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  • 4 novembre 1956 : entrée des chars soviétiques dans Budapest. Une tragédie racontée par David Irving

    3568890820.jpgLe second volume Budapest 1956 de David Irving

    sera en vente mardi prochain 8 novembre.

    Traduction inédite en français du texte original cliquez ici

    Les deux volumes cliquez là

    Nous vous proposons la lecture de ce magnifique texte écrit par Jacques Meunier, l'un des fondateurs des éditions de Chiré, en 1966 et publié dans notre confrère Lectures françaises cliquez ici

    En octobre 1956, le peuple de Budapest (étudiants, ouvriers, employés, militaires…) s’est soulevé contre l’oppression communiste et la dictature des dirigeants hongrois sous tutelle soviétique. Elle fut très violemment réprimée dans le sang, l’emprisonnement, la déportation et tant d’autres sévices dont les communistes sont coutumiers. Elle se déroula sans le moindre appui, ou aide, ni même les protestations des nations occidentales du monde dit « libre ». Pour le dixième anniversaire de ces événements, Poitiers Université, le journal des étudiants nationalistes de Poitiers, avait rendu hommage (dans son n° 26, novembre 1966) au peuple courageux qui avait osé défier le monstre soviétique. Nous en reproduisons ci-dessous le contenu intégral :

    Budapest 1956 : l’honneur de la jeunesse

    (texte écrit par Jacques Meunier en 1966)

    Sur la place Josef Bem, en cette soirée du 23 octobre 1956, dix mille personnes défilaient dans cette foule, surtout des jeunes gens, étudiants, collégiens, ouvriers…; des cris fusaient : « Les Russes à la porte » ; des chants : « Debout Magyars » ; des clameurs : « Liberté, liberté ! ». La liberté, le droit, la justice, pour les hommes de l’Occident, ce sont des mots ; pour les Hongrois de 1956, ces mots représentent l’espérance, la fin du cauchemar, le bout de la nuit !

    « Que Dieu protège la Hongrie ! ». Les manifestants chantent et les postes de police flambent, des coups de feu éclatent ; ils ne savent pas encore ce qu’ils font et déjà la contre-révolution hongroise est en marche.

    Sur les pelouses, les enfants dansent, les jeunes filles sourient en distribuant des cocardes et au Comité Central du parti communiste, Gerö hausse les épaules et déclare : « Ce n’est rien, ils vont aller se coucher ». Ils se coucheront, en effet, mais seulement quand ils seront morts ; pour l’instant, il n’est pas question de recul. Les manifestants n’en croient pas leurs yeux, car les insurgés en armes arrivent de partout : ouvriers, paysans, soldats ; les uns portent de vieux fusils rouillés, d’autres, des mitraillettes russes flambant neuves, et tous ont dans les yeux la même foi et dans les cœurs la même espérance.

    Mais les Rouges réagissaient, les chars s’avancent, les mitrailleuses crépitent, mais les révoltés résistent ; l’armée hongroise arrache l’étoile rouge de son drapeau ; elle ouvre 1e feu sur les Russes ; l’insurrection a gagné.

    L’étranger s’étonne ; Moscou s’affole. Dans Budapest, la joie éclate, la statue de Staline se brise au sol, la foule applaudit ; 1e Cardinal Primat de Hongrie est tiré de son cachot et le peuple l’acclame. Dans les bagnes rouges, les prisonniers politiques commencent la grève générale et partout les AVO s’enfuient pour échapper à la foule.

    Mais les maîtres de l’U.R.S.S. ne veulent pas lâcher leur proie ; ce peuple veut vaincre, il doit mourir. Contre ces jeunes gens, on va lancer des divisions blindées ! Et des quatre coins de l’empire russe, des plaines d’Ukraine, des montagnes du Caucase, des steppes de Sibérie, l’Armée Rouge se rue vers l’ouest.

    Alors, dans les casernes de Buda, dans les Facultés de Pest, dans les usines de la banlieue, c’est la mobilisation générale, mais que pourront des poitrines contre des canons et des chars ? La jeunesse de Hongrie sera digne de sa race, de son sol, de sa foi, et le sang versé sur les pavés de sa capitale en sera le témoignage ineffaçable.

    Mais hélas, en face de cette détresse, de cet héroïsme, de ces appels au secours et de ce meurtre gigantesque, l’Occident restera sourd et muet. L’Histoire dira les responsabilités de ces hommes qui savaient et qui n’ont rien dit, qui pouvaient et qui n’ont rien fait, de nos ministres et de nos députés qui savouraient leurs ballets roses pendant que tombait ce crépuscule sanglant.

    Aujourd’hui, les insurgés sont morts… ceux qui ont survécu sont au bagne ou en exil.

    Dans les capitales de nos pays, on parle de synthèse Est-Ouest… Dans nos villes de France, dans nos universités, quelques réfugiés hongrois se sont installés ; ils restent seuls, nostalgiques et oubliés ; autour d’eux, on parle de Bob Dylan, du cinéma, ou des vacances et quand les étudiants descendent dans la rue, c’est pour réclamer le pré-salaire ou la paix au Vietnam… L’U.N.E.F. est à Prague et le « vent de l’Histoire » a séché le sang des martyrs et les larmes des mères.

    Si Dieu leur a refusé la victoire sur Terre, les Magyars ne sont pas morts en vain. Il y a dans notre pays des jeunes gens qui n’ont pas oublié ; notre révolte est née de la leur ; nous n’avions que quinze ans quand a coulé le sang de la Hongrie, mais pour nous, l’honneur ne sera jamais une chose morte. Et c’est à nous qu’il appartient aujourd’hui de rendre hommage aux étudiants de Budapest ; ils ont été l’honneur de la jeunesse de l’Europe ; ils seront demain l’exemple des générations à venir.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Marion Maréchal-Le Pen attaque Estrosi sur sa responsabilité dans l'attentat de Nice

  • Eric Zemmour à Jean-Frédéric Poisson : "Dans quelques années, tout le monde sera pour la préférence nationale"

    "Ainsi donc, pendant que nous en avons le temps, faisons le bien envers tous, et surtout envers les frères dans la foi" (Saint Paul, Galates 6-10)

    Jean-Frédéric Poisson était l'invité de l'émission Zemmour et Naulleau le 19 octobre dernier. A cette occasion, Eric Zemmour a mis Jean-Frédéric Poisson devant ses contradictions (à partir de 25'20''), plusieurs fois exprimées ici par des lecteurs du Salon beige. Il lui a notamment reproché de se mettre dans la situation intenable, par la mécanique des primaires, de devoir soutenir Alain Juppé (ou même Nicolas Sarkozy) alors qu'il défend des convictions totalement opposées. L'expression utilisée est même dure : "En fait, vous allez vous coucher devant Juppé !"

    6a00d83451619c69e201b7c8ac46cb970b-320wi.jpgAutre exemple, la préférence nationale est donnée en exemple par Jean-Frédéric Poisson comme point de désaccord profond avec le Front national. Eric Zemmour lui explique que cette idée va pourtant se développer :

    "Aujourd'hui, la préférence nationale, qui était honnie dans le débat politique français, c'est le premier ministre anglais, un conservateur, et pas du tout un nazi, qui va l'imposer. Et vous allez voir, je prends les paris, dans quelques années, tout le monde sera pour la préférence nationale. Tout le monde exigera qu'il y ait une primauté et une prééminence aux salariés nationaux français ou britanniques en Angleterre. Tout le monde exigera une différence de traitement entre les étrangers et les Français pour les allocations sociales. Ca va aller très vite maintenant que les Anglais ont donné le La (...)"

    Il est vrai que la notion de préférence nationale revient dans le débat politique  :

    Grande-Bretagne : vers une préférence nationale pour les travailleurs britanniques ?

    Theresa May veut instaurer la préférence nationale sur les embauches

    Faut-il une préférence nationale pour le versement des aides sociales ?

    La «préférence nationale light» au menu de Bruxelles

    6a00d83451619c69e201bb094f224d970d-320wi.jpg"La rencontre, où il sera question de «la préférence nationale light», aura lieu ce mardi 25 octobre et doit permettre de s'informer mutuellement à ce sujet ainsi que de discuter des éléments encore à éclaircir. Un haut fonctionnaire européen a confirmé cette information (...) La «préférence nationale light» a été abordée il y a une semaine par les ambassadeurs de l'UE. Ils se sont basés sur un premier avis juridique d'experts de l'Union européenne."

    Même Christian Estrosi, qui a toujours combattu cette idée lorsqu'elle venait du FN, s'y rallie dans une déclinaison certes régionale mais le principe est le même :

    Marchés publics : la région PACA opte pour la « préférence régionale »

    Théorisée dans un livre par Jean-Yves le Gallou en 1985, La préférence nationale consiste à réserver des avantages sociaux ainsi que la priorité à l'emploi, à qualification égale, aux nationaux. Cette règle est déjà appliquée en France, sans que cela ne choque personne, pour l'accès à la plupart des emplois de la fonction publique et pour les mandats électifs nationaux (député, sénateur, président).

    Voici ce que disait Bruno Gollnisch en 2007 :

    "L'Eglise qui proclame que tous les hommes sont frères, corrige l'interprétation erronée qu'on donne parfois à cette fraternité universelle. Elle déclare, en effet, que chacun doit aimer particulièrement ceux qui sont nés sur le même sol que lui, qui parlent la même langue, ont hérité des mêmes richesses historiques, artistiques, culturelles, qui constituent dans l'humanité cette communauté spéciale que nous appelons notre patrie, véritable mère, qui a contribué à former chacun de ses enfants. Elle a droit à un amour de préférence".

    Philippe Carhon

  • Chronique de livre : Sylvain Tesson "Sur les chemins noirs"

    3084995700.jpgSylvain Tesson est géographe, aventurier et écrivain. Aucun de ces trois termes n'est usurpé pour le qualifier.

    Géographe, Sylvain Tesson l'est par ses diplômes – un DEA de géographie – mais aussi, et peut-être surtout, par son regard sur le monde.

    Aventurier, car il a fait un pas de côté pour se rendre dans les confins du monde : la Sibérie, les altitudes de l'Himalaya et bien d'autres territoires inaccessibles.

    Ecrivain, avec une vingtaine d'ouvrages dont le dernier, Sur les chemins noirs,paru en 2016 chez Gallimard, que nous allons présenter.

    Sylvain Tesson a perdu sa mère et aussi l'équilibre, se fracassant huit mètres plus bas du toit où il faisait le pitre. Les deux événements, tragiques, vont agir sur lui comme un révélateur. Perdre sa mère et une partie de ses facultés quand on est un cœur aventureux, voilà deux épreuves que l'on doit surmonter. Si le deuil est inévitable, les limites physiques, elles, peuvent être repoussées. C'est ainsi qu'à sa sortie de l'hôpital, Sylvain Tesson se décide à une aventure assez banale pour un aventurier du bout du monde : traverser la France du sud-est (aux alentours du Mercantour) vers le nord-ouest (la presqu'île du Cotentin, en Normandie).

    Pendant deux mois et demi, du 24 août au 8 novembre, Sylvain Tesson va parcourir ce qu'il nomme les chemins noirs, d'après le titre du livre de René Frégni, Les chemins noirs. S'appuyant sur un très sérieux rapport traitant de « l'hyper-ruralité », il va bâtir sa route grâce aux précieuses cartes IGN au 1/25000e. Une façon au passage de nous rappeler que nos cartographes ont effectué de très notables progrès depuis la guerre de 1870... Il pourrait paraître étonnant que notre écrivain baroudeur ne se soit pas aventuré sur la route du sud-ouest au nord-est, la fameuse « diagonale du vide » aujourd'hui appelée « diagonale des faibles densités », mais il n'en est rien car son objectif est de rallier la Manche pour terminer son périple du haut des falaises surplombant l'horizon maritime.

    Le regard de Sylvain Tesson sur la France est, fait rare chez lui, emprunt de nostalgie. Témoin impuissant d'une France rurale et enracinée qui disparaît sous les coups de boutoir de l'aménagement du territoire, de l'Union européenne et de la mondialisation, ce périple constitue un témoignage nécessaire autant que cynique. Agrémenté de nombreuses réflexions personnelles et de quelques développements que ne renieraient pas la géographie libertaire des éditions l'Echapée, puisant ses références dans un panel varié de philosophes et d'auteurs comme Xénophon, Jünger, Maurras, Braudel ou Vidal de la Blache, cheminer avec Sylvain Tesson est riche d'enseignement et ne peut laisser insensible le lecteur.

    Bien qu'assez court, 142 pages, on ne sait pas dire en refermant le livre si on en voudrait plus ou pas. Peu de mots suffisent parfois à capturer une réalité complexe et Sylvain Tesson est passé maître dans l'art de faire fuser ses phrases comme des balles. Véritable géographe du sensible, il porte un regard acéré sur le monde, faisant sienne une philosophie qui puise dans la géographie. Celle de Tesson a une âme, elle n'est pas la discipline parfois rébarbative des bancs de l'école ou celle des Commissaires au plan, des gestionnaires ou des économistes.

    A la lecture du livre, pour ceux qui en doutent, on mesure que la France n'est pas juste un territoire qui doit être compétitif et que « l'hyper-ruralité », ce concept terrible, n'est pas une malédiction. Les croyants en la religion du progrès peuvent-ils vraiment comprendre cela ? Comprennent-ils la France éternelle ? La lecture de Sylvain Tesson sonnera sûrement comme une sentence : ceux qui refusent cette France des ZAC, des ZUP, des périph' et autres stigmates sont de la confrérie des chemins noirs.

    « Certains hommes espéraient entrer dans l'Histoire. Nous étions quelques-uns à préférer disparaître dans la géographie. »

    Un livre à lire et à offrir, pour que les chemins noirs de la littérature ramènent nos contemporains dans le réel. Une ode à la redécouverte de notre pays et au dépassement de soi. Un signe des temps.

    Jean / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/

  • L’État détourne un legs pour en faire un « centre de déradicalisation »

    Texte de François Teutsch sur Bd Voltaire à propos du « centre de déradicalisation » [sic] de Beaumont-en-Véron, qui a déjà donné lieu à de nombreux articles dans la presse :

    « L’implantation scandaleuse de ce nid d’islamisme en plein cœur de la Touraine, quand il existe tant de lieux en Île-de-France – certes plus près des lieux de vie de nos dirigeants -, se double désormais d’une question juridique qui, en d’autres circonstances, aurait semblé secondaire.

    C’est, en effet, au domaine de Pontourny que cette estimable institution doit s’installer. Dans un château bâti au XVIIIe siècle appartenant à l’Assistance publique, jusque-là occupé par un centre de formation professionnelle pour jeunes filles en difficulté. Un domaine appartenant autrefois à la famille Gréban de Pontourny, que son dernier représentant, Alphonse Marie, décédé en 1896, a légué à Jean-Baptiste Turquet, en précisant que « le domaine doit avoir pour mission une œuvre charitable chrétienne avec obligation du culte catholique, un office par semaine ». En 1902, Jean-Baptiste Turquet en fait don, à son tour, à l’Assistance publique, aux mêmes conditions. Des conditions peu respectées en ce qui concerne le caractère chrétien de l’œuvre. Mais le dernier donateur pouvait-il prévoir ce qu’il adviendrait de son domaine au début du XXIesiècle ?

    Le bénéficiaire d’un legs à titre particulier doit en respecter les conditions posées par le testateur. Quel que soit le temps écoulé, il appartient à l’actuel propriétaire de se conformer aux volontés de Marie-Alphonse Gréban de Pontourny. Qui n’a sans aucun doute pas donné son accord pour que, d’institution charitable chrétienne, son domaine devienne un centre d’hébergement d’islamistes en djellaba.

    Une association de contribuables de Touraine et Bretagne, qui revendique 1.500 adhérents, a saisi un avocat pour faire respecter les volontés du dernier maître de Pontourny.

    Mais seuls les descendants de Jean-Baptiste Turquet pourraient agir judiciairement pour faire respecter la volonté de leur aïeul. Et aucun d’entre eux ne s’est manifesté à ce jour. À défaut, l’action judiciaire est irrecevable.

    Il existe de multiples manières de lutter contre l’islamisation de la France. À défaut de convertir les musulmans à l’amour des paysages ligériens – moyen certainement efficace pour en faire d’authentiques Français de désir et de futurs chrétiens –, s’opposer à l’installation de tels nids de frelons en est un. Pour cela, il est indispensable qu’un descendant de Jean-Baptiste Turquet se manifeste et décide d’agir. Votre serviteur n’est malheureusement pas de ceux-là… Mais qui sait, parmi les lecteurs de Boulevard Voltaire, si l’un se trouvait, soudain, concerné par la question… Quant au financement du procès, l’association a mis en place un compte en ligne. Et là, nul besoin d’être un héritier Turquet.

    Une fois encore, le régime en place montre qu’il ne respecte rien. Qui s’en soucie ? Aimer la France, manifester son patriotisme, c’est aussi faire respecter son Histoire, son passé, son patrimoine, ses paysages. C’est considérer qu’un lieu, échu à l’État par nécessité et volonté charitable, doit conserver à la fois son âme et la destination qu’en a décidée son donateur. Mais lorsqu’on ose transformer les jardins de Versailles en écrin pour le « Vagin de la Reine », à quoi bon s’ennuyer avec les dernières volontés d’un aristocrate catholique –sans doute royaliste- de la fin du XIXe siècle ? »

    http://www.contre-info.com/letat-detourne-un-legs-pour-en-faire-un-centre-de-deradicalisation#more-42808

  • Journal du Vendredi 04 Novembre 2016 : Politique / Débat de la primaire : linge sale en famille

  • Cette Union européenne des élites privilégiées qui ruine les peuples

    Hallucinant mais tellement prévisible :

    "Seize anciens commissaires européens de la Commission José Manuel Barroso, qui ont quitté leur poste en 2014, perçoivent toujours des versements mensuels de plus de 8000 euros, rapporte l’hebdomadaire allemand Die Zeit.

    Cela s’appelle l’allocation transitoire. Elle permet d’éviter des conflits d’intérêts et d’empêcher les commissaires d’accepter des postes clés dans les secteurs de l’industrie immédiatement après avoir quitté leur poste à la Commission européenne. Le problème ? Ces allocations sont l’équivalent de leur salaire d’antan qui était alors faramineux (...).

    On y apprend que la plupart de ces commissaires concernés ont depuis belle lurette retrouvé de hauts postes extrêmement bien rémunérés« en tant que lobbyistes, gestionnaires ou membres d’autres bureaux politiques » (...)"

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • De Nicolas Sarkozy à François Hollande, la Ve République sur la sellette

    L'autorité de François Hollande est remise en cause. C'est une litote. Cependant, Frédéric Rouvillois entend démontrer ici [Figarovox - 31.10]qu'au-delà des personnes, ce sont les fondements de la « république gaullienne » qui vacillent (autre litote ?) ce que le livre de Patrick Buisson décrit minutieusement. Frédéric Rouvillois dégage de cette lente évolution une analyse critique originale et profonde. Mais pourquoi cette érosion s'est-elle produite, conduit-elle à l'inexorable déclin de ce régime bâti pour rendre à l'Etat puissance et légitimité ? Etait-il réellement possible de concilier les institutions républicaines à la française, leur esprit profond, et l'intention d'une rupture « avec cette volonté d'abstraction qui remonte à la révolution de 1789 », et de renouer « avec une tradition plus longue, plus ancienne et plus profondément enracinée, selon laquelle en France, pays latin de culture chrétienne, le pouvoir suprême s'exerce non par délégation, mais par incarnation » ?  Pouvait-on marier l'eau et le feu, accorder deux traditions aussi historiquement et idéologiquement opposées, marier durablement ces contraires ? N'était-ce pas tout bêtement mission impossible ? L'expérience des trente ou quarante dernières années répond par l'affirmative. Les monarchistes que nous sommes, aussi.  Lafautearousseau  

    Comparaison n'est pas raison, nous dit la sagesse des peuples. Ce qui n'empêche pas certains rapprochements troublants. Au printemps 1958, l'agonie piteuse de la IVe République avait été marquée par des manifestations de policiers ulcérés par l'impuissance de l'État, par des dissensions amères au sein du gouvernement et de la classe politique, par la perte de légitimité du système et par son incapacité visible à trouver des réponses aux questions les plus urgentes. Et même, par l'électrochoc suscité par la parution d'un livre événement, Les princes qui nous gouvernent, dans lequel un « homme de l'ombre », Michel Debré, consignait lucidement les indices de la phase terminale du régime. Soixante ans plus tard, c'est la Ve République, ou plutôt, ce qu'en ont fait les gouvernants depuis une trentaine d'années, qui se trouve sur la sellette. Et c'est un autre grand livre, La cause du peuple, de Patrick Buisson, qui se charge de dresser le constat, en confrontant le régime tel qu'il avait été conçu à l'origine, à l'ombre caricaturale et falote de ce qu'il est devenu.

    Au début de De l'Esprit des lois, Montesquieu expliquait que chaque gouvernement a son principe, qui est « ce qui le fait agir ». En historien et en politiste avisé, Patrick Buisson rappelle quel était celui de la République singulière établie par De Gaulle en 1958, et parachevée en 1962 avec l'élection du président au suffrage universel direct.

    Au sommet de ce que le Général n'hésitait pas à qualifier de « monarchie populaire », le président incarne « de façon indivisible » l'autorité de l'État, et en dispose seul lorsque la nation est confrontée à un péril grave et immédiat. C'est d'ailleurs, souligne Buisson, la grandeur de la république gaullienne, que d'avoir osé rompre « avec cette volonté d'abstraction qui remonte à la révolution de 1789 », et renouer « avec une tradition plus longue, plus ancienne et plus profondément enracinée, selon laquelle en France, pays latin de culture chrétienne, le pouvoir suprême s'exerce non par délégation, et par incarnation ». À la base, le peuple en majesté : un peuple qui n'est plus le « souverain captif » dénoncé sous la IIIe République par André Tardieu, le mentor du Colonel de Gaulle, mais le souverain tout court, qui choisit au suffrage universel celui qu'il entend faire chef de l'État. Entre les deux, enfin, entre la base et le sommet, le « principe » de cette république singulière : un « courant de confiance » sur lequel se fonde l'autorité du président, mais qui implique en retour sa responsabilité politique devant le peuple. La légitimité du président résulte à la fois de cette confiance, et de la poursuite du bien commun - ce qui suppose qu'il se comporte comme le président de tous les Français, et non comme représentant, à l'Élysée, de son parti ou des soi-disant élites qui l'environnent.

    Or, démontre impitoyablement Buisson, ce « principe » s'est évaporé depuis une trentaine d'années.

    Au lieu d'un pouvoir incarné combinant «présence et distance, proximité et verticalité», on « oscille entre ces deux pôles de la désacralisation que sont l'exhibition de la personne et la vulgarisation de la fonction». Dérive dont « le narcissisme de Nicolas Sarkozy (…) et le bonhommisme de François Hollande (…) auront été l'aboutissement », l'un comme l'autre n'hésitant pas à se réclamer d'une même « logique de l'abaissement ». Voilà pourquoi, entre l'homme à la Rolex et l'homme au scooter, entre le président du Fouquet's et le président normal, ce sont surtout les similitudes qui frappent. Le Chef de l'État renonce à sa singularité, à sa hauteur, à cette distance qui fonde l'autorité, pour se présenter comme un « hypoprésident », un citoyen ordinaire, très ordinaire même, jetant ostensiblement aux orties le frac présidentiel pour endosser son survêtement et ses charentaises. Sauf que ce président « normalisé » oublie à quel point il en devient anormal au regard du principe d'un régime où l'autorité présidentielle est conditionnée par la responsabilité et la légitimité de son titulaire. Le président ne dispose en effet des pouvoirs qui lui sont attribués, qu'aussi longtemps qu'il bénéficie de la confiance du peuple. Lorsqu'il l'a perdue, il n'y a plus aucun titre, et son pouvoir n'est plus qu'une forme de despotisme. Un despotisme mou et inefficace, certes, mais un despotisme tout de même, et dont on comprend, jusqu'au cœur de l'État, qu'il n'a plus droit au respect ni à l'obéissance.

    Mais la conséquence de cette désincarnation, c'est également l'érosion du caractère démocratique du système, la responsabilité, qui en théorie fonde l'autorité du président, étant aussi le moyen, pour le peuple, de faire entendre sa voix. De là, pointe Patrick Buisson, « un Kratos sans Démos »: un pouvoir retiré au peuple au nom de la démocratie elle-même, sans que le subterfuge suscite autre chose qu'un sentiment de malaise - et une abstention de plus en plus massive chez les jeunes et dans les catégories les moins favorisées.

    Et c'est ainsi que la Ve République, Monarchie populaire, voit ses deux piliers vaciller en même temps. Alors que le monarque l'est de moins en moins, hésitant entre le lampiste et le despote mais refusant d'un même mouvement incarnation et responsabilité, le peuple voit s'évanouir sa souveraineté, réduite en miettes puis répartie entre d'innombrables intervenants, représentants qui ne représentent pas même la moitié des électeurs, juges, experts européens, technocrates bruxellois, instances partisanes sélectionnant les candidats à la présidentielle, etc. Le tout fabriquant une manière de « postdémocratie » qui n'est jamais qu'une antidémocratie. Une démocratie dépassée, remplacée par un Kratos désincarné, lointain, inaccessible, situé dans quelque introuvable cloud politique. 

    Frédéric Rouvillois      

    Frédéric Rouvillois est écrivain et professeur agrégé de Droit public à l'Université Paris-Descartes, spécialiste du droit de l'État et d'histoire politique. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié Crime et Utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme(éd. Flammarion, 2014) ; Être (ou ne pas être) républicain (éd. Cerf, 2015) et dernièrement La Clameur de la Terre. Les leçons politiques du Pape François (éd. Jean-Cyrille Godefroy, 2016).  

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/