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culture et histoire - Page 1496

  • Stonehenge : la découverte qui bouleverse toutes les hypothèses sur le mystère de l’origine du monument mythique

    Une équipe de chercheurs autrichiens et britanniques a récemment publié les conclusions d'une étude menée sur le célèbre site de Stonehenge, en Angleterre. Le lieu aurait ainsi été habité par l'homme dès 8820 av. J-C.

    C'est l'un des plus anciens mystères de la planète : à quoi servait le temple de Stonehenge, vestige préhistorique du sud de l'Angleterre ? Les scientifiques ont réalisé des progrès considérables ces dernières années pour parvenir à décoder ses secrets, mais un pas conséquent semble toutefois avoir été récemment accompli.

    D'après les conclusions d'une étude menée par des chercheurs britanniques et autrichiens publiées mercredi 27 août, la zone dans laquelle se trouvent ces célèbres "pierres suspendues" abrite également plusieurs monuments néolithiques souvent méconnus, enterrés juste en-dessous de la surface du sol. Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont utilisé un radar et un laser 3D permettant de sonder le sous-sol sans avoir à creuser, évitant ainsi d'altérer les lieux. Ils ont alors réalisé que le site, initialement daté à 1848 av.

    J-C grâce au carbone 14, aurait en fait accueilli une activité humaine en 8822 av. J-C...

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  • La nomination de Najat Belkacem porte le coup de grâce à l'Éducation nationale

    Anne Coffinier, directrice générale de la Fondation pour l'École, écrit dans leFigarovox :

    "Voici que Najat Vallaud-Belkacem est placée à la tête de l'Éducation nationale, elle qui est l'emblème même de l'idéologisation à outrance de l'école. La réalité dépasse la fiction. Alors que tous appelaient à un apaisement après les tensions suscitées par l'ABCD de l'égalité et sa paradoxale suppression-généralisation, une telle nomination interpelle fortement.

    Le président cherche-t-il à faire mieux passer le tournant libéral qu'il a été contraint d'opérer en économie en donnant à sa base militante une compensation sociétale (notre pauvre école étant désormais ravalée au rôle de laboratoire sociétal, cessant d'être une institution consacrée à l'instruction des citoyens)?

    Cette nomination porte en tout cas le coup de grâce à l'Éducation nationale. Ce n'est pas que la personne du ministre soit décisive: on sait depuis longtemps que c'est une marionnette à laquelle on ne consent de pouvoir que pour autant qu'il s'exerce dans le sens souverainement déterminé par les syndicats enseignants. Mais cette décision constitue tout de même un symbole qui démoralisera à coup sûr les derniers résistants de l'intérieur qui, envers et contre toute la bêtise technocratique qui les opprimait, instruisaient jour après jour leurs élèves avec un dévouement admirable, malgré les programmes aussi mal fichus que changeants et un cadre administratif infantilisant et oppressant.

    Il est fascinant de constater que c'est l'État lui-même, au plus haut niveau, qui aura tué l'école républicaine, en la détournant si ostensiblement de sa mission légitime qui est d'instruire. Il n'y aura pas eu besoin d'un grand complot «ultralibéral» pour venir à bout de l'école publique. Cette thèse apparaît aujourd'hui pour ce qu'elle a toujours été: un fantasme sans fondement. Non, il suffit pour assassiner l'école républicaine d'avoir des responsables politiques et administratifs ne croyant plus au devoir sacré de transmettre, comme l'a montré en 2008 Philippe Nemo dansPourquoi ont-ils tué Jules Ferry?.

    Rien n'est plus urgent que de sanctuariser l'école, de la préserver des querelles politiques, pour lui laisser faire son travail: transmettre la culture d'une génération à l'autre par un travail lent et humble, selon des programmes scolaires progressifs, structurés et cohérents. Les professeurs ne doivent plus être évalués sur leur docilité à l'égard de circulaires politisées mais sur le niveau académique de leurs élèves. Mais c'est bien le signal contraire qui est passé par la nomination de Najat Vallaud-Belkacem, ou par le projet de supprimer les notes ou encore par l'improbable taux de réussite record enregistré cette année au baccalauréat. Pendant ce temps, l'école publique française agonise. Socialement, elle est la plus inégalitaire de tous les pays de l'OCDE. Elle est aussi la plus inapte à assurer la formation des élèves les plus en difficulté, qui décrochent plus que dans les autres pays. L'OCDE tire la sonnette d'alarme, mais le gouvernement refuse d'en tirer des conséquences. Il n'y aura pas de «choc Pisa» en France malgré nos piètres performances à ce test de référence.

    Aucune réforme d'envergure ne se profile, bien au contraire. Force est de constater qu'il n'y a plus rien à attendre de l'Éducation nationale. Il n'y a donc pas de raison d'immoler plus longtemps nos enfants sur cet autel au nom d'une fidélité à l'école publique, et à l'idéal qu'elle a pu incarner.

    Dans un tel état de nécessité, il faut sortir des sentiers battus. Si le navire de l'Éducation nationale s'obstine à foncer dans les icebergs, il n'est point d'autre solution que de mettre à l'eau de multiples nefs. Les enfants d'abord! C'est ce que font tous ces parents qui ont retiré cette rentrée leurs enfants de l'école publique pour le privé. Aucune lâcheté à cela, mais bien plutôt la réaction mûre et déterminée de parents qui se savent être les premiers éducateurs et responsables de leurs enfants, quoi qu'en dise le gouvernement.

    Mais les places sont rares dans le privé, puisque l'État organise sciemment la pénurie de places en refusant de financer le développement des écoles sous contrat. Les parents sont ainsi conduits à ouvrir de nouvelles écoles libres. Soixante et une, c'est le nombre des nouvelles écoles indépendantes qui ouvriront leurs portes à la rentrée, contre trente-sept l'an dernier. Le boom des créations d'école est un signe d'espérance. Ce mouvement de la société civile n'est-il pas de bon augure sur la capacité du peuple français à se prendre lui-même en main et à innover dans le contexte de la défaillance croissante de l'État?"

    Michel Janva

  • Le monde selon Karl Marx

    Sociologue, philosophe, historien et journaliste, Karl Marx se considérait d’abord comme un économiste lors de l’écriture du Capital (1867-1894), son œuvre la plus marquante bien qu’inachevée. Bourgeois allemand, contemporain des « jeunes hégéliens », du Printemps des peuples, du socialisme utopique et de la Commune de Paris, il est l’auteur de Sur la Question Juive (1844), de Les Luttes de classes en France (1850), Contribution à la critique de l’économie politique (1859), Critique du programme de Gotha (1875).

    Penseur prolifique, ayant étudié l’Allemagne et la France, sa trajectoire intellectuelle est sans l’ombre d’un doute l’une de celle ayant le plus influencé l’humanité. Hâtivement, il est associé aujourd’hui au communisme totalitaire soviétique, chinois ou encore chilien, trois pays qui ne furent pas en proie à l’industrialisation. Cependant, aurait-t-il cédé à l’idolâtrie d’un régime se réclamant de lui ? L’anticonformiste, le libre-penseur qu’il fut laisse supposer qu’il ne se serait pas laisser aller à un tel exercice. Étudions ensemble, avec sincérité, la lutte idéologique anti-capitaliste de Karl Marx, puis dans quelle mesure nous pouvons en partie la faire notre.

    Le rejet du profit

    Karl Marx est d’abord l’homme qui s’inscrivit dans l’opposition au socialisme utopique. Proudhon fut le père de Philosophie de la misère, à qui Marx répliqua par Misère de la philosophie. Ayant rompu avec Hegel, pour qui il n’y a pas de réalités mais seulement des représentations, il affirme à l’inverse : c’est la réalité qui précède l’idée. Proche de Engels, il est hostile aux socialistes bourgeois qui ne remettent pas en cause la question essentielle à ses yeux, la question matérielle, qui est celle de la propriété. En réalité, pour lui, ils ne font que se donner bonne conscience en prônant l’idéal, sans jamais remettre en cause l’existence du système capitaliste.

    Aussi, Marx parle non pas de vol – l’ouvrier étant payé la plupart du temps à la hauteur de sa tâche sur le marché du travail –, mais d’exploitation : la force de travail crée plus de marchandises qu’elle n’en a, supplément que le patronat obtient sous forme de plus-value, fruit du sur-travail effectué. En résumé, une marchandise doit son prix à ses matières premières et au salaire de l’ouvrier qui a travaillé dessus, mais aussi au capitaliste qui s’accapare ainsi le travail d’autrui. Ce prélèvement lui apparaît des plus illégitimes. Marx est ainsi dans la lignée de « l’opposition aux économistes sur la base de la théorie Ricardienne ».

    Mais précisément, comment concevoir une activité économique dans laquelle nul n’a d’intérêt à fonder une entreprise ? Au nom de quoi diriger une production si celle-ci ne rapporte pas ? Il nous semble que le problème est d’avantage celui de l’augmentation démesurée et assassine de la plus-value. Non de l’existence du marché lui-même.

    Marx, tombant contre son gré dans l’utopisme qu’il dénonçait, conçut une société égalitaire où chacun travaillerait selon ses besoins. Mais comme l’a montré brillamment Raymond Aron dans son monument Les Étapes de la pensée sociologiques, dans tout système économique, une organisation de la production est nécessaire. Les marxistes énumèrent le modèle esclavagiste, servile, capitaliste et asiatique. Ce dernier étant hyper-centralisé, la propriété est dans une seule main. À l’aube de l’URSS, Lénine a craint avec raison que l’on ne se dirige vers celui-ci plutôt que vers le communisme idéalisé par Marx. On ne s’est donc pas dirigé en terre communiste – comme il l’avait prophétisé – vers la mort de l’État, mais vers sa toute puissance. Vers une dictature bureaucratique au nom des travailleurs. Au contraire, l’ultra-libéralisme tend peu à peu à nier les États. Là est le paradoxe de toute la pensée marxiste. Sa « fin de l’Histoire » n’a pas lieu.

    L’État et la religion

    Le mérite de l’intellectuel allemand fut d’observer, froidement, matériellement, les rapports de force entre les entités sociales. En sa typologie, l’État et la religion font partie de la superstructure qui légitime la structure capitaliste, autrement dit la propriété et la répartition des revenus. Voyons à présent en quoi pareille vision nous semble faussée. À ce niveau là, notre analyse est totalement discordante.

    Concernant l’État, il est au contraire un contrepoids majeur contre le capitalisme sauvage. Celui-ci abouti, il ne connaît ni frontières ni lois. Il marche de ville en ville tel Gargantua cherchant sur le globe les travailleurs les plus pauvres pour assouvir ses « besoins ». Le sans-frontiérisme, le mal de ce XXIe siècle, est bel et bien la consécration de la victoire du capitalisme. Aujourd’hui, l’ogre ne s’appuie pas sur l’État, bien au contraire. il le démantèle car il entrave un profit augmenté (quasiment) sans limite. Il dépouille les nations de perspectives économiques sans aucun scrupule. Il est désormais prêt à l’assigner en justice, bafouant de fait la volonté du peuple (voir TTCA). Le patronat internationaliste ne connaît ni patrie ni compromission, il ne se concentre que sur le travail abstrait, quantifiable. Qu’il soit effectué ici ou là-bas, par l’un ou par l’autre, cela lui est égal. Et à la limite, ce qu’on y produit lui est tout aussi égal. L’État permet dans une économie de marché de défendre les intérêts d’une population. Louons Jean Jaurès pour avoir affirmé : « la nation est le seul bien des pauvres. » Il est une réponse à opposer à ce fanatisme du libre-échange dérégulé.

    Venons en à la religion. L’« opium du peuple » serait l’allié objectif du Grand Capital en endormant fatalement les consciences. Il prône l’« émancipation humaine universelle ». À ceux qui avancent une telle chose, on se doit de répondre que la foi libère. Elle tisse le lien entre soi et autrui, entre soi et les anciens. Elle libère des passions égoïstes, de la dictature des plaisirs, offre d’autres aspirations que la simple avidité et l’amour monomaniaque de la toute dernière marchandise à la mode. Si c’est un « opium », c’est un opium salvateur. Sans un père, un être supérieur, on se laisse aller au grand n’importe quoi, au grand bonheur du capitalisme. On doit regretter a contrario le « désenchantement du monde », tel que l’a nommé Max Weber. La religion est un culte de la vie face à la pulsion de mort qu’incarne le capitalisme, préférant le travail mort sur le travail vivant. En particulier, l’éthique chrétienne a lutté pendant ses années de prospérité contre la pratique de l’intérêt outrancier et a organisé une politique sociale d’aide aux plus démunis.

    C’est pour cela que seuls les Juifs au Moyen Âge possédaient les banques, leur éthique ne s’y opposant pas. Mais celle-ci juge blasphématoire la substitution de Dieu par l’argent, bien que l’argent soit un moyen d’adorer Dieu. Le Talmud contient le soucis du juste prix. Pour le protestantisme, il a pour fonction sociale le maintien de circuit court et la pratique de la charité, bien que quelque peu démagogique. Autant dire que la religion œuvre en faveur de tous les délaissés de la société : elle ne saurait abandonner ses fidèles en un système inique. La logique capitaliste l’attaque, n’ayant aucune notion du sacré : elle défigure peu à peu les paysages traditionnels, jusqu’à l’uniformisation, prend en charge l’ensemble de la vie, de la conception aux sacrements. Jusqu’à créer des villes-mondes, un modèle universel niant les spécificités des peuples. Reprenons ainsi la plainte du regretté Bernanos : « Je plains ceux qui ne sentent pas jusqu’à l’angoisse, jusqu’à la sensation du désespoir, la solitude croissante de leur race. L’activité bestiale dont l’Amérique nous fournit le modèle, et qui tend déjà si grossièrement à uniformiser les mœurs, aura pour conséquence dernière de tenir chaque génération en haleine au point de rendre impossible toute espèce de tradition. » Une espèce d’homme sans convictions qui régale le capitalisme.

    « D’où parles-tu ? »

    Vindicte marxiste, ôtant l’objectivité supposée du contradicteur, elle peut servir à démontrer que celui-ci a un intérêt à défendre une pensée. Confronté à des économistes libéraux – qu’il nommait « économistes vulgaires » – avocats des grands patrons, prônant la possibilité de baisse des salaires, en un mot d’avantage de flexibilité, il mit en avant leur hypocrisie. Les Mill, Malthus, Say et autres ne posaient jamais la question essentielle de la « répartition des revenus », ou du moins n’y répondaient jamais en mettant en avant le mécanisme réel de la formation d’inégalités sociales. Ils disaient des choses sans démonstrations valables, comme par exemple : « toute offre crée sa propre demande » (loi de Say), qui a pour postulat que l’épargne est un choix, celui de consommer à l’avenir. Tout phénomène de surproduction générale serait impossible. Mais justement, Marx et plus tard Keynes ont souligné la fausseté de cette formule. Elle se base sur une mauvaise conception de la monnaie, uniquement comme valeur d’échange et non tout aussi comme réserve de valeur, le troisième élément de la définition aristotélicienne. La monnaie peut être gardée pour elle-même, car elle est un instrument de pouvoir, pouvoir d’achat que l’on distingue du vouloir d’achat. Nous ne sommes pas à notre ère exempts de pareilles erreurs de perspectives.

    Par les temps qui courent, ne peut-on pas développer un raisonnement analogue concernant ces mêmes « économistes » à qui l’on ouvre de nombreux plateaux et journaux pour vanter l’euro ou pour déclarer que l’on doit travailler plus pour payer la dette, concernant les artistes qui déplorent le vote populaire qui ne leur correspond pas, concernant les journalistes qui écrivent en reprenant l’idéologie du système qui les emploie ? Ils sont ces gens qui vantent la diversité tout en mettant leurs enfants dans les écoles les plus ethniquement et culturellement homogènes, qui profitent de la préférence nationale mais crient à la bête noire quand on discute de la pratiquer en faveur des petites gens, qui vantent l’euro mais qui sont à l’abri de la totalité de ses conséquences, achetant à foison durant les voyages. Ils parlent au nom de la mondialisation rose, bienheureuse, qu’une portion de la population connaît par ses privilèges.

    Si la dichotomie bourgeois/prolétaire de la pensée marxiste et son déterminisme mérite nuances, la vision de classe est une bonne arme pour dénoncer l’hypocrisie des plus grands moralistes de notre ère.

    L’armée de réserve

    Autre concept qui nous semble pertinent est celui d’armée de réserve du capitalisme. La surpopulation satisfait l’intérêt de la bourgeoisie, car cela lui permet de maintenir des salaires plus faibles, se garantissant une demande forte constante. Ainsi les salaires ne grandissent pas ou peu alors que la productivité grimpe. Pour toujours plus d’aliénation au travail en outre.

    Le capitalisme, afin de réviser les salaires par le bas, utilise l’immigration, le travail féminin et (anciennement ?) les enfants pour utiliser la concurrence en défaveur du prolétaire. Dans la mesure où Marx combattait le capitalisme, il souhaitait abattre ce processus. Comme nous actons la non-destruction du capitalisme, nous voulons l’atrophier et faire avec ses lois : nous pensons notamment qu’il relève du délire absolu d’accueillir l’immigration des Trente Glorieuses en période de creux économique, et d’ouvrir les frontières économiques qui permettent de quérir une armée toujours plus grande pour le grand Capital, qui a au fond un certain intérêt à la crise.

    Conclusion

    Le parti communiste d’aujourd’hui a remplacé l’ouvrier par l’immigré en œuvrant toujours contre l’assimilation. Georges Marchais ne s’adonnait pas à pareil exercice lorsqu’il en avait la direction (jusqu’en 1994), lui qui a défendu les travailleurs en vitupérant contre l’immigration et le non-respect de la laïcité. Par ailleurs, on peut douter que Marx aurait apprécié le statut de l’Islam en France – bien qu’il s’agisse d’une religion à valeur universaliste et ne connaissant pas la papauté – lui qui s’est plaint jadis de l’« opium du peuple ».

    On songe qu’il a fait erreur en pensant la fin de l’Histoire, mais reconnaissons le fin critique qu’il fut de l’impérialisme capitaliste. Si les nouveaux communistes ont délaissé le peuple, celui-ci les délaisse en faveur d’un certain étatisme républicain. La révolution à produire, l’économie de marché étant un mal nécessaire, s’apparente bien plus à la réaction en marche. On réclame une sécurité que seul l’État qu’on a démantelé peut nous fournir. Au nom des concepts tels l’intérêt de classe et l’armée de réserve, nous ne fermons ainsi pas nos portes à Marx.

    Anthony La Rocca

    http://www.lebreviairedespatriotes.fr/10/06/2014/economie/le-monde-selon-karl-marx/

  • MAURRAS AU XXIe SIÈCLE : Actualité d'une pensée

    Nous reproduisons ci-dessous le texte de la conférence prononcée à Biarritz le 30 août par Stéphane Blanchonnet, président du Comité directeur de l’Action française.

    Il n'est pas inutile de remettre de temps en temps en question nos certitudes en matière philosophique et politique afin de nous prémunir contre un engourdissement dogmatique qui nuit autant à notre propre réflexion qu'à notre capacité à convaincre nos interlocuteurs sur le terrain du militantisme.

    Je suis personnellement devenu maurrassien au début des années quatre-vingt-dix en même temps que je faisais mes premières armes de militant politique. À l'époque, j'ai été séduit par le prestige de l'homme Maurras, académicien, chef de file d'une école de pensée prestigieuse, figure parfaite du maître jusque dans sa physionomie, mais surtout par les réponses que sa doctrine apportait à mes interrogations de patriote : qu'est-ce que la France ? Par qui a-t-elle été faite ? Quelle est la formule de l'ordre qui lui correspond le mieux et lui appartient en propre ? Comment établir un pouvoir fort et prestigieux sans tomber dans l'embrigadement idéologique des totalitarismes ? Qu'est-ce que la légitimité ?

    À toutes ces questions Maurras m'a apporté des réponses que j'ai jugé satisfaisantes : la France est le fruit de l'histoire, l'oeuvre de la monarchie et non le résultat d'un contrat social ou de quelque autre forme de volontarisme abstrait ou juridique ; la formule de l'ordre qui lui correspond n'est pas une forme quelconque de césarisme mais la royauté traditionnelle dont elle est justement le fruit ; un État régalien, recentré sur l'essentiel, et dont le chef n'est pas la créature de l'opinion peut exercer son autorité sans craindre l'existence d'une société organisée, hérissée de libertés locales et de contrepouvoirs ; la légitimité ne se crée pas ex nihilo, elle procède du passé et s'exprime par des symboles forts dont la monarchie est l'un des plus puissants.

    Mais d'autres questions ont depuis attiré mon attention. Des questions que je ne suis pas le premier à découvrir et qui ont ébranlé les convictions de nombreux maurrassiens de ma génération. Je vous propose ici un parcours en trois temps à travers les raisons à mes yeux les plus sérieuses de choisir Maurras comme maître, à travers les raisons de mettre ce choix en question, de le passer au crible d'une critique sans concession ni complaisance et à travers les raisons qui me font penser que, malgré tout, ce choix reste le meilleur, celui qui peut encore aujourd’hui le mieux servir de règle à notre réflexion et à notre action dans la Cité.

    Les raisons du choix de Maurras

    On fait d'abord le choix de Maurras pour les fondements philosophiques solides de sa pensée. Contrairement à Rousseau, Maurras ne répudie pas les faits. Il n’a pas recours à un hypothétique état de nature présocial pour fonder les droits d’un citoyen imaginaire. Il constate simplement avec Aristote la nature sociale de l’homme d’où découle la nécessité de reconnaître les autorités naturelles qui s’exercent le plus souvent dans l’intérêt du gouverné. L’amour gratuit et sans contrepartie des parents pour le nouveau-né en est l’exemple le plus universel. C'est le fond même de la philosophie politique moderne qui oppose systématiquement l'individu à l'État, la liberté à l'autorité que Maurras réfute et contre lequel il nous vaccine en quelque sorte.

    Critique efficace des Lumières

    Sa critique des faux principes des Lumières est efficace car les idées du libéralisme politique n'y sont pas attaquées en raison de leur caractère abstrait comme chez d'autres contre-révolutionnaires mais tout simplement parce qu'elles sont fausses, y compris sur le terrain de la logique qu'elles prétendent occuper. Prenons l’exemple de l’article II de La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Son énoncé n’est pas seulement contestable parce que, voulant fonder la cité sur des principes universels, il en oublie que la politique s’occupe d’hommes concrets qui vivent dans une société réelle, mais surtout parce que, sur le plan même des idées pures, son raisonnement est faux. Relisons cet article : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. » Maurras remarque que ce texte définit la société comme la conséquence d'une "association" volontaire (proposition irrationnelle puisque la société préexiste à l'individu et à son éventuelle volonté de s’associer) et lui assigne pour but non le bien commun (l'intérêt du tout étant nécessairement supérieur à celui des parties) mais la conservation de "droits", en particulier du droit de propriété.

    Par ailleurs, selon Maurras la politique doit avoir pour maîtresse la science historique et non le nombre ou l’opinion. Cette méthode de pur bon sens est à l'origine d'une longue et fructueuse école historique avec des auteurs comme Jacques Bainville, Pierre Gaxotte mais aussi Michel Mourre ou Philippe Ariès, dont les oeuvres, qui éclairent si bien les enjeux de notre histoire, sont nées de ce concept maurrassien. Aymeric Chauprade n'hésite pas d'ailleurs dans ses ouvrages à faire de Maurras un maître de la géopolitique, cette science si appréciée aujourd’hui pour sa capacité à mettre l'histoire et la géographie au service du politique.

    De plus, la réflexion de Maurras ne se situe pas dans les nuées, elle procède d'une réflexion sur les conditions actuelles du salut de la nation, elle-même conçue comme le cadre actuel du plein épanouissement de la nature sociale de l'homme. J'ai toujours été frappé par l'humilité d'une pensée qui ne prétend pas faire le salut de l'humanité ni trouver la formule politique valable en tout temps ou en tout lieu comme la plupart des idéologies.

    Maurras enfin n'est ni un rêveur, ni un batisseur d'utopie. Il a participé à la fondation d'un mouvement politique et d'un journal quotidien et s'est préoccupé de la question de la prise du pouvoir. Dans ce domaine, on lui fait souvent un faux procès (en lui imputant l'échec du 6 février 1934). Bernanos par exemple n'a jamais compris que Maurras ne croyait pas à une prise du pouvoir dans la rue mais à un coup de force depuis le coeur même de l'État.

    Des problèmes et des enjeux nouveaux

    Malgré toutes ces raisons de suivre Maurras, notre modernité nous pose un certain nombre de problèmes que le maître n'a pas connus et qui paraissent parfois menacer la validité de nos analyses. Nous assistons depuis cinquante ans à une transformation radicale de la société. Tous les repères de ce que Maurras appelait le « pays réel », c'est-à-dire la France dans son patrimoine moral et matériel, indépendamment de l'État républicain et de son idéologie, semblent voués à disparaître. La France rurale a quasiment disparu alors que les paysans représentaient jadis et depuis l'origine l'essentiel de la population du pays, les terroirs comme facteurs d'enracinement ont vécu, le catholicisme lui-même, pilier principal de la civilisation française, s'est brutalement effondré. Par ailleurs, l'explosion des flux migratoires pendant la même période a bouleversé plus rapidement qu'à aucune autre époque la composition de la population. Comment dans ces conditions espérer que la seule chute du pays légal (la République) pourrait entraîner la reconstitution d'un ordre traditionnel ?

    Changement profond

    Autre changement profond survenu dans ces dernières décennies : un certain effacement de l'histoire et du politique comme transcendances. L'individu post-moderne, notre contemporain, est décrit par les sociologues comme un être sans attache avec le passé, qui ne se définit plus comme un héritier mais se réalise comme un consommateur, un jouisseur, dans le meilleur des cas “un citoyen du monde”. Quant à la politique, elle cesse d'être au service de la grandeur de la nation pour se limiter à la fameuse gouvernance chère à M. Raffarin, c'est-à-dire à une gestion purement économique et financière à laquelle on ajoute à titre de supplément d'âme, un vague humanitarisme. Comment dans ces conditions espérer restaurer une forme aussi emblématique de la transcendance du politique par rapport aux individus que la monarchie traditionnelle ?

    Dernier sujet d'inquiétude pour le nationaliste intégral : des principes faux en eux-mêmes comme ceux du libéralisme politique semblent toutefois réussir à façonner un monde qui pour être contre-nature n'en est pas moins parfaitement cohérent comme le fait remarquer très justement Maxence Hecquard dans sa thèse sur la démocratie. Quoi de plus absurde par exemple - et je parle d'un point de vue strictement politique - que le "mariage" homosexuel ? Et pourtant, il finira très vraisemblablement par s'imposer en France comme il s'est imposé dans de nombreuses autres démocraties. La démocratie ne connaît que la volonté libre des individus et aucune norme transcendante, aucune loi naturelle, ne saurait être pour elle un obstacle à son travail de sape égalitariste. Comment dans ces conditions restaurer la primauté du tout sur les parties ? Du bien commun sur les intérêts ou les passions des particuliers ? En bref, comment refaire de la politique classique ?

    Maurras malgré tout

    Toutes ces considérations ne doivent cependant pas nous désespérer. L'effacement apparent du politique ne doit pas en effet cacher la permanence des problèmes politiques, qu'ils soient intérieurs ou extérieurs (« les faits sont têtus » comme aimait à le rappeler Maurras). Que les Français le veuillent ou non, leur qualité de vie et même leur vie tout court dépendent de réalités politiques, de rapports de force politiques. Il n'y a jamais de fin de l'histoire et donc pas plus de fin définitive du politique. Si nos concitoyens ne s'intéressent plus à la politique, si nos gouvernants se bornent à être des gestionnaires, ce n'est pas forcément que le politique a disparu mais que les décisions sont prises ailleurs et par d'autres à Bruxelles, à Moscou ou à Washington par exemple. Or, si les enjeux demeurent politiques, les leçons du Politique d'abord de Maurras ne sont pas vaines et sa manière justement politique d'envisager la réalité non plus.

    Même affaiblie, même en partie défigurée, la nation demeure pour nous Français l'échelon politique principal pour ne pas dire unique. C'est un héritage de l'histoire, qu'elle soit ancienne ou récente et c'est surtout un fait qui s'impose de lui-même. Il suffit pour s'en convaincre de considérer le peu d'enthousiasme produit par l'idée européenne malgré la propagande que l'on déverse en permanence dans les écoles, les collèges et les lycées pour faire éclore une hypothétique conscience européenne. On aurait sans doute moins de mal à tenter de ranimer la conscience française dont les bruyantes manifestations de patriotisme sportif montrent de temps en temps qu'elle existe encore au moins à l'état latent. Or, si la nation est encore le lieu du politique, la question de la forme politique qui convient à cette nation n'est pas dépassée et Maurras non plus.

    Actualité métaphysique

    Sur le terrain métaphysique aussi Maurras est étonnamment "moderne", ou plutôt "actuel". Maurras nous ressemble par son agnosticisme, par sa quête presque désespérée d'un ordre du monde dont il voudrait trouver le reflet dans les lois de la physique sociale. Avec lui, nul besoin de prendre comme point de départ une foi, une révélation, un dogme admis par principe. D'ailleurs combien de maurrassiens depuis les débuts de l'Action française et jusqu'à aujourd’hui sont passés de l'admiration pour l'ordre politique à la recherche puis à la contemplation d'un ordre supérieur ? Maurras est bien de ce point de vue un penseur de la redécouverte de l'ordre dans un monde qui en est privé.

    Maurras n’est pas bien entendu l’alpha et l’oméga de la pensée et il faut se prémunir contre toute tentation hagiographique. Par ailleurs, il écrivait en un temps où, à bien des égards, il était plus facile d'espérer dans la France et dans le combat politique qu'aujourd'hui. Il reste toutefois un penseur majeur et sans conteste le plus important philosophe politique contre-révolutionnaire du XXe siècle et, de même qu’une étude objective de la pensée politique ne peut faire l’économie de sa doctrine, de même les royalistes et les nationalistes auraient tout à perdre à négliger une oeuvre qui leur fournit la plus complète théorie de la France qui puisse être, une fois rejetée l'identification de notre pays à la République et à son idéologie.

    Stéphane Blanchonnet  L’Action Française 2000 du 4 au 17 septembre 2008

  • Cinquante ans après, réflexions sur l’OAS par Dominique Venner

    Le temps galope plus vite que ne l’imaginait Alexandre Dumas quand il écrivait une suite aux Trois Mousquetaires. Ce n’est pas « vingt ans après », mais cinquante ans après 1962 que d’anciens acteurs ou témoins se retrouvent par historiens interposés pour évoquer leurs souvenirs et réfléchir sur ce qui fut l’un des derniers drames vécus par la France en Algérie avant qu’elle ne sorte de l’Histoire.

    Le 15 juin 2012, La Nouvelle Revue d’Histoire (NRH) mettra en vente un très riche numéro hors série (n° 4) consacré à “L’Algérie. Histoire d’une terre tragique”. Une histoire que nous revisiterons dans sa longue durée (2000 ans), depuis la conquête romaine jusqu’à la fin de la présence française. Une part notable sera consacrée à la guerre d’Algérie (1954-1962) en montrant ses origines depuis 1942 (débarquement anglo-américain, puis épisode gaulliste de 1943-1945). Il n’est pas possible, en effet, de comprendre et d’interpréter les événements récents si l’on ignore les longues plages historiques qui les ont précédés.

    En préparant ce numéro hors série de la NRH avec plusieurs de nos collaborateurs spécialisés, notamment Philippe Conrad, Bernard Lugan, Yann Le Bohec, Jean Monneret ou Péroncel-Hugoz, je réfléchissais pour ma part à ce que fut l’OAS et sa véritable signification. C’est le résultat très condensé de ces réflexions que je présente ici. Il n’engage que moi et intéressera d’abord ceux qui n’étaient pas encore nés à cette époque, mais ont parfois recueilli des souvenirs brûlants au sein de leur famille.

    Qu’est-ce que l’OAS ? Ce fut d’abord une appellation qui rappelait l’époque de la Résistance dont plusieurs de ses futurs inspirateurs avaient gardé la nostalgie : “Organisation Armée Secrète”. Une appellation fort peu politique et dépourvue de signification idéologique. Elle correspond assez bien à ce que fut cette “organisation” assez peu organisée, dont on peut retenir trois composantes et plusieurs significations.

    L’OAS fut d’abord le mouvement de résistance des Européens d’Algérie (à l’époque, on ne disait pas “pieds noirs”) après l’échec du putsch des généraux du 22 avril 1961. Ces Français se sentaient trompés et abandonnés, menacés dans leur existence. Ils pressentaient qu’ils seraient contraints de fuir leur pays sous le coup d’une épuration ethnique voulue par le FLN algérien avec la complicité de l’Etat français. Celui-ci déchaina en effet toutes ses forces contre les victimes de sa politique avant et après les “accords” d’Évian (18 mars 1962). Il brisa par la force la révolte de Bab el-Oued (quartier européen et populaire d’Alger) comme l’armée soviétique à Budapest en 1956. Il fit tirer sur la foule désarmée devant la Poste d’Alger, le 26 mars 1962 (63 morts). Il assista passivement aux enlèvements et égorgements d’Européens par le FLN et aux massacres d’Oran (5 juillet 1962). Il ne fit rien pour aider et accueillir le flot des rapatriés qui cherchèrent refuge en France à partir de juillet 1962. Il laissa massacrer les harkis en leur retirant la nationalité française, tout en interdisant à l’armée de les secourir. Dans son livre “Un Silence d’État”, s’appuyant sur les archives officielles, l’historien Jean-Jacques Jordi (Editions Soteca, 2011) a apporté la preuve que les violences de l’OAS ont été des ripostes désespérées aux violences visant les Européens, et ne peuvent en aucun cas justifier celles de l’État français ou du FLN. L’historien Jean Monneret a apporté des preuves identiques concernant les massacres d’Oran (“La tragédie dissimulée, Oran, 5 juillet 1962”, Michalon, 2012).

    En ce temps-là, il y avait en Algérie un peu plus d’un million de Français ou assimilés, présents depuis plusieurs générations. Ils n’étaient en rien responsables du sort cruel qui s’abattait sur eux. Dans leur révolte désespérée, concentrée principalement à Alger et Oran, ils trouvèrent le soutien d’un nombre important d’officiers, parmi lesquels le général Salan et le fameux lieutenant Roger Degueldre (fusillé le 6 juillet 1962), organisateur à Alger des “commandos Delta”. Cela introduit à la deuxième composante de l’OAS qui était militaire.

    Avant, pendant et après le putsch des généraux, de nombreux officiers (Godard, Gardes, Argoud) acceptèrent de tous sacrifier (carrière, confort, liberté), par sens de l’honneur et leur idée du devoir. L’histoire de la France, n’a connu aucune révolte militaire d’une telle ampleur impliquant nombre de généraux (Salan, Jouhaud, Gardy, Vannuxem, Faure) sans compter ceux du putsch (Challe et Zeller). Au total, les juridictions spéciales mises en place par de Gaulle ont prononcé contre des militaires trois condamnations à mort suivies d’exécutions, 170 condamnations à des peines criminelles et 324 condamnations à la prison pour “activités subversives”. Par ailleurs, dans la seule année 1961, 1300 officiers démissionnèrent. En tout, de 1963 à 1967, 7172 officiers choisirent de quitter l’armée. On n’avait jamais vu cela ! Cette révolte est d’autant plus surprenante qu’elle fut dirigée contre un officier célèbre (il est vrai plus politique que militaire), porté au pouvoir en mai 1958 par les siens dans le but de sauver l’Algérie française. Les généraux et officiers qui rejoignirent l’OAS en 1961 considéraient le général de Gaulle comme un traître à la promesse de Mai 58 et aux engagements solennels pris à l’égard des populations d’Algérie (notamment les Musulmans). Ils voyaient en lui un traître à l’idée qu’ils se faisaient de la France, et un traître également à l’image idéale du général rebelle de Juin 1940. Je renvoie sur ces différents points à mon essai détaillé, “De Gaulle, la grandeur et le néant” (Le Rocher, 2008).

    La troisième composante de la grande révolte fut plus idéologique. Elle a concerné principalement la France métropolitaine. L’OAS y reçut le soutien d’une fraction de la droite nationale issue parfois du gaullisme et de la Résistance (Soustelle, Bidault) et d’intellectuels brillants (Raoul Girardet, Roger Nimier, Jacques Laurent, Philippe Héduy ou Jules Monnerot). Elle mobilisa des militants idéalistes, souvent très jeunes, assez fous pour se lancer dans une aventure où jamais un esprit censé ne se serait embarqué. C’est aussi en métropole que naquit le seul projet stratégique cohérent, conçu par le lieutenant-colonel Bastien Thiry (fusillé le 11 mars 1963). Pour combattre la politique algérienne du général de Gaulle, il pensait logiquement qu’il fallait frapper à la tête. Tel fut le but de divers attentats manqués, notamment celui du Petit-Clamart, le 22 août 1962. En raison de sa date (postérieure à l’indépendance de l’Algérie), cet ultime attentat se voulait plus un geste de vengeance ou de justice qu’un acte politique.

    Résistance sans idéologie, sans buts politiques ni stratégie bien définie, sans véritable chef (le général Salan n’était qu’un chef nominal), l’OAS ne pouvait qu’échouer alors que se liguait contre elle le mouvement universel de la décolonisation, le recul historique d’une Europe culpabilisée, la lassitude ou l’hostilité de l’opinion française, la volonté implacable et méprisante du général de Gaulle devant qui les amateurs naïfs et désespérés de la révolte n’étaient pas de taille. Certainement, il fallait trouver des solutions au drame algérien, mais concernant l’abandon pur et simple adopté en catastrophe par le général de Gaulle, il n’était pas possible d’agir de façon plus désastreuse pour l’avenir, indigne et cruelle à l’encontre de nos compatriotes. Comme tant d’autres mouvements clandestins, l’OAS ne fut pas à l’abri de querelles internes qui prirent un tour tragique quand furent exécutés à Alger les deux dirigeants du “Front nationaliste”, Michel Leroy et René Villard (19 janvier 1962) qui reprochaient à l’Organisation son absence de stratégie politique. Il reste qu’en dépit de l’échec, subsiste le souvenir d’hommes de droiture et de courage que la postérité, parfois honore, comme cela fut le cas récemment pour le commandant Denoix de Saint-Marc ou pour le commandant Guillaume, dont le souvenir altier imprègne Le Crabe-Tambour, film unanimement admiré de Pierre Schoendoerffer.

    Au regard de l’histoire, cette révolte de la population européenne d’Algérie (et d’une partie de l’Armée) contre les forces d’un État trahissant sa fonction protectrice, peut être regardée comme une anticipation. Oui, une sorte d’anticipation extrême et inaboutie des “populismes” qui naîtront ultérieurement dans une Europe soumise par les oligarchies dirigeantes à de catastrophiques invasions migratoires de peuples inassimilables porteurs d’une religion politique conquérante. Inversement, au plan des idées, il faut bien voir que cette révolte n’a apporté que confusion, hormis la “critique positive” qui en fut faite.

     Dominique Venner

    Notes

    Brève bibliographie :

    1. Anonyme, Pour une critique positive, Prison de la Santé, 1962.
    2. Michèle Cointet, De Gaulle et l’Algérie française, Tempus-Perrin, 2012.
    3. Olivier Dard, Voyage au cœur de l’OAS, Perrin, 2005.
    4. Jean Ferrandi. Six cents jours avec Salan et l’OAS. Fayard, Paris 1969.
    5. Georges Fleury, Histoire secrète de l’OAS, Grasset, 2002.
    6. Bertrand Le Gendre, entretiens avec Jean-Jacques Susini, Confessions du n°2 de l’OAS, Les Arènes, 2012.
    7. Claude Micheletti, Fors l’honneur. La guérilla OAS à Oran, Curutchet, 2002.
    8. Pierre Sergent, Ma peau au bout de mes idées, La Table Ronde, 2 vol., 1967-1968.
    9. Dominique Venner, Le Cœur rebelle, Belles Lettres, 1994.

    Sourcehttp://www.dominiquevenner.fr/2012/05/cinquante-ans-apres...

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2012/05/24/cinquante-ans-apres-reflexions-sur-l-oas-par-dominique-venne.html

  • Religion : le manque de culture des journalistes

    Extraits d'un entretien intéressant de l'abbé Grosjean dans Le Monde des Religions, notamment sur le traitement médiatique accordé aux religions :

    [...] D’abord, je considère qu’il y a un manque évident de culture religieuse chez les journalistes, qui est le fruit de leur génération. Ce n’est pas parce qu’ils sont journalistes, c’est tout simplement qu’ils ont été beaucoup moins confrontés à la religion que leurs aînés. Le fait religieux revient en force dans la société, surtout à travers l’islam mais aussi le catholicisme, par le pape François très médiatisé depuis un an…

    Du coup, ces journalistes sont confrontés à la question religieuse, qu’ils le veuillent ou non, etils n’ont pas la culture nécessaire, la capacité de compréhension, les clés pour traiter le fait religieux.Il leur manque des outils qui leur permettraient d’éviter les contresens, qui aideraient à la compréhension de certains évènements et à leur lecture. Comme je dis souvent, vous ne pouvez pas être commentateur d’un match de foot sans en connaître les règles. Vous ne pouvez pas parler de l’Église sans savoir ce que sont un évêque, un diocèse ou sans être entré dans une église. Il ne s’agit pas d’avoir un journaliste qui soit croyant, il s’agit d’avoir des journalistes qui ont une culture religieuse.

    Il y a aussiune ignorance de la part des représentants des religions, car ils sont encore sur la défensive par rapport aux médias. Ils ne les connaissent pas, en réalité. L’enjeu pour moi, c’est qu’il y ait une rencontre de ces deux mondes, une révolution culturelle à l’image de ce qui a eu lieu avec l’armée. Il y a quelques années, l’armée était vraiment sur la défensive vis-à-vis des médias. Le journaliste était un problème en soi et il fallait s’en protéger. De leur côté, les journalistes connaissaient très peu ce milieu. C’est l’armée elle-même qui a fait sa révolution culturelle en comprenant qu’il fallait travailler avec et non pas contre les journalistes. Qu’une vraie collaboration devait exister. Il y a donc aujourd’hui, dans les grandes rédactions, un spécialiste des questions de la défense. Ce journaliste est capable de comprendre ce qui se passe et de suivre une opération militaire en sachant pourquoi il ne faut pas dévoiler telle ou telle information, tout en gardant son regard critique. Un lien de confiance s’est établi. 

    [...]Le regard extérieur d’un journaliste sur la religion ne sera jamais celui d’un croyant.Il sera toujours en deçà de ce que peut vivre le croyant lui-même. Mais ce qui a nourri la peur du croyant, c’est la façon dont ses convictions et sa foi ont été, parfois, traitées.Le problème n’est pas que le journaliste ne partage pas celles-ci, c’est la méconnaissance et le jugement porté sur leur foi qui conduisent parfois le journaliste à dire des énormités. Prenons l’exemple récent du lycée Gerson. Quand le journaliste du Nouvel Observateur parle des dérives sectaires du lycée Gerson et qu’il évoque les enfants juifs obligés de se confesser, c’est une erreur factuelle. Ce n’est pas possible. Un prêtre ne peut pas confesser un non-catholique. Cela jette un discrédit sur le reste de l’article.On se dit que le journaliste qui écrit une telle absurdité, sans prendre la peine de vérifier, n’est plus dans l’information mais dans l’idéologie.

    Quels ont été les traitements médiatiques qui vous ont vraiment choqué ?

    La première blessure a été le traitement accordé à Benoît XVI,le lynchage médiatique de ce pape qui était vraiment d’une douceur et d’une humilité incroyables. Les médias ont donné la vision d’un homme dur, qu’ils appelaient le« Panzer Cardinal »,d’un intégriste… Ces propos sont vraiment décalés par rapport à la réalité du personnage. On l’a traité de criminel en lui reprochant ses positions sur la contraception et le préservatif, etc.C’était d’une mauvaise foi lamentable. On ne prend même pas la peine de reprendre la phrase en intégralité… Encore une fois, on peut ne pas être d’accord avec ses prises de position. Mais que la vérité de ses propos ne soit pas respectée est blessant. [...]

    Les médias recherchent des religieux qui peuvent et veulent expliquer le message de l’Église avec un langage simple, qui ne soit pas un jargon ecclésiastique. Ils attendent aussi de la réactivité. Et c’est un peu le problème de notre institution : on aime prendre un temps de recul, de réflexion, une distance qui est souvent légitime, mais qui ne répond pas tout le temps à l’empressement médiatique.  Si on prend les chaînes d’information continue qui sont dans l’immédiateté et l’Église qui doit prendre son temps pour répondre, l’équation s’avère impossible. Je considère qu’il est important que l’Église apprenne à être réactive, qu’elle puisse expliquer, se positionner rapidement – surtout en cas de polémique – pour qu’aucun reproche ne puisse lui être fait.Tout en gardant cette liberté de dire« non, je ne veux pas réagir »,ou« je réagirai plus tard ».Autrement dit, sans se sentir prisonnière de la dictature du court terme.

    Vous évoquez la lenteur de l’Église à répondre, quelles sont ses autres difficultés ?

    Il existe aujourd’hui un souci d’adaptation au format médiatique.Le prêtre est habitué à prêcher pendant 10 minutes à la messe pour s’exprimer sur un sujet. Les médias lui demandent une réponse en 20 secondes. Typiquement, sur les sujets éthiques forcément complexes, là où l’Église tient un langage tout en nuances, nous devons répondre en très peu de temps, en une phrase, tout en s’assurant que le contenu ne sera pas caricaturé et cité hors de son contexte. C’est un vrai travail. Avec l’avènement des blogs catholiques, la parole se diffuse, mais elle est aussi variée. Aujourd’hui, certains blogs laïcs ont plus d’audience que les pages officielles de beaucoup de diocèses. [...]"

    Michel Janva

     
  • Méridien Zéro #99: "Les camps viets: une tragédie oubliée..." (Juin 2012)

    Ce dimanche, Wilsdorf et Krampon reçoivent le Colonel Luciani (ancien du 1er BEP) pour évoquer avec lui une des pages les plus tragiques de la guerre d'Indochine : Les camps de concentration du Viet Minh.
    Wilsdorf est également à la technique pour cette émission.

    viet minh, indochine, dien bien phu, camps viets, boudarel

    DIFFUSION DE L'EMISSION LE DIMANCHE 3 JUIN

              

     

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2012/06/01/meridien-zero-99-les-camps-viets-une-tragedie-oubliee.html