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culture et histoire - Page 1895

  • TERRE & PEUPLE Magazine n°54

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    Communiqué de Terre & Peuple-Wallonie - 12 mars 2013

    Le numéro 54 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème de l’Empire. Dans son éditorial, Pierre Vial épingle la mobilisation ethnique à laquelle Obama doit sa victoire : 93% des Noirs et 71% des Latinos ont voté pour lui, contre 25% des Blancs, lesquels sont moins conditionnés par les ligues de vertu que les Blancs européens. Dans les sociétés multiculturelles, la logique ethnique reste la clé du monde de demain. Sous le titre ‘Le vase déborde’, il remarque à la suite que les grands hebdomadaires L’Express et Le Point ont traité en couverture de l’immigration. L’Epress pour s’obstiner à y voir un atout économique, niant malgré la multiplication par 6 de l’aide médicale les conclusions de l’étude solide des Contribuables Associés sur son coût réel. Le Point dénonce pour sa part la tactique du grignotage des islamistes et leurs provocations pour tester la résistance des autochtones : la porte est ouverte aux revendications sans fin.

    Jean-Louis Roumégace situe la pensée du MAS sur la quête d’identité dans une France où les communautés organiques sont malmenées depuis plus de deux siècles. L’identité se nourrit d’un imaginaire où se mêlent histoire, culture, religion, tradition populaire. La tradition, c’est ce qui ne passe pas.  Elle nous permet d’évoluer en restant nous-mêmes.  Ce qui est fondamental, c’est d’entretenir la conscience commune. Lénine parlait de ‘conscience de classe’.

    Le même explique ensuite les affinités du MAS avec Casa Pound Italia et Pierre Vial enchaîne en rapportant l’heureuse expérience de sa visite à la Casa Pound romaine, car on sait que Casa Pound a essaimé dans toute l’Italie et, outre dans la solidarité avec les Italiens sinistrés, sur tous les terrains, clubs sportifs, syndicats étudiants, groupes musicaux, etc.

    Pour introduire le dossier sur l'Empire, Pierre Vial souligne combien le concept évoque la grandeur. Celle-ci n’effraie que ceux qui la confondent avec les prétentions impérialistes des Anglo-Saxons sur le monde. Pour nos patries charnelles européennes, l’idée d’empire ouvre la perspective d’une confédération euro-sibérienne des peuples.

    Jean Haudry rappelle que, dans notre tradition, le roi de France, régnant aussi sur des Allemands, des Flamands, des Bretons, des Catalans, des Provençaux, était devenu ‘empereur en son royaume’. L’Empire se définit alors comme une monarchie multinationale. L’institution du ‘Roi des Rois’ est une réalité ancienne, apparue dès le quatrième millénaire AJC en Egypte et en Orient. C’est Alexandre qui la transmettra aux Romains. Dans ses origines, l’Empire n’a pas de limites : il porte jusqu’où s’étend le pouvoir. L’empereur perse Cyrus II est Roi du monde; Rome est édifiée autour du ‘mundus’. Toutefois, la défaite de Varus devant Arminius arrête la conquête du monde au ‘limes’ et contraint l’Empire romain à la défensive. Chez les Indo-Européens, les notions de roi du monde et d’empire universel sont anciennes, mais plus on remonte et plus la notion se limite à la part qu’on connaît du monde. Cela légitime les razzias. A la période des migrations, Celtes et Germains n’ont jamais formé que des confédérations occasionnelles. La conquête de matières premières des grands empires asiatiques, avec un pouvoir central fort et une langue véhiculaire qui se superpose aux langues particulières, tout cela est étranger aux peuples indo-européens.

    Pierre Vial évoque la nostalgie des clercs médiévaux pour la paix romaine garantie par les légions, mythifiée comme toute ‘belle époque’. Le couronnement de Charlemagne à Rome par le Pape Léon III est ressenti à Constantinople, la Seconde Rome, comme un camouflet pour l’Impératrice Irène. Si Charlemagne donne des gages à l’Eglise (il impose par force le christianisme aux Saxons et aux Frisons), il ordonne dans le même temps de recueillir la littérature épique païenne. Son fils le Débonnaire en fera brûler le recueil, mais les textes seront ensuite portés par une tradition orale, les ‘vulgares cantilenae’. Réaliste, l’Empereur permet à chaque région de ‘vivre du sien’, avec son droit particulier, avec ses assemblées générales annuelles des hommes libres. Othon, élu roi par les cinq peuples, germain, lorrain, souabe, bavarois, franconien et saxon, forces d’équilibre d’un pouvoir souverain, tint à se faire couronner à Aix-la-Chapelle, et pas à Rome. Conrad II a réintégré la Bourgogne dans l’empire, mais sous son fils Henri IV le Pape réussit à échapper au contrôle de l’empereur. Le conflit du césaro-papisme et de la théocratie, qui va les dresser l’un contre l’autre pendant deux siècles, rebondit avec Frédéric Barberousse et avec son petit-fils, Frédéric II. Avec les Hohenstaufen,  ‘race de vipères’ que le pape n’eut de cesse d’exterminer, l’empire semblait condamné. Les Habsbourg lui permettront de survivre.

    Gilles Gaillez, qui passe toute leur lignée en revue, rappelle leur sage souci, sous la constante menace de l’anarchie, d’équilibrer la composante germanique par les composantes magyare et slave et de refaire l’unité en rempart contre la perpétuelle menace turque. C’est par d’astucieux mariages qu’ils établiront leur dynastie et par le principe de la primogéniture qu’ils parviendront à la faire durer trois quarts de millénaire, installée sur les domaines impériaux héréditaires. Lorsque l’impératrice Marie-Thérèse épouse le duc François de Lorraine, la puissance de l’empire est à son apogée et les Turcs en passe d’être reconduits au Bosphore. C’est la révolution libérale et bourgeoise qui aura raison de lui, bien plus que la Prusse, qui l’écrase militairement en 1866, à Sadowa. A la surprise de l’Europe, le reliquat de leur empire, l’ensemble hétéroclite austro-hongrois, va conserver une cohésion inattendue et c’est la première guerre qui va permettre au projet mondialiste d’étouffer dans l’œuf le projet trop prometteur des Habsbourg d’une triple monarchie austro-slavo-hongroise.

    Pour Gabriele Adinolfi, la contradiction n’est qu’apparente entre la Res Publica, le bien commun communautaire de la Ville, et l’empire. Mais, si le fascisme italien a épousé le mythe de l’Empire romain, c’est dans le sens de la mystique fasciste, qui oppose Rome à Carthage, en ensuite à Londres et Jérusalem. Au contraire de la pulsion impérialiste à tout soumettre à un modèle unique, l’idée impériale fasciste, c’est le respect dans la participation directe, anticolonialiste.

    Pour Willy Freson, l’Union européenne n’est que le décombre impuissant de l’Empire éclaté, dominion le moins problématique des Etats-Unis. Et le demi-siècle de paix prétendue qu’on affiche à présent à son crédit n’a rien à voir avec la Pax Romana, produit d’une puissance décisive. Prophétique, Krouchtchev parlait à l’époque avec dédain d’un « mariage d’homosexuels », infécond. Divisée en une poussière d’entités instables dont les nations actuelles sont les héritières, l’Europe révèle par contre une identité fondée sur sa géographie et plus encore sur des racines communes. L’ « équilibre européen » n’est pas l’aboutissement d’une convergence d’entités étrangères, mais la résultante d’un mode politique et d’un moule historique communs. C’est l’héritage d’Alexandre le Grand et d’un autre visionnaire inégalé, César. Celui-ci avait préféré s’assurer de l’hinterland gaulois de l’Italie, plutôt que céder au mirage de l’orient. Son héritier politique, Auguste, parachèvera la tâche en Europe centrale et orientale. C’est Tibère qui va ordonner le repli sur la ligne Rhin-Danube, pour de simples motifs de politique intérieure et non de contrainte extérieure. Eut-il tenu le front, le choc des grandes migrations s’en serait trouvé dévié et le noyau de la vigueur germanique aurait désormais agi en faveur de l’Empire. « Et il aurait rendu improbable qu’un suppôt de guerre civile comme Constantin fît du messianisme chrétien l’idéologie dominante du monde romain, et improbable de même la survie du judaïsme et l’émergence de l’islam. »  Tacite rapporte, avec mépris, que quand le feu sacrilège a été mis au Capitole, en 69, des Gaulois avaient alors présagé que la souveraineté du monde irait aux Transalpins. La prophétie ne s’est réalisée qu’en 800, autour du noyau continental Meuse-Oder-Tibre, que s’ingénieront à maintenir les empereurs germaniques et auquel fera obstacle la prétention française. Mais quand reviendront les temps où les Chinois nous désigneront à nouveau par ‘Ta Tsin’, la Grande Chine ?

    Llorenc Pierre Albanell est un Catalan  pénétré de la légitimité que peut conférer à un mouvement indépendantiste un million et demi de manifestants qui se pressaient dans les rues de Barcelone le 11 septembre dernier. Pour lui autant que pour nous, l’ordre nouveau européen doit y aller fort : les états-nations doivent disparaître. Ils ne sont plus adaptés. Ils viennent contrecarrer les collaborations inter-régionales, fécondes pour la gestion politique, économique, écologique. Le système à trois bases Europe-Nation-Région génère lenteurs et coût inutiles. Le principe de base doit être la subsidiarité et, dans l’ordre nouveau, l’Europe n’a à intervenir que pour ce qui excède les capacités régionales, notamment pour la défense et la politique étrangère. Comme le recommandait le prix Nobel d’économie Maurice Allais, l’Europe doit pratiquer un protectionnisme continental, préserver son indépendance énergétique et alimentaire et garder le contrôle des produits médicaux et d’intérêt stratégique. Notamment par la nationalisation des productions nécessaires à la survie (eau, gaz, électricité, transports) et par le contrôle des banques, de manière à éliminer toute mainmise de cartels politico-financiers. Enfin, les terres arables ne doivent appartenir qu’aux allochtones.

    Alain Cagnat fait la chronique du cynisme machiavélique de la politique pétrolière des Anglo-saxons au Moyen-Orient. Ils ont commencé avec la Guerre de Crimée, dans laquelle ils sont parvenus, sous prétexte de défendre les Turcs contre les Russes, à entraîner les Français (qui y perdront 95.000 hommes, contre 25.000 Anglais !). Il s’agissait d’empêcher les Russes de libérer les populations slaves opprimées et surtout de développer leur puissance en obtenant un accès aux ‘mers chaudes’. Avec l’invention du moteur Diesel, en 1885, il était devenu urgent pour la Royal Navy de contrôler les champs de pétrole du Moyen-Orient, car, sur la Mer Caspienne, les navires russes fonctionnaient déjà au mazout depuis 1870 ! Les Anglais commenceront par s’installer en Egypte, avant de conquérir progressivement la péninsule arabique et l’Irak. Mais, pendant ce temps, l’Allemagne, alliée des Turcs, est devenue une menace dans la région, car elle construit une ligne ferroviaire Bagdad-Berlin. La première guerre mondiale se dessine alors que les Anglais envahissent le Koweit en 1912 et que la Deutsche Bank acquiert pour la Bagdad Rail les droits de passage pour les pétroles de la très riche région de Mossoul : c’est le casus belli. Le premier prétexte suffira. C’est à ce moment que T.E.Lawrence va promettre l’indépendance à l’émir de La Mecque, son ‘ami’ Hussein ibn Ali, qu’il trahira. C’est dès cette époque que les Anglais vont déployer 1,4 millions d’hommes au Moyen-Orient, au détriment de leurs alliés français ! Cela n’empêchera pas Clémenceau d’offrir ensuite Mossoul à l’Angleterre « au nom de l’amitié franco-britannique » !  Les Anglais, qui ne veulent en aucun cas des embarras d’une unité arabe, vont jouer ensuite les Saoudiens contre les Hachémites (lesquels se feront massacrer). Lorsqu’Ibn Saoud va reprendre à son compte l’unification de la péninsule, les Anglais  fractionneront celle-ci entre l’Arabie saoudite, l’Irak, le Koweït le Yémen et la Jordanie.  Jusqu’à ce que les Américains jouent à leur tour Ibn Saoud contre leurs alliés anglais. C’est ainsi que s’explique le mariage contre nature de la Première Démocratie du Monde avec des Bédouins pillards et esclavagistes, fanatiques religieux fondamentalistes et commanditaires de terroristes, « gardiens légitimes des Lieux Saints ».

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Un après-guerre barbare

    Le Figaro Magazine - 01/03/2013

    La Deuxième Guerre mondiale, en Europe, n'a pas pris fin le 8 mai 1945. L'historien anglais Keith Lowe rappelle que les années d'après-guerre, jusqu'en 1950, ont été d'une grande violence.
     
         Le 7 mai 1945, la reddition de la Wehrmacht est signée par le maréchal Jodl, à Reims, devant les représentants alliés. Mais sur ordre de Staline, un second acte de capitulation est signé à Berlin, le lendemain, par le maréchal Keitel cette fois. En Asie, le conflit ne prendra fin qu'avec la capitulation du Japon, le 2 septembre 1945. Mais en Europe, le 8 mai marque-t-il vraiment la fin de la Deuxième Guerre mondiale ? Sans réfléchir, la réponse à cette question est spontanément positive : 1945, c'est bien la fin des combats et le début de la reconstruction. Mais tel n'est pas le point de vue de Keith Lowe, un historien anglais.
         Dans L'Europe barbare, un livre paru l'an dernier en Grande-Bretagne, traduit en dix langues et publié aujourd'hui en français *, l'auteur se penche sur l'histoire des années 1945-1950 en Europe. Avec l'ambition non d'exposer des faits inédits, mais de modifier notre regard sur cette époque par la juxtaposition d'événements peu ou mal connus et que l'on n'a pas l'habitude de rapprocher. Ce qui ressort de cette synthèse, c'est que l'après-guerre a été imprégné d'une violence effarante, en certains points comparable à celle qui avait dominé le conflit, et explicable, précisément, par le degré d'inhumanité de la Seconde Guerre mondiale.
         « L'histoire de l'Europe de l'immédiat après-guerre, écrit Keith Lowe, n'est donc pas avant tout celle de la reconstruction et de la réhabilitation : c'est d'abord l'histoire d'un continent qui sombre dans l'anarchie. »
         En 1945, des institutions politiques aux outils économiques, des circuits d'approvisionnement aux services de transport, tout est à rebâtir. Les destructions matérielles sont colossales : non seulement les villes allemandes sont à terre, mais aussi celles des pays qui ont été occupés, également dévastés par les bombardements et les combats. 460 000 maisons ont été détruites en France, 1 700 villes et 70 000 villages en URSS. Dans ce champ de ruines, c'est le vide humain. Entre 35 et 40 millions de personnes ont été tuées, des millions d'autres déplacées, si bien que des agglomérations ou des campagnes autrefois vivantes sont des déserts. En Europe centrale, les quartiers juifs, vidés par la Shoah, n'abritent plus que des spectres. En Pologne, la densité moyenne de la population a chuté de près d'un tiers. Privée d'hommes, l'Europe est un continent de femmes et d'enfants.
         La faim tenaille les hommes du temps. Lorsque les Alliés pénètrent aux Pays-Bas, où la ration alimentaire officielle est tombée à 400 calories quotidiennes, entre 100 000 et 150 000 Néerlandais souffrent d'oedèmes provoqués par la malnutrition. Conséquence de la famine, des maladies devenues rares, comme la malaria ou la tuberculose, reviennent en force. Pour une gamelle ou une tablette de chocolat, des femmes offrent leur corps. Viol, vol, pillage, violence : d'après Keith Lowe, c'est la « destruction morale » du continent...

     Nettoyage ethnique et guerre civile

     Après avoir campé ce paysage chaotique, l'historien poursuit son enquête autour de trois grands thèmes : la vengeance, le nettoyage ethnique et la guerre civile. Chacun d'eux est exploré pays par pays et illustré par de multiples histoires, malheureusement dramatiques, parfois relatées en quelques lignes.
         Vengeance. Lorsque les camps nazis sont libérés, l'horreur de ce que les Américains et les Britanniques découvrent est telle que certains soldats commettent instinctivement des atrocités sur les gardiens. Certains déportés en font autant, par un réflexe compréhensible mais néanmoins injustifiable au regard du principe selon lequel on ne se fait pas justice soi-même. La vengeance, ce sont aussi ces bandes de civils qui avaient été réquisitionnés pour aller travailler en Allemagne et qui, dans les semaines qui suivent l'effondrement du Reich, prennent leur revanche en pillant et en violant. La vengeance, c'est également le sort réservé aux 11 millions de prisonniers de guerre allemands (des dizaines de milliers d'entre eux périront en captivité, surtout chez les Soviétiques) ou encore la chasse aux collaborateurs (dans des conditions qui ne devaient rien à la justice) ou le sort réservé aux enfants naturels de soldats allemands et de femmes des pays occupés (des bébés, par définition innocents, furent ainsi tués). Keith Lowe ne minimise en rien les crimes hitlériens, mais il constate, même s'il n'y a pas d'équivalence à établir, qu'il est arrivé, après-guerre, que des victimes se fassent à leur tour bourreaux.
        Nettoyage ethnique. En Europe centrale et en Europe de l'Est, les Juifs qui ont survécu sont confrontés à des poussées d'antisémitisme. En Ukraine et en Pologne, un vieux conflit ethnique entre les deux peuples donne lieu à des violences. En Tchécoslovaquie, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie et en Yougoslavie, 12 à 14 millions de civils d'origine allemande sont contraints de fuir et de rejoindre l'Allemagne, gigantesque exode qui provoque entre 500 000 et 1,5 million de morts.
         Guerre civile. En France et en Italie, la résistance communiste utilise la lutte contre les Allemands pour tenter de prendre le pouvoir. En Grèce, le phénomène débouche sur une tragique guerre civile qui ne prend fin qu'en 1949. L'assujettissement de toute l'Europe de l'Est au bloc soviétique ou au titisme yougoslave, rappelle Keith Lowe, est également une suite de la guerre.
    Au terme de cette sombre fresque, l'historien souligne un paradoxe : « Si la Deuxième Guerre mondiale a détruit le Vieux Continent, ses lendemains ont été le chaos protéiforme à partir duquel la nouvelle Europe s'est constituée. » Sommes-nous pour autant prémunis à jamais contre la barbarie ? Veillons à ce que, sous d'autres formes, elle ne revienne pas.
    Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com
     * L'Europe barbare. 1945-1950, de Keith Lowe, Perrin. Traduit de l'anglais par Johan Frederik Hel Guedj.

  • Le paradoxe de l'objection de conscience

    Par un étrange retournement de l'histoire, l'objection de conscience est devenue aujourd'hui la revendication des catholiques qui la réclament comme un droit civil avec la liberté religieuse. On la connaissait plutôt naguère comme le refuge des libertaires et des anarchistes anti-militaristes « crosse en l'air et rompons les rangs » : — Monsieur le Président, je vous fais une lettre..., selon la fameuse chanson de Boris Vian. Dans un essai fouillé et intéressant sur la question (1), François de Lacoste Lareymondie souligne à la fois la nouveauté, l'audace et le paradoxe de la chose :
    « Incontestablement, il faut que la société moderne ait atteint un degré de désordre moral extrême pour que l'Eglise en arrive à s'exprimer dans ces termes ! (...) Quel paradoxe que de se battre sur cette ligne de défense ! N'est-ce pas reconnaître que la première ligne, celle du bien pour lui-même et de sa promotion comme objectif naturel de l'agir humain, a déjà été enfoncée ? »
    Il y a dans ce paradoxe à la fois une force et une faiblesse, autrement dit une équivoque qu'il faut dissiper, au risque de tomber dans une dialectique idéologique et un piège qui n'ont pas échappé à Mgr Jean Laffite pertinemment cité : « L'acte de refuser en conscience d'obéir à une loi injuste se réalise aujourd'hui dans un contexte de tolérance idéologique qui, par nature, n'est pas disposé à le supporter... La société idéologiquement tolérante ne peut tolérer l'objection de conscience, car elle échappe par quelque manière à son emprise. »(2)
    Comme la tolérance, la liberté (de contrainte en matière) religieuse, la dignité de la personne, la saine laïcité de l'État (distinction du temporel et du spirituel)..., l'objection de conscience est en réalité un concept sinon « inventé », du moins théorisé et pratiqué par le christianisme. En témoigne la cohorte innombrable et glorieuse des saints martyrs depuis les premiers siècles de notre ère. Mais, selon le mot de Chesterton, ces inspirations chrétiennes sont devenues des vertus folles avec le sécularisme du monde moderne.
    En les « récupérant » ou les reprenant à son avantage, sous forme d'une argumentation ad hominem et    avec un son contemporain (comme Jean-Paul II a voulu le faire pour les droits de l'homme), l'Église peut effectivement ouvrir une brèche dans un monde (du mensonge) clos sur lui-même, restituer en quelque sorte à ces valeurs leur véritable acception par leur (re)connexion à la loi naturelle et à sa transcendance. Elle peut  ainsi  offrir une réelle « pierre d'achoppement pour les autres ». Mais elle peut aussi s'engouffrer malgré elle dans la logique folle et vicieuse que postulent aujourd'hui  ces mots minés. C'est d'ailleurs ce qu'avait suggéré Benoît XVI dans son discours à la Curie (décembre 2010) en parlant du cardinal Newman et de sa conception de la conscience à l'opposé de ce qu'imaginent nos contemporains. Lorsque le bienheureux porte son premier toast à la conscience et son second, seulement, au Pape, il n'affirme pas le caractère principal, obligatoire et ultime de l'intuition subjective mais la capacité qu'à la conscience de reconnaître la vérité : « C'est l'expression de l'accessibilité et de la force contraignante de la vérité : en cela se fonde son primat. Au Pape, peut être dédié le second toast, parce que c'est son devoir d'exiger l'obéissance à l'égard de la vérité. »
    Après la révolution copernicienne opérée par l'idéalisme kantien (subjectiviste) dans une société aveuglée par les « Lumières », le danger est alors de considérer la liberté religieuse et l'objection de conscience des catholiques (avec leur assentiment) comme une conviction assurément respectable, mais au seul titre d'une opinion parmi d'autres : « Nul ne peut être inquiète pour ses opinions, même [sic] religieuses... » Respectable dans la mesure où elle ne gêne pas la vérité des autres, la volonté générale et le dogme selon lequel toutes les opinions se valent. Loin alors d'offenser la dictature du relativisme, ladite objection de conscience, dans la mesure de sa tiédeur ou de sa subjectivité singulière, viendrait alors lui servir de caution utile, comme simple note discordante (mais tolérable) dans le concert du Panthéon laïciste. Elle viendrait ainsi garantir un humanisme (un anthropocentrisme de type maçonnique) qui tend « à s'expliquer, sinon à s'assimiler toutes les croyances, mêmes celles qui le repoussent, même celles qui le nient » (André Gide). C'est la raison pour laquelle des exemples comme ceux du roi Baudouin ou du grand-duc Henri, malgré leur intention indéniable, nous apparaissent politiquement moins probants que ceux d'une Antigone ou d'un Thomas More... (3)
    Aussi, la dernière partie de Je refuse ! sur « la dimension politique de la résistance au mal » ne nous convainc pas entièrement en ce qu'elle semble écarter précisément une dimension éventuellement collective, par extension analogique, du concept d'objection de conscience (par voie électorale par exemple). Ne risque-t-elle pas aussi - au nom d'un moindre mal (appelé - meilleur possible - mais) confondu avec le moindre pire - de permettre une légitimation subreptice de certaines dérives libérales ou relativistes ? Quoi qu'il en soit, on saisit bien que pour prendre sa va leur  prophétique, « eschatotologique » (comme dit très justement François de Lacoste Lareymondie), précisément intolérable à la tolérance idéologique, la légitime objection de conscience des catholiques doit revêtir une autre dimension que celle que nous présentent parfois  quelques députés pro-vie émargeant à l'UMP, voire des évêques au sein des cénacles du temps. Comme l'écrivait Jean Madiran dans Présent du 1er mars 2007 : « La conviction, l'objection de conscience [mais aussi la dignité de l'homme et son immunité de contrainte] ne sont pas une pleine justification. La justification c'est : Dieu le veut. Comme pour la croisade ? Parfaitement (…). Cela n'est plus de notre temps ? Certes (…). Mais dans l'actuelle relégation médiatique et sociologique, dans la pariatude et l'adversité, dans la domination du mensonge (...), c'est encore et toujours la même affirmation de la réalité naturelle et surnaturelle qui est la vraie, qui est la seule colonne vertébrale. Notre témoignage ne peut demander que subsidiairement le respect de notre conscience individuelle. Il demande essentiellement le respect de la Création et de la parole de Dieu. »
    Remi Fontaine Présent du 11 mai 2011
    (1)    Je refuse ! L'objection de conscience ultime résistance au mal, éditions de l'Emmanuel.
    (2)    Voir notre article du 8 décembre 2010 sur son livre Tolérance intolérante ? Petite histoire de l'objection de conscience, aux éditions de l'Emmanuel.
    (3)    Cf. Ni laïques ni musulmans (Renaissance catholique) p. 65 : « Baudouin et Henri : Antigone ou Créon ? »

  • Le trompe-l'œil du retour de la morale (arch 2008)

    L'homme qui jure comme un charretier possède-t-il aujourd'hui la légitimité de rétablir la morale à l'école ou, au moins, la discipline garante de la sécurité et d'un enseignement correct ? Ce petit voyou qui voulait « en finir avec Mai-68 » mais incarne la chienlit mieux que personne a en tout cas chargé son ministre de l'Education Nationale, Xavier Darcos, de pondre un rapport présentant le programme des classes de l'école primaire dans lequel doit être incorporée une part non négligeable de morale et d'instruction civique.
    Dès le 20 février, un document de 34 pages fut mis en ligne sur le site du ministère.
    Son contenu n'explique aucunement les cris poussés par les syndicalistes de l'Education Nationale. « Je ne refuse pas l'adjectif moral, analyse Luc Bérille, secrétaire général du syndicat des enseignants (SE-UNSA), mais parler de la morale est risqué » car, admirez l'aveu, « dans la France d'aujourd'hui, nous n'en avons pas une définition commune ». Qu'il se rassure ! Car à la lecture du rapport en question, nulle trace de morale n'est identifiée, les propositions de Darcos ne relevant que du conformisme médiatique et n'ayant trait à aucune transcendance. S'il est recommandé que les élèves se lèvent afin de saluer un adulte entrant dans la salle de classe (ce qui, semble-t-il, n'est pas nouveau ... ), s'il est proposé que La Marseillaise soit apprise par les enfants comme le souhaitait déjà Chevènement, l'ensemble des recommandations du ministère découle de l'instruction civique telle qu'elle est entendue par la République maçonnique et nullement de la morale à proprement parler. « Ce ne sera pas la morale à papa », affirmait d'ailleurs dédaigneusement Darcos sur ce point. En effet.
    En CEl, nous apprenons que les élèves seront « sensibilisés aux risques liés à l'usage d'internet » ! Certainement les prémices de la Morale qui s'imposera au vingt-et-unième siècle ... Au CMI et CM2, les élèves devront apprendre à « refuser les discriminations de toute nature » (donc logiquement à refuser les concepts de Bien et de Mal, en définitive la vraie Morale), seront capables de reconnaître les traits constitutifs de la Nation française et notamment (et surtout) « les règles d'acquisition de la nationalité française » (une connaissance qui sera fort utile à leur nombreuse parentèle). Ils devront en outre saisir intimement le sens du projet de la construction européenne en apprenant ses symboles ... Et, évidemment, tous les gosses de 10 ans devront être sensibilisés à la religion holocaustique, mais là encore, ce n'est pas nouveau ...
    L'ambition de cette formation citoyenne et hautement humaniste ? Faire en sorte qu'à la fin du CM2, « les élèves soient capables de se respecter, respecter les autres et les règles de la vie collective ». Bienvenue dans le Meilleur des Mondes ...
    François-Xavier ROCHETTE. Rivarol du 14 mars 2008

  • « Les mystères de la gauche : De l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu » de Jean-Claude Michéa

    L’après-capitalisme n’est pas pour demain, Jean-Claude Michéa démonte le progressisme sans illusions… ou presque (1)

    Approfondissant sa thèse d’une unicité du libéralisme (culturelle de gauche et économique de droite), Jean-Claude Michéa s’interroge, dans son dernier ouvrage, sur le « signifiant maître » susceptible de rassembler les « gens » afin d'édifier une société fondée sur ce qu'Orwell(2) appelait la « décence commune. » C.D

    Le socialisme sans la Gauche

    L’auteur conteste cette possibilité à la gauche qui « en est graduellement venue à trouver ses marqueurs symboliques privilégiés dans le mariage pour tous, la légalisation du cannabis et la construction d’une Europe essentiellement marchande ».

    « Les mystères de la gauche : De l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu » de Jean-Claude Michéa

    « Les mystères de la gauche : De l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu » de Jean-Claude Michéa

    Revenant à l’origine du clivage gauche/droite distinguant les partisans du progrès de ceux du retour à l’Ancien Régime, il rappelle à juste titre que ni Marx, ni Engels, ni les principaux penseurs socialistes ne se définissaient comme tels.

    Ce n’est qu’au moment de l’Affaire Dreyfus (qualifiée d’ailleurs au départ de « guerre civile bourgeoise ») que le mouvement ouvrier a négocié un compromis tactique avec la gauche républicaine, compromis qui portait déjà en lui « l’opérateur philosophique unique » justifiant le ralliement de la gauche des années 1970 au libéralisme : la métaphysique du progrès et du sens de l’histoire.

    Cette matrice explique la méfiance de la gauche à l’égard des classes moyennes traditionnelles « attachées à l’amour de la terre et au sens du métier » et accusées de vouloir « faire tourner à l’envers la roue de l’Histoire ».

    La gauche, stade suprême du capitalisme ?

    Sous couvert de lutte contre de fantasmagoriques forces du passé (par exemple, le retour de la famille patriarcale), la gauche actuelle célèbre désormais exclusivement le culte de la modernisation à outrance, de la mobilité obligatoire et de la transgression morale ou culturelle sous toutes ses formes, c’est-à-dire les principes mêmes du développement de la société libérale.

    Elle défend, pour reprendre la formule de Guy Debord, cette « idéologie de la pure liberté qui égalise tout et écarte toute idée de mal historique » dont le self-made man libéral, qui ne doit rien à quiconque et ne veut dépendre de personne, constitue la figure de proue.

    Loin du socialisme originel d’un Pierre Leroux, les partis de gauche n’envisagent désormais les problèmes que peut rencontrer une société humaine que sous le seul angle du droit et ne militent que pour le droit de chacun à vivre comme il l’entend, c’est-à-dire en faveur d’un individualisme narcissique.

    Jean-Claude Michéa dresse d’ailleurs avec humour une liste de ce nouvel espace pour tous voulu par la gauche : « droit à la mobilité pour tous, droit de s’installer où bon nous semble pour tous, droit de visiter les peintures rupestres de Lascaux pour tous, droit à la procréation pour tous, droit au mariage pour tous, droit à la médaille de la résistance pour tous » (p. 110).

    Les débats sur le « mariage pour tous » sont justement une parfaite illustration de la contractualisation de toutes les relations humaines contre les dimensions symboliques que sont la famille et le mariage. Ce qui pousse Jean-Claude Michéa à écrire que « le mariage Las Vegas représente l’aboutissement logique du mariage de gauche » (p. 103).

    Populisme ou barbarie

    La défense du « roc anthropologique originaire » que constitue la logique de l’honneur et du don telle que définie par Marcel Mauss (et que l’on peut résumer par la triple obligation « donner-recevoir-rendre ») ne saurait par conséquent être le fait des militants des « nouvelles radicalités parisiennes » trop occupés, selon l’auteur, à se mobiliser « en toute circonstance – et si possible devant les caméras du Système – pour défendre le droit libéral de chaque monade isolée à un principe de vie particulier et une fin particulière » (p. 38).

    A la suite de Marcel Mauss et de George Orwell, Jean-Claude Michéa rappelle la nécessité des structures d’appartenance premières fondées sur le sens des limites et des dettes symboliques, l’attachement à la notion de morale et de mérite individuel ou encore l’importance accordée à la transmission familiale et scolaire.

    Il cite Marx fustigeant « les petites et grandes robinsonnades qui font partie des plates fictions du XVIIIe siècle » et soulignant que « l’homme est non seulement un animal politique mais un animal qui ne peut s’isoler que dans la société ».

    Il insiste enfin sur le fait que « la critique socialiste de la désagrégation de l’humanité en monades dont chacune a un principe de vie particulier […] recoupe celle de la droite traditionnelle française » (p. 42) et, partant, sur la nécessité de mobiliser l’immense majorité des classes populaires, qu’elles votent à gauche ou à droite ou qu’elles aillent à la pêche.

    Au regard de cette aspiration, on comprend mieux pourquoi J.-C. Michéa préfère se définir comme populiste. On objectera cependant qu’on ne voit pas très bien qui, « à gauche à défaut d’être de gauche » pour calquer la formule désormais célèbre qu’avait employée Alain de Benoist, pourrait tenir ce discours et s’allier aux populistes de droite, y compris au sein de la pragmatique gauche populaire de Laurent Bouvet.

    On peut aussi se demander s’il n’existe pas un attachement, au moins symbolique, des gens ordinaires au clivage droite/gauche mais, s’il faut, comme nous y exhorte l’auteur, « trouver les mots capables de leur parler plutôt qu’au monde restreint des militants professionnels » (p.58), il est peut-être malheureusement nécessaire de commencer par utiliser ceux-ci.

     C.D 11/03/2013

    Jean-Claude Michéa, Les mystères de la gauche : De l’idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu, édition  Climats, mars 2013, 131 pages.

    Notes de la rédaction

    (1) « Qu’est-ce donc que la gauche française ? Une alliance entre socialistes et syndicalistes révolutionnaires d’un côté, bourgeois libéraux progressistes de l’autre, nouée à l’issue de l’affaire Dreyfus contre les nostalgiques de l’Ancien Régime, répond l’auteur. »
    (2) Jean-Claude Michéa est philosophe. Il passe l’agrégation de philosophie en 1972 à l’âge de vingt-deux ans. Engagé au Parti communiste français, il s’en écarte en 1976. Professeur de philosophie au lycée Joffre à Montpellier depuis la fin des années 1970 (il a pris sa retraite à la fin de l’année scolaire 2009-2010).
    Prônant des valeurs morales proches du socialisme de George Orwell, Jean-Claude Michéa est connu pour ses prises de positions très engagées contre les courants dominants de la gauche qui, selon lui, ont perdu tout esprit de lutte anticapitaliste pour laisser place à la « religion du progrès ». (Wikipedia)

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  • Asservissement et déportation vers l’Amérique, des pauvres en Angleterre, du XVIIe au XIXe siècle partie 2

    Au XVIIe siècle, les troupes de Cromwell ont conquis l’Irlande et pris Drogheda le 11 septembre 1649. Dix mille habitants ont été massacrés. Plus de cent mille hommes, femmes et enfants ont été déportés. Leur crime : être de confession catholique.

    Une infime minorité survivra aux douze semaines que nécessite la traversée de l’Atlantique. En septembre 1655, Cromwell exige que mille cinq cent jeunes Irlandais de douze à quatorze ans soient envoyés en Jamaïque et dans les Antilles anglaises pour compenser la mortalité des esclaves blancs. Ce plan est adopté par le Conseil d’Etat. Malheureusement, les enfants ne sont pas les seules victimes de ces déportations. Selon The Curse of Cromwell : A History of the Ironside Conquest of Ireland, les prêtres irlandais sont systématiquement déportés en Amérique avec des vieillards de plus de quatre-vingts ans.

    Le 25 mars 1659, la mise en esclavage de prisonniers politiques blancs est débattue au parlement anglais. Sa pratique s’intensifie après le 16 avril 1746, quand les fantassins du Scottish Highland, Français et Irlandais combattant de l’armée jacobite, perdent la bataille de Culloden. Ils sont déportés à la Barbade à partir des ports de Londres, Plymouth, Southampton, Douvres, Aberdeen. En Angleterre, les protestants les plus démunis sont également victimes de Cromwell qui en février 1656 a ordonné de déporter mille deux cent Anglaises. Deux mille autres les rejoindront le mois suivant. La même année Cromwell fait déporter en Jamaïque tous les Ecossais sans habitation.

    Le rôle actif et déterminant de Cromwell dans l’esclavage va de pair avec son appartenance à la franc-maçonnerie primitive, celle qui commence avant Anderson et Desaguliers. Niée par les historiens officiels, cette origine de la franc-maçonnerie n’est jamais relatée. A juste titre, nous pouvons soupçonner la franc-maçonnerie d’être une organisation criminelle, instigatrice de l’esclavage du XVIIe siècle qui fut un véritable holocauste. Et comment ne pas voir en Cromwell un ennemi acharné du catholicisme quand on sait qu’à sa seule exception, il décréta la liberté de tous les cultes. La tolérance maçonnique pour toutes les religions va toujours de pair avec la haine de la seule véritable ! Est-ce un hasard si Cromwell, financé par les juifs, permet leur retour en Angleterre, d’où ils furent chassés en 1290 par Edouard Ier ?

    Demandons-nous alors si la franc-maçonnerie fut la seule à maîtriser les tenants et les aboutissants de ce commerce ?

    Le Ku Klux Klan, groupe particulièrement raciste, anticatholique et violent envers les esclaves noirs, est fondé par Albert Pike, général de l’armée confédérée, ainsi que par les dirigeants maçons de haut grade du Sud. Jean Kotska (ancien maçon converti au catholicisme) le présente de manière approfondie au XIXe siècle dans Lucifer démasqué comme un franc-maçon du 33e degré, le grand commandeur du rite écossais ancien et accepté, l’auteur de Morals and Dogma (la bible maçonnique), le rénovateur du culte luciférien des temps modernes (Palladisme).

    Parmi ses dirigeants, le KKK recense beaucoup de juifs. Dans Jewish Participants in the Civil War, Harry Simonhoff cite notamment le Dr Simon Baruch, chirurgien et capitaine dans l’armée confédérée, qui en secret fréquente le KKK. Tous ces points démontrent que l’esclavage ou sa soi-disant abolition a toujours suivi la logique d’intérêts plus pragmatiques et plus convaincants que la fable opportuniste des droits de l’homme, véritable machine à abrutir les peuples. Sont-ce les raisons pour lesquelles, comme l’écrit Emmanuel Ratier dans Mystères et secrets du B’naï B’rith, le KKK ne fait pas l’objet dans les années 1920 des critiques de l’Anti-Defamation League ou du B’naï B’rith ?

    L’excellente brochure Le peuple juif tout entier est-il coupable de traite d’esclaves ? éditée par VHO (Vision Historique Objective) mentionne qu’en 1492, l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique marque le début de l’esclavage sur le Nouveau Continent. Sur la Santamaria, cinq juifs baptisés l’accompagnent. Ce sont Luis de Torres, Marco Bernai, Alonso de la Calle et Gabriel Sanchez. Ce dernier, soutenu par les autres juifs, convainc Christophe Colomb de capturer cinq cents Indiens et de les vendre comme esclaves à Séville. Isabelle la Catholique punit ces agissements. Chassé d’Espagne et du Portugal en 1492 et 1497, le peuple juif s’établit aux Pays-Bas, où est fondée la Compagnie hollandaise des Indes occidentales. En 1654, Jacob Barimson est le premier juif à émigrer de Hollande vers la New Amsterdam (plus tard New York).

    Il sera bientôt rejoint par ses semblables. Le commerce des esclaves avec les autochtones commence ainsi. Newport devient un des centres principaux du trafic d’esclaves. On l’appelle le Newport juif. Jusqu’alors, l’esclavage était strictement interdit dans le Nord des Etats-Unis. Les juifs interviennent pour changer cet Etat de fait. A Philadelphie, ce rôle incombera à Sandiford Lay, Woolman, Solomon et Benezet. Il n’est donc pas étonnant que derrière la version officielle de l’esclavage se trouve une grande majorité de juifs. C’est ce que démontre Farrakhan.

    L’île de La Barbade, découverte par un Anglais en 1605, est habitée vingt ans après par des Juifs devenus propriétaires des plantations de canne à sucre. Le rabbin Haham Lopez possède aussi deux esclaves. Un autre passage explique qu’en 1830, parmi les 36 % des 625 000 familles des Etats du Sud (des Etats-Unis) ayant des esclaves, 75 % sont juives. Dans la région des Caraïbes, les Juifs sont les plus grands commerçants maritimes. Ils possèdent les entrepôts avec du matériel d’équipement et de réparation. A cette époque, les commerçants de Curaçao disent qu’une très grande part de la navigation est détenue par les juifs. Le chapitre Jewish Owned Slave Ships (Bateaux de transport d’esclaves appartenant à des juifs) en fournit une liste exhaustive.

    Les plus importants noms liés à cet holocauste sont Moses Cohen Mordecai et Abraham Qradis. La famille Qradis possède vingt-six bateaux servant à la déportation d’esclaves africains vers les Caraïbes. En 1800, la famille Jessurin détient une centaine de bateaux sillonnant à cet effet toutes les mers et tous les océans. Les esclaves capturés et transportés par la compagnie de David et Jacob Senior ont l’immense plaisir de voyager à bord du De Vrijheid (La Liberté, en néerlandais). Quant aux bénéfices, signalons que le voilier La Fortuna atteint l’Amérique avec 217 Noirs. Achetés 4 300 dollars, ils sont vendus 41 438 dollars.

    Ceci n’est pas sans rappeler l’origine de la fortune de Mendès-France, président du Conseil en 1945-1955. Un des plus gros marchands d’esclaves avec les Antilles est un certain Mendès, qui se fait appeler Mendès-France pour se différencier de la branche portugaise de sa tribu. Cet ancêtre du calamiteux salopard qui trahit la France au profit des communistes du Viet-Minh en 1954, est au centre d’un procès retentissant sous Louis XVI. Séfarade de Bordeaux (où les Juifs portugais sont établis de longue date), Isaac Mendès-France s’était installé aux Antilles. Il revient en France en 1775 avec, dans ses bagages, deux esclaves congolais : le nègre Gabriel Pampy, 24 ans, et la négresse Amynte Julienne, 18 ans. A peine a-t-il mis pied à terre que des braves gens emmènent ses deux nègres et leur apprennent que le Code Noir qui régit l’esclavage à la Colonie n’a pas cours sur la terre de France et que, par édit royal, tout esclave posant un pied sur le sol du royaume est ipso facto affranchi. Mendès, frustré de ces beaux sujets sur lesquels il compte pour son élevage, intente à la Couronne un procès - par lequel il entend récupérer sa « propriété » - qui durera des années. Finalement Mendès perd la cause et une partie de sa fortune.

    En outre, certains propriétaires tombent amoureux de leurs esclaves. C’est le cas de Jacob Monsanto, le fils d’Isaac Rodrigues Monsanto, établi à La Nouvelle-Orléans et qui épouse Maimi William. De cette union naît une fille, Sophia (aujourd’hui, Monsanto est l’une des quatre principales multinationales de l’agrochimie génétique travaillant sur la recherche des OGM). La réalité n’est pas toujours aussi idyllique. Les viols sont si fréquents qu’un historien juif, A. Hilfman, dans Further Notes on the Jews in Surinam, écrit qu’en 1791 le Surinam compte 834 Juifs portugais, 477 Juifs allemands et une centaine de Juifs mulâtres. Dans Jews and Negro Slavery, Korn mentionne pour la même période à La Nouvelle-Orléans, que Daniel Warburg, ancêtre du banquier de Staline et Hitler, a deux enfants mulâtres, Eugène et Daniel, nés du viol d’une Cubaine noire, Marie-Rosé. C’est la raison pour laquelle le pirate Jean Laffite, écumeur de mer aux Caraïbes, transporte des Sénégalaises, particulièrement appréciées pour la prostitution. Leur prix est très élevé.

    Aujourd’hui, l’enseignement de l’esclavage est totalement détourné de sa réalité. Le responsable communiste anglais Israël Cohen semble en donner la raison. Dans un fascicule intitulé Un programme racial pour le XXe siècle, il déclare :

    « Nous devons réaliser que l’arme la plus dévastatrice que possède notre Parti (communiste) est la tension raciale. En matraquant l’inconscient collectif des races de couleur avec l’affirmation que pendant des siècles elles ont été opprimées par les Blancs… Les termes colonialisme et impérialisme doivent figurer en bonne place dans notre propagande… Tandis que nous enflammerons la minorité noire en la dressant contre les Blancs, nous nous efforçons d’opposer les races entre elles. Nous voulons instiller dans chaque Blanc un complexe de culpabilité lié à cette exploitation des Noirs… Ce qui mettra en marche un processus par lequel l’Amérique sera gagnée à notre cause ».

    Le système de l’esclavage n’est toujours pas aboli, ni dans les faits, ni dans ses origines, ni dans son organisation secrète. La prostitution, par exemple, constitue plus que jamais un fléau qui ronge nos sociétés.

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    Source : contre-info.com

  • Asservissement et déportation vers l’Amérique, des pauvres en Angleterre, du XVIIe au XIXe siècle partie 1

    Peut-on réduire l’histoire de l’esclavage à l’homme noir ? Des esclaves blancs ont existé. Ont-ils moins souffert que les esclaves noirs ? Qui furent les véritables mercantis de l’esclavage ?

    Rien n’interdit encore d’aborder la question de l’esclavage dans un esprit révisionniste et libre. L’IHR (Institute for Historical Review) propose deux ouvrages qui démontent le mythe de La Case de l’Oncle Tom : They Were White and They were Slaves (Ils étaient blancs et ils étaient esclaves) de Michael A. Hoffman et The Secret Relationship Between Blacks and Jews (Les relations secrètes entre les Noirs et les juifs) de Farrakhan.

    Dans Les différenciations raciales entre les Noirs et les Blancs, Thomas Jefferson relève que sous l’Empire romain au siècle d’Auguste, la condition des esclaves est bien pire que celle des Noirs dans le continent américain. Malgré cela, Epictète, Térence et Phèdre, esclaves de race blanche, furent les précepteurs des enfants de leurs maîtres. Au IXe siècle, des dizaines de milliers d’esclaves sont vendus sur les terres occupées par l’Islam, comme dans le Royaume de Cordoue. Les Vikings participent à ce commerce juteux. Les captifs sont blancs. Ils viennent d’Islande, d’Ecosse et d’Irlande. Les enfants, non rentables, n’ont pas été embarqués mais tués sur place et les drakkars s’en sont retournés chargés de denrées et de bijoux.

    Du Xe au XVe siècle, la majorité des esclaves est issue des peuples slaves, d’où le mot tire son étymologie. Les femmes sont vouées à la prostitution, les hommes aux galères. La castration est courante. Peu y survivent. Avec la disparition des sociétés traditionnelles et le recul du catholicisme sous la poussée des protestantismes, des populations entières sombrent dans une profonde misère.

    L’Angleterre concentre tous ces signes. Sa monarchie, très tôt liée aux desseins de la franc-maçonnerie, contribue à accentuer les souffrances d’un peuple contraint à un esclavage aujourd’hui cadenassé dans les amnésies du politiquement correct. Pourtant, cet esclavage, non répertorié comme tel et se développant en Angleterre, est bien plus cruel que celui qu’ont subi les pauvres Noirs d’Amérique. En 1765, sur vingt-trois enfants employés par l’entreprise St Clément Dane’s, dix-huit sont mortellement blessés. Soixante-quatre des soixante-dix huit enfants ouvriers d’une entreprise d’Holborn connaissent le même sort.

    A St Qeorge’s Middlesex, seize enfants sur dix-huit meurent d’accidents du travail. En Angleterre, le taux de mortalité de cette main-d’œuvre enfantine est estimé à 90 %. Les rythmes imposés sont insoutenables. Les journées de travail durent en moyenne seize heures. Les enfants sont employés à nettoyer les conduits de cheminées dont, par souci d’économie, les foyers ne sont pas éteints. Les accidents sont nombreux. Mal ou pas rémunérés, les petits ramoneurs qui doivent mendier leur nourriture sont décimés par la tuberculose et le cancer des bronches. Dans The White Slaves of England, John C. Cobden décrit la cruauté des patrons.

    En 1833, dans une usine de Manchester, un garçon de moins de dix ans est en retard. Il est contraint de porter autour du cou des poids de dix kilos. D’autres, meurent roués de coups. Dans les mines des dizaines de milliers d’enfants servent de bêtes de somme, attelés à des chariots. Dans les cimetières, les épitaphes témoignent de l’âge de ces esclaves : « William Smith, huit ans, mineur, mort le 3 janvier 1871 ». A l’entour, des enfants de quatre ans reposent dans les autres petites tombes. Dans The Factory System Illustrated William Dodd note qu’en 1846 plus de dix mille ouvriers anglais (en majorité des enfants), ont été blessés, mutilés ou déchiquetés par des machines.

    En 1840, un médecin de Stockport voit mourir une jeune fille la chevelure happée par le roulement à billes d’une machine. John Randolph, Virginien de Roanoke, voyage en Irlande et en Angleterre, accompagné de son serviteur. Il écrit : « Je ne pensais pas être autant choqué par la misère des paysans du Limmerick et de Dublin. Johnny est même fier d’être un esclave noir de Virginie. Il était horrifié de voir des taudis, des blancs mourant de faim ». La vie des paysans du Sud de l’Angleterre, témoigne l’historien anglais William Cobbet, est pire que celles des esclaves noirs américains. En 1834, des fermiers du Dorset tentent de former un syndicat pour préserver de la famine les veuves et les orphelins. Ils sont déportés en Australie. Outre-Atlantique, le sort des esclaves blancs, premiers déportés dans le nouveau monde où l’appât du gain a aboli toute morale, est tout aussi inhumain.

    En 1645, dans un courrier adressé au gouverneur du Massachusetts, John Winthrop, un certain George Downing conseille aux propriétaires qui veulent faire fortune dans les Antilles d’acheter des esclaves provenant d’Angleterre. En 1640, dans les plantations de canne à sucre des Iles de La Barbade (actuellement haut lieu de la Jet Society), 21 700 blancs sont recensés sur 25 000 esclaves. De 1609 à 1800, près des deux tiers des blancs arrivent en Amérique comme esclaves. Ils constituent la grande majorité de cette main-d’œuvre : il est moins difficile d’obtenir des esclaves blancs que des Nègres. Les chefs des tribus africaines doivent être saoulés par les marchands de « bois d’ébène ». Les Noirs ne sont capturés qu’après des traques qui durent de longues semaines dans des conditions excessivement périlleuses à travers les forêts et les savanes africaines. Le « rendement » est très mauvais. La plupart des captifs meurent, à bout de force, avant d’atteindre les bateaux. Les pistes sont jonchées d’ossements. Une bonne partie des survivants succombera pendant la traversée.

    En revanche dans les villes et la campagne irlandaise ou écossaises, les kidnappers - que l’édition 1796 du Dictionary of vulgar longue définit comme : « Personne volant des enfants pour les envoyer dans les colonies ou les plantations des Antilles » - fournissent à moindre frais des esclaves moins coûteux à livrer. Selon History of the United States, d’Edward Channing, dix mille enfants kidnappés ont été déportés aux Etats-Unis en 1670. Michael A. Hoffman évoque le négoce du capitaine Henry Brayne : « En novembre 1670, son bateau quitte la Caroline. Il est alors chargé de charpentes qui doivent être livrées aux Antilles anglaises en échange d’une cargaison de sucre pour Londres. Ici, le Capitaine prend à bord deux cents à cinq cents esclaves blancs à destination de la Caroline ». Toutes ces raisons conjuguées au fait qu’un esclave blanc a moins de valeur qu’un noir habitué au climat tropical de la Virginie ou de la Floride, expliquent le prix très bas des esclaves blancs.

    Par conséquent, les esclavagistes ne les ménagent pas : il les affectent aux tâches les plus dures et les plus répugnantes, les soumettent à des actes de maltraitance et de sadisme. Des enfants seront pendus par les mains à une corde, amputés et tués. Le trésorier de l’Etat de Virginie, George Sandys, atteste du peu de valeur d’un esclave blanc : il en échange 7 contre 150 livres de tabac.

    Dans A True and Exact History, Richard Ligon mentionne en 1657 le troc d’une esclave blanche contre un cochon. Dans les Antilles anglaises, les quatre cinquièmes des esclaves blancs meurent l’année de leur arrivée. Dans Sugar and Slaves : The Rise of the Planter Class in the English West Indies, l’historien Richard Dunn démontre que les plantations de canne à sucre des Antilles anglaises étaient le tombeau des esclaves blancs. Ecœuré par ces pratiques, le colonel William Brayne écrit en 1656 aux autorités anglaises pour demander l’importation d’esclaves noirs. Mais l’esclavage des blancs est encouragé par les hautes instances politiques et la Couronne. En 1615, le parlement anglais, soutenu par Charles Ier, donne tout pouvoir aux magistrats pour permettre la déportation des Anglais les plus pauvres. Sous le règne de Charles II (1630-1685), même le petit Pays de Galles n’est pas épargné.

    Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des économistes insistent sur le « bien-fondé » de l’esclavage des blancs, main-d’œuvre qui permet le développement des colonies anglaises et favorise l’expansion de l’Empire britannique. En 1618, des aristocrates adressent une pétition au Conseil de Londres exigeant que les enfants qui errent dans les rues soient déportés en Virginie. En janvier 1620, des enfants tentent de s’enfuir de la prison de Briedewell. Une mutinerie éclate. On craint que le mouvement se généralise. Un courrier est envoyé au secrétaire du Roi, Sir Robert Naunton. Le 31 janvier, le Privy Council autorise à titre d’exemple le recours aux sentences capitales. Cela durera jusqu’au XIXe siècle, époque à laquelle les propriétaires d’usines de Nouvelle-Angleterre militent pour l’abolition de l’esclavage noir tout en exploitant sans vergogne les enfants blancs. Ce n’est pas une attitude nouvelle. Dès février 1652, les propriétaires des plantations ont obtenu la légalisation et l’extension du kidnapping des blancs. Les villes du Commonwealth voient les plus pauvres, accusés de mendicité partir chaînes aux pieds pour l’Amérique. Les juges perçoivent les pots-de-vin liés à ce trafic. La part de Sa Majesté n’est pas la moindre.

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