La situation de plus en plus grave de ce pays pourrait et devrait inciter les Français, qui croient de moins en moins à la parole présidentielle, à réfléchir sur les moyens de reconstruire.
Or, les choses finissent le plus souvent comme elles ont commencé. Les érudits me pardonneront peut-être ce matin de ne pas mobiliser Anaximandre ou Heidegger[1]au service de cette réflexion à certains égards pessimiste. On se rabattra donc ce matin sur Euripide : "ce qui vient de la Terre retournera à la Terre".
Nous croyons trop souvent que l'élection présidentielle française est issue d'une pâle copie du modèle américain : celui-ci, certes, a dégénéré, dès la fin du XIXe siècle, au point qu'on n'imagine plus de l'imiter vraiment en France. Mais au départ il se fonde sur l'idée d'un suffrage indirect : en novembre ce sont des délégués que vont élire, État par État, les citoyens des États-Unis et formellement ce seront ces élus qui désigneront le chef de l'exécutif. En 2016, l'actuel titulaire n'avait pas obtenu la majorité des votes directs. La philosophie constitutionnelle fondatrice demeure celle d'un système fédéral.