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  • Elisabeth Lévy : «De Nuit debout à Verdun, le chantage au fascisme ne passera pas»

    A l'occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur consacré à Nuit debout, Elisabeth Lévy a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Elle s'y moque des «mutins de Panurge» de la Place de la République et réagit à la polémique autour du concert de Black M à Verdun.

    Le dernier numéro de Causeur s'intitule, Nuit debout, le grand soir des mutins de Panurge. Pourquoi tant de cynisme ?

    Du cynisme, comme vous y allez! Non, de l'ironie, peut-être une pointe de sarcasme. Ou disons du franc foutage de gueule. Comme le recommandait Muray, à qui nous empruntons ces savoureux «mutins de Panurge», la seule chose à faire, devant ce spectacle, et plus encore devant l'émerveillement qu'il suscite, c'est d'exploser de rire. Ce qui est désopilant, dans cette affaire, ce n'est pas seulement Nuit Debout, quoique pas mal des lubies de ce mouvement soient vraiment cocasses (comme le montrent les reportages savoureux de Jean-Paul Lilienfeld et de Régis Mailhot), c'est que tous les commentateurs ou presque prennent ce mouvement groupusculaire très au sérieux. Au début, ils nous expliquaient avec gravité que ces sympathiques jeunes gens (dont une notable proportion a dépassé la quarantaine) inventaient la politique et le monde de demain. Il a bonne mine le monde de demain. On dirait des adultes qui s'extasient du babil ou des premiers pas d'un enfant en parlant eux-mêmes en langue de bébé. Mêmes ceux qui se montrent critiques ou sceptiques doivent d'abord dire à quel point ils trouvent fantastique que des gens investissent des places publiques pour s'exprimer. Tant de spontanéité ne saurait être mauvaise.

    Jérôme Leroy, le rédacteur en chef des pages cultures de Causeur explique qu'il a été séduit par «le désir du pas de côté, du moment pris pour respirer, parler...». Au-delà des ridicules et des naïvetés, peut-on voir dans le mouvement l'expression d'une recherche sincère et un peu utopiste de bien commun ?

    Désolée pour mon cher ami Jérôme, mais il ne me suffit pas que les gens parlent, encore faut-il qu'ils aient quelque chose à dire. Cette sacralisation de la parole en toute circonstance et indépendamment de sa signification, échappe à l'entendement, en tout cas au mien. Nuit debout, c'est la fête de l'intransitivité: on parle pour parler, on lutte pour lutter. Et le bien commun dont il est question n'a, à mon avis, rien de bien et pas grand-chose de commun. Peut-être ai-je raté quelques moments de poésie, mais pour ce que j'en ai vu (de longues heures grâce à Périscope), ces palabres n'ont rien de nouveau et sont d'un niveau accablant. Un ramassis de toutes les vieilles lunes de l'extrême gauchisme, accommodées dans un fond de sauce anti-colonial, anti-israélien, anti-occidental, le tout dans une langue et avec des «concepts» d'une telle pauvreté qu'en comparaison, les slogans de 1968 sont des chefs d'œuvre. Comme le dit Alain Finkielkraut dans ce même numéro de Causeur, à Nuit debout, on n'invente pas le monde de demain, «on se paie de mots». On fait comme si, jeu d'enfant bien connu. Comme si cette agitation avait la moindre influence sur le réel. En vérité, le réel a été congédié place de la République.

    Le fait qu'une partie de la «génération précaire» se découvre une conscience politique, bien que celle-ci ne soit pas très articulée, n'est-il pas finalement louable ?

    Mais non! Si leur conscience politique les empêche de voir la réalité, je préfèrerais qu'ils n'en eussent pas du tout. Cette conscience politique se résume à la haine qu'on voue à un ennemi fantasmé: le blanc, le riche, surtout le triche, le capitaliste, l'exploiteur. Dominants contre dominés, méchants contre gentils. Comme le monde est simple. 

    L'expulsion d'Alain Finkielkraut a-t-elle été un tournant ?

    C'est Le Monde qui le dit, c'est certainement vrai. En l'occurrence, Le Monde et vous avez raison. En une demi-heure, qui a dû être très désagréable pour notre ami et son épouse, le vrai visage de Nuit debout a été dévoilé, les masques sont tombés. Cette «agora citoyenne» n'existe que par l'exclusion des «mauvais citoyens». Tu ne penses pas comme moi ? Dégage ! La voilà votre «conscience politique»! Toute cette rage d'être ensemble, qui me paraît d'ailleurs assez suspecte, toute cette solidarité, pour rejouer l'air pénible du «tous contre un!» Et que des commentateurs se permettent ensuite d'ajouter un crachat symbolique au crachat en justifiant l'expulsion de Finkielkraut, comme ils justifient la violence des casseurs (qui répond à la violence sociale, la bonne blague, comme si les destructions amélioraient le sort d'un seul travailleur) est consternant. Mais à la différence de ces radicaux de la radicalité, nombre d'éditorialistes et de politiques ont compris que le vent avait tourné et qu'ils pouvaient prendre leurs distances.
    «Ce pays est ravagé par deux violences, la violence du capital et la violence identitaire et raciste dont Alain Finkielkraut est un des premiers propagateurs» a déclaré Frédéric Lordon, l'un des principaux leaders du mouvement. Que cela vous inspire-t-il?

    J'hésite entre l'hilarité et le dégoût - après tout, moi aussi je peux avoir la narine délicate.

    Que ce sous-Sartre d'opérette débite de pareilles âneries ne m'étonne pas. Et qu'il ne voie pas la violence, bien réelle, qui a envoyé trois cents policiers au tapis, qui saccage et pille, ne fait que confirmer la vacuité arrogante de ce personnage qui d'ailleurs, ne se prend pas pour Sartre mais pour Lénine en octobre - alors qu'il évoque plutôt le général Alcazar.

    Cela dit, il y a évidemment une brutalité du capitalisme, qui détruit les cadres de vie des gens même si en France elle est amortie par la redistribution publique. L'époque est dure. Seulement, Lordon et ses semblables ne font que lui fournir un alibi de taille, à ce capitalisme, par leur jusqu'au-boutisme idéologique. Parce que, s'il faut choisir, je préfère tout de même la violence du capitalisme à celle de la société sans classes dont rêve Lordon. Et heureusement, nous sommes pas mal dans ce cas. Quant à la «violence raciste d'Alain Finkielkraut», ces calomnies nous apprennent surtout que monsieur Lordon ne s'est jamais donné la peine de lire un livre de Finkielkraut, il préfère injurier et dénoncer. Pauvret, il ne sait pas ce qu'il perd. Quelle imposture…

    L'antiracisme semble plus que jamais devenu fou. En témoigne la polémique autour de l'invitation de Black M pour les commémorations de Verdun. Devant l'indignation populaire, le concert du rappeur a finalement été annulé. Dans un communiqué, la mairie invoque des «risques forts de troubles à l'ordre public», en raison d'une «polémique d'ampleur sans précédent», lancée notamment par l'extrême droite, et un «déferlement de haine et de racisme». La ministre de la culture un «ordre moral nauséabond» et Jean-Marc Todeschini, le secrétaire d'État aux anciens combattants a même déclaré: «C'est le début du totalitarisme et je dis que c'est vraiment le fascisme qui nous attend» …

    Pardon, mais là, le fou rire l'emporte. Il est vraiment tordant, votre Toedeschini, au moins autant que le maire de Verdun. Je ne sais pas ce qu'avait fumé ce monsieur Hazard quand il a eu cette brillante idée: inviter un rappeur qui tient les Français pour des kouffars, pour divertir les jeunes gens venus participer au centenaire de la bataille - sans doute pense-t-il que leur infliger tous ces discours et tout ce passé, c'est une atteinte aux droits de l'homme. En tout cas, il n'est pas redescendu depuis. Certes, Hazard a fini par reculer devant l'ampleur de la colère - et peut-être devant la perte de la scandaleuse subvention de 67.000 euros que lui avait accordée par la Mission du centenaire pour le concert. Et nous ne sommes pas peu fiers d'y avoir contribué grâce à Régis de Castelnau qui a été l'un des premiers à porter le fer. Mais ne croyez surtout pas que ces gens-là aient compris qu'ils avaient commis une sacrée bourde révélant à quel point ils ne savent rien de ce pays. Non, ils ont reculé uniquement par peur. Bref, ils cumulent la bêtise et la lâcheté.

    Tout de même, «le fascisme qui nous attend», ce n'est pas rien!

    Oui, c'est aussi ce que raconte notre confrère Laurent Joffrin dans Libé qui voit dans l'annulation de ce «moment de détente et de fraternisation» pour quelque 4 000 jeunes Français et Allemands, à l'issue de plusieurs jours d'activités mémorielles» une «victoire de la fachosphère». Si ça lui fait plaisir et puisque les mots n'ont plus aucun sens, quelle importance? La bonne nouvelle, c'est que l'intimidation ne marche plus du tout. Le chantage au fascisme ne passera pas! Qu'on se le dise! En janvier, Elisabeth Badinter a courageusement ouvert la voie et proclamé qu'on ne nous ferait plus taire avec le mot «islamophobie». La gauche terranoviste en déroute peut traiter la France entière de tous les noms d'oiseaux - raciste, fasciste, réac….-, ça n'a aucun effet et ça ne lui rendra pas son crédit.

    Nuit Debout est-il aussi le symptôme d'un malaise français?

    C'est l'un des très nombreux symptômes, pas le plus important, ni le plus intéressant, mais l'un des plus bruyants et des plus médiatiquement compatibles. Pour entretenir les journalistes dans leurs fantasmes pseudo-progressistes et multiculturalistes (quoi que Nuit debout soit moins mélangé que ne le voudraient ses admirateurs), c'est mieux que le livre de Géraldine Smith sur la rue Jean-Pierre Timbaud.

    Dans le dernier numéro de Causeur, figure également un excellent dossier sur les campagnes perdues de la République. On est très loin de Nuit debout. Existe-il plusieurs France aujourd'hui?

    C'est évidemment vrai de toutes les sociétés. Il y a des populations urbaines et d'autres rurales, des classes plus ou moins bien nanties etc. Ce qu'on sait, grâce à Christophe Guilluy et quelques autres, c'est qu'il y a une France qu'on a complètement oubliée parce qu'elle ne passe pas à la télé. Cette France que montrent talentueusement Daoud Boughezala et Jean Clair dans Causeur, qui est aussi celle que défend Denis Tillinac dans L'âme de la France, ne se résigne pas à disparaître. Et pardon pour cette remarque boutiquière, mais elle compte infiniment plus de divisions que Nuit debout. Qui je le répète, est bruyant mais groupusculaire.

    La jeunesse oubliée des campagnes et celle précarisée des centres-villes n'ont-elles vraiment rien à se dire?

    L'important n'est pas de savoir si elles se parlent, mais si on leur parle. Si la nation, donc l'Etat qui la représente et les élus qui la gouvernent ont quelque chose à leur dire. De ce point de vue, la jeunesse précarisée des villes et des banlieues est bien servie. On la flatte, on la plaint, on l'encourage, bref, on la noie sous les paroles au point, sans doute, de l'enkyster dans le ressentiment. Quant à la jeunesse des campagnes et des no man's land périurbains, celle qui vote souvent FN, on ne lui parle pas puisqu'elle n'existe pas. Les gens qui n'ont que le mot «souffrance sociale» à la bouche se fichent éperdument de celle de cette France trop désespérément française à leurs yeux. L'ennui, c'est que, tant qu'on n'aura pas supprimé le peuple, il continuera à voter - et de plus en plus, à «mal voter». Et puis, dans six mois, quand les révolutionnaires d'opérette et les vrais vandales auront plié bagage, les postiers, les pompiers, les infirmières et les ouvriers postés passeront encore leurs nuits debout.

    Alexandre Devecchio Le Figaro :: lien

    Note : Elisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de Causeur. La denier numéro du magazine s'intitule, Nuit debout, le grand soir des mutins de Panurge

  • Histoire & Actualité • Le grand panache du Puy du fou : un hommage aux martyrs de la Vendée

    Cette semaine s’ouvre un nouveau spectacle dans une salle unique au monde que les Villiers ont baptisé le Théâtre des Géants.

    Inutile de revenir sur l’étonnant succès du Puy du Fou, de son Grand Parc et de sa cinéscénie, qui n’arrête pas de glaner les plus hautes récompenses mondiales et qui a drainé l’an dernier plus de 2 millions de visiteurs.

    
Mais cette semaine s’ouvre un nouveau spectacle dans une salle unique au monde que les Villiers ont baptisé le Théâtre des Géants. Géant par les 7.500 m² de la nouvelle salle où les dernières technologies permettent de mettre en scène d’autres géants : ceux qui, pour Dieu et le Roi, ont affronté les troupes révolutionnaires et sanguinaires de la Convention de 1793 à 1796. Une guerre civile qui s’est terminée par un véritable « populicide » qui aura coûté la vie de 270.000 à 700.000 Vendéens, décimant cette province de ses habitants et la transformant en champ de ruines brûlantes.



    Pour le 20e spectacle du Puy du Fou, Philippe de Villiers et son fils Nicolas ont choisi de rendre hommage à François Athanase Charette de la Contrie, le plus emblématique des chefs royalistes vendéens. Et cet hommage est grandiose. 40 comédiens évoluent dans des décors réels ou virtuels qui reconstituent la vie mouvementée de ce héros oublié de nos livres d’histoire. Un héros qui traversera l’Atlantique pour libérer l’Amérique de ses envahisseurs anglais, puis viendra se battre contre les colonnes infernales de Turreau.

    Pour suivre Charette, le spectateur est embarqué dans un gigantesque travelling, comme au cinéma. Il a fallu des mois de réglages pour imaginer un système de rotation conforme aux exigences du récit. La technologie est omniprésente puisque les décors en vidéo projections, les lumières, le son et tous les effets spéciaux suivent l’action à 360°. On se laisse emporter par l’émotion. 33 minutes intenses pendant lesquels les tribunes se déplacent au gré des tableaux.

    Le spectacle débute sur l’Ile de Sainte-Hélène où Napoléon rédige ses mémoires et évoque la figure héroïque de Charette. Une belle mise en bouche avant que nous ne soyons emportés sur l’Océan Atlantique reconstitué sur un plan d’eau très agité de 60 mètres de long, sur lequel vogue une frégate à bord de laquelle Charette accompagne Lafayette. Lui qui détestait la mer, il avait été forcé par son père de suivre l’École de Brest. Victorieux des Anglais, il est décoré par le général Washington avant de revenir en France où les paysans lui commandent de mener la révolte contre les bleus qui ont reçu l’ordre de la sinistre Convention d’anéantir les brigands.

    Pendant trois ans, Charette sera pourchassé de village en forêt, de ferme en château avant que son destin ne bascule dans une fantastique et tragique épopée. Son ultime combat pour la liberté s’achèvera à Nantes, le 27 mars 1796. Condamné à mort, il ordonnera lui-même de faire feu avec sa célèbre réplique« lorsque je fermerai les yeux, tirez droit au cœur ». Il refusera d’ailleurs de se faire bander les yeux, et fera sienne, avant de mourir, la réplique « Seigneur, entre tes mains je remets mon esprit ». On reconnaît la discrète patte religieuse que Philippe de Villiers impose à tous ses spectacles.


    Vous pourrez assister en direct à cette exécution jusqu’au 25 septembre dans ce Théâtre des Géants, après avoir parcouru la tranchée des Amoureux de Verdun qui vient d’être sacrée par les Thea Awards de Los Angeles, « meilleure attraction du monde » ! Nul ne peut douter que ce Dernier Panache lui succédera, l’an prochain.
  

    Journaliste
    Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma
    Boulevard Voltaire
     
     
  • Rendez-vous de Béziers – Me Guillaume Jeanson : « Il est urgent, sans tabou, de nommer les choses ! »

    Guillaume Jeanson, avocat au barreau de Paris, porte-parole de l’Institut pour la justice, sera présent au Rendez-vous de Béziers. Il interviendra lors de la table ronde sécurité/justice et entend bien porter des mesures concrètes.

  • Survivre à tous les coups

    Crise financière, migrations de masse et destruction de l’environnement écologique. Pour Piero San Giorgio, le monde tel qu’on le connaît s’effondrera dans moins de dix ans. Ce survivaliste se prépare au pire.
    Cet homme est ce que l’on appelle un survivaliste. En Suisse, ils seraient plus d’un millier à se tenir prêts aux scénarios catastrophiques. L’illustré avait rencontré ce Genevois il y a trois ans, dans son chalet caché dans les montagnes. Cette «base autonome durable», comme il l’appelle, abrite de la nourriture, des armes et un accès à l’eau: de quoi abriter dix adultes pour une durée d’un an en cas de crise.
    Inutile de chercher l’image d’un extravagant confiné dans son bunker. Loin des clichés des films de Hollywood, c’est en famille que Piero San Giorgio a commencé à se préparer à l’échéance du krach il y a dix ans. Aujourd’hui, cet ancien directeur marketing est devenu l’un des gourous du survivalisme en Europe. Depuis, il a vendu plus de 100 000 exemplaires de ses trois livres, donne des conférences en Europe et en Afrique et propose des cours et conseils de survie et d’auto­défense.
    Il y a trois ans, vous disiez que le monde tel qu’on le connaît allait s’effondrer «dans une dizaine d’années». En êtes-vous toujours sûr?
    Oui, je le vois de plus en plus. Je pense que l’on va vers une crise économique provoquée par une convergence de différents chaos, comme la raréfaction des ressources, la destruction des environnements écologiques, les migrations de masse et un modèle économique occidental basé sur la finance. Dans cinq ou six ans, nous connaîtrons la fin de ce monde. Mais il ne faut pas s’attendre à une prophétie. Cela sera relativement progressif et n’arrivera pas à une date précise.
    Comment voyez-vous cette crise? Allons-nous tous nous entre-tuer?
    Bien sûr, en Suisse, nous sommes privilégiés. Mais les crises sont à nos portes, elles envahissent déjà les pays d’Europe comme l’Italie et la Grèce. Nous connaîtrons une pénurie des ressources énergétiques comme le pétrole; puis la chute du système financier détruira l’épargne des gens, ce qui provoquera un désastre social. Dans les climats difficiles, les gens ont souvent recours à la violence. Je n’espère pas que l’on ira jusqu’à s’entretuer. C’est la raison pour laquelle je vais au contact des gens. Plus les gens sont préparés, moins ils paniqueront et mieux ils réagiront à ce genre de changements. En cas de chaos, ce ne sera pas chacun pour soi, mais on formera des communautés avec notre famille, puis nos amis. Je récolterai des patates, tu t’occuperas du poulet et il fabriquera des chaussures. Il y aura clairement un retour vers quelque chose de plus naturel.
    Vous possédez tout de même une collection d’armes impressionnante.
    Oui. Mais il est tout à fait normal d’avoir son arme de service à la maison, en Suisse. C’est inscrit dans notre tradition. Si l’économie s’effondre, les forces de l’ordre disparaîtront et ne pourront plus défendre les citoyens. Mes propres armes me serviront de protection en cas d’attaque ou d’invasion.
    Que proposez-vous dans vos cours de survie dans la nature?
    En une demi-journée, je leur apprends quelques concepts de base pour se préparer. Il y a deux mois, nous nous sommes rendus dans la forêt, où j’ai donné des techniques de défense à des femmes. Ces cours sont gratuits et s’adressent à tout le monde. J’essaie aussi de montrer qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un arsenal pour se défendre. Il y a énormément d’outils que l’on peut avoir dans son jardin ou sa maison en cas d’attaque.
    D’où vous vient cette peur du chaos?
    Cette crainte m’est apparue lors de la deuxième guerre d’Irak en 2003 et des mensonges américains à l’époque. Si un gouvernement était capable de nous mentir sur des guerres, il devait y avoir quelque chose derrière. Cette chose, c’est le pétrole, qui est en déclin. Puis mes voyages en Afrique et en Asie dans le cadre de mon ancien travail m’ont fait prendre conscience de la destruction de l’environnement, des problèmes de pauvreté et de nutrition massifs. J’ai eu une prise de conscience progressive. En 2005, j’ai ressenti le besoin de me préparer. Il ne s’agit pas de craindre le changement, mais simplement de l’anticiper.
    Comment avez-vous commencé vos préparations?
    Au début, elles étaient sans queue ni tête. J’ai acheté une trousse de secours pour la maison, ensuite un chargeur solaire, quelques boîtes de conserve à mettre à la cave. Puis je me suis dit qu’il fallait que je sois plus organisé. En écrivant mon premier livre en 2011, j’ai dû raisonner et structurer mes préparations.
    Comment votre entourage a-t-il vécu vos débuts dans le survivalisme?
    Ils m’ont pris pour un original au début. Je leur faisais part de mes impressions sur ce qui se passait dans le monde. Puis un jour, on m’a dit: «Tu m’avais prédit qu’il y aurait cette guerre en Ukraine, et elle est arrivée.» Petit à petit, mes proches ont changé leur perception. Certains me disent que j’avais raison, ils ont vendu leur maison, se sont acheté une ferme à la montagne et se préparent. Les gens font leur chemin. Ils se rendent compte que ce mode de vie, qu’ils pensaient plus difficile, leur apporte en fait plus de bonheur, car ils sont réunis en famille, vivent dans la nature, fabriquent leur propre nourriture.
    Comment inculquez-vous vos valeurs à vos quatre enfants?
    Ils sont encore petits, donc je le fais de manière subtile. Je veux qu’ils aient une vie d’enfant normale, sans qu’ils angoissent par rapport au futur. Je les responsabilise petit à petit. Les grands font du kung-fu, ils apprennent à connaître la nature dans la montagne et à économiser l’eau.
    Cette préparation a-t-elle resserré vos liens familiaux?
    J’ai redécouvert les liens sociaux, car je passe plus de temps en famille et avec mes amis proches. Au final, c’est ce qui rend les gens heureux. L’être humain, c’est de la survie et de l’amour.
    Comment cela se passera pour vous et votre famille le jour où la catastrophe arrivera?
    Nous nous rendrons progressivement dans la «base autonome durable», si les choses continuent à aller mal de manière lente. Mais il n’y a pas forcément de scénario selon lequel nous partirons dans la minute. C’est un plan qui me semble peu probable.
    Et pour ceux qui ne sont pas préparés?
    Quand la crise arrivera, il y aura beaucoup de gens démunis. La plupart des gens feront comme ils pourront. Certains déprimeront, d’autres feront du troc et trouveront des ressources là où ils ne l’auraient pas imaginé. Ils seront paniqués et réagiront moins rationnellement que ceux qui se préparent. Après, la question n’est pas de survivre à tout prix tout le temps. Il y a des scénarios contre lesquels on ne peut rien.
    Pourquoi écrire ces livres et faire des conférences?
    Je poursuis deux objectifs. D’un côté, si tous mes voisins se préparent autour de moi, ils vont moins me poser de problèmes le jour d’une crise. De l’autre, je me considère comme citoyen responsable et veux le bien de mes concitoyens. Ma manière d’aider les gens, c’est de leur faire prendre conscience qu’on a des problèmes. Mais après, c’est à eux de faire le boulot. J’essaie de donner des techniques et des méthodes, je ne suis pas un prophète.
    Quelles sont ces méthodes?
    La première étape est de réaliser que l’on est en train d’aller vers un effondrement. Ensuite, il faut faire en fonction de la place que l’on a. Si l’on n’a pas de cave, il y a de la place dans les armoires ou sous le lit. Mais ne serait-ce qu’avoir une semaine de nourriture et d’eau, c’est déjà énorme et cela nous donne le temps de voir venir la crise. Il faut aussi des batteries, lampes de poche, couvertures. Il faut réfléchir à son autonomie, pas seulement au stock. On peut faire pousser des tomates sur son balcon, même en ville. Mais je vous avoue qu’en stockant un an pour dix personnes, je vois les choses un peu en grand. Mais c’est ma façon de faire, je suis un peu exubérant
    Sentez-vous que les Suisses s’intéressent de plus en plus au survivalisme?
    Oui, c’est clair. Quelques milliers se disent survivalistes dans notre pays, et ce ne sont pas des farfelus. Mais les gens qui se préparent instinctivement, sans le savoir, cela se compte par dizaines de milliers. Vous savez, il y a vingt ans, 100% des Suisses auraient été qualifiés de survivalistes, car ils stockaient dans leur abri antiatomique. Aujourd’hui, le chef de l’armée suisse nous dit de nous préparer et de faire des réserves d’eau, notamment. Quand on y pense, c’est totalement normal. Simplement, on l’oublie dans nos soucis quotidiens.
    source

  • L’Être des nations et l’Avoir des marchands par Lionel RONDOUIN

    Intervention de Lionel Rondouin, normalien, enseignant en classe préparatoire, lors du colloque de l’Institut Iliade « Face à l’assaut migratoire, le réveil de la conscience européenne » à Paris le 9 avril 2016.

    Chers amis,

    Je ne peux en vingt minutes que lancer des thèmes et suggérer des pistes. Excusez donc le caractère apparemment sommaire ou « graphique » de mes propos. 

    Le MIM, le Mondialisme Immigrationniste Marchand, est une idéologie à la fois politique et économique. 

    Car il y a une idéologie économique, travestie en science exacte.

    Les fondements de cette représentation du monde économique sont les mêmes que ceux de la prétendue science politique qui voudraient faire remonter la société politique à un contrat social. 

    On sait que, dans l’histoire de la philosophie politique, la notion de pacte social est théorisée par Thomas Hobbes au milieu du XVIIe siècle dans son Léviathan. L’Angleterre des années 1640 est ravagée par une guerre civile. C’est un accident de l’histoire, très similaire à ce qui se passe au même moment en France avec cette guerre civile qu’on appelle la Fronde. 

    En revanche, Hobbes y voit une réalité transcendante et permanente. L’homme est, par nature, égoïste, dirigé par ses seuls intérêts. Toute alliance entre les hommes de cet état « natif » imaginaire n’est que de circonstance. Ils ne connaissent aucun lien de solidarité. La nature humaine, c’est la guerre de tous contre tous. Pour Hobbes, l’homme n’est donc pas de naissance un animal social, le « zôon politicon » d’Aristote intégré à une société concrète, préexistante à lui, dotée d’une dimension traditionnelle, juridique, culturelle, linguistique (ce qu’on appelle aujourd’hui une identité), cette société qui constitue un ensemble de liens et qui, sous certains aspects, le détermine dans ses rapports aux autres individus et à la collectivité. Pour Hobbes donc, les hommes, lassés de cette anarchie sanglante et contre-productive, imaginèrent de passer entre eux un contrat de type commercial et de déléguer une partie de leur liberté à une entité nouvelle, l’État, maître et arbitre, qui ferait régner l’ordre nécessaire. 

    Les théories de Hobbes sont à l’origine de toutes les théories de la table rase qui, sous des formes diverses, se succèdent en Occident depuis trois cents ans. L’humanité, ses sociétés, ses générations successives sont des « tabulas rasas », des tablettes de cire sur lesquelles le temps a écrit des mots, des histoires, des conceptions du monde et des pratiques des rapports sociaux. On pourrait, en chauffant un peu la tablette, faire fondre la cire qui redeviendrait lisse, « rase » et donc vierge, et l’on pourrait donc écrire dessus, en toute liberté, de nouvelles aventures, un nouveau droit, de nouvelles sociétés, un homme nouveau. « Du passé faisons table rase », dit l’Internationale. Ces théories sont l’origine du constructivisme politique, de la théorie des constitutions et de la prétention à rompre avec une nature et des héritages, à « remettre les pendules à zéro » dans l’histoire. Cette problématique est d’actualité puisque rien dans cette logique n’empêche de voir des individus allogènes s’agréger au contrat social. 

    Dans le domaine de la théorie économique maintenant, qui ne voit la similitude entre la théorie politique de Hobbes et la théorie économique d’Adam Smith, le père et toujours pape de la « science économique » libérale ? 

    L’homme économique est réduit à sa double fonction de producteur et de consommateur, c’est un « agent économique ». Dans sa relation aux autres agents, l’homo œconomicus ne vise qu’à maximiser son utilité, c’est-à-dire son intérêt individuel en dehors de toute considération de solidarité. La relation économique est à la fois concurrentielle et contractuelle, que ce soit le contrat d’achat-vente ou le contrat de travail. La concurrence pure, parfaite et non faussée est garantie par l’État et les Codes, civil et de commerce, en sont les instruments de contrôle. 

    Les principes de ces deux idéologies sont communs : les individus sont de purs atomes, des monades leibnitziennes qui flottent quelque part dans le plasma inorganique de l’espace et du temps, des individus hors-sol, interchangeables et équivalents, sans aucune détermination culturelle ou historique. 

    Deux conceptions des sociétés s’opposent. 

    Soit les sociétés humaines sont des êtres collectifs dont la valeur est plus que la somme des parties qui les constituent. Ces sociétés sont inscrites dans un espace déterminé et dans une profondeur historique. Elles ont une culture qui peut évoluer dans le temps mais sur la base d’un héritage. Elles acceptent la nouveauté mais avec le regard critique de celui qui juge un arbre à ses fruits. Les activités culturelles, sociales, économiques, les rapports entre individus et les rapports collectifs entre groupes familiaux, sociaux et économiques sont régulés par des normes et – j’ose le dire – des interdits qui assurent le respect de la solidarité. Les sociétés, comme tous les êtres vivants, ont pour objectif de se reproduire, de transmettre. C’est le principe de pérennité et de tradition-transmission. 

    Soit à l’inverse les sociétés sont des agrégats modelables et remodelables ad libitum en fonction des situations et des intérêts du moment. Les individus maximisent leur intérêt individuel et tout peut librement être marchandisé, temps, travail, procréation. Rien ne s’oppose à ce que l’étranger participe librement à la concurrence locale sur le marché du travail si les élites économiques y trouvent un intérêt. Si le « premier capitalisme » conservait un grand nombre de valeurs patrimoniales et familiales traditionnelles, nous sommes aujourd’hui dans la phase trois du système, le capitalisme financiarisé régi par la loi du rendement immédiat et de l’économie hors-sol. Rien ne s’oppose non plus à ce que l’étranger vienne remplacer l’autochtone défaillant et stérile pour abonder les caisses de retraite, du moment que le retraité touche sa pension et puisse faire sa croisière annuelle. Le temps individuel et collectif est normé par le court-termisme. Après moi, le déluge. Enfin, dans cette société, toute « novation » est reçue comme bienvenue dans cet « hôtel de passage » qu’est la société selon Jacques Attali. 

    Tout repose donc sur la conception de l’individu. 

    Malheureusement pour nous, la dernière chose dont nos contemporains accepteront de faire leur deuil est le culte et le primat de l’individu, individu politique et social libre de toute détermination, individu libre de jouir sans entraves dans l’instantanéité du temps, « l’homo festivus » qu’a bien défini Muray. Le « vivre ensemble » de « l’homo festivus » est un mélange paradoxal de consommation matérialiste, de jouissances fugitives et de convivialité factice où des individus « font la teuf » en racontant leur « fun » sous forme de messages adressés à des inconnus autistes par des zombies autistes, tous rivés à leur écran. 

    Et c’est pourtant à cet individualisme qu’il faut renoncer pour revenir à une conception et une définition holiste et organique de la société. Notre tâche est donc rude. 

    Le débat n’est pas moral. C’est aujourd’hui une question de survie individuelle et collective.

    Nous vivons sur une confusion, qui date de l’époque où nous autres Européens avons constitué le concept d’individu, en mêlant un peu de philosophie grecque socratique et beaucoup de métaphysique chrétienne (c’est le Christ qui a inventé le rachat de l’individu par lui-même alors que le péché et la malédiction du peuple juif sont collectifs). 

    Cette illusion est de nature juridique.

    Le droit ne connaît de responsabilité qu’individuelle, alors que l’histoire connaît la responsabilité collective. Une nation (collectivité humaine, sociale, politique et culturelle) ou une génération (un tronçon temporel de la même collectivité) assument une responsabilité, et nous sommes tous – même les opposants et les dissidents – indéfiniment co-responsables des décisions et des options qui auront été prises de notre temps. 

    La sidération qui frappe nos contemporains devant les « attentats aveugles » (comme si des attentats étaient aveugles…) tient largement à une conception erronée de la responsabilité. « Je ne leur ai rien fait ». Or les terroristes ont raison. Il n’y a pas d’innocents. 

    Nous sommes responsables d’être ce que nous sommes, d’être les héritiers de notre civilisation et des décisions prises par nos prédécesseurs. Nous sommes déterminés par nos racines à être blancs, croisés, descendants des défricheurs de la Beauce et des constructeurs de Sainte-Sophie de Constantinople, paysans italiens devenus artisans français, etc… Les destins sont collectifs. 

    Cette illusion juridique individualiste – « je, en tant qu’individu, ne leur ai rien fait » – ne va pas sans paradoxe, puisqu’elle s’accompagne d’un ethno-masochisme, la haine de soi en tant qu’être collectif historique, dont les manifestations les plus visibles sont la repentance historique constante, la commémoration maladive des prétendus péchés de notre civilisation, et les lois xénophiles dans le domaine social et politique. 

    Le « vivre ensemble » qu’on nous propose repose sur le postulat de l’accueil et de la déclaration de paix. Or il ne sert à rien de dire « je t’aime » à celui qui répond « moi non plus ». « Faites l’amour, pas la guerre » est une proposition frappée d’une absurdité logique. De deux parties, une peut, toute seule, déclarer la guerre à l’autre, alors que pour faire l’amour, il faut être d’accord tous les deux. Ou alors, c’est un viol et c’est une autre histoire. 

    Quelles sont donc les voies qui nous sont ouvertes pour faire face au défi, au danger le plus grave qu’ait connu l’Europe depuis 1650 ans, c’est-à-dire depuis les dernières grandes invasions de peuplement ? 

    Que faire, donc ? 

    J’évoquerai plusieurs pistes, non exclusives les unes des autres, dans le domaine politique, éducatif, culturel, économique. 

    Les principes de ces différentes actions sont identiques : 

    • il faut répéter que nous sommes la majorité, mais agir comme si nous étions déjà une minorité. Rien n’est plus désastreux que le concept de « majorité silencieuse » qui a fait tant de mal à la droite, car la majorité a en permanence élu et laissé faire sans rien dire des élites qui l’ont trahie. Les minorités conscientes et actives mènent le monde, 

    • il faut alerter, dénoncer les contradictions du système, revendiquer et défendre la liberté d’expression, 

    • il faut éduquer, transmettre, former la génération montante, 

    • il faut mettre à profit les tendances actuelles et les initiatives qui vont dans le sens du localisme et d’une conception holiste de la société.

    Dans le domaine politique, nous avons un rôle de lanceurs d’alerte, de propagateurs d’information et de défenseurs d’internet contre le totalitarisme mou qui s’instaure. Actuellement, ce ne sont pas les sites djihadistes ou immigrationnistes que l’on ferme ou que l’on persécute, ce sont les lanceurs d’alerte qui sont persécutés par le prétendu état d’urgence. Le gouvernement français avait déjà refusé l’asile politique à Snowden, dénonciateur de l’espionnage généralisé par des intérêts étrangers. Aujourd’hui, les sites d’information sont surveillés. Le dimanche soir précédent les attentats de Bruxelles, Marion Maréchal-Le Pen s’est fait incriminer sur BFM-TV par la responsable des informations politiques du Parisien. Son crime était d’avoir twitté lors de l’arrestation de Salah Abdesselam : « Je me réjouis de cette arrestation, mais combien en reste-t-il dans la nature ? » La journaliste lui a demandé si elle n’avait pas honte de tenir des propos « anxiogènes »… Et 36 heures après, les complices d’Abdesselam encore dans la nature faisaient plus de 30 morts… Et bien, non, nous n’avons pas honte de tenir des propos anxiogènes ! Et je vous propose de réfléchir à la manière d’amplifier notre voix. 

    Dans le même domaine politique, nous devons nous attacher à expliquer et diffuser auprès du plus grand nombre, en tout temps et en tous lieux, où se situe l’escroquerie économique la plus flagrante du MIM. Non, les migrants n’assureront pas le financement de la retraite par des cotisations sociales ! Dans un contexte historique de vieillissement de la population européenne, il serait déjà hasardeux d’escompter que la solidarité trans-générationnelle fonctionne parfaitement, sans remise en cause de cette situation d’exploitation des classes jeunes par les baby-boomers qui ont refusé les contraintes de l’éducation d’une famille pour mieux profiter des plaisirs de la société de consommation. Peut-on donc penser que, quand bien même les nouveaux arrivants trouveraient leur place sur le marché du travail avec les normes de productivité que nous exigeons des salariés, ces salariés accepteraient de subvenir aux besoins de personnes avec lesquelles ils n’ont et ne se sentent aucun lien de solidarité ? Je pense que le message est rude à entendre pour nos concitoyens, mais il est nécessaire. Tant pis pour le niveau de vie des retraités, à titre individuel. C’est leur génération qui a collectivement pris les mauvaises décisions. C’est comme la dette, il faudra payer l’addition… 

    Nous devons aussi nous faire les pourfendeurs de toute forme de marchandisation du vivant. Non seulement contre la marchandisation du corps comme nous le faisons pour la GPA et ce message me semble porteur et efficace, mais aussi contre la brevetabilité du vivant sous toutes ces formes. Il y a là une synergie à trouver avec les opposants aux lobbies pharmaceutiques et aux Monsanto en tout genre, qui peut nous donner de la visibilité, en pleine cohérence avec notre vision du monde. 

    Il faut enfin dénoncer préventivement les naturalisations massives à venir. Le peuple votant et pensant mal, les élites n’ont d’autre voie que de diluer le peuple en procédant à ces naturalisations, si possible dès le prochain quinquennat en France. 

    En revanche, l’action politique ne peut pas être l’alpha et l’omega de notre action. En effet, comme l’a très bien vu Laurent Ozon par exemple, pour réussir en politique, il faut être élu et donc s’abstenir de discours excessivement traumatisants. L’inaudible – ce que l’on ne veut pas entendre – est donc indicible. À ce titre, nous savons tous ici que cela sera très dur dans l’avenir – troubles civils et sociaux, baisse générale du niveau de vie, etc… – mais on ne peut incriminer un parti politique lorsqu’il affirme détenir les moyens de contrôler la situation. Je dis cela pour les impatients et les radicaux…

    Il convient donc d’agir aussi hors de la sphère politique. 

    Un des axes prioritaires d’action est l’éducation, afin de former des élites capables d’assumer leur responsabilité à venir. 

    Le système, avec l’assentiment fataliste de nos contemporains, a fait s’effondrer l’enseignement de tous les savoirs et de toutes les méthodes qui permettent de comprendre et de juger le monde. Cette faillite profite bien entendu au projet du MIM car l’Éducation nationale (à laquelle j’inclus généralement l’enseignement confessionnel sous contrat) produit des individus hors-sol, hors-histoire, indifférenciés, interchangeables et disposés à accepter tout projet qui ferait table rase de notre identité. 

    Le niveau général est lamentable en capacité logique d’analyse et de déduction, en histoire, géographie physique et humaine, économie politique, philosophie, sociologie. Le français est lu et parlé avec un vocabulaire pauvre et approximatif, proche du niveau d’une langue étrangère moyennement maîtrisée plutôt que de celui d’une langue maternelle. Même l’apprentissage du calcul est rendu difficile du fait de la pauvreté du vocabulaire français, car les élèves ne peuvent pas comprendre les mots du problème posé. 

    Je vous propose donc de réfléchir à la création d’écoles hors contrat ou au renforcement d’écoles existantes. Ce projet supposerait la mobilisation de bonnes volontés, de compétences juridiques et de moyens financiers, mais cela me semble la suite logique de notre entrée en sécession. 

    Un autre volet de cette éducation est celui des valeurs. Nous pouvons transmettre les valeurs holistes et solidaires et former les élites qui nous seront nécessaires. 

    Une des faiblesses constitutives de la société marchande a bien été mise en lumière par François Perroux, dont je vous rappelle qu’il a été l’un des économistes français les plus brillants, professeur au Collège de France, grand mathématicien, avant d’être méprisé par l’Université de la pensée unique. Il avait en effet comme projet de constituer une économie politique globale permettant une compréhension des phénomènes économiques comme l’une des dimensions de la société, mais pas la seule et en tout cas pas autonome par rapport à ses autres dimensions. Il écrit, dès 1969 : 

    « Toute société capitaliste fonctionne régulièrement grâce à des secteurs sociaux qui ne sont ni imprégnés ni animés par l’esprit de gain et de la recherche du plus grand gain. Lorsque le haut fonctionnaire, le soldat, le magistrat, le prêtre, l’artiste, le savant sont dominés par cet esprit, la société croule, et toute forme d’économie est menacée. […] Un esprit antérieur et étranger au capitalisme soutient durant une durée variable les cadres dans lesquels l’économie capitaliste fonctionne. Mais celle-ci, par son expansion et sa réussite mêmes, dans la mesure où elle s’impose à l’estime et à la reconnaissance des masses, dans la mesure où elle y développe le goût du confort et du bien-être matériel, entame les institutions traditionnelles et les structures mentales sans lesquelles il n’est aucun ordre social. Le capitalisme use et corrompt. Il est un énorme consommateur de sève dont il ne commande pas la montée […]. » 

    Ce texte magnifique doit nous rappeler que, lorsque le MIM et le capitalisme de troisième type échoueront dans leur projet comme le parasite meurt de l’épuisement de son hôte, nous aurons plus que jamais besoin de ces élites animées de valeurs de service, ces valeurs « libérales » au sens grec du terme. C’est le rôle que nous devons assigner à nos activités communautaires et de scoutisme, qui seront une source de sève dans les périodes troublées à venir. 

    Passons maintenant à la manière dont nous pouvons nous appuyer sur des tendances existantes dans la société actuelle, sur d’autres écoles de pensée et d’action que nous avons souvent considérées comme éloignées de nos préoccupations, mais qui se sont insensiblement rapprochées de nous comme nous nous rapprochions d’elles. J’entends par là tous les mouvements qui se revendiquent de la notion de responsabilité collective. La responsabilité sociale et environnementale, la consommation responsable, la sobriété étaient des concepts plutôt universalistes. Mais la réalité des faits et l’influence de certaines personnalités comme Michéa ont amené les promoteurs de ces théories et de ces pratiques à comprendre enfin que le commerce équitable, ce n’est pas seulement pour les petits producteurs de café du Costa-Rica chers à Max Havelaar. C’est aussi pour nos frères agriculteurs et éleveurs gaulois qui se crèvent au travail, exploités par le système et la mondialisation, à 30 kilomètres du centre-ville de Paris. Commerce équitable de proximité, circuits courts, voilà qui nous convient parfaitement et où nous avons un rôle concret à jouer. J’y rajouterai une réflexion sur la manière d’organiser ou de relayer des campagnes de boycott à l’encontre d’enseignes ou de marques. 

    Dans le domaine économique, nous devons entreprendre et aider nos entrepreneurs, avec un esprit de communauté minoritaire. Financement, relations comme fournisseurs ou clients, qu’importe. Et, pour ce qui concerne l’entreprise, nous devons systématiquement nous constituer en forme juridique de sociétés de personnes, SCOP, SARL, etc., et non pas en sociétés de capitaux. Cela permet de coopter les personnes et, de surcroît, comme les associés ne relèvent pas du contrat salarial, cela nous permettra de contourner plus efficacement les contraintes xénophiles du droit du travail, qui ne feront que se renforcer. Tous les domaines sont ouverts : services dont l’éducation dont j’ai déjà parlé, mais aussi commerce, voire industrie dans une politique de relocalisation. 

    Voici, mes chers amis, les quelques pistes de réflexion et les quelques propositions que je souhaitais vous soumettre. 

    Je vous remercie de votre attention. 

    Lionel Rondouin 

    • D’abord mis en ligne sur Institut Iliade et repris par Cercle non conforme, le 18 avril 2016.

    http://www.europemaxima.com/

  • Forum de l'Europe: Intervention d'Hervé Van Laethem, président de Nation, Belgique