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culture et histoire - Page 1357

  • La génétique de la guerre

    A en croire un récent travail d’économistes, les guerres civiles seraient plus fréquentes dans les pays génétiquement très diversifiés. Faut-il travailler sur ce genre de sujet ? Et si oui, quelle leçon peut-on en tirer ? 
    Un pays en paix, depuis maintenant soixante-dix ans... Frappés par une crise économique séculaire, obsédés par les signes du déclin, minés par un pessimisme sans égal dans le monde, les Français en oublient le bonheur qu’ils ont de vivre dans un pays, dans un continent pacifié. Tout le monde n’a pas cette chance. Si les conflits entre pays sont devenus moins nombreux après la dernière guerre mondiale, il n’en va pas de même pour les guerres civiles. Elles ont fait plus de 15 millions de morts depuis la victoire des alliés en 1945. Au cours du dernier demi-siècle, un pays sur quatre a été touché. L’Europe n’a pas été épargnée – il suffit de se souvenir de l’enchaînement effroyable qui a suivi l’effondrement de la Yougoslavie dans les années 1990. Ces affrontements causent d’infinies souffrances, plombent les économies pour des années, détruisent des vies et des villes. Ils provoquent aussi de terribles exils, comme on le voit aujourd’hui au sud de la Méditerranée d’où partent vers l’Europe des Syriens, des Erythréens, des Somaliens et aussi des Maliens, des Soudanais, des Centrafricains. L’an dernier, plus de 230.000 migrants auraient ainsi atteint les côtes du Vieux continent, chassés de leur pays par des conflits sanglants. 
    Une cause commune 
    Chaque guerre a bien sûr son histoire et ses racines. Mais toutes les guerres civiles ont évidemment une cause commune : une opposition majeure entre des groupes qui ne peut être réduite par le fonctionnement des institutions politiques Il est essentiel de mieux comprendre d’où vient cette opposition pour essayer d’éviter ces pertes immenses. Depuis un quart de siècle, beaucoup de chercheurs ont travaillé sur la question. Ils ont évalué l’impact du morcellement religieux, linguistique, ethnique, sur le risque de conflit. Mais leurs résultats ne sont pour l’instant pas très concluants. D’autres chercheurs vont au-delà. Ils s’interrogent sur les causes… génétiques des conflits. Plus précisément, sur le lien entre diversité génétique et risque de guerre. Deux économistes, Enrico Spolaore, de l’université américaine de Tufts, et Romain Wacziarg, de UCLA, ont montré dans un article de 2013 que deux pays ont d’autant plus de risques d’entrer en guerre que leurs populations sont génétiquement proches. Ils expliquent ce lien par une hypothèse simple : des hommes semblables veulent les mêmes ressources – et sont donc prêts à se battre pour les avoir. 
    Dans un autre article paru le mois dernier, trois chercheurs ont mis en évidence un lien inverse pour les guerres civiles. Oded Galor, un professeur israélien de l’université américaine Brown, affirme avec Quamrul Ashraf, de Williams College, aussi basé aux États-Unis, et Cemal Arbatli, de la Higher school of economics de Moscou, que « la diversité génétique, déterminée principalement au cours des migrations préhistoriques des hommes à partir de l’Afrique vers le reste du monde, a contribué significativement à la fréquence, l’incidence et le déclenchement de guerres civiles au cours du dernier demi-siècle ». De 1960 à 2008, la probabilité d’éclatement d’une guerre civile a par exemple été cinq fois plus élevée dans des pays très diversifiés génétiquement (au premier décile de la répartition, là où se situe la République démocratique du Congo) que dans des pays peu diversifiés (au neuvième décile, comme la Corée du sud). 
    Trois explications 
    Les chercheurs avancent trois grandes explications. D’abord, la diversité génétique pourrait nuire à l’instauration de relations de confiance et de coopération. L’homme se méfie de celui qui ne lui ressemble pas. Ensuite, des groupes génétiquement différents pourraient avoir des priorités politiques différentes, en matière de production de biens publics ou de redistribution. Enfin,« dans la mesure où la diversité génétique reflète une hétérogénéité entre individus, à travers des traits de caractère récompensés de manière différente par l’environnement géographique, institutionnel ou technologique, elle peut cultiver des griefs induits par l’inégalité économique. » 
    A vrai dire, cette recherche a quelque chose de vertigineux. Ses raisonnements font parfois penser à de fragiles passerelles. Elle peut déclencher un réflexe de rejet. Ces travaux « sont au bord du racisme complet », réagit un économiste anonyme sur un site internet. Ils peuvent conduire au fatalisme. A quoi bon empêcher les guerres civiles si elles viennent de migrations humaines vieilles de dizaines de milliers d’années ? Cette recherche peut aussi amener à s’interroger sur le sérieux de ses auteurs, même s’ils ont fait un gros travail. Mais Oded Galor, le plus chevronné des trois auteurs, est un économiste reconnu. Il dirige depuis vingt ans l’une des meilleures revues économiques, le « Journal of economic growth ». Il s’intéresse depuis longtemps aux racines de la croissance économique à l’échelle des millénaires. Et s’il en venu récemment à la diversité génétique, avec Quamrul Ashraf, c’est parce que c’est un facteur explicatif puissant de cette croissance à très long terme. Vivement attaqués suite à un article publié en 2009, les deux auteurs avaient dit au journal « Nature » que cette diversité génétique était surtout pour eux un substitut permettant d’approcher « des facteurs culturels, historiques et biologiques, non mesurables, qui influencent les économies ». Quoi qu’il en soit, il faudra s’habituer à ce que les progrès de la science génétique influent sur notre vision du monde, de l’économie, des sociétés humaines. Et plutôt que de céder au fatalisme, il y a là au contraire une raison de plus de vouloir forger des institutions pour préserver la paix. 
    « The Nature of Conflict », par Cemzal Eren Arbatli, Quamrul Ashraf et Oded Galor, Working paper n°21079, NBER, avril 2015. 

  • Thibault Isabel : Nihilisme, mal de vivre et crise de la modernité


    Plan de l'exposé :

    1/ Etat des lieux : le suicide et la dépression sont des problèmes majeurs aujourd’hui
    2/ Le mal-être se développe avec la richesse économique des nations
    3/ Les modes de vie modernes favorisent la solitude
    4/ Les pauvres souffrent plus que les riches de la modernité, au XXIe siècle
    5/ La mondialisation des menaces rend toute action individuelle ou collective impossible et nous déprime
    6/ Notre ère se caractérise par le désenchantement et la fin des idéaux
    7/ La société de consommation aggrave le processus, en valorisant le présent plutôt que l’avenir
    8/ La modernité comporte malgré tout de nombreux mérites, comme le goût pour la réalisation personnelle

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • L’égalité, cette tromperie républicaine.

    La fin d'année scolaire approche et c'est le temps de la préparation des derniers cours de Seconde : entre deux paquets de copies et quelques lectures des journaux du jour, je suis en train de compléter ceux qui porteront sur la Révolution française. Autant dire que je me régale, même si la période n'est pas forcément la plus heureuse de l'histoire de France... En fait, elle est l'une des plus denses et des plus agitées, et m'apparaît de plus en plus comme la trahison des espérances populaires et la prise de pouvoir d'une « classe », d'ailleurs pas du tout homogène, ni dans ses formes ni dans ses idées, que l'on pourrait qualifier, par facilité plus que par réel discernement, de « bourgeoise », à rebours de ce que pensait Maurras (et tant de conservateurs de son temps), qui voulait sauver la bourgeoisie de cette sorte de péché originel révolutionnaire : il y voyait plutôt le fait de déclassés et d'esprits rousseauistes, sans convaincre totalement. Bernanos était plus sévère, et plus lucide, sans doute, sur cette question.

    Je me souviens d'une préface de Pierre Chaunu au livre magistral de Victor Nguyen intitulé « Aux origines de l'Action française » dans laquelle il chiffrait aux alentours de « 80.000 » les personnes ayant tiré un profit économique et financier de la Révolution française, ce qui, en définitive, n'est pas beaucoup au regard du sang versé et des souffrances endurées jusqu'au retour des Bourbons sur le trône, en 1814 puis 1815, et cela « sans que 20 millions de paysans ne récoltent mieux qu'une broutille ». Pour une Révolution qui se voulait égalitaire, quel drôle de bilan !

    En fait, l'égalité proclamée par les révolutionnaires de 1789 et « appliquée » durant la Terreur de 1793, n'était pas celle des fortunes ni celle des conditions mais devait se comprendre comme, d'une part un grand mouvement d'unification (d'uniformisation ?) au sein de la Nation (celle qui se voulait « Une et indivisible ») qui en finissait avec les « privilèges » provinciaux ou professionnels, d'autre part un mouvement visant à l'égalité de traitement des individus, en particulier par -et devant- la loi, ce qui, pour ce dernier, n'a rien pour me choquer, même si la réalité sera, en ces temps-là, beaucoup moins favorable...

    Là où je considère qu'il y a escroquerie, c'est que cet idéal d'égalité cache, le plus souvent, une forme malsaine et détestable de jalousie sociale, et qui pourra se traduire par une terreur (avant même qu'elle ne devienne majusculaire), un vandalisme et un brutalisme (dans le sens que lui donne, sur le plan architectural, le prince Charles d'Angleterre) sans égale mesure dans l'histoire de notre pays jusqu'alors, sauf peut-être au moment des guerres de religion. Il suffit de se promener en France et de constater que, lors des visites de monastères ou de cathédrales, de châteaux ou de beffrois, l'on n'échappe pas à une évocation, parfois discrète et un peu gênée, des « destructions de la période révolutionnaire », quand il serait plus simple et historiquement plus juste de parler des « destructions de la Révolution » elle-même ! La rage égalitaire qui motivait les saccages et les pillages au nom d'une « table rase » qualifiée de « républicaine » m'a toujours effrayé, et je suis d'autant plus sensible aux massacres archéologiques actuels qui ravagent le patrimoine de la Syrie et de l'Irak, que j'y aperçois, à deux siècles de distance, la même fureur contre un passé pourtant millénaire, la même détestation de ce qui n'est pas « l'ordre nouveau » du moment, républicain ou islamiste, la même haine contre les « inégalités protectrices » que sont les diversités familiales, sociales, religieuses ou communautaires.

    L'égalité est trop souvent la négation des différences, de l'altérité et des libertés, et non la correction des injustices qu'elle se prétend être, ou que prétendent ceux qui parlent pour elle. Durant la période révolutionnaire, elle fut aussi le paravent d'une confiscation et d'un détournement des fortunes, non pour le partage mais pour la rapine de quelques uns. Quand Balzac s'écriait que « derrière chaque grande fortune, il y a un grand crime », sans doute avait-il à l'esprit ce qui s'était passé dans les années 1790, et que dénonçait Pierre Chaunu : « La Révolution, c'est la distribution d'une bonne partie de la propriété noble (…) à un taux truqué (entre 7,5 et 12,5 % de la valeur du marché de 1789) à 80.000 apparatchiks et affidés. (…) La Révolution c'est aussi le vol ! Et le non-dit. La redistribution au profit d'une nouvelle couche dirigeante d'une catégorie de notables qui comprend les anciens et majoritairement des nouveaux (…). » L'on sait aussi que les grands hommes de la Révolution (hormis les incorruptibles de la Terreur, du moins ceux qui disparurent brutalement de la scène politique en Thermidor) aimaient l'argent, comme Danton qui passe désormais pour le modèle-type du corrompu, ou Fouché, et quelques autres au républicanisme si bien avéré qu'on les vantait jadis dans les manuels d'histoire de la IIIe République...

    Deux siècles après, l'on mesure mieux, sans doute, l'imposture égalitaire de la Révolution : l'égalité a beau être inscrite au fronton des mairies et des écoles primaires, il n'y jamais eu autant d'injustices, en particulier sociales, et les citoyens, se sentant trahis, désertent les partis qui se réclament trop bruyamment d'une République qui, en définitive, n'a pas su répondre aux intérêts de tous, une République prisonnière des féodalités de l'Argent qui, désormais, font les élections présidentielles...

     

    Dans le même temps, à défaut de favoriser une certaine et nécessaire justice sociale, la République pratique un égalitarisme niveleur des intelligences, non pour assurer l'égalité des chances mais pour « égaliser » des élèves qui, pourtant, ne demanderaient pas mieux, au moins pour une partie d'entre eux, d'aller plus loin dans l'acquisition de nouvelles connaissances ou dans la curiosité intellectuelle : alors qu'il faudrait se mettre à la portée des élèves et leur donner à la fois l'envie et les moyens de s'élever, l’Éducation nationale, par ses réformes « néopédagogistes » préfère que les professeurs se mettent à leur niveau (ce qui n'est pas du tout la même chose) par des pédagogies « ludiques » ou « informatiques » qui négligent l'effort et la réflexion personnels... Là encore, l'égalité sera un leurre pour les générations futures, juste une « valeur de la République » que l'on apprendra en « éducation à la citoyenneté » (ou « à la laïcité », selon la titulature du moment...), et qui tentera de cacher l'échec d'un système éducatif déjà bien malade...

    A moins que... Mais cela, c'est déjà, au double sens du terme, une autre histoire !

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1221:legalite-cette-tromperie-republicaine&catid=49:2015&Itemid=60

  • TVL : Roger Holeindre : "il faut apprendre aux jeunes à aimer la France"