
Franco-russe, je me souviens encore de ce sentiment de gêne qui me travaillait, enfant, à chaque fois que j’entendais parler de la guerre partiotique de 1812. Si j’avais eu le malheur de naître à cette époque, qu’aurais-je fait ? Comme, en certains cas, le sens des réalités n’est pas négociable, je finissais par me ranger du côté russe car, après tout, qui était l’envahisseur ? Le barbare ? Je me souviens des réflexions que m’avaient inspirée la biographie de la bonne vieille Comtesse de Ségur dont le père, Fédor Rostopchine, gouverneur de Moscou entre 1812 et 1814, ordonna la mise à feu de Moscou. Si j’avais été à sa place, me demandais-je, aurais-je pu épouser un Français ? Prenant un peu plus de recul, 25 ans plus tard, je me repose la question mais en d’autres termes : est-ce que les Russes ont bien raison de ravaler une rancune normalement indigeste alors que, si l’on inverse un certain nombre de scénarios, on se rend compte que jamais l’Occident n’aurait absous la Russie. Imaginons que les trois-quarts de Paris eussent été brûlés pour éviter que l’envahisseur russe ne s’en empare !



