisager que l’on puisse changer. Les romans – et les pièces de théâtres – donnent ainsi figure au monde de l’autre. Albert Camus avait bien vu cela : « Si tu veux être philosophe, écris des romans. » (Carnets I). « Un roman n’est jamais qu’une philosophie mise en image » affirme-t-il encore (Carnets II). Lire des romans ou a fortiori en écrire c’est croire que « rien de ce qui est humain ne m’est étranger » selon la formule du poète latin Terence. Même si l’autre est un barbare, quel barbare est l’autre ? C’est la question que pose Montaigne dans « Des cannibales (Essais I, 31) ». En d’autres termes le contraire de la discrimination ce n’est pas la tolérance c’est la curiosité.

     

    Barbare/non barbare : c’est tout simplement dire que nous avons une peau, un envers et un endroit de la peau. C’est dire aussi que la peau, des hommes et des peuples, se transforme (metabolé). Comme le dit François Hartog, l’altérité « se redistribue (Anciens, Modernes, Sauvages, Éditions Galaade, 2005) ». L’autre ce n’est pas seulement l’étranger, c’est celui dont les catégories mentales sont différentes : l’empereur oriental, le Perse, l’Asiate et sa démesure (hubris). Choc de la rencontre. « Notre monde vient d’en trouver un autre » écrit Montaigne dans « Des Coches (Essais, III, 6) ».

     

    Mais l’autre est parfois en soi, le barbare est parfois «  à l’intérieur ». L’autre « c’est surtout tout ce qui est voilé en soi-même » (Mathilde Bernard). Diogène le cynique avait cette requête : il appelait à « ensauvager la vie. Cela voulait dire faire l’expérience d’une sagesse sans la culture et sans la raison. Faire l’expérience d’une sagesse barbare. C’est là introduire le doute sur soi et en soi. C’est prendre le risque de la négation de soi ou de l’envie de mélanger tel le conquérant Alexandre loué en cela par Plutarque (Vie des hommes illustres). Se mélanger pour se dépasser. À l’écart de ce dionysisme nous voyons Ératosthène, géographe et mathématicien; il ne glorifie pas la distinction barbare/non barbare, il ne médit pas non plus son peuple. Pour lui seule compte la vertu, qui est répandue partout, chez les Grecs comme chez les Barbares, tout comme la médiocrité peut concerner des Grecs et des barbares.

     

    L’identité est protéiforme, il y a toujours de l’autre en nous. « Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au-delà ». indique Montaigne (Essais, I, 3). « Nos affections s’emportent au-delà de nous » note-t-il encore. Dans cette perspective, l’autre proche est souvent le plus inquiétant. C’est parce qu’il est le plus proche de soi. Ce sont les « sorcières de voisinage » dont parle Montaigne. Proximité de soi au point d’en devenir soi. Cela peut finir comme les époux Potard, qui préparaient une poêlée d’intestins de leur fille (Jean de Léry au siège de Sancerre). Mais l’autre ce peut être aussi la rencontre d’un autre soi, à la fois différent et ressemblant, un soi élargissant son soi originel. C’est Marcel Griaule, découvrant Ogotemmêli et le système de monde Dogon, aussi riche que celui d’Hésiode (Dieu d’eau, entretien avec Ogotemmêli, 1948, Fayard 1975), c’est Michel Leiris, homme du grand voyage (L’Afrique fantôme) et de la mise en boucle de soi (L’Âge d’homme, La Règle du jeu), c’est Régis Bastide, c’est Claude Lévi-Strauss découvrant que l’autre est aussi humain que moi, un autre soi mais différent de moi.

     

    Claude Lévi-Strauss remarque que bien souvent les peuples sauvages agissent comme si l’enfer, c’était eux-mêmes – au rebours de la fameuse formule de Sartre, « l’enfer c’est les autres (Huis clos) ». « On nous a habitués dès l’enfance à craindre l’impureté du dehors, écrit Claude Lévi-Strauss dans Mythologiques III. Quand ils proclament, au contraire, que “ l’enfer, c’est nous-mêmes ”, les peuples sauvages donnent une leçon de modestie qu’on voudrait croire que nous sommes encore capables d’entendre. » Leçon de modestie des « sauvages » : au-dessus de nous, il y a la vie, et au-dessus de la vie, il y a le monde. Michel Leiris écrit à propos du pays Dogon : « Formidable religiosité. Le sacré nage dans tous les coins. » Il y a d’autant plus de sacré qu’il y a de l’autre. Asie, sage et grave, Afrique, fantôme et mutante. Que cherche l’écrivain voyageur ? « Élargissement et oubli de soi dans la communauté d’action » disait Michel Leiris. Programme parfaitement cohérent : se connaître ne se mettant à l’épreuve de l’autre, en « respirant l’homme » comme disait Georges Dumézil, ce qui est rappeler qu’il y a deux façons de le respirer, dans la dimension historique et dans la dimension géographique.

     

    Montrer l’homme plutôt que le démontrer voilà l’objet de la littérature. Car en démontrant l’homme la science finit par le démonter et ainsi par oublier de le montrer. À quoi sert la littérature ? À faire apparaître l’homme. La science veut savoir. La littérature n’est pas obscurantiste mais elle ne veut pas tout savoir à tous prix, elle ne veut pas conclure. Elle est complexe comme la vie, contradictoire comme la vie, comme les Japonais peuvent être shintoïste à la naissance et bouddhiste face à la mort, comme bien des Celtes peuvent être à la fois païen et chrétien. Toute littérature est par définition un « éloge de l’ombre » (Junichiro Tanizaki), l’ombre qui manifeste que les choses sont doubles qu’elles incluent l’autre d’elle-même.

     

    Mais comment connaître l’autre ? L’amitié est-elle un moyen de le mieux connaître ? À quel autre l’amitié donne-t-elle accès ? « Un Dieu conduit toujours le semblable vers son semblable (Odyssée, XVII, 218). » Mais dans le même temps Hésiode remarque dans Les travaux et les jours que l’on n’est pas attiré vers le semblable et c’est la thème de la rivalité mimétique qui nous oppose souvent aux plus ressemblants par rapport à nous. Marcel Proust, de son côté, ne croit guère à la connaissance de l’autre par l’amitié : « Les liens entre un être et nous n’existent que dans notre pensée […]. L’homme est l’être qui ne peut sortir de soi, qui ne connaît les autres qu’en soi, et, en disant le contraire, ment. (Albertine disparue, 1925). » (Il faut ici ouvrir une scolie. À la limite, Proust nie la connaissance possible d’autrui. L’autre existe-t-il ? semble s’interroger Proust, pas loin de répondre non. Cela évoque le sophisme de Jean-François Gautier dans L’univers existe-t-il ?À cela il faut répondre que l’univers existe – de même que autrui existe – parce que c’est une hypothèse absolument indispensable au développement de la  connaissance du réel. L’univers existe quand bien même cet univers serait-il un plurivers, quand bien même serait-il plein de vide, car le vide existe. L’univers existe au même titre que – Dieu merci – Jean-François Gautier existe, et que nous existerons encore quand nous serons poussière car tout ce qui a existé existe et continuera d’exister. Il y a heureusement de la place entre la croyance que le boson de Higgs serait la « particule de Dieu » et la position de Jean-François Gautier qui est certes stimulante mais relève avant tout d’une idéologie de l’anti-métaphysique voire d’une radicalisation à l’absurde de l’interprétation de Copenhague).

     

    À quoi il faudrait ajouter que la haine est aussi parfois une façon de connaître l’autre, ce qui n’est pas loin d’être le point de vue d’Henri Michaux (Passages, 1950, et encore Poteaux d’angle, 1978) qui souligne son aspect hygiénique et l’infortune de ceux qui ne la connaissent pas. « L’élan que l’on peut prendre à partir d’une personne est double. Pas décider prématurément si ce sera l’amour ou la haine » écrit Michaux. Les insuffisances de l’amitié – et plus encore celles de l’amour – peuvent pousser à un isolement comme désapprentissage des autres mais aussi à une tentative de dépasser l’amitié vue comme un isolement à deux. Comment ? Par le groupe en fusion. Par la « communauté inavouable » (Maurice Blanchot). Par l’esthétisation de la communauté jetée dans le feu politique. C’est la bande, ce sont les copains, les camarades, la « grande famille » du Parti. C’est justement contre le leurre de cet enchantement, qui passe en outre par la tyrannie de la majorité, que Milan Kundera réagit et réhabilite l’amitié, celle-ci qui n’est ni transparence, ni évidence (« parce que c’était lui, parce que c’était moi »…) mais est un effort et n’en existe pas moins (lire l’extraordinaire dialogue sur l’amitié dans L’identité de Kundera, Gallimard, 1998).

     

    De même que l’amitié relève à la fois de la morale et de l’aventure humaine, la littérature nous apprend sur nous-mêmes, y compris sur notre propre aveuglement, sur ce que nous ne voulons – ou ne pouvons – pas voir, comme l’a montré Martha C. Nussbaum (La connaissance de l’amour. Essai sur la philosophie et la littérature, 1990, Cerf, 2010). Cela pose une question radicale : comment se connaître en connaissant de plus en plus le champ de ce que nous ne connaissons pas ? Stanley Cavell pose la question en ces termes : « la philosophie peut-elle devenir littérature et encore se connaître elle-même ? » (Les voix de la raison. Wittgenstein, le scepticisme, la moralité et la tragédie, Seuil, 1979).

     

    L’autre, c’est le dehors. Arthur Rimbaud l’avait bien vu. User de différents pseudonymes – l’hétéronymie chère à Fernando Pessoa – est une façon de rencontrer l’autre en les faisant sortir de soi. Étonnant jeu de présence et d’absence à soi. « Je ne suis rien/Jamais je ne serai rien/Je ne puis vouloir être rien/Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde. » (Pessoa, Bureau de tabac, 15 janvier 1928). Et encore : « Il me semble que c’est moi, le créateur de tout, qui fus le moins présent. » (L’Ode triomphale, 1915). Pessoa nous dit aussi : « Loin de moi en moi j’existe/À l’écart de celui que je suis/Ombre et mouvement en lesquels je consiste. » (poème, 1920, in Cancioneiro, 1911 – 1935). L’autre est notre propre ombre, comme Giordano Bruno en avait eu l’intuition. Le poète ainsi est toujours « caméléon » selon le mot de John Keats. Pour sa part, Walt Whitman écrit : « je suis immense, j’ai contenance de foules en moi. […] Qui dégrade autrui me dégrade. Et rien ne se dit ou se fait, qui ne retourne enfin à moi (Chant de moi-même, 1855). » La multiplicité des pseudonymes est une façon de ne pas laisser réduire son soi à un trop pauvre moi. Henri Michaux remarque aussi : « Moi se fait de tout; une flexion dans une phrase ? Est-ce un autre moi qui tente d’apparaître ? Si oui est mien, le non est-il un deuxième moi ? […] On n’est peut-être pas fait pour un seul moi (postface à Plume, 1930). » « On n’est pas seul dans sa peau », écrit encore Michaux (Qui je fus ?, 1927). Fernando Pessoa (dont il faudra un jour expliquer qu’il est le Walter Benjamin portugais), sous le pseudonyme de Bernardo Soares, écrit de son côté : « Je me suis multiplié, en m’approfondissant […] je suis autre dans la manière même dont je suis moi. Vivre c’est être un autre (Le livre de l’intranquillité). » Mais la grande leçon de Pessoa est que l’on reste soi-même même quand on est « un des autres » de soi-même : « J’ai mis bas le masque et je me suis vu dans le miroir./J’étais l’enfant d’il y a quarante ans./Je n’avais changé en rien./Tel est l’avantage de savoir retirer le masque./ On est toujours l’enfant,/Le passé qui demeure,/L’enfant. » Mais dans Bureau de tabac, Pessoa écrit : « J’étais ivre, je ne savais plus remettre le masque que je n’avais pas ôté. » En d’autres termes, et c’est aussi la leçon de Proust, la recherche de l’authenticité absolue est un leurre, ce qui veut dire aussi que se dissimuler est tout aussi illusoire.

     

    L’existence de l’autre pose la question de la mise à l’épreuve, et parce que l’autre est toujours aussi en soi, il y a toujours l’épreuve du Dedans et l’épreuve du Dehors. Dedans/Dehors : c’est dièse/bémol c’est-à-dire que c’est toujours de la musique. Nicolas Bouvier en a fait l’expérience. Cet écrivain-voyageur, l’auteur de L’Usage du monde et de maints récits qui parle tout autant de la descente de l’Inde que de la descente en soi, était « l’œil qui écrit ». Quand il voyage il s’expose. Il est « en garde basse » comme on dit dans le langage de la boxe. Il connaît « l’émoi érotique d’être parti », vertige du dessaisissement, jamais loin, en fait, d’un effroi, et qui, par cela même, rend douloureux, et crucial, et vital de savoir se ressaisir. Pour Nicolas Bouvier, disparu en 1998, dans le voyage, le rapport à soi ne réside plus que dans le corps, mais le corps devenu total, corps marchant, corps souffrant, corps pensant, corps luttant contre ce qui le mine ou le détruit, et parfois corps exultant. « Je voyage pour apprendre et personne ne m’avait appris ce que je découvre ici » écrit-il en 1955, au Sri Lanka, après une immense traversée continentale. Partout l’informe et la névrose et la décomposition de l’esprit menacent. Par quoi se ressaisir ? En se mettant à faire l’inventaire du monde ? Mais c’est là l’illusion : celle d’un rassemblement possible des choses du monde. Il suffit de faire indéfiniment « la poste entre les mots et les choses », il suffit de laisser entrer le monde dans la littérature. Le voyage est toujours voyage vers l’autre tout autant que vers soi. Bouvier le définit ainsi : « C’est une attention fébrile aux êtres et aux choses, une impatience d’absorption qui permet, pour de brefs instants, de saisir le monde dans sa polyphonie (Le poison-scorpion, 1982). »  On ne peut mieux dire.

     

    Pierre Le Vigan

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